Une vie pour tous, tous pour une vie

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Une vie pour tous, tous pour une vie
Une vie pour tous, tous pour une vie
“De toutes les aventures que je vais vous raconter, celle là est la plus difficile à endurer, et je
vous propose bien volontiers de passer à un autre récit que le mien. Vous êtes toujours là ?
Bien puisque vous y tenez…autant rester dans ce cas…
Je m’appelle Barbara et j’ai toujours adoré les voyages, le sport et le droit. J’étais en dernière
année de droit lorsque s’est arrivé…
Julian, mon petit ami, me réveilla d’un tendre baiser dans le cou.
« Debout ma chérie, aujourd’hui est un jour spécial ! »
Je détestais ce jour, qui se répétait chaque année, à la même date. Mon anniversaire.
« Laisse moi dormir, je préfère rester coucher …»
Julian, mon amour, ma vie, mon meilleur ami, mon confident, mon amant, tout à la fois. Je n
savais pas comment il avait pu tomber amoureux de moi, avec mon caractère entêté, impulsif
et fougueux. J’étais le feu, il était la glace. On se complétait à merveille. C’était en 2nde que
l’on s’était rencontré, dans un club de badminton. Il m’avait regardé, avait levé les yeux en
l’air et avait pouffé de rire avec ses amis.
« Tu as vu cette naine ? Qu’est ce qu’elle vient faire ici ? La raquette est plus grande
qu’elle ! »
Du haut de mon mètre cinquante cinq, je n’avais pas relevé. Que pouvais-je dire contre des
gaillards de presque deux mètres de haut et surtout de deux ans plus vieux que moi ? Rien.
Mais cela n’allait pas se finir comme ça. Si je ne pouvais pas m’exprimer de vive voix, j’allais
le faire sur le terrain, et leur fermer le clapet à ces pies. La prof organisa une montante
descendante. Je montais, petit à petit. J’avais commencé du terrain le plus faible pour arriver
ni vu ni connue sur le terrain le plus fort, où j’allais affronter ce Julian je-pète-plus-haut-quemon-cul. La partie commence, je lui laisse quelques points d’avance, pour ferrer la bête,
histoire de savourer ma vengeance un peu plus. Il rigole, s’avoue déjà vainqueur. Et là, à 8-1
pour lui, je commence à jouer vraiment. Et je gagne. 9-11. Mon bel adversaire a la mine
défaite, et moi je souris en coin, sans même faire une seule remarque.
« Bien joué la naine »
« Barbara. Un piètre joueur ne peut se permettre d’insulter une femme qui vient de gagner
contre lui. A moins que tu ais honte ? »
« Enchanté Barbara. On remet ça mercredi prochain. Je n’étais pas très en forme… »
Et de là tout commença, notre idylle. Tous les mercredis on s’affrontait sur le terrain, on se
taquinait, et on en redemandait. La première compétition arriva, dans un lycée situé à environ
2 heures de route du notre. J’étais dans l’équipe de Julian, une simple formalité. On gagna
sans se voir opposer une quelconque résistance de l’autre équipe. Le minibus nous ramena au
gymnase du lycée. Tous les élèves partirent sauf lui et moi.
« Tu ne rentres pas ? »
« Non, mon père m’a amené ce matin et il ne pourra venir me rechercher que dans une heure
et demi »
« Je peux l’attendre avec toi si tu veux, ma mère m’a dit de lui téléphoner pour qu’elle vienne
me chercher dès que je serais au gymnase. Je n’aurais qu’à lui téléphoner plus tard »
« Vraiment ? Je veux bien dans ce cas »
On s’abrita dans le gymnase, essayant tous les tapis de gymnastique, courant dans les gradins.
Et on parla. Beaucoup. De tout mais surtout de nos vies. De mon père partie pour une autre et
devenu violent, du sien ayant quitté sa mère et l’ayant arraché à elle à ses 15 ans contre la
promesse d’un scooter et de plein d’autres présents. Julian, un enfant intéressé, comme tous
les enfants de son âge mais qui regrettait son geste et pensait avoir abandonné sa mère. Et
moi, fille ayant pris la place du père au sein de la famille, grandit sans repère.
C’est tout naturellement que l’on se mit ensemble. Aujourd’hui Bac+5 en droit et lui
travaillant dans une grande entreprise, tout allait pour le mieux. Sauf ce jour, cette date. Mon
anniversaire. Je détestais ce jour.
« Allez lève toi, ouvre au moins ton cadeau »
Je me redressais dans le lit. A coté de moi, un plateau repas et une toute petite boite, petite
mais assez grande pour accueillir une bague. Coup de stresse. Oh non Julian, tu sais très bien
que je suis contre le mariage, ne me dit pas que c’est ce que je pense…
« Eh bien ouvre la boite ! »
Il me regardait avec un sourire en coin. Je me sentais prise au piège. Je pris la boite. Respirais
un grand coup et ouvrit…
Une petite carte à l’intérieur avec un mot enroulé sur lui-même. Je déroulais la papier, une
inscription « Veux tu partir une semaine avec moi dans les Pyrénées pour une semaine de
sports sensations ? »
« Oh oui je le veux ! »
Il avait touché dans le mille ! Comme toujours ! Ma chère mère avait dû lui dire que
j’économisais en vue de faire ce voyage, et lui, galant et fourbe qu’il est, avait failli me faire
avoir un infarctus avec cette boite, moi grande sportive !
« Mais tu n’aimes pas le canyoning, tu n’en as fait qu’une fois et c’est vraiment dur ! »
« Ce n’est pas comme si je faisais du badminton depuis mon plus jeune âge, et que je m’étais
mis au rugby depuis deux ans…C’est bon je crois pouvoir tenir le coup… »
Il commençait à bouder.
« Oh viens mon chéri ! Je vais te remercier comme il se doit… ! »
Finalement ce jour là, on était resté sous la couette !
Le lendemain j’allais voir ma mère avant le grand départ de la semaine suivante.
« Ne t’inquiète pas maman, tout ira bien ! Et je ferais attention à ton gendre préféré ne
t’inquiète pas voyons ! »
« Oui mais quand même ! Je préférerai que tu me fasses des petits enfants à la place de partir
dans des trucs de fou comme ça ! »
« Moi aussi je t’aime maman ! »
Je lui fis un bisou et je reparti en rigolant. Ma mère. Ma meilleure amie. La femme que je
vénérais le plus au monde. Mon modèle.
Nous arrivâmes à notre point de destination le matin très tôt. On devait commencer par un
léger échauffement, les moniteurs voulant savoir qui avait déjà fait des sports extrêmes et du
canyoning parmi la trentaine de vacanciers ici présent. Je devais surement être la plus
expérimenté. Tous en avaient fait au moins une fois. Moi je devais être à mon 20ème raid.
J’adorais ça tout simplement.
On parti pour la journée. Faire quelque descente facile pour commencer. Le soir, nous étions
crevés. J’allais prendre ma douche. Julian me dit qu’il allait à la supérette du coin et me
demanda s’il fallait qu’il me ramène des tampons, comme il me le demandait chaque mois. Je
lui dis que non, qu’il me restait la boite du mois dernier. C’est vrai ça, la boite du mois
dernier. Dans la douche, mentalement je comptais de quand datait mes dernières règles. Je ne
les avais pas eu ce mois ci, ni le mois dernier. Je me sentis toute froide, et ayant des bouffées
de chaleurs en même temps. J’entendis Julian partir à la superette. Je sortais en trombe de la
douche et allait vérifier ma pilule. Ok, j’avais parfois oublié de la prendre un jour ou deux.
Mais ce n’étais pas si grave. Si ? Je commençais à stresser. J’enfilais un jogging à toute
vitesse, pris un billet dans mon sac à main et courait à toute vitesse sur la place du petit
village. Il me fallait une pharmacie et vite.
« Bonjour madame, je voudrais euh vous savez, pour savoir… »
« Pour savoir ? »
« Euh le truc pour les bébés là… »
« Un thermomètre ? »
« Non pour savoir si le bébé est là… »
« Haaa ! Un test de grossesse ! Je vais vous en chercher un. »
« Donnez m’en plutôt trois s’il vous plait, et des différents… »
Je rentrais à toute vitesse dans le petit chalet. La notice indiquait pour chacun d’eux qu’on
pouvait faire le test n’importe quand dans la journée. Je m’enfermais dans les toilettes. « Allez
pipi, vient ! Vient ! Vite ! » Je fis pipi sur les 3 languettes, tour à tour.
Quelques minutes plus tard la sentence tomba.
Positif
Positif
Positif
Et merde ! Si je comptais bien ça faisait au moins 1 mois que la chose était accrochée à
l’intérieur de moi. J’irais me faire avorter dès que je rentrerais. Je décidais de garder ça pour
moi. Pour le moment.
Le dernier jour de canyoning arriva. Le moniteur fit deux groupes : les expérimentés d’un
coté et les plus débutants de l’autre. 15 – 15. Il demanda à ceux qui était dans les 15
expérimentés, dont Julian et moi faisions partie, s’il y en avait qui voulait faire la descente la
plus dure des Pyrénées. Ni une ni deux, pour moi c’était oui sans hésitation. Julian me suivit.
On se retrouvait à 8, moniteur compris, à vouloir faire la super descente.
Avant de monter dans le bateau, je regardais Julian. Mon Julian. Il était magnifique. Un enfant
de lui serait magnifique. Il me surprit.
« Qu’est ce qu’il y a mon cœur? »
« Oh rien, rien… »
« Tu as quelque chose ! Je le vois bien ! Allez dit »
« J’ai…j’aurais…je voudrais te parler d’un truc ce soir, quand on rentrera dormir au chalet »
« Tu veux me quitter le dernier jour de nos vacances ? » me taquina t-il
« Bien sur que non, me révoltais-je, où tu vas chercher des idées comme ça ?! »
« Alors si c’est pas ça, c’est que ce n’est pas si important ! »
« Eh bien…non tu as raison ! On en parlera tout à l’heure ! »
Les sécurités mises, les gilets de sauvetage enfilés, notre petit groupe élança notre
embarcation et nous commençâmes notre descente.
La première partie de la journée fut facile. Le moniteur décida de s’arrêter sur une berge pour
que l’on puisse manger nos pique-niques. On en profita pour se sécher au soleil, et visiter les
cryptes alentours.
Puis nous repartîmes. Le moniteur nous avertis qu’il allait falloir être très vigilent et que
surtout, le temps commençant à se gâter, il faudrait bien respecter ses consignes.
La première se fit sous un soleil de plomb, mais qui dit soleil de plomb, dit orage qui se
prépare. Et pas manqué, vers 17 heures, à 2 heures de l’arrivée, l’orage éclata. Il était difficile
de voir où nous allions et nous étions tous très concentrés.
L’embarcation valsait dans les tourbillons, on avait l’impression de faire du trampoline. Les
gens et moi-même n’étions plus très rassurés, et le moniteur non plus d’ailleurs, mais on
faisait comme si de rien n’était. Des liens s’étaient tissés entre Julian, moi et le reste du
groupe durant toute la semaine. Alors on essayait tous d’en rigoler. Mais au fond de nous
même nous étions tous très préoccupés.
18 heures. L’orage battait son plein. Le moniteur cherchait un endroit pour que l’on puisse se
reposer. Nos bras commençaient vraiment à nous faire mal, tout comme le reste de nos
muscles, et ce qui devait être une partie de plaisir commençait à être un marathon pour rester
sur le bateau et surtout pour éviter les torrents et les tourbillons.
18h15. Le moniteur nous demanda de jeter les glacières et sacs. Tout ce qui pouvait être
dangereux et nous tomber dessus. Le cours d’eau se gonflait avec la pluie et il devenait de
plus en plus déchainé. Une femme commença à pleurer de peur. Nous n’avancions plus et la
nuit commençait à tomber.
18h30. Nous arrivâmes à une embouchure du cours d’eau. L’embarcation devenait ingérable.
Souvent quelqu’un tombait et nous étions obligés de le ramasser à la hâte pour le remonter.
18h45. Je ne sais pas réellement ce qui arriva, tout vint trop vite. On se retrouva dans un
tourbillon bien trop fort pour nous et le bateau se retourna. On essaya tant bien que mal à
remonter à bord mais le courant était bien trop fort. J’arrivais à retourner le bateau et attrapais
la jeune femme qui pleurait depuis tout à l’heure. Le moniteur remonta vite dans
l’embarcation et je commençais à lui amener les gens pour qu’il les remonte. Julian remonta
seul à bord, avec beaucoup de mal. Le moniteur décida qu’il fallait que l’on se mette allongé
dans le fond de l’embarcation et que l’on se laisse aller par le courant. Les gens remontaient
dans l’embarcation. Nous étions encore 3 dans l’eau lorsque le moniteur cria à travers l’orage.
Il essayait de parler le plus fort possible pour qu’on l’entende. Je ne compris pas ses mots
mais l’idée générale me parvient. Nous étions trop pour redescendre.
Il fallait faire un choix, soit le moniteur prenait tout le monde et il n’était pas sur de pouvoir
nous ramener en vie. Soit l’un de nous se désistait pour rester en dehors du bateau tout en s’y
agrippant pour redescendre. Les gens se regardèrent. Nous étions tous en couple. Mais Julian
et moi étions les seuls sans enfants. Je regardais Julian et il comprit ce que j’allais faire.
« Non ! Pas toi ! »
« Julian, criais-je, je suis surement la plus habitué à ce sport et je suis une très bonne sportive.
Je suis jeune et je ne suis pas fatiguée » (ce qui était totalement faux, j’étais épuisée)
« Non je ne veux pas ! Laisse-moi aller en dehors de l’embarcation ! »
« Non tu restes à l’intérieur ! Arrêtes de faire l’enfant voyons ! Dans 30 minutes on est arrivé,
c’est rien ! Fais-moi confiance bordel ! »
Devant mon air résigné et entêté, il savait qu’il n’avait aucune chance.
« Ok. Mais tu t’accroches et je te tiens aussi »
« Si tu veux »
Et nous étions repartis pour descendre. L’eau était glacée et j’avais du mal à rester accroché
au cordage avec mes membres ankilosés. J’avais très froid. Et les rochers venaient cogner
contre mon casque ou mes jambes. Bien que j’essaye de les éviter au maximum et que Julian
me guide.
Je regardais Julian, il comprit ce que j’allais faire.
« Non ! Barbara ne lâche surtout pas ! Dans 10 minutes nous y sommes ! »
« Je sais mais je n’arrive plus à tenir… »
« Laisse-moi prendre ta place chérie »
« Non, on ne peut pas s’arrêter tu le vois bien…écoutes mon amour, je vais lâcher et aller sur
la berge, au pire dans 10 minutes vous êtes en bas, moi je me repose un peu et je repars en
nageant. Avec mon gilet je me mettrais sur le dos et dans 30 minutes je t’aurais rejoints »
« NON ! Je t’aime ! Et je ne veux pas te perdre ou t’attendre ! Et je sais que tu ne veux pas
m’épouser mais j’ai acheté une bague pour ton anniversaire. Je veux me marier et fonder une
famille avec toi ! Parce que je t’aime…Tu es tout pour moi ! »
« Je t’épouserai, je te le promets, mais seulement si tu me laisses lâcher l’embarcation. Je te
jure que je redescendrais ! Sois courageux voyons ! »
Julian sonda mon regard et me sourit, il m’embrassa de ses yeux, et moi je cachais mes larmes
avec la pluie, car en mon for intérieur, je ne savais si je pourrais tenir ma promesse.
Le sort trancha. Un énorme rocher arriva et mon bras claqua dessus. Je lâchai l’embarcation
sous le coup.
« Attendez ! Ma femme à lâché le radeau ! »
Il m’avait appelé sa femme. Mon Julian ! Mon amour…
Je me retins au premier rocher qui arriva sur moi. Les passagers essayaient de maintenir
l’embarcation pour que je revienne me tenir. Je les regardais.
« Barbara, cria le moniteur, dépêchez vous ! On ne va pas pouvoir tenir longtemps. L’eau
monte de plus en plus ! »
Le bateau tanguait de plus en plus.
« Partez sans moi »
Le moniteur me regarda. Je lu dans son regard que s’il attendait une minute de plus, tout son
équipage en mourrait. Je lu aussi qu’il me remerciait de me sacrifier.
« NON ! NON ! NE LA LAISSEZ PAS ! »
Je fis un signe de tête au moniteur, pour lui donner mon consentement. Ils repartirent.
« Je regardais Julian s’éloigner, et les autres le maintenir à bord. Je lui fis mon plus beau
sourire, un sourire apaisant, car je savais que pour moi ce n’étais qu’une question de seconde
avant que le courant ai raison de moi.
J’avais décidé. Tel un mousquetaire j’avais appliqué le « un pour tous » en leur donnant ma
vie pour sauver la leur. Mais le « tous pour un » n’avait pas vocation à s’appliquer ici.
Julian et le bateau ne fut plus qu’un petit point. J’eu une pensée pour ma mère, ma mère
courage qui m’avait élevé moi et ma sœur seule, sans mon père. Une pensé pour mon nouveau
beau père qui était le père que j’aurais toujours voulu avoir. Une pensée pour ma sœur qui,
même si je lui en faisais voir de toutes les couleurs, était pour moi la plus parfaite petite sœur
que l’on puisse avoir au monde. Une pensée pour ma petite chienne Halta, un border terrier
terriblement attachant qui vivait chez ma mère.
Une pensée pour Julian. Ma moitié. Je revis tout ce que j’avais vécu jusqu’ici. Mais je
décidais de me battre quand même. Je lâchais le rocher et nageait de toutes mes forces. Le
courant était beaucoup trop violent. Mes membres bien trop fatigués et courbaturés pour
lutter. Je m’acharnais encore et encore. Je bus une grosse gorgée d’eau. Trou noir.
Je voyais Julian arriver en pleurant dans le petit chalet et attendre mon retour. Aller dans la
salle de bain pour fouiller dans ma trousse de toilette et chercher mon portable pour joindre
mes parents de l’accident. Je le voyais tomber sur les tests et sourire, devenir heureux, puis
redevenir encore plus triste. Retourner dans le salon et attendre à coté du combiné avec le
pompier qui était là, assis lui aussi à coté du téléphone. Attendant que ses collègues me
trouvent.
Je refis surface, je me débattais encore et encore. Nouvelle tasse, nouveau trou noir.
Je voyais ma mère et Julian se soutenir mutuellement dans un bâtiment. Une église ? Non,
impossible. Tout le monde sait que je veux être incinérer. Se soutenant l’un l’autre et mon
beau père derrière avec ma petite sœur.
A nouveau la tête hors de l’eau je me bats encore et encore. Un rocher claque contre ma joue,
je saigne. Trou noir.
Je me vois avec Julian, ma mère et mon beau père, ma petite sœur et ma chienne, à un repas.
Il fait chaud. Nous sommes sous une pergola avec pleins de fleur. J’entends un bébé pleurer et
Julian se lève « j’y vais, reste là mon amour ». C’est notre enfant. Une famille unie. C’est ça
le paradis ?
Je refais surface et me retrouve dans cet enfer. Je sais que l’on retrouvera mon corps, au bas
du cours d’eau. Que je me serais noyée. Que le médecin annoncera à mon futur mari Julian
que j’étais enceinte de 2 mois. Oh maman si tu savais comme j’ai peur, toi si courageuse, je
n’ai pas un centième de ton courage là, en ce moment même. Mon amour, Julian, tu feras un
père et un mari formidable, même si ce n’est pas avec moi.
Un rocher vient casser mon genou. Je ne sens plus rien. Ma tête retourne sous l’eau. Trou
noir.
Je retrouve cette vision de paradis.
« Tu veux une tasse de thé ma chérie ? » me dit ma mère. Je lui souris. Cette vision me plait.
« Maman, je me suis battu tu sais ! J’ai essayé ! Mais le courant était beaucoup trop fort ! ».
« Je sais ma chérie »
« Tu aideras Julian maman ? »
« Bien sur ma chérie »
« J’ai peur maman »
« N’ai pas peur, je suis là. Laisse toi aller, tout ira bien ma chérie »
Alors je lui souris
« Merci maman, je t’aime… »
« Moi aussi mon amour, je t’aime. Nous t’aimons et t’aimeront tous »
Alors je m’évanouis dans les ténèbres.

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