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La graine et le mulet
Régie: Abdellatif Kechiche
2007 (151’)
Lauréat du prestigieux Prix Louis Delluc 2007 (considéré comme le
Goncourt du cinéma), La Graine et le mulet a également été présenté à
la 64e Mostra de Venise en 2007, a reçu le prix spécial du Jury, exaequo avec I'm Not There de Todd Haynes. Chouchou des festivaliers, le
film est également reparti avec le Prix de la Critique internationale et
a valu à Hafsia Herzi le Prix Marcello-Mastroianni, qui récompense
chaque année un jeune talent. Rappelons que La Faute à Voltaire, coup
d'essai d'Abdellatif Kechiche, avait obtenu le Lion de l'Or de la
Meilleure première oeuvre à Venise en 2000.
Le mulet (lavé, vidé): poisson (Dt.Meerbarbe – It. Cefalo)
La graine: le couscous – la semoule
Le chantier: lieu de construction, d’exploitation ou de démolition
Les thoniers: pêcheur de thon – le poisson
Le sureffectif: effectif trop important. Ici, nombre de personnes
travaillant dans l’entreprise,
Tu veux me virer(fam.) : tu veux me renvoyer
Ils nous ont pas loupé(fam.): pas raté, pas manqué
Les amendes: les contraventions, PV
Un CDI: Contrat à Durée Indéterminée
La conserverie: lieu où l’on fait les conserves (ici, de thon)
On fait grève: on arrête de bosser – arrêter de travailler pour
protester
Le boulot(fam.): le travail Trimer(fam.): travailler dur
Un port de plaisance: port d’agrément, de loisir
Les couches: linge noué autour du bassin d'un nourrisson, devant
recevoir ses déjections – le pot: récipient où l’enfant devrait aller
Là, on est parti pour l’après-midi (fam.): ça va durer tout l’après-midi
Une meuf – une gonzesse(fam.): une femme Le gamin(fam.): un
enfant
Je me barre (fam.): je pars
Elle est fâchée: elle est en colère
Le taudis : logement misérable sans hygiène
Il a pété un plomb(fam.): il est devenu fou
C’est en cours: c’est en train d’être fait
Un devis de professionnel: description de l'ensemble des opérations
nécessaires pour exécuter un chantier accompagnée d'une estimation du
coût de ces opérations
Un prêt bancaire – emprunter de l’argent à la banque
Elle est méchante ta robe(fam.): elle est super ta robe
Elle me regarde à l’envers: elle me regarde de travers, mal
Un bateau pourri à la casse: lieu où sont stockées les carcasses de
voitures, commerce de pièces détachées
Il a touché de l’argent(fam.): il a obtenu, gagné de l’argent
Il démarre à zéro: il commence, il débute
Il est endetté: chargé de dettes, ruiné
Histoire de mauvais œil– l’aïn (mot arabe): porter malheur, attirer le
malheur pour un superstitieux
Le quai: ouvrage construit au bord de l'eau pour l'accostage, l'amarrage
des bateaux
Tu es un canon(fam.): tu es très belle Il est bourré(fam.): il a trop bu,
il est ivre
Dépanner un pote(fam.) : réparer, aider, secourir un ami Originaire de Tunisie, arrivé à Nice à 6 ans, le jeune Abdellatif Kechiche
prend des cours de comédie au Conservatoire d'Antibes. Passionné par le
théâtre, il enchaîne les spectacles, comme acteur (il joue en 1978 du
Garcia Lorca à Nice et l'année suivante une pièce d'Eduardo Manet à
l'Odéon) mais aussi comme metteur en scène (il monte à Avignon en
1981 L'Architecte et l'empereur d'Assyrie d'Arrabal). Sollicité par le
cinéma, il décroche le rôle principal du Thé à la menthe d'Abdelkrim
Bahloul, celui d'un immigré algérien vivant d'expédients.
En 2003, Abdel Kechiche réalise avec peu de moyens son second long
métrage, L'Esquive, l'histoire d'adolescents de banlieue qui répètent une
pièce de Marivaux pour le lycée. L'authenticité de cette oeuvre subtile, qui
met à mal les clichés sur les cités, est saluée par une critique unanime
avant d'être le vainqueur-surprise des César : le film empoche 4 trophées,
dont celui de Meilleur film. Kechiche se lance ensuite dans le tournage de
La Graine et le mulet, ou le parcours du combattant d'un vieil immigré
algérien qui veut ouvrir un restaurant à Sète. Cette vibrante oeuvre-fleuve
reçoit un accueil triomphal à la Mostra de Venise en 2007, et en repart
avec un Prix spécial du jury et le prix de la révélation pour la comédienne
Hafsia Herzi.
Il était une fois... le cinéaste précise ses intentions :
"Je suis parti d'un pur fantasme populaire, le genre d'histoires que l'on
aime à raconter dans les cités, le mythe de ceux qui " s'en sont sortis ",
autrement dit, qui ont échappé à l'esclavage moderne que représente une
situation professionnelle précaire, en créant leur propre affaire ; pour le
traiter avec une certaine ironie et la capacité à débrider le récit que
permet le choix narratif du conte. Il s'agit donc d'un récit d'aventure, où la
dimension humaine des personnages, même lorsqu'ils sont pris dans un
groupe, ou une action forte, comme c'est le cas dans la précipitation
dramatique de la seconde partie, tend à constituer le motif central. Et tout
en m'astreignant à concentrer et à maintenir l'intérêt autour de cette
action principale, à laquelle je tiens pour sa forte dimension euphorique et
symbolique à la fois, il était important pour moi de laisser,
paradoxalement, libre cours aux digressions qui pouvaient venir
s'enchevêtrer dans le récit, comme autant d'escapades justifiées par le
simple plaisir contemplatif des événements de la vie quotidienne de ce
feuilleton familial."
"L'alliance entre la dimension romanesque, et le rendu des personnages
et de leur environnement, est pour moi primordiale, car, d'une part, le
milieu dépeint est celui auquel j'appartiens, donc je suis affectivement
très impliqué, et d'autre part, parce que c'est aussi en réaction à des
schémas encore trop souvent réducteurs, que je voulais représenter cette
famille de " Français-Arabes " dans sa complexité, et investie dans
l'ouverture d'un restaurant familial, donc tournée vers un avenir qui ne
soit pas forcément synonyme de la négation de sa propre singularité.