Olivier Rey
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Olivier Rey
Olivier Rey Itinéraire de l'égarement : Du rôle de la science dans l'absurdité contemporaine Seuil 2003 L’idéal moderne de liberté, l'affranchissement de la tradition pour mener sa vie propre et pour être soi-même ; comment cela a-t-il pu déchoir en liberté de choisir le lieu de ses prochaines vacances ? Les questions de fond - la vie telle qu'on aimerait vraiment la vivre, le sens d'une existence humaine - disparaissent de l'horizon. Comment en sommes-nous arrivés à cette insignifiance ? Comment avons-nous pu à ce point nous fourvoyer ? La chose paraît si incompréhensible qu'elle nous invite à parcourir à nouveau le chemin, comme lorsqu'on a perdu ses clés et qu'on repasse dans sa tête faits et gestes pour se souvenir où on les a posées. Alors on se heurte à ce fait massif la science moderne a peu à peu capté l'essentiel des forces spirituelles et matérielles de la culture occidentale. Mais pourquoi l'Europe s’est-elle lancée à corps perdu dans l'aventure scientifique, du temps où la science ne servait pratiquement à rien ? Pourquoi Pascal, plein d'éloignement pour la science après sa conversion, reprit sous l'empire d'une rage de dents l'étude de la cycloïde ? Pourquoi Rousseau, à Venise, fit fiasco auprès de la prostituée Julietta au téton manquant, et pourquoi celle-ci lui conseilla de faire des mathématiques ? Pour quelle raison, aujourd'hui, certains biologistes tiennent si fort à ce que l'homme soit une simple machine à survie pour ses gènes, ou une machine neuronale. Quels sont les rapports ambigus entre l'individu autonome, libre, et la pensée objectivante qui nie son autonomie et sa liberté ? Que demande-t-on ultimement à la science C'est de telles questions que ce livre, en suivant pas à pas l'itinéraire de l'égarement, cherche à répondre Une folle solitude : Le fantasme de l'homme auto-construit [Broché] Tout au long du XXe siècle, les enfants, dans leurs poussettes, ont fait face à l'adulte qui les promenait. Jusqu'aux années 70, où un retournement massif est intervenu : brusquement, on s'est mis à orienter les enfants vers l'avant. Pourquoi cette inversion ? La question, sous ses apparences anodines, nous entraîne dans une enquête inattendue et passionnante au cœur du monde contemporain. La démocratie et la science, nos références cardinales, ont contribué conjointement au retournement : l'une et l'autre privilégiant un sujet libéré du poids du passé, des entraves traditionnelles, un sujet regardant d'emblée vers l'avant et auto-construit. Sommes-nous pour autant devenus des surhommes qui tirent leur être d'eux-mêmes et élaborent de façon autonome leurs valeurs ? Ou bien sommes-nous restés des hommes qui, à récuser toutes les autorités, risquent de s'abandonner aux déterminismes aveugles et aux fantasmes régressifs que, vaille que vaille, les civilisations s'efforçaient d'apprivoiser ? Pour Olivier Rey, les récits inventés depuis un demi-siècle par la science-fiction sont moins fantaisistes qu'on ne le pense : ils nous instruisent sur un réel qui, sous des dehors rationnels, est plus que jamais gouverné par l'inconscient. Ses analyses éclairent les orientations actuelles de la biologie qui, s'emparant de la reproduction humaine, a entrepris de matérialiser des théories infantiles, de nous affranchir des chaînes généalogiques et de l'obscurité de l'origine sexuelle. L'examen des doctrines éducatives en usage, promouvant un enfant délivré de la tutelle des adultes, constructeur de ses savoirs et de lui-même, nous permet de mesurer à quel point l'utopie de l'auto-fondation a pénétré notre monde.