Gazette n°5 - Vendredi 14 Septembre 2012

Vendredi 14 septembre 2012
La Gazette
L’Anglo lance son championnat
Lorsque l’on parle Anglo-arabe, on pense
immédiatement Sud-Ouest. Mais depuis sa créa!on
au 19ème siècle, la race a séduit au-delà des
fron!ères du Limousin, de l’Aquitaine et de Midi
Pyrénées. On en retrouve même en Normandie, un
territoire d’ordinaire réservé au Selle Français. Son
plus fervent défenseur se nomme Gérard Richard,
éleveur à l’affixe du Lys. Ils viennent ainsi de toute la
France comparer leurs produits, échanger leurs avis
et bien sûr, espérer voir leurs protégés convaincre
les juges. Le Limousin, terre d’Anglos mais aussi de
cavaliers et de formateurs comme Virginie Perrier,
enseignante au Centre Equestre de Naves.
Cycle Libre
Le Limousin à
bonne école
De plus en plus de couples limousins
prennent part à la Grande Semaine, que
ce soit en cycle classique ou en cycle
libre. Outre la Haute Vienne, la Corrèze
est représentée chaque année par une
poignée de cavaliers, dont certains
ont un lien étroit avec l’événement.
Parmi eux, Virginie Perrier, enseignante
d’équita!on au Centre Equestre de
Naves. « Je monte deux jeunes chevaux
ce!e année et j’ai réussi à les qualifier
pour les finales cycle libre 2ème et 3ème
année » ajoute-t-elle. En plus de ses
cours, Virginie enseigne aux élèves du CFA
de Naves en CAP et Bac Pro, dépendant
du lycée agricole con#gu au club. Née en
Corrèze, elle travaille à Naves depuis déjà
12 ans et se voit confier régulièrement
des chevaux appartenant à ses étudiants.
« Ils achètent des jeunes chevaux et m’ont
demandé de les monter sur le circuit SHF
afin de les aider plus tard à monter en
épreuves amateur » précise Virginie.
uivie par son fan club (ses élèves) sur le
bord du terrain, elle donne ainsi un coup
de main à ses cavaliers encore trop peu
expérimentés pour former les chevaux
et par#ciper eux mêmes aux finales.
« Les journées sont assez longues mais
généralement j’ai peu de cours le ma#n
donc je me consacre à la pra#que de
l’équita#on, à la prépara#on des jeunes
et au travail de quelques chevaux de
propriétaires. Suite page 3
Interview
Gérard Richard,
l’Anglo Normand
Depuis quand par!cipez-vous à la
Grande Semaine ?
Je viens ici depuis douze ans !
Avez-vous remporté des !tres avec vos
chevaux ou d’autres « normands » ?
Oui, la Normandie a déjà gagné des
trophées. C’est difficile de s’insérer dans
le berceau quand on est extérieur. Nous
sommes tout de même un peu excentrés
par rapport au bassin d’élevage. De plus
nous avons une méthode de prépara#on
des chevaux qui n’est pas tout à fait la
même. On s’aperçoit que les chevaux qui
ont été bien classés ici à 2 ou 3 ans se
retrouvent sur les concours et affrontent
les autres races.
Vous appartenez aux incondi!onnels de
l’Anglo, et ce bien qu’étant installé au
coeur du fief des Selle Français. Est-ce
difficile de tenir ce$e posi!on ?
Les qualités de l’Anglo-arabe sont très
importantes car il remplace les Pur Sang
que l’on ne peut plus u#liser chez nous car
nous n’en voyons plus sur les obstacles.
L’Anglo nous apporte beaucoup de sang
mais malheureusement aujourd’hui
les éleveurs normands veulent bien
u#liser pour les femelles mais pas trop
les mâles. Il y a eu une grosse publicité
sur les étalons étrangers pour dire qu’ils
apportaient de la force. Ils ont pris la
place de nos races françaises. Mais les
femelles Anglo-arabes sont très prisées
pour le sang.
Quel a été le déclencheur qui vous a poussé
à vous lancer dans l’Anglo-arabe ?
J’ai commencé avec des produits de Nickel
(AA), cela fait 45 ans ! C’était une origine
Kesbeth (AA) que nous avions chez nous [en
Normandie, ndlr]. Après, j’ai toujours élevé
une majorité de Selle Français. Aujourd’hui
nous avons plus de difficultés à vendre les
Anglos que les SF, car ils doivent faire leurs
preuves.
Lorsque vous croisez vos confrères
normands, vous prennent-ils pour un
« irréduc!ble » ?
Je suis effec#vement pris comme tel mais il
faut les sor#r, comme ce!e année un 4 ans
qui a brillé sur le circuit SHF Cycle Classique
de saut d’obstacles.
Cela vaut-il le coup de se déplacer sur le
Championnat de France de la race ?
Commercialement, oui et non. Nous
arrivons une fois de temps en temps à en
vendre un. Mais c’est compliqué. En général
on prend un contact. C’est dommage que
nous ne soyons pas parvenus à organiser ici
une vente efficace. Il faut savoir vendre des
chevaux, peut-être à pe#ts prix et sa#sfaire
les clients pour qu’ils reviennent l’année
d’après.
Les étrangers semblent mieux apprécier
nos propres Anglos.
Et c’est vrai ! La percée se fera peut-être
à l’étranger, en tout cas je l’espère. Mais
je pense que ce n’est pas plus facile de
vendre des Selle Français que des Anglo-
arabes
aujourd’hui.
Nous sommes des
producteurs et des
producteurs
ne
peuvent plus vendre
des chevaux. Il faut
être
transformateur
et vendre des chevaux
prêts. Ici, on effectue
une démonstra#on de
saut en liberté. C’est
brillant une journée,
et moins le lendemain,
très peu de chevaux
sont vendus lorsqu’on
les voit sauter des
barres d’abord.
A quoi l’Anglo est-il bon ?
Il peut être bon à tout ! Pour faire du concours
hippique en Normandie, il faut leur apporter
un peu de force. Sinon ils ont l’agilité,
l’intelligence mais ils manquent un peu de
force dans le dos. Donc il faut sélec#onner
sur des étalons Anglo-arabes qui produisent
avec de la force, et ils sont très peu. Ce
qui manque à la race Anglo-arabe, ce sont
des critères de sélec#on et des critères de
valorisa#on. Quand je dis sélec#on, il faut
des origines, des références maternelles.
Quand je dis valorisa#on, il faut un circuit
adapté. Puis il ne faut pas hésiter à publier
des informa#ons sur les performances d’un
étalon, sur sa produc#on ayant tourné. Les
éleveurs d’aujourd’hui travaillent beaucoup
sur des catalogues.
Comment choisissez-vous vos étalons ?
Pour choisir un croisement pur Anglo, j’aime
bien un Anglo avec de la force, comme
Rock’n Roll Animal (AA) que j’u#lise, pour ne
citer que celui-là, un normand pur souche
travaillé par des Normands. C’est un cheval
qui a sans doute des défauts mais qui a de la
force et qui la transme!ra à sa produc#on.
Il ne faut pas que la race se referme sur ellemême. Elle doit s’ouvrir qui!e à rechercher
parfois un mâle à l’extérieur.
Comment avez-vous réussi à conserver vos
souches imprégnées d’Anglo ?
J’ai retravaillé un peu sur du Selle Français
entre deux. J’ai eu une très bonne fille de
Nickel (AA) qui n’est plus du tout Anglo
et qui a des filles SF. Je suis revenu sur de
l’Anglo pur en rachetant la mère de Tatchou
(AA) qui a bien produit.
Virginie Perrier : le Limousin à bonne école (suite) Cycle Libre
Virginie fête sa 11ème Grande
Semaine en tant que cavalière,
à raison d’un cheval ou deux
chaque année. L’an dernier,
elle était parvenue à classer le
grand (1,83m !) Simba du Sers
(SF) 11ème du Championnat
SHF Cycle Libre 2ème année
et elle espère bien renouveler
sa performance. Si ce fils
d’Elan de la Cour (SF) est Selle
Français, Virginie monte parfois
des Anglos. « J’ai un pe#t peu
de tout dans mes écuries. Je
monte un Anglo de croisement
dans la finale Cycle Libre 2ème
année, mais je n’ai pas que
des Anglos...personnellement j’aime bien
les croisements avec le Pur Sang Anglais,
ça aide parfois pour la vitesse ! ». A Naves,
les élèves pra#quent beaucoup le concours
complet au niveau club et amateur, dont
certains par#cipent aux Championnats
de France FFE à Lamo!e-Beuvron (l’une
d’elles a d’ailleurs remporté le bronze en
Club 2). « Nous a!endons le Championnat
Amateur en octobre avec impa#ence ici
même à Pompadour » ajoute-t-elle. Côté
achats, Virginie sait aussi conseiller les
futurs propriétaires. « Soit ils ont acheté des
jeunes et nous demandent de les suivre, soit
le directeur du club en trouve un ou deux
intéressants, nous les travaillons puis nous
les proposons à nos clients après une saison
de concours complet. » De plus
en plus de jeunes se passionnent
pour les mé#ers liés au cheval.
« Beaucoup d’élèves viennent en
forma#on parce qu’ils sont a'rés
par le cheval. Ils ont envie d’allier
leur passion à leur mé#er en se
disant que, tant quà faire, comme
les temps sont durs, pourquoi
ne pas faire de sa passion sa
profession. Au moins, ils vivent
leur passion à 100% ! ». Ces jeunes,
justement, notamment ceux du
CFA, par#cipent à l’organisa#on
de la Grande Semaine depuis
plusieurs édi#ons, encadrés par
leurs professeurs, que ce soit sur
la par#e élevage ou sport. Un coup
de main salutaire et une belle
opportunité de toucher de près
l’objet de leur rêve !
Le géant de Cers
Simba du Cers (SF), le géant monté
par Virginie Perrier, est né chez Sophie
Beysserie à...Naves juste à côté du lycée
agricole ! Ce fils d’Elan de la Cour (SF) est
en réalité le frère utérin du Champion SHF
des 4 ans 2011, Tom du Cers (SF), monté
par Eddy Sans et lui aussi finaliste ce!e
semaine. Sa naisseuse l’a offert à une
jeune cavalière du centre équestre. Celleci ne savait sans doute pas que le bai
toiserait un jour...1,83m, contre 1,52m
pour sa jeune amazone. « Voilà pourquoi
elle m’a demandé de le monter » avoue
Virginie en riant. « Il se débrouille bien
et finalement il est assez à l’aise dans les
combinaisons et sa taille ne le gêne pas
pour l’instant ». Maintenant que Simba
a reçu une bonne forma#on, nul doute
que sa propriétaire se fera plaisir...en
concours complet bien sûr !
Cycle Classique 5 ans
Le fan club de Virginie !
Acte 2 : le cross ne change rien
Tenareze (AACR), Tsar (OLD), Tom du Cers (SF) : le trio installé
en tête lors du test de dressage de ce!e finale SHF 5 ans 2012
conserve son leadership sans ciller. D’ailleurs, 8 chevaux sur les
10 premiers du provisoire à l’issue du dressage ont signé un cross
sans pénalité. Seuls Colaine (KWPN) et Tachkent Bliss (SF) montés
respec#vement par Lucie Prevot et Véronique Real rétrogradent
après un refus, respec#vement aux 70ème et 68ème places. 55
couples sur les 79 au départ ont réalisé un parcours sans pénalité.
Coté étalons, Jaguar Mail (SF) figure pour le moment deux fois
parmi le top 10 grâce à Tenareze (AACR) et Takinou d’Hulm (AACR)
montés par Thomas Carlile et Jennifer Vuillemin. Les cinq premiers
du classement provisoire se #ennent dans 4 points, ce qui signifie
qu’une seule barre sépare le premier du 4ème ex aequo, ce qui
présage d’une épreuve de saut d’obstacles sous haute tension.
Au classement du Championnat (qui #ent compte de la note de
modèle et de style sur le cross), si Tenareze (AACR) reste le leader,
c’est Tom du Cers (SF) qui pointe au 2ème rang juste devant
Birma (AA), la seconde monture de Thomas Carlile, 7ème dans
le Critérium.
Suite et fin de ce!e finale SHF 5 ans samedi ma#n à 8h.
Anglo-Arabe - Saut en liberté
3 ans hongres et femelles
AA pe#te taille Vandy des Claux
AA grande taille Vaillaut de Bordenave
AACR pe#te taille Volga de la Faye
AACR grande taille Venus de Chaluse
Etalons de 3 ans
AA pe#te taille Volubis d’Olympe
AACR pe#te taille Vancliff H (photo de gauche)
AACR grande taille Ilhavo (photo de droite)
Pouliches de 2 ans
AA Altesse du Lys
AACR Aka des Loges
Mâles de 2 ans
AA ex-aequo Pres#ge Kalone et Aranwe Vitarel
AACR A+er de Gerbal
Championnat des 3 ans
Anglo-Arabe
Jeudi ma#n a débuté le Championnat
de France de la race Anglo-arabe avec la
présenta#on au saut en liberté des mâles et
femelles de 3 ans. Ces finales enregistrent
un nombre record de par#cipants avec
près de 170 engagés toutes catégories
confondues, du foal aux candidats étalons.
A l’heure où le nombre de naissances en
race pure diminue, ce regain d’intérêt des
éleveurs pour ce rassemblement annuel
laisse espérer un meilleur futur pour le studbook. Jean-Marc Lucbernet a présidé le jury
qui a officié lors du test à l’obstacles, un
rôle qui lui #ent vraiment à coeur. « Celuici consiste à me!re en avant les meilleurs
produits de la race » explique-t-il. « Nous
jugeons l’ap#tude au saut d’obstacles et
la qualité au modèle et nous u#lisons des
grilles types. Nous me!ons en avant le
7 ans
type, autrement dit de très beaux chevaux
avec de très bons #ssus. Autrefois, l’Angloarabe servait d’améliorateur. Il a un peu
perdu ce rôle depuis quelques temps et
nous aimerions qu’il reprenne sa place de
cheval améliorateur. » Beaucoup de nos
voisins européens ont importé et u#lisé
des Anglos français qui ont fait souche et
se retoruvent aujourd’hui dans la plupart
des lignées. Encore aujourd’hui, l’Allemagne
ou l’Espagne cherchent à retrouver les
courants de sang qui ont fait la réputa#on
de l’Anglo. A l’obstacle, les juges observent
notamment l’intelligence sur les barres,
le fait que le cheval reporte sa force sur
l’arrière-main. « On s’aperçoit que certaines
lignées apportent beaucoup d’influx et
de force, et la sélec#on par les épreuves
d’élevage permet ensuite d’aider les
éleveurs à choisir le cheval correspondant
à ce qu’ils recherchent ». De l’avis de J.-M.
Lucbernet, il est indispensable d’avoir été
éleveur pour savoir juger. « C’est impossible
de porter un jugement si l’on ne connait
pas un tant soit temps les chevaux » insistet-il. Selon lui, le bon Anglo doit être beau.
« Avoir de bons #ssus, un grain de peau fin,
un modèle harmonieux, et avoir un oeil vif
et intelligent. Les Anglo-arabes sont très
ins#nc#fs, avec beaucoup d’influx. Le tort
que l’on a peut-être eu est d’avoir ramené
beaucoup de force, ce qui n’est pas la qualité
première de la race.
Didier Schauly et Worldly du Hans
(HAN) gagnent le dressage
Si le fils s’est révélé au grand public ici même
à Pompadour en remportant deux fois de suite
le Championnat de France Senior de concours
complet et en intégrant l’équipe de France aux
JO de Londres, le père con#nue de préparer lui
aussi de bons chevaux et d’en qualifier chaque
année pour la Grande Semaine. Epreuve phare
de ce!e édi#on 2012, le Championnat de France
FFE des chevaux de 7 ans a débuté hier par le
test de dressage dans la cour d’honneur. Et c’est
Didier Schauly, le père de Dona#en, qui a déroulé
la meilleure reprise associé au Hanovrien
Tenareze (AACR) 1er du
CC5 ans ci-dessus et Tom
du Cers (SF) 3e du CC
5ans ci-dessous.
Worldly du Hans (41.72 pts). Juste derrière,
à moins d’un point, on retrouve Bertrand
Vuatoux et Riso!o Mail (SF), suivis d’Aurélien
Kahn montant Radijague (AACR), tous deux fils
du performer interna#onal Jaguar Mail (SF). Le
Vice Champion des 6 ans 2011, Entebbe de Hus
(HAN), toujours monté par Karim Laghouag, se
classe quant à lui 9ème au provisoire. Feau#bull
(BWP), un autre ancien champion SHF (4 et 5
ans), de retour d’arrêt, pointe, lui, à la 11ème
place. Suite de ce championnat aujourd’hui à
15h sur l’hippodrome avec l’épreuve de cross.
Sous l’oeil du Héron...
Directeur de la publica#on : Yves Chauvin.
Concep#on / rédac#on : Xavier et Arnaud Boudon / Pixizone.
Photos : Pixizone / SHF. Ne pas jeter sur la voie publique.