Téléchargez le document (pdf, 859 Ko)
Transcription
Téléchargez le document (pdf, 859 Ko)
DOSSIER Mandat de protection future : Anticiper une perte d’autonomie Comment anticiper une future perte de son autonomie et de ses capacités ? Innovation de la loi du 5 mars 2007, le mandat de protection future permet de prévoir sa protection en choisissant la personne qui sera chargée de gérer ses affaires le jour où l’on ne pourra plus le faire soi-même. L e mandat de protection future vous permet de désigner à l’avance la ou les personnes que vous souhaitez voir être chargées de veiller sur vous et/ou sur tout ou partie de votre patrimoine, pour le jour où vous ne serez plus en état, physique ou mental, de le faire seul. « Inspiré des législations étrangères, le mandat de protection future est déjà pratiqué au Québec depuis 1990 sur le modèle du curateur public, précise Maître Perreau-Billard, notaire. Avec le mandat de protection future, le législateur concilie ainsi dignité et liberté. Il offre une solution souple et très personnalisée pour désigner à l’avance qui sera chargé de veiller sur ses intérêts et sa personne en cas de besoin.» N°4 Avril 2011 Comment ça marche ? Le mandat peut être établi pour vous-même, si vous êtes majeur ou mineur émancipé et que vous ne faites pas l’objet d’une mesure de tutelle. Il peut également être souscrit pour autrui, pour défendre les intérêts de votre enfant handicapé après votre mort ou en cas d’incapacité par exemple. Le mandat peut porter sur la protection de votre personne, sur celle de vos biens, ou sur les deux. Vous pouvez désigner plusieurs mandataires : un pour 6 la gestion de votre patrimoine immobilier, un autre pour votre portefeuille de placements et un troisième pour votre protection en tant que personne. Vous pouvez choisir librement votre mandataire ou faire appel à une personne morale inscrite sur la liste des mandataires judiciaires à la protection des majeurs. Le mandataire doit, pendant toute l’exécution du mandat, jouir de la capacité civile, et ne peut être déchargé de ses fonctions qu’avec l’autorisation du juge des tutelles. Si vous pouvez établir votre mandat de protection future dès maintenant, il ne prendra évidemment effet qu’à compter du jour où votre incapacité est constatée, lorsqu’il est établi que vous ne pouvez plus pourvoir seul à vos intérêts. « Pour mettre en œuvre le mandat, le mandataire doit le présenter au greffe du tribunal d’instance et produire un certificat médical émanant d’un médecin spécialiste choisi sur une liste établie par le procureur de la République. Le greffier doit alors le viser et le dater puis le restituer au mandataire », précise Maître Perreau-Billard. Le mandat de protection future s’exerce en principe à titre gratuit. Lors de l’ouverture de la mesure, le mandataire doit procéder à un inventaire des biens du mandant et établir chaque année un compte de sa gestion. A l’expiration du mandat, il doit tenir à la disposition de la personne qui continue la gestion ou « Avec le mandat de protection future, le législateur offre une solution souple et très personnalisée pour désigner à l’avance qui sera chargé de veiller sur ses intérêts et sa personne en cas de besoin. » Maître Perreau-Billard aux héritiers du mandant les 5 derniers comptes annuels de gestion et toutes les pièces justificatives. Le mandataire peut être contrôlé par une personne physique ou morale, identifiée dès la constitution du d o s s i e r. E n c a s d e difficulté, toute personne, y compris la personne protégée ellemême, peut saisir le juge des tutelles, qui peut prendre toute mesure pour préserver les intérêts du bénéficiaire du mandat. Demandez conseil à votre notaire Si le testament permet de prévoir la mort, le mandat de protection future offre l’opportunité d’anticiper une incapacité. Expert en matière de droit des familles et professionnel de la transmission du patrimoine, votre notaire est seul à pouvoir vous orienter convenablement. Il pourra notamment vous conseiller sur l’opportunité ou non de recourir à un mandat de protection future mais également à un mandat posthume, à nommer dans votre testament un exécuteur testamentaire, à réaliser des libéralitéspartages adaptées, des libéralités graduelles et résiduelles... En bref, il vous guidera dans la recherche d’une solution familiale équilibrée, juridiquement fiable et indiscutable. Pourquoi préférer l’acte notarié ? Il existe deux types de mandat : sous seing privé ou par acte notarié. La forme sous seing privé est une forme simple, plus spontanée. Le mandat doit être daté et signé par le mandant et accepté par le mandataire qui y appose sa signature. Pour garantir la qualité de son contenu, il doit être contresigné par un avocat ou établi selon un modèle défini par décret en Conseil d’Etat. Sous ce mandat, la gestion des biens se limite aux actes d’administration, c’est-à-dire ceux qu’un tuteur peut faire sans autorisation du juge (renouveler le bail d’un locataire par exemple). Tout acte de disposition nécessite l’autorisation du juge des tutelles. Problème : « le législateur n’a pas prévu de fichier centralisé pour la conservation du mandat original. Or, sa perte peut poser un sérieux problème si le mandant ne peut en établir un nouveau, car devenu incapable entre-temps. » Lorsque le mandat est conclu par acte notarié, les pouvoirs du mandataire sont étendus. Il permet notamment de l’autoriser à procéder à des actes de disposition du patrimoine du mandant comme la vente d’un bien immobilier ou d’un placement financier. Le mandataire rend compte au notaire et lui remet notamment l’inventaire des biens et le compte annuel. « La désignation du ou des mandataires par acte notarié doit être préférée dans la mesure où le mandat authentique assure une protection juridique accrue. Le notaire est par ailleurs investi d’un pouvoir de contrôle et de vérification puisqu’il peut saisir le juge des tutelles de tout mouvement de fonds et de tout acte non justifié ou n’apparaissant pas conforme aux stipulations du mandat. Les conseils avisés du notaire permettront au mandant de recevoir une information adaptée et d’être assuré du bon respect du mandat », souligne Maître Perreau-Billard. L’authenticité paraît enfin être le gage d’une sécurité incontournable pour éviter toute contestation sur la capacité du mandant, la date et la conservation de l’acte. Contrairement au mandant sous-seing privé, le risque de perte est nul et le notaire est en mesure de délivrer des copies authentiques du mandat si nécessaire. Le mandat de protection future pour autrui Le mandat de protection future peut également être souscrit pour autrui. Les parents en charge d’un enfant souffrant d’un handicap grave peuvent ainsi désigner un ou plusieurs mandataires pour pourvoir à ses intérêts après leur décès ou lorsqu’ils ne pourront plus prendre soin de lui. Ils évitent alors l’ouverture d’une tutelle judiciaire, permettant à la famille de jouer son rôle naturel de protection et d’accompagnement. Ce mandat ne peut être établi que par acte authentique. En tout état de cause, il ne pourra s’appliquer que lorsque l’enfant sera majeur. La disparition ou l’incapacité des parents pendant la minorité de l’enfant génère, pour la protection du mineur, l’application des règles juridiques relatives à la tutelle des mineurs ou à certaines modalités d’exercice de l’autorité parentale par un tiers. Pour être en mesure de contracter un tel mandat, les parents (ou le dernier vivant des père et mère) ne doivent pas faire l’objet d’une mesure de curatelle ou de tutelle. Ils doivent exercer l’autorité parentale sur leur enfant mineur s’ils établissent ce mandat pendant la minorité de l’enfant. Si l’enfant est majeur, ils doivent en assumer la charge matérielle et affective. Mon édition VIENNE Notaire magazine Mon Notaire magazine 7