Spécial bardage
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Spécial bardage
hors série Étanchéité INFO L E M A G A Z I N E D E S P R O F E S S I O N N E L S D E L’ É T A N C H É I T É E T D E L’ I S O L A T I O N w w w . e t a n c h e i t e . c o m N O V E M B R E 2 0 0 9 Spécial bardage Le marché, les matériaux, les réalisations… ISSN : 1958-3575 ÉDITO > « La distinction entre toiture-terrasse et façade est parfois architecturalement difficile à concevoir et la chasse aux ponts thermiques devrait renforcer la continuité de ces ouvrages. » est une publication trimestrielle de l’Association pour la promotion des métiers de l’étanchéité APMEPROMETHÉE, éditée sous l’égide de la CSFE. 6-14, rue La Pérouse, 75784 Paris cedex 16 Tél. : 01 56 62 13 20 - Fax : 01 56 62 13 21 www.etancheite.com Directeur de la publication : Philippe Driat Comité de rédaction : Catherine Bon, Lise Boussert, Gérard Ceberio, Philippe Driat, Jean Passini, Dominique Royer, Daniel Roys, Alain Sollet, Williams Stassen, Yves Torres, Jacques Tribout, Jean-Claude Zemmour. Abonnement gratuit sur simple demande, tél. : 01 56 62 13 20 Étanchéité.info est éditée par Pyc Édition 16-18, place de la Chapelle, 75018 Paris Tél. : 01 53 26 48 00 - Fax : 01 53 26 48 01 www.pyc.fr Rédaction : Bastien Cany (47 85) [email protected] Julien Meyrat (88 82) [email protected] Secrétaire de rédaction : Barbara Vacher (88 83) [email protected] Rédacteurs graphistes : Régine Carré, François Bordrez Publicité : Jean-François Le Cloirec (48 03) [email protected] Delphine Thimon (88 78) assistante commerciale Impression : Edips (Quetigny) Routage : GL Routage (Quetigny) Dépôt légal à parution Photo de couverture : © JF Chapuis/Smac La face visible de nos métiers i Étanchéité.info a choisi d’éditer cette année un numéro hors série consacré au bardage et aux parements rapportés, c’est parce que nous avons constaté que nos adhérents font partie des acteurs principaux de ce marché en forte évolution. La distinction entre toiture-terrasse et façade est d’ailleurs parfois architecturalement difficile à concevoir et la chasse aux ponts thermiques devrait renforcer la continuité de ces ouvrages. Les points communs entre ces techniques ont amené nombre d’entrepreneurs à valoriser le savoir-faire de leurs équipes en proposant à leurs clients de traiter l’enveloppe du bâtiment dans son ensemble, ou presque. Les façades constituent presque toujours l’élément d’identité le plus fort d’un projet architectural. Participer à la mise en œuvre de cette expression artistique est un projet très valorisant pour les femmes et les hommes qui constituent notre profession, parfois frustrés par le côté souvent masqué de leurs réalisations en matière d’étanchéité. Il ne faut donc pas hésiter à communiquer grâce à cette « vitrine » à l’intention des architectes, maîtres d’œuvre et maîtres d’ouvrage, mais aussi de celles et ceux qui seraient tentés de rejoindre nos métiers. S Aussi, l’évolution de la réglementation thermique et les projets de rénovation pour améliorer les performances énergétiques des bâtiments placent au premier rang l’isolation thermique par l’extérieur et une nouvelle vision des façades ; l’épaisseur de l’isolant est dans la plupart des cas une variable d’ajustement permettant de répondre aux futures exigences. La diversité des matériaux est largement prise en compte dans ce hors série, et nous avons tenté de mettre en évidence la pluralité des applications de ce type de façade qui convient en effet à toutes les catégories de bâtiment. Enfin, consciente de l’importance de ces évolutions, la Fédération française du bâtiment a créé un groupe de travail «Isolation thermique par l’extérieur», qui réunit transversalement plusieurs professions. Particulièrement actif au sein de ce groupe, c’est un de nos membres qui en assure l’animation depuis sa création. À travers ce hors série, nous souhaitions apporter aux uns et aux autres les informations qu’ils pouvaient en attendre aussi bien sur les plans techniques et architecturaux que concernant le marché potentiel. JEAN PASSINI, PRÉSIDENT DE LA CSFE ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 ·3 SOMMAIRE TENDANCES PA G E 1 1 PA N N E A U X S T R AT I F I É S PA G E 2 1 R É A L I S AT I O N S PA G E 2 9 Édito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Actualités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 DOSSIER Design et durable : le bardage a la cote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Les atouts de « l’autre bois » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Dalles rainurées : des pierres taillées pour l’ITE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 R É A L I S AT I O N S Bardage anticorrosion pour la centrale de Flamanville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Des façades mixtes et pédagogiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Un bardage multimatériau pour le premier Castorama écolo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Cabane dans les arbres à Aubervilliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Une ellipse bardée de composite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Exercice de style autour de la terre cuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Une façade revitalisée avec une peau en aluminium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 ·5 ACTUALITÉS > R É N O VAT I O N Un label « Haute performance énergétique » pour les bâtiments existants timents à usage autre qu’habitation. Ils ne réé par décret du 29 septembre Bureaux à Saint-Denis primés dans seront délivrés qu’aux bâtiments ayant fait 2009, ce nouveau label « Haute le cadre du concours Rénovation Bas l’objet d’une certification d’ouvrage porperformance énergétique rénovaCarbone d’EDF. tant sur la sécurité, la durabilité et les tion » est uniquement destiné aux bâticonditions d’exploitation des installations ments achevés après le 1er janvier 1948 et de chauffage, de production d’eau chaude faisant l’objet de travaux de rénovation. sanitaire, de climatisation et d’éclairage ou Les ouvrages concernés devront être encore sur la qualité globale du bâtiment. conformes à un référentiel qui intègre « les Dans les cas des bâtiments autres que ceux exigences de la réglementation thermique d’habitation, un seul niveau est défini : des bâtiments existants prévues dans le « Bâtiment basse consommation rénovaCode de la construction et de l’habitation, tion, BBC rénovation 2009». Il impose de le respect d’un niveau minimal de perforrespecter une consommation conventionmance énergétique globale et de confort nelle d’énergie primaire du bâtiment inféd’été » et, enfin, les contrôles de l’organisme qui délivre le label. Pour les bâtiments à usage rieure ou égale à 40 % de la consommation conventionnelle de d’habitation, deux niveaux de labellisation sont prévus : « Haute référence. Ces labels seront attribués par un organisme ayant passé performance énergétique rénovation, HPE rénovation 2009 » et une convention spéciale avec l’État. Cet organisme devra en outre, « Bâtiment basse consommation énergétique rénovation, BBC ré- à compter du 1er octobre 2010, être accrédité selon la norme novation 2009 ». En revanche, un seul label est défini pour les bâ- EN 45011 par le Comité français d’accréditation (Cofrac). © Artefactory C C O N S T R U C T I O N E X I S TA N T E RETOUR D’EXPÉRIENCE L’isolant exclu Lancement du calcul de la SHOB de l'Observatoire BBC ésormais, la surépaisseur générée par les isolants n’est plus prise en compte dans le calcul de la surface hors œuvre brute (SHOB) lors des opérations d’amélioration thermique ou acoustique d’un bâtiment existant. Le décret du 16 octobre 2009 vient en effet de modifier l'article R.112-2 du Code de l'urbanisme de la façon suivante : « Les surfaces de plancher supplémentaires nécessaires à l'aménagement d'une construction existante en vue d'améliorer son isolation thermique ou acoustique ne sont pas incluses dans la surface de plancher développée hors œuvre brute de cette construction. » Autrement dit : les maîtres d’ouvrage qui lanceront des travaux d’isolation thermique par l’extérieur ne seront plus pénalisés par l’augmentation de la surface de plancher correspondante. En revanche, ce type d’intervention nécessite toujours la demande d’une autorisation pour la modification de la façade. D 6· ors des 3e Rencontres de la performance énergétique, le 19 octobre dernier, l’Ademe, le ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer et l'association Effinergie ont officiellement lancé l’Observatoire Bâtiment basse consommation. Présenté comme une plate-forme de partage des expériences, cet outil disposera d’une base de données répertoriant les projets et les bonnes pratiques en matière de bâtiments BBC. Les professionnels pourront y consulter des descriptifs techniques détaillés avec des éléments de coûts induits, un suivi et une analyse du développement des techniques mises en œuvre pour préparer les évolutions des réglementations et des labels. Pour mémoire : le label BBC d’Effinergie repose sur des valeurs définies par le référentiel de l'association : à savoir un objectif de consommation maximale pour les constructions résidentielles neuves fixé à 50 kWhep/m2/an. Cette valeur a été reprise dans la loi Grenelle 1 et correspondra au niveau d’exigence qui sera retenu pour la réglementation thermique 2012, annoncée applicable dès fin 2010 aux bâtiments publics et tertiaires. L ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 ACTUALITÉS > G R O U P E I S O L AT I O N T H E R M I Q U E PA R L ’ E X T É R I E U R TECHNIQUES SÈCHES GITE : la FFB prône une approche transversale Utiliser les bons termes n le sait : en neuf comme en rénovation, l’isolation thermique par l’extérieur sera demain rendue incontournable par le renforcement de la réglementation (RT 2012 entre autres). C’est pour préparer la généralisation de cette technique dans la construction que la FFB, sous l’impulsion de son président Didier Ridoret et de Jean-Yves Robin, président du Conseil de profession, a constitué un groupe de travail interprofessionnel sur ce sujet. Opérationnel depuis un peu plus d’un an, le Gite rassemble les représentants de onze unions et syndicats de la fédération. « L’ITE suppose une approche forcément transversale. D’abord parce qu’elle recouvre différents types de procédés, de l’enduit mince sur isolant jusqu’aux solutions de bardage en passant par les vêtures et les vêtages. Et ensuite, parce que sa mise en œuvre concerne l’ensemble des corps de métier de la façade : peinture, étanchéité, charpentes mais aussi les menuiseries ou encore les fermetures et les protections solaires… Notre rôle sera aussi de régler au mieux ces questions d’interface », explique Gérard Ceberio, président de ce groupe de travail et membre de la CSFE. En fait, trois objectifs prioritaires ont été fixés par le Gite. Le premier vient d’être atteint avec la récente publication d’un guide de présentation de l’ITE réalisé sous la forme de questions/réponses (voir cidessous). Le deuxième axe de travail vise la rédaction d’un mémento d’aide à la conception des isolations thermiques par l’extérieur à destination des professionnels. Un document en cours de rédaction qui pourrait constituer également à plus long terme le socle de futurs DTU. Enfin, troisième mission : constituer un système de formation et de qualification pour les compagnons. Le cadre choisi est celui des certificats de qualification professionnelle (CQP). Une note d’opportunité à l’attention des pouvoirs publics a d’ores et déjà été rédigée. À terme, deux CQP seront proposés, l’un pour les techniques humides (enduits…), l’autre pour les techniques sèches (bardage…). Bardage, vêture, vêtage… : les mots se ressemblent si bien que même les professionnels s’y perdent parfois. Un point sur les principaux termes en vigueur. O QUESTIONS/RÉPONSES SUR L’ITE Pourquoi isoler par l’extérieur ? L’ITE supprime-t-elle les ponts thermiques ? Faut-il nécessairement changer les fenêtres ? Ou encore, pourquoi prévoir une lame d’air entre l’isolant et le parement dans le cas d’un bardage rapporté ? C’est à travers une trentaine de questions comme celles-ci – accompagnées bien sûr de leurs réponses – que ce guide, édité en octobre par la FFB, revient sur l’essentiel des techniques d’isolation par l’extérieur. Réalisée par le Gite, cette brochure est le résultat de la collaboration de onze corps de métier représentés par les unions et syndicats de la fédération. Son objectif : promouvoir l’ITE en rappelant qu’il est possible d’améliorer les caractéristiques thermiques et esthétiques d’un bâtiment en une seule opération, tout en listant les principales questions à se poser avant d’entreprendre une telle démarche. 8· ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 Bardage : paroi extérieure constituée par l’assemblage d’éléments de grandes dimensions fixés sur une ossature porteuse. Bardage rapporté : système de revêtement extérieur composé d’une peau et d’une ossature (bois, acier galvanisé, aluminium) permettant de rapporter cette peau devant la structure porteuse verticale à protéger. Il peut être associé à une isolation, qui prendra place entre les éléments de l’ossature. L’adjectif « rapporté » est souvent omis. Vêture : dispositif d’isolation faisant appel à des éléments manufacturés, constitués d’une peau extérieure solidaire d’un isolant thermique. La vêture se pose directement sur le support, par fixation mécanique ou, plus rarement, par collage avec un mortier adhésif. Vêtage : système de parement fixé mécaniquement directement sur la structure porteuse, sans ossature intermédiaire. Il peut éventuellement comprendre une isolation thermique (on parle alors de vêtage isolant) et/ou une lame d’air. Lame d’air : espace libre de quelques centimètres entre deux parois parallèles. Située dans le cas du bardage entre la peau extérieure et l’isolant, elle permet la récupération des eaux d’infiltration ou de condensation éventuelle et celle de la vapeur d’eau provenant de l’intérieur. Elle limite les échanges de chaleur par conduction et joue donc un rôle sur le confort thermique. Clin : planche utilisée en bardage, chaque clin recouvrant celui d’en dessous pour assurer l’étanchéité à la pluie. (source : Petit Dicobat – dictionnaire général du bâtiment, Jean de Vigan, éd. Arcature, 1994) DOSSIER > TENDANCES © JF Chapuis/Smac Design et durable : le bardage a la cote Si l’industrie continue de faire la part belle à la tôle acier, le bardage est aussi devenu un moyen de mettre en valeur son bâtiment. Le tertiaire et le logement adoptent désormais cette technique, parfaitement adaptée aux isolations thermique et acoustique, et les façades s’animent de multiples matériaux, mixés entre bois, métal et terre cuite. Entre écologie et design, la façade s’affiche. ongtemps le bardage a souffert d’une mauvaise image. Un système peu onéreux, pratique mais guère valorisant, destiné à habiller des bâtiments industriels, de stockage… Le terme évoquait de grands parallélépipèdes austères, « tout de tôles ondulées vêtus ». Mais, si le temps des « boîtes à chaussures » n’est pas forcément révolu (le « rapide et pas cher » restant attractif), le procédé s’est depuis une quinzaine d’années ouvert au parement de façade. À l’origine de cette évolution, de nouveaux matériaux (composites d’aluminium…) per- L mettant d’obtenir de grandes surfaces planes, sont venus concurrencer une tôle acier certes bon marché mais peu en phase avec les designs de son époque. « Après le nervuré des années quatre-vingt et l’ondulé du début des années 2000, le but est désormais d’obtenir des éléments de grande taille les plus plans possible », analyse David Piantino, directeur marketing chez Corus. D’où le succès de ces panneaux constitués d’une âme de polyéthylène entre deux lames d’aluminium, dont le pionnier fut l’Alucobond. Une fois le brevet de celui-ci tombé dans le domaine public, les fabricants se sont multipliés, faisant chuter les prix du marché. Au point qu’il fut un temps où une façade en composite n’affichait pas un coût beaucoup plus élevé qu’une façade acier, ce dernier ayant parallèlement flambé. Aujourd’hui, il s’en pose environ 250 000 m² par an. Extrêmement souples, usinables, présentant des capacités de pliage et de cintrage sans commune mesure avec la tôle, ces panneaux présentent une excellente tenue au temps et conservent leur rigidité même sur de grandes surfaces. Malgré ses quarante ans d’existence, le système ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 · 11 Faciles à usiner et très rigides, les panneaux en composite d’aluminium sont en phase avec la mode actuelle des grandes surfaces planes. > Le bois est roi Si l’esthétique est importante, elle se superpose à une tendance désormais incontournable : « l’écoconstruction ». Celle-ci est venue donner un second souffle à des matériaux traditionnels que l’on Avec plus de 4 millions de mètres carrés posés chaque année, le bois est en tête des «écomatériaux» de façade. avait perdus de vue, telle la terre cuite ou le bois, et mettre en avant des nouveautés comme les larges plaques de fibres-ciment (de type HardiePanel). L’aspect « durable » des façades est devenu un atout incontestable, et dans ce domaine, le bois est roi. Avec plus de 4 millions de mètres carrés posés chaque année, il a largement bénéficié des dernières déclarations gouvernementales destinées à encourager cette filière. « En © SNA n’en finit plus d’évoluer (nouvelles gammes Wood Design à aspect bois, Anodized Look à effet anodisé, Équinoxe, lame drainante débitable sur chantier…). comptant ses dérivés, ce matériau doit représenter la moitié du bardage total du logement individuel, collectif et bâtiments tertiaires non métalliques. Associé à un isolant performant, c’est une véritable solution d’écoconstruction », confirme Benoît Lefèvre, responsable marketing chez Isover. Essentiellement axé vers le résidentiel et la rénovation (70 % de ses destinations), le bois massif représente les trois quarts de ce marché. « Depuis deux ou trois ans, il y a une grande progression des bardages bois avec une large gamme de produits 100 % écologiques : bardages avec finitions, thermochauffés, traités autoclave ou encore naturellement durables », note Fouad El Azhari, chef de produits des solutions extérieures chez Finnforest. Suivant le marché de la construction bois, lui-même évoluant de 3 à 4% par an, ce matériau revient en ce moment vers des couleurs naturelles. Les lasures dans des tons «bois sombre», exotiques, reviennent en force. De même, le fabricant a développé des bardages traités autoclave (résistants aux agents fongiques et insectes) dans une couleur marron, loin du vert traditionnellement associé à ce traitement. © Ecobat 77 © JF Chapuis/Smac DOSSIER > > ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 · 13 DOSSIER > © JF Chapuis/Smac des HLM, s’est depuis étendue au tertiaire (centres commerciaux, bureaux…) et semble depuis un an ou deux intéresser de plus en plus les maîtres d’œuvre publics : médiathèques, patinoires, piscines… le public suit actuellement la tendance HQE et donne l’exemple. Après beaucoup de réhabilitation, la moitié des travaux concerne aujourd’hui le neuf. Soit environ 400 000 m² de bardage terre cuite posés par an. Un produit qui s’éloigne de ses teintes classiques oranges, ocre, rouges… pour retourner vers des noirs, gris, voire un aspect émaillé de plus en plus demandé par les prescripteurs. > L’évolution du profilé acier Revenue à la mode avec la réhabilitation des HLM, la terre cuite intéresse de plus en plus le public (médiathèques, patinoires…). Matériaux écolos à l’honneur « L’autre » bois aussi subit cette multiplication des teintes. Fundermax, l’un des principaux fournisseurs de stratifié compact, proposait cinq ou six essences différentes il y a quelques années : son catalogue en compte aujourd’hui seize et un large panel d’irisés, métalliques, unis, personnalisables… Le fabricant entend bien continuer à élargir encore sa gamme. « Le bois est toujours très “tendance”, constate Marie Berland, directrice commerciale chez Fundermax. Les clients aiment le bois véritable, mais ils en comprennent les contraintes et optent finalement pour le stratifié compact. » Les grands modules à poser en horizontal comme en vertical sont plébiscités aussi bien par les offices HLM que par les grands centres commerciaux, le tertiaire et les hôpitaux. De son côté la terre cuite, revenue à la mode avec la réhabilitation Plus rares, d’autres matériaux tirent les marrons du «feu à la planète». Ainsi le zinc, métal naturel, recyclable quasiment à 100% et ne nécessitant pas d’entretien, est à l’honneur dans plusieurs projets de logements, mais aussi d’écoles. Le cuivre, tout aussi recyclable, multiplie pour sa part les teintes en jouant sur ses deux atouts, les alliages et la patine : de l’orangé naturel à la classique oxydation vert-de-gris, en passant par des bronzes et des laitons dorés, bruns ou rouges. L’acier n’en a pas pour autant dit son dernier mot, avec quelque 5 à Tous les artisans du métal le savent, l’inox est un matériau très difficile à travailler, et pas seulement en termes de façonnage : « L’effet miroir présente des avantages mais aussi des inconvénients, et les problèmes de pose liés à la structure, à de petits défauts d’alignement des supports, sont mis en évidence de façon exponentielle dès qu’on travaille avec des façades miroirs », explique Philippe Dumay, directeur général de Face SA. Il semble pourtant y avoir un retour de ce matériau, qui en plus de ses qualités esthétiques permet de réduire les épaisseurs par rapport à l’aluminium pour un coût sensiblement égal. Autre avantage : la durabilité. L’acier inoxydable résiste bien aux environnements agressifs (bords de mer, zones industrielles) et, moyennant un entretien qui se limite à un rinçage annuel à l’eau, il garde indéfiniment ses propriétés mécaniques et esthétiques. « Le retour sur investissement se fait à long terme sur l’entretien », confirme Christophe Poble, dirigeant de Look Façade, une entreprise de conseil en matériaux de construction. 14 · ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 © Arval L ’ I N O X : D É L I C AT M A I S D U R A B L E © Rheinzink > 6 millions de mètres carrés posés par an. « Dans le domaine du bâtiment de stockage, industriel et commercial, soit 70 à 80 % de notre activité, notre part de marché demeure à peu près stable », commente Pascal Magain, directeur commercial chez Arval. Pour préserver l’intérêt architectural, le profilé métallique connaît quelques évolutions de forme : « On voit de plus en plus apparaître une recherche de dissymétrie dans le profil. Ainsi, on peut trouver un profil trapézoïdal classique, mais dont l’onde centrale est cinq fois plus profonde. » En outre, les produits de bardage en tôle n’affichent plus systématiquement une largeur fixe et peuvent Métal naturel et 100% recyclable, le zinc est à l’honneur dans plusieurs projets de logements, d’écoles… s’adapter aux desiderata des architectes, qui peuvent désormais travailler dans deux dimensions au lieu d’une. Des originalités géométriques de plus en plus réclamées, même si en ce qui concerne les sites industriels, les classiques se maintiennent. « Dans le registre de la base logistique, ce sera toujours pareil : “moins cher”, et en variante : “encore moins cher” », rappelle David Piantino. Mais même dans ce domaine, la tendance est passée du «tout acier» il y a encore trois ans à des mixages intégrant des matières « naturelles » : « La zone d’entrepôt sera traitée avec des bardages métalliques traditionnels, en jouant sur les formes trapézoïdales ou sinusoïdales, cite à titre d’exemple Philippe Dumay, directeur général DOSSIER > Cas particulier émergeant lentement : le bardage ajouré. Les panneaux usinés, présentant des découpes laissant passer la lumière, viennent jouer un rôle de surfaçade devant des éléments vitrés. « Cette technique permet d’apporter des solutions brisesoleil sur des zones de bureaux, ou encore de dissimuler les zones techniques sur les façades de bâtiments de distribution, de type Ikea… », précise Philippe Dumay, directeur général de Face SA. Une tendance architecturale qui se dégage depuis deux à trois ans et permet de rompre avec la monotonie d’une façade, mais aussi de limiter les apports thermiques. Reste un inconvénient : « Il n’est pas possible de travailler avec de l’acier nu, la technique nécessitant des matériaux bénéficiant d’une bonne tenue dans le temps, même perforés, comme l’inox ou l’aluminium », signale Pascal Magain, d’Arval. 16 · de Face SA, tandis que les bureaux et les entrées seront bardés de bois ou de terre cuite, éventuellement mixés. » D’où l’évolution logique de l’acier vers des surfaces rappelant ces aspects nobles : chez Arval, notamment, un développement du nuancier a été permis grâce au travail effectué avec les fournisseurs de laques. « L’objectif est de permettre à un architecte ou à un maître d’ouvrage de s’orienter vers le métal alors qu’il aurait plutôt tendance à envisager un autre matériau, indique Pascal Magain. Pour des applications tertiaires, par exemple, nous proposons des revêtements laqués qui offrent des états de surface mats permettant de procurer un aspect naturel. » Les « autres » isolations Au-delà du prestige tout produit à connotation « durable », le bardage est aussi un procédé technique offrant des avantages. « Avec ses deux peaux en acier et son isolant souple au milieu, il est idéal pour créer un système masse-ressortmasse amortissant les bruits », explique David Piantino. Entre la nouvelle réglementation acous- ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 tique (visant l’habitat) et les réglementations concernant la gestion du bruit et des pollutions sonores en bâtiments industriels, les exigences en termes d’absorption et d’isolation phonique vont croissant : effets de réverbération, décroissance spatiale… se retrouvent désormais régulièrement dans les cahiers des charges. « Si elle n’est pas encore suivie de façon aussi assidue que la RT 2005, la réglementation acoustique est de plus en plus prise au sérieux », confirme Gilles Guyoton, chef de marché étanchéité/bardage chez Rockwool. Autre élément portant le marché : la réglementation incendie. Déjà requise entre autres pour les établissements recevant du public (article AM8), la résistance au feu une demi-heure à deux heures (dans le cas des ICPE par exemple) est souvent réclamée pour les édifices industriels. Les assureurs exigent des performances plus importantes, ce qui devrait conduire les solutions panneaux sandwich en mousse alvéolaire (polyuréthanne, polyisocyanurate) à être dans le meilleur des cas largement pénalisées. > LAISSEZ ENTRER LE SOLEIL… La future RT 2012 rend l’ITE incontournable, certains bâtiments comme le nouveau siège social d’Abalone (Saint-Herblain) l’intègrent d’office. Cet édifice sera le premier bâtiment à énergie positive du Grand Ouest. DOSSIER > geant du fabricant de vêture et cassettes Laude. Le marché de l’ITE affiche actuellement une croissance à deux chiffres : les bâtiments acier étaient les principaux demandeurs, mais désormais les ouvrages en béton y voient un intéressant moyen de limiter les ponts thermiques. Sans compter que le bardage est également une véritable panacée en termes de mise aux normes dans le cadre de la réhabilitation. La laine de roche s’impose donc, en panneaux sandwich comme le Decaroc (Isocab) ou en bardage avec les panneaux Rockbardage (Rockwool), proposant des réactions au feu A1 (incombustibles). Effet « Al Gore » ? © Rockwool En ligne de mire : la RT 2012 > Mais l’aspect prioritaire pour beaucoup de maîtres d’ouvrage reste l’isolation thermique. « C’est peut-être l’effet “Al Gore”, mais alors que la RT 2000 n’avait pas été très suivie, presque tout le monde demande désormais des bâtiments conformes à la RT 2005 », remarque David Piantino. Plus vraisemblablement, l’annonce à grands renforts de « Grenelle » d’une réglementation thermique 2012 encore plus draconienne a changé la donne. « Au vu des projets programmés en 2010, on constate que le privé tend de plus en plus à intégrer l’ITE, sans doute pour anticiper la RT 2012, remarque Marie Berland, de Fundermax. Jusqu’à l’année dernière, nos ventes concernaient à 70 % le public. » Ce dernier semble en avance sur l’application des réglementations thermiques et à la recherche de pérennité. La tendance est toutefois en train de basculer, le privé prenant de plus en plus conscience de la situation : Outre les épaisseurs d’isolant, les fabricants travaillent également sur des systèmes capables de réduire les ponts thermiques comme ces panneaux en laine de roche permettant de recouvrir jointivement les lèvres des plateaux intérieurs. «Sur dix ans, la façade s’est beaucoup généralisée et elle va continuer à prendre des parts de marché car elle offre une vraie solution en matière d’isolation thermique par l’extérieur», commente Xavier Vanneaud, diri- L E S F I X AT I O N S S U I V E N T L E R Y T H M E Les fixations elles aussi évoluent, notamment avec un filet sous tête. Ainsi les systèmes d’isolation de type Cladisol (Isover) ou Rockbardage (Rockwool) ont-ils nécessité le développement d’éléments spécifiques (par SFS Intec, Etanco…), permettant de maintenir un écart de 40 mm entre l’extrémité des lèvres des plateaux et la peau extérieure, voire 60 mm dans le cas du système à haute performance énergétique Rockbardage nu Energy. Autre évolution à l’aspect purement esthétique cette fois : les têtes Irius (SFS Intec), semblables à des boutons thermolaqués et remplaçant avantageusement les hexagones d’antan. Elles restent démontables, mais moins qu’une vis hexagonale classique, ce qui est un plus en matière de sécurité. Christophe Borel, responsable commercial de la division Fastening Systems chez SFS Intec, souligne : « L’augmentation de l’épaisseur des isolants, qui viendra avec la RT 2012, impliquera des fixations plus longues. Les systèmes doivent évoluer et être coordonnés avec les innovations des fabricants de produits de bardage. » 18 · ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 Prochain objectif : la RT 2012. La nouvelle réglementation imposera notamment des isolations plus importantes : « On voit de plus en plus du 120, voire du 150 mm », confirme Xavier Vanneaud. Ce qui signifie des parements avec un porte-à-faux conséquent, et donc des inconvénients, ne serait-ce qu’au niveau des règles parasismiques. Les panneaux légers, faciles à poser, ne risquent donc pas de voir leur cote baisser. De leur côté, les fournisseurs d’isolants répondent en proposant des matériaux plus performants (abaissant les conductivités thermiques jusqu’à 0,032 W/m.K et réduisant ainsi les épaisseurs requises) et des accessoires et méthodes de mise en œuvre améliorant les performances de l’ensemble (lire encadré). « Nous sommes passés d’une logique de produit à une logique de système complet avec accessoires, augmentant les performances thermiques du tout », commente Benoît Lefèvre, d’Isover. Le but étant d’atteindre, sans en core bien les connaître, les objectifs de la RT 2012 pour le neuf, et des performances supérieures permettant d’accéder au crédit d’impôt ou à des aides pour la rénovation de logements. JM DOSSIER > PA N N E A U X S T R AT I F I É S Les atouts de « l’autre bois » Aussi adapté au bardage qu’au vêtage, le stratifié se développe tous azimuts. Facile à manier, usinable sur site, sa pose peut s’effectuer avec fixations invisibles apportant un gain esthétique indéniable. Zoom sur une technique pérenne qui profite de la vague « durable ». ntre la réglementation thermique qui incite à l’isolation par l’extérieur et l’engouement actuel pour le « naturel » dans l’architecture, le bois revient en force s’afficher en façade. Si cette tendance a dopé le marché du bois massif, on trouve dans son sillage un autre produit qui tire joliment son épingle du jeu, le stratifié. Seul point commun entre ces deux matériaux : la cellulose. Et pourtant, les panneaux stratifiés profitent pleinement aujourd’hui de la vague « verte ». « Le marché a explosé, confirme Marie Berland, directrice commerciale de Fundermax. En trois ans, nos ventes ont progressé de 300 %. » Pérenne, léger, ne nécessitant pas de traitement et débitable sur place (voir encadré), le stratifié s’adapte facilement à de multiples applications : gardecorps, sous-faces, brise-soleil, séparatifs de balcon, auvents… Dans le domaine du parement de façade, il se prête aussi bien au vêtage qu’au bardage. Le vêtage, c’est-à-dire la fixation directe sur le support sans ossature intermédiaire réglable, est particulièrement intéressant dans un cas de réhabilitation sur ancien isolant. En effet, il présente l’avantage de pincer l’ancien complexe sans nécessiter de purge complète, même si celui-ci n’est plus parfaitement adhérent. Meilleur marché, le > © GCEB © Trespa E Grâce à une palette de teintes très large (bois, uni…), le stratifié se prête à de multiples applications en façade. vêtage réclame toutefois un support parfaitement plan et ne permet pas d’atteindre les performances thermiques du bardage, les épaisseurs d’isolant (polystyrène) et de la lame d’air étant limitées. Le bardage, pour sa part, permet l’utilisation de laines minérales non hydrophiles, rigides ou semirigides. Une lame d’air d’au moins 20 mm est ménagée entre le dos de la peau stratifiée et la couche isolante, ventilée par la circulation d’air entre rives basse (entrée d’air par tôles perforées) et haute (sortie d’air sous couvertine et bavette goutte d’eau). Avec ses possibilités de réglage, ce système permet en outre de s’adapter aux défauts de planéité du support. Pose de grands formats La solution « fixations visibles » consiste à fixer les panneaux stratifiés par des vis ou des rivets qui, bien que laqués dans la même teinte que ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 · 21 > DOSSIER > Système de fixation invisible par cavalier au dos du panneau. les éléments, apparaîtront sur le parement final. Selon le type d’ossature (bois ou métallique), on choisira des diamètres d’attaches différents, en tenant compte de la dilatation du matériau pour ce qui est de la tête de fixation : le stratifié étant sensible à la chaleur (voir encadré), l’installation de chaque panneau nécessite un point fixe (trou de 5 mm) et plusieurs points dilatables (trous de 8 à 10 mm). Les têtes doivent donc être suffisamment larges pour dissimuler la totalité de la perforation. Cette technique autorise la pose de très grands formats (les dernières innovations atteignant 4270×2130mm). > Système de clips s’insérant dans les rainures des chants. > Ces dernières années, des systèmes de fixation invisibles ont fait leur apparition chez trois des principaux fournisseurs (Trespa, Fundermax et Vétisol). Trois techniques différentes permettent de dissimuler la fixation du parement de façade. La première consiste à installer des inserts au dos des éléments stratifiés. Les trous recevant la future fixation sont réalisés par un façonnier agréé, puis le cavalier posé sur chantier derrière le panneau s’emboîte dans un rail alu- © Batex Fixations invisibles Les nombreux formats et la possibilité d’usiner les panneaux permettent de varier les modénatures. minium, lui-même rattaché à la structure primaire. Le deuxième système assure la fixation via des rainures au niveau des chants supérieurs et inférieurs des panneaux. Quant au troisième système, il se fixe avec des clips en inox reposant, eux aussi, sur un rail aluminium relié à la structure primaire MILLEFEUILLE DE CELLULOSE > Un panneau stratifié est un millefeuille de cellulose imprégné de résine thermodurcissable à cœur, puis pressé à chaud à haute pression. Il résiste aux ultraviolets et aux graffitis (nettoyable à l’acétone) et se décline en une large palette de teintes (irisées, minérales, unies, bois, personnalisables…). Le matériau est léger (de 8 à 20 kg/m2) et, surtout, ne nécessite pas d’entretien particulier. En revanche, il possède un taux de dilatation thermique assez élevé (de 1,5 à 5 mm/m), un phénomène dont la mise en œuvre doit tenir compte. Les formats varient selon la presse utilisée, les plus courants étant 4 200/3 660/2 500 × 2 070/1 850 mm et 2 440/2 500 × 1 220/1 550/1 850 mm. Le produit lui-même étant imputrescible au niveau du noyau comme en surface, il peut être percé et usiné à loisir sur chantier. Dans ce registre, le nerf de la guerre est le taux de chute, qui peut facilement passer du simple au double si la découpe n’est pas optimisée. Des façonniers agréés peuvent se charger de cette opération en atelier, sous réserve d’une organisation précise : repérage des panneaux, palettisation par zone sur le chantier et, bien entendu, prise de cotes au millimètre. Pose façon clins. 22 · ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 et venant s’insérer au niveau des chants. Les contraintes de dilatation limitent toutefois les dimensions des panneaux installés de cette façon, en particulier en ce qui concerne les hauteurs maximales (600 à 900mm selon l’épaisseur). Suivant le système, les joints de panneaux peuvent être ouverts, mi-bois ou fermés à l’aide d’un profil PVC. Voisine de cette technique, la pose façon clins est également disponible pour le vêtage et le bardage (deux fournisseurs disposent de l’Avis technique). Des cavaliers reposant sur les chants supérieurs des panneaux s’insèrent dans la rainure inférieure du panneau précédent, permettant ainsi le recouvrement des éléments. Si l’on ajoute à ces diverses poses les possibilités offertes par la taille des grands modules, que l’on peut installer horizontalement comme verticalement, et les multiples teintes, c’est tout une nouvelle tendance architecturale que l’on JM voit apparaître. > Le matériau © GCEB s’adapte à de nombreuses applications comme les brise-soleil, les auvents… 23 DOSSIER > DALLES RAINURÉES Des pierres taillées pour l’ITE Loin d’être un produit récent sur le marché des revêtements de façade, la pierre rainurée est pourtant aujourd’hui au début d’un nouveau cycle de développement. La généralisation de l’isolation thermique par l’extérieur lui offre des perspectives inédites de croissance, aussi bien en neuf qu’en rénovation. e produit existe déjà depuis une trentaine d’années. Et pourtant, les parements de façade en pierre rainurée semblent encore loin d’avoir exploité leur potentiel. « La faute au retard français en matière d’isolation thermique par l’extérieur, estime aujourd’hui Gilles Frénois, le PDG de Vétisol, si la RT 2005 a suscité un nouvel intérêt pour cette technique d’isolation dans la construction neuve, nous attendons beaucoup de la future réglementation thermique qui rendra l’ITE incontournable pour nombre de bâtiments. » Logements collectifs, immeubles de bureaux, bâtiments publics : sur leurs marchés traditionnels, ces dalles en pierre naturelle ou en mortier de résine ont su au fil des ans s’adapter aux nouvelles tendances architecturales. À commencer par les formats : « Il y a une dizaine d’années encore, la plupart des fabricants ne proposaient que des tailles standard, généralement 600 x 600 mm, indique Gille Frénois. Depuis, nous avons dû répondre à l’engouement des concepteurs pour les grandes dimensions avec des dalles pouvant atteindre jusqu’à 1 500 mm de longueur. » Parallèlement, les produits ont également évolué vers des aspects de surface plus structurés imitant les textures de la pierre, à l’instar des gammes Acantha et Arthema proposées par Carea. Des 24 · © GCEB L > © Carea > Exemple de rénovation de façades avec une pose en vêtage de dalles en marbre reconstitué (Vétisol). Avec ce mode de mise en œuvre, les lisses de support sont fixées directement dans la structure porteuse sans ossature primaire. Il existe plusieurs variantes de lisses permettant de réaliser des joints larges ou des joints creux entre dalles pouvant aller jusqu’à 20 mm. ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 © Carea En 2006, 850 m² de dalles en pierre rainurées ont été mis en place dans le cadre de la rénovation du siège de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) à Angers (49). > formes cintrées en usine ont également fait leur apparition. Mais c’est aussi et surtout sur un plan technique que ces parements présentent de nombreux avantages. Munies de rainures sur leurs champs horizontaux, les dalles se posent par simple emboîtement sur des lisses en forme de rail. Un mode de mise en œuvre parfaitement adapté aux logiques de construction en filière sèche. Pour les concepteurs, cette technique offre de plus l’intérêt de pouvoir jouer sur la mixité des matériaux tout en conservant le même principe de fixation et d’ossature. Il est ainsi courant de voir ces dalles associées sur une même façade à des revêtements métalliques ou à des panneaux en bois. > En 30 ans, les produits ont dû s’adapter à de nouvelles demandes architecturales. Désormais, certaines dalles en matériau minéral composite permettent la réalisation de parements courbes. > En réfection, ce système a également la capacité de s’adapter aux façades existantes qui peuvent être traitées en bardage ou en vêtage. C’est d’ailleurs aujourd’hui l’un de ses points forts, au moment où justement le marché de la rénovation thermique décolle sous l’effet de la RT « existant » et du Grenelle de l’environnement – 400 000 logements par an devraient être rénovés à compter de 2013. Sur ce type d’opération, les dalles sont la plupart du temps installées en bardage rapporté afin de récréer un support plan. La méthode consiste alors à mettre en place une ossature formant un réseau vertical, constitué le plus souvent de chevrons ou de profilés métalliques. Ces derniers sont solidarisés à la structure porteuse à l’aide de pattes de fixation (équerre ou étrier en U). Parmi les dispositifs les plus fréquemment rencontrés : l’ossature aluminium © Carea Des aptitudes naturelles pour la rénovation Configuration classique d’un bardage avec des revêtements rainurés sur une ossature métallique. qui permet de concevoir un système en libre dilatation reposant sur un principe d’assujettissement au gros-œuvre. Dans ce cas de figure, les fixations se font de deux manières. Premièrement, au moyen de points fixes afin de reprendre les charges verticales (poids propres des matériaux) et les efforts dus au vent. Et deuxièmement, par l’intermédiaire de points coulissants permettant la dilatation de l’ossature et n’assurant que leur part de reprise des efforts liés au vent. Grâce à cette technique, les dalles rainurées occupent désormais une position confortable sur le créneau de la rénovation et en ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 · 25 La réfection des façades légères de cet immeuble de logements a nécessité la mise en place d’une ossature en tubes aluminium fixés sur les nez de plancher. En allège, un dispositif de chevêtre en aluminium reprend le parement en dalles rainurées. > particulier sur la réfection des façades légères. Sur ces structures où les points d’ancrage se limitent au nez de plancher, les profilés d’ossature peuvent atteindre jusqu’à 3 mètres de portée. D’où l’obligation de recourir à des tubes aluminium présentant une inertie suffisante pour satisfaire aux conditions de flèche. Implantés de part et d’autre des baies, ces tubes verticaux assurent la reprise de profilés horizontaux constituant des chevêtres au droit des allèges. Ce squelette d’aluminium sert ensuite de support aux lisses sur lesquelles viennent s’insérer les parements en pierre. Comme toujours en bardage, la mise en place de l’isolant réclame un soin particulier, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de laine minérale. Mal positionnées, les chevilles de maintien peuvent en effet entraîner le relèvement des bords libres de l’isolant avec à la clé une dégradation des performances thermiques, voire une obturation de la lame d’air. Par ailleurs, cette lame d’air doit être compartimentée horizontalement afin d’une part d’entraver la propagation du © GCEB DOSSIER > feu et d’autre part de réduire la vitesse de circulation de l’air susceptible d’engendrer des vibrations. La même précaution s’applique verticalement où une séparation par tôle métallique est nécessaire pour éviter les effets de pression/ dépression entre deux façades de part et d’autre d’un angle de bardage. M O R T I E R D E P O LY E S T E R O U P I E R R E N AT U R E L L E Généralement réalisées à partir d’un mortier de polyester associé à des granulats de marbre (Cristo, Vetisol) ou à des charges minérales (Carea), les dalles rainurées affichent des longueurs allant de 300 mm à 1 800 mm pour des épaisseurs comprises entre 10 et 20 mm. Toutes disposent sur les rives de leurs ailes hautes et basses d’une rainure façonnée en usine qui permet ensuite de les positionner sur les lisses horizontales. La mise en œuvre débute toujours par l’installation de la lisse de départ en pied de façade dont le réglage conditionne l’alignement des rangées supérieures. Cette pose s’effectue façon « pierre » avec un joint vertical entre dalles, filant ou discontinu. Dans le cas des produits en pierre naturelle, les dalles ne s’insèrent pas directement dans les lisses aluminium mais sont maintenues par l’intermédiaire d’attaches ponctuelles (procédé Veticlip, Vetisol). Ces clips rendent les plaques indépendantes entre elles et absorbent toutes les contraintes que les pierres peuvent subir. 26 · ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009 Plus économique mais aussi plus exigeant en termes de qualité de support, la pose en vêtage est également possible avec ce type de dalles. Pas d’ossature primaire dans cette configuration. Les lisses sont en effet directement solidarisées avec la structure porteuse. Dans le cas d’un vêtage avec isolant, contrairement au bardage, l’isolation est assurée par des panneaux en polystyrène qui offrent une meilleure assise pour la fixation des lisses. Toutefois, les avis techniques limitent les épaisseurs de manière à ne pas générer d’effets bras de levier trop importants sur les chevilles de fixation. Côté mise en œuvre en revanche, la pose des parements reste similaire dans les deux techniques de bardage et de vêtage. Toutes deux reposent sur le même principe de mur-manteau. En s’imposant aujourd’hui dans le bâtiment, ce concept d’isolation pourrait demain offrir une seconde jeunesse aux dalles rainurées, trois décennies après leur lancement sur BC le marché.