AJI12.558.12 Wörénô röi nô né Kacirikwâ, Mé Öri, rhaa béâri

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AJI12.558.12 Wörénô röi nô né Kacirikwâ, Mé Öri, rhaa béâri
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AJI12.558.12
Wörénô röi nô né Kacirikwâ, Mé Öri, rhaa béâri ‘au
Explication du toponyme Kacirikwâ, de Mé Öri et histoire d’un Vieux
Interprète : Julien Odino et sa femme
Surnom : Poitchili
Nom de clan : Pwêrêxö mâ Paviri mâ Châjiè mâ Mâtânéare
Date de naissance : 13 janvier 1935
Âge : 77 ans
Lieu de naissance : Tribu de Mwâméa (Moméa)
Lieu d’enregistrement : « Pö dé Kèrè » (Moindou)
Date d’enregistrement : 2012
Langue : ‘ôrôê, français
Genre : Wörénô (récit)
Enquêteurs : Eloi Mârârhëë Yari
Transcription : Yamel Euritéin
Référence audio : AJI12.558.12
Autorisation de consultation : consultation et copie libres
Résumé : le vieux Julien Odino et sa femme tentent de donner une explication du nom Kacirikwâ,
nom donné à la tribu de Table Unio à Moindou et du pic de Mé Öri. Sa femme nous raconte ensuite
une anecdote, c’est l’histoire d’un homme géant. Il s’agit d’un bâô, diable en langue a’jië dont les
échos auraient disparu dans les années 1970. Sa renommée est encore très forte dans la vallée de
Kacirikwâ, certains l’aurait aperçu dans la tribu de Faharô où il semble séjourner.
Nô né Kacirkwâ – Explication de Kacirikwâ
Femme de Julien Odino : …ça suit le…, quand on a parlé de là-bas, à…, c'est-à-dire le mec qui parlait
de la montagne de Kacirikwâ, c’est le point de repère des bateaux [Julien odino : point de repère des
gros bateaux], des gros bateaux, là-haut, au pic de Mé Öri1. Mais voilà [Julien odino : leur repère pour
rentrer] voilà, puis voilà c’est comme ça, ça parle de Kacirikwâ, c’est là-haut que… [Eloi Mârârhëë
Yari : c’est la pointe de Mè Öri là-haut, c’est le repère des bateaux qui passent en bas].
[Julien Odino : c’est comme un chaland, comme aujourd’hui, qui part de Nouméa, quand il arrive, il
se repère sur le pic de Mé Öri].
[Eloi Mârârhëë Yari : C’est un peu comme le phare quoi !]
Oui.
[Eloi Mârârhëë Yari : Mais le Pwêrêxö là]
Le Pwêrêxö là, ben il prend l’autre, parce qu’il y a deux rivières. Il y a l’autre rivière qui monte là à
Faharô là, la deuxième tribu en bas, elle rentre là l’autre et l’autre elle continue jusqu’à là-haut à
Kacirkwâ2.
[Eloi Mârârhëë Yari : C’est la rivière qui part à gauche]
A gauche où qu’il y a le nom des deux « pwêrêyè » puis « pwêrêyènô », il y a deux côté mais la
grande rivière qui monte là-haut c’est Kacirikwâ et ça continue jusqu’à Table-Unio.
[Julien Odino : Il y aussi ça, et aussi dire que c’est aussi l’histoire des vieux quand ils emmènent les
bateaux pour les vieux du bord de mer, ils coupent là-haut et ils emmènent suivant la ligne des crêtes
pour aller au bord de mer].
Oui, il y a ça là, mais c’est ça façon de…, ici, la ligne de crête de…, elle est jusqu’en bas, quand ils
emmènent le… la pirogue là, pirogue que font les vieux pour les autres vieux là, ça se fait avec les
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Il s’agit de Mèè Ëri en langue A’jië, massif montagneux situé dans la vallée de Kacirikwâ, lieu de départ ou
d’origine de certains clans.
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Le sens d’écoulement des rivières n’est pas du tout pris en compte dans la conversation mais nous le savons
très bien que notre personne ressource s’oriente en prenant la direction de la source des cours d’eau, en amant.
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bois de la forêt mais évè dé dù é vè dè vèâ vérö na vé nô né Kacirikwâ na évé dè tö ura na évé gë ya
mö vi nai pwârâ tö uria ya vé mâi jiè ?, parce qu’il y a l’histoire du point de repère des gros bateaux
sur le pic de Mè Öri, mais il y a tout un tas d’histoires mais je ne sais pas comment le dire. Il va làhaut à Faharô et l’autre va à Table-Unio, mais c’est là que j’ai dit le nom de Pwêrêxö là, ça se trouve
sur les deux côté de la rivière. Celle qui va dans les sapins là-haut, dans le Mèè Öri.
Nô né Mé Öri – Histoire de Mé Öri
[Julien Odino : Mais au pic de Mèè Öri, il parait qu’il y a, il y a un plateau là-haut, où il y a tous les
machins de la mer là, sur le pic de Mèè Öri, il y a un marais là, il y a tous les bois de la mer, les
palétuviers comme là où l’on était tout à l’heure assis là3, y a là au pic de Mèè Öri].
Oui, puis il y a sur un caillou là-haut, on écoute le bruit de la mer et on sent l’odeur de l’eau salée [la
mer]. C’est malheureux parce que les vieux ils parlent de ça, nous on dit ça comme ça parce que c’est
les vieux qui racontent tout ça.
[Eloi Mârârhëë Yari : Pic de Mèè Öri]
Mais le pic de Mèè Öri là, qu’est-ce qu’ils disent sur le Mèè Öri là, comment qu’ils trouvent le nom
Mèè Öri là, ça signifie quoi ?
[Eloi Mârârhëë Yari : La pointe de la naissance]
La naissance, mais y a un… moi je parle toujours de ça, parce que comme les autres ils ont leur
poisson là, il s’appelle wâri, mais moi j’ai toujours dit, mais vous ne pensez pas qu’ils ont dit que làhaut au pic de Mèè Öri, c’est le pic à vous, les ‘Uâri, le pic Mèè Öri, parce que Mé Ôri, c’est, ça veut
dire c’est une montagne, un pic, pic Mèè Öri, voilà, Mé Ôri. Je dis toujours mais il y a personne qui
trouve, tout le monde dit chacun ce qu’il pense sur ça. L’autre, il dit, c’est Mé Ëri, c’est le nid pour
les...Mé Ëri. [05:32]
Nô né rhaa béâri ‘au - Histoire d’un vieux
Julien Odino : Mé Öri, il y avait dans le passé, à la mer, un vieux grand-père à nous, il n’allait à la
pêche qu’à maréé haute. Tu ne peux pas aller pêcher à marée basse c’est trop bas… il faut aller plus
haut que là où on était allé, là où l’eau, elle est, car c’est un géant.
Femme de Julien Odino : Il vient de la montagne, de là-haut et quand il passe là, il allait à la pêche…
Nô né Mé Öri – Histoire de Mé Öri (suite)
Eloi Mârârhëë Yari : Mèè Ëri
Femme de Julien Odino : Mèè Ëri. Moi je le dis toujours : « Mais tu ne penses pas que c’est le pic à
vous ça ! » Regarde, le mec là, le blanc là, il a fini par dire que c’est le point de repère, là-bas, de làbas où il y a la ferme à eux là, parce que le bateau, il… [Julien Odino : il rentre toujours par là le
bateau, c’est leur point de repère, c’est là où il voit toujours le pic de Mé Öri et puis, ils accostent à
Nouméa, mais de loin ils voient le pic de Mé Öri, du large, c’est un blanc qui nous a dit, le pic Mé Öri]
Mais le poisson à eux là c’est ‘uâri, je lui ai dit, mais tu ne penses pas que… peut-être qu’il parle du
pic de Mé Öri, le pic à vous-là, le Mé ça veut dire pic et ‘uâri, c’est le poisson à eux, moi je dis ça
comme ça mais enfin c’est comme ça, il y a toujours des personnes qui disent ça là mais ils n’ont pas
trouvé encore, ce que ça veut dire. [07:38]
…/…
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Il parle d’un endroit vu juste avant l’enregistrement, au bord de mer, près des palétuviers. Le vieux Odino nous
a montré les différents endroits du bord de mer de la tribu de Kélé à Moindou.
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Nô né béâri ‘au – Histoire d’un vieux4 (suite)
Femme de Julien Odino : Là-haut, là-bas à Boghen là-bas, puis on a décidé de faire notre maison,
parce qu’on avait fait une première maison, c’est là où il y a un pied de…comment là, pinus qui est làhaut là, en haut de chez Hubert. Puis, après les premières maisons, on est partis de là, Hubert, il avait
4 ans. On est parti, on est resté à Boghen, après c’est de Boghen, on a dit qu’on allait revenir faire
notre maison ici, on ne va pas rester là-bas parce que ce n’est pas chez nous (bis), il faut qu’on monte
notre maison ici. Puis voilà, on a monté la première maison ici, … c’est pour dire que le machin à
nous là, la première fois, on dort ici là, on dort, on dort, tous les soirs, on dort ici. Il y a le vieux-là qui
vient toujours le soir [Eloi Mârârhëë Yari : Le géant !] Oui, il ne vient pas emmerder les autres mais il
vient vers moi toujours, ah !..., tous les soirs, ben, quand il arrive je criais… Après j’ai dit non, j’ai au
vieux là et puis lui, il a dit : « Ben, c’est bon, tu vas aller trouver ton vieux là-haut, le papa à JeanMarie5, comme mon père, il est mort déjà, il n’y a que lui ».
Puis, j’ai envoyé les deux-là, j’ai envoyé Hubert et puis Georges là-bas. Je leur ai dit : « Vous allez voir
pépé là-haut à Table-Unio pour lui dire de venir, parce qu’il y a toujours le vieux-là qui vient toujours
chez nous ». Puis voilà, un jour ils sont partis, puis ils sont d’abord allés voir le vieux l’autre côté, le
vieux Pierre Ataba, puis le vieux il a dit : « Non, ce n’est pas moi, c’est le vieux là-haut, c’est le vieux
là-haut, le papa à Jean-Marie qui va venir ». Puis, je les ai envoyés, les deux, mais, pardon, puis lui, il
arrive ici, puis voilà, depuis le jour, mais il a rien fait, mais rien qu’à rester avec nous, quelques jourslà, ici, puis voilà. C’est pour dire que le gros machin qui vient, mais un gros (grooos…) vieux mais c’est
noir. Mais il vient toujours à chaque fois que je dors, il arrive déjà, puis jamais je ne m’endormais, je
sautais, j’avais peur, puis j’ai dit : « Non ». Parce que, pourquoi ? C’est la route, c’est sa route à lui
pour aller à la mer. Puis, j’ai dit : « Xöö ! Ben-là ». Puis voilà le vieux, il a du faire quelque chose, puis
voilà, là c’est bon. C’est pour dire que voilà, le géant là, il y est toujours, des fois il vient nous voir.
Voilà, c’est fini. [10:35]
Figure 10 : Vue de la vallée de Kacirikwâ, le pic Mé Öri et la localisation de la tribu de «Faharô» en rouge
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Il s’agit de l’homme géant dont on en parle dans le résumé concernant ce récit.
Jean-Marie, ancien secrétaire général de l’aire Ajië-Aro, du clan Hoveureux. Ce clan est cité « Jinâgé mâ
Övere » dans les régions a’jië et xârâcùù.
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