La solitude du coureur de fond
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La solitude du coureur de fond
Méditation pour le 13e dimanche du Temps Ordinaire C La solitude du coureur de fond Dieu était seul « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. » Et jésus a mis la main à la charrue, les yeux tournés vers Jérusalem, il ouvre la route, une route qui mène tout droit à Jérusalem. Comme le temps approchait où il allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. Jésus regarde le terme de son chemin sur la terre : il a les yeux fixés sur cette heure où il sera enlevé de ce monde où, à sa suite, il attirera le monde à Dieu. Il ne perd pas de vue le but du voyage : il est venu pour entraîner l’humanité dans la vie et dans la lumière. Il regarde plus loin que la mort qui l’attend à Jérusalem ; mais il voit qu’il lui faudra passer par la mort pour que toute l’humanité puisse ressusciter. « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. » Et Jésus marche sans dévier. Chaque pas le plonge toujours davantage dans la solitude. Les Samaritains refusent de le recevoir, ses disciples ne pensent qu’à détruire, les hommes qu’il rencontre ont mieux à faire que de le suivre. Jésus connaît la solitude du coureur de fond ! Dieu est seul Jésus, dans chacune de nos existences humaines, connaît cette solitude extrême. Chacun de nous est pour lui plus que l’humanité toute entière. En venant chez moi, Jésus envoya des messagers devant lui ; il m’adressa des signes que je ne reconnus pas. C’est tout un village de Samaritains qu’il rencontra ; des Samaritains, des étrangers en foule, habitaient ma demeure : une foule d'occupations et de soucis m’occupaient et je refusai de recevoir celui dont le comportement venait déranger mes habitudes. Mais le Fils de Dieu passa sur son chemin, il passa outre mon aveuglement et mes refus. Il supporta d’être chassé sans pour autant m’abandonner. Il continua avec courage la route qui le menait à Jérusalem. Il descendit encore plus bas, il rencontra chez moi cet homme qui lui déclara être prêt à le suivre partout où il irait, mais Jésus savait bien que je n’étais pas capable de faire nu seul pas sur ce chemin. Alors le Fils de Dieu avança encore davantage, il descendit toujours plus bas et là il trouva celui qui, en moi, entendit enfin son appel. Jésus me dit : « Suis-moi » mais… ça n’était pas le bon moment et je lui répondis : « Permets-moi d’abord d’aller enterrer mon père. » Alors descendant toujours davantage au creux de mon existence, Jésus me renouvela son appel. Il me dit : « Suis-moi. » mais je demandais d’abord un certain délai. Et Jésus connut la solitude du coureur de fond ! Dieu seul Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il descendit chez moi et prit avec courage cette route où il avança seul sans jamais regarder en arrière. Jésus, au cœur de son existence, gardait les yeux fixés sur le terme : sur ce jour où, à sa suite, il m’arracherait à ce monde d’indifférence à Dieu. Jésus voyait que j’étais fait pour le Royaume de Dieu, et, avec courage, il demeura seul, ignoré, méprisé, dans l’espérance de ce jour où – à force de patience – il viendrait à bout de ma surdité. Ainsi, le Fils de Dieu, au cœur de l’humanité entière demeure seul et ignoré. Il connaît la solitude du coureur de fond. Mais à ses disciples il déclare : « A ma suite, toi aussi tu connaîtras la solitude du coureur de fond. Mets la main à la charrue et marche sans te retourner. Ne regarde jamais en arrière : oublie le chemin parcouru et garde les yeux fixés sur le terme. Ne te laisse pas arrêter par le mépris, l’indifférence ou la bêtise humaine. Ne te laisse pas écraser, car sur cette route de solitude je suis ton compagnon. Oublie les difficultés et regarde devant : c’est moi qui, pas à pas, t’ouvre la route. Cette route est celle où tu connaîtras Dieu seul, celle du Royaume de Dieu. » Christine Fontaine