2008 - WHYCOS
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CHAPITRE 7 QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES 7.1 GÉNÉRALITÉS Ce chapitre examine les aspects généraux des mesures de la qualité de l’eau et plus particulièrement les mesures concernant les rivières, les canaux, les lacs, les réservoirs et les eaux souterraines. On trouvera des exposés plus détaillés dans certaines publications citées en référence (OMM, 1998; PNUE/ OMS/UNESCO/OMM, 1992) et dans certaines publications spécialisées sur la qualité biologique de l’eau (American Public Health Association et American Water Works Association, 1999; Genin et al., 1997). On trouvera des conseils concernant l’échantillonnage pour la chimie et les isotopes et les techniques analytiques dans une longue liste de références de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). connaissance des conditions locales. Cette fréquence pourra être adaptée après prise et analyse d’un certain nombre d’échantillons, et selon les substances présentes avérées, leur concentration et leur variabilité. Le choix des stations d’échantillonnage dépend aussi de l’utilisation actuelle et prévue de l’eau, des objectifs ou normes de qualité de l’eau du cours d’eau ou du lac, de l’accessibilité des sites potentiels d’échantillonnage (propriétaires, routes, pistes d’atterrissage), de l’existence de services tels que l’électricité, et des données de qualité de l’eau déjà disponibles. La figure I.7.1 montre les différentes étapes pour le choix des stations d’échantillonnage. 7.2.1 7.2 Besoins particuliers du contrôle de la qualité de l’eau Le contrôle de la qualité des eaux peut être organisé de différentes façons: soit par un réseau de stations à long terme judicieusement placées, soit par répétition de campagnes de courte durée ou par l’approche la plus courante qui combine les deux précédentes. Pour ce qui est de l’emplacement des stations on devrait tenir compte des facteurs suivants: a) Accessibilité et temps de transport jusqu’au laboratoire (pour les échantillons susceptibles de se détériorer); b) Main-d’œuvre disponible, financement, moyens de traitement disponibles sur le terrain et en laboratoire; c) Considérations relatives aux différentes juridictions concernées; d) Tendances démographiques; e) Climat, géographie et géologie; f) Centres potentiels de développement industriel et urbain; g) Sécurité du personnel. La fréquence de l’échantillonnage dépend des objectifs du réseau, de l’importance accordée à la station, du niveau des valeurs mesurées, de la variabilité spatiale des paramètres étudiés et, bien sûr, du financement disponible. Sans information préalable, on choisira une fréquence arbitrairement fondée sur la Paramètres spécifiques de la qualité des eaux Les grandeurs caractérisant la qualité des eaux peuvent être classées de différentes manières, on peut distinguer: a) Les propriétés physiques telles que température, conductivité électrique, couleur, turbidité; b) Des grandeurs dépendant de la composition de l’eau comme le pH, l’alcalinité, la dureté, le potentiel Eh ou la pression partielle de gaz carbonique; c) Les composants chimiques inorganiques tels que l’oxygène dissous, les carbonates et bicarbonates, les chlorures, les fluorures, les sulfates, les nitrates, l’ammonium, le calcium, le magnésium, le sodium, le potassium, les phosphates et les métaux lourds; d) Les composants organiques tels que les phénols, les hydrocarbures chlorés, les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les pesticides; e) Les composants biologiques, qu’ils soient d’ordre micrologique, soit des bactéries comme les coliformes fécaux, ou s’apparentent à la macrofaune comme les vers, le plancton et les poissons ou la végétation. 7.2.2 Qualité des eaux de surface Les objectifs du programme d'étude définissent souvent avec précision les meilleurs emplacements pour le prélèvement d'échantillons dans un système de rivière ou de lac. Par exemple, pour déterminer les effets d'un effluent sur un cours d'eau récepteur, les échantillons devront être I.7-2 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES prélevés en amont et en aval du rejet. Dans d'autres cas, les lois antipollution ou les exigences imposées pour l'utilisation particulière d'une masse d’eau définiront la localisation et la fréquence de l’échantillonnage. Par exemple, une autorisation de déverser une eau polluée dans les eaux de surface pourra préciser les modalités de contrôle de qualité, telles que l'emplacement du prélèvement des échantillons, leur nombre, la fréquence et les grandeurs à analyser. Les stratégies d'échantillonnage ne seront pas les mêmes selon le type de masse d’eau ou de medium, par exemple selon que l'on s'intéresse à l'eau ellemême, aux sédiments ou aux biotopes. Si l’objectif poursuivi concerne l’impact des activités humaines sur la qualité des eaux dans un bassin de rivière donné, celui-ci peut être subdivisé en régions naturelles et en régions anthropisées. Ces dernières peuvent être à leur tour subdivisées en zones agricoles, résidentielles ou industrielles. Lors d'études concernant les précipitations acides, la sensibilité du sol revêt un caractère primordial. Les figures I.7.2 et I.7.3 donnent quelques exemples du choix d’emplacements de stations d'échantillonnage dans des systèmes de rivières et de lacs, en fonction d'objectifs spécifiques. La collecte d’informations pertinentes sur la région à contrôler est une étape essentielle de l’évaluation Inventaire des usages de l’eau présents et futurs Inventaire des facteurs présents et prévus influençant la qualité de l’eau Information Bilan des ressources potentielles, utilisées ou non Collecte des données de qualité disponibles Préparation des cartes de qualité et d’usage Besoin en données Évaluation des besoins des usages Évaluation des impacts sur la qualité Information requise Planification du contrôle Sites possibles Collecte des données Critique Suivi intensif Inspection de la convenance des sites Sites choisis Échantillonnage et analyse Figure I.7.1. Schéma du choix des sites d’échantillonnage de qualité des eaux CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES Frontiè re interna tionale X1 Ville importante X2 X 8 Région peu développée et peu peuplée Loisirs et X3 pêche X 6 X Zone urbaine fortement 7 industrialisée 4X Irrigation X5 X8 X5 Mer Station 1 2 3 4 5 6 7 8 Critères Aval immédiat d’une frontière internationale Dérivation pour l’alimentation publique d’une grande ville Zone importante pour la pêche, les loisirs et le tourisme Dérivation pour une irrigation agricole de grande ampleur Limite de la zone estuarienne d’une grande rivière Dérivation pour une importante alimentation industrielle Aval d’un rejet industriel et effluent important influençant la rivière principale Station de référence, eau pure en l’état Figure I.7.2. Site de surveillance en rivière X X 10 isi rs X 9 10 11 12 Dans les eaux de surface, la distance de mélange complet à l’aval d’un point de rejet est grossièrement proportionnelle à la vitesse du courant et au carré de la largeur du chenal. Pour les rivières peu profondes, l’homogénéité verticale est atteinte presque immédiatement après le point de rejet. Le mélange latéral est habituellement obtenu bien plus lentement. Aussi, pour les grandes rivières à courant rapide le mélange peut ne pas être complet plusieurs kilomètres après la source polluante. Les lacs peuvent être stratifiés verticalement en raison de la température ou d'arrivées d'eau salines de haute densité. Divers protocoles sont recommandés pour un échantillonnage représentatif dans la section transversale d'une rivière. On peut par exemple prélever six échantillons à analyser sur trois verticales de la section, à deux profondeurs différentes, ou échantillonner à la profondeur moyenne au quart, à la moitié et aux trois quarts de la largeur de la rivière, ou encore à des intervalles réguliers sur toute la largeur du cours d'eau. Si l'on n'obtient pas d'échantillon représentatif, il est conseillé de choisir un autre emplacement à proximité, immédiatement à l'amont ou à l'aval. Une autre possibilité consiste à analyser un échantillon composite pondéré en fonction du débit, provenant du mélange d'échantillons prélevés sur des verticales de la section. 11 X Station de la qualité des eaux. Cette information devra tenir compte des aspects géologiques, hydrologiques et climatiques. Les informations concernant les aspects démographiques et les prévisions d’utilisation de l’eau (prises d’eau, rejets; drainage, plans d’irrigation, et régulation des débits) sont également pertinentes. Le mélange longitudinal dans une rivière au débit irrégulier ou cyclique ne jouera qu'un rôle secondaire quant à l'emplacement du site de prélèvement. Il est nécessaire de prendre en compte les conséquences de cette caractéristique du débit au moment de décider de la fréquence d'échantillonnage et lors de l'interprétation des résultats. 9 Lo I.7-3 Critères Affluent d’alimentation principal Qualité générale de l’eau du lac Alimentation en eau d’une grande ville Effluent du lac Figure I.7.3. Site de surveillance sur lac 12 Pour les stations lacustres, il est recommandé de prélever des échantillons pendant cinq jours consécutifs durant la période la plus chaude de l'année ainsi que pendant cinq jours consécutifs chaque trimestre. Autrement on devrait prélever au moins six fois par année avec, en plus, des prélèvements occasionnels aléatoires au cours des périodes comme la stratification estivale, le moment du brassage des I.7-4 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES eaux suivant cette stratification, sous la glace lorsque le plan d'eau est gelé et en période de fonte des neiges et de ruissellement. De façon analogue des échantillons en rivière devraient être pris, si cela est possible, après les averses et durant les épisodes de fonte des neiges et de ruissellement. La représentation graphique de certaines grandeurs en fonction du temps peut faire apparaître des variations cycliques qui ne sont pas dues à des fluctuations aléatoires. Pour la détection de tels cycles, il faut que l'intervalle d'échantillonnage ne soit pas plus long que le tiers de la durée du plus court de ces cycles, et que la prise d'échantillons s'étende sur une période au moins dix fois plus longue que la durée du plus long d'entre eux. Par conséquent, des cycles de longue période ne seront pas détectés lors des études préliminaires, mais seront mis en évidence lors de l’exploitation du réseau. Pour détecter ces variations cycliques, il est recommandé de prélever des échantillons aléatoires, par exemple à différents jours de la semaine ou à différentes heures du jour. 7.2.3 Qualité de l’eau des précipitations Les aspects particuliers concernant la qualité des précipitations, en particulier l’appareillage pour l’échantillonnage, sont traités dans la section 3.16. En général, les sites d’échantillonnage devraient être choisis de façon à donner une information précise et représentative de la variation spatiotemporelle des teneurs en composants chimiques intéressants. Il faut tenir compte de certains facteurs importants tels que la direction des vents dominants, l’origine des composés analysés, la fréquence des précipitations (pluie, neige ou grêle) ainsi que des autres processus météorologiques susceptibles de modifier la composition de l’eau. Les points suivants devraient être pris en considération: a) Il ne devrait pas y avoir de source de pollution telle que du trafic aérien, du trafic routier ou du trafic par voie navigable à moins d’1 km du site d’échantillonnage; b) Aucun dépôt en surface de produits agricoles, de combustibles ou d’autres matériaux exogènes ne devrait se trouver à moins d’1 km du site; c) Les échantillonneurs devraient être installés en terrain plat, non aménagé, de préférence enherbé et être entourés d’arbres distants de plus de 5 m des appareils de prélèvement. Aucune source de pollution pouvant être transportée par le vent (champs labourés, routes non asphaltées) ne devrait se trouver à proximité. Les zones où se forment des tourbillons verticaux, les zones sous le vent d’un obstacle, les crêtes balayées par le vent et les toits de bâtiments, devraient particulièrement être évités en raison des fortes turbulences; d) Aucun objet d’une taille supérieure à celle de l’échantillonneur ne devrait se trouver à moins de 5 m du site; e) Pour tout objet plus haut que l’échantillonneur, la distance devrait être supérieure à 2,5 fois la différence de hauteur entre les deux. Il faudra faire tout particulièrement attention à la présence de fils métalliques aériens; f) La prise du collecteur devrait se trouver au moins un mètre au-dessus de la couverture végétale avoisinante afin d’éviter que des matériaux indésirables n’y pénètrent, par transport éolien ou par éclaboussement; g) Les clapets et détecteurs des échantillonneurs automatiques ainsi que les éventuels systèmes de réfrigération pour l’été ou de chauffage antigel durant l’hiver doivent être alimentés en énergie. Si celle-ci est fournie par des lignes électriques, elles ne devront pas être aériennes. Si on utilise des générateurs, leur échappement devra être suffisamment éloigné de l’échantillonneur et situé sous le vent; h) Pour des études à l’échelle continentale, les sites devraient être de préférence isolés et situés en milieu rural, sans source de pollution continue à moins de 50 km dans la direction des vents dominants et à moins de 30 km dans les autres directions. Ces conditions ne peuvent pas toujours être satisfaites dans leur ensemble. La description des stations de mesure doit se référer à ces conditions et indiquer les caractéristiques exactes de l'emplacement choisi. Sur les grands lacs, les précipitations peuvent être moins importantes au large que sur le littoral et la proportion des particules solides grossières y être plus faible. La collecte d'échantillons au milieu d'un lac se fait en installant l'échantillonneur sur une bouée, un rocher, un haut-fond ou une petite île. L’échantillonnage des précipitations peut être réalisé pour chaque événement pluvieux ou pour un mois complet. Dans ce dernier cas, la pluie doit être conservée pendant cette période avant d’être analysée. L'analyse des échantillons provenant d'un épisode de précipitation précis permet de déterminer les polluants qui sont associés à un orage particulier. Complétée par une analyse des vents, elle permet de définir des sources probables d'émissions CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES polluantes. Cependant, ce système d'échantillonnage est très sensible. On pourra appliquer ici les mêmes considérations statistiques concernant la fréquence d'échantillonnage que celles évoquées pour le prélèvement d'eau de surface. 7.2.4 Qualité des eaux souterraines La qualité des eaux souterraines est susceptible d’être influencée et détériorée par les activités anthropiques. Les pollutions ponctuelles comprennent les fosses d’aisance et les fosses septiques, les fuites d’égouts municipaux et d’étangs à eaux usées, les lessivats des décharges et des champs d’épandage, les déperditions des stabulations, les rejets industriels, les eaux de refroidissement des puits de recharge, et les fuites des réservoirs d’hydrocarbures et des oléoducs. La qualité des eaux souterraines d’importantes zones géographiques peut être dégradée du fait des colatures, de la recharge des aquifères par des effluents de stations d’épuration ou des effluents industriels, par des intrusions d’eaux provenant d’aquifères fortement salés ou par l’intrusion d’eaux marines dans les aquifères côtiers. Des échantillons d’eau peuvent être collectés à partir de puits artésiens ou de puits de pompage. Le pompage doit durer assez longtemps pour que l’échantillon soit représentatif de l’aquifère et non du puits. Cela est particulièrement nécessaire pour les puits ouverts ou lorsqu’un puits comporte un revêtement sujet à la corrosion. Des pompes portables sont nécessaires pour échantillonner des puits qui n’en sont pas équipés. Pour échantillonner à différentes profondeurs un équipement mécanique ou pneumatique pour isoler une zone donnée devrait être employé. Les échantillons concernant les nappes superficielles, les parties saturées au sein de couches peu perméables peuvent souvent être obtenus en y faisant descendre un piézomètre à la hauteur voulue. Les variables de base définissant la qualité des eaux superficielles peuvent être utilisées pour la surveillance des eaux souterraines, à l’exception de la turbidité qui ne pose généralement pas de problème. Un grand nombre d’informations hydrogéologiques peuvent être nécessaires pour concevoir un programme d’échantillonnage des eaux souterraines. Il faudrait connaître les niveaux d’eau, les gradients hydrauliques, la vitesse et la direction des écoulements. La vitesse de l’écoulement souterrain dans les aquifères est extrêmement variable. Elle peut aller d’un mètre par an dans les régions plates où la recharge est faible à plus d’un mètre par seconde dans les aquifères karstiques. Il faudrait I.7-5 aussi établir un inventaire des puits, des forages ainsi que des sources alimentées par l’aquifère, et une carte de l’utilisation du sol devra être levée. L’utilisation de puits existants pour la collecte des échantillons d’eau (et des niveaux de l’eau) est une solution économique, même s’ils ne sont pas toujours situés au meilleur endroit ou construits avec des matériaux inertes. Il est préférable d’utiliser des puits encore en activité et pompés occasionnellement plutôt que de choisir un puits inutilisé. Les puits abandonnés ou inexploités sont souvent en mauvais état: tubage endommagé ou percé, système de pompage corrodé. D’ordinaire, il est difficile d’y mesurer les niveaux d’eau et ils peuvent présenter un certain danger. Les variations de la qualité des eaux souterraines peuvent être très lentes et des programmes de prélèvements mensuels, saisonniers, voire même annuels suffisent généralement à les appréhender. Dans certains cas, comme par exemple les aquifères alluviaux abondamment alimentés par le réseau hydrographique superficiel, la variabilité temporelle de la qualité de l’eau peut être très significative. 7.2.5 Qualité des sédiments La plupart des critères utilisés pour choisir les emplacements de mesure, exposés dans les sections précédentes, sont aussi applicables à l’échantillonnage des sédiments (se référer aux sections 5.5.3 et 5.5.4). Nous ne décrirons donc ci-dessous que des recommandations spécifiques supplémentaires. Pour la mesure de transport solide d’une rivière, il est nécessaire de placer les sites d’échantillonnage près de stations de jaugeage, afin de pouvoir disposer à tout moment de données débitmétriques précises. Il faudrait éviter d’installer un échantillonneur juste en amont d’un confluent, car les prélèvements risquent d’être faussés par le phénomène du remous. Dans les cours d’eau trop profonds pour être traversés à gué, les échantillonneurs pourraient être placés sous un pont ou à proximité d’un téléphérique. Les prélèvements depuis des ponts se feront de préférence en amont de l’ouvrage. Dans les zones à fortes turbulences, comme au voisinage de piliers de ponts, les échantillons sont rarement représentatifs. Il faudrait se méfier des accumulations de débris ou de déchets sur les piles, car ils peuvent sérieusement influencer l’écoulement et donc la répartition des sédiments. Un échantillon intégré résultant de prélèvements provenant de plusieurs points répartis sur toute la hauteur d’eau et mélangés proportionnellement à leur charge moyenne de sédiments peut être considéré comme I.7-6 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES représentatif, pour autant que le brassage latéral soit suffisant. Dans les rivières à écoulement rapide, les meilleurs endroits pour effectuer des prélèvements de sédiments du fond sont les méandres, les coudes du chenal et les bancs alluviaux au milieu du chenal ou, plus généralement, toute zone abritée où la vitesse de l’eau est à son plus bas. Les sites d’échantillonnage devraient être accessibles lors des crues, car c’est durant ces périodes que le transport solide est le plus important. La détermination, en rivière, de la charge polluante maximale peut se présenter de deux façons différentes: a) Si la pollution est ponctuelle, les prélèvements devraient être faits durant les périodes d’eaux basses, lorsque les apports de polluants sont le plus concentrés; b) Si les polluants sont d’origine diffuse (ruissellement de nutriments ou de pesticides provenant de terrains agricoles), les prélèvements devront être effectués durant les périodes de crues, lorsque les polluants sont lessivés du sol vers le cours d’eau. Si l’un des objectifs poursuivi est de quantifier le transport solide dans une rivière, il faudrait se souvenir que le moment où la concentration des sédiments est maximale ne correspond pas forcément au moment où le débit est le plus fort. Par exemple, une succession de forts débits aboutira progressivement à une diminution des concentrations de sédiments car la diminution des matériaux mobilisables provoque un effet de tarissement. Sur les lacs, le site d’échantillonnage de base devrait se trouver au centre géographique du plan d’eau. Si sa superficie est très importante (supérieure à 500 km2), l’installation de plusieurs stations de base peut s’avérer nécessaire. Dans le cas où différents types de sédiments doivent être prélevés, on peut utiliser les informations provenant de relevés acoustiques (écho-sondeurs), qui permettent d’identifier le type de matériaux couvrant le fond (sable, gravier, vase) et indiquent la présence d’une stratification sous la surface. Des sites d’échantillonnage secondaires devraient être placés entre la station de base et l’embouchure des principaux affluents ou les sources de pollution. La stratégie habituelle consiste à placer des points de prélèvement sur l’axe longitudinal du lac, en complétant au besoin par des points placés sur des axes transversaux. En général, pour un lac de taille moyenne, trois à cinq stations donnent une bonne approximation de la qualité des sédiments. Cependant, il sera probablement nécessaire d’augmenter la densité de ce réseau si l’on veut réaliser des études statistiques valables. La fréquence d’échantillonnage dans les lacs est conditionnée par la concentration généralement faible des matières en suspension. Les pièges à sédiments devraient être utilisés durant les périodes de productivité maximale et minimale d’algues, ainsi qu’au moment où les apports de sédiments par les rivières sont les plus élevés. Lors d’échantillonnages répétés de sédiments reposant au fond des lacs, il faut tenir compte de la vitesse d’accumulation de nouveaux matériaux. Dans les bassins versants situés sous des climats tempérés froids, on compte une épaisseur moyenne de 0,1 à 0,2 mm par an. Une période d’échantillonnage de cinq ans peut s’avérer trop courte pour fournir des informations nouvelles valables, à moins qu’il ne s’agisse de détecter la présence de substances polluantes récentes. 7.3 Méthodes d’échantillonnage [SHOFM E05] L’échantillonnage est la procédure de prélèvement d’une quantité représentative d’eau d’une rivière, d’un lac ou d’un puits. Les méthodes d’échantillonnage dépendent de nombreux facteurs, dont le type de matériau devant être échantillonné, le type d’échantillon et le paramètre de qualité à analyser, lesquels déterminent à leur tour l’équipement et les procédures à utiliser. Les méthodes d’échantillonnage devraient être adaptées à diverses caractéristiques telles que: a) La stabilité: les composants n’évoluent pas au cours du temps; b) La quasi-stabilité: les composants évoluent au cours du temps mais peuvent être stabilisés pour une période allant jusqu’à 24 heures par un traitement approprié; c) L’instabilité: les composants évoluent rapidement et ne peuvent pas être stabilisés. Les groupes a) et b) regroupent des composants qui seront analysés en laboratoire alors que ceux du groupe c) devront être mesurés in situ. 7.3.1 Types d’échantillons d’eau 7.3.1.1 Échantillon ponctuel Des échantillons ponctuels simples sont utiles lorsqu’on désire caractériser la qualité de l’eau en CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES un point précis. Ils peuvent aussi être utilisés pour établir un historique de la qualité de l’eau sur des intervalles de temps relativement courts. Un échantillon discret instantané ou ponctuel est prélevé en un lieu et à une profondeur donnés. Un échantillon ponctuel cumulé selon la profondeur est obtenu par prélèvement le long de la hauteur de la colonne d’eau en un lieu et à un moment donnés. 7.3.1.2 Une méthode couramment utilisée est celle dite des sections égales dans laquelle les verticales sont également espacées à travers le canal. La méthode des sections d’égal débit demande une connaissance détaillée de la distribution des débits dans la section transversale pour diviser celle-ci par des verticales espacées de façon à ce que les sections qu’elles délimitent soient proportionnelles à l’accroissement du débit. Échantillons composés Un échantillon composé est obtenu par mélange de plusieurs échantillons afin d’obtenir une valeur moyenne de la qualité de l’eau pendant la période d’échantillonnage. On peut pratiquer un échantillonnage discret ou continu et les proportions du mélange sont calculées sur la base du temps ou du débit. Une partie de l’échantillon composé sera alors analysé. Un avantage évident de ce procédé est l’économie réalisée par la réduction du nombre d’échantillons à analyser. Mais d’un autre côté des échantillons composés ne peuvent pas détecter un changement des paramètres observés qui se produirait pendant la période d’échantillonnage. Il y a deux principaux types d’échantillons composés: séquentiel et proportionnel au débit. Un échantillon composé séquentiel est obtenu par pompage continu ou par mélange de volumes égaux d’eau prélevés à intervalles réguliers. Un échantillon composé proportionnel est obtenu, en pompant proportionnellement au débit, en mélangeant des volumes égaux d’eau prélevés à des intervalles de temps inversement proportionnels au débit, ou en mélangeant des volumes d’eau proportionnels au débit collectés à intervalles réguliers. 7.3.2 I.7-7 Prélèvement d’un échantillon représentatif Pour l’échantillonnage d’une section uniforme et homogène d’un bief de courant, la collecte d’échantillons cumulés le long d’une seule verticale peut convenir. Pour des petits cours d’eau, un échantillon ponctuel simple prélevé au centre du courant est en général suffisant. Dans d’autres cas, le nombre d’échantillons à prélever dépendra de la largeur, de la profondeur, du débit, de la quantité de sédiments en suspension transportés et de la vie aquatique présente. Trois à cinq verticales suffisent en général, un plus petit nombre étant suffisant pour des canaux étroits ou peu profonds. 7.3.3 Prélèvement pour l’analyse des isotopes stables de l’eau Afin de compléter l’étude de la qualité de l’eau, il est intéressant de prendre en considération les isotopes stables de la molécule d’eau (oxygène-18 et deutérium). Dans les zones côtières par exemple, l’analyse des isotopes stables en surface et dans les eaux souterraines est utile pour déterminer si la salinité des eaux continentales est due aux pollutions anthropiques, aux activités agricoles ou à des eaux salines en provenance de l’amont. Les isotopes permettent aussi la localisation des aquifères, l’étude des relations entre les eaux superficielles et souterraines ou la détection de phénomènes naturels affectant les eaux tels que le mélange ou l’évaporation. On trouvera dans (Mook 2000, 2008) une information détaillée sur ce type d’utilisation des isotopes stables. Les analyses isotopiques sont réalisées dans des laboratoires spécialisés, mais les protocoles d’échantillonnage sont très simples. Les protocoles d’échantillonnage particuliers au prélèvement et au conditionnement des échantillons isotopiques sont les suivants: a) Utiliser des bouteilles de verre teinté ou de plastique de haute densité (10 à 60 ml), généralement d’une contenance de 50 ml avec des bouchons hermétiques (renforcés à l’intérieur par un tampon en plastique); b) Rincer trois fois les récipients avec l’eau à échantillonner; c) Remplir la bouteille à ras bord; cela évite l’évaporation qui pourrait enrichir l’eau et la vapeur résiduelles. Si elles doivent être transportées par avion, les bouteilles ne devraient pas être totalement remplies et le bouchon devrait être isolé par une couche de paraffine; d) Les échantillons de neige devraient être recueillis dans des sacs de plastique propres (en utilisant des gants anticontamination), puis progressivement fondus avant d’être placés dans les récipients; e) Les échantillons de glace sont conservés sous forme solide jusqu’au laboratoire; I.7-8 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES f) Les échantillons ne devraient pas être filtrés, sauf s’ils ont été en contact avec une huile (utilisée pour protéger de l’évaporation l’eau de pluie collectée); g) On peut conserver les échantillons longtemps (plus d’un an) dans un environnement sombre et frais. 7.3.4 7.3.4.2 Mesure de la radioactivité On trouvera, à la fin de ce chapitre dans la bibliographie (USGS, 1984; AIEA, 2004) et les lectures complémentaires, des instructions détaillées pour l’analyse des radio-isotopes liés à la qualité de l’eau, ainsi que les récipients conseillés et les méthodes de conservation. 7.3.4.1 isotopes radioactifs descendants peuvent avoir un comportement géochimique très différent de ces derniers. La Commission internationale de protection radiologique recommande des valeurs maximales admissibles dans les eaux. Sources de radioactivité de l’eau La radioactivité de l’eau peut être naturelle ou d’origine anthropique. Les principales sources naturelles proviennent de l’érosion des roches contenant des minéraux radioactifs et de la retombée des nucléides issus du rayonnement cosmique. Les plus importantes sources dues à l’activité humaine sont les mines d’uranium, les industries nucléaires, les essais d’armes atomiques et les applications pacifiques de matériel et engins nucléaires, en particulier la production d’énergie. Les principaux radioéléments présents naturellement dans les eaux de surface et souterraines sont l’uranium, le radium-226, le radium-228, le radon, le potassium-40, le tritium et le carbone-14. Tous, excepté les deux derniers, proviennent de minéraux radioactifs. Dans les régions où les minéraux radioactifs sont abondants, l’uranium naturel est le plus important de ces éléments présents dans l’eau. Le tritium et le carbone-14 sont produits par l’action du rayonnement cosmique sur l’azote de la haute atmosphère. Le tritium (3H) retombe en précipitation sous forme d’eau tritiée tandis que le carbone radioactif s’incorpore au gaz carbonique de l’atmosphère. Le tritium comme le carbone radioactif sont également produits par les essais d’armes thermonucléaires et sont à présent utilisés pour la datation des eaux souterraines (temps écoulé entre la recharge de l’aquifère et l’échantillonnage). Depuis 1970 l’industrie nucléaire a probablement été la plus grande source de tritium. En ce qui concerne l’eau les deux radio-isotopes artificiels les plus préoccupants sont le strontium-90 et cesium-137. Bien que leur occurrence, leur distribution et leur transport soient régis par ceux de leur parent, les Collecte et conservation des échantillons pour les mesures de radioactivité Les récipients utilisables (généralement des bouteilles d’une contenance de 4 l) sont en polypropylène, polyéthylène ou en Téflon. Ils doivent être prétraités en laboratoire en les remplissant d’acide nitrique concentré pendant une journée, en les rinçant d’abord avec un détergent; puis plusieurs fois avec de l’eau hautement déminéralisée. Pour le tritium, les échantillons doivent être collectés dans des flacons en plastique de haute densité contenant de 0,5 à 1 l. Pour le carbone-14, selon les exigences d’un laboratoire spécialisé, on peut prélever un litre d’eau dans des flacons de précision ou dissoudre 2,5 g de précipité dans plus de 100 l d’eau en cas de faible contenu en carbone. Le principal problème de la conservation de ces échantillons est l’adsorption par les parois du conteneur ou par les matières en suspension. Pour analyser les quantités totales de radioéléments et minimiser l’adsorption, on ajoute 2 ml d’HCl concentré par litre, ou d’acide nitrique à 1 %. Généralement, afin de réduire les coûts d’analyse, il est conseillé d’analyser un échantillon composé annuel en mélangeant des parties égales entre elles de chaque échantillon mensuel. Si le niveau de radioactivité est significativement supérieur à celui de l’environnement, les échantillons mensuels sont analysés individuellement pour identifier celui ou ceux qui ont un niveau de radioactivité supérieur à la normale. 7.3.5 Équipements et techniques d’échantillonnage 7.3.5.1 Échantillonneurs ponctuels Les échantillonneurs ponctuels peuvent être classés en appareils convenant seulement pour des constituants volatils comme des gaz dissous et appareils pouvant être utilisés pour des constituants non volatils. Il existe des échantillonneurs ponctuels instantanés (en surface ou à une profondeur I.7-9 CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES donnée) et des échantillonneurs intégrateurs qui peuvent être utilisés pour prélever de l’eau en vue de déterminer ses constituants non volatils. Une méthode approximative pour obtenir un échantillon cumulé intégrant la profondeur serait de faire descendre un appareil échantillonneur ouvert au fond de la masse d’eau et de le remonter à une vitesse constante telle que la bouteille soit juste remplie lorsqu’elle atteint la surface. Un échantillonneur métallique peut être utilisé dans ce cas. C’est un dispositif, parfois fabriqué en métal, maintenant des bouteilles d’échantillonnage. Celles-ci sont placées dans l’échantillonneur et maintenues au niveau du col par un support. Parfois ces dispositifs sont équipés de poids pour leur assurer une descente verticale dans des courants très forts. Dans les canaux peu profonds il n’est pas possible d’obtenir une mesure intégrale le long d’une verticale. Dans de tels cas il faut aussi faire attention de ne pas troubler le fond de la rivière au moment de la prise d’échantillon. On peut alors creuser un trou dans le fond, laisser le courant se stabiliser et effectuer le prélèvement jusqu’au bord supérieur du trou. Des échantillonneurs ponctuels sont utilisés à une profondeur donnée. Un appareil approprié est descendu à la profondeur désirée, activé et récupéré. Sont fréquemment utilisés dans ce but la bouteille de Van Dorn, l’échantillonneur de Kemmerer et les échantillonneurs dits à pompe. a) Bouteille de Van Dorn – Cet appareil (figure I.7.4) est indiqué pour les profondeurs de 2 m. Sa configuration horizontale convient pour des échantillons proches du fond, au niveau de l’interface eau-sédiments; b) Échantillonneur de Kemmerer – C’est le plus vieux modèle d’échantillonneur vertical à commande opérée par messager. Il est communément utilisé pour des masses d’eau d’une profondeur d’1 m et plus. Le volume des échantillonneurs de Kemmerer (figure I.7.5) va de 0,5 à 8 l; c) Pompes – Trois types de pompes peuvent être utilisées pour prélever des échantillons à des profondeurs déterminées: à diaphragme, péristaltique et rotative. Les pompes à diaphragme sont en général manuelles; par contre les deux autres requièrent une source d’énergie ce qui limite leur utilisation sur le terrain. Les pompes péristaltiques ne sont pas recommandées pour le prélèvement d’échantillons pour l’analyse de la chlorophylle à cause des dommages qu’elles peuvent causer aux cellules algales. Toutes les pompes doivent avoir une constitution interne telle qu’elles ne puissent pas contaminer l’eau de l’échantillon. Les tuyaux d’entrée et de sortie doivent être aussi exempts de matières contaminantes. Les bouteilles de Van Dorn ont un avantage par rapport à l’échantillonneur de Kemmerer: leurs bouchons ne restant pas dans la trajectoire du courant d’eau traversant l’appareil, ils ne causent ni remous ni gêne. Un échantillonneur multiple (figure I.7.6) permet le prélèvement simultané au même point de plusieurs Messager Câble Câble Câble Messager Clapet de fermeture Clapet de fermeture Messager Mécanisme de déclanchement Clapet de fermeture Corps (PVC ou acrylique) Mécanisme de déclanchement Robinet de vidange Configuration horizontale Robinet de vidange Configuration verticale Figure I.7.4. Bouteille de Van Dorn Corps (PVC, laiton ou nickelé) Clapet de fermeture Figure I.7.5. Échantillonneur de Kemmerer I.7-10 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES échantillons de volumes égaux ou différents. Chaque échantillon est collecté dans une bouteille individuelle. Quand les volumes sont égaux, il est possible d’obtenir des informations sur la variabilité instantanée entre des échantillons analogues. Les appareils peuvent être modifiés pour accueillir différents nombres et tailles de bouteilles en fonction des exigences de programmes particuliers. Ceci peut être obtenu en modifiant la taille des coupelles, la longueur des manchons et la forme et la taille des ouvertures situées dans le couvercle en acrylique transparent. 7.3.5.2 Échantillonneur à oxygène dissous La figure I.7.7 représente un modèle typique d’échantillonneur pour la concentration en oxygène dissous et la demande biologique en oxygène (DBO). Cet échantillonneur doit être remonté ouvert, ce qui fait qu’un certain mélange avec les couches supérieures est possible. Certains échantillonneurs ponctuels équipés de purgeurs de fond peuvent être utilisés en faisant pénétrer l’échantillon par le fond du récipient d’analyse. Les prélèvements devraient être collectés au moyen de bouteilles pour échantillonnage de DBO à goulot étroit équipées de bouchons en verre biseauté pour empêcher l’entrée d’air dans l’échantillon. Cet appareil n’est pas indiqué pour les prélèvements dans les chenaux peu profonds. Dans ce cas l’agitation de l’échantillon devrait être minimisée en inclinant légèrement la bouteille pour échantillonnage de DBO vers l’aval du courant. 7.3.5.3 Échantillonneurs automatiques L’éventail des échantillonneurs automatiques va d’appareils complexes permettant des programmes variés d’échantillonnage, ayant besoin de sources d’énergie extérieures et d’un abri permanent, à des appareils simples, portables et autonomes comme la bouteille submergée au débit de remplissage contrôlé par un lent échappement de l’air. Ces appareils sont souvent programmés pour opérer sur une période de 24 heures. Ces appareils réduisent les coûts de personnel lorsque de fréquents prélèvements sont requis. Si le site est équipé de moyens automatiques de mesure des débits, certains échantillonneurs automatiques peuvent fournir des prélèvements composés proportionnels aux débits. Des modèles d’échantillonneurs ponctuels ou composés sont disponibles. 7.3.5.4 Procédures d’échantillonnage suivant la station, la localisation et la saison Sur le terrain, des situations variées déterminent laquelle des techniques d’échantillonnage différentes sera requise. Quelques considérations pratiques relatives à la localisation et aux saisons adaptées aux prélèvements sont exposées ci-dessous. Les procédures détaillées sont données dans le Manual on Water Quality Monitoring: Planning and Implementation of Sampling and Field Testing (WMO-No. 680). Câble Messager Mécanisme de déclanchement Conduit de remplissage Corps (nickelé) Bouteille DBO Coupe Figure I.7.6. Échantillonneur multiple Figure I.7.7. Échantillonneur d’oxygène dissous CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES Les prélèvements à partir de ponts sont souvent préférables parce qu’ils offrent une facilité d’accès et assurent des conditions de sécurité quels que soient le débit ou le temps. Cependant la circulation automobile sur le pont constitue un risque potentiel à considérer. Le bateau procure une plus grande souplesse et réduit les temps de déplacement entre les points de prélèvement. Ces derniers doivent être repérés par triangulation à partir de repères terrestres. Il faut là aussi considérer les risques de la navigation, des crues et des tempêtes (section 8.5). L’utilisation d’aéronefs, dont les hélicoptères, est souple et rapide mais coûteuse. Des essais ont montré que les perturbations de l’eau sous les hélicoptères n’avaient pas d’effet significatif même sur les échantillons pour l’oxygène dissous. Les prélèvements à partir des rives ne devraient être envisagés que si aucune alternative n’est possible. L’échantillon devrait être prélevé en écoulement turbulent ou là où l’eau est profonde et le courant rapide. Un échantillonneur métallique est souvent utilisé lorsque le prélèvement a lieu à partir du rivage, des rives du chenal ou depuis un quai. L’échantillonnage de la glace et de la neige en conditions hivernales demande des techniques quelque peu différentes. Les recommandations de sécurité soulignées dans la section 8.9 doivent être suivies. La neige devrait être dégagée de la surface de la glace pour obtenir une aire de travail convenable. 7.4 PRÉPARATION DES CAMPAGNES DE TERRAIN 7.4.1 Préparation générale a) Réunir les instructions précises sur les procédures d’échantillonnage; b) Préparer un itinéraire à partir du planning d’échantillonnage (voir aussi la section 2.4.3); c) Préparer les listes des équipements et matériels nécessaires; d) S’assurer que toutes les bouteilles ont été nettoyées selon les procédures normalisées; e) S’assurer que le laboratoire a préparé les réactifs chimiques et les étalons nécessaires pour la campagne; f) Préparer une liste de contrôle (voir la section 7.4.3 ci-après). 7.4.2 Choix du volume des échantillons Les volumes à prélever dépendent de la nature et du nombre de grandeurs à mesurer, de la méthode I.7-11 d’analyse et de la concentration prévue des éléments à analyser. Le personnel de laboratoire spécifiera les volumes requis. Ceux-ci peuvent être déterminés en établissant une liste de tous les constituants pouvant être sauvegardés dans les mêmes conditions, en totalisant les volumes nécessaires pour la préparation et l’analyse et ensuite en multipliant par deux pour une double analyse et par trois pour une triple. Il faudrait garder à l’esprit les points suivants: a) Lorsque le contact avec l’air doit être évité, le récipient contenant l’échantillon devrait être rempli complètement; b) Lorsque l’échantillon doit être fortement agité avant analyse, le récipient ne devrait pas être rempli complètement; c) Lorsque les deux exigences précédentes doivent être satisfaites, il faudrait remplir complètement la bouteille et lui ajouter des morceaux d’un solide propre, stérile et chimiquement inerte comme par exemple des billes de verre; d) Lorsque l’échantillon contient des particules discrètes comme des matériaux insolubles, des bactéries ou des algues, un volume plus important que d’habitude peut être nécessaire afin de minimiser les erreurs. 7.4.3 Liste de contrôle préalable à la campagne sur le terrain a) Vérifier et étalonner les appareils de mesure (pH, conductivité, oxygène dissous, turbidité) et les thermomètres; b) Refaire le plein de réactifs pour la détermination de l’oxygène dissous aussi bien que de ceux nécessaires à la conservation chimique; c) Obtenir des solutions tampons fraîches; les pH de ces solutions devant être proches des valeurs attendues sur le terrain; d) Se procurer une solution de KCl pour les sondes à pH; e) Se procurer les cartes routières, les descriptions des emplacements des stations, les bordereaux pour les relevés de terrain, les bouteilles d’échantillonnage, les étiquettes, les échantillonneurs, les conservateurs, les pipettes et les équipements manuels; f) Se procurer du matériel d’écriture, des métrages de corde supplémentaire et une boîte à outils complète; g) Se procurer des câbles électriques si l’équipement comprend un chargeur de campagne; h) Se procurer de l’eau distillée (résistivité de 18.2 MΩ) et des gobelets propres pour les mesures de pH, les blancs et les tampons; i) Si une filtration est nécessaire sur le terrain, se procurer un appareil de filtration et des filtres parfaitement propres; I.7-12 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES j) Si on doit réaliser un échantillonnage microbiologique, se procurer des flacons stériles et des glacières. Celles-ci sont recommandées pour le stockage de tous les échantillons; k) Vérifier le contenu de la trousse de première urgence. 7.5 Mesures de terrain 7.5.1 Mesures automatiques Pour certains appareillages, l’eau est pompée et les mesures sont effectuées sur la rive. D’autres instruments utilisent des sondes immergées effectuant des mesures in situ. Un type d’appareil plus récent est autonome, alimenté par une batterie et peut fonctionner jusqu’à 300 m de profondeur. Habituellement, les grandeurs mesurées automatiquement sont le pH, la température, la conductivité, la turbidité, l’oxygène dissous, les chlorures, le potentiel redox, le niveau, le rayonnement solaire et l’absorption UV. 7.5.2 Grandeurs mesurées sur le terrain La conductivité, le pH, l’oxygène dissous, la température, la couleur et la transparence peuvent évoluer au cours du stockage et devraient donc être mesurés sur le terrain aussitôt que possible après le prélèvement. La personne effectuant le prélèvement doit aussi observer toute caractéristique inhabituelle de la masse d’eau à échantillonner, et toute modification depuis la précédente campagne d’échantillonnage. Ces observations qualitatives peuvent concerner une couleur inhabituelle, une odeur, une couche de surface ou des objets flottants. Toute caractéristique particulière de l’environnement telle que précipitations, vent violent, ruissellement d’orage, dégel, devrait être notée. 7.5.2.1 Mesure du pH Le pH d’une eau naturelle non polluée dépend surtout de l’équilibre entre le gaz carbonique, les bicarbonates et les carbonates. La concentration du gaz carbonique peut être modifiée par les échanges à l’interface air-eau ainsi que par les processus de photosynthèse et de décomposition. Les modifications de pH sont causées par les pluies acides, les rejets industriels, le drainage des mines et le lessivage des minéraux. Le pH est un important critère de qualité de l’eau car il conditionne la possibilité de vie aquatique et de bien des ses usages. Dépendant de la température, il est indispensable que la mesure du pH et celle de la température soient concomitantes Idéalement le pH est mesuré in situ à l’aide d’un appareil de mesure numérique à électrode combinant mesure du pH et de la température. Le pH peut aussi être mesuré colorimétriquement avec des solutions tampons contenant des indicateurs colorés. Cette méthode est généralement moins précise et est limitée aux eaux contenant peu de substances colorées et de faible turbidité. Sur le terrain, le pH-mètre devrait être réétalonné avant chaque lecture avec une solution tampon appropriée et conformément au manuel d’instructions. Il faut mettre les flacons de solutions tampons et les électrodes à la bonne température en les plongeant dans l’échantillon. Il faut faire très attention à prévenir l’entrée d’eau dans les flacons tampons. Si les électrodes n’ont pas été récemment utilisées ou rangées au sec pendant plusieurs jours, elles peuvent avoir besoin de 10 à 20 minutes pour se stabiliser. Il faudrait protéger le pH-mètre des grands écarts de température pendant les mesures, car ceux-ci affectent la stabilité du système électronique et la précision de la mesure. Si les électrodes ont été stockées au sec pendant une longue période, la membrane de verre devrait être trempée dans une solution de KCl à 3 mol/l, pendant 12 à 24 h avant usage. Les pH-mètres peuvent avoir un réservoir de stockage des sondes qui devrait être rempli d’électrolyte. Les électrodes de verre qui n’ont pas été conditionnées avant usage peuvent ne pas se stabiliser et nécessiter de fréquents réétalonnages. Si le pH-mètre présente une dérive et que la sonde a été stockée et conditionnée correctement, il peut être nécessaire que celle-ci soit elle-même remise à niveau en rajoutant une solution de KCl à 3 mol/l. En cas de dérive persistante, il faudrait plonger l’électrode dans de l’hydroxyde d’ammonium. Comme toute pièce d’un équipement, la sonde doit toujours être protégée de la boue, du gel et des manipulations brutales. 7.5.2.2 Mesure de la conductivité La conductivité est un indicateur de la concentration en ions provenant de sels, acides et bases nonorganiques dissous dans l’eau. La relation entre la conductivité et la concentration en sels minéraux dissous est linéaire pour la plupart des eaux naturelles. CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES Il est préférable de mesurer la conductivité in situ. La conductivité dépend de la température, le conductimètre devrait fournir une valeur soit pour une température de référence (en général 20 ou 25 °C) soit pour la température de l’échantillon. Cela est important pour calculer et comparer la conductivité de l’échantillon à un moment de référence donné. Avant toute mesure, les récipients devant contenir les échantillons et les sondes devraient être rincés plusieurs fois avec l’eau à échantillonner. Il ne faudrait pas utiliser pour la mesure de la conductivité le même échantillon que pour la détermination du pH, car le KCl diffuse à partir de l’électrode du pH-mètre. L’instrument devrait être réétalonné sur le terrain avant chaque lecture. On devrait utiliser pour cela une solution de KCl de conductivité la plus proche possible des valeurs attendues sur le terrain. L’appareillage de mesure de la conductivité doit bénéficier de la même attention et de la même maintenance que tous les équipements fragiles. L’exactitude des mesures impose que le conductimètre soit protégé de la boue, des chocs et du gel. L’exactitude de la mesure dépend du type d’instrument, de la façon dont il a été étalonné et de la conductivité réelle de l’échantillon. Avec une sélection judicieuse du type d’appareil et un étalonnage soigneux, on peut atteindre une incertitude de ± 5 % à pleine échelle sur une gamme de température allant de 0 à 40 °C, avec une compensation automatique de la température. 7.5.2.3 Mesure de l’oxygène dissous La concentration en oxygène dissous est importante pour l’évaluation de la qualité des eaux de surface et le contrôle du traitement des eaux usées. Il existe deux méthodes pour la mesure de l’oxygène dissous. La première s’effectue in situ et utilise une sonde polarimétrique ou potentiométrique (oxymètre). La seconde se fait par l’analyse chimique de Winkler. En suivant cette dernière, on procède à l’addition de réactifs (solution de chlore de Mn++ et de iodure basique) dans l’échantillon au moment où il est prélevé ce qui permet la fixation de l’oxygène. L’analyse est réalisée ensuite au laboratoire, sur un échantillon conservé à l’abri de la lumière. Une autre méthode de terrain, basée sur le même principe, la méthode de Hach, utilise des réactifs prédosés. I.7-13 Les concentrations présentant de grandes variations au cours de la journée, les mesures temporelles in situ sont recommandées. Pour la méthode chimique il faudrait prélever trois échantillons d’eau avec l’échantillonneur à oxygène dissous (section 7.3.5.2). La concentration en oxygène dissous des échantillons peut être mesurée avec un oxymètre ou par la méthode chimique de Winkler. La valeur retenue devrait être la moyenne d’au moins deux lectures différentes l’une de l’autre par moins de 0,5 mg l–1. Dans les méthodes électrochimiques, la sonde réagit à l’activité de l’oxygène et non à la concentration. Ainsi, de l’eau douce saturée en oxygène donne la même lecture qu’une eau salée saturée en oxygène à la même pression et à la même température, bien que la solubilité de l’oxygène dans l’eau salée soit plus faible. Il faudrait donc tenir compte de la salinité, de la température et de la pression atmosphérique au moment du prélèvement. Dans la méthode de Winkler il existe des perturbations lorsque les échantillons sont très colorés ou turbides, contiennent des substances facilement oxydables ou d’autres substances perturbatrices. Cette méthode est très utilisée en laboratoire en raison de sa précision de la mesure de l’oxygène dissous. La méthode utilisant la sonde peut être utilisée lorsque les résultats sont à ± 0,5 à 1,0 mg l–1 de la vraie valeur et sont suffisants pour les objectifs de l’étude. Si la concentration en oxygène dissous est relativement élevée, la précision est correcte mais la concentration en oxygène peut parfois se révéler très faible. Il est alors important d’utiliser une sonde neuve et soigneusement étalonnée. 7.5.2.4 Mesure de la température La température peut être prise à l’aide d’une grande variété de thermomètres, comprenant les thermomètres à alcool ou toluène, à mercure, bilames ou électriques. Cette dernière catégorie comprend les thermocouples et des modèles moins transportables tels que les thermistors ou les thermomètres à quartz ou à résistance. Certains appareils utilisés pour la mesure de l’oxygène dissous, le pH, le Eh ou la conductivité sont également susceptibles de mesurer la température. Avant d’utiliser le thermomètre il faut le rincer avec une partie de l’eau de l’échantillon. Pour la mesure, on immerge le thermomètre dans l’échantillon pendant approximativement 1 min ou jusqu’à ce I.7-14 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES que la lecture se stabilise. Le thermomètre ne doit être placé dans aucun des flacons destinés au laboratoire. La valeur de la température en degrés Celsius devrait être enregistrée sur le bordereau de terrain. En général l’exactitude nécessaire pour des mesures de température de l’eau est de ± 0,1 °C. Cependant, dans bien des cas, une incertitude de ± 0,5 °C est tolérable et bien souvent les résultats statistiques de températures sont arrondis au degré Celsius le plus proche. Ainsi, il est important de préciser les besoins de façon à choisir le thermomètre le plus approprié. 7.5.2.5 Mesure de la turbidité La turbidité est une mesure optique des particules en suspension tels qu’argile, limon, matière organique, plancton et micro-organismes. La turbidité affecte en fait tous les usages de l’eau et en augmente les coûts de traitement. Chaque fois que cela est possible la turbidité doit être mesurée in situ. Ceci peut se faire par des méthodes optiques (en unités de turbidité Jackson ou JTU) ou néphélométriques (en unités de turbidité néphélométriques, ou NTU). Avec le turbidimètre à bougie de Jackson, l’épaisseur de suspension à partir de laquelle le contour de la bougie d’usage devient indistinct est comparée avec des suspensions étalonnées. Les méthodes néphélométriques sont préférables car leur précision, leur sensibilité et leur applicabilité à une large gamme de valeurs de la turbidité sont meilleures. Elles mesurent la diffusion de la lumière par les particules en suspension. Cependant des instruments de conceptions différentes peuvent donner des résultats différents pour le même échantillon. La couleur de l’échantillon comme des variations dans les sources lumineuses peuvent causer des erreurs. Ces problèmes peuvent être minimisés en utilisant un instrument mesurant simultanément les rayons de lumière diffusés et transmis le long d’un même parcours. Pour utiliser un turbidimètre, il faudrait établir des courbes d’étalonnage pour chaque plage de turbidité en utilisant des solutions étalonnées appropriées. Il faudrait utiliser au moins un étalon pour chaque plage en s’assurant que le turbidimètre donne des indications stables pour tous les domaines de sensibilité. Il faudrait agiter vigoureusement l’échantillon avant analyse. Pour s’assurer de l’homogénéité des résultats, les lectures devraient toujours être faites dans le même laps de temps après homogénéisation de l’échantillon (par exemple 10 secondes). Il est important de transvaser l’échantillon rapidement et d’effectuer les mesures de turbidité en triple exemplaire. La qualité des résultats obtenus avec un turbidimètre donné dépend de la fréquence de l’étalonnage à une solution étalon de formazine et de la façon d’utiliser l’appareil. D’une façon générale, les néphélomètres utilisés en laboratoire doivent avoir une précision de ± 1 FTU (Formazin Turbidity Unit) dans la gamme de 0 à 10 FTU, et de ± 5 FTU dans la gamme de 0 à 100 FTU au niveau de confiance de 95 %. L’incertitude des absorptiomètres varie considérablement mais devrait au moins donner ± 10 % de l’échelle totale, pour n’importe quelle gamme de turbidité. En pratique, les performances des turbidimètres dépendent largement de leur configuration optique. Pour les enregistrements qui traitent des échantillons en flux permanent, donnant des mesures en continu, il faut que leurs surfaces optiques puissent résister à l’encrassement par la croissance des algues ou l’accumulation des sédiments, afin d’éviter la dérive de l’étalonnage et la perte de sensibilité. 7.5.2.6 Mesure de la couleur La véritable couleur est observée après filtration ou centrifugation. La couleur résulte de la présence d’ions métalliques, d’humus et de tourbe, de plancton et de rejets industriels. La couleur est importante pour l’alimentation en eau potable, les eaux de lavage et de traitement ou les utilisations récréatives. Les teintes ordinairement présentes dans les eaux naturelles peuvent être comparées à des mélanges d’acide chloroplatinique et d’hexahydrate de chlorure cobalteux. Comme cette méthode ne convient pas à une pratique sur le terrain, la détermination de la couleur peut être obtenue par comparaison visuelle de tubes remplis de l’eau à étudier avec des disques de verre colorés standardisés. Les eaux mélangées à certains effluents industriels peuvent avoir des teintes si différentes de celles des mélanges de platine-cobalt que la comparaison est inappropriée sinon impossible. Dans ce cas, un photomètre à filtre peut suffire, bien qu’un spectrophotomètre à double rayon soit préférable lorsque l’échantillon peut être amené au laboratoire. 7.5.2.7 Mesure de la transparence La transparence de l’eau dépend de sa couleur et de sa turbidité. Une mesure de la transparence peut être la profondeur, en mètres, à laquelle un disque CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES de 20 à 30 cm de diamètre, peint de quadrants blancs et noirs, appelé disque de Secchi, disparaît lorsqu’il est descendu lentement et verticalement dans l’eau. Une mire de papier blanc est parfois utilisée à la place du disque. Les mesures sont habituellement faites sur les lacs ou autres masses d’eau profondes et sont utiles pour apprécier les conditions biologiques. 7.5.2.8 Résumé des procédures de terrain Quelles que soient les grandeurs étudiées, une procédure de routine devrait être suivie dans chaque station d’échantillonnage. Ce qui suit constitue un résumé général des procédures à suivre: a) Étalonner les appareils; b) Titrer le thiosulfate de sodium lorsqu’on utilise la méthode de Winkler pour l’oxygène dissous; c) Mesurer in situ le pH, la conductivité, l’oxygène dissous, la température et la turbidité; d) Rincer toutes les bouteilles avec de l’eau échantillonnée à l’exception de celles qui contiennent des conservateurs ou qui doivent servir à la mesure de l’oxygène dissous ou aux analyses bactériologiques; e) Prélever et conserver les échantillons selon les instructions du manuel; f) Remplir le bordereau de terrain avec exactitude selon les instructions du manuel; g) Mettre les bouteilles dans un conteneur de transport approprié; h) Étiqueter les cartons et porter sur le bordereau de terrain les informations demandées. 7.6 SUIVI BIOLOGIQUE ET ÉCHANTILLONNAGE POUR LES ANALYSES BIOLOGIQUES La surveillance environnementale est principalement basée sur les techniques d’analyse physico-chimiques pour évaluer la concentration dans l’eau des polluants, des sédiments et des organismes vivants. Le principal inconvénient de ces méthodes pourrait être le manque d’informations fournies concernant l’impact chimique réel sur les êtres vivants. De plus, certains groupes de toxiques ne sont pas détectables. Les raisons en sont: a) Ces molécules influencent les organismes vivants à des concentrations inférieures au seuil de détection; b) De nouvelles molécules peuvent apparaître; c) Le devenir de ces polluants toxiques dans l’environnement est mal connu (dans ce cas le problème est celui de l’identification des produits dérivés à analyser). I.7-15 Le très grand nombre de polluants potentiels à rechercher dans l’environnement rend ces méthodes extrêmement coûteuses. Enfin, si les analyses chimiques nous informent quant à la présence ou non d’un polluant dans différents compartiments des écosystèmes (eau, sol, sédiments ou organismes), elles sont de toute façon insuffisantes pour prévoir le comportement réel des substances toxiques sur les organismes car les nombreuses interactions entre polluants, et entre polluants et organismes n’ont pas été prises en considération. Les analyses biologiques sont en mesure d’intégrer les interactions entre l’ensemble des polluants présents et les organismes, et permettent de diagnostiquer l’impact de la pollution sur les organismes des écosystèmes de façon plus réaliste. Le suivi biologique est l’étude de la réponse, à tous les degrés d’organisation biologique (moléculaire, biochimique, cellulaire, physiologique, histologique, morphologique et écologique) du vivant aux polluants. Cette définition (McCarthy et Shugart, 1990) identifie les niveaux d’observation suivants: a) Au niveau intra-individuel, un biomarqueur est la réponse biologique détectée sur une échelle interne à l’individu à la présence d’une substance dans l’environnement (van Gestel et van Brummelen, 1996). Cette réponse mesurée dans un organisme ou dans ses émanations montre un écart à l’état normal. Par exemple, la modification d’une activité enzymatique due à un processus de défense de l’organisme. Les biomarqueurs sont également les modifications moléculaires, biochimiques, physiologiques, histologiques et morphologiques spécifiques observées dans les populations animales et végétales après leur exposition aux polluants; b) Au niveau des individus ou des organismes on atteindra un bio-indicateur par la mesure des fonctions vitales d’une entité biologique qui, en raison de sa spécificité écologique, réagit à un polluant par une modification spécifique des ses foncions vitales (Kirschbaum et Wirth, 1997). Il pourra par exemple s’agir d’une altération de la croissance d’un microinvertébré; c) Au niveau des populations et de leur implantation, l’analyse hydrobiologique obtient des données intégrées sur la qualité de l’eau globale. Il existe des indices biologiques permettant l’étude de tout ou partie des espèces établies dans un écosystème et des variations de leur composition et structure du fait de facteurs anthropiques. Il devient alors possible de définir des classes de qualité par un inventaire normalisé de certaines espèces. Par exemple l’indice biologique environnemental utilise la faune des macroinvertébrés comme un intégrateur de I.7-16 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES compartiments. Un échantillonnage normalisé prenant en compte différents types d’habitats révèle la qualité de l’écosystème par la présence ou l’absence de groupes faunistiques indicateurs. À l’étape actuelle du suivi biologique, les études utilisant les biomarqueurs concernent la recherche de nouvelles méthodes d’évaluation de la santé d’organismes vivants, et leur application pratique à un plus grand nombre de techniques efficaces de surveillance de la pollution. Les méthodes fondées sur les biomarqueurs utilisées en routine sont encore rares, mais les études actuelles montrent qu’il est déjà possible de détecter des zones polluées en s’intéressant à la santé des organismes qui y vivent. Les méthodes basées sur les études menées au niveau de l’organisme ou de la population sont utilisées dans les réseaux de suivi biologique. L’échantillonnage microbiologique de la faune et de la flore le sera bientôt. De plus il existe aussi des méthodes relatives à l’évaluation globale des capacités auto-épuratrices des rivières. La DBO, exposée dans ce chapitre, est celle la plus largement utilisée. 7.6.1 Analyses microbiologiques La présence de coliformes fécaux indique un mauvais traitement des eaux usées. L’absence complète de coliformes et spécialement de coliformes fécaux est exigée par l’Organisation mondiale de la santé pour toute alimentation en eau potable. D’autres micro-organismes responsables de maladies humaines sont parfois présents, tels que les agents du choléra et de la typhoïde, les salmonelles, les pseudomonas et certains animaux monocellulaires comme ceux responsables des amibiases. Pour refléter précisément les conditions microbiologiques au moment du prélèvement, il est très important que les échantillons destinés à l’analyse microbiologique soient collectés de façon aussi aseptique que possible. Les échantillons sont habituellement prélevés dans des flacons stériles à large goulot, de 200 ou 500 ml, en verre ou en plastique non toxique, équipés de bouchons à vis. Les récipients en plastique doivent être vérifiés en vue de s’assurer qu’ils ne relâchent pas de particules microscopiques susceptibles d’être confondues avec des bactéries lors du comptage. Certains récipients en caoutchouc ou en métal peuvent avoir un effet bactériostatique. Si les bouteilles ont un couvercle celui-ci doit avoir une bordure de silicone supportant l’autoclave. Si elles sont bouchées, leur goulot doit être couvert avec un papier rigide stérile, ou une feuille d’aluminium fixée à l’aide d’une ficelle ou d’un élastique. Chaque fois que cela sera possible les échantillons devraient être analysés immédiatement après le prélèvement. Si cela n’est pas le cas les échantillons devraient être stockés dans l’obscurité, dans de la glace fondante. Le stockage dans ces conditions minimise les problèmes de multiplication et d’extinction jusqu’à 30 heures après le prélèvement. Les échantillons ne devraient jamais être congelés. Si les échantillons sont susceptibles de contenir des concentrations en métaux lourds (cuivre, nickel ou zinc) supérieures à 0,01 mg l–1, leurs effets bactériostatiques ou bactéricides doivent être atténués par addition d’acide éthylène diamine tétracétique (EDTA) à raison de 0,3 ml de solution à 15 % pour chaque 125 ml d’eau à étudier (Moser et Huibregtse, 1976). Le chlore résiduel devrait être détruit par addition de thiosulfate de sodium dans la proportion de 0,1 ml de solution à 10 % pour chaque échantillon de125 ml. 7.6.2 Organismes multicellulaires Il y a plusieurs catégories d’espèces multicellulaires pouvant être suivies pour différentes raisons. Les poissons, au sommet de la chaîne alimentaire aquatique, sont un indicateur de différents aspects de la qualité de l’eau selon leur espèce et leur âge. Les macro-invertébrés benthiques (organismes vivant sur ou près du fond et pouvant être retenus par un tamis normal) sont des indicateurs des pollutions récentes du fait de leur faible mobilité et de leur sensibilité au stress. Le périphyton est constitué des plantes sessiles fixées sur différentes surfaces. Les organismes qui croissent dans la couche attenante sont parmi les premiers producteurs de matière organique aquatique, particulièrement dans les zones peu profondes. Les macrophytes sont de grandes plantes, souvent enracinées, couvrant de vastes zones en eau peu profonde et pouvant gêner la navigation ou les usages récréatifs d’un plan d’eau. L’ensemble des petits organismes végétaux et animaux flottant librement dans l’eau forme le plancton. Le phytoplancton, constitué principalement d’algues dont la croissance est une mesure indirecte, entre autres, de la concentration en constituants chimiques nutritifs. Le zooplancton est présent à toutes les profondeurs aussi bien dans les eaux courantes que stagnantes. Beaucoup de ces organismes peuvent être gênants pour le traitement des eaux. Les algues par exemple, bouchent les filtres, consomment le chlore, affectent CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES défavorablement l’odeur et le goût de l’eau et peuvent être toxiques. D’autres espèces peuvent être les vecteurs d’organismes responsables de maladies, tels les escargots porteurs de la larve du ver de Guinée ou de schistosomes. Les poissons peuvent être capturés de façon active avec des seines, des chaluts, par pêche électrique ou chimique, avec ligne et hameçon ou de façon passive avec des filets maillants, des trémails, des nasses et des pièges. Les macro-invertébrés peuvent être prélevés de plusieurs façons selon leur habitat et d’autres caractéristiques. Outre les filets, il existe des échantillonneurs à plateaux multiples ou à panier. Ils sont laissés suspendus en place par des flotteurs pour des périodes de quatre à huit semaines et remontés avec précaution à la surface avec un filet par en dessous pour récupérer les spécimens. Le plancton peut être prélevé avec l’échantillonneur décrit ci-dessus dans la section 7.3. Il existe aussi des appareils spécialement conçus pour le plancton comme la trappe à plancton de Juday qui peut recueillir plus de 5 l d’eau à la profondeur désirée et filtre le plancton. Elle est plutôt coûteuse et difficile à utiliser à partir d’un bateau. L’étude du zooplancton requiert de grands échantillons et on peut utiliser un filet calibré en nylon. Le périphyton peut être échantillonné en exposant, dans le site, des barres flottantes ou ancrées pendant au moins deux semaines. Pour les macrophytes, on peut utiliser un râteau de jardin dans les eaux peu profondes ou une drague pour les plus grandes profondeurs. À partir d’un bateau, on peut utiliser un faucard ou un simple grappin. Dans certains cas un appareil respiratoire de plongée autonome s’est révélé utile. Il est recommandé d’ajouter un colorant approprié tel que le rose bengale avant toute fixation. Ultérieurement les spécimens conservés peuvent être reconnus par un personnel moins qualifié en biologie grâce au fait que la couleur les fait ressortir par rapport à l’arrière plan. Des méthodes de conservation des spécimens multicellulaires sont données dans le tableau I.7.1. Certains praticiens préfèrent utiliser le lugol plutôt que le formaldéhyde pour le périphyton et le plancton. 7.6.3 Demande biochimique en oxygène Le rejet de matières organiques polluantes, dans une masse d’eau conduit à un mécanisme naturel d’épuration par un processus d’oxydation biochimique. L’oxydation biochimique est un processus I.7-17 microbien qui utilise les substances polluantes comme source de carbone, tout en consommant l’oxygène dissous dans l’eau pour la respiration. La vitesse d’épuration dépend de nombreux facteurs dont la température et la nature de la matière organique. La quantité d’oxygène dissous consommé par un échantillon d’eau d’un certain volume pour l’oxydation biochimique durant une période de cinq jours à 20 °C a été retenue comme mesure de la qualité de l’échantillon et est connue sous le nom de demande biochimique d’oxygène ou DBO. L’oxydation n’est en aucune façon complète en cinq jours, et pour certains objectifs on peut utiliser des périodes d’incubation plus longues. Cette période d’incubation peut être indiquée par un suffixe, par exemple DBO5 ou DBO20, les résultats étant exprimés en milligrammes d’oxygène par litre. La DBO est définie comme la quantité totale d’oxygène nécessaire aux micro-organismes pour oxyder la matière organique dégradable, le rythme de l’oxydation biochimique étant proportionnel à la quantité restante de matière organique non oxydée. Ainsi le test de la DBO est utilisé pour estimer l’importance et la vitesse de la désoxygénation qui se produira dans un cours d’eau ou un lac où l’on rejette des matières organiques. Cependant la prévision des effets d’un tel rejet est plus compliquée, d’autres facteurs pouvant intervenir qui ne sont pas pris en compte dans la mesure de la DBO. Par exemple, il est possible que les matières organiques en suspension se déposent sur le fond dans un cours d’eau à faible vitesse, juste en aval du rejet, là où cela peut avoir un effet considérable sur la teneur locale en oxygène dissous. La présence de benthos, de végétaux enracinés et d’algues planctoniques, influence également la teneur en oxygène dissous à l’échelle journalière. De sérieuses difficultés dans la mesure de la DBO peuvent provenir de la présence de bactéries nitrifiantes qui oxyderont l’ammoniac et les composés organiques azotés en nitrites et nitrates. Les fortes concentrations en polluants des effluents industriels peuvent aussi poser quelques problèmes, car elles peuvent supprimer l’oxydation biochimique dans le cours d’eau récepteur dans des conditions naturelles. Dans ce cas, on peut avoir à diluer l’échantillon avec de l’eau pure et l’ensemencer avec l’eau d’un effluent d’égout contenant les micro-organismes nécessaires au démarrage du processus d’oxydation biochimique. Des techniques spéciales de préparation peuvent devoir être mises au point pour traiter l’échantillon à tester. I.7-18 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES Tableau I.7.1. Techniques appropriées pour la conservation des échantillons Analyses biologiques. Les variables biologiques à déterminer sont en général nombreuses et peuvent varier quelquefois d’une espèce à une autre. Il est pour cette raison impossible de dresser une liste exhaustive de toutes les précautions à prendre afin de conserver les échantillons pour ce type d’analyses. Les informations ci-dessous sont donc relatives à certaines variables généralement étudiées pour divers groupes animaux ou végétaux. Il faut noter qu’avant d’entreprendre quelque étude détaillée que ce soit, il est essentiel de choisir les variables pertinentes. 1 Comptage et détermination Macro-invertébrés benthiques 2 3 4 5 Plastique ou verre Addition d’éthanol Laboratoire 1 an Poisson Plastique ou verre Addition de 10 % (m/m) de formaldehyde, 3 g de borate de sodium décahydrate et 50 ml de glycérol par litre Laboratoire 1 an Macrophyton Plastique ou verre Addition de 5 % (m/m) de formaldéhyde Laboratoire Périphyton Plastique ou verre opaque Addition de 5 % (m/m) de formaldéhyde neutre et stockage à l’obscurité Laboratoire 1 an Phytoplancton Plastique ou verre opaque Addition de 5 % (m/m) de formaldéhyde ou de mentholate et stockage à l’obscurité Laboratoire 6 mois Zooplancton Plastique ou verre Addition de 5 % (m/m) de formaldéhyde ou de solution de lugol Laboratoire Matière fraîche et sèche Macro-invertébrés benthiques Macrophytes Calorimétrie Macro-invertébrés benthiques Plastique ou verre Refroidissement entre 2 et 5 °C Sur le terrain ou au laboratoire 24 hours L’analyse devra être réalisée dès que possible et dans les 24 heures Sur le terrain Filtration et refroidissement entre 2 et 5 °C Congélation à – 20 °C Congélation à – 20 °C Filtration et congélation à –20 °C Laboratoire 6 mois Laboratoire Laboratoire Laboratoire 6 mois 6 mois 6 mois Plastique ou verre Refroidissement entre 2 et 5 °C puis filtration et stockage dans un dessicateur Laboratoire 24 heures L’analyse devra être réalisée de préférence dès que possible et de toutes les façons dans les 24 heures Plastique ou verre Refroidissement entre 2 et 5 °C Congélation à – 20 °C Laboratoire 36 heures Laboratoire 36 heures La période de conservation variera selon la méthode d’analyse Plastique ou verre Phytoplancton Zooplancton Tests de toxicité De préférence cette analyse devra être réalisée dès que possible Ne pas congeler à – 20 °C Périphyton Phytoplancton Zooplancton Poisson Masse de cendres Macro-invertébrés benthiques Macrophyton Périphyton Phytoplancton 6 CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES 7.6.3.1 Méthodes de mesure Plusieurs méthodes ont été mises au point pour mesurer la DBO. La plus courante est la méthode de dilution, mais les techniques manométriques, quoique encore utilisées surtout pour la recherche, peuvent être parfois avantageuses, par exemple pour le contrôle des eaux d’égout. Théoriquement, on devrait analyser l’échantillon immédiatement après son prélèvement dans l’effluent, le cours d’eau ou le lac. Si cela n’est pas possible, l’échantillon doit être conservé à une température de 3 à 4 °C pour ralentir le processus d’oxydation biochimique. Si l’on estime que la DBO d’un échantillon dépasse 7 mg l–1, alors une dilution convenable et/ ou un ensemencement de l’échantillon sont nécessaires. Pour que le résultat soit valable, il faut qu’il reste un excès d’oxygène dissous à la fin de la mesure. La DBO se calcule à partir de la dilution volumétrique de l’échantillon et d’après la différence des concentrations en oxygène dissous (section 7.5.2.3) avant et après une période d’incubation de cinq jours. Durant cette période, on devrait maintenir une température de 20 °C, protéger l’échantillon de l’oxygène atmosphérique et le garder dans l’obscurité pour réduire l’effet de la photosynthèse des plantes vertes. Cependant, l’oxygène consommé par la respiration des algues est inclus dans la mesure. Pour les échantillons où la nitrification peut se produire pendant la mesure, on ajoute de l’allylthiourée (ATU) avant l’incubation. Dans ce cas, le résultat apparent de la DBO correspond seulement aux matières polluantes carbonées. La vitesse d’oxydation biochimique peut être estimé par l’incubation de cinq échantillons identiques en dosant l’oxygène dissous dans le premier flacon le 1er jour, dans le deuxième flacon le 2ème jour, dans le troisième flacon le 3ème jour, dans le quatrième flacon le 4ème jour, et dans le cinquième flacon le 5ème jour. Sur un graphique, les points représentatifs du logarithme de la DBO en fonction du temps, devraient être alignés. L’extrapolation à l’infini de cette droite donne directement une estimation de la DBO carbonée finale, qui mesure la quantité totale d’oxygène nécessaire pour oxyder les matières organiques décomposables. 7.6.3.2 Précision de la mesure La mesure de la DBO n’est pas très précise. Si l’on veut exploiter statistiquement les résultats, on doit diluer et faire incuber (et ensemencer, si nécessaire) plusieurs échantillons dans des conditions identiques et calculer une DBO moyenne. Il a été proposé de substituer la mesure manométrique à la I.7-19 méthode par dilution afin d’obtenir une plus grande précision. Il faudrait garder à l’esprit que les deux méthodes ne sont pas toujours directement comparables (Montgomery, 1967). La méthode manométrique fournit une indication de l’oxydabilité biologique d’un échantillon en moins de cinq jours. 7.7 FILTRATION SUR LE TERRAIN ET PROCÉDURES DE CONSERVATION 7.7.1 Filtration Pour séparer les particules en suspension des éléments dissous il est recommandé de filtrer l’échantillon. La centrifugation demande un équipement plus lourd et la décantation beaucoup de temps et ces deux méthodes présentent des difficultés d’étalonnage et peuvent augmenter les risques de contamination. La filtration devrait être effectuée sur le terrain, pendant ou immédiatement après le prélèvement et doit être suivie de mesures de conservation appropriées. Les concentrations totales en métaux peuvent être déterminées en utilisant un autre échantillon, non filtré, prélevé au même moment. Cet échantillon doit être soumis à une digestion acide complète en laboratoire qui transforme les métaux en composés solubles dans l’eau. Les échantillons destinés à l’analyse des constituants organiques sont filtrés immédiatement après prélèvement à l’aide d’un filtre en fibre de verre ou d’une membrane métallique. Les constituants organiques dissous sont analysés dans le filtrat et les particules non solubles dans le résidu. L’absorption des substances dissoutes par la matière du filtre peut poser de sérieux problèmes. Les meilleurs matériaux à utiliser pour la filtration des substances minérales sont des filtres organiques (polycarbonate, acétate de cellulose ou Téflon) et des filtres en fibre de verre pour les composés organiques. Le filtre et l’appareil de filtration devraient être préparés en laboratoire et préalablement rincés avec une partie de l’échantillon avant que le filtrat ne soit collecté. Ceci peut se faire en jetant les 150 à 200 premiers millilitres de filtrat. Une pompe électrique ou manuelle doit être utilisée pour créer le vide dans l’appareil de filtration. Si on utilise une pompe électrique il faut disposer d’un accès à un I.7-20 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES réseau électrique ou d’un groupe électrogène mobile. Le vide peut causer un changement de pH dû à la perte de gaz carbonique, et provoquer la précipitation de certains métaux. Pour cette raison et pour réduire les pertes dues à l’adsorption par les parois du conteneur, les échantillons destinés à l’analyse des métaux sont souvent acidifiés. 7.7.2 Techniques de conservation Entre le moment où l’échantillon est prélevé et celui où il est analysé en laboratoire, des changements physiques, chimiques et biochimiques peuvent se produire. En conséquence, ou bien on devrait raccourcir dans la mesure du possible cet intervalle de temps, ou bien l’échantillon devrait être traité pour sa conservation. Pour quelques constituants, la conservation n’est pas possible et les mesures doivent être effectuées sur le terrain. Cependant, même si le constituant est raisonnablement stable, il est généralement nécessaire de conserver l’échantillon, par divers procédés comme de garder les échantillons dans l’obscurité, additionner des conservateurs chimiques, baisser la température pour retarder les réactions éventuelles, utiliser la congélation, et l’extraction des constituants à l’aide de solvants ou d’une colonne de chromatographie de terrain. 7.7.2.1 Récipients L’usage de récipients appropriés est très important pour la préservation de l’intégrité de l’échantillon particulièrement lorsque la concentration d’un constituant est faible. Les laboratoires fournissent généralement leurs spécifications. De nombreuses publications fournissent des recommandations concernant le type de récipient qui devrait être utilisé dans les cas particuliers (Clark et Fritz, 1997). Les principaux matériaux utilisés pour les récipients sont le plastique et le verre. Le borosilicate est inerte vis-à-vis de nombreux produits et il est recommandé lorsque les échantillons sont destinés à l’analyse des composés organiques. Le polyéthylène est économique et absorbe peu d’ions métalliques. Il est utilisé pour des échantillons dont des éléments inorganiques doivent être analysés. Les récipients en polyéthylène ne devraient pas être utilisés pour l’étude des traces organiques comme les pesticides, et de quelques substances volatiles qui peuvent diffuser à travers les parois en plastique. Les échantillons photosensibles nécessitent des récipients opaques ou en verre non-actinique. Des bouteilles à goulot étroit munies d’un pointeau en verre sont utilisées pour les gaz dissous. Les récipients pour les échantillons destinés à l’analyse microbiologique doivent être stérilisés. Pour le dépistage des éléments on devrait n’utiliser que le polyéthylène basse ou haute densité (LDPE et HDPE). On peut trouver aujourd’hui des récipients jetables. Ils doivent être décontaminés avant utilisation. Ils doivent être conservés au moins 24 heures dans un solution ultra pure à 10 % de HNO 3 puis rincés dans une eau ultra pure (18,2 MΩ cm–1) et conservés dans des sacs en polyéthylène jusqu’à leur utilisation sur le terrain (Pearce, 1991). Les couvercles des flacons sont des sources potentielles de problèmes. Les bouchons de verre doivent être rodés, particulièrement pour les échantillons alcalins. Hormis lorsqu’ils sont en Téflon, les bords de couvercles peuvent introduire des contaminants ou absorber des éléments traces. Plus la concentration de l’élément à analyser est faible, plus ces aspects deviennent importants. 7.7.2.2 Addition de conservateurs chimiques Cette méthode est utilisée pour la plupart des métaux dissous et pour les herbicides phénolés. Certaines analyses biologiques demandent aussi une conservation chimique. En règle générale il est préférable d’utiliser une solution relativement concentrée d’agent conservateur; l’influence sur la dilution de l’échantillon d’un petit volume de solution conservatrice sera alors faible ou négligeable. L’interférence éventuelle du conservateur dans l’analyse demande que les procédures soient suivies attentivement. Par exemple un acide peut altérer la distribution des matières en suspension et peut conduire à la dissolution de particules colloïdales ou métalliques. Ici l’ordre filtration d’abord et acidification ensuite devient très important. 7.7.2.3 Congélation Lorsqu’il est impossible de réaliser les analyses assez rapidement, on peut avoir recours à la congélation pour l’analyse des ions majeurs à savoir chlorures, sulfates et nitrates. La congélation n’est toutefois pas une technique générale de conservation car elle peut causer des modifications physiochimiques comme par exemple la formation de précipités ou la perte de gaz dissous qui peuvent affecter la composition de l’échantillon. Les composantes solides de l’échantillon CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES changent aussi lors de la congélation et de la décongélation et le retour à l’équilibre doit être suivi par une homogénéisation très rapide avant de commencer toute analyse. Les échantillons d’eau ne devraient jamais être congelés dans une bouteille en verre. 7.7.2.4 Réfrigération La réfrigération à 4 °C est une technique courante de conservation. Dans certains cas elle peut affecter la solubilité de certains éléments et provoquer leur précipitation. La réfrigération est souvent utilisée en conjonction avec des réactifs chimiques. 7.7.2.5 Aspects pratiques de la conservation Un aspect important dans la conservation est de suivre une procédure rigoureuse de façon que chaque échantillon nécessitant d’être sauvegardé soit traité immédiatement. Ceci est particulièrement important lorsque des conservateurs chimiques sont utilisés, car de tels additifs peuvent ne pas produire sur l’aspect de l’échantillon de changement facilement détectable. Il peut être préférable de marquer chaque échantillon traité pour s’assurer qu’aucun n’est oublié ou traité plus d’une fois. La sécurité et la précision de l’utilisation de conservateurs sur le terrain requièrent aussi des précautions spéciales. Des pipettes automatiques prédosées assurent l’exactitude de l’opération sur place ainsi que l’élimination du risque d’aspiration d’acide par la bouche. Il est souvent commode d’ajouter le conservateur en laboratoire avant que le conteneur ne soit envoyé sur le terrain. Une autre possibilité est d’utiliser des fioles scellées contenant des agents conservateurs prédosés identifiés par des codes couleur ou par des étiquettes. Bien que plus coûteuse, cette méthode a l’avantage de simplifier les procédures sur le terrain et de réduire les possibilités d’erreur et de contamination. 7.8 TÉLÉDÉTECTION ET QUALITÉ DES EAUX SUPERFICIELLES La télédétection permet d’obtenir une caractérisation des modifications spatiales et temporelles que l’on obtient aussi par d’autres méthodes. Elle n’est cependant pas aussi précise que les mesures sur le terrain. De plus il faudrait mettre au point une interprétation des images satellitaires en termes de qualité de l’eau et du sol. Les applications de la I.7-21 télédétection à l’évaluation des matières en suspension ont été abordées au chapitre 5. On abordera ici les applications concernant la caractérisation du couvert végétal, la salinité et la température de l’eau. Il existe deux catégories de satellites, selon leur source d’énergie. Les satellites passifs ont besoin de la lumière solaire pour saisir l’image d’objets situés sur la surface terrestre. Ils travaillent généralement dans la partie visible et infrarouge du spectre et fournissent ce qu’on appelle des images optiques. Les satellites actifs ont leur propre source d’énergie. Ils travaillent dans le domaine hyperfréquence (micro-ondes) du spectre et fournissent ce qu’on appelle des images radar. De plus on peut distinguer les images satellitaires selon quatre critères de base: a) Crénelage spatial correspondant à la taille du pixel. Il y a des crénelages de petite taille (pixel de 1 km ou plus, comme pour NOAA, ou les images SPOT de végétation ou météorologiques), de taille moyenne (pixel de 20 m ou plus, comme pour Landsat MSS et TM et les images SPOT 1 à 4) et de très grande taille (pixel de 10 m ou moins comme pour SPOT 5 ou IKONOS); b) Crénelage spectral correspondant à la longueur d’onde dans laquelle l’image est prise; c) Fréquence de passage du satellite; d) Crénelage radiométrique correspondant à la capacité du détecteur de capter l’émittance du rayonnement reçu. Le choix d’une image satellitaire dépend de nombreux facteurs. En premier lieu la taille de la zone étudiée doit être prise en considération. Il ne sera pas possible d’étudier un marécage de 20 km2 avec une image NOAA basée sur un faible crénelage spatial. On choisira le crénelage spectral selon les objectifs du programme. On peut par exemple conseiller une image optique pour étudier la turbidité de l’eau. Il faut enfin qu’il y ait synchronisation entre la variabilité temporelle du phénomène étudié et la fréquence de passage du satellite au-dessus de la zone étudiée. 7.8.1 Étude de la qualité de l’eau dans les domaines du visible et de l’infrarouge Dans le domaine allant du visible au proche infrarouge, la réponse radiométrique de l’eau pure est celle d’un corps noir absorbant toute radiation incidente. Cette propriété bien connue est utilisée pour localiser facilement les surfaces d’eaux libres sur les images satellitaires. I.7-22 GUIDE DES PRATIQUES HYDROLOGIQUES Certains facteurs, comme la salinité ou la turbidité, la composition du sol ou la présence de végétation, altèrent la réponse radiométrique de l’eau, qui peut alors être utilisée pour caractériser en retour ces facteurs. La meilleure corrélation positive entre la réponse radiométrique et la turbidité se trouve dans la gamme du vert (Bonn, 1993). Cela fournira indirectement des indications sur la salinité. De fait on observe généralement une corrélation négative entre turbidité et salinité. Lorsque la salinité augmente, elle provoque une floculation suivie d’une sédimentation des matières en suspension et donc la diminution de la turbidité. La réponse radiométrique de l’eau dans le proche infrarouge peut être perturbée par les matières en suspension ainsi que par un lit peu profond (Chuvieco, 2000). Dans les eaux peu profondes, l’absorption est faible et la réflectance est importante (due à la forte réflectance du fond). Cet effet est toutefois complexe, car le comportement radiométrique des sols dépend de leur composition chimique, de leur texture, de leur structure et de leur humidité. C’est ainsi qu’un sol argileux aura, par exemple, une réflectance beaucoup plus faible qu’un sol sableux. La gamme de réflectance des sols est très étendue, allant des sols légers (sableux, calcaires et même gypseux), qui reflètent bien la radiation solaire, aux sols sombres (argileux, riches en matière organique) qui absorbent presque la totalité de la radiation (Bonn et Rochon, 1993). 7.8.2 Étude de la qualité de l’eau dans le domaine des hyperfréquences (micro-ondes) Le domaine des hyperfréquences permet une certaine pénétration de l’eau. Il est possible de différencier l’état, rugueux ou lisse ou de la surface selon la réponse respectivement lambertienne ou symétrique. Une image radar, par exemple peut être utilisée si la rugosité est due à la présence de vagues. Ces applications ont été également exploitées pour détecter des anomalies superficielles telles que celles dues à des rejets inconsidérés d’hydrocarbures. On a pu démontrer, théoriquement et pratiquement, que la radiométrie hyperfréquence peut être utilisée pour étudier la salinité et la minéralisation globale de l’eau (Shutko, 1985, 1986, 1987). En fait, l’émissivité dans le domaine des micro-ondes est sensible aux variations de la conductivité de l’eau et donc à sa composition. La télédétection dans le domaine de l’infrarouge thermique et des micro-ondes peut être utilisée pour déterminer la température de surface de l’eau (exemples dans Engman et Gurney, 1991). Les radiations hyperfréquences ne sont pas très sensibles aux conditions atmosphériques et peuvent donc être utilisées plus souvent, mais avec une moindre résolution que les radiations infrarouges (Shutko, 1985, 1986). Bibliographie et lectures complémentaires La réflectance de la végétation est faible dans la partie visible du spectre, mais elle est très élevée dans le proche infrarouge. La faible réponse de la végétation dans le visible résulte de la forte absorption de la chlorophylle, particulièrement dans le rouge, alors la forte réponse dans le proche infrarouge est due à la structure cellulaire des feuilles. Il sera donc conseillé d’utiliser des images optiques pour étudier la présence de végétaux dans les eaux peu profondes (Shutko, 1986, 1990; Gross et al., 1987). Différentes imageries, en particulier celles du Coastal Zone Colour Scanner (CZCS) ou d’AVHRR (OMM, 1993), ont été utilisées pour l’évaluation des quantités de chlorophylle dans les océans et les estuaires. Cette évaluation est limitée aux cas où les concentrations en matières en suspension est assez basse pour ne pas masquer la réflectance de la chlorophylle (Ritchie et al., 1992). L’étude des macrophytes et de la végétation aquatique peut généralement être abordée selon ces mêmes principes (Ackleson et Klemas, 1987). Ackleson, S.G. et V. Klemas, 1987: Remote sensing of submerged aquatic vegetation in Lower Chesapeake Bay: A comparison of Landsat MSS to TM imagery. Remote Sensing of Environment, Volume 22, p. 235-248. Agence internationale de l’énergie atomique, 2004: Quantifying Uncertainty in Nuclear Analytical Measurements. TECDOC-1401, International Atomic Energy Agency, Vienne. http://www-pub.iaea.org/ MTCD/publications/PDF/te_1401_web.pdf. American Public Health Association and American Water Works Association, 1999: Standard Methods for the Examination of Water and Wastewater, Vingtième édition, Washington D.C., CD-ROM. Bonn F., 1993: Précis de télédétection, Volume 2: Applications thématiques, Presses de l’Université du Québec/AUPELF, Sainte-Foy, Québec. Bonn F. et G. Rochon, 1993: Précis de télédétection, Volume 1: Principes et méthodes, Presses de l’Université du Québec/AUPELF, Sainte-Foy, Québec. Chuvieco E., 2000: Fundamentos de la Teledetección Espacial, Troisième édition, Ediciones RIALP, Madrid. CHAPITRE 7. QUALITÉ DE L’EAU ET ÉCOSYSTÈMES AQUATIQUES Clark, I. et P. Fritz, 1997: Environmental Isotopes in Hydrogeology. Lewis Publishers, Boca Raton, Floride. Engman, E.T. et R.J. Gurney, 1991: Remote Sensing in Hydrology. Chapman et Hall, Londres. Genin B., C. Chauvin et F. Ménard, 1997: Cours d’eau et indices biologiques: Pollutions, méthodes, IBGN. Établissement national d’enseignement supérieur agronomique, Centre national d’études et de ressources en technologies avancées, Dijon (CD-ROM également disponible). Gross, M.F., M.A. Hardisky, V. Klemas et P.L. Wolf, 1987: «Quantification of biomass of the marsh grass Spartina alterniflora Loisel using Landsat Thematic Mapper imagery». Photogrammetric Engineering and Remote Sensing, Volume 53, p. 1577-1583. Kirschbaum, U. et V. Wirth, 1997: Les Lichens Bioindicateurs. Ulmer, Stuttgart. McCarthy J.F. et L.R. Shugart (éds), 1990: Biomarkers of Environmental Contamination. Lewis Publishers, Boca Raton, Floride. 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