Les cancers du larynx - Fondation contre le Cancer

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Les cancers du larynx - Fondation contre le Cancer
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Les cancers du larynx
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destinée ?
Table de matières
A qui cette brochure est-elle destinée ?
3
Qu’est-ce qu’un cancer ?
4
Un peu d’anatomie
6
Chiffres et facteurs de risque
8
Symptômes
10
Examens de diagnostic
11
Choix des traitements
17
Traitements
20
Rééducation vocale
30
Après la fin des traitements
38
Encore quelques conseils
42
La Fondation contre le cancer:
une mission, trois objectifs
47
2
Ce document s’adresse avant tout aux personnes
confrontées à un cancer du larynx.
Lorsqu’on vous annonce un diagnostic de cancer, de
très nombreuses questions et émotions se bousculent.
On veut comprendre comment et pourquoi la maladie
s’est développée, quels sont les examens et les
traitements indispensables, combien de temps ils
risquent de durer… On se demande si une guérison est
possible, si les traitements permettent de poursuivre
une vie normale ou s’il faudra se faire aider…
On s’interroge sur le coût de la maladie, sur ce qu’il
vaut mieux dire ou ne pas dire à son entourage…
A toutes ces questions et à bien d’autres, des réponses
devront être apportées au fur et à mesure qu’elles se
posent, au cas par cas, en fonction de l’évolution
particulière de chaque patient. Votre médecin jouera à
cet égard un rôle essentiel. Lui seul est en mesure de
vous informer avec précision sur l’évolution de votre
cas, pour autant que vous le lui demandiez.
Cette brochure n’a pas pour objet de tout vous apprendre
sur votre maladie. Elle vous donne cependant des infor­mations générales très importantes pour comprendre
ce qu’est votre cancer et comment il se soigne. Elle peut
également vous aider à poser les bonnes questions à
votre médecin ou à l’équipe médicale, si vous souhaitez
en savoir plus sur votre situation particulière.
N’oubliez pas non plus vos proches. Eux aussi se
posent de nombreuses questions. Ce document peut
donc également leur être utile.
3
Qu’est-ce qu’un cancer ?
Un cancer résulte d’une perturbation profonde et
complexe du fonctionnement de certaines cellules, qui
se multiplient de manière incontrôlée et anarchique,
à tel point qu’elles finissent par envahir l’organe dans
lequel elles se trouvent et par envoyer d’autres cellules
malades à distance, vers d’autres organes.
Cause
Au départ, ce sont les dégâts accumulés par une
cellule qui entraînent le processus de cancérisation
(carcinogenèse). Ces dégâts peuvent entre autres être
dus à l’exposition à des produits toxiques (au premier
rang desquels se trouve la fumée de tabac), à des
agents physiques (ultraviolets naturels ou artificiels,
rayonnements, pollution), ou à certains virus. Le lien
avec l’alimentation est établi mais encore mal connu.
Par contre il est établi que l’alcool, l’excès de poids et
le manque d’exercice physique augmentent le risque
de certains cancers, tout comme des expositions
professionnelles à différents produits chimiques.
L’hérédité n’intervient que rarement. Les cancers ne
sont jamais contagieux.
Voilà pourquoi la fréquence des cancers augmente
globalement avec l’âge. C’est aussi la raison pour
laquelle le dépistage précoce de certains cancers est
si important. Il permet de les traiter avant l’apparition
des métastases.
Dernière précision : tumeur n’est pas toujours
synonyme de cancer. Une tumeur est une masse de
cellules qui peuvent être cancéreuses ou non.
On parle respectivement de tumeur maligne (cancer),
ou de tumeur bénigne (adénome, kyste…).
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gratuitement le Cancerphone au 0800 15 800,
tous les jours ouvrables de 9h à 13h, le lundi de
9h à 19h.
Evolution
Après un certain temps d’évolution, certaines cellules
cancéreuses peuvent s’échapper de leur tumeur
d’origine et aller s’installer dans d’autres parties du
corps, via les vaisseaux sanguins ou lymphatiques.
Ces colonies distantes portent le nom de métastases.
Le processus de cancérisation est habituellement très
lent. Il peut s’étendre sur plusieurs années, voire des
dizaines, après les premiers dégâts cellulaires.
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Un peu d’anatomie
Le larynx
Le larynx fait partie des voies respiratoires. Il se
trouve sous le pharynx et marque l’entrée de la
trachée. C’est dans le larynx que se trouvent les
cordes vocales.
Le larynx se divise en trois parties (voir illustration
ci-dessous) :
• l’étage sus-glottique, situé au-dessus de la glotte (I).
Cette région comprend plusieurs muscles. L’épiglotte
fait partie de cet étage ;
• l’étage glottique (ou glotte), situé au niveau central
du larynx (II) et contenant deux bandes de tissu
musculaire, appelées cordes vocales ;
• l’étage sous-glottique, situé en dessous de la glotte
(III). Cette partie du larynx fait la jonction entre les
cordes vocales et la trachée.
nous inhalons par le nez ou par la bouche traverse
le pharynx, la glotte et la trachée et descend
ensuite dans les poumons. Les aliments que nous
avalons passent eux aussi par le pharynx. Pour
éviter que les aliments ne fassent fausse route vers
la trachée au moment de la déglutition, l’épiglotte
se rabat comme un clapet pour fermer le passage
vers la trachée. Les aliments glissent alors vers
l’œsophage, d’où ils continuent vers l’estomac.
•Les cordes vocales émettent les sons de notre
voix. L’air qui passe par le larynx provoque une
vibration des cordes vocales qui génèrent un
son. La fréquence de ces vibrations dépend de
la tension et de la forme des cordes vocales, et
détermine la hauteur du son.
Les cordes vocales des hommes sont généralement
plus épaisses et plus longues que celles des
femmes. Elles bougent plus lentement et leur
fréquence de vibration est inférieure. C’est ce qui
explique que les hommes ont généralement une
voix plus grave que les femmes.
d
a
I
II
III
b
c
e
f
a) épiglotte
d)pharynx
b) fausses cordes vocales e) trachée
c) vraies cordes vocales
f) œsophage
Du son à la parole…
Le son qui se forme au niveau du larynx doit
encore être transformé en langage compréhensible.
Ce processus se déroule dans les cavités buccale,
nasale et pharyngée qui forment autant de caisses
de résonance. Les dents, les lèvres, les joues, le
palais et la langue jouent aussi un rôle important.
Pour pouvoir parler de manière compréhensible,
chacun de ces organes doit bien fonctionner.
Le larynx exerce deux fonctions importantes :
•L’épiglotte empêche le passage des aliments dans
la trachée au moment de la déglutition. L’air que
6
7
Chiffres et facteurs de risque
Les cancers du larynx
Lésions précancéreuses du larynx
En Belgique, en 2011, on a enregistré environ 700 cas
de cancers du larynx. Ce sont surtout des hommes
qui en sont atteints mais, ces dernières années,
leur incidence chez les femmes est en hausse. Le
cancer du larynx est le plus souvent diagnostiqué
chez des hommes âgés de 50 à 70 ans. Les femmes
ont en moyenne 5 à 10 ans de moins au moment du
diagnostic.
Certaines lésions inflammatoires chroniques des
cordes vocales peuvent se transformer en cancer.
Traitées à temps, elles peuvent disparaître, mais le
tabagisme et l’alcoolisme augmentent leur risque
d’évolution défavorable. Par contre, si la personne
arrête de fumer et de boire, le risque de récidive des
lésions précancéreuses diminue.
Facteurs de risque
On connaît plusieurs facteurs de risque, c’est-à-dire
des circonstances qui favorisent le développement
d’un cancer du larynx. Le plus important de ces
facteurs de risque est le tabac. Le deuxième est
la consommation exagérée d’alcool. L’alcool et
le tabac ensemble peuvent, en outre, renforcer
mutuellement leurs effets néfastes.
Plus rarement, une infection chronique par certains
virus de la famille des papillomavirus (HPV) pourrait
être responsable de cancers du larynx.
L’inhalation de substances irritantes, notamment
certaines vapeurs de métaux ou de produits chimiques,
peut aussi favoriser l’apparition du cancer du larynx.
Il n’est pas prouvé que des facteurs héréditaires
jouent un rôle dans l’apparition du cancer du larynx.
Il est néanmoins possible que la prédisposition au
développement d’un cancer du larynx consécutif
à la consommation d’alcool et au tabagisme soit
déterminée de manière héréditaire.
8
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Symptômes
Examens de diagnostic
Les symptômes du cancer du larynx dépendent de la
localisation de la tumeur.
A un stade précoce, les symptômes suivants
peuvent apparaître :
• enrouement (changement de la voix) persistant.
A la longue, il s’intensifie et rend l’élocution plus
difficile ;
• vague douleur au niveau de la gorge, comparable
à la douleur ressentie quand on a une arête
de poisson dans la gorge. On peut aussi avoir
l’impression d’avoir “une boule dans la gorge”.
La période du diagnostic et des examens complémen­­­­­­
taires est souvent difficile à vivre. Il faut attendre
un certain temps avant que tous les examens soient
effectués et que les résultats soient disponibles. Dans
l’intervalle, on se pose bien des questions sur la nature
de la maladie, sa gravité et son évolution possible. Les
équipes hospitalières font tout leur possible pour que
cette période soit la plus brève possible.
A un stade ultérieur, plusieurs symptômes peuvent
apparaître.
• la présence d’un ganglion ou d’un nodule au niveau
du cou ;
• une douleur au moment de l’inhalation ou de la
déglutition. Cette douleur irradie souvent vers une
ou les deux oreilles ;
• toux chronique ;
• problèmes occasionnels de déglutition ;
• production accrue de mucus (glaires) au niveau de
la gorge ;
• essouflement.
L’enrouement est un symptôme qu’on peut
observer aussi dans beaucoup de maladies. Ce
n’est donc pas parce qu’il y a enrouement qu’il y
a forcément un cancer du larynx. Toutefois, si un
enrouement persiste plus de deux semaines, il
est recommandé de consulter son médecin. Cette
consultation s’impose également en cas de petits
problèmes de déglutition qui perdurent.
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Le diagnostic de cancer du larynx est généralement
posé par un médecin spécialiste en oto-rhinolaryn­go­
logie (ORL). Selon les circonstances, il demandera que
vous passiez un ou plusieurs des examens suivants :
Laryngoscopie
La laryngoscopie peut être pratiquée de 3 façons :
Laryngoscopie indirecte
L’ORL fera d’abord un premier examen approfondi
de la gorge à l’aide d’une optique droite introduite
par la bouche. Généralement, il pratique au préalable
une anesthésie locale à l’aide d’un spray à base de
xylocaïne.
Cet examen permet d’examiner le larynx et
notamment les cordes vocales.
Pour évaluer les vibrations des cordes vocales, il peut
aussi effectuer une stroboscopie. Il s’agit de prendre
des images des cordes vocales en fonctionnement
sous un éclairage stroboscopique, ce qui permet de
mieux visualiser leur mouvement.
Laryngofibroscopie
Un tube flexible contenant des fibres optiques
(fibroscope) est introduit par le nez ; il permet de
visualiser l’arrière de la cavité nasale, le pharynx, le
larynx et l’hypopharynx. Généralement, le médecin
11
pratique au préalable une anesthésie locale à l’aide
d’un spray ou utilise un gel anesthésiant à base de
xylocaïne pour lubrifier le fibroscope.
Laryngoscopie directe
L’examen endoscopique de la gorge à l’aide d’un
instrument appelé laryngoscope est effectué sous
anesthésie générale au bloc opératoire. Si une
zone suspecte est repérée, on peut procéder à une
biopsie. Le médecin peut aussi durant cet examen
visualiser des régions anatomiques moins visibles
en laryngoscopie indirecte ou en fibroscopie (par
exemple : l’hypopharynx, la bouche de l’œsophage,
la trachée).
Selon les cas, il se peut que le médecin estime néces­
saire de procéder également à d’autres examens
endoscopiques, notamment des voies respiratoires
(bronchoscopie) et digestives (œsophagoscopie et
gastroscopie).
Biopsie
Pour pouvoir poser un diagnostic définitif, il est
nécessaire de prélever un petit morceau de tissu
(biopsie) qui sera ensuite examiné au microscope
par un anatomo-pathologiste, pour confirmer la
présence de cellules cancéreuses et déterminer le
type de cancer. Le prélèvement se fait généralement
soit en consultation sous anesthésie locale ou
pendant l’examen endoscopique, au cours d’une
courte anesthésie générale. Il est également
possible de prélever des cellules d’un ganglion
suspect, augmenté de volume à l’aide d’une
ponction réalisée avec une aiguille fine qui sera
parfois réalisée sous échographie (cytoponction).
La recherche de virus HPV peut également être
effectuée sur le prélèvement.
Si le diagnostic de cancer est confirmé, des examens
complémentaires sont réalisés afin de préciser
l’extension de la tumeur, la présence ou l’absence
12
13
d’atteinte des ganglions du cou et enfin la présence
ou l’absence de métastases.
Imagerie médicale
CT-scan
Le CT-scan (scanner) est une technique d’imagerie
qui utilise les rayons X. Il permet d’obtenir des
images extrêmement détaillées des organes
examinés. Son principe consiste à prendre une
série de clichés radiographiques successifs de
la région à explorer (tomographie). Les données
obtenues sont ensuite traitées par informatique
pour être transformées en images. Les appareils
les plus modernes (spiralés) permettent même de
reconstruire des images en 3D.
En pratique : le scanner ressemble à un grand anneau
dans lequel vous êtes allongé sur une table mobile.
L’appareil prend une série de clichés pendant que la
table avance progressivement.
Avant l’examen, on doit parfois vous injecter un
produit de contraste, afin de rendre certains organes
encore mieux visibles. Si vous avez déjà eu une
réaction allergique à ce type de produit, pensez à en
informer le médecin.
Un CT-scan de la région du cou donne au médecin
un bon aperçu du larynx, des tissus adjacents et
de l’éventuelle présence de métastases au niveau
des ganglions lymphatiques du cou. Il sera souvent
couplé à un CT-scan des poumons pour voir s’il n’y a
pas de métastases et aussi pour éliminer la présence
d’un cancer du poumon qui peut parfois être présent
en même temps qu’un cancer du larynx à cause du
tabagisme.
IRM (imagerie par résonance magnétique)
L’IRM ressemble à un CT-scan, dont on aurait
remplacé les rayons X par des champs magnétiques
très puissants. Ici aussi, le médecin peut obtenir une
sorte de coupe transversale virtuelle de l’organisme.
Les différents organes sont visualisés sur un écran
d’ordinateur. Un produit de contraste (gadolinium)
est généralement injecté avant l’examen. L’IRM
donne en général de meilleures images que le CT
scan au niveau des tissus mous. Votre médecin
demandera soit un CT-scan, soit une IRM en fonction
de certaines caractéristiques de la tumeur.
En pratique : cet examen ressemble au CT-scan mais
il dure plus longtemps (jusqu’à une heure). Vous
devrez rester allongé et immobile dans une sorte de
“tube”. L’appareil fait beaucoup de bruit, ce qui peut
être désagréable.
PET-scan (tomographie par émission de positons)
Contrairement au CT-scan et à l’IRM, le PET-scan
donne des images peu détaillées de l’anatomie. Son
intérêt est qu’il permet de visualiser les zones où
les cellules sont les plus actives. Pour cet examen,
on injecte une petite quantité de sucre radioactif au
patient (fluorodéoxyglucose ou FDG). Ce “traceur”
va s’accumuler là où les cellules utilisent le plus
d’énergie, et donc notamment dans les tumeurs
14
15
Choix des traitements
constituées de cellules cancéreuses. Le PET-scan
est surtout utile pour dépister les métastases ou la
présence d’un second cancer simultané. Il existe
des appareils qui combinent un PET et un CT-scan.
En pratique : l'examen comprend deux temps. Le
premier est l’injection du traceur radioactif dans une
veine du bras. Il faut ensuite attendre environ une
heure au calme, pour que le produit se répartisse
dans l’ensemble de l’organisme.
Ensuite se déroule l’examen proprement dit. Vous
serez allongé sur la table mobile de la machine, vous
resterez dans le calme et dans la pénombre pendant
environ 30 minutes. Au total, cet examen prend donc
2 à 3 heures.
Echographie
L’échographie est une technique d’imagerie utilisant
les ultrasons. Elle n’implique aucune irradiation. Les
ultrasons émis par une sonde traversent les tissus du
corps, puis sont renvoyés sous la forme d’un écho.
Cet écho est analysé par un système informatique et
transformé en image en temps réel sur l’écran.
En pratique : vous êtes en général allongé sur une
table d’examen classique. Le médecin promène une
sonde enduite de gel sur la partie du corps à examiner
et visualise le résultat sur l’écran. Il peut souvent vous
commenter en temps réel ce qu’il observe (mais ces
images ne sont pas toujours faciles à comprendre
quand on n’en a pas l’habitude !). L’examen n’est
pas douloureux et ne comporte pas de contreindications. Dans le cas d’une mise au point pour
suspicion de cancer du larynx, cet examen permet de
visualiser les ganglions lymphatiques du cou. Il n’est
cependant souvent pas nécessaire si un CT-scan et/
ou une IRM sont réalisés.
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Afin de choisir le traitement le plus approprié et de
déterminer le pronostic (chances de guérison), il est
important de connaître le stade du cancer : est-il
encore localisé ? A-t-il envahi les ganglions qui sont à
proximité ? A-t-il envahi d’autres organes avoisinants ?
Y a-t-il des métastases à distance ? Cette étape
essentielle s’appelle la détermination du stade ou
staging. Elle se fait sur base des résultats de l’examen
clinique, des observations faites grâce aux examens
de diagnostic (CT-scan, IRM, PET-scan, endoscopie…).
Système de classification des tumeurs
TNM (Tumeur – Node – Métastase)
La détermination du stade se fait suivant le
système TNM :
•• T fait référence à la taille et à l’extension de la
tumeur, par exemple vers les tissus avoisinants.
En outre, pour les cancers des cordes vocales,
la mobilité préservée ou non de celles-ci est
un élément très important à considérer.
•• N indique si le cancer s’est étendu aux
ganglions lymphatiques (appelés nodes en
anglais) proches de la tumeur primaire.
•• M fait référence à la présence de métastases
dans d’autres parties du corps.
Chaque lettre est suivie d’un chiffre ou d’une
autre lettre :
•• Les chiffres de 0 à 4 indiquent le degré
d’extension ;
•• La lettre X signifie “ne peut pas être évalué”,
car l’information n’est pas disponible ;
•• Les lettres ‘is’, signifiant “in situ”, peuvent
suivre le T et indiquent dans ce cas que la
tumeur est débutante car elle reste limitée à la
couche cellulaire où elle est apparue.
17
Métastases
Comme dans la majorité des formes de cancer, des
métastases peuvent être observées en cas de cancer
du larynx. Le plus souvent, elles se situent au niveau
des ganglions lymphatiques du cou. Il s’agit dans ce
cas de métastases régionales à considérer de manière
différente que les métastases à distance par
dissémination des cellules cancéreuses par le sang
(par exemple au niveau des poumons).
Si une tumeur du larynx est localisée au-dessus des
cordes vocales, le risque de métastases ganglionnaires
est plus important que si la tumeur est située au
niveau des cordes vocales. À un stade avancé de la
maladie, des métastases à distance peuvent parfois
aboutir dans les poumons (le plus souvent) ou
dans d’autres organes après diffusion des cellules
cancéreuses par le sang.
En fonction du stade du cancer, les médecins
décident ensemble des méthodes de traitement
qu’ils estiment les meilleures dans votre cas
particulier.
Pour les cancers du larynx, ils peuvent faire appel à :
• la chirurgie ;
• la radiothérapie ;
• la chimiothérapie ;
• les thérapies ciblées.
Ces différents traitements peuvent souvent être
combinés.
Le CSO, un partenaire tout au long de
votre traitement
Le Plan national Cancer a permis l’augmentation
du nombre de “Coordinateurs de soins en
oncologie”. Cet infirmer/infirmière spécialisé(e)
est votre personne de contact privilégié tout au
long des traitements que vous allez suivre. En
effet, vous allez probablement passer par des
services différents, des médecins différents, etc.,
mais votre CSO restera toujours le/la même. Il/
elle fait partie intégrante de l’équipe soignante,
assiste à toutes les réunions vous concernant
et coordonne tous vos rendez-vous. Votre CSO
est joignable à tout moment par téléphone ou
par mail pour répondre aux questions que vous
vous posez par rapport à la maladie et aux
traitements.
Consultation oncologique multidisciplinaire
(COM)
La stadification de la tumeur et le choix final du
traitement se font après discussion entre les différents
médecins concernés par votre diagnostic et votre
traitement : spécialiste d’organe, chirurgien,
oncologue, radiothérapeute, anatomo-pathologiste,
en présence de l’infirmier coordinateur de soins (voir
encadré). S’il le peut, votre médecin généraliste peut
y participer ; il sera en tous cas informé de la
décision. Cette “consultation oncologique multi­
disciplinaire” (en abrégé : COM) est un critère de
qualité exigé pour les hôpitaux accrédités pour un
programme de soins en oncologie et soutenu par le
Plan national Cancer.
18
19
Traitements
Quand il est découvert tôt, le cancer du larynx peut
souvent être traité par chirurgie ou par radiothérapie.
Dans le choix du traitement, il faut porter une
attention particulière à ses conséquences à long
terme, car celles-ci peuvent avoir un impact important
sur la qualité de vie, en particulier sur la parole.
Chirurgie
L’intervention chirurgicale peut consister en l’ablation
partielle ou totale du larynx. Si la tumeur est de
petite taille, l’ablation partielle suffit parfois (cordectomie, laryngectomie partielle, laryngectomie reconstructive). Le patient conserve alors souvent sa voix.
Si la tumeur est petite et peu étendue, il est parfois
possible de pratiquer l’opération en accédant à la
tumeur par voie endoscopique par la bouche et en
réséquant la tumeur à l’aide d’un laser.
Lorsqu’il faut enlever la totalité du larynx, ce qu’on
appelle une laryngectomie totale, il faut enlever
non seulement les cordes vocales mais l’ensemble
de la charpente cartilagineuse du larynx, avec
comme conséquences la perte de la voix et la
nécessité de respirer par un orifice que l’on appelle
“trachéostome” (trachéotomie définitive).
Avant
Après
Trachéostome
Larynx
vers
l’estomac
vers les
poumons
20
vers
l’estomac
vers les poumons
Le trachéostome est une ouverture réalisée au
niveau de l’extrémité supérieure de la trachée, qui
est abouché à la peau de la base du cou et ainsi mis
en contact direct avec l’extérieur. Cette opération
sépare donc les voies digestives supérieures des
voies respiratoires. L’inspiration et l’expiration ne
se font plus par le nez et par la bouche, mais par le
trachéostome.
La laryngectomie totale nécessite un réapprentissage
de la parole par divers moyens (voir plus loin).
Pour garantir le passage de l’air, permettre la
cicatrisation du trachéostome et aspirer les
secrétions, le médecin place pendant l’opération
une canule (sorte de tube courbe placé dans la
trachée) qui permet de maintenir le trachéostome
ouvert. Le trachéostome et la canule nécessitent
des soins particuliers que le patient apprendra
progressivement à faire lui-même.
Au cours de l’opération, les ganglions du cou suspects
de contenir des cellules cancéreuses seront enlevés,
souvent des deux côtés du cou. Cette opération est
appelée évidement (ou curage) ganglionnaire. Elle
peut causer l’apparition de “creux” au niveau du cou
et une limitation à la mobilisation de l’épaule.
Effets secondaires de la chirurgie
D’une manière générale, les risques et effets
secondaires dépendent de l’étendue de l’intervention
et de l’état de santé général.
Les risques possibles sont des hémorragies, des
infections, des complications liées à l’anesthésie ou
encore une inflammation pulmonaire. Des douleurs
post-opératoires peuvent également se manifester,
mais elles sont généralement gardées sous contrôle
grâce à des médicaments.
21
Les conséquences possibles sont soit temporaires,
soit définitives. Dans ce dernier cas, on parlera de
séquelles.
ment la zone à traiter. Cela augmente les chances
de réussite du traitement, tout en limitant les effets
secondaires.
Radiothérapie
En cas de radiothérapie seule, c’est-à-dire sans
opération, la voix est le plus souvent restaurée. Dans
certains cas, le patient gardera cependant une voix
plus enrouée.
Lors d’une radiothérapie, des rayons X de haute
énergie produits par une machine appelée
accélérateur de particules sont utilisées pour
détruire les cellules cancéreuses.
La plupart des cancers du larynx sont sensibles à ces
rayons. Les rayons sont sélectivement dirigés vers
la tumeur et les ganglions lymphatiques adjacents
s’ils sont atteints ou si le risque qu’ils le soient de
manière microscopique est important.
La radiothérapie seule est utilisée comme traitement
principal pour de petites tumeurs, en alternative à
la chirurgie. Le choix se fera en général en fonction
du traitement qui sera le moins mutilant et donc qui
préservera le mieux la voix.
Enfin, elle est souvent utilisée comme thérapie
adjuvante après une opération lorsqu’il ya par
exemple des ganglions du cou atteints par le cancer,
afin de réduire le risque de récidive.
Un traitement de radiothérapie dure typiquement
entre 6 et 7 semaines à raison d’une séance par jour.
Des études sont actuellement menées afin de voir si
d’autres schémas sont plus efficaces, par exemple en
utilisant la même dose de rayons sur moins de jours,
ou en utilisant des doses plus basses deux fois par jour.
Radio-chimiothérapie
Le principe de la radio-chimiothérapie est d’administrer,
pendant la période où se déroule la radiothérapie,
plusieurs cures de chimiothérapie. Le but est
d’additionner localement (dans la zone irradiée)
l’action des deux traitements pour augmenter
l’efficacité et prévenir la dissémination métastatique.
Ce type de traitement, souvent appelé “traitement
de préservation laryngée”, est actuellement proposé
dans certaines tumeurs avancées du larynx en
alternative à la laryngectomie totale car il permet de
conserver la voix.
Avant de commencer une radiothérapie, il est
important de faire contrôler ses dents, car après
la radiothérapie, les dents sont plus sujettes aux
caries pouvant mener à des infections dont les
conséquences peuvent être dangereuses pour
l’os de la mâchoire (ostéoradionécrose). Il peut
donc être nécessaire de les soigner avant de
débuter l’irradiation, de les fortifier à l’aide de
fluor ou d’extraire celles qui sont trop abimées.
Les appareils de radiothérapie modernes utilisés
dans les centres de référence ciblent très précisé­
22
23
Masque
Lors de l’irradiation, le faisceau de rayons doit
atteindre une zone très précise. Il est donc important
de reprendre exactement la même position à chaque
séance.
Pour cette raison, on utilise souvent un masque
rigide, réalisé sur la base d’une empreinte du visage
et du cou du patient. Ce masque est placé juste
avant l’irradiation sur la zone à irradier et fixé à la
table de radiothérapie. La zone d’irradiation y est
dessinée afin de permettre d’irradier exactement la
même zone à chaque séance.
Pour en savoir plus sur la radiothérapie, vous
pouvez consulter la brochure qui y est entièrement
consacrée.
Effets secondaires de la radiothérapie
Pendant le traitement, le radiothérapeute vous
examinera régulièrement car les effets secon­daires
peuvent être importants. Votre équipe médicale y
consacrera donc une attention particulière.
La radiothérapie a des effets secondaires à court et
à long terme.
Ces problèmes disparaissent généralement après le
traitement, mais cela peut prendre plusieurs mois.
Tous les effets secondaires ne disparaissent pas
toujours complètement.
A long terme : il peut y avoir un certain degré de
sécheresse de la bouche si les glandes salivaires ont
été irradiées, mais c’est rare.
Chimiothérapie
La chimiothérapie consiste à utiliser des médicaments
par voie intraveineuse afin de tuer les cellules
cancéreuses. Comme ces médicaments se diffusent
dans le corps entier, ils sont surtout utiles dans les
formes avancées de cancer.
Une chimiothérapie peut être appliquée dans
différentes circonstances :
• En traitement de première ligne, pour faire diminuer
le volume d’une tumeur avant une opération
chirurgicale ou une radiothérapie. On parle dans ces
cas de chimiothérapie néoadjuvante.
• Après une opération chirurgicale ou une radiothérapie,
dans le but de réduire le risque de récidives locales
A court terme : Une radiothérapie peut causer des
brûlures de la peau similaires à des coups de soleil
dans la région irradiée, une perte d’appétit et une
fatigue marquée.
On peut également ressentir une sensation de
bouche sèche ou des difficultés en avalant. Si c’est le
cas, il est conseillé de boire davantage en mangeant.
En cas de besoin, les repas seront composés
uniquement d’aliments mous ou liquides. Le conseil
personnalisé d’un diététicien peut également être
très utile.
24
25
ou de prévenir les métastases à distance. On parle
dans ce cas de chimiothérapie adjuvante.
• Combinée à une radiothérapie, car la chimiothérapie
permet de rendre les cellules cancéreuses plus
sensibles à la radiothérapie. Il s’agit alors de radiochimiothérapie (voir plus haut).
• Pour les patients dont le cancer a métastasé dans
d’autres organes tels que les poumons, les os ou
le foie. Dans ce cas, la chimiothérapie peut être
utilisée seule ou en combinaison avec des
traitements ciblés.
La chimiothérapie est appliquée par cycles ou
“cures” : chaque période de traitement (étalée sur
un ou plusieurs jours) est suivie d’une période de
repos (habituellement de 2 à 3 semaines) permettant
au corps de se rétablir. La chimiothérapie n’est pas
toujours possible chez les personnes en très
mauvaise santé générale.
Une combinaison de différents médicaments
(cytostatiques) est souvent utilisée. Dans le cas des
cancers de larynx, il s’agit généralement de sels de
platine (cisplatine, carboplatine) et de 5FU. Lorsque
la chimiothérapie est utilisée en néoadjuvant
(voir plus haut), on y associe un taxane (taxol,
taxotère). Ces médicaments peuvent être utilisés en
combinaison avec un traitement ciblé.
Effets secondaires de la chimiothérapie
La chimiothérapie s’attaque aux cellules à division
rapide, ce qui est le cas des cellules cancéreuses.
Mais elle peut aussi avoir un effet sur les cellules
saines à division rapide, telles que celles de la moelle
osseuse, des muqueuses buccales et intestinales et
des racines des cheveux.
Ces effets dépendent du/des médicaments employés,
26
de la dose et de la durée de la thérapie. Ils peuvent
se traduire par :
• une chute des cheveux (uniquement avec les taxanes)
• une inflammation de la muqueuse buccale
• une perte d’appétit
• des nausées et vomissements
• de la diarrhée
• un risque accru d’infections (suite à la réduction du
nombre de globules blancs)
• des hémorragies et saignements (suite à la
réduction du nombre de plaquettes sanguines)
• de la fatigue (suite à la réduction du nombre de
globules rouges).
Ces troubles disparaissent généralement après
l’arrêt du traitement. Beaucoup d’entre eux, comme
les vomissements, peuvent être prévenus ou traités
grâce à des médicaments.
Certaines chimiothérapies peuvent également causer
des dégâts aux nerfs (neuropathie). Les conséquences
sont des pertes d’audition (qui peuvent perdurer) ou
des symptômes localisés dans les mains et les pieds
tels que des douleurs, une perte de sensibilité, une
sensation de brûlure, picotements, hypersensibilité au
froid/chaud, sensation de faiblesse. Habituellement,
ces troubles disparaissent progressivement à la fin
du traitement, mais peuvent perdurer chez certaines
personnes.
Certaines chimiothérapies peuvent être toxiques pour
le cœur, le foie ou les reins. Dans certains cas, il est
nécessaire de réduire la dose de chimiothérapie ou
même de différer, voire d’arrêter le traitement.
Pour en savoir plus sur la chimiothérapie, vous pou­vez
consulter la brochure qui y est entièrement consacrée.
27
Thérapies ciblées
Des médicaments récents permettent de
s’attaquer aux cellules cancéreuses en perturbant
sélectivement certaines étapes-clés de leur
fonctionnement. Ces thérapies dites “ciblées”
(parfois aussi appelées biothérapies) sont utilisées
seules ou en combinaison avec la chimiothérapie
classique. Comme cette dernière, ils provoquent des
effets secondaires, mais ceux-ci sont souvent moins
marqués.
Effets secondaires des traitements ciblés
L’arrivée des thérapies ciblées avait suscité l’espoir
que ces médicaments, d’action plus sélective, seraient
dénués d’effets secondaires. Ce n’est malheureuse­
ment pas le cas. Certains d’entre eux sont même
à l’origine de réactions très intenses (allergies,
réactions cutanées, etc.) mais la “bonne nouvelle”
est que ces effets secondaires sont souvent
prédictifs de leur efficacité, ce qui n’est pas le cas
avec la chimiothérapie.
Parmi les autres effets secondaires possibles, citons
notamment : maux de tête, fatigue, fièvre et diarrhée.
Dans le cas des cancers du larynx, on a généralement
recours au cetuximab. Il s’agit d’un anticorps
monoclonal (une protéine artificielle identique à
celle produite par le système immunitaire), qui cible
le récepteur à l’EGF (epithelial growth factor).
Les thérapies ciblées sont majoritairement utilisées
en combinaison avec une chimiothérapie, dans le
cas de récidive, ou si le cancer continue à progresser
malgré la chimiothérapie. Ce médicament est injecté
par intraveineuse.
28
29
Rééducation vocale
Certaines opérations du larynx n’enlevant qu’une
partie de celui-ci ne vont pas modifier la voix :
par exemple la laryngecomie supraglottique qui
enlève l’étage sus-glottique et garde les cordes
vocales intactes. Les laryngectomies partielles et
reconstructives qui enlèvent une partie des cordes
vocales vont permettre de reparler mais la voix sera
souvent plus grave qu’auparavant.
Une opération de laryngectomie totale met forcément
en danger la voix et vous vous demandez sans doute
avec angoisse si vous pourrez encore parler après la
chirurgie.
Pour cette raison, vous recevrez, avant l’opération,
la visite d’un(e) logopède. Le logopède est un spécialiste des problèmes de la voix et de la déglutition.
Avant l’opération, le/la logopède évalue votre voix,
explique les changements que vont induire l’opération
et comment la parole sera possible après celle-ci.
Avant l’opération, une entrevue avec une personne
qui a été opérée est souvent suggérée. Cet entretien
avec quelqu’un qui sait exactement ce que signifie
cette opération peut apporter un soutien important.
De plus, cette personne démontrera comment elle
est capable de parler, même sans larynx.
Le plus souvent, la rééducation vocale commence
déjà dans les premiers jours qui suivent l’intervention.
Quelles sont les solutions possibles
pour remplacer la voix perdue après une
laryngectomie totale ?
Après une laryngectomie totale, l’air que l’on
respire ne passe plus du nez et de la bouche vers les
poumons, mais entre directement dans la trachée via
un orifice appelé trachéostome. Le larynx contenant
30
les cordes vocales a été enlevé. La production du
son de la voix, créé par le passage de l’air entre les
cordes vocales, n’est plus possible. Il faut donc faire
appel à d’autres méthodes pour parler.
Il existe plusieurs possibilités, que vous examinerez
avec votre équipe médicale et en particulier avec
le/la logopède qui s’occupera de vous. Certaines
solutions sont certainement plus adaptées que
d’autres à votre cas particulier.
Implant ou prothèse phonatoire
Cette méthode, la plus efficace et la plus utilisée
actuellement, consiste à créer chirurgicalement un
petit canal de communication entre la trachée et
l’œsophage et à y placer une petite valve appelée
prothèse phonatoire. De cette manière, l’air qui
sort des poumons peut passer vers l’œsophage et
le pharynx, mais la valve (à clapet) permet d’éviter
que les aliments et les boissons ne passent en sens
inverse, de l’œsophage vers la trachée.
Pour parler, il faut maintenir le trachéostome fermé
(au début à l’aide d’un doigt, ensuite à l’aide d’une
valve) pendant une expiration. L’air passe par la
prothèse vers le pharynx où il se met à vibrer et
produit ainsi un son de manière identique à la
situation normale où l’air expiré fait vibrer les cordes
vocales. Ce son est ensuite “modulé” en langage
intelligible au niveau des cavités buccale, nasale et
pharyngée.
La prothèse phonatoire peut être placée en même
temps que la laryngectomie totale, ou bien dans un
second temps (il faut alors le plus souvent une brève
anesthésie).
Après mise en place d’une prothèse phonatoire, il
est souvent possible de réapprendre à parler en
31
quelques jours à peine. La voix produite est assez
naturelle.
L’inconvénient de cette méthode est qu’il faut
maintenir le doigt sur le trachéostome pour parler,
un peu comme le fait un musicien pour jouer de la
flûte. Une valve, fixée à l’aide d’un collant spécial,
peut être placée sur la peau à proximité directe
du trachéostome et permet alors, par une légère
poussée d’air, de fermer le trachéostome et d’ainsi
pouvoir parler sans devoir utiliser sa main.
Cette valve ne peut être placée que plusieurs
semaines après l’intervention.
Au fil du temps (en général après plusieurs mois), la
prothèse se dégrade et des fuites peuvent apparaître
au niveau de la prothèse. Il arrive alors que du liquide
s’écoule dans la trachée via la prothèse lorsqu’on boit,
ce qui provoque des quintes de toux. Dans ce cas,
la prothèse doit être remplacée. Ce remplacement
se fait en consultation auprès de l’équipe qui vous a
pris en charge pour l’intervention.
Voix œsophagienne
Dans la voix œsophagienne (actuellement beaucoup
moins utilisée), le son est provoqué par une vibration
de l’air au niveau de la partie supérieure de
l’œsophage, à la manière des ventriloques.
L’apprentissage de cette façon de parler nécessite de
suivre un programme d’exercices rigoureux réalisés
avec un(e) logopède expert(e) dans ce procédé
de réhabilitation vocale et demande beaucoup de
patience et de persévérance. Progressivement, la
majorité des personnes arrivent à se faire comprendre.
Il est toutefois difficile d’avoir une élocution fluide
étant donné qu’il faut régulièrement aspirer de l’air.
32
Le son de la voix est généralement moins naturel
qu’avec un implant phonatoire. Actuellement, cette
technique n’est plus proposée qu’aux personnes chez
qui il existe des contre-indications à la mise en place
d’un implant phonatoire.
Appareil phonatoire électronique
Exceptionnellement, lorsque l’implant phonatoire et
la voix œsophagienne ne donnent pas de résultats
satisfaisants, il reste le matériel électronique,
dénommé électrolarynx ou laryngophone.
Il s’agit d’un petit appareil qui ressemble à un micro­
phone, que l’on tient contre le cou quand on parle.
La peau de la gorge envoie ainsi une vibration vers la
cavité buccale où est généré un son qui a pour caisse
de résonance le fond de la bouche et le pharynx.
Cette façon de parler produit un son assez artificiel,
mais offre néanmoins une réelle possibilité de
communication aux personnes qui n’arrivent pas à
apprendre la voix œsophagienne ou ne bénéficient
pas d’un implant phonatoire.
Depuis quelques années, une nouvelle génération de
ce type d’appareil permet de faire fluctuer la hauteur
du son émis. Pour bien pouvoir l’utiliser, il faut
toutefois s’entraîner avec un logopède.
Vivre avec un trachéostome
Après une laryngectomie totale, on peut très vite
reprendre la majorité de ses activités. Il est toutefois
conseillé d’éviter les activités extérieures quand il
fait très chaud ou très froid, les environnements
très empoussiérés, ou l’exposition à des gaz ou des
vapeurs irritantes.
En effet, l’air inspiré via le trachéostome passe direc­tement dans les poumons. Il n’est donc plus réchauffé,
filtré et humidifié par son passage dans le nez.
33
Pour protéger les poumons de l’apport d’air direct,
il faut utiliser un filtre maintenu au niveau du trachéo­stome couvert. Ce filtre remplace les fonctions du nez.
Après une laryngectomie totale, il faut aussi être
prudent dans les contacts avec l’eau. L’eau peut
en effet directement atteindre les poumons via le
trachéostome. Lors de douches, de bains ou encore
pour la natation, il faut donc impérativement utiliser
des dispositifs particuliers (un dispositif de protec­
tion spécial pour la douche et un tuba adapté pour la
natation).
Rééducation olfactive
A côté de la rééducation vocale, une rééducation
olfactive est également de mise après une laryn­gectomie totale. En effet, le nez est court-circuité par
le trachéostome. C’est pourquoi l’odorat diminue
fortement ou peut même disparaître tout à fait.
Pour réapprendre à sentir, un logopède peut s’avérer
utile. Il apprend, par un mouvement de bâillement,
lèvres serrées, à introduire de l’air dans la bouche
par le nez de telle sorte que l’odorat revienne.
Alimentation
Problèmes alimentaires après l’opération
Les problèmes alimentaires dépendent du type
d’opération.
Dans les laryngectomies partielles et reconstruc­
tives, par exemple, l’ablation de l’épiglotte ou
d’une partie du larynx facilite les fausses routes
alimentaires vers les voies respiratoires au moment
où l’on avale. Sous la surveillance d’un logopède,
vous pouvez apprendre une méthode de déglutition
adaptée. Au début, quand vous absorbez des aliments
liquides (thé, café, lait, jus de fruit) et des aliments
friables, vous risquez d’avaler souvent de travers.
Les aliments liquides, épais et lisses (panade, crème
et soupe épaisse) conviennent mieux.
Au début, la déglutition exige un tel effort et une telle
énergie que certains ne mangent plus suffisamment.
Si c’est le cas, votre médecin pourrait vous prescrire,
de manière temporaire, en plus de votre alimentation
normale, une alimentation par une sonde qui est
placée directement dans l’estomac. L’alimentation
par sonde contient tous les éléments nutritifs
nécessaires pour ne pas perdre de poids et rester en
forme.
Si vous avez des problèmes d’alimentation, discutezen avec votre équipe médicale et votre logopède. Ils
pourront vous conseiller en fonction de votre situation
personnelle. Ces consultations peuvent se faire à
l’hôpital mais aussi chez vous à la maison. Si vous
suiviez un régime avant votre cancer (pour soigner
votre diabète, par exemple), il devra peut-être être
adapté après conseil diététique.
34
35
Si vous avez été opéré de laryngectomie totale,
vous serez tout d’abord alimenté par sonde et par
perfusion pour permettre la cicatrisation des tissus.
Ensuite, avant de vous laisser manger comme avant,
on vous donnera d’abord des liquides.
Juste après l’opération, il se peut que vous ayez
l’impression que votre goût est altéré ou même qu’il
ait carrément disparu. Cette impression est due
au fait que vous ne respirez plus par le nez, ce qui
diminue l’odorat.
La qualité de vie comme but des
traitements
Certains cancers ne peuvent pas être défini­
tivement guéris. Les traitements visent alors à
stabiliser leur évolution en stoppant leur
progression ou en les maintenant sous contrôle.
Dans ce cas, on peut dire que le cancer devient
une maladie chronique avec laquelle il faut vivre.
L’équipe médicale met alors tout son savoir-faire
au service de votre qualité de vie, qui reste son
objectif principal.
Quand le cancer progresse malgré tout, ce souci
de la qualité de vie prend de plus en plus
d’importance. Le but du traitement est alors de
contrôler les éventuelles douleurs et inconforts
liés à la maladie. Une situation qui peut durer
plusieurs années.
Enfin, quand le cancer est trop avancé pour
être maîtrisé, on propose des soins palliatifs
qui visent également à maintenir une qualité
maximale de la fin de vie. La devise des soins
palliatifs est d’ailleurs : “Quand il n’y a plus rien à
faire, tout reste à faire !”
36
37
Après la fin des traitements
Le suivi après traitement du cancer du larynx est très
important. L’équipe médicale qui vous a pris en charge
vous proposera un planning de suivi qui comprendra
une série de consultations et d’examens complémen­
taires à un certain rythme, qui diminuera au fil des
années. Il est très important de respecter ce planning.
des autres ou de mourir, par exemple, peut aussi
jouer un rôle. Les tensions qui découlent de ces
peurs peuvent, entre autres, provoquer des douleurs
au niveau de la tête ou du cou.
Supprimer les angoisses permet donc aussi parfois
de diminuer la douleur.
Il arrive qu’un traitement ne donne pas les résultats
escomptés. Dans ce cas, la tumeur peut réapparaître
et des métastases qui n’avaient pas été identifiées
précédemment peuvent être découvertes lors des
contrôles.
Si vous avez mal, consultez toujours votre
médecin. Si vous êtes essoufflé, prenez également
rendez-vous avec votre médecin qui établira la
cause de cet essoufflement et vous proposera un
traitement. De manière générale, informez toujours
rapidement votre médecin si de nouveaux troubles
ou symptômes font leur apparition.
Lorsque la tumeur récidive à l’endroit déjà opéré
ou irradié, cette récidive survient le plus souvent
au cours des premières années qui suivent le
traitement. Mais une récidive reste possible même
beaucoup plus tard et c’est pourquoi les contrôles
doivent être instaurés à long terme.
Douleur et essoufflement
Si vous ressentez une douleur, votre médecin pourra
vous proposer un traitement antidouleur. N’hésitez
pas à lui en parler. Souvent, un simple médicament
suffit.
Si la douleur persiste, demandez à votre médecin
traitant ou à un spécialiste qu’il vous prescrive un
traitement plus puissant.
Pour que les antidouleurs produisent leur effet
maximum, suivez scrupuleusement les prescriptions
de votre médecin.
Prévention des rechutes
Dans le cas du cancer du larynx, aucune mesure
de prévention des récidives du cancer n’est aussi
efficace que l’arrêt du tabac et/ou de l’alcool.
Demandez de l’aide à votre médecin.
Pour vous aider à arrêter de fumer, vous pouvez
aussi faire appel à la ligne Tabacstop de la
Fondation contre le Cancer. Vous pourrez y recevoir
un suivi personnalisé gratuit par téléphone.
Une des causes de la douleur peut être la pression
exercée par une récidive ou une nouvelle tumeur sur
les tissus environnants. Mais une douleur peut avoir
bien d’autres causes. La peur de devenir dépendant
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39
Guérison ou rémission ?
Contact avec d’autres patients
Vous entendrez sans doute les médecins parler
de rémission, plutôt que de guérison.
Une rémission est une amélioration de votre
état, avec diminution des signes de présence
du cancer. Lorsque tous les signes de la maladie
ont disparu, on parle de rémission complète.
Cela ne signifie pas toujours que la maladie a été
totalement et définitivement éliminée.
En effet, même à ce stade, quelques cellules
malignes peuvent avoir survécu, mais elles sont
trop petites pour être détectées par les examens
pratiqués. Seul le temps permettra de s’assurer
que ce n’est pas le cas. Et c’est seulement à ce
moment qu’on parlera de guérison.
Si vous souhaitez entrer en contact avant, pendant
ou après le traitement, avec d’autres personnes ayant
vécu la même épreuve que vous, vous pouvez prendre
contact avec l’Association des Mutilés de la Voix.
Echanger ses expériences et ses peurs, son incertitude
et son chagrin peut contribuer à vous donner plus
d’assurance face à la nouvelle situation dans laquelle
vous vous trouvez. Le contact avec une personne qui,
d’expérience, sait ce que vous pouvez ressentir est
souvent synonyme d’un précieux soutien.
Combien de temps faudra-t-il attendre ? Tout
dépend du type de cancer. Arbitrairement,
la barre a été fixée à 5 ans, mais il n’est pas
toujours nécessaire de patienter aussi longtemps
pour parler de guérison.
Quand le cancer du larynx est découvert à un
stade précoce et traité par chirurgie et radio­
thérapie, 80-90% des malades n’ont pas de
récidive dans les cinq ans.
Après une laryngectomie, le pourcentage de
survie à cinq ans est supérieur à 60%.
Mais chaque cas est différent et les pourcentages
calculés pour un groupe ne sont pas trans­
posables tels quels à chaque individu.
Demandez à votre médecin ce qu’il en est pour
votre cas particulier. En règle générale, plus une
rémission se prolonge, plus il y a de chances
d’être définitivement guéri.
40
Ce type de contact peut aller d’une conversation
téléphonique ou d’un contact unique, à la
participation à des groupes de discussion, ou encore
à l’information par le biais du bulletin de liaison de
l’Association Francophone des Mutilés de la Voix
de Belgique (AFMVB) - chaussée de Louvain 479
– 1030 Bruxelles – Tél.: 0473 49 08 80 ou
081 44 50 94
41
Encore quelques conseils
Fatigue
Pour que manger reste un plaisir
La fatigue est un effet secondaire très fréquent
du cancer et/ou de ses traitements. Cette fatigue
s’estompe en général après la fin des traitements.
Elle peut cependant être ressentie bien plus longtemps.
Parlez-en à votre médecin et à l’équipe médicale, ils
peuvent vous aider à en réduire les effets.
Quand il s’agit de cancer, une alimentation optimale
consiste tout d’abord à prendre du plaisir à manger
et à boire ! Le meilleur conseil alimentaire est donc :
ne vous imposez pas d’emblée diverses restrictions
mais conservez plutôt vos habitudes antérieures.
Ne suivez pas de votre propre initiative un prétendu
régime anti-cancer. Leur efficacité est loin d’être
démontrée, et cela risque fort d’affaiblir davantage
votre corps. Un accompagnement individualisé
par un diététicien spécialisé dans le domaine de
l’oncologie (oncodiététicien) constitue la meilleure
approche. La Fondation contre le Cancer met à votre
disposition de nombreux conseils et un annuaire
d’oncodiététiciens sur son site
www.cancer.be/alimentation-recettes.
Les causes de cette fatigue sont multiples et
l’inactivité est l’une d’entre elles. La Fondation contre
le Cancer propose donc RaViva, un programme
d’activités physiques adaptées aux personnes en
cours de traitement, ou dans l’année suivant la fin
des traitements. Il permet de retrouver un certain
tonus, ce qui peut faciliter les petits efforts quotidiens.
Plus d’informations sur www.raviva.be.
Soulager la douleur
Il n’existe pas de douleur spécifique au cancer,
étant donné que ce n’est pas la tumeur elle-même
qui fait mal, mais ses effets sur les autres tissus
(compression, infiltration…).
Les douleurs peuvent et doivent être traitées. Il est
important de les décrire précisément au médecin ou
au personnel soignant, afin qu’ils puissent adapter
le traitement à votre situation personnelle. Suivez
toujours strictement leurs recommandations,
notamment concernant les doses de médicaments
antidouleur prescrites.
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Attention aux interactions
médicamenteuses !
Certains médicaments peuvent modifier
l’efficacité des traitements anticancéreux, que
ce soit dans le sens d’un renforcement ou d’une
diminution d’effet. Et cela aussi bien avec des
médicaments conventionnels qu’avec ceux issus
des médecines douces. C’est pourquoi il est
très important de toujours signaler à l’équipe
médicale qui vous soigne quels sont les autres
traitements que vous suivez (médicaments mais
aussi vitamines, plantes, régimes, …). Faites-en
une liste et discutez-en avec votre médecin lors
de vos consultations. Vous pouvez trouver plus
d’informations dans notre brochure “Médecines
‘douces’ et cancers” ainsi que dans le “Guide
des compléments alimentaires”, disponibles sur
notre site web www.cancer.be, sous la rubrique
“Vivre avec le cancer”.
un soutien psychologique en milieu hospitalier. La
Fondation contre le Cancer propose également un
coaching psychologique complémentaire (voir site
www.cancer.be, ou via Cancerphone 0800 15 800).
Importance d’une relation de confiance
avec ceux qui vous soignent
Cette brochure n’a pas, et de loin, répondu à
toutes les questions que vous vous posez ou
que vous vous poserez au fil de l’évolution de
votre maladie. Ce n’est pas son but. Durant votre
parcours, vous allez rencontrer un grand nombre
de professionnels : médecins, infirmières et autres.
N’hésitez jamais à les interroger et, si nécessaire,
à répéter vos questions jusqu’à obtenir une réponse
compréhensible. Il est indispensable de construire
un véritable dialogue avec eux. Cela vous permettra
de prendre de commun accord et en toute confiance
les décisions qui s’imposent.
L’importance d’un bon moral
Un bon moral est toujours important, même s’il
ne suffit pas à garantir de meilleures chances de
guérison. C’est néanmoins un élément essentiel
pour vivre mieux, quoi qu’il arrive, et pour faciliter
la traversée des moments difficiles de la maladie
et des traitements. Ceci étant, il est parfaitement
normal d’avoir des “hauts” et des “bas”. Si vous
éprouvez des difficultés, ne les gardez pas pour
vous. Parlez-en à un proche, à un membre de
l’équipe soignante ou à un psychologue.
Sachez que, dans le cadre du Plan national Cancer,
vous avez la possibilité de recevoir gratuitement
44
45
Sur www.cancer.be, vous trouverez sous la
rubrique ‘Les cancers’ :
La Fondation contre le Cancer :
une mission, trois objectifs
•• des informations complémentaires sur
la maladie, les traitements, les effets
secondaires
•• des conseils pour mieux faire face à
votre maladie : alimentation, beauté…
•• les coordonnées de tous nos services
d’accompagnement des patients
•• de nombreux dépliants et brochures
à consulter et/ou à commander
La Fondation contre le Cancer n’a qu’une seule
ambition : rendre possible un maximum de
progrès contre le cancer.
Nos publications peuvent également être
commandées par téléphone au 02 736 99 99,
ou via [email protected].
Pour cela, nous travaillons à trois niveaux :
•• Le soutien financier de la recherche
cancérologique en Belgique
Pour augmenter les chances de guérison,
nous finançons les travaux de nombreux
chercheurs dans les grands centres du pays,
le plus souvent universitaires.
•• L’aide sociale, le soutien financier et
l’information des patients et leurs proches
Pour augmenter la qualité de vie des malades,
nous proposons de l’information, de l’aide
sociale et du soutien aux personnes atteintes
par un cancer et à leurs proches.
•• La promotion de modes de vie sains,
de la prévention et du dépistage, ainsi
que la diffusion large d’informations
scientifiquement validées
Pour réduire les risques de développer un
cancer, nous encourageons l’adoption de
modes de vie sains et la pratique du dépistage.
Pour cela, nous diffusons largement des
informations scientifiquement validées.
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