BAFD bilan de formation

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BAFD bilan de formation
BILAN
DE
FORMATION
au Brevet d’Aptitude aux Fonctions de Directeur
de Centre de Vacances et Centre de Loisirs
Sans Hébergement.
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SOMMAIRE
1. MES MOTIVATIONS.
1.1. Pourquoi l’animation ?
1.2. Mes débuts dans l’animation.
2. MA FORMATION.
2.1. Ma formation générale.
2.2. Mon premier stage pratique.
2.3. Mon stage de perfectionnement.
2.4. Mes expériences sociales.
3. MA FONCTION DE DIRECTRICE.
3.1. Ma préparation de séjour.
3.2. Mes objectifs pédagogiques.
3.2.1. Utilisation du contexte naturel.
3.2.2. Activités diversifiées et concept choix.
3.2.3. Accession à l’autonomie.
3.2.4. Respect du rythme de vie.
3.3. Information et dialogue.
3.3.1. Avec les parents.
3.3.2. Avec l’organisme employeur.
3.3.3. Pendant le séjour.
3.4. Mes actions sanitaires et administratives.
3.5. Mes rapports avec l’équipe d’animateurs.
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p.9
p.10
p.11
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4. LES ALEAS DU SEJOUR.
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5. MA REMISE EN QUESTION.
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CONCLUSIONS.
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1. MES MOTIVATIONS.
1.1. Pourquoi l’animation ?
L’entrée dans l’animation a été le fait d’un heureux hasard. J’effectuais un stage de théâtre et
mon professeur m’a sollicitée pour un poste d’animatrice en centre de vacances.
La suite des événements révélera mon vif intérêt pour l’exercice d’activités auprès des enfants
et des jeunes en général.
1.2. Mes débuts dans l’animation
En fait, conjointement à ma formation universitaire, j’ai obtenu un emploi à “temps partiel”
d’animatrice les mercredis et les vacances scolaires.
Il s’est avéré au fil des mois que cette activité devenait de plus en plus passionnante et, je
comptais m’y investir davantage.
Etre animatrice signifiait, pour moi, le moyen d’aider, d’un point de vue périscolaire, à
l’épanouissement de l’enfant notamment par :
. le jeu : il est le moyen privilégié de faire passer un message à l’enfant, de lui apprendre
le respect de l’autre et de développer son sens de la collectivité.
. les activités manuelles et artistiques : les unes permettent de développer une plus
grande maîtrise gestuelle, les autres aident les enfants à maîtriser leur corps et à
s’extérioriser.
Cette fonction est devenue mon activité centrale.
Mon expérience en tant qu’animatrice étant suffisamment avancée, j’ai alors très vite éprouvé
le besoin de dépasser ce stade, et de m’engager dans une activité nécessitant plus de
subjectivité, d’enthousiasme et d’investissement.
Pour mon équilibre personnel et mon épanouissement dans le domaine de l’animation, j’ai
décide d’entreprendre une formation B.A.F.D., me permettant enfin de jouer un rôle actif et de
devenir ainsi un véritable partenaire pédagogique.
2. MA FORMATION.
Echelonnée sur quatre années, la formation “B.A.F.D.” permet, à mon sens, une interaction
profitable entre les temps de formation théorique et pratique (connaissances et
apprentissages).
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2.1. Ma formation générale.
Le premier stage de formation m’a permis de :
- Préciser la notion de projet pédagogique et en faire sa rédaction .
Le projet de vie construit et pensé est le point de départ de toute action à l’égard de
l’organisme employeur, des animateurs et des enfants.
- Combler certaines lacunes de type administratif, économat, réglementation (...).
- Percevoir les fonctions et rôles d’un directeur dans les structures des centres de loisirs sans
hébergement et centres de vacances.
- Faire adhérer les partenaires à des projets, obtenir après exposé de mes objectifs (auxquels je
crois fermement) les moyens dont j’avais besoin pour les réaliser.
- Souligner la nécessité d’une communication permanente et systématique avec l’équipe
d’animation dont j’aurai la charge, en vue d’une collaboration harmonieuse.
Ce stage m’a, en fait, permis d’acquérir les bases indispensables à la fonction de directrice.
2.2. Mon premier stage pratique1.
Quelques mois après le stage de formation, en Juillet 1993, j’ai souhaité effectuer une
direction en centre de vacances, de type “mini-séjours”, à Souppes-sur-Loing, et de mettre en
pratique ces précieux acquis.
Au programme du séjour, des activités dites “spécifiques” étaient proposées aux enfants.
Organisée à la base de loisirs de la commune de Souppes-sur-Loing, la baignade était très
appréciée par les enfants. Le décor de “vacances à la mer” avec le vaste plan d’eau et la plage
de sable blond était recréé.
Des promenades à bicyclette ont permis aux enfants de découvrir la commune et ses attraits
touristiques à proximité (ex. l’écluse).
Considérant la passion des enfants pour ces activités, j’en ai donné préalablement les règles de
conduite dans mon projet pédagogique. Tel qu’on me l’a enseigné, ces activités sont
règlementées. Lors de la réunion préparatoire, j’ai donc avisé les animateurs que les règles de
sécurité étaient strictes et ne permettaient aucune dérogation.
Partisane des rapports harmonieux entre collaborateurs, le ton directif, employé alors, et
toujours de rigueur aujourd’hui, peut parfois être difficile à adopter.
Mais, à présent, plus que jamais, j’ai le sentiment que cette attitude “inflexible” est d’une
absolue nécessité. La sécurité est sans conteste un point non négociable et prioritaire, sur
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Voir rapport de stage en annexe
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lequel un directeur ne peut tolérer de laxisme car il y engage sa responsabilité et, surtout, il est
garant de la santé de l’enfant.
Par ailleurs, j’ai initié la mise en place d’un programme où chaque animateur s’est engagé à
tout mettre en œuvre pour contribuer à assurer la sécurité physique et affective des enfants.
Un environnement propice à l’épanouissement de l’enfant a pu être créé en favorisant la
découverte d’activités originales et variées, adaptées aux enfants d’âges différents.
Dans ce cadre, la communication, ciment de l’équipe, a permis à chaque individu de trouver
sa place et de développer ses compétences dans l’animation, dans un réel climat de confiance,
et en répondant le mieux possible aux besoins et envies des enfants.
2.3. Mon stage de perfectionnement.
Le deuxième stage de formation “théorique” était plus axé sur les échanges, le dialogue et la
réflexion.
Tous les intervenants ont pu, à la fois, y exposer leurs propres expériences et les analyser.
Lors des différentes séances, une véritable dynamique de groupe animée par l’équipe de
formateurs, était instaurée. Des professionnels - inspecteur des stupéfiants, conseillère
d’éducation, organisateur de séjours pour enfants, représentant Jeunesse et Sports - ont
sollicité des débats où des problèmes fondamentaux ont pu être soulevés.
Cette expérience me fut profitable. En effet, les exposés de cas auxquels je n’avais encore
jamais été confrontées, m’ont fait prendre conscience de leur existence possible. Ils m’ont fait
m’interroger sur la façon dont je pourrais moi-même réagir dans des situations similaires.
2.4. Mes expériences sociales.
Au fil des expériences, j’ai acquis une plus grande maturité.
Grâce à la polyvalence de mes activités sociales, j’ai développé certaines compétences.
Pendant mon cursus universitaire, j’ai eu la possibilité de travailler sur des projets où étaient
mis en exergue les comportements humains : les conduites d’aide, les interactions culturelles,
etc.
Par ailleurs, j’ai exercé des activités dans différentes collectivités : animatrice en école
maternelle, professeur-stagiaire en école primaire pour enfants de cultures étrangères,
surveillante en collège public, animatrice en maison d’accueil pour adultes en situation
précaire, psychologue en centre d’insertion professionnelle.
Aussi, les actions menées (surveillante, animatrice) se devaient d’être orientées par des
objectifs clairs. Dans la plupart des cas, ces activités dites “sociales” étaient peu ou mal
définies. Quels que soient les profils des postes, mes actions pédagogiques étaient souvent
réduites et limitées. Il fallait souvent tout mettre en œuvre pour obtenir les moyens nécessaires
à la réalisation de mes actions.
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Dans la maison d’accueil pour public en situation “médico-psycho-sociale” précaire, pour
effectuer une véritable action pédagogique, j’ai, en collaboration avec mes collègues, élaboré
un projet d’animation. Celui-ci faisait partie intégrante d’un projet de vie (définition des
fonctions et tâches de chaque membre de l’équipe, fonctionnement collectif, public accueilli,
etc.).
Les fondements de ce projet étaient en quelques mots les suivants :
Dans le cadre d’une insertion sociale, nous avions en charge, à temps plein, vingt
personnes pour cinq encadrants qui se relayaient vingt quatre heures sur vint quatre.
Tous les adultes accueillis vivaient une situation difficile. L’encadrement limité ne
permettait pas de répondre à la demande de chacun ni même d’effectuer des activités dans
un cadre alliant sécurité et loisir lors des temps libres et des week-end. “Permanence” et
“travail de réinsertion” devaient se conjuguer et permettre des actions constructives.
Pour sortir de ce système, que je définirais comme étant “bricolé”, le projet élaboré par
l’équipe visait à proposer une structure suffisamment large où les objectifs, les priorités et
les aménagements de temps libres en heures d’activités préparées et suivies pouvaient être
définis. Nous demandions à l’association qui nous employait des moyens appropriés à une
véritable animation (enthousiasme et motivation retrouvés), du matériel adapté et surtout,
l’embauche de personnel formé complémentaire (encadrement possible en petits groupes,
sécurité effective, etc.).
Ce projet, déposé à l’association, est toujours en attente d’approbation. Nous souhaitons
vivement qu’il soit pris en considération afin que nos conditions de travail s’améliorent et que
les adultes déjà pénalisés dans leur précarité sociale puissent être effectivement aidés.
En conclusion,
si je devais à présent faire un bilan des deux stages (formation générale et perfectionnement),
je dirais qu’ils étaient positifs l’un comme l’autre. J’exprimerais néanmoins une légère
préférence pour le déroulement du second stage.
En effet, lors de la première partie de la formation, le nombre important de candidats m’a paru
alourdir son bon déroulement. Nous formions un groupe de plus de trente candidats. Ce
nombre, trop élevé, à mon avis, n’a pas facilité l’expression de tous, et un manque de
spontanéité s’est fait ressentir. Nous étions confrontés à la formation de petits clans qui
cloisonnaient le dialogue.
Cette situation contraignante ne s’est pas faite ressentir lors du second stage puisque nous
étions treize personnes. Le dialogue s’est instauré presque automatiquement. Cette situation
“idéale” rendait les apartés inexistants et sollicitait l’expression de tous. Les formateurs
étaient à l’écoute objective du groupe et pouvaient grâce à leur expérience, remplir leur rôle
de médiateur. En fait, ce type de formation devrait respecter un nombre de participants
adéquat pour être profitable.
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3. MA FONCTION DE DIRECTRICE.
L’Association de Gestion et d’Initiatives pour les Loisirs de l’Enfant (A.G.I.L.E., du Groupe
Ligue de l’Enseignement, département 94) et la commune de L’Haÿ-les-Roses proposent
pendant la période des “grandes vacances scolaires” des centres de vacances de type “miniséjours”.
A l’issue de ma formation, travaillant pour le même organisme durant l’année scolaire, j’ai
souhaité renouveler l’expérience de Souppes-sur-Loing et, mettre à profit de nombreux acquis
sur un terrain favorable à l’émergence de nouvelles motivations.
Il s’agissait d’évaluer ma progression dans ma formation de directrice et de mettre en avant
les qualités relationnelles essentielles au bon déroulement d’un centre de vacances.
Il apparaît important de découvrir le comportement d’enfants en dehors de leur contexte
habituel.
J’ai souhaité réitérer cette expérience pour diverses raisons et, notamment :
Dans un environnement connu, le recul par rapport au terrain d’application permet une
approche plus objective et mieux définie, d’où l’ application d’un programme soutenu et
enrichissant, très apprécié.
Les qualités humaines et relationnelles concernent toutes les personnes impliquées dans le
projet. Vis à vis de l’organisme employeur, les responsables de la commune d’accueil, le
personnel technique et les familles, il y eut confirmation d’une véritable entente avec les
partenaires.
Le renouvellement d’une expérience oblige la définition de motivations nouvelles pour
toute personne l’ayant « déjà vécue ». J’avais la volonté d’éviter le train-train qui annihile
la motivation, de faire partager des compétences et d’élaborer un projet de vie à la mesure
de chacun, d’où une formation sollicitée par les membres de l’équipe.
3.1. Ma préparation de séjour.
Le centre de vacances qui m’a été confié, était situé à Souppes-sur-loing, à quatre-vingt-cinq
kilomètres de Paris, et plus précisément à la “Villa des Sources”, dans un superbe parc
animalier, le Parc de l’Emprunt.
Le séjour s’adressait à des enfants dont la tranche d’âge était de quatre à huit ans.
Un cadre particulièrement avantageux était à ma disposition :
. La villa était pourvue de locaux adaptés (petites chambres, sanitaires, douches, cuisine,
bureau), et de salles spacieuses susceptibles d’accueillir des groupes pour les veillées et les
activités variées.
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. Le parc où des animaux de la ferme et de la forêt circulaient librement, allait me servir
d’outil pédagogique majeur.
. La base de loisirs permettait les baignades et les jeux de plage.
Avant le début du séjour, mon déplacement avait principalement pour but de me mettre en
contact avec les responsables locaux et de nous entendre sur les services proposés.
Les grandes “options” concernant le fonctionnement et les attributions du personnel technique
communal ont été discutées à cette occasion.
Une employée chargée de l’entretien de la villa (intendance des locaux et de la lingerie) et de
la préparation du petit déjeuner, était à mon service.
Pour nous rendre à la base de loisirs, située à plus d’un kilomètre de notre centre, un service
de minibus assuré par des agents locaux était mis en place par la commune, conformément à
mes attentes.
La base de loisirs de Souppes-sur-loing, domaine d’environ trois hectares, équipée d’un plan
d’eau réglementé pour les baignades, d’un toboggan aquatique et de piscines pour petits et
grands, était en quelque sorte l’annexe du parc.
Il jouxtait le foyer communal où tous les repas du centre (hormis le petit-déjeuner) étaient
servis à heures pré-définies, la villa n’étant pas suffisamment équipée pour assurer le service
restauration quotidiennement.
Tout mettre en œuvre pour exploiter ce site très riche était donc désormais mon ambition
partagée.
Le projet pédagogique allait s’y employer.
3.2. Mes objectifs pédagogiques.
Le bon déroulement du séjour, sous tous ses angles, était, bien sûr, pour moi, une motivation
majeure. Mon but a été de faire constamment en sorte que les enfants passent de bonnes
vacances.
Ce mot “vacances” renvoie à celui de dépaysement. C’est la rupture avec le quotidien, auquel
appartiennent d’ailleurs les parents. L’absence parentale, dont j’avais conscience, pouvait
déstabiliser les jeunes enfants et avoir des conséquences néfastes sur leur comportement (repli
sur soi, peur, chagrin).
Ma tâche principale consistait à mettre en place des activités variées et, à organiser très
soigneusement le séjour, en créant un climat de confiance et de bien-être où ce manque
affectif serait oublié.
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Mon projet pédagogique animé par cette finalité contenait les objectifs suivants :
3.2.1. Utilisation du contexte naturel.
Comme précédemment signalé, le parc animalier de l’Emprunt offrait des possibilités
d’utilisations pédagogiques très larges.
La pratique des jeux de plage ou de plein air en espace vert, a su créer une ambiance de
vacances recherchée et garantie.
Les chutes si souvent redoutées, n’étaient plus à craindre et les enfants totalement libérés,
s’épanouissaient chaque jour davantage.
Des jeux étaient aussi organisés afin de découvrir de nombreuses variétés animales et
végétales.
L’observation, la cueillette et la promenade, à tous les moments de la journée, dans le parc
animalier ou en forêt, étaient des activités très accessibles et très demandées par les enfants.
L’exceptionnel outil pédagogique qu’a représenté ce site, associé à des conditions
atmosphériques estivales, m’ont permis d’envisager un séjour où les activités extérieures
nombreuses et diversifiées, seraient privilégiées.
3.2.2. Activités diversifiées et concept choix.
Toute l’année, le rythme scolaire et le contexte urbain ne favorisent malheureusement pas la
pratique de loisirs très variés par les jeunes enfants.
Très souvent, l’activité sportive ou artistique à laquelle les enfants s’adonnent le mercredi, ou
à un autre moment de la semaine, le soir ou le week-end, constitue le seul loisir. Ce n’est pas
très réjouissant, même si, depuis peu, l’accès à certaines activités artistiques est possible dés le
plus jeune âge (avec un encadrement adapté pour les enfants de section maternelle).
Concernant la pratique d’activités sportives , des impératifs médicaux et un encadrement
conséquent contribuent encore à en interdire l’accès à des enfants ayant l’âge d’être en école
maternelle.
J’avais précisément en charge des enfants de cette tranche d’âge. Ceux-ci, à quelques rares
exceptions prés, n’avaient, jusqu'à présent, pas eu la possibilité de pratiquer des activités
spécifiques (le tennis, le jeu de théâtre, etc.).
L’occasion m’était donnée de les initier au tennis, aux activités nautiques, aux jeux collectifs,
de les emmener en promenade à vélo,...
L’originalité d’un thème permettait des créations artistiques et des jeux d’expression adaptés
aux plus jeunes.
En diversifiant ces loisirs, je voulais parvenir à créer une motivation réelle pour l’activité et
ainsi, susciter l’envie de la choisir librement.
En prenant conscience de la notion de choix, l’enfant avait déjà franchi un des caps qui mène
à l’autonomie.
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3.2.3. Accession à l’autonomie.
Bien que préparé à cette accession dans le milieu scolaire, l’enfant, de retour dans son milieu
familial, n’a pas souvent le loisir de s’y appliquer, faute de temps.
Très souvent, les parents, pris dans le rythme trépident de la vie active, parent au plus pressé
et, ne laissent pas à leur enfant, le temps de se prendre en charge sur des questions d’ordre
pratique telles que la toilette, l’habillage, le déshabillage ou le service à table.
En collectivité, ce total désintéressement de l’enfant pour ces considérations de la vie
quotidienne ne peut être toléré. Un animateur ne peut remplacer un papa ou une maman, il
n’en a ni le temps ni les moyens (ce n’est pas son rôle !).
Toutefois, pendant tout le séjour, je me suis attachée à ce que l’enfant persiste dans sa
démarche d’autonomie. Mes animateurs devaient privilégier ces moments et, être, dans tous
les cas, patients.
Cet objectif, auquel je tenais tout particulièrement, aurait pu d’ailleurs , quelque peu me
déstabiliser dans mon fonctionnement. En effet, bien que préalablement planifiées, les
journées prenaient très souvent une toute autre tournure. Au lieu de bousculer les enfants, les
jours de réveil difficile, soit l’activité était différée (tennis, vélo,...), soit l’enfant réticent
dormait le temps demandé.
La notion d’individualité dans la collectivité est corrélée à celle d’autonomie.
L’acquisition progressive par l’enfant de son autonomie passe essentiellement par le respect
permanent de son rythme de vie. Il était, selon moi, nécessaire que ce chapitre fasse l’objet
d’une priorité.
3.2.4. Respect du rythme de vie.
Dans mon centre, j’avais des enfants entre quatre et huit ans.
Pour la plupart, dans leur cadre scolaire, ils commençaient à peine à s’adapter à des règles de
vie si difficiles à admettre quand, le plus souvent, dans leur milieu familial, leur individualité
est surévaluée.
La rigidité des règles de vie a alors laissé place à un fonctionnement souple et à des repères
permettant à chaque enfant de trouver sa place dans la collectivité. La journée-type pouvait
susciter de nombreux ajustements, évidents et attendus.
Pour que leur séjour de vacances en collectivité se différencie de ce qu’ils vivaient
habituellement, j’ai décidé d’opter pour le respect constant par tous les animateurs, du rythme
de vie de chaque enfant.
Les décalages que chaque enfant pouvait créer par rapport au reste du groupe ne devaient en
aucun cas susciter quelque emportement que ce soit. Il fallait, à mon sens, les admettre et, être
capable, à la fois, de les gérer et les modeler, sans pour autant nuire au reste du groupe.
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3.3. Information et dialogue.
3.3.1. Avec les parents.
Avant le début du séjour, j’ai décidé de présenter le séjour et l’équipe à toutes les familles
susceptibles d’inscrire leurs enfants à Souppes-sur-loing. J’avais pris soin de les informer le
mieux possible au moyen d’un “abécédaire”2 lors de cette première rencontre vraiment
capitale.
De plus, chaque lundi matin, avant de partir, l’équipe d’animateurs et moi-même, prenions
soin de favoriser des échanges avec les familles.
Notre optique était de leur faire connaître en quelques mots, nos motivations, nos méthodes de
travail, notre structure d’accueil, nos activités et nos objectifs.
Cette situation de dialogue a permis de rassurer les parents sur le “sort” de leurs enfants et
aussi, d’établir une complicité et une confiance.
Pour les informer de façon plus détaillée sur ce qui intéresse leurs enfants, ceux-ci ont retracé
sous forme de journal, les moments de leur vie durant le séjour (illustrations et textes).
A mon sens, les parents sont des interlocuteurs non négligeables dans la fonction d’animation.
Ils nous confient leurs enfants et il me semble que nous avons, dans tous les cas, des comptes
à leur rendre sur le déroulement du centre (la vie quotidienne, les activités,...). En les
informant, nous contribuons à créer un trait de liaison et à atténuer par la même le manque
affectif qu’ils connaissent indubitablement pendant l’absence de leurs enfants.
Pour la plupart des familles, ces mini-séjours mixtes ont permis aux frères et soeurs de venir
ensemble, la tranche d’âge étant de quatre à huit ans. C’est très rassurant pour les plus jeunes
dont ces vacances collectives, loin des parents, sont les premières !
3.3.2. Avec l’organisme employeur.
Pendant le séjour, j’étais en liaison directe avec l’organisateur.
Chaque vendredi, à notre retour à L’Haÿ-les-Roses, un rapide exposé du déroulement du
séjour était présenté au directeur de l’association.
En fait, j’étais constamment attentive à mon rôle relationnel. Ce pôle est essentiel dans ma
fonction : entretenir de bonnes relations avec toutes les personnes avec lesquelles je suis
amenée à être en contact.
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Voir en annexe.
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3.3.3. Pendant le séjour.
Avec les enfants, les animateurs et moi-même souhaitions pouvoir discuter ensemble en nous
réunissant. Les enfants s’exprimaient librement, disaient ce qu’ils voulaient sur les activités, la
journée, le parc ou toute autre chose qui leur passait par la tête !
Avec les animateurs, nous prenions beaucoup de temps pour discuter et nous accorder une
harmonie de fonctionnement.
Avec l’économe, les responsables locaux, le personnel technique du parc animalier, de la villa
et du foyer communal, nos nombreux échanges devaient nous permettre de trouver une
entente cordiale pour plus de constructivité dans nos agissements alors positifs.
3.4. Mes actions sanitaires et administratives.
SUR LE PLAN SANITAIRE, mon rôle consistait à obtenir de chaque famille au moyen de
fiches, les renseignements concernant l’état de santé de leur enfant.
Pour plus de sécurité, les fiches n’étant pas toujours dûment remplies et, afin de créer la
liaison directe avec le médecin le cas échéant, j’ai demandé aux familles de me confier le
temps du séjour de leurs enfants les carnets de santé.
Lors de ma première visite, je m’étais renseignée sur les distances entre le centre et le cabinet
du médecin généraliste et l’hôpital les plus proches. J’avais pris note des coordonnées de ces
derniers, afin d’être à même d’agir le plus vite possible en cas d’incident.
Pour nos sorties du centre, en prévoyance des petits bobos, chaque groupe emportait avec lui
une trousse de secours.
Dans le cas de soins minimes, tels que l’aseptisation d’une plaie, devaient être prodigués,
chaque animateur avait pour consigne de porter sur un carnet : le nom de l’enfant, la date de la
blessure et le produit utilisé, afin d’aider le médecin à diagnostiquer toute complication.
SUR LE PLAN ADMINISTRATIF, certaines tâches étaient prises en charge par l’organisme
employeur : déclaration de séjour, inscription des enfants.
J’avais à ma charge au sein du centre, la gestion du budget pédagogique et des frais médicaux,
la vérification systématique de la maintenance des locaux (entretien du matériel par les
services municipaux), de l’approvisionnement en nourriture (petit déjeuner, pique-nique,
goûter) et en lingerie.
Cette partie administrative, facilement gérée, m’a permis de me consacrer plus étroitement à
mon rôle formateur auprès des animateurs et, aussi, d’être plus disponible auprès des enfants.
3.5. Mes rapports avec l’équipe d’animateurs.
Les animateurs de mon équipe étaient préalablement recrutés par le directeur de l’association
qui a pour cela, tenu compte de mes exigences.
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L’équipe comptait cinq animateurs, quatre diplômés et un stagiaire. L’un d’entre eux
possédait également un brevet de secourisme, très utile en cas d’incident ; ce qui me
permettait de déléguer ma fonction d’assistante sanitaire.
Les animateurs avaient pour consignes, d’animer, de veiller à tout moment à la sécurité
(physique et affective) des enfants, ainsi qu’à leur hygiène (corporelle et, de vie !). Pour cela,
la vie quotidienne devait être bien gérée. Les besoins affectifs de chaque enfant devaient être
satisfaits dans la mesure où leur jeune âge en faisait une priorité.
Dans cette optique, chaque animateur était responsable d’une chambre. La raison qui motivait
cette exigence a fait l’objet d’une explication.
Ma réponse à l’équipe faisait part du fait qu’à mon sens, un animateur attaché à une chambre
sécurise beaucoup l’enfant, notamment les plus petits. Ces derniers ayant encore très peu
l’expérience de la vie en collectivité, sont rapidement perturbés, désorientés ou même tristes.
L’animateur installé dans leur chambre devenait un point de repère stable. Plus proche d’eux,
il était à même d’écouter tout problème. Inévitablement, sa présence les rassurait.
D’autre part, atteindre une cohérence du groupe, tant du point de vue professionnel que du
point de vue humain était également une de mes volontés.
Pour y parvenir, je me suis attachée tout au long du séjour à faire passer, avec un souci
constant du détail et de la clarté, toutes les informations nécessaires à un fonctionnement
coordonné.
Chaque fois qu’un contretemps, de type atmosphérique ou technique, m’obligeait à modifier
notre fonctionnement, les animateurs en étaient immédiatement avisés. Ensemble, nous
étudiions les diverses possibilités de remplacement ou d’aménagement. La communication à
laquelle je donne une importance capitale - à savoir, émission, réception et perception d’un
message, échange et partage, discussion - a été parfaitement respectée, ce qui m’a permis de
travailler en harmonie avec mon équipe.
Chaque soir, une réunion servait à évoquer les difficultés rencontrées par chacun. Nous
réfléchissions ensemble aux solutions possibles et nous faisions des remises en question.
Dans tous les cas, je dois dire que mon équipe s’est favorablement attachée à atteindre les
objectifs fixés, et à ajuster constamment les moyens, pour que ces derniers soient réalisés.
4. LES ALEAS DU SEJOUR.
Mes objectifs et mes motivations étant précisément définis dans mon projet, il m’a fallu tout
mettre en œuvre pour les atteindre. Dans certains cas, j’ai du m’imposer, en créant parfois des
conflits et, dans d’autres cas, agir avec la plus grande diplomatie.
Au cours de mon entrevue préalable à l’ouverture du centre, avec les responsables locaux, j’ai
exprimé la volonté de mettre en place un fonctionnement cohérent.
Certains points devaient être réglés :
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Par exemple, je voulais une ligne téléphonique disponible à la villa dés le début du séjour. Le
centre étant quelque peu isolé de toutes commodités, il m’apparaissait primordial d’avoir un
moyen de communication fiable et direct en cas de besoin.
Cette requête, sous condition d’une réglementation qui excluait tout abus, a été acceptée par la
commune. Il s’agissait d’un outil nécessaire. En cas d’accident ou de problèmes, dans la nuit,
requérant l’intervention de services médicaux, je pouvais agir immédiatement. De plus, en cas
de mauvais temps qui nécessitait un réajustement du planning, je pouvais réorganiser la
journée rapidement sans pénaliser les enfants.
Le téléphone permet d’avoir une liaison directe avec l’organisme ou les familles. Après avoir
engagé ma responsabilité sur les conditions d’utilisation de l’appareil, nous pouvions parvenir
à un accord.
Ce type de problème, matériel, susceptible de menacer indirectement la sécurité de l’enfant,
ou même, de perturber mon fonctionnement et les négociations dont il peut faire l’objet,
permet au directeur de s’aguerrir.
J’étais désormais convaincue que les barrières administratives pouvaient, à force de
persévérance, et de convictions, être renversées.
C’est dans ce type de situation, souvent épineuse, qu’un directeur est, à mon avis, en mesure
de montrer son aptitude à la fermeté en cas de nécessité.
J’ai pu constater que mon attitude très volontaire, bien que courtoise, m’a permis de créer
auprès des responsables locaux un impact tout à fait favorable. Respectée pour mes arguments
et mes actions, je n’ai plus eu de “problème relationnel” ultérieurement. Chaque fois que j’ai
eu à formuler une demande particulière, dont l’acceptation dépendait en grande partie du bon
vouloir des dirigeants locaux, j’ai obtenu satisfaction (ex. aménagement des horaires du
déjeuner et du dîner).
Je ne pourrais pas dire aujourd’hui que cette technique de la “fermeté sans réserve” en vue de
la réalisation des objectifs fixés soit infaillible.
Même si certains compromis sont nécessaires, je crois toutefois que, si la situation se
représentait, j’agirais dans le même sens. J’ai réellement ressenti, à la suite de ces discussions
tendues, un certain égard à mon sujet. J’étais devenue en quelque sorte, à partir de ce momentlà, une interlocutrice digne de confiance.
Mon sentiment s’est vérifié plus précisément :
D’une part, certains problèmes étaient soulevés dans la gestion hôtelière concernant
l’équilibre et la variété des menus ainsi que la réchauffe des plats. De vives altercations s’en
étaient suivies. J’ai pu, au fil des discussions, expliquer mon point de vue, obtenir un gain de
cause et une meilleure entente auprès de l’économe, qui, de premier abord, était réticente à
toute objection.
D’autre part, dans le parc animalier, la présence d’une biche en liberté, de grande taille et
agressive envers notre groupe, nous empêchait d’évoluer à notre gré. La biche avait mordu un
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animateur, se cabrait et effrayait les enfants. Le régisseur ne voulait rien entendre et la
maintenait en liberté dans le parc.
J’ai du faire appel à sa responsabilité. Il considérait que la présence des enfants dans le parc
pouvait gêner et effrayer les animaux. Quant aux animateurs qui essayaient en vain de
préserver la sécurité des enfants en éloignant la biche de nos lieux d’activité et en l’empêchant
d’entrer dans la villa, le régisseur n’y voyait qu’un jeu ( !).
Le contrat signé par mon organisateur avec le maire stipulait que nous étions en droit
d’utiliser le parc comme bon nous semblait et que ses dépendances nous étaient accessibles.
J’étais prête à en avertir ses supérieurs hiérarchiques, la situation étant insupportable et cet
incident portant atteinte à mon fonctionnement. Toutefois, je souhaitais mettre les choses au
clair avec ce responsable du parc, chargé de toutes les activités inhérentes au parc. Sous le
couvert de sa fonction, toutes ses décisions étaient officieusement admises par la municipalité.
J’ai donc fait face à une situation conflictuelle, qui, cette fois, malgré les apparences, n’était
pas à mon avantage. Après des échanges d’arguments et la volonté d’en sortir favorablement,
je suis parvenue à faire valoir ce que de droit.
L’objectif de mon projet - utilisation de l’environnement - n’a finalement pas été menacé. De
toutes façons, je ne pouvais tolérer cette situation pesante, voire menaçante, pour la sécurité
des enfants.
Cette expérience, très fâcheuse, m’a permis de comprendre qu’en matière d’organisation, rien
n’est jamais entièrement acquis. Des éléments extérieurs pouvaient toujours se greffer et venir
déstabiliser la structure, même dans un environnement connu pour avoir été pratiqué
auparavant3. Vigilance et intégrité étaient nécessaires pour y faire face.
Lors de cette péripétie, j’aurais pu éviter le conflit et favoriser d’emblée des échanges
harmonieux et amicaux, auxquelles je tenais particulièrement.
Il m’appartenait de faire cesser cette désagréable tension en acceptant de faire une concession,
somme toute possible, puisque la base de loisirs, toute proche, constituait également une aire
de jeux largement complémentaire et très avantageuse à tout point de vue (moins de
déplacements pour prendre les repas, baignades possibles à tout moment, etc.).
J’ai refusé cette solution car le programme établi avait comme point d’appui la villa et le parc,
et non la base de loisirs. Les animateurs s’y étaient investis avec beaucoup de ferveur (grands
jeux avec découverte du parc et des animaux, jeux théâtraux et costumes, décors, etc.). En
acceptant, je négligeais, et même, sacrifiais les longs moments passés à définir les grandes
lignes du séjour : le fil conducteur était le “voyage dans le temps de Bulle le dauphin”.
Chaque mini-séjour évoquait une période : la Préhistoire, les Vikings, le Moyen-Age, les
Pirates. Une continuité était préservée pour les enfants qui effectuaient les quatre miniséjours.
Après m’être attachée, lors de nos réunions, à faire admettre à mon équipe qu’en matière
d’animation, rien ne pouvait être improvisé et, que la réflexion devait remplacer la pseudospontanéité, je ne pouvais accepter cette modification imprévue et trop lourde de
conséquences.
3
Voir le rapport de stage pratique en annexe.
15
5. MA REMISE EN QUESTION.
Le bon fonctionnement du centre, dont la responsabilité m’a été confiée, ainsi que la
satisfaction et le bien-être des enfants qui y séjournaient, a été, comme je le disais
précédemment, mon objectif majeur. Toutes mes décisions ont été motivées par ce seul souci,
avec beaucoup de sincérité dans mes convictions.
Toutefois, après analyse de ce vécu, il s’avère qu’à mes yeux, certaines consignes auraient pu
être facilement controversées et mes arguments par là même totalement rejetés :
Ainsi, mon souci du respect du rythme de vie de l’enfant, aurait pu me conduire très aisément
à une situation de conflit avec mes animateurs, qui pouvaient me reprocher de créer un fort
déséquilibre en nombre d’enfants par animateur (qui de plus, étaient d’âges très différents).
Mon équipe a fonctionné dans mon sens en acceptant quelquefois un surcroît de travail dont la
qualité n’était pas diminuée grâce à son dynamisme. Mais elle aurait pu globalement ne pas
admettre cette contrainte et mettre à bas mon objectif.
En effet, n’ayant jamais pensé à un éventuel refus de l’équipe face à cette situation de
“surnombre”, le sujet n’a préalablement jamais été débattu.
Je pense qu’à l’avenir, il sera systématiquement évoquer afin d’éviter toute controverse et, s’il
est accepté, permettre l’application irréfutable de cet objectif de premier ordre. En matière
d’animation, il est impératif qu’une entente réelle se crée et que l’équipe soit solidaire pour les
idées défendues.
D’autre part, pour des raisons que j’ai déjà évoquées, la décision de mettre un animateur par
chambre d’enfants, n’était pas la plus adaptée à l’épanouissement de l’enfant dans ses
vacances.
J’ai peut-être ainsi gâché des moments qui auraient pu faire l’objet de récits drôles et ancrés
dans le souvenir des enfants (et je pense surtout aux plus grands !).
En imposant en quelque sorte un “censeur”, je les ai empêchés de braver des interdits fixés par
les adultes, ce qui souvent amuse particulièrement.
En fait, les enfants n’ont pas pu faire ces “bêtises” qu’on se plaît à raconter le lendemain à qui
veut bien les entendre.
Je me souviens de ces remarquables moments, en colonie, au coucher, quand l’animateur
avait à peine le dos tourné que déjà, nous avions nos polochons en main pour commencer une
bataille qui finissait dans l’hilarité la plus complète et se soldait toujours par la sanction de
l’adulte qui restait alors dans la chambre pour la nuit (!).
Si je devais pratiquer de nouveau la formule du centre mixte (maternel et primaire), il me
semble que je réviserais ma position initiale afin d’expérimenter cette alternative pédagogique
, semble-t-il, plus valable.
Par ailleurs, pour avoir trop présumé de mes capacités de persuasion et de diplomatie, j’ai été
amenée à expérimenter une situation particulièrement contraignante qui m’oblige aujourd’hui
à me fixer une règle stricte à ce sujet.
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Une sortie à la piscine était prévue et nous y emmenions tous les enfants. Faisait partie de
mon centre une petite fille qui, suite à une forte allergie, était couverte de boutons. Peu
rassurant, cet état n’était absolument pas contagieux, j’avais un certificat médical qui le
prouvait et je n’aurais d’ailleurs pas pu accepter cet enfant dans le centre, dans le cas
contraire.
Dés notre arrivée à la piscine, afin d’éviter tout doute vis à vis de l’état de santé de l’enfant,
j’en ai avisé le maître-nageur. Ce dernier, après avoir vu la fillette et malgré mes arguments, a
refusé de la laisser se baigner.
Cette fois-ci, malgré mon insistance et mon acharnement, il n’a rien voulu entendre et, a
maintenu sa décision lourde de conséquence.
Certaine de pouvoir, sur place, me justifier grâce au certificat médical en ma possession, je ne
me suis pas même enquise de la réglementation des baignades en piscine et de ses interdits.
En fait, il n’y a pas dans ce cas de règle générale et chaque établissement, en dehors de
certains principes communément étudiés, fixe ses propres règles en matière d’hygiène.
J’aurais toutefois pu, en considérant cette éventualité, trouver une solution à ce problème par
un simple coup de téléphone et éviter ainsi une discussion stérile devant le fait accompli. Et
surtout, j’aurais eu alors la possibilité de proposer une autre activité à l’enfant concerné et lui
aurait éviter de patienter sur un banc, triste et déçue.
Dans cette situation précise, tous ces inconditionnels cumulés grâce à l’expérience acquise,
n’auront plus lieu d’exister dans mon vocabulaire.
En fait, cette fâcheuse expérience m’a ouvert les yeux sur la nécessité de se documenter et de
s’informer très précisément, sur toute situation ou événement qui constitue un cas nouveau.
Chaque fois qu’un équipement quelconque sera utilisé pour la première fois, il me faudra,
d’une part, prévenir de l’arrivée du groupe et, d’autre part, m’enquérir des règles inhérentes à
l’établissement concerné.
J’aurai certainement dans ma fonction à faire face à des situations toutes aussi embarrassantes
que celles-là, dans d’autres domaines. J’espère simplement être toujours en mesure d’en tirer
les conclusions qui s’imposent.
Au fil de mes expériences auprès des enfants, je souhaite, en dernier lieu, insister sur le fait
qu’il n’y a pas de meilleur interlocuteur que le jeune concerné dont nous organisons les
vacances.
L’exemple suivant montre comment organiser un moment de baignade en répondant le mieux
possible et directement à la demande des enfants.
Nous avions la possibilité d’emmener les enfants qui le souhaitaient sur un toboggan nautique.
Aussi, à la fin de la baignade, un groupe partait au toboggan. La plupart du temps, pris par
l’enthousiasme de la baignade, le temps imparti était dépassé. Cette activité était alors
différée. “Ce sera pour la prochaine fois !”. Ce n’était pas vital mais c’était ressenti comme un
raté. Et puis un enfant nous a dit que le mieux serait d’aller faire du toboggan avant de se
baigner. Et dans la suite des événements, chaque activité baignade a commencé par des
descentes effrénées du toboggan, pour la plus grande joie de tous. Aucune objection,
beaucoup d’écoute !
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Je suis d’avis qu’un enfant a le droit de donner son avis. Ce sont se vacances que nous
organisons avec lui. Quelque soit son âge, il a le droit de regard et de parole.
CONCLUSIONS.
Mes expériences à Souppes-sur-Loing ont été en règle générale satisfaisantes. Très porteuses
dans ma formation et celle des animateurs, elles m’ont permis de mieux définir mon style de
direction. J’ai réussi avec mon équipe à atteindre les objectifs fixés.
De plus, la formule proposée “mini-séjours” est bénéfique pour tout le monde :
- les animateurs s’adonnent aux joies de l’animation en centre de vacances (continuité, suivi,
etc.).
- les enfants peuvent apprécier sans ressentir de lassitude ou de séparation trop difficile à
endurer, le centre de vacances loin de la famille (séjours de courtes durées).
- le coût est moins élevé pour les familles, pour une expérience enrichissante.
- la formule permet à la commune de proposer des vacances pour le plus grand nombre
d’enfants.
Le cycle de formation indispensable à l’exercice de mes fonctions touchant à sa fin, il est
temps que j’évoque quelques réflexions :
Etre directrice et faire de l’animation n’est pas une tâche facile. Elle demande, à celui qui veut
l’accomplir avec succès, une grande disponibilité, beaucoup de souplesse et un esprit toujours
créatif.
Même après avoir accompli une formation bien adaptée, rien n’est définitivement acquis.
Pour éviter toute routine démotivante, il faut a chaque instant avoir la volonté et le courage de
se remettre en question (honnêteté et intégrité).
Cette réflexion m’amène, en fait, a m’interroger sur l’évolution possible de ma fonction.
Au regard des aménagements de “temps de loisirs” destinés à se développer dans toutes les
communes s’intéressant à leur “jeunes”, je souhaite expliciter les deux cas de figure : les
centres de vacances et de loisirs.
Un directeur de centre de loisirs, considère uniquement dans un cadre extra-scolaire, de façon
superficielle, ne pourrait-il pas devenir, officiellement, un véritable partenaire pédagogique ?
Reconnu par les institutions concernées et suffisamment prêt a s’investir, il pourrait s’engager
à créer et développer des actions communes au secteur scolaire et ainsi participer à des
échanges fructueux pour les enfants.
Le directeur de centre de loisirs pourrait travailler en étroite collaboration avec le directeur
d’école et établir une véritable continuité pédagogique essentielle pour le développement de
l’enfant.
Cette action ne permettrait-elle pas a la fonction de prendre une toute autre dimension ?
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Les règles établies en matière d’animation dans notre pays ne pourraient-elles pas être revues
dans le système éducatif de l’Europe, déjà en marche ?
Les pays limitrophes n’ont certainement pas les mêmes conceptions de l’animation. Leurs
temps de loisirs ne sont pas utilises de la même façon et leurs objectifs diffèrent probablement
des nôtres. Par exemple, les Allemands sont très axés sur le sport et sur un temps scolaire qui
permet à cette activité principale d’être pratiquée quotidiennement. Quoiqu’il en soit, ne
devons-nous pas trouver un meilleur compromis, à formuler pour la génération présente et à
venir entre les temps d’apprentissage et les temps de loisirs ?
L’échange des idées, en vue d’une réelle amélioration, afin de repenser le système existant,
enrichirait nos connaissances en la matière et permettrait de donner naissance à de nouvelles
conceptions de l’animation, différentes de celles d’aujourd’hui, et, à l’établissement d’un
statut (reconnaissance de la profession).
La condition d’un centre de vacances soulève d’autres polémiques (de la pédagogie !). En
effet, actuellement les activités proposées en centre de vacances répondent à une demande
générale de consommation; il ne faut pas perdre de vue le rôle relationnel de l’équipe
d’encadrement. Au regard de certains “Clubs de Vacances” organisés pour les enfants, le
directeur ne deviendrait-il pas le “gentil organisateur” en inculquant à son équipe le rôle
unique d’accompagnateur au détriment de celui d’animateur ?
Mon regard interrogatif sur l’avenir de la profession est, en fait, l’interprétation de mon
ambition dans l’animation. Dans ce domaine, il ne faudrait jamais se reposer sur ses acquis, et
il faudrait rester continuellement à l’écoute de nouveaux courants de pensée, savoir accepter
toute objection pour évoluer sans cesse, et ne jamais pratiquer une activité routinière.
En ce sens, le fait de prévoir un renouvellement tous les cinq ans dans la formation au
B.A.F.D. est une excellente remise en question individuelle et collective, sans laquelle une
inévitable stagnation serait constatée. La formation au B.A.F.A. ne devrait-elle pas aussi
prévoir un renouvellement ? Il serait probablement formateur (acquisition de qualifications
nouvelles, etc.) et, en réponse aux nouvelles réglementations appliquées pour la pratique de
certaines activités sportives. L’animation n’est pas une fin en soi.
En employant une métaphore, je dirais que cette piqûre de rappel est une véritable antidote à
la routine et l’ennui.
J’ai pris plaisir à écrire ce bilan de formation. Certaines situations difficiles ou cocasses, me
sont revenues en mémoire. Ces moments font désormais partis de mon passe. Ils sont les
fondements de mes actions, la base solide qui me permet d’aller de l’avant, de toujours
progresser et persévérer dans mes actions.
F. C.
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