Carnival prend livraison de son 100ème paquebot

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Carnival prend livraison de son 100ème paquebot
Carnival prend livraison de son 100ème paquebot
Article de Mer et Marine du 29/04/2011
http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=115985
Leader mondial de la croisière, Carnival Corporation & PLC atteint, cette semaine, un cap historique. Le 1er mai,
le groupe américain inaugurera son 100ème navire de croisière, un évènement célébré dès aujourd'hui par un
toast au champagne sur tous les bateaux de la flotte. Le centième paquebot du groupe est le Carnival Magic, livré
mercredi par les chantiers Fincantieri de Monfalcone, en Italie. Le mastodonte, qui sera baptisé dimanche à
Venise par sa marraine, Lindsey Wilkerson (devant 3700 invités), est le plus gros paquebot réalisé jusqu'ici en
Italie et le plus imposant de la flotte Carnival. Sistership du Carnival Magic, livré en 2009, le Carnival magic
mesure 306 mètres de long pour 37 mètres de large. Affichant une jauge de 130.000 tonneaux, il dispose d'un
peu plus de cabines que son aîné, soit 1845 au total (dont 60% extérieures), pour une capacité en base double
de 3690 passagers. Avec son équipage, le navire peut transporter plus de 6000 personnes. Après avoir passé
l'été en Méditerranée, le nouveau navire amiral de Carnival Cruise Lines (CCL) rejoindra les Etats-Unis et le port
de Galveston pour la saison hivernale.
Une saga qui débute en 1972
Avec l'entrée en flotte du Carnival Magic, Carnival Corporation navigue avec une grosse longueur d'avance sur
ses concurrents, les perspectives de croissance importantes devant lui permettre, à l'avenir, de développer
encore son outil naval. L'aventure de la compagnie américaine, qui sera bientôt quarantenaire, débute avec le
père de Micky Arison, l'actuel président du groupe. Homme d'affaire israélo-américain, Ted Arison fonde avec
l'armateur norvégien Knut Kloster, en 1966, la compagnie Norwegian Cruise Line. La lune de miel entre les deux
hommes ne dure toutefois que quelques années, Ted Arison décidant finalement de poursuivre seul ses projets.
En 1972, il crée aux Etats-Unis Carnival Cruise Lines. La saga commence avec un premier navire, le Mardi Gras.
Construit pour la compagnie Canadian Pacific sous le nom d'Empress of Canada, ce liner de 168 mètres et
27.250 tonneaux réalise sa première traversée entre l'Angleterre et le Canada en 1961. Onze ans plus tard, après
avoir effectué 121 transatlantiques, le navire est vendu à CCL, qui lui fait arborer une grande cheminée tricolore,
devenant le symbole de la compagnie. Le Mardi Gras, qui propose des traversées dans les Caraïbes, est un
succès et participe au début du vaste engouement américain pour les croisières.
Une incroyable succession de reprises
A la fin des années 80, Ted Arison parvient à augmenter le capital de son entreprise et à lever des fonds
permettant son expansion. En 1989, CCL réalise sa première grande opération, en reprenant la célèbre
compagnie néerlandaise Holland America Line et sa filiale Windstar (revendue en 2007). Trois ans plus tard, en
1992, Carnival s'offre la compagnie de luxe Seabourn. L'année suivante, Carnival Corporation est né. Sa montée
en puissance va se poursuivre à un rythme soutenu. En 1998, Cunard Line, la compagnie britannique plus que
centenaire, tombe dans l'escarcelle du groupe américain, dont le fondateur décède l'année suivante. Digne
successeur de son père, Micky Arison continue de développer le groupe. En 2000, c'est l'armement italien Costa
Crociere, à la faveur du projet des navires de 1000 cabines Costa Victoria et Costa Olympia (commande
ambitieuse mais que Costa ne pourra supporter financièrement), qui est repris par Carnival. La conquête des
grands noms de la croisière ne s'arrête pas là puisqu'en 2003, un coup de maître est réalisé avec la prise de
contrôle de P&O Princess. Cet autre fleuron de la marine marchande britannique, leader sur le marché anglais,
intègre le groupe Carnival avec ses filiales (P&O Cruises, P&O Australia, Princess Cruises, Ocean Village et
AIDA Cruises). Enfin, Carnival s'implante sur marché ibérique en 2007, en créant avec le groupe espagnol
Orizonia la compagnie Ibero Cruceros.
Développements multi-segments
Reprises par un groupe solide et capable de lancer d'importants investissements, les différentes compagnies,
devenues filiales, vont connaître de profonds changements. C'est par exemple le cas de Cunard, qui voit ses
vieux Queen Elizabeth 2 et Caronia remplacés par des unités neuves : Le Queen Mary 2 en 2003, le Queen
Victoria en 2007 et le Queen Elizabeth en 2010. La compagnie allemande AIDA Cruises, reprise en 1999 par
P&O et placée sous la responsabilité de Costa en 2004, bénéficie quant à elle d'investissements considérables.
Plus de 3 milliards de dollars ont été mobilisés pour commander six nouveaux paquebots de 1000 cabines
spécialement conçus pour le marché allemand et livrables entre 2007 et 2012. P&O, Princess, HAL et Seabourn,
sans oublier CCL, reçoivent également des navires neufs, alors que la création d'Ibero Cruceros permet de
basculer sur le marché espagnol d'anciennes unités, comme les Carnival Celebration et Carnival Holiday. Sous
l'ère Carnival, l'une des principales filiales du groupe américain, Costa, voit son activité décuplée. Alors qu'en
2000, la compagnie italienne n'avait transporté « que » 363.000 passagers, elle en accueille plus de 2 millions en
2010. Leader européen du marché et pionnière dans la croisière, avec 60 ans d'expérience dans ce secteur, ce
fleuron maritime italien a bénéficié à plein des capacités financières de sa maison-mère. Le dernier programme
en date a vu la commande pour 2.4 milliards d'euros de cinq paquebots (Costa Luminosa, Costa Deliziosa, Costa
Pacifica, Costa Favolosa et Costa Fascinosa) de 2800 à 3800 passagers, livrables entre 2009 et 2012.
Des filiales autonomes
Des voyages de luxe au mass-market, de l'ambiance traditionnelle au club de vacances, Carnival s'est développé
sur la plupart des segments la croisière. En reprenant de grands noms du monde maritime, le groupe a
développé une stratégie de marques multidomestique lui permettant, après avoir conquis le marché américain, de
diversifier sa croissance à l'international, et plus particulièrement en Europe. Sur le vieux continent, il dispose de
filiales dans les quatre pays où la croisière est la plus populaire (Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Espagne),
ce qui lui assure de solides parts de marché. Les différentes compagnies, bien que placées sous la coupe de la
maison-mère pour les investissements, disposent pour la plupart d'une véritable autonomie et conservent toutes
leur propre identité, ce qui ne les a pas empêché d'évoluer en adoptant les grands standards américains, par
exemple sur la gestion et les opérations. En matière de flotte, CCL est la filiale la plus importante, avec 23 navires
en service. Suivent Princess (17 navires), Holland America (15 navires), Costa (14 navires), AIDA (8 navires),
P&O (7 navires), Cunard (3 navires), P&O Australia (3 navires), Seabourn (5 navires) et Ibero (4 navires). On
notera que ce total amène à 99 paquebots, y compris le Carnival Magic, et non à 100. Cette différence tient, en
fait, à la cession, ce mois-ci, de l'Artemis de P&O, vendu à l'Allemand Phoenix Reisen. Ce départ sera compensé
par la mise en service, en mai, du Seabourn Quest.
Partenariat stratégique avec Fincantieri
Si Carnival laisse donc une bonne marge de manoeuvre à ses filiales, le groupe a su profiter d'importantes
synergies entre les différentes sociétés. A ce titre, le cas des constructions neuves est particulièrement édifiant.
En effet, autant que faire se peut, Carnival décline des designs de navires pour différentes compagnies. Ce fut le
cas au début des années 2000 avec les Costa Atlantica et Costa Mediterranea, construits en Finlande et dérivés
des quatre Carnival Spirit de CCL. Puis ce fut au tour des Costa Magica (deux unités) et Costa Concordia (cinq
unités), tous conçus à partir des plans des six paquebots de la classe Carnival Conquest. Les Costa Luminosa et
Costa Deliziosa adoptent, quant à eux, la même coque que le Queen Victoria et le Queen Elizabeth de Cunard,
ainsi que les Eurodam et Nieuw Amsterdam d'HAL. Quant à P&O Cruises, c'est le modèle des derniers navires
de Princess Cruises qui a servi pour le projet des Ventura et Azura. A chaque fois, les livrées extérieures et les
cheminées sont aux couleurs de chaque compagnie, les intérieurs étant eux aussi adaptés, en termes de
décoration, aux spécificités des différentes filiales et de la clientèle visée. Mais le recours à des coques
identiques a permis de réaliser de longues séries de paquebots, dont la conséquence fut une réduction des coûts
de développement et de production. Fincantieri est sorti grand gagnant de cette stratégie. En nouant un
partenariat très fort avec le constructeur et l'Etat italien, qui ont en parallèle su trouver des solutions financières
séduisantes, Carnival a pu, rapidement, se constituer une flotte gigantesque. Ainsi, le Carnival Magic est le
52ème navire de croisière réalisé par Fincantieri pour le géant américain en seulement 21 ans.
Des opportunités pour les autres constructeurs
Même si l'essentiel des commandes part chez Fincantieri depuis 20 ans, le groupe de Micky Arison ne met pas
tous ses oeufs dans le même panier. Alors que les Carnival Spirit et Costa Atlantica ont été réalisés en Finlande,
les chantiers de Saint-Nazaire ont livré, en 2003, le Queen Mary 2. Mais, depuis, Français et Finlandais ne sont
pas parvenus à reconquérir leur ancien client. L'Allemand Meyer Werft, en revanche, réalise toujours les
nouveaux paquebots d'AIDA. Le choix du chantier de Papenburg a peut-être été dicté initialement pour des
raisons locales mais, depuis, Meyer Werft a fait la preuve de sa compétence en livrant des paquebots
particulièrement réussis, dont le dernier AIDAsol, entré en service ce mois-ci. Le constructeur génois T. Mariotti
est, lui-aussi, parvenu à séduire Carnival, en décrochant la commande des trois derniers navires de Seabourn,
les Odyssey, Sojourn et Quest, dont le dernier sera livré le mois prochain. La réalisation à Gênes de ces bateaux
s'est faite aux dépends de Fincantieri, qui s'est pourtant également positionné sur les unités de luxe. Ce contrat
montre en tous cas que pour Fincantieri, rien n'est acquis, même après deux décennies de relations avec son
client américain. Ce dernier rappelle d'ailleurs, régulièrement, qu'il ne s'interdit pas de passer commande ailleurs
et est même allé jusqu'à consulter des chantiers asiatiques sur différents projets.
85.000 employés et plus de 15 milliards de chiffre d'affaires
En 29 ans, la famille Arison est parvenue à édifier un empire colossal dans le secteur du voyage maritime. Avec
85.000 employés (dont 75.000 pour les équipages) à travers le monde et 100 navires en flotte, le groupe distance
très largement ses concurrents. Le numéro 2 de la croisière, l'Américain Royal Caribbean Cruises (qui regroupe
RCI, Celebrity, Azamara, Pullmantur, Croisières de France) aligne 40 navires, alors que Norwegian Cruise Line,
numéro 3 du secteur, compte 11 paquebots, au coude à coude avec MSC Cruises qui dispose du même nombre
de navires. Cela signifie donc que les flottes combinées de RCC, NCL et MSC représentent seulement 62% de
celle de Carnival, la proportion étant légèrement inférieure en termes de capacités. Côté financier, le leader
incontesté de la croisière a vu son activité augmenter significativement. En 2010, le chiffre d'affaires de Carnival
Corporation s'élevait à 14.47 milliards de dollars, les bénéfices atteignant 1.98 milliard de dollars. Le groupe
transporte chaque jour environ 270.000 personnes, soit 8.5 millions de passagers par an.
Et, dans les prochaines années, ces résultats vont continuer de croître, au fil de la mise en service de nouveaux
navires.
Huit navires à livrer et de nouvelles commandes en perspective
En dehors du Seabourn Quest le mois prochain, Carnival attend la livraison du Costa Favolosa début juillet.
L'année 2012 verra la livraison du Carnival Breeze, du Costa Fascinosa et de l'AIDAmar. Un autre navire pour
AIDA est attendu en 2013, ainsi que l'entrée en flotte du Royal Princess, le premier des deux navires commandés
l'an dernier à Fincantieri et destinés à Princess Cruises. Ces mastodontes de 141.000 tonneaux et 3600
passagers sont d'une nouvelle classe. L'ensemble, soit 8 navires au total, permettra d'augmenter les capacités du
groupe de plus de 21.700 lits (base double).
Bien que la croisière ait connu un essor considérable ces dernières années, les commandes de nouveaux navires
ont diminué depuis 2007. Cela tient à plusieurs facteurs, comme la nécessité de « digérer » les nombreux
paquebots déjà commandés, le renchérissement des matières premières ou encore les difficultés à financer de
nouveaux projets suite à la crise de 2008/2009. Malgré tout, Carnival n'a jamais cessé d'investir, avec au moins
un nouveau contrat signé chaque année. Pour 2011, on s'attend d'ailleurs à de nouveaux investissements. Le
groupe doit, notamment, prévoir la poursuite de la croissance de Costa, pour laquelle une paire de nouvelles
unités est en projet, ainsi que de nouveaux navires pour HAL, sans oublier d'autres filiales, comme CCL et AIDA.

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