Un entretien avec Jean AVAERT.

Transcription

Un entretien avec Jean AVAERT.
Un entretien avec Jean AVAERT.
Ingénieur chimiste.
Gille aux Récalcitrants de 1951 à 1990.
Epoux de Josette BABUSIAUX.
Cagnotte : « la bonne cagnotte ».
PCh : La grande question : comment se déroulait la journée du Dimanche-Gras ?
JA : Tout d’abord, il faut vous dire que la veille, le samedi, il y avait le bal des sports. Bal qui se déroulait dans
la salle du cinéma « Le Palace » . Pour la circonstance un énorme plancher, était monté au dessus des sièges,
formant la piste de danse. Les plus grands orchestres y venaient, comme celui de Jacques Hélian. C’était un bal
où les participants devaient être costumés ou en tenue de soirée. Nous rentrions aux petites heures et le
lendemain était déjà un dimanche amorcé.
PCh : Ce bal a disparu ?
J.A. : Il a disparu dans les années cinquante mais nous nous réunissions encore dans une maison, puis nous
partions faire le tour de quelques cafés , Al’ veuv’ (chez Louise) , Au tonneau( chez Marcel Deprez) et nous
terminions au Lion d’Or. Là aussi, le dimanche était entamé.
P.Ch. : A quelle heure sortiez-vous le dimanche ?
J.A. : Vers de 10 heures. Le dimanche matin, nous sortions très peu.
P.Ch. : Sortiez-vous en groupe ?
J.A. : En 1951, Pierre Babusiaux et moi, sommes sortis avec le même costume, les « Bretons ».
P.Ch. : Tambours et caisses de la société ?
J.A. : Nous recrutions des tambours hors de notre société.
P.Ch. : Ce n’était pas une grande cagnotte ?
J.A. : Au départ nous étions deux, en 1954 le groupe s’élargit, la cagnotte se forme, nous sortons en
« Ramoneurs ». Sur cette photo, nous reconnaissons : Pierre Babusiaux, Robert Gillet, Jean Avaert, Maurice
Deliège, Pierre Garin, Willy Wuydart, Jacques Omer, André Delporte.
P.Ch : Il y avait peu de gens dans les rues ?
J.A. : N’étaient présents que les binchois et quelques étrangers. La ville était légèrement agitée en cette matinée.
La sortie se limitait à quelques maisons ou cafés de 10h à midi. Les « étrangers » arrivaient pour le cortège,
l’après-midi.
P.Ch. : A quelle heure partiez vous l’après-midi ?
J.A. : Il fallait manger très vite. Le repas était un repas simple et non un menu gastronomique. A 13h30 nous
nous retrouvions au « Central ».
P.Ch. : « Au Central » ?
J.A. : De là partait la musique. Nous montions la rue Robiano pour débuter le cortège à 15heures. Quelques
cafés jonchaient le parcours.
P.Ch : Vos costumes du dimanche me paraissent simples ?
J.A. : Ils étaient simples et peu onéreux. Les amis tailleurs (Robert Gillet, Willy Wuydart…) ainsi que les
épouses donnaient cœur à l’ouvrage.
Une anecdote ? Nous étions une cagnotte de vingt-cinq. Deux ou trois avaient choisi de réaliser le costume des
Althérophiles.
Le paiement avait été fait anticipativement.
Lors de la remise des costumes, certains ne voulaient pas le reprendre tellement il le trouvaient « affreux ». Des
critiques étaient émises de toutes parts. Je ne sortirai jamais avec ça . C’in nîe biau ! Mais comme il avaient
tous payé, après plusieurs tergiversations , ils retournèrent chez eux.
Le dimanche matin, avant le départ , certains avaient usé de quelques verres d’alcool pour se donner du
courage. Descendus en ville, c’était le succès fou auprès des binchois. Ce fût un dimanche inoubliable.
P.Ch. : Comment se déroulait le cortège de l’après-midi ?
J.A. : Comme aujourd’hui, nous partions de la gare, avenue de Burlet et descendions l’avenue Wanderpepen. Il
y avait des escapades. Le petit groupe que nous étions, partait dans la rue de Ressaix chez Christian Beaufort.
Puis nous continuions dans la rue des Pastures pour arriver chez Willy Wuidart et retrouvions la société à la
poste ! Ca, il ne faut pas le dire !
P.Ch : Trop tard !
J.A : Il fallait faire attention. Voici une photo avec trois « biaux masses » déguisées en Négresse. Renée Gillet,
Huguette Fontignies et Josette(Babusiaux). Elles sortaient, le Dimanche-Gras après-midi, intriguer les binchois
et nous suivre aussi ! Il y avait beaucoup de gens masqués dans le cortège.
P.Ch. : Le cortège était plus long ?
J.A. : Oui, nous allions jusque Battignies pour prendre de la paille . Symbole que vous connaissez. Il faut vous
dire qu’en ce temps là, il y avait des cafés comme l’Arrêt du tram, à l’oiseau bleu, chez Rochez, Aux 3 fauchés.
Les cafés étaient bondés par les « étrangers » qui retournaient et buvaient leurs derniers verres.
P.Ch. : Vous redescendiez vers la place pour la rentrée de la musique ?
J.A. : Après la rentrée de la musique, plusieurs Gilles partaient à la viole avec les épouses. Ils arpentaient les
cafés et passaient au bal populaire qui se déroulait dans le théâtre communal.
P.Ch. : La société ?
Elle continuait son périple dans la cité. Aux petites heures, dans certains cafés comme « La grosse viole » ou
« Chez Maxime », nous dansions avec nos épouses sur des airs de Jazz Band.
Nous passions un beau Dimanche-Gras.
Tous cela c’est fini !
P.Ch. : Mais non Jean, mais non !
J.A : Allez ! Allez ! èn dites pas des bêtises.

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