Spécial bardage

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Spécial bardage
hors série
Étanchéité INFO
L E M A G A Z I N E D E S P R O F E S S I O N N E L S D E L’ É T A N C H É I T É E T D E L’ I S O L A T I O N w w w . e t a n c h e i t e . c o m
N O V E M B R E
2 0 0 9
Spécial bardage
Le marché, les matériaux, les réalisations…
ISSN : 1958-3575
ÉDITO >
« La distinction entre
toiture-terrasse
et façade est parfois
architecturalement
difficile à concevoir
et la chasse aux
ponts thermiques
devrait renforcer
la continuité de
ces ouvrages. »
est une publication trimestrielle
de l’Association pour la promotion
des métiers de l’étanchéité APMEPROMETHÉE, éditée sous l’égide
de la CSFE.
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Edips (Quetigny)
Routage :
GL Routage (Quetigny)
Dépôt légal à parution
Photo de couverture :
© JF Chapuis/Smac
La face visible de nos métiers
i Étanchéité.info a choisi d’éditer
cette année un numéro hors
série consacré au bardage et
aux parements rapportés, c’est parce
que nous avons constaté que nos
adhérents font partie des acteurs principaux de ce marché en forte évolution.
La distinction entre toiture-terrasse et
façade est d’ailleurs parfois architecturalement difficile à concevoir et la
chasse aux ponts thermiques devrait
renforcer la continuité de ces ouvrages.
Les points communs entre ces
techniques ont amené nombre d’entrepreneurs à valoriser le savoir-faire de
leurs équipes en proposant à leurs
clients de traiter l’enveloppe du bâtiment dans son ensemble, ou presque.
Les façades constituent presque toujours l’élément d’identité le plus fort
d’un projet architectural. Participer à
la mise en œuvre de cette expression
artistique est un projet très valorisant
pour les femmes et les hommes qui
constituent notre profession, parfois
frustrés par le côté souvent masqué de
leurs réalisations en matière d’étanchéité. Il ne faut donc pas hésiter à
communiquer grâce à cette « vitrine »
à l’intention des architectes, maîtres
d’œuvre et maîtres d’ouvrage, mais
aussi de celles et ceux qui seraient tentés de rejoindre nos métiers.
S
Aussi, l’évolution de la réglementation
thermique et les projets de rénovation
pour améliorer les performances énergétiques des bâtiments placent au
premier rang l’isolation thermique par
l’extérieur et une nouvelle vision des
façades ; l’épaisseur de l’isolant est
dans la plupart des cas une variable
d’ajustement permettant de répondre
aux futures exigences.
La diversité des matériaux est largement prise en compte dans ce hors
série, et nous avons tenté de mettre en
évidence la pluralité des applications
de ce type de façade qui convient en effet à toutes les catégories de bâtiment.
Enfin, consciente de l’importance de
ces évolutions, la Fédération française
du bâtiment a créé un groupe de travail
«Isolation thermique par l’extérieur»,
qui réunit transversalement plusieurs
professions. Particulièrement actif au
sein de ce groupe, c’est un de nos
membres qui en assure l’animation depuis sa création.
À travers ce hors série, nous souhaitions apporter aux uns et aux autres
les informations qu’ils pouvaient en
attendre aussi bien sur les plans techniques et architecturaux que concernant le marché potentiel.
JEAN PASSINI, PRÉSIDENT DE LA CSFE
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
·3
SOMMAIRE
TENDANCES
PA G E 1 1
PA N N E A U X S T R AT I F I É S
PA G E 2 1
R É A L I S AT I O N S
PA G E 2 9
Édito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Actualités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
DOSSIER
Design et durable : le bardage a la cote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Les atouts de « l’autre bois » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Dalles rainurées : des pierres taillées pour l’ITE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
R É A L I S AT I O N S
Bardage anticorrosion pour la centrale de Flamanville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Des façades mixtes et pédagogiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Un bardage multimatériau pour le premier Castorama écolo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Cabane dans les arbres à Aubervilliers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Une ellipse bardée de composite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Exercice de style autour de la terre cuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Une façade revitalisée avec une peau en aluminium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
·5
ACTUALITÉS >
R É N O VAT I O N
Un label « Haute performance énergétique »
pour les bâtiments existants
timents à usage autre qu’habitation. Ils ne
réé par décret du 29 septembre
Bureaux à Saint-Denis primés dans
seront délivrés qu’aux bâtiments ayant fait
2009, ce nouveau label « Haute
le cadre du concours Rénovation Bas
l’objet d’une certification d’ouvrage porperformance énergétique rénovaCarbone d’EDF.
tant sur la sécurité, la durabilité et les
tion » est uniquement destiné aux bâticonditions d’exploitation des installations
ments achevés après le 1er janvier 1948 et
de chauffage, de production d’eau chaude
faisant l’objet de travaux de rénovation.
sanitaire, de climatisation et d’éclairage ou
Les ouvrages concernés devront être
encore sur la qualité globale du bâtiment.
conformes à un référentiel qui intègre « les
Dans les cas des bâtiments autres que ceux
exigences de la réglementation thermique
d’habitation, un seul niveau est défini :
des bâtiments existants prévues dans le
« Bâtiment basse consommation rénovaCode de la construction et de l’habitation,
tion, BBC rénovation 2009». Il impose de
le respect d’un niveau minimal de perforrespecter une consommation conventionmance énergétique globale et de confort
nelle d’énergie primaire du bâtiment inféd’été » et, enfin, les contrôles de
l’organisme qui délivre le label. Pour les bâtiments à usage rieure ou égale à 40 % de la consommation conventionnelle de
d’habitation, deux niveaux de labellisation sont prévus : « Haute référence. Ces labels seront attribués par un organisme ayant passé
performance énergétique rénovation, HPE rénovation 2009 » et une convention spéciale avec l’État. Cet organisme devra en outre,
« Bâtiment basse consommation énergétique rénovation, BBC ré- à compter du 1er octobre 2010, être accrédité selon la norme
novation 2009 ». En revanche, un seul label est défini pour les bâ- EN 45011 par le Comité français d’accréditation (Cofrac).
© Artefactory
C
C O N S T R U C T I O N E X I S TA N T E
RETOUR D’EXPÉRIENCE
L’isolant exclu
Lancement
du calcul de la SHOB de l'Observatoire BBC
ésormais, la surépaisseur générée par les isolants n’est plus prise en compte dans le calcul
de la surface hors œuvre brute (SHOB) lors des
opérations d’amélioration thermique ou acoustique
d’un bâtiment existant. Le décret du 16 octobre 2009
vient en effet de modifier l'article R.112-2 du Code de
l'urbanisme de la façon suivante : « Les surfaces de plancher supplémentaires nécessaires à l'aménagement d'une
construction existante en vue d'améliorer son isolation
thermique ou acoustique ne sont pas incluses dans la
surface de plancher développée hors œuvre brute de cette
construction. » Autrement dit : les maîtres d’ouvrage qui
lanceront des travaux d’isolation thermique par
l’extérieur ne seront plus pénalisés par l’augmentation de
la surface de plancher correspondante. En revanche, ce
type d’intervention nécessite toujours la demande d’une
autorisation pour la modification de la façade.
D
6·
ors des 3e Rencontres de la performance énergétique, le 19 octobre dernier, l’Ademe, le ministère de l’Écologie, de l’Énergie,
du Développement durable et de la Mer et l'association
Effinergie ont officiellement lancé l’Observatoire Bâtiment basse
consommation. Présenté comme une plate-forme de partage des expériences, cet outil disposera d’une base de données répertoriant les
projets et les bonnes pratiques en matière de bâtiments BBC. Les professionnels pourront y consulter des descriptifs techniques détaillés
avec des éléments de coûts induits, un suivi et une analyse du développement des techniques mises en œuvre pour préparer les évolutions
des réglementations et des labels. Pour mémoire : le label BBC
d’Effinergie repose sur des valeurs définies par le référentiel de
l'association : à savoir un objectif de consommation maximale pour les
constructions résidentielles neuves fixé à 50 kWhep/m2/an. Cette
valeur a été reprise dans la loi Grenelle 1 et correspondra au niveau
d’exigence qui sera retenu pour la réglementation thermique 2012,
annoncée applicable dès fin 2010 aux bâtiments publics et tertiaires.
L
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
ACTUALITÉS >
G R O U P E I S O L AT I O N T H E R M I Q U E PA R L ’ E X T É R I E U R
TECHNIQUES SÈCHES
GITE : la FFB prône une approche
transversale
Utiliser les
bons termes
n le sait : en neuf comme en rénovation, l’isolation thermique par
l’extérieur sera demain rendue incontournable par le renforcement de la
réglementation (RT 2012 entre autres). C’est pour préparer la généralisation de cette technique dans la construction que la FFB, sous l’impulsion de
son président Didier Ridoret et de Jean-Yves Robin, président du Conseil de profession, a constitué un groupe de travail interprofessionnel sur ce sujet.
Opérationnel depuis un peu plus d’un an, le Gite rassemble les représentants de
onze unions et syndicats de la fédération. « L’ITE suppose une approche forcément
transversale. D’abord parce qu’elle recouvre différents types de procédés, de l’enduit
mince sur isolant jusqu’aux solutions de bardage en passant par les vêtures et les
vêtages. Et ensuite, parce que sa mise en œuvre concerne l’ensemble des corps de métier de la façade : peinture, étanchéité, charpentes mais aussi les menuiseries ou
encore les fermetures et les protections solaires… Notre rôle sera aussi de régler au
mieux ces questions d’interface », explique Gérard Ceberio, président de ce groupe
de travail et membre de la CSFE. En fait, trois objectifs prioritaires ont été fixés
par le Gite. Le premier vient d’être atteint avec la récente publication d’un guide
de présentation de l’ITE réalisé sous la forme de questions/réponses (voir cidessous). Le deuxième axe de travail vise la rédaction d’un mémento d’aide à la
conception des isolations thermiques par l’extérieur à destination des professionnels. Un document en cours de rédaction qui pourrait constituer également
à plus long terme le socle de futurs DTU. Enfin, troisième mission : constituer un
système de formation et de qualification pour les compagnons. Le cadre choisi
est celui des certificats de qualification professionnelle (CQP). Une note
d’opportunité à l’attention des pouvoirs publics a d’ores et déjà été rédigée.
À terme, deux CQP seront proposés, l’un pour les techniques humides
(enduits…), l’autre pour les techniques sèches (bardage…).
Bardage, vêture, vêtage… : les mots
se ressemblent si bien que même
les professionnels s’y perdent parfois.
Un point sur les principaux termes
en vigueur.
O
QUESTIONS/RÉPONSES SUR L’ITE
Pourquoi isoler par l’extérieur ? L’ITE supprime-t-elle les
ponts thermiques ? Faut-il nécessairement changer les
fenêtres ? Ou encore, pourquoi prévoir une lame d’air entre
l’isolant et le parement dans le cas d’un bardage
rapporté ? C’est à travers une trentaine de questions
comme celles-ci – accompagnées bien sûr de leurs
réponses – que ce guide, édité en octobre par la FFB,
revient sur l’essentiel des techniques d’isolation par
l’extérieur. Réalisée par le Gite, cette brochure est le
résultat de la collaboration de onze corps de métier
représentés par les unions et syndicats de la
fédération. Son objectif : promouvoir l’ITE en rappelant
qu’il est possible d’améliorer les caractéristiques thermiques et
esthétiques d’un bâtiment en une seule opération, tout en listant les principales questions
à se poser avant d’entreprendre une telle démarche.
8·
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
Bardage : paroi extérieure constituée par
l’assemblage d’éléments de grandes dimensions
fixés sur une ossature porteuse.
Bardage rapporté : système de revêtement
extérieur composé d’une peau et d’une ossature
(bois, acier galvanisé, aluminium) permettant de
rapporter cette peau devant la structure porteuse verticale à protéger. Il peut être associé à
une isolation, qui prendra place entre les
éléments de l’ossature. L’adjectif « rapporté »
est souvent omis.
Vêture : dispositif d’isolation faisant appel à des
éléments manufacturés, constitués d’une peau
extérieure solidaire d’un isolant thermique. La
vêture se pose directement sur le support, par
fixation mécanique ou, plus rarement, par collage avec un mortier adhésif.
Vêtage : système de parement fixé mécaniquement directement sur la structure porteuse, sans ossature intermédiaire. Il peut
éventuellement comprendre une isolation
thermique (on parle alors de vêtage isolant)
et/ou une lame d’air.
Lame d’air : espace libre de quelques centimètres entre deux parois parallèles. Située
dans le cas du bardage entre la peau extérieure et l’isolant, elle permet la récupération
des eaux d’infiltration ou de condensation
éventuelle et celle de la vapeur d’eau provenant de l’intérieur. Elle limite les échanges de
chaleur par conduction et joue donc un rôle sur
le confort thermique.
Clin : planche utilisée en bardage, chaque clin
recouvrant celui d’en dessous pour assurer
l’étanchéité à la pluie.
(source : Petit Dicobat – dictionnaire général
du bâtiment, Jean de Vigan, éd. Arcature, 1994)
DOSSIER >
TENDANCES
© JF Chapuis/Smac
Design et durable :
le bardage
a la cote
Si l’industrie continue de faire la part belle à la tôle acier, le bardage est aussi devenu un moyen de mettre
en valeur son bâtiment. Le tertiaire et le logement adoptent désormais cette technique, parfaitement
adaptée aux isolations thermique et acoustique, et les façades s’animent de multiples matériaux, mixés
entre bois, métal et terre cuite. Entre écologie et design, la façade s’affiche.
ongtemps le bardage a souffert d’une mauvaise image.
Un système peu onéreux,
pratique mais guère valorisant,
destiné à habiller des bâtiments
industriels, de stockage… Le
terme évoquait de grands parallélépipèdes austères, « tout de tôles
ondulées vêtus ». Mais, si le temps
des « boîtes à chaussures » n’est
pas forcément révolu (le « rapide
et pas cher » restant attractif), le
procédé s’est depuis une quinzaine
d’années ouvert au parement de
façade. À l’origine de cette évolution, de nouveaux matériaux
(composites d’aluminium…) per-
L
mettant d’obtenir de grandes surfaces planes, sont venus concurrencer une tôle acier certes bon
marché mais peu en phase avec les
designs de son époque. « Après le
nervuré des années quatre-vingt et
l’ondulé du début des années 2000,
le but est désormais d’obtenir des
éléments de grande taille les plus
plans possible », analyse David
Piantino, directeur marketing chez
Corus. D’où le succès de ces panneaux constitués d’une âme de
polyéthylène entre deux lames
d’aluminium, dont le pionnier fut
l’Alucobond. Une fois le brevet de
celui-ci tombé dans le domaine
public, les fabricants se sont multipliés, faisant chuter les prix du
marché. Au point qu’il fut un
temps où une façade en composite
n’affichait pas un coût beaucoup
plus élevé qu’une façade acier, ce
dernier ayant parallèlement flambé.
Aujourd’hui, il s’en pose environ
250 000 m² par an. Extrêmement
souples, usinables, présentant des
capacités de pliage et de cintrage
sans commune mesure avec la
tôle, ces panneaux présentent une
excellente tenue au temps et
conservent leur rigidité même sur
de grandes surfaces. Malgré ses
quarante ans d’existence, le système
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
· 11
Faciles à usiner et
très rigides, les
panneaux en
composite
d’aluminium sont en
phase avec la mode
actuelle des grandes
surfaces planes.
>
Le bois est roi
Si l’esthétique est importante, elle
se superpose à une tendance
désormais incontournable : « l’écoconstruction ». Celle-ci est venue
donner un second souffle à des
matériaux traditionnels que l’on
Avec plus de
4 millions de mètres
carrés posés
chaque année,
le bois est en tête
des «écomatériaux»
de façade.
avait perdus de vue, telle la terre
cuite ou le bois, et mettre en avant
des nouveautés comme les larges
plaques de fibres-ciment (de type
HardiePanel). L’aspect « durable »
des façades est devenu un atout
incontestable, et dans ce domaine,
le bois est roi. Avec plus de 4 millions de mètres carrés posés
chaque année, il a largement
bénéficié des dernières déclarations gouvernementales destinées
à encourager cette filière. « En
© SNA
n’en finit plus d’évoluer (nouvelles
gammes Wood Design à aspect bois,
Anodized Look à effet anodisé,
Équinoxe, lame drainante débitable
sur chantier…).
comptant ses dérivés, ce matériau
doit représenter la moitié du bardage total du logement individuel,
collectif et bâtiments tertiaires non
métalliques. Associé à un isolant performant, c’est une véritable solution
d’écoconstruction », confirme Benoît
Lefèvre, responsable marketing
chez Isover. Essentiellement axé
vers le résidentiel et la rénovation
(70 % de ses destinations), le bois
massif représente les trois quarts
de ce marché. « Depuis deux ou
trois ans, il y a une grande progression des bardages bois avec une
large gamme de produits 100 % écologiques : bardages avec finitions,
thermochauffés, traités autoclave ou
encore naturellement durables »,
note Fouad El Azhari, chef de produits des solutions extérieures
chez Finnforest. Suivant le marché
de la construction bois, lui-même
évoluant de 3 à 4% par an, ce matériau revient en ce moment vers
des couleurs naturelles. Les lasures
dans des tons «bois sombre», exotiques, reviennent en force. De
même, le fabricant a développé
des bardages traités autoclave
(résistants aux agents fongiques et
insectes) dans une couleur marron,
loin du vert traditionnellement associé à ce traitement.
© Ecobat 77
© JF Chapuis/Smac
DOSSIER >
>
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
· 13
DOSSIER >
© JF Chapuis/Smac
des HLM, s’est depuis étendue au
tertiaire (centres commerciaux,
bureaux…) et semble depuis un
an ou deux intéresser de plus en
plus les maîtres d’œuvre publics :
médiathèques, patinoires, piscines… le public suit actuellement
la tendance HQE et donne
l’exemple. Après beaucoup de
réhabilitation, la moitié des travaux concerne aujourd’hui le neuf.
Soit environ 400 000 m² de bardage terre cuite posés par an. Un
produit qui s’éloigne de ses teintes
classiques oranges, ocre, rouges…
pour retourner vers des noirs, gris,
voire un aspect émaillé de plus en
plus demandé par les prescripteurs.
>
L’évolution du profilé acier
Revenue à la mode avec la réhabilitation des HLM, la terre cuite intéresse de plus en plus le public (médiathèques, patinoires…).
Matériaux écolos à l’honneur
« L’autre » bois aussi subit cette multiplication des teintes. Fundermax,
l’un des principaux fournisseurs de
stratifié compact, proposait cinq ou
six essences différentes il y a
quelques années : son catalogue en
compte aujourd’hui seize et un
large panel d’irisés, métalliques,
unis, personnalisables… Le fabricant entend bien continuer à élargir
encore sa gamme. « Le bois est
toujours très “tendance”, constate
Marie Berland, directrice commerciale chez Fundermax. Les clients
aiment le bois véritable, mais ils en
comprennent les contraintes et
optent finalement pour le stratifié
compact. » Les grands modules à
poser en horizontal comme en
vertical sont plébiscités aussi bien
par les offices HLM que par les
grands centres commerciaux, le
tertiaire et les hôpitaux.
De son côté la terre cuite, revenue
à la mode avec la réhabilitation
Plus rares, d’autres matériaux tirent
les marrons du «feu à la planète».
Ainsi le zinc, métal naturel, recyclable quasiment à 100% et ne
nécessitant pas d’entretien, est à
l’honneur dans plusieurs projets de
logements, mais aussi d’écoles. Le
cuivre, tout aussi recyclable, multiplie pour sa part les teintes en jouant
sur ses deux atouts, les alliages et la
patine : de l’orangé naturel à la classique oxydation vert-de-gris, en passant par des bronzes et des laitons
dorés, bruns ou rouges.
L’acier n’en a pas pour autant dit
son dernier mot, avec quelque 5 à
Tous les artisans du métal le savent, l’inox est un matériau très difficile à travailler, et pas seulement en
termes de façonnage : « L’effet miroir présente des avantages mais aussi des inconvénients, et les
problèmes de pose liés à la structure, à de petits défauts d’alignement des supports, sont mis en évidence
de façon exponentielle dès qu’on travaille avec des façades miroirs », explique Philippe Dumay, directeur
général de Face SA. Il semble pourtant y avoir un retour de ce matériau, qui en plus de ses qualités
esthétiques permet de réduire les épaisseurs par rapport à l’aluminium pour un coût sensiblement égal.
Autre avantage : la durabilité. L’acier inoxydable résiste bien aux environnements agressifs (bords de
mer, zones industrielles) et, moyennant un entretien qui se limite à un rinçage annuel à l’eau, il garde
indéfiniment ses propriétés mécaniques et esthétiques. « Le retour sur investissement se fait à long
terme sur l’entretien », confirme Christophe Poble, dirigeant de Look Façade, une entreprise de conseil en matériaux de construction.
14 ·
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
© Arval
L ’ I N O X : D É L I C AT M A I S D U R A B L E
© Rheinzink
>
6 millions de mètres carrés posés
par an. « Dans le domaine du bâtiment de stockage, industriel et commercial, soit 70 à 80 % de notre
activité, notre part de marché
demeure à peu près stable », commente Pascal Magain, directeur
commercial chez Arval.
Pour préserver l’intérêt architectural, le profilé métallique connaît
quelques évolutions de forme :
« On voit de plus en plus apparaître
une recherche de dissymétrie dans le
profil. Ainsi, on peut trouver un
profil trapézoïdal classique, mais
dont l’onde centrale est cinq fois
plus profonde. » En outre, les produits de bardage en tôle
n’affichent plus systématiquement
une largeur fixe et peuvent
Métal naturel et 100% recyclable, le zinc est à l’honneur dans plusieurs
projets de logements, d’écoles…
s’adapter aux desiderata des architectes, qui peuvent désormais travailler dans deux dimensions au lieu
d’une. Des originalités géométriques
de plus en plus réclamées, même si
en ce qui concerne les sites industriels, les classiques se maintiennent.
« Dans le registre de la base logistique,
ce sera toujours pareil : “moins cher”,
et en variante : “encore moins cher” »,
rappelle David Piantino. Mais même
dans ce domaine, la tendance est
passée du «tout acier» il y a encore
trois ans à des mixages intégrant des
matières « naturelles » : « La zone
d’entrepôt sera traitée avec des bardages métalliques traditionnels, en
jouant sur les formes trapézoïdales ou
sinusoïdales, cite à titre d’exemple
Philippe Dumay, directeur général
DOSSIER >
Cas particulier émergeant
lentement : le bardage ajouré. Les
panneaux usinés, présentant des
découpes laissant passer la
lumière, viennent jouer un rôle de
surfaçade devant des éléments
vitrés. « Cette technique permet
d’apporter des solutions brisesoleil sur des zones de bureaux, ou
encore de dissimuler les zones
techniques sur les façades de
bâtiments de distribution, de type
Ikea… », précise Philippe Dumay,
directeur général de Face SA. Une
tendance architecturale qui se
dégage depuis deux à trois ans et
permet de rompre avec
la monotonie d’une façade, mais
aussi de limiter les apports
thermiques. Reste un inconvénient :
« Il n’est pas possible de travailler
avec de l’acier nu, la technique
nécessitant des matériaux
bénéficiant d’une bonne tenue
dans le temps, même perforés,
comme l’inox ou l’aluminium »,
signale Pascal Magain, d’Arval.
16 ·
de Face SA, tandis que les bureaux et
les entrées seront bardés de bois ou de
terre cuite, éventuellement mixés. »
D’où l’évolution logique de l’acier
vers des surfaces rappelant ces
aspects nobles : chez Arval,
notamment, un développement
du nuancier a été permis grâce au
travail effectué avec les fournisseurs de laques. « L’objectif est de
permettre à un architecte ou à un
maître d’ouvrage de s’orienter vers
le métal alors qu’il aurait plutôt
tendance à envisager un autre
matériau, indique Pascal Magain.
Pour des applications tertiaires, par
exemple, nous proposons des revêtements laqués qui offrent des états de
surface mats permettant de procurer un aspect naturel. »
Les « autres » isolations
Au-delà du prestige tout produit à
connotation « durable », le bardage
est aussi un procédé technique
offrant des avantages. « Avec ses
deux peaux en acier et son isolant
souple au milieu, il est idéal pour
créer un système masse-ressortmasse amortissant les bruits »,
explique David Piantino. Entre la
nouvelle réglementation acous-
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
tique (visant l’habitat) et les réglementations concernant la gestion
du bruit et des pollutions sonores
en bâtiments industriels, les exigences en termes d’absorption et
d’isolation phonique vont croissant :
effets de réverbération, décroissance spatiale… se retrouvent désormais régulièrement dans les
cahiers des charges. « Si elle n’est
pas encore suivie de façon aussi assidue que la RT 2005, la réglementation acoustique est de plus en plus
prise au sérieux », confirme Gilles
Guyoton, chef de marché étanchéité/bardage chez Rockwool.
Autre élément portant le marché :
la réglementation incendie. Déjà
requise entre autres pour les établissements recevant du public
(article AM8), la résistance au
feu une demi-heure à deux heures
(dans le cas des ICPE par
exemple) est souvent réclamée
pour les édifices industriels. Les
assureurs exigent des performances plus importantes, ce qui
devrait conduire les solutions
panneaux sandwich en mousse
alvéolaire (polyuréthanne, polyisocyanurate) à être dans le meilleur
des cas largement pénalisées.
>
LAISSEZ ENTRER
LE SOLEIL…
La future RT 2012
rend l’ITE
incontournable,
certains bâtiments
comme le nouveau
siège social
d’Abalone
(Saint-Herblain)
l’intègrent d’office.
Cet édifice sera
le premier bâtiment
à énergie positive
du Grand Ouest.
DOSSIER >
geant du fabricant de vêture et
cassettes Laude. Le marché de
l’ITE affiche actuellement une
croissance à deux chiffres : les
bâtiments acier étaient les principaux demandeurs, mais désormais
les ouvrages en béton y voient un
intéressant moyen de limiter les
ponts thermiques. Sans compter
que le bardage est également une
véritable panacée en termes de
mise aux normes dans le cadre
de la réhabilitation.
La laine de roche s’impose donc,
en panneaux sandwich comme le
Decaroc (Isocab) ou en bardage
avec les panneaux Rockbardage
(Rockwool), proposant des réactions au feu A1 (incombustibles).
Effet « Al Gore » ?
© Rockwool
En ligne de mire : la RT 2012
>
Mais l’aspect prioritaire pour
beaucoup de maîtres d’ouvrage
reste l’isolation thermique. « C’est
peut-être l’effet “Al Gore”, mais
alors que la RT 2000 n’avait pas été
très suivie, presque tout le monde
demande désormais des bâtiments
conformes à la RT 2005 », remarque
David Piantino. Plus vraisemblablement, l’annonce à grands renforts de « Grenelle » d’une réglementation thermique 2012 encore
plus draconienne a changé la
donne. « Au vu des projets programmés en 2010, on constate que le
privé tend de plus en plus à intégrer
l’ITE, sans doute pour anticiper la
RT 2012, remarque Marie Berland,
de Fundermax. Jusqu’à l’année
dernière, nos ventes concernaient à
70 % le public. » Ce dernier semble
en avance sur l’application des
réglementations thermiques et à
la recherche de pérennité. La tendance est toutefois en train de
basculer, le privé prenant de plus
en plus conscience de la situation :
Outre les épaisseurs d’isolant, les fabricants travaillent également sur
des systèmes capables de réduire les ponts thermiques comme
ces panneaux en laine de roche permettant de recouvrir jointivement
les lèvres des plateaux intérieurs.
«Sur dix ans, la façade s’est beaucoup
généralisée et elle va continuer à
prendre des parts de marché car elle
offre une vraie solution en matière
d’isolation thermique par l’extérieur»,
commente Xavier Vanneaud, diri-
L E S F I X AT I O N S S U I V E N T L E R Y T H M E
Les fixations elles aussi évoluent, notamment avec un filet sous tête. Ainsi les systèmes d’isolation de
type Cladisol (Isover) ou Rockbardage (Rockwool) ont-ils nécessité le développement d’éléments
spécifiques (par SFS Intec, Etanco…), permettant de maintenir un écart de 40 mm entre l’extrémité des
lèvres des plateaux et la peau extérieure, voire 60 mm dans le cas du système à haute performance
énergétique Rockbardage nu Energy. Autre évolution à l’aspect purement esthétique cette fois : les
têtes Irius (SFS Intec), semblables à des boutons thermolaqués et remplaçant avantageusement les
hexagones d’antan. Elles restent démontables, mais moins qu’une vis hexagonale classique, ce qui est
un plus en matière de sécurité.
Christophe Borel, responsable commercial de la division Fastening Systems chez SFS Intec, souligne :
« L’augmentation de l’épaisseur des isolants, qui viendra avec la RT 2012, impliquera des fixations plus
longues. Les systèmes doivent évoluer et être coordonnés avec les innovations des fabricants de
produits de bardage. »
18 ·
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
Prochain objectif : la RT 2012. La
nouvelle réglementation imposera
notamment des isolations plus
importantes : « On voit de plus en
plus du 120, voire du 150 mm »,
confirme Xavier Vanneaud. Ce qui
signifie des parements avec un
porte-à-faux conséquent, et donc
des inconvénients, ne serait-ce
qu’au niveau des règles parasismiques. Les panneaux légers,
faciles à poser, ne risquent donc
pas de voir leur cote baisser. De
leur côté, les fournisseurs d’isolants
répondent en proposant des matériaux plus performants (abaissant
les conductivités thermiques jusqu’à 0,032 W/m.K et réduisant
ainsi les épaisseurs requises) et des
accessoires et méthodes de mise en
œuvre améliorant les performances de l’ensemble (lire encadré). « Nous sommes passés d’une
logique de produit à une logique de
système complet avec accessoires,
augmentant les performances thermiques du tout », commente
Benoît Lefèvre, d’Isover. Le but
étant d’atteindre, sans en core
bien les connaître, les objectifs
de la RT 2012 pour le neuf, et
des performances supérieures
permettant d’accéder au crédit
d’impôt ou à des aides pour la
rénovation de logements.
JM
DOSSIER >
PA N N E A U X S T R AT I F I É S
Les atouts de « l’autre bois »
Aussi adapté au bardage qu’au vêtage, le stratifié se développe tous azimuts. Facile à manier, usinable sur site,
sa pose peut s’effectuer avec fixations invisibles apportant un gain esthétique indéniable. Zoom sur une technique
pérenne qui profite de la vague « durable ».
ntre la réglementation
thermique qui incite à
l’isolation par l’extérieur et
l’engouement actuel pour le
« naturel » dans l’architecture, le
bois revient en force s’afficher en
façade. Si cette tendance a dopé le
marché du bois massif, on trouve
dans son sillage un autre produit
qui tire joliment son épingle du
jeu, le stratifié. Seul point commun entre ces deux matériaux : la
cellulose. Et pourtant, les panneaux stratifiés profitent pleinement aujourd’hui de la vague
« verte ». « Le marché a explosé,
confirme Marie Berland, directrice
commerciale de Fundermax. En
trois ans, nos ventes ont progressé
de 300 %. » Pérenne, léger, ne
nécessitant pas de traitement et
débitable sur place (voir encadré),
le stratifié s’adapte facilement à
de multiples applications : gardecorps, sous-faces, brise-soleil,
séparatifs de balcon, auvents…
Dans le domaine du parement de
façade, il se prête aussi bien au
vêtage qu’au bardage.
Le vêtage, c’est-à-dire la fixation
directe sur le support sans ossature
intermédiaire réglable, est particulièrement intéressant dans un cas
de réhabilitation sur ancien isolant.
En effet, il présente l’avantage de
pincer l’ancien complexe sans
nécessiter de purge complète,
même si celui-ci n’est plus parfaitement adhérent. Meilleur marché, le
>
© GCEB
© Trespa
E
Grâce à une
palette de teintes très
large (bois, uni…),
le stratifié se prête
à de multiples
applications
en façade.
vêtage réclame toutefois un support parfaitement plan et ne permet pas d’atteindre les performances thermiques du bardage, les
épaisseurs d’isolant (polystyrène)
et de la lame d’air étant limitées.
Le bardage, pour sa part, permet
l’utilisation de laines minérales non
hydrophiles, rigides ou semirigides. Une lame d’air d’au moins
20 mm est ménagée entre le dos de
la peau stratifiée et la couche isolante, ventilée par la circulation
d’air entre rives basse (entrée d’air
par tôles perforées) et haute (sortie
d’air sous couvertine et bavette
goutte d’eau). Avec ses possibilités
de réglage, ce système permet en
outre de s’adapter aux défauts de
planéité du support.
Pose de grands formats
La solution « fixations visibles »
consiste à fixer les panneaux stratifiés par des vis ou des rivets qui, bien
que laqués dans la même teinte que
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
· 21
>
DOSSIER >
Système de fixation invisible par cavalier
au dos du panneau.
les éléments, apparaîtront sur le
parement final. Selon le type
d’ossature (bois ou métallique), on
choisira des diamètres d’attaches
différents, en tenant compte de la
dilatation du matériau pour ce qui
est de la tête de fixation : le stratifié
étant sensible à la chaleur (voir
encadré), l’installation de chaque
panneau nécessite un point fixe
(trou de 5 mm) et plusieurs points
dilatables (trous de 8 à 10 mm). Les
têtes doivent donc être suffisamment larges pour dissimuler la totalité de la perforation. Cette technique autorise la pose de très grands
formats (les dernières innovations
atteignant 4270×2130mm).
>
Système de clips s’insérant dans les rainures
des chants.
>
Ces dernières années, des systèmes
de fixation invisibles ont fait leur
apparition chez trois des principaux
fournisseurs (Trespa, Fundermax et
Vétisol). Trois techniques différentes
permettent de dissimuler la fixation
du parement de façade. La première
consiste à installer des inserts au dos
des éléments stratifiés. Les trous
recevant la future fixation sont réalisés par un façonnier agréé, puis le
cavalier posé sur chantier derrière le
panneau s’emboîte dans un rail alu-
© Batex
Fixations invisibles
Les nombreux formats et la possibilité d’usiner les panneaux permettent
de varier les modénatures.
minium, lui-même rattaché à la
structure primaire.
Le deuxième système assure la fixation via des rainures au niveau des
chants supérieurs et inférieurs des
panneaux. Quant au troisième système, il se fixe avec des clips en inox
reposant, eux aussi, sur un rail aluminium relié à la structure primaire
MILLEFEUILLE DE CELLULOSE
>
Un panneau stratifié est un millefeuille de cellulose imprégné de résine thermodurcissable à cœur,
puis pressé à chaud à haute pression. Il résiste aux ultraviolets et aux graffitis (nettoyable à l’acétone)
et se décline en une large palette de teintes (irisées, minérales, unies, bois, personnalisables…). Le
matériau est léger (de 8 à 20 kg/m2) et, surtout, ne nécessite pas d’entretien particulier. En revanche, il
possède un taux de dilatation thermique assez élevé (de 1,5 à 5 mm/m), un phénomène dont la mise
en œuvre doit tenir compte.
Les formats varient selon la presse utilisée, les plus courants étant 4 200/3 660/2 500 × 2 070/1 850
mm et 2 440/2 500 × 1 220/1 550/1 850 mm. Le produit lui-même étant imputrescible au niveau du
noyau comme en surface, il peut être percé et usiné à loisir sur chantier. Dans ce registre, le nerf de la
guerre est le taux de chute, qui peut facilement passer du simple au double si la découpe n’est pas
optimisée. Des façonniers agréés peuvent se charger de cette opération en atelier, sous réserve d’une
organisation précise : repérage des panneaux, palettisation par zone sur le chantier et, bien entendu,
prise de cotes au millimètre.
Pose façon clins.
22 ·
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
et venant s’insérer au niveau des
chants. Les contraintes de dilatation
limitent toutefois les dimensions des
panneaux installés de cette façon,
en particulier en ce qui concerne les
hauteurs maximales (600 à 900mm
selon l’épaisseur). Suivant le système, les joints de panneaux peuvent
être ouverts, mi-bois ou fermés à
l’aide d’un profil PVC.
Voisine de cette technique, la pose
façon clins est également disponible pour le vêtage et le bardage
(deux fournisseurs disposent de
l’Avis technique). Des cavaliers
reposant sur les chants supérieurs
des panneaux s’insèrent dans la rainure inférieure du panneau précédent, permettant ainsi le recouvrement des éléments.
Si l’on ajoute à ces diverses poses
les possibilités offertes par la taille
des grands modules, que l’on peut
installer horizontalement comme
verticalement, et les multiples
teintes, c’est tout une nouvelle
tendance architecturale que l’on
JM
voit apparaître.
> Le matériau
© GCEB
s’adapte à
de nombreuses
applications comme
les brise-soleil,
les auvents…
23
DOSSIER >
DALLES RAINURÉES
Des pierres taillées pour l’ITE
Loin d’être un produit récent sur le marché des revêtements de façade, la pierre rainurée est pourtant aujourd’hui
au début d’un nouveau cycle de développement. La généralisation de l’isolation thermique par l’extérieur lui offre
des perspectives inédites de croissance, aussi bien en neuf qu’en rénovation.
e produit existe déjà depuis
une trentaine d’années. Et
pourtant, les parements de
façade en pierre rainurée semblent encore loin d’avoir exploité
leur potentiel. « La faute au retard
français en matière d’isolation thermique par l’extérieur, estime
aujourd’hui Gilles Frénois, le PDG
de Vétisol, si la RT 2005 a suscité
un nouvel intérêt pour cette technique d’isolation dans la construction
neuve, nous attendons beaucoup de
la future réglementation thermique
qui rendra l’ITE incontournable
pour nombre de bâtiments. » Logements collectifs, immeubles de
bureaux, bâtiments publics : sur
leurs marchés traditionnels, ces
dalles en pierre naturelle ou en
mortier de résine ont su au fil des
ans s’adapter aux nouvelles tendances architecturales. À commencer par les formats : « Il y a
une dizaine d’années encore, la plupart des fabricants ne proposaient
que des tailles standard, généralement 600 x 600 mm, indique Gille
Frénois. Depuis, nous avons dû
répondre à l’engouement des
concepteurs pour les grandes
dimensions avec des dalles pouvant
atteindre jusqu’à 1 500 mm de longueur. » Parallèlement, les produits
ont également évolué vers des
aspects de surface plus structurés
imitant les textures de la pierre, à
l’instar des gammes Acantha et
Arthema proposées par Carea. Des
24 ·
© GCEB
L
>
© Carea
>
Exemple de rénovation de façades avec une pose en vêtage de dalles en marbre reconstitué (Vétisol). Avec ce mode de mise en œuvre,
les lisses de support sont fixées directement dans la structure porteuse sans ossature primaire.
Il existe plusieurs variantes de lisses permettant de réaliser des joints larges ou des joints creux entre dalles pouvant aller jusqu’à 20 mm.
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
© Carea
En 2006, 850 m² de dalles en pierre rainurées ont été mis en place dans le cadre de la rénovation du siège de l’Agence de
l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) à Angers (49).
>
formes cintrées en usine ont également fait leur apparition. Mais
c’est aussi et surtout sur un plan
technique que ces parements présentent de nombreux avantages.
Munies de rainures sur leurs
champs horizontaux, les dalles se
posent par simple emboîtement
sur des lisses en forme de rail. Un
mode de mise en œuvre parfaitement adapté aux logiques de
construction en filière sèche. Pour
les concepteurs, cette technique
offre de plus l’intérêt de pouvoir
jouer sur la mixité des matériaux
tout en conservant le même principe de fixation et d’ossature. Il est
ainsi courant de voir ces dalles
associées sur une même façade à
des revêtements métalliques ou à
des panneaux en bois.
>
En 30 ans, les produits ont dû s’adapter à de nouvelles demandes
architecturales. Désormais, certaines dalles en matériau minéral composite
permettent la réalisation de parements courbes.
>
En réfection, ce système a également la capacité de s’adapter aux
façades existantes qui peuvent être
traitées en bardage ou en vêtage.
C’est d’ailleurs aujourd’hui l’un de
ses points forts, au moment où justement le marché de la rénovation
thermique décolle sous l’effet de la
RT « existant » et du Grenelle de
l’environnement – 400 000 logements par an devraient être rénovés à compter de 2013.
Sur ce type d’opération, les dalles
sont la plupart du temps installées
en bardage rapporté afin de
récréer un support plan. La
méthode consiste alors à mettre
en place une ossature formant un
réseau vertical, constitué le plus
souvent de chevrons ou de profilés
métalliques. Ces derniers sont
solidarisés à la structure porteuse
à l’aide de pattes de fixation
(équerre ou étrier en U). Parmi les
dispositifs les plus fréquemment
rencontrés : l’ossature aluminium
© Carea
Des aptitudes naturelles
pour la rénovation
Configuration classique d’un bardage avec
des revêtements rainurés sur une ossature
métallique.
qui permet de concevoir un système en libre dilatation reposant sur
un principe d’assujettissement au
gros-œuvre. Dans ce cas de figure,
les fixations se font de deux
manières. Premièrement, au moyen
de points fixes afin de reprendre
les charges verticales (poids
propres des matériaux) et les
efforts dus au vent. Et deuxièmement, par l’intermédiaire de points
coulissants permettant la dilatation
de l’ossature et n’assurant que leur
part de reprise des efforts liés au
vent. Grâce à cette technique, les
dalles rainurées occupent désormais une position confortable sur
le créneau de la rénovation et en
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
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La réfection des façades légères de cet immeuble de logements a nécessité la mise en place d’une ossature en tubes aluminium fixés
sur les nez de plancher. En allège, un dispositif de chevêtre en aluminium reprend le parement en dalles rainurées.
>
particulier sur la réfection des
façades légères. Sur ces structures
où les points d’ancrage se limitent
au nez de plancher, les profilés
d’ossature peuvent atteindre jusqu’à 3 mètres de portée. D’où
l’obligation de recourir à des tubes
aluminium présentant une inertie
suffisante pour satisfaire aux
conditions de flèche. Implantés de
part et d’autre des baies, ces tubes
verticaux assurent la reprise de
profilés horizontaux constituant
des chevêtres au droit des allèges.
Ce squelette d’aluminium sert
ensuite de support aux lisses sur
lesquelles viennent s’insérer les
parements en pierre. Comme toujours en bardage, la mise en place
de l’isolant réclame un soin particulier, à plus forte raison lorsqu’il
s’agit de laine minérale. Mal positionnées, les chevilles de maintien
peuvent en effet entraîner le relèvement des bords libres de
l’isolant avec à la clé une dégradation des performances thermiques, voire une obturation de
la lame d’air. Par ailleurs, cette
lame d’air doit être compartimentée horizontalement afin d’une
part d’entraver la propagation du
© GCEB
DOSSIER >
feu et d’autre part de réduire la
vitesse de circulation de l’air susceptible d’engendrer des vibrations.
La même précaution s’applique
verticalement où une séparation
par tôle métallique est nécessaire
pour éviter les effets de pression/
dépression entre deux façades
de part et d’autre d’un angle de
bardage.
M O R T I E R D E P O LY E S T E R
O U P I E R R E N AT U R E L L E
Généralement réalisées à partir d’un mortier de polyester associé à des granulats
de marbre (Cristo, Vetisol) ou à des charges minérales (Carea), les dalles
rainurées affichent des longueurs allant de 300 mm à 1 800 mm pour des
épaisseurs comprises entre 10 et 20 mm. Toutes disposent sur les rives de leurs
ailes hautes et basses d’une rainure façonnée en usine qui permet ensuite de les
positionner sur les lisses horizontales. La mise en œuvre débute toujours par
l’installation de la lisse de départ en pied de façade dont le réglage conditionne
l’alignement des rangées supérieures. Cette pose s’effectue façon « pierre » avec
un joint vertical entre dalles, filant ou discontinu. Dans le cas des produits en
pierre naturelle, les dalles ne s’insèrent pas directement dans les lisses
aluminium mais sont maintenues par l’intermédiaire d’attaches ponctuelles
(procédé Veticlip, Vetisol). Ces clips rendent les plaques indépendantes entre
elles et absorbent toutes les contraintes que les pierres peuvent subir.
26 ·
ÉTANCHÉITÉ.INFO · HORS SÉRIE · NOVEMBRE 2009
Plus économique mais aussi plus
exigeant en termes de qualité de
support, la pose en vêtage est également possible avec ce type de dalles.
Pas d’ossature primaire dans cette
configuration. Les lisses sont en effet
directement solidarisées avec la
structure porteuse. Dans le cas d’un
vêtage avec isolant, contrairement
au bardage, l’isolation est assurée
par des panneaux en polystyrène qui
offrent une meilleure assise pour la
fixation des lisses. Toutefois, les avis
techniques limitent les épaisseurs de
manière à ne pas générer d’effets
bras de levier trop importants sur les
chevilles de fixation. Côté mise en
œuvre en revanche, la pose des
parements reste similaire dans les
deux techniques de bardage et de
vêtage. Toutes deux reposent sur le
même principe de mur-manteau. En
s’imposant aujourd’hui dans le bâtiment, ce concept d’isolation pourrait demain offrir une seconde jeunesse aux dalles rainurées, trois
décennies après leur lancement sur
BC
le marché.