Scènes Magazine

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Scènes Magazine
scènes
magazine
ricardo castro
au septembre musical
ISSN 1016-9415
photo © Tatiana Golsman
264 / juillet - août 2014
CHF. 10.-- 7 €
GRANGE AUX CONCERTS
CERNIER, EVOLOGIA
PARC RÉGIONAL CHASSERAL
SALINE ROYALE
Design : SIFON Graphisme / www.sifon.li
ARC ET SENANS
JACK QUARTET
STEFANO BOLLANI
ORCHESTRE DES JARDINS MUSICAUX
STILE ANTICO
MICHEL PORTAL – VINCENT PEIRANI
SCHOLA HEIDELBERG
COLLEGIUM NOVUM ZÜRICH
SYLVIE COURVOISIER TRIO
ENSEMBLE VOCAL DE LAUSANNE
KONUS QUARTETT
FRANÇOIS SALQUE
MONDRIAN ENSEMBLE
VOKAL ENSEMBLE ZÜRICH
LE MOMENT BAROQUE
NOUVEL ENSEMBLE CONTEMPORAIN
QUATUOR SINE NOMINE
ENSEMBLE BATIDA
ASASELLO QUARTETT
BEÑAT ACHIARY
GEIR DRAUGSVOLL
www.jardinsmusicaux.ch
COMMUNE VAL-DE-RUZ
Fonds européens de
développement régional
Les Jardins Musicaux ont été sélectionnés
dans le cadre du programme de coopération territoriale
européenne interreg iv a France-Suisse 2007–2013
PARTENAIRES DES JARDINS MUSICAUX
PARTENAIRE DE
PARTENAIRES MÉDIA
Etat de Berne — Pro Helvetia — Conseil général du Doubs — Ville de Neuchâtel — Ville de La Chaux-de-Fonds — Fondation de
famille Sandoz — Fondation Norbert Schenkel — Hôtel Palafitte — Fondation UBS pour la culture — Viteos — Fondation Tanner
— Payot libraire — Felco — Béroche Excursions — Buffet d’un tram — Sahli & Suriano SA — E-Gestion — AtelierM — Hôtel de
Commune Dombresson — Brasserie du Poisson — Brunner & Associés — Fondation Cerebral Berne — Brasserie Le Cardinal —
Hôtel Alpes et Lac — Encaveurs d’Auvernier — Humbert-Droz Transports SA — Steinway Hall Suisse romande Hug Musique —
Auberge du Siam — Garage AutoPlus — Amis des Jardins Musicaux — Drac de Franche-Comté — Espace Val-de-Ruz — Infomaniak Network
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cine die / raymond scholer
cinémas du grütli / serge lachat
sortie dvd : the immigrant / christian bernard
neuchâtel : international film festival / frank dayen
sous la loupe : au fil d’ariane / christian bernard
sous la loupe : la chambre bleue / serge lachat
les films du mois / christian bernard, serge lachat
en exergue : le film pour le 3ème âge... / serge lachat
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berlin : tristan und isolde, castor et pollux, lucia
di lammermoor / éric pousaz
berne : ariadne auf naxos / éric pousaz
turin : guillaume tell / éric pousaz
milan : elektra / gabriele bucchi
madrid : lohengrin / françois lesueur
avignon : cavalleria rusticana / pagliacci / françois jestin
nice : dreyfus / françois jestin
lyon : simon boccanegra / françois jestin
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théâtre forum meyrin : une femme sans histoire / r. schautz
chronique théâtrale lyonnaise / frank langlois
théâtre de l’orangerie : été 2014 / rosine schautz
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montreux jazz festival / frank dayen
piano à ernen : 4 héritiers de géza anda / beata zakes
entretien : ada pesch / emmanuèle rüegger
entretien : xenia jankovic / régine kopp
cernier : jardins musicaux 2014 / frank fredenrich
cernier : le scorpion, l’amour et les quatuors / chr. wasselin
entretien : maryse fuhrman / frank fredenrich
entretien : anne blanchard / pierre-rené serna
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présentation : à l’ouest, du nouveau ... / éric pousaz
portrait : alisa weilerstein / yves allaz
portrait : conrad van alphen / pierre jaquet
portrait : conrad tao / pierre jaquet
portrait : lionel cottet / yves allaz
entretien : ricardo castro / martine duruz
en résidence : le youth orchestra of bahia / monica schütz
portrait : yuri azevedo / monica schütz
portrait : alexander gurning / éric pousaz
portrait : james ehnes / yves allaz
20 opéra
28 spectacles
31 festivals
41 septembre musical
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fribourg : musiques sacrées / yves allaz
avignon, 68e édition / laurence tièche-chavier
avignon par la danse / bertrand tappolet
genève : musiques en été / martine duruz
entretien : clémentine margaine / pierre-rené serna
la roque d’anthéron / maya schautz
rossini opera festival pesaro / françois jestin
festival berlioz + festival de saint-céré / p-r. serna, é. pousaz
rencontres d’évian + la chaise-dieu / m. duruz, c. wasselin
en suisse : rencontres de champéry, les haudères, piano à
st.ursanne, sommets du classique de crans-montana
gstaad : menuhin festival / christian bernard
tannay : variations musicales / éric pousaz
sion festival : 50 ans ! / yves allaz
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arles : fondation van gogh / régine kopp
arles : rencontres photographiques / bertrand tappolet
mémento beaux-arts : france
musée bonnard, le cannet : les belles endormies
mémento beaux-arts : ailleurs
courtauld gallery, londres : de brueghel à freud, gravures
mémento beaux-arts : suisse romande
fondation baur : textiles bouddhiques japonais
mémento beaux-arts : suisse alémanique
centre paul klee, berne : taking a line for a walk
bex & arts / bertrand tappolet
valais : l’art au cœur des alpes / françoise-hélène brou
lucerne, kunsthalle : obscure transparency / f.-h. brou
musée de l’élysée : luc chessex / catherine graf
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maison européenne de la photographie : françoise huguier
& marie-paule nègre / christine pictet
comédie française : lucrèce borgia / julien roche
opéra : poppée paupérisée / pierre-rené serna
caen : rameau maître à danser / pierre-rené serna
sceaux : cendrillon / stéphanie nègre
opéra de paris : palais de cristal & daphnis et chloé /
stéphanie nègre
chronique des concerts / david verdier
mémento théâtre
théâtre 13 / seine : mazùt
mémento expositions
musée du louvre : masques, mascarades, mascarons
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L’été
des festivals
en Suisse et ailleurs
direction
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Jérôme Zanetta
comité de rédaction
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Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich,
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éditeur responsable
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secrétaire de rédaction
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Bertrand Tappolet, Laurence Tièche
Chavier, Tuana Gökçim Toksöz,
David Verdier, Christian Wasselin,
Beata Zakes, François Zanetta
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
La Grange aux Concerts des Jardins Musicaux © Pierre-W. Henry
Le prochain numéro de Scènes Magazine
paraîtra le 5 septembre 2014
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le cinéma au jour le jour
Cine Die
67e Festival de Cannes
Quinzaine des Réalisateurs
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France :
Le film plébiscité par la presse et les jurys fut Les Combattants, premier long métrage du Français Thomas Cailley, qui l’emportait à cause de
l’histoire d’amour peu commune qu’il raconte. Arnaud, un jeune charpentier, a repris avec son frère l’entreprise laissée par feu leur père. La fille d’un
client, Madeleine, est belle et sportive, mais un peu garçon manqué. Ses
manières brusques (impeccable Adèle Haenel) déconcertent et attirent
Arnaud. De plus, elle cherche à s’inscrire dans un camp d’entraînement pour
parachutistes de l’armée. Elle est complètement obnubilée par l’idée de la
fin programmée de notre civilisation, à laquelle elle veut survivre en entraînant son corps et son mental au maximum. Ni une ni deux, Arnaud s’engage aussi. On y apprend des techniques de survie : p.ex. manger des sardines
crues passées au mixer ou nager avec un sac à dos rempli de briques.
Jusqu’au jour où Madeleine trouve à redire à la compétence des militaires et
décide de quitter le camp sur un coup de tête, suivie par Arnaud. La forêt
française se mue alors en jungle pour Robinsons amoureux. Loin des supermarchés, ils pourront s’éclater et ne vivre que de la nature. Mange tes Morts
de Jean-Charles Hue suit la virée nocturne dans le monde des « gadjos » de
quatre jeunes gens issus de la communauté des gens du voyage à la recherche d’une cargaison de cuivre. Deux d’entre eux sont fiers de leur foi chrétienne qui les empêche de faire trop de mauvais coups. Mais leur impétuosité leur joue quelques tours. Une excursion dans un milieu totalement exotique et assez difficile d’accès, puisque ce n’est que grâce aux sous-titres
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pus : la violence sanguinolente reste dans les normes et on est à des lieues
de la sauvagerie sourde de Vinyan (2008). La contribution française de loin
la plus jouissive est venue du plus austère des cinéastes français, Bruno
Dumont. Il s’agit d’une minisérie réalisée pour la télévision (elle pourra être
vue en septembre prochain sur ARTE) intitulée P’tit Quinquin. Située dans
le hinterland de Boulogne-sur-Mer, l’action implique l’écolier au bec-delièvre, Quinquin, ses copains de jeu et sa petite amoureuse de la ferme d’en
face, un détective grisonnant secoué de tics originaux et protéiformes,
accompagné d’un sous-fifre au verbe acerbe, des familles qui ont quelque
chose à cacher (oncle handicapé mental ou amant black), le tout sur fond
d’enquête criminelle : en effet, en quelques semaines sont découverts quatre cadavres (quelquefois en morceaux) dans des endroits assez inhabituels
(p.ex. les boyaux d’une vache retrouvée dans un bunker du Mur de
Laurent Lucas et Lola Dueñas dans «Alleluia»
l’Atlantique) et le fin fond de tout ça, eh bien, faudrait bien m’élucider cela,
Monsieur le commissaire. Hilarant et chaleureux (l’écolier étreint longuement sa copine en lui murmurant « mon amour »), à l’opposé des graves,
sérieuses et quelquefois barbantes paraboles qui ont jusqu’ici constitué
l’œuvre du cinéaste philosophe, P’tit Quinquin m’a prodigieusement
requinqué.
Adèle Haenel et Kévin Azaïs dans «Les Combattants»
anglais que nous pûmes comprendre de quoi ils causaient en français.
Alleluia du Belge Fabrice du Welz se donne comme l’adaptation libre d’un
fait divers qui a secoué les Etats-Unis de 1947 à 1949. Le couple Martha
Beck et Raymond Fernandez, soudés pour le meilleur et le pire, séduisirent
successivement une vingtaine de femmes esseulées pour les escroquer et les
tuer. Leur odyssée mortifère fut l’objet de trois adaptations cinématographiques : The Honeymoon Killers (1970, Leonard Kastle), Profundo
Carmesi (1996, Arturo Ripstein) et Lonely Hearts (2006, Todd Robinson).
On se perd en conjectures sur ce que Welz a voulu apporter de neuf à ce cor-
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Grande-Bretagne :
Catch me Daddy, le premier long métrage de Daniel Wolfe, montre la
collusion du crime et de l’Islam dans l’Albion ternie de Monsieur Cameron.
Un papa pakistanais a perdu sa fille chérie aux sirènes de la turpitude occidentale. Laila travaille en effet comme coiffeuse et crèche avec son petit ami
écossais, chômeur de son état, dans une caravane. Les tourtereaux n’ont
hélas pas quitté les environs de la petite ville du Yorkshire où le père a établi son restaurant. Lorsque papa est fin prêt pour le « crime d’honneur », ses
sbires, parmi lesquels le frère aîné de Laila, engagent un duo de malfrats
anglais comme chiens renifleurs et le couple est vite débusqué. Suit une nuit
d’enfer qui rappelle dans son intensité They Live by Night / Les Amants de
la Nuit (1947, Nicholas Ray), mais avec une sensation de panique encore
amplifiée par le fait que le spectateur est conscient qu’il ne s’agit pas d’une
fiction hollywoodienne, mais que la chose est peut-être en train de se dérou-
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ler quelque part en Angleterre pendant qu’on regarde le film. Les autres fictions britanniques étaient gentilles et civilisées en comparaison : Pride de
Matthew Warchus est un récit historique plein de verve et d’humour sur la
prise de contact en 1984 entre deux organisations guère en odeur de sainteté chez Margaret Thatcher, les mineurs en grève depuis 10 mois et les activistes (artistes et libraires) de l’association Lesbians and Gays Support the
Miners. Au début, les mineurs, homophobes à l’instar du citoyen britannique lambda, aimeraient bien se passer de l’appui des tantouzes, mais
comme leurs caisses sont vides et que ces drôles de zigotos amènent de l’argent, quelques représentants locaux sont d’accord pour accueillir une délégation du LGSM. Les épouses échangent bientôt des recettes de cuisine et
de masturbation avec les lesbiennes du groupe, les hommes constatent que
les homos dansent divinement et ont ainsi un succès fou auprès des filles, et
bientôt les plus dégourdis prennent des leçons de danse pour leur faire
concurrence. Sus donc à Maggie et à l’homophobie ! Queen and Country
de John Boorman fait suite à Hope and Glory de 1987. Si, dans celui-ci,
l’auteur revisitait ses années d’enfance sous le blitz de la Seconde Guerre
mondiale, il éclaire dans celui-là quelques faits saillants de son service militaire en 1952, au moment où la Guerre de Corée battait son plein. En dehors
des premières armes érotiques et du premier amour absolu (dont l’objet est
évidemment une aristo inaccessible), le film décrit par le menu la vie de
l’homme des casernes avec une galerie savoureuse de portraits d’officiers,
du pathologique à pleins tubes (David Thewlis) au professionnel blasé
(Richard E. Grant) en passant par l’illuminé des trophées (Brian O’Byrne),
à la façon d’un Hogarth, soulignant le trait, mais sans méchanceté excessive, avec une élégance et un humour en somme britanniques.
Miles Teller dans «Whiplash»
Autres pays:
Whiplash de l’Américain Damien Chazelle raconte le chemin de croix
d’un jeune batteur sur la longue route de l’excellence et sous la férule d’un
chef d’orchestre qui n’admet pas la moindre critique de ses jugements. Jeux
de pouvoir où il s’agit de créer ses propres règles, tant les dés sont pipés.
Rarement mise en scène m’a autant fasciné par la clarté de son intention. Le
Procès de Viviane Amsalem des Israéliens Ronit Elkabetz et Shlomi
Elkabetz se déroule à 99% devant un tribunal de rabbins auquel Viviane a
demandé d’être divorcée de son mari. Mais le mari ne consent pas. Alors le
tribunal a les mains liées. Et cela dure des années, alors que les époux ne
vivent plus ensemble, que ni l’un ni l’autre ne voient personne en dehors des
membres de leurs familles. La femme n’a tout simplement pas les mêmes
droits que l’homme. Cette injustice ne semble pas incommoder les docteurs
de la foi.
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Un autre film israélien m’a bien bouleversé : At li layla de Asaf
Korman. Chelly vit avec sa sœur Gabby, handicapée mentale. L’arrivée du
beau Zohar dans sa vie va engendrer une fêlure dans la relation symbiotique
des deux sœurs. Gabby passe désormais certaines journées dans une institution ad hoc. Un jour Chelly découvre que Gabby est enceinte. Elle prend
alors vis-à-vis de Zohar une décision qui va briser deux vies qui n’avaient
pas besoin de ça. Cold in July de l’Américain Jim Mickle démarre comme
Seong-gyun Lee dans «A Hard Day»
un polar, bifurque au bout d’un quart d’heure sur un pamphlet contre les
liens entre mafia et police, et finit par devenir la tragédie d’un vieil homme
qui se rend compte que son rejeton est un monstre sociopathe qui ne mérite
qu’un sort, l’élimination pure et simple. Adapté d’un roman de Joe R.
Lansdale, le film réunit pour notre plus grand plaisir Sam Shepard et Don
Johnson en vieux redresseurs de torts aidés du jeunet Michael C. Hall, le
tueur en série adoré des fans de la série Dexter.
A Hard Day du Coréen Seong-hun Kim est l’illustration parfaite de la
« loi de l’emmerdement maximum ». En se rendant à l’enterrement de sa
mère, Gun-su, détective à la police criminelle, tue un homme dans un accident de voiture. Pour se couvrir, il cache le corps dans le cercueil de sa mère.
Hélas, il ne lui a pas fait les poches et voilà que le fichu portable du mort
sonne au moment ou l’employé des pompes funèbres va arriver. Ce ne sont
que les vingt premières minutes de cette jouissive litanie de contretemps
épouvantables qui va s’abattre sur un flic pas plus pourri que la moyenne.
Marché du Film
Het Vonnis du Flamand Jan Verheyen est le meilleur film de procès que
j’aie vu depuis longtemps. L’argumentaire des adeptes de la loi et celui des
adeptes de la justice est passé au crible fin à propos de la libération pour vice
de forme (suivie de son assassinat) d’un meurtrier. Passionnant. En el
Ultimo Trago du Mexicain Jack Zagha Kababie est un road movie où 3
octogénaires entreprennent un voyage pour honorer une promesse faite à
leur ami qui vient de mourir. Acteurs époustouflants, finesse de la description, tendresse inouïe des personnages : j’espère que le film va être pris en
compétition à Toronto ou à Venise.
Voilà, il me reste à vous souhaiter un bel été et ne cherchez pas le programme de la Cinémathèque : elle ferme en juillet/août.
Raymond Scholer
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les cinémas du grütli
Hommages
En juillet-août, les Cinémas du Grütli présentent quelques sorties à ne pas
manquer comme Blue Ruin (2013) de Jeremy Saulnier, Prix FIPRESCI au
Festival de Cannes, Ugly (2013) d’Anurag Kashyap, sélectionné pour la
Quinzaine des réalisateurs à Cannes, ou encore Out of the Furnace (2013)
de Scott Cooper.
que lui rendait la Cinémathèque suisse qui présentait une douzaine de films permettant de
mesurer le talent de l’acteur.
Si je crois utile de reparler aujourd’hui de
cet acteur qui a su s’imposer comme l’un des
plus grands de sa génération par l’intensité de
son jeu et le large éventail de son registre, c’est
que les Cinémas du Grütli lui consacrent à leur
tour un hommage dès le 18 juin. Et si le nombre de films montrés est légèrement inférieur à
celui de la Cinémathèque, je souligne la présence de 3 films absents à Lausanne : Almost
Mais l’été est aussi pour le Grütli l’occasion de présenter trois hommages : l’un à
Catherine Deneuve, un autre à Philip Seymour
Hoffman, un troisième enfin, après le Festival
de Locarno, à la société de production italienne
Titanus.
Catherine Deneuve
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Du 23 juillet au 19 août, les Cinémas du
Grütli rendent hommage à l’une des plus grandes actrices de cinéma, Catherine Deneuve. Il
sera possible de prendre une fois de plus la
mesure de son art dans des films récents comme
Rois et reines (2004) et Conte de Noël (2008) de
Desplechin, Bancs publics, Versailles rive droite (2009) de Bruno Podalydès, Potiche (2010)
d’Ozon, Elle s’en va (2013) d’Emmanuelle
Bercot …, mais aussi dans des films plus
anciens comme (sous réserve à l’heure où j’écris ces lignes) Les Parapluies de Cherbourg
(1964) de Jacques Demy, Répulsion (1965) de
Polanski, Tristana (1970) de Bunuel, Touche
pas à la Femme blanche (1974) de Ferreri,
Hôtel des Amériques (1981) de Téchiné, Drôle
d’endroit pour une rencontre (1988) de
Dupeyron… Et surtout, en projection 35mm
Philip Seymour Hoffman dans «Les marches du pouvoir» de George Clooney
garantie, une rareté sur grand écran, Hustle / La
Cité des Dangers (1975) de Robert Aldrich !
Philip Seymour Hoffman
Raymond Scholer a déjà évoqué Philip
Seymour Hoffman dans le numéro de juin de
Scènes Magazine à l’occasion de l’hommage
Catherine Deneuve dans «Elle s’en va» d’Emmanuelle Bercot © Xenix films
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Famous (2000) de Cameron Crowe, Punch
Drunk Love (2002) qui marque la poursuite
d’une collaboration avec celui qui a probablement le mieux su révéler le talent de Philip
Seymour Hoffman, Paul Tomas Anderson. Ce
cinéaste l’avait fait remarquer dans son rôle
d’homosexuel amoureux d’une star du X dans
Boogie Night (1997) avant de lui offrir une sorte
de consécration avec son rôle de leader d’un
mouvement religieux dans The Master (2012).
Probablement sa performance la plus remarquée
avec celle où il incarne l’écrivain Truman
Capote dans Capote (2005) de Bennett Miller,
film qui donne la mesure de l’investissement
corporel d’un Philip Seymour Hoffman méconnaissable, amaigri, à la gestuelle maniérée et à
la voix haut perchée, bien loin de sa voix habituelle de baryton…
Troisième film absent à Lausanne, The Ides
of March / Les Marches du Pouvoir (2011) de
George Clooney, dans lequel un Philip Seymour
Hoffman retors à souhait aide le cinéaste à doubler un film politique d’un film noir ! Et, après
leur passage à la Cinémathèque, Happiness
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jeux de mots du « bärndütsch » de l’auteur.
En racontant en flashes-back l’histoire
d’un trentenaire qui, dans les années 80, peine à
se réinsérer après une peine de prison pour trafic de drogue, le film comme le roman nous
plongent dans la médiocrité d’un gros bourg
suisse où tout le monde connaît tout le monde
et où le silence règne sur les petites ou moins
petites magouilles, un univers que tout Suisse
né dans une petite ville ou un village reconnaîtra, même de ce côté de la Sarine.
Titanus
«Traumland» de Petra Volpe
(1997) de Todd Solondz, The talented Mr.
Ripley (1999) d’Anthony Minghella, Before the
Devil knows you’re dead (2007), le dernier film
de Sidney Lumet avant sa mort, ainsi que Doubt
(2008) de Patrick Shanley et Good Morning
England / The Boat that rocked (2009) de
Richard Curtis.
Films suisses
Les Cinémas du Grütli sortent cet été deux
films suisses primés aux Quartz : Traumland de
la réalisatrice Petra Volpe qui, dans un style
quasi documentaire, fait se croiser à Zürich une
Sortie DVD
THE IMMIGRANT
de James Gray, avec Joaquin Phoenix, Jeremy
Renner, Marion Cotillard
DVD ou édition combo blu-ray + DVD + copie
digitale, Wild Side, Sortie: 20.03.2014
jeune prostituée bulgare et un quatuor de gens
aisés financièrement, mais solitaires. Film qui a
valu à Bettina Stucky le Prix suisse de la
meilleure interprétation féminine.
Et surtout Der Goalie bin ig: tiré du roman
éponyme de Pedro Lenz qui a collaboré au scénario, le film de Sabine Boss a remporté cette
année 7 distinctions dont le Quartz d’Or du
meilleur film suisse. Heureuse coïncidence : le
livre de Lenz (Prix Schiller en 2011) vient d’être traduit en français par Daniel Rothenbühler
et Nathalie Kehrli (Ed. « D’En-bas »), qui s’efforcent de respecter l’oralité, le rythme et les
version tronquée de cet entretien (12', avec plus
d'extraits du film). Comme d’habitude on pousse à
l’achat du blu-ray qui seul permet d’avoir la totalités des bonus.
Pratique d’autant plus scandaleuse que l'entretien avec Gray est comme toujours avec lui passionnant, éclairant sa personnalité comme ses
choix de mise en scène. Les relations familiales
The Immigrant est à la fois un mélodrame
confinant à la tragédie, une critique sur fond d’épopée du rêve américain, et le film d’un grand
cinéaste dont la thématique récurrente est l’identité et ses clivages. Remarquable travail de reconstitution, précis et réfléchi, avec une mention particulière pour le chef-opérateur Darius Khondji dont la
palette s’étend des tons chauds au sépia des photos
de l’époque, donnant un sentiment physique de la
précarité. Il filme Marion Cotillard comme une
Madone de Bellini.
Si pour cette édition, image et son sont correctement restitués, il faut comme d’habitude être
attentif aux différences concernant les bonus.
L' intéressant entretien avec Darius Khondji (20')
ne se trouve que dans le blu-ray. L'entretien avec
James Gray ne figure en intégralité (36') que dans
le blu-ray également, le DVD ne présentant qu'une
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Après Locarno, les Cinémas du Grütli proposent une série de films de la société de production Titanus qui joua un rôle déterminant
pour le cinéma italien. Née en 1904, ayant surtout fleuri après la 2ème guerre mondiale et
accompagnant l’essor du néo-réalisme (en suivant surtout Rossellini et de Sica), cette société
a cessé de produire pour le cinéma en 1964
après avoir dépensé des sommes exorbitantes
pour Le Guépard de Visconti. Mais elle est
encore active aujourd’hui dans la production
télévisuelle et représente donc un cas unique de
longévité.
Bel été cinéphilique à toutes et tous !
Serge Lachat
ayant toujours été un thème central dans ses films,
The Immigrant compris, l’entendre parler de sa
famille et en particulier de ses relations avec ses
grands-parents, nous en apprend beaucoup.
D’autant qu’il le fait à sa manière, mélange de
franchise, de réflexion et d’humour (il fait d’excellentes imitations).
Christian Bernard
«The Immigrant» avec Bruno (Joaquin Phoenix) et Ewa (Marion Cotillard)
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Fantasy et indépendance
Chouette ! Le NIFFF secouera Neuchâtel une 14e fois cet été, en suivant les
trois tendances qui ont assis sa réputation : le supergenre fantastique, le
nouveau cinéma asiatique et les images numériques, iques, iques. Cette
édition déflore l'influence des comics américains dans les réussites du
romancier George R. R. Martin et du réalisateur Kevin Smith, mais aussi
celle du giallo italien dans l'esthétique cinéma du tandem Cattet-Forzani et
celle des trucages des films de grands monstres en noir et blanc.
Plus de 100 films attendent quelques
31'000 fans, ainsi que de nombreuses rencontres
et événements spectaculaires. Qui donc succèdera à Baratheon, King Kong et Godzilla ?
Les têtes d'affiche
10
A tout seigneur, tout honneur : le NIFFF
invite le Tolkien américain, le romancier
George R. R. Martin. Il est le créateur de
Game of Thrones, une histoire d'héroï-fantasy
que la chaîne HBO a adapté en une série dont la
quatrième saison consacre le succès insolent sur
les petits écrans. Journaliste, écrivain de nouvelles de science-fiction, de fanfiction et de
romans de fantasy, scénariste de séries TV, amateur de comics, expert au jeu d'échecs, le souverain Martin donnera à ses fidèles sujets une
masterclass autour de son empire, en partenariat
avec la Maison d'Ailleurs. En outre, le NIFFF a
demandé à Martin de programmer quelques-uns
des films qui ont influencé son travail.
Parce qu'il cache plusieurs atouts dans ses
manches, le festival a aussi donné une carte
blanche au réalisateur indépendant américain
Kevin Smith. Lui aussi fan de comics, ce jeune
réalisateur new-jersiais a déjà décroché en 1994
le Prix de meilleur réalisateur au Festival de
Sundance pour Clerks, film qui a aussi raflé le
Prix du Public à Deauville. Indépendant farouche et grosse gueule revendiquée, ami de Ben
Affleck et Matt Damon - mais pas de Prince ni
de Tim Burton -, Kevin Smith n'a pas toujours
«Clerks» de Kevin Smith
a
de Spielberg. Enfin, Alexandre Poncet fera le
tour des effets indispensables pour bien animer
les monstres au cinéma (Godzilla, King Kong,
ou son Frankenstein à lui) et Sven Martin trahira quelques secrets des dragons de Game of
Thrones - il n'est pas de parenté avec George R.
R. Martin.
Les toiles arachnéennes
Devant les artistes, des films. Parmi le
large éventail de ses sélections (compétitions
internationale de longs et courts-métrages fantastiques, compétition de courts-métrages suis-
tourné des films fantastiques. La preuve,
Clerks II, ou la comédie Jersey Girl (Père
et fille). A Neuchâtel,
il présente Tusk, son
dernier né, un film
d'horreur qui réunit
son ami Michael
Parks (acteur récurrent dans les films de
Un des dragons de «Game of Thrones», présenté par Sven Martin
Tarantino), Johnny
Depp et Haley Joel
Osment (le gosse du Sixième Sens et de A. I. ses, sections Ultra Movies et Films of the Third
Kind, sans compter les cartes blanches), le
Intelligence artificielle).
NIFFF programme quelques exclusivités, dont
Pour une esthétique des images Young Detective Dee : The Rise of Sea Dragon
Né en l'an 2000, le NIFFF ne cesse de du Hong-Kongais Tsui Hark, qu'on ne présente
regarder devant et de se demander à quoi res- plus tant son œuvre réjouit le festival, ou
sembleront les images de demain. C'est dans ce iNumber Number du Sud-Africain Donovan
but qu'il a créé le symposium “Imaging the Marsh, adaptation de Zoo City, roman de SF de
Future“. Sur deux jours, les 8 et 9 juillet, tables sa compatriote Lauren Beukes. Autre découverrondes et rencontres, ouvertes au public, réuni- te, Discopathe, le premier long-métrage de
ront les professionnels de la question. Cette Renaud Gauthier : inconnu hors du monde du
année, l'événement se concentre sur la concep- clip et de la pub, le Québécois propose un slastion de jeux vidéo indépendants et sur les effets her (excusez les gros mots !) dans le style des
visuels. A côté d'une Game genre publique aura polars des années 70.
lieu une masterclass avec le tandem réalisateur
Hélène Cattet et Bruno Forzani sur l'esthéEnfin, le NIFFF consacre sa rétrospective
tique du giallo et les effets spéciaux dans le au cinéma japonais, histoire de fêter les 150 ans
cinéma indépendant. Rappelons-nous leur Amer d'une collaboration helvético-japonaise. Japon
– un des dix meilleurs films de l'année 2010 imaginaire voit le jour en collaboration avec le
selon Tarantino - et Musée d'ethnographie de Neuchâtel.
L'Etrange Couleur Tentaculaire cette année, le NIFFF sait tisser ses
des larmes de ton toiles pour mieux happer ses proies… concicorps. De son côté, liantes. Le frisson a du bon !
l'expérimenté Scott
Frank Dayen
Squires dira tout sur
le cloud tank effect,
effet qui l'a rendu NIFFF, du 4 au 12 juillet, www.nifff.ch
célèbre
depuis
Rencontres du 3e type
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sous la loupe
Au fil d’Ariane
La soixantaine venue Robert Guédiguian nous offre ce que le générique
désigne comme “une fantaisie”, un film labyrinthique à la fois léger et
grave, follement libre.
Un film, aussi, marqué par une double distance. Celle apportée par l’âge sans doute, et,
pour le spectateur, celle induite par un traitement mêlant librement naturalisme et théâtralité. On pense à Fellini et à Resnais. Distance qui
conduit Guédiguian, paraissant soudain moins
engagé qu’il a pu l’être, à s’interroger avec Jean
Ferrat (dont les chansons sont omniprésentes
dans le film): “Faut-il pleurer, faut-il en rire…
On ne voit pas le temps passer ».
Le labyrinthe est celui dans lequel se perd
en toute liberté, entre rêve et réalité, son Ariane
interprétée par Ariane Ascaride, sa compagne
de vie et de cinéma (16 films écrits pour elle…).
Le film sera donc aussi un cadeau offert à
de Naxos…) et d’appartements blancs, une
simulation en images de synthèse comme les
architectes en produisent. Ce grand spectacle se
termine à l’atterrissage dans une cuisine qui
prend les couleurs du réel, où Ariane s’affaire à
préparer son gâteau d’anniversaire. D’emblée
se trouvent ainsi annoncés les deux formes ou
thèmes dominants du film, le labyrinthe et le
survol. Le labyrinthe c’est celui que nous allons
parcourir en suivant Ariane errant au gré de ses
rencontres, le survol ce sera celui de questions
graves aussitôt quittées qu’abordées par ce film
riche en références, qui ne s’appesantit jamais.
Les rencontres d’Ariane ? Les acteurs de la
« famille Guédiguian » : tour à tour Darroussin
excellent en chauffeur
de taxi désespérant
d’être payé (plus tard
il sera un metteur en
scène au bord du suicide) et tous ceux qui
forment le petit
monde du Café
L’Olympique (transformé en Café
L’Olympe par un
mauvais contact…)
où Ariane trouve refuge : Gérard Meylan, le
patron toujours fâché,
Jacques Boudet, un
Ariane Ascaride et Jean-Pierre Daroussin dans «Au Fil d'Ariane» © Agora Films
improbable Américain
Ariane Ascaride dont le personnage, se retrou- (il a l’accent d’Oxford) 100% Marseillais,
vant seul au début du film face à son gâteau notant sur un carnet ses pensées (mais quand il
d’anniversaire, amis et familles s’étant excusés, les lit, on se dit bien que ce sont des citations,
part à l’aventure dans Marseille…
comme chez Godard, ici de Pasolini, de
Tchekhov (sur l’éternelle beauté du Monde qui
Le film séduit d’emblée par sa liberté, existait bien avant nous et existera bien après
Guédiguian lui ayant donné une forme proche nous…), de Lacan avec son fameux "L' amour,
de l’« impromptu » au théâtre, qu’il définit c'est vouloir donner quelque chose que l'on a
comme « une petite pièce de poésie faite à toute pas, à quelqu'un qui n'en veut pas..."
allure, ludique et jubilatoire ». De fait, dès les
premières images nous sommes à la place d’une
La séduction du film tient pour une grande
caméra aussi aérienne que la musique, survolant part à ce qu’il mélange librement un portrait
un dédale de rues, d’immeubles (portant le nom réaliste de Marseille, avec ses lieux et son petit
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peuple chers à Guédiguian, à une veine poéticofantastique. Sur le versant réaliste, on trouve le
café face à la mer, dos aux raffineries; le vol à la
tire dont est victime Ariane; le vieil Africain qui
perdrait sa retraite s’il retournait dans son
Afrique jamais oubliée, car c’est la loi… Sur le
versant poétique, la tortue qui parle avec Ariane
(et là c’est au Bird People de Pascal Ferran que
le cinéphile peut penser) ; la visite de nuit au
musée d’Histoire naturelle du Palais
Longchamp où le vieil Africain a passé 40 ans
en compagnie des animaux d’Afrique, mais
empaillés ; l’immersion dans la mer, pour leur
donner une sépulture, des fœtus d’animaux
volés au musée, sur le Stabat Mater de Pergolesi
(cet adieu poignant aux êtres jamais nés seraitil un message très privé adressé à Ariane
Ascaride ?). Ce ne sont là que quelques-uns de
ces moments, quelques-uns des fils (d’Ariane)
que le spectateur tirera ou non, au gré de sa fantaisie et de sa culture. Ce qui noue la gerbe de
cet inventaire à la Prévert? Le sentiment que
Guédiguian fait le tour de tout ce qu’il aime et
qui l’attache à la vie, pêle-mêle, la musique, les
livres, la beauté du corps féminin, son Marseille
à lui, plutôt prolo, Ariane Ascaride, le cinéma…
parce qu’ « on ne voit pas le temps passer » et
que la vie devant soi paraît soudain bien courte.
Le cinéma : de toutes les références dont le
film est riche - Guédiguian parle de révérences
et de reconnaissances de dettes - ce sont les
références purement cinématographiques qui
retiennent le plus l’attention. Avant tout celles
renvoyant à Fellini. Comment ne pas penser à
Giulietta Massina en voyant Ariane Ascaride
invitée par Guédiguian à « sortir son clown »
comme il le dit. Et puis il y a la baignade dans
la fontaine, clin d’œil explicite à La Dolce Vita.
Mais, plus profondément, c’est à un autre film
de Fellini que l’on pense lorsque le film arrive à
sa fin. Ariane trouve enfin la sortie du labyrinthe : ce sera le spectacle. Elle chante la chanson
de Kurt Weill/Bertold Brecht que sa mère chantait, devant tous les personnages réunis, et lorsqu’elle se sera réveillée de ce qui n’était qu’un
rêve, pourra s’établir alors un va-et-vient entre
personnages, acteurs, et membres de la famille
d’Ariane (donc de Guédiguian). Avec ce Fil
d’Ariane, bel hommage rendu à sa vraie famille,
celle de ses personnages et des acteurs,
Guédiguian nous offre son 8 ½. Le compliment
n’est pas mince.
Christian Bernard
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sous la loupe
La Chambre bleue
Présenté à Cannes cette année dans la section Un certain regard, La
Chambre bleue de Mathieu Amalric est un film court (1h16), sec, tout le
contraire de Tournée, son premier long-métrage présenté au Festival, lui
aussi, il y a 4 ans.
Tournant avec une équipe réduite et un
budget minimal, l’acteur-cinéaste a épuré au
maximum sa réalisation, accordant une grande
attention au cadre (le film retrouve le format 4/3
d’antan), privilégiant les plans fixes et relativement courts, mais très composés, avec des personnages qui n’apparaissent presque jamais
dans leur totalité comme s’ils étaient enfermés
dans un espace trop petit pour eux…
Bref, Amalric raconte d’une manière très
personnelle une histoire qui relève du fait divers
déjà mille fois vu : après nous avoir exposé la
relation charnelle torride (violente même
puisque le film s’ouvre sur la lèvre de l’homme
mordue au sang) de ses protagonistes dans la
chambre d’hôtel bleue du titre, le cinéaste nous
plonge immédiatement par le montage dans des
scènes d’interrogatoire de police et des scènes
chez le juge et chez un psychologue. Dans ce
va-et-vient nerveux entre passé et présent, au
gré des mêmes questions x fois posées, le spectateur essaie de découvrir peu à peu ce qui s’est
passé.
Il apprend ainsi qu’Esther et Julien s’étaient connus à l’école, mais que, issu d’une
classe sociale inférieure, le garçon n’avait pas
osé abordé la jeune fille. Ils s’étaient ensuite
perdus de vue. Elle était devenue pharmacienne
dans la pharmacie familiale de son époux, lui
avait quitté la petite ville pour sa formation. A
son retour, après être devenu agent régional
d’une multinationale de machines agricoles et
avoir fondé une famille, il s’était installé dans
une magnifique maison moderne en bordure de
la ville et menait une vie confortable et sans
problème jusqu’à ce qu’une rencontre de hasard
déclenche une relation passionnelle (« une révélation de la sensualité », dit-il au juge) qui culpabilisait Julien, mais qu’Esther s’obstinait à
faire durer. Quelque temps après, le mari déjà
malade de la pharmacienne était décédé « de
mort naturelle » selon le médecin de famille,
mais peu de temps après, la mort de Delphine,
l’épouse de Julien, avait lancé l’enquête, les
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interrogatoires et le procès des protagonistes.
De façon assez classique, le spectateur
comme le juge cherchent bien sûr savoir ce qui
s’est passé exactement, à deviner si certaines
scènes pourraient révéler les intentions de
Julien de tuer son épouse, comme lors de jeu du
« bouchon » poussé trop loin lors d’une baignade, ou cette étrange façon de faire trembler l’échelle sur laquelle Delphine était montée pour
enlever les décorations de Noël.
Mais plus que dans le déchiffrement de ce
qui s’est passé exactement, l’essentiel du film
est bien plutôt dans l’atmosphère trouble qui
parler d’extase ?), et qui semble peu à peu
contaminer toute sa vie. Ainsi il a de moins en
moins de vrais contacts avec sa femme ou sa
fille, et, lors des interrogatoires, il répond
comme s’il n’était pas vraiment concerné,
comme s’il n’était pas absolument sûr de ce
qu’il avait vécu ou même de ce qu’il est en train
de vivre au présent. « La vie est différente
quand on la vit et quand on l’épluche aprèscoup », dit-il au juge perplexe devant ce flottement.
On le sait, Amalric excelle dans ce jeu halluciné (il suffit de penser à son jeu dans
L’Amour est un Crime parfait des Larrieu ou
dans La Vénus à la fourrure de Polanski…),
mais Stéphanie Cléau (sa compagne dans la vie
et qui n’est pas comédienne !) comme Léa
Drucker réussissent également à troubler le
spectateur par leur manière d’être plus les
témoins que les actrices de ce qui leur arrive. Et
la musique de Grégoire Hetzel, inspirée de celle
de Bernard Herrmann (et parfois un peu trop
insistante), renforce notre indécision en donnant
des accents « lynchiens » à ce banal fait
divers…
«La Chambre bleue» © Look Now !
baigne cette histoire à la fois limpide et insaisissable, dans cette étrangeté qui contamine tout le
film : ainsi la « rime » qui va de l’abeille que
Julien chasse de la chambre d’amour à celle qui
se pose sur la glace de sa fille paniquée pour
s’arrêter enfin longuement sur celles qui, peintes, se retrouvent multipliées sur le plafond bleu
du tribunal donne à l’univers du film une
inquiétante étrangeté. Etrangeté qui se retrouve
surtout dans la façon de Julien de se sentir
comme « à côté de lui-même », état qu’il
connaît dans sa relation passionnelle (peut-on
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Ainsi, paradoxalement, alors même que
l’histoire se dévoile sans qu’il y ait de vraie
contestation de quiconque sur ce qui s’est passé,
le spectateur reste indécis, ne sait pas si les coupables sont vraiment coupables et si le jugement
rendu à l’unanimité est juste. Indécision qui
semble partagée par Julien lui-même à sa sortie
du tribunal au plafond bleu comme la tapisserie
de la chambre…
Serge Lachat
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femme par le mari !), derrière le fonctionnement
très ritualisé de la justice rabbinique, ce qui se
dessine, c’est une société israélienne caricaturalement patriarcale ! Une femme témoin met
même ce caractère patriarcal en rapport avec
l’immigration massive de juifs venus de Russie
et se fait illico remettre à l’ordre! Ce qui signifie
que, pour les juges comme pour tous les hommes
qui passent devant ce tribunal (sauf pour l’avocat
de Viviane), la femme est considérée comme
l’objet, la propriété de son mari. Ils ne peuvent
simplement pas concevoir qu’une femme puisse
désirer vivre seule ! Et encore moins admettre
qu’elle laisse exploser sa colère et braver l’autorité (forcément patriarcale) devant l’enfermement auquel tous la condamnent…
Un sujet difficile, un flot de paroles quasiment ininterrompu, pas vraiment d’action, on
pourrait craindre le pire. Or le scénario et les dialogues sont si brillants, tous les acteurs si excellents que je ne me suis pas ennuyé une seconde !
Ce film restera exemplaire dans la liste des films
de procès.
Les films du mois
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Serge Lachat
Ronit Elkabetz dans «Gett, le procès de Viviane Amsalem» © Agora Films
GETT, LE PROCES DE
VIVIANE AMSALEM
de Ronit et Shlomi Elkabetz, avec Ronit
Elkabetz, Simon Abkarian, Menashe Noy,…
(Israël , France, Allemagne, 2014)
Le film de procès est un genre prisé du cinéma. Il permet de tourner avec relativement peu de
moyens et s’apparente à la tragédie classique
(unités de temps, de lieu et d’action). De tels
films ont fleuri dans le cinéma classique américain (12 Hommes en colère (1957) de Sidney
Lumet, Jugement à Nüremberg (1961) de Stanley
Kramer, Du Silence et des Ombres (1962) de
Robert Mulligan, et la même année Le Procès
d’Orson Welles…) et plus récemment encore
avec Le Verdict (1982) de Lumet encore, Music
Box (1990) de Costa-Gavras, L’Affaire Pélican
(1993) d’Alan Pakula,…
Présenté à Cannes cette année dans
« Quinzaine des Réalisateurs », le film de Ronit
et Shlomi Elkabetz s’inscrit donc dans un genre
balisé, mais il a pour lui l’originalité (nous sommes confrontés à un tribunal rabbinique en Israël
aujourd’hui) et la rigueur (nous sommes dans un
huis-clos, toujours dans la même petite salle de
ce tribunal rabbinique (seules quelques pauses
dans le couloir adjacent permettent une respiration), avec des séances qui se répètent mois après
mois, année après année (plus de 5 ans !!!) pour
a
THE FACE OF LOVE
régler la question du divorce d’un couple en
crise. Pour comprendre un tel étalement dans le
temps, il faut savoir qu’en Israël, il n’y a ni
mariage civil, ni divorce civil. Seuls des rabbins
peuvent prononcer une union ou sa dissolution.
Mais cette dissolution n’est possible qu’avec le
consentement du mari qui peut refuser sans fin la
décision/proposition des juges.
C’est ce qui se passe dans le cas présent : au
début du film, Viviane Amsalem demande le
divorce depuis 3 ans, son mari le lui refuse. Et
nous assistons aux passes d’armes des avocats
(pour le mari, c’est son frère), des témoins et des
juges. Comme la demande se fonde uniquement
sur la fin de son amour pour son mari auquel elle
n’a par ailleurs rien à reprocher (il s’est montré
responsable dans l’entretien de la famille, il ne
s’est jamais montré violent physiquement (sa
violence est plus pernicieuse), il n’a pas été infidèle, s’est montré bon père et manifeste obstinément son désir de la reprendre), les juges vont
assez rapidement montrer de la compréhension
pour le point de vue masculin.
C’est là que le film excelle : derrière le tragicomique (le film évite d’être plombant en étant
souvent drôle), l’absurde de la procédure, derrière les duels oratoires des avocats, la manifestation par les juges de leur autorité, sinon de leur
autoritarisme, au gré du défilé des témoins (parfois en couple, avec contrôle de la parole de sa
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d’Arie Posin, avec Annette Bening, Ed Harris,
Robin Williams… (USA, 2013)
Nikki (Annette Bening), belle femme d’âge
mûr, architecte d’intérieur (son originalité est de
meubler pour les mettre en valeur des maisons et
appartements destinés à la vente ; elle travaille
donc en quelque sorte dans la fiction !), est veuve
depuis cinq ans. Elle a perdu Garrett (Ed Harris),
l’homme de sa vie, qui s’est noyé au cours de
vacances au Mexique. Elle a essayé d’en faire le
deuil en vidant sa maison de tout ce qui pouvait
le lui rappeler (à l’exception d’une photo du couple qu’elle cache). Par ailleurs, elle est mère
d’une fille adulte qui ne rencontre pas, elle,
l’homme de sa vie et qui vit loin de San
Francisco, à Seattle.
Un jour, Nikki croise le parfait sosie de son
défunt mari, Tom (Ed Harris encore), professeur
d’art, qu’elle séduit d’autant plus facilement
qu’il est disponible, quitté par sa femme, avec
laquelle pourtant il entretient des rapports encore
très forts. Tom cache à Nikki une faiblesse cardiaque, et elle ne lui dit presque rien de son
défunt mari, pas plus qu’elle ne parle de sa nouvelle relation à sa fille, ni à quiconque, surtout
pas à son voisin et ami (Robin Williams). Cette
romance cachée a-t-elle une chance de réussir ?
Le film rappelle forcément Vertigo (référence assumée, l’affiche du film d’Hitchcock fait
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«The Face of Love» © Ascot Elite
partie des décors professionnels de Nikki), mais
la comparaison nuit au film d’Arie Posin qui
n’installe aucun trouble dans l’esprit du spectateur. Le scénario est maladroit, souvent peu crédible (pourquoi ces cachotteries, pourquoi une
fin aussi invraisemblable et aussi précipitée ?), et
le cinéaste se contente de jouer la carte du mélodrame, brassant romance, âge mûr, derniers feux
de l’amour, douleur et désillusion. Même si
Annette Bening et Ed Harris réussissent à rendre
cette histoire attachante, les invraisemblances et
les coups de force du film et du scénario laissent
le spectateur sur sa faim.
penser), en passant par The Player (d’Altman en
1992). Mais en même temps, le film de
Cronenberg se distingue de tous ces films par une
curieuse absence de « regard » : on ne sait pas
vraiment qui regarde ce monde en déliquescence
et on ne sait pas vraiment à qui s’adressent les
regards que les personnages adressent à la caméra…
Car, bien sûr, cette dénonciation
d’Hollywood se fait essentiellement par le portrait d’une série de personnages tous plus névro-
jeune fille (Mia Wasikowska) qui porte des traces
de brûlures sur le corps et le visage (seule à rappeler les mutilations des personnages qui parcourent les premiers films de Cronenberg) et qui se
fait engager (comme quoi ? assistante ? femme à
tout faire ?) par une actrice mûrissante (Julianne
Moore), constipée (!) et rendue hystérique par la
peur de ne plus trouver de rôle et surtout par son
obsession à vouloir endosser le rôle qui avait
rendu sa mère célèbre (voir la scène où elle
explose littéralement de bonheur lorsqu’elle apprend qu’elle a le rôle parce que celle à qui il était
destiné a accouché d’un enfant mort-né !!!). La
jeune fille tombe par ailleurs amoureuse d’un
chauffeur de limousine (Robert Pattinson) qui
rêve de devenir scénariste ou acteur. En leur
compagnie, le spectateur croise un enfant-star
(Evan Bird), sorte de mini Justin Bieber totalement capricieux, tyrannique, grossier, parfaitement au courant des règles du jeu
hollywoodien et qui donc humilie un partenaire
plus jeune qui pourrait devenir un concurrent;
puis il rencontre un curieux coach pour comédien
qui est aussi ostéopathe, psychanalyste et gourou
aussi prétentieux que cynique (John Cusack).
Les (véritables ?) liens entre ces différents
personnages ne sont dévoilés que progressivement, et les intrications des différentes histoires
n’apparaissent que tardivement. Mais curieusement tout est dévoilé « à froid », sans qu’une
Serge Lachat
MAPS TO THE STARS
de e David Cronenberg, avec Julianne Moore,
Mia Wasikowska, John Cusack,… (CAN-USAFR-GER, 2014)
Il paraît que Cronenberg a mis plus de huit
ans avant de pouvoir porter à l’écran le scénario
de Bruce Wagner (connu comme auteur de la
série « White Palms »). A mon modeste niveau,
j’avoue avoir mis plus d’une semaine avant de
pouvoir rédiger cette chronique. Ce film contient
en effet quelque chose de mystérieux et de « malaisant » qu’il est difficile de mettre au jour.
Bien sûr, le spectateur voit immédiatement
qu’il se trouve devant une peinture acerbe du
monde hollywoodien et de l’usine à rêve qui
domine encore la production cinématographique.
De ce point de vue, Maps to the stars se situe
dans une lignée qui va de Sunset Boulevard (de
Wilder en 1950) à Mullholland Drive (de Lynch
en 2001 auquel Maps to the Stars fait souvent
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Julianne Moore dans «Maps to the star» © Pathé films
sés, psychotiques, tordus et avides d’argent et de
gloire les uns que les autres, personnages qui se
croisent longtemps sous nos yeux avant que nous
déchiffrions les liens qui les unissent. Celle qui
semble la moins « tordue », à laquelle le spectateur est prêt à s’identifier, est une mystérieuse
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véritable attente ait été créée par le cinéaste qui,
plus encore que dans ses autres films, abat ses
cartes comme dans un jeu cérébral et glacial.
Même les scènes les plus violentes semblent filmées avec distance. Ainsi la scène dans laquelle
la jeune fille tue sa patronne en la frappant avec
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une statuette dorée (un Oscar ?) s’étire d’abord
longuement sur les problèmes gastriques, les flatulences et les pets de l’actrice assise sur les toilettes (courageuse Julianne Moore de mettre ainsi
en danger son image d’actrice!)
Glaciale enfin « l’explication » de toute
cette pourriture comme produite par l’inceste du
couple central. Cette révélation, loin de bouleverser le spectateur, arrive comme un constat médico-légal qui dénonce toute la production hollywoodienne comme le fruit sec (mort-né) d’un
univers endogamique. C’est dire que Maps to the
Stars dessine non seulement la cartographie
d’Hollywood avec les adresses de ses vedettes,
mais s’offre ultimement comme l’autopsie d’un
corps mort capable seulement de produire dans
une répétition sans fin des films « morts-nés ».
Mais ce faisant, le film s’offre également comme
un cadavre sans plus rien de réellement vivant.
Serge Lachat
LA RITOURNELLE
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de Marc Fitoussi, avec Isabelle Huppert, JeanPierre Darroussin, Michael Nyquist… (France,
2013)
Brigitte (Isabelle Huppert) et Xavier (JeanPierre Darroussin) sont éleveurs (de Charolais)
en Normandie. Ils ont dans les 50-60 ans, de
grands enfants qui ont quitté le domicile (le fils
fait le désespoir de son père en voulant devenir
clown et faire une école de cirque plutôt que de
reprendre la ferme !).
La vie professionnelle exigeante et l’usure
du temps ne sont pas sans effet sur le couple.
D’autant plus que, sans être vraiment une
Madame Bovary, Brigitte semble avoir d’autres
aspirations que l’élevage. Un soir, une fête organisée chez les voisins pour le bac de leur fille l’amène à croiser Stan, charmant jeune homme qui
pourrait être son fils et que le harcèlement dont il
fait l’objet de la part des filles de son âge pousse
à s’intéresser à une vraie femme.
Ravie de voir qu’elle peut encore séduire,
Brigitte, qui souffre d’un psoriasis sur la poitrine,
prétexte un rendez-vous chez un médecin de
Paris pour s’éloigner 2-3 jours de la ferme. Les
retrouvailles avec Stan à Paris la confrontent à la
médiocrité et à la lâcheté du petit séducteur, mais
elle décide de rester tout de même dans la capitale. A son hôtel, elle fait la connaissance de Jesper
(Michael Nyqvist), un parodentiste danois venu
pour un congrès. Celui-ci saura charmer Brigitte,
d’autant plus qu’il n’est pas rebuté par ses problèmes de peau… Pendant ce temps, Xavier, qui
a compris ce qui se passait, cherche à rejoindre sa
a
Isabelle Huppert et Jean-Pierre Darroussin dans «La Ritournelle» © Frenetic Films
femme à Paris. Il la découvre avec Jesper, rentre
à la ferme en passant voir son fils dont il découvre et admire enfin le travail, et, après une explosion de jalousie, comprend qu’il peut encore sauver son couple.
Le film de Fitoussi revisite une histoire déjà
x fois vue, et même si le cinéaste en est bien
conscient (le titre du film en témoigne), il ne
réussit pas à redonner beaucoup de sève à cette
ritournelle en augmentant l’âge des protagonistes. Malgré un Darroussin crédible en éleveur, le
film ne quitte jamais les clichés. Est-ce parce
qu’Isabelle Huppert est moins convaincante dans
son rôle de paysanne rêveuse qui fait une crise
d’adolescence tardive ? Est-ce parce que Paris
n’est jamais qu’une carte postale touristique (la
scène en bateau-mouche !) ? La rencontre de
Jesper qui assume son rôle de touriste (il veut
même voir Paris du haut de la Grande Roue !) ne
suffit pas à justifier un parcours aussi traditionnel… Seule l’indigence du scénario « explique »
ces plans de pur « remplissage » qui ne réussissent en tout cas jamais à donner une dimension
contemplative au film. Quant à la réconciliation
finale du couple au bord de la mer Morte (sur un
conseil thérapeutique donné par l’amant danois),
elle relève plus du tour de passe-passe scénaristique que d’une vraie compréhension de la crise
qui vient d’être traversée…
Serge Lachat
THE HOMESMAN
de Tommy Lee Jones, avec Tommy Lee Jones,
Hilary Swank (USA, 2014)
Après le succès à Cannes en 2005 de Trois
enterrements, déjà un western tentant de réinven-
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ter le genre (difficile de nos jours de faire un western purement classique), l’acteur-réalisateur
récidive sur la Croisette avec The Homesman. On
a beaucoup lu que l’on avait à faire à un western
allant à contre-courant du genre: rôle inhabituellement important joué par les femmes (certains
critiques allant jusqu’à en faire un western féministe), chariot allant non pas vers l’ouest, mais
vers l’est, de la sauvagerie à la civilisation, description également inhabituelle de l’extrême
dureté de la vie de pionnier sur la frontière, traitement différent des scènes obligées (le saloon,
les Indiens)... Le résultat en serait une démythification du genre et des valeurs de courage ordinairement attachées à la conquête de l’ouest.
Pourtant, s’il est vrai que les ingrédients du
mythe ici présents ne sont pas mis au service du
mythe par Tommy Lee Jones, le film n’en donne
pas moins une impression d’ambiguïté plus ou
moins calculée qui fait à la fois son intérêt et sa
faiblesse.
L’histoire située dans les années 1850 est
celle de Mary Bee Cuddy (Hilary Swank), une
femme indépendante et déterminée dans la trentaine s’occupant seule mais avec succès de sa
ferme dans l’immensité du Nebraska. Un peu
trop directe et décidée, elle fait fuir les hommes à
qui elle propose le mariage. Trois femmes de la
communauté sont devenues folles suite à diverses tragédies (viols, morts d’enfants évoqués en
flash-back), et devant le désistement de leurs
maris, Mary Bee se porte volontaire pour les
escorter dans un chariot vers l’est, direction une
institution religieuse prête à les recueillir en
Iowa. Le voyage étant éminemment dangereux
pour quiconque, a fortiori une femme seule, elle
n’hésite pas, tombant sur George Briggs (Tommy
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Lee Jones) un déserteur et voleur de terrains
abandonné sur un cheval la corde au cou, victime
de la loi de Lynch, à le libérer moyennant son
engagement à l’accompagner dans son long périple. L’engagement est d’autant plus facilement
obtenu qu’il n’a pas trop le choix, et qu’une
prime de 300$ lui est promise.
Commence alors un road-movie avançant au
rythme lent du voyage, ménageant diverses rencontres et autant de pistes scénaristiques, pour
certaines assez vite abandonnées. Celle avec les
méchants Indiens ne débouchera pas sur la traditionnelle fusillade, ceux-ci se contentant de partir
du chèque ayant fait faillite, il fera tout-de-même
fabriquer avec l’argent de Mary Bee Cuddy une
pierre tombale à son nom; mais la pierre tombera accidentellement à l’eau depuis le bac la
transportant…
On voit que le scénario, flirtant volontiers
avec l’humour noir, s’emploie par ses virages
surprenants à miner tout message trop bétonné. Il
donne l’impression d’avancer à la manière de
Briggs qui répond toujours à la question de ce
qu’il compte faire, “je ne sais pas”. Ça ne
manque pas de charme. Reste au bout du compte
la description d’un monde de duretés où règnent
sans partage, la nécessité, le hasard et l’indivi-
Hilary Swank dans «The Homesman»
avec un cheval. Autre piste davantage suivie,
celle de la religion, si fondamentale pour cette
société de pionniers et pour Mary Bee en particulier, conduira à des conclusions ambiguës : la
droiture et le dévouement de Mary Bee la
croyante, la mènent pourtant au suicide; celui-ci
n’empêche pas Briggs d’abandonner les femmes
en les vouant à une mort certaine; et s’il les
amène finalement à bon port, en une apparente
rédemption, c’est parce qu’elles l’ont rattrapé à
son campement le soir… Et quand Briggs, ayant
demandé de quoi nourrir ses protégées dans un
hôtel à la Lucky Luke au luxe improbable, se
trouve brutalement éconduit par les propriétaires,
il les maudit et les voue aux démons, mais il préfère s’assurer du bon fonctionnement de la justice divine en mettant lui-même le feu à l’hôtel…
Mais à l’arrivée, quand il apprendra que ses 300$
ne peuvent lui être versés, la banque d’émission
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dualisme forcené. Comme dans un western en
somme… Hilary Swank dans son meilleur rôle
depuis longtemps porte le film, Tommy Lee
Jones soignant son personnage de bougon intelligent s’offre des morceaux de bravoure et des
gros-plans. Sans être un grand film The
Homesman, en fait juste un western de plus, se
laisse regarder avec plaisir.
Christian Bernard
L’INTREPIDO
de Gianni Amelio (Italie 2013), avec Antonio
Pane, Livia Rossi, Gabriele Rendina…
Présenté à la Biennale de Venise en 2013, où
son acteur principal Antonio Panese reçut le Prix
du meilleur acteur, le film d’Amelio arrive enfin
sur nos écrans. Film « inclassable » (est-ce une
comédie, un drame social, un regard « politique »
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sur l’Italie (ou le monde) en crise économique
d’aujourd’hui ?), il est à la fois héritier de la tradition néo-réaliste italienne et d’un cinéma plus
onirique.
Tout entier attaché à suivre son protagoniste
qui est quasiment de tous les plans, il nous raconte la vie d’un anti-héros quinquagénaire qui,
depuis qu’il a perdu son travail (quasiment rien
ne nous est dit de ce travail) accumule les petits
boulots. Il est devenu LE remplaçant idéal,
curieusement capable d’exercer tous les métiers,
de maçon à conducteur de tram, d’aide-soignant
à cuisinier, de bibliothécaire à livreur de pizza…
Encore plus curieusement, il semble trouver dans
l’exercice de ces différentes activités
un plaisir sans cesse renouvelé dans
la rencontre des autres, au point qu’il
semble indifférent à la question de la
rémunération.
Divorcé, il vit une relation privilégiée avec son fils de 25 ans, dans
lequel il voit un musicien prometteur,
mais dont il ne mesure pas tous les
problèmes existentiels. Voyant toujours quelque chose de positif même
dans les situations apparemment désespérées, il refuse de se laisser abattre et cherche à consoler les « âmes
perdues » qu’il croise. Ange ou saint,
on ne sait trop comment considérer
cet Antonio Pane bon comme le pain.
Mais Amelio croit-il possible de
nous refaire Miracle à Milan (1951)
de Vittorio de Sica ? Si son film garde
par bien des aspects des allures de
conte, son héros Antonio, même s’il
ressemble à Toto, ne sauve personne. Et surtout
pas la jeune fille dépressive dont il tombe amoureux et à laquelle il prodigue conseils et encouragements sans réussir à empêcher son suicide. Pas
plus qu’il ne pourra sauver l’adolescent que son
patron mafieux lui demande d’accompagner chez
son père ou son oncle pour un rendez-vous qui se
révèle une sordide rencontre avec un pédophile.
Tout ce qu’Antonio pourra sauver en fin de
compte, c’est sa propre droiture, son optimisme
envers et contre tout. L’Intrepido nous encourage
(comme le père le fait pour son fils sur le point de
tout abandonner) à essayer de trouver le bonheur
malgré tout, à n’être pas trop sévères avec nousmêmes. Film frustrant et émouvant, répondant au
désir inextinguible d’Amelio de raconter un
conte moderne, mais sans illusions quant à la
situation dans une Europe en crise…
Serge Lachat
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Aurore Faivre, comédienne
CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE
PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ
LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR
LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE)
LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ
PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD)
LE POCHE
Une saison
qui scintille...
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en exergue...
Le film pour le 3ème âge,
un genre ou une mode ?
La sortie quasi simultanée sur nos écrans de Face of Love d’Arie Posin et
de La Ritournelle de Marc Fitoussi, juste après Le Vieux qui ne voulait pas
fêter son anniversaire du Suédois Felix Herngren, ne peut manquer
d’attirer l’attention. Et de renforcer l’impression que la multiplication de
films racontant des histoires de personnages mûrs, sinon franchement
vieux, n’est pas le fruit du hasard.
A l’évidence, cette multiplication est le
résultat de deux vieillissements : celui d’actrices et d’acteurs que tous nous considérons
comme excellents (et que donc nous avons plaisir à voir et revoir sur les écrans), et celui du
public de cinéma. Il suffit de faire la queue aux
caisses pour constater qu’à l’exception des
films pour enfants et des blockbusters qui
ciblent un public adolescent, la plupart des films
drainent un public plutôt âgé. On peut donc
légitimement imaginer que scénaristes et
cinéastes (vieillissant eux aussi) cherchent certes à raconter des histoires « à portée universelle », mais plus précisément destinées à un
public d’un certain âge, comme on dit.
Un film a peut-être plus que les autres
contribué par son succès à Cannes en 2013 et
dans la foulée par son succès public à valoriser
cette tendance. C’est Amour (2012) de Michael
Haneke avec Emmanuelle Riva et Jean-Louis
Trintignant qui incarnent un couple âgé attendant la mort dans un huis-clos bouleversant.
Vrai film d’auteur, ce film aura montré que les
personnes âgées et leurs problèmes de fin de vie
ne font pas peur aux spectateurs et a donc peutêtre encouragé les producteurs à exploiter ce
nouveau « filon ».
Difficile pour moi de dater précisément et
avec sûreté le moment où est née cette « tendance » qu’illustre parfaitement Quartet (2012), le
premier film de Dustin Hoffman comme réalisateur, qui raconte la vie dans une maison de
retraite d’anciens musiciens et chanteurs (au
générique, Hoffman reconnaît sa dette au documentaire de Daniel Schmid Le Baiser de Tosca,
1984). Maggie Smith, Tom Courtenay, Bill
Connolly et Pauline Collins y jouent les rancœurs, jalousies, amours et amitiés d’un quatuor
de chanteurs d’opéra…
Ce film (qui repasse ces derniers temps sur
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majoritairement les productions. Ainsi, en 2012
toujours, Meryl Streep et Tommy Lee Jones
s’en donnaient à cœur joie dans Tous les espoirs
sont permis de David Frankel, une histoire de
couple en thérapie conjugale. Ainsi encore, en
2013, Marion Vernoux permettait à Fanny
Ardant de retrouver les faveurs du public dans
Les beaux Jours, une comédie dans laquelle elle
joue une dentiste retraitée qui se voit offrir « un
forfait découverte » dans un club de retraités où
elle redécouvre l’amour et les plaisirs de la
sexualité (avec un animateur plus jeune, il est
vrai)…
La tendance peut prendre des formes plus
grossièrement mercantiles lorsque, dans Las
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«Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire» de Felis Herngren © Ascot films
Canal Plus) est intéressant dans la mesure où il
utilise très majoritairement des actrices et
acteurs âgés et ne se contente pas de plonger
« homéopathiquement » un ou deux acteurs
vieillissants dans une histoire de gens en pleine
force de l’âge, comme cela arrive fréquemment
pour Catherine Deneuve, Helen Mirren, Meryl
Streep par exemple pour les actrices, et Tommy
Lee Jones, Harvey Keitel pour les hommes.
La productrice de Quartet déclarait
d’ailleurs explicitement : « Je crois que nous
sommes en train de nous éveiller à l’idée qu’il
existe aujourd’hui un immense public dont on
ne s’est pendant trop longtemps pas du tout
occupé. Il y a une forte demande pour de bonnes et surprenantes histoires touchant au crépuscule de la vie. Quartet répond à cette demande
en montrant que le crépuscule n’est pas forcément synonyme de déprime, loin de là ».
C’est évidemment vers des comédies
romantiques plus « légères » que vont se tourner
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Vegas (2013) par exemple, Jon Turteltaub offre
à Morgan Freeman, Michael Douglas, Kevin
Kline (le plus jeune avec ses 67 ans !) et Robert
de Niro une seconde jeunesse au gré d’une folle
virée dans la capitale du jeu pour enterrer la vie
de garçon de l’un d’entre eux ! Ou, pire encore,
voire grotesque, lorsque Sylvester Stallone
lance Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis,
Harrison Ford et d’autres « vieillards » encore
fortement dotés en testostérone dans l’aventure
explosive d’Expendables (2009).
Reste à savoir si ces quelques rappels permettent d’affirmer que nous sommes en train
d’assister à l’émergence d’un vrai « genre »
cinématographique (qui, on le voit, peut
d’ailleurs se fondre dans tous les genres au sens
classique du mot) ou s’il s’agit seulement d’une
mode passagère ?
Serge Lachat
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opéra à berlin
L'opéra à toutes
les sauces
Avec ses trois scènes lyriques offrant des spectacles différents chaque soir,
Berlin est un lieu idéal pour expérimenter les diverses approches qu'adoptent
les metteurs en scène pour revitaliser le répertoire. Plongée dans un monde
foisonnant d'idées ... et de traditions.
Un Tristan embourgeoisé
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Réunissez toutes les images que vous suggère la légende de Tristan et Yseult et son adaptation par Wagner pour la scène lyrique et
oubliez-les. Graham Vick a opté pour un renouvellement radical de l'iconographie habituelle
en plaçant ses personnages dans un cadre délibérément bourgeois, un appartement aux meubles confortables où la passion qui brûle entre
Tristan et Isolde est symbolisé par un grand
luminaire enveloppé d'un large drap noir, - pour
annoncer la fin tragique ? Plusieurs personnages
hantent ce lieu sans qu'on comprenne ce qu'ils y
cherchent. On y croise une cuisinière aux fourneaux, un homme en pleine séance de rasage,
un vieillard aux toilettes, visiblement torturé par
ses hémorroïdes, et j'en passe. Presque constamment sur scène, Tristan et Isolde font semblant
de s'ignorer quand le livret ne prévoit pas leur
présence sur le plateau, et pendant le long duo
du 2e acte se comportent comme un couple de
nouveaux mariés empruntés de se retrouver
enfin seul dans le salon tandis qu'un homme nu,
à leur côté, creuse avec une lenteur calculée un
trou, semble-t-il pour y déposer un cercueil. Il
faut attendre la fin de l'opéra pour découvrir la
seule idée qui fait sens lorsqu'on voit Isolde
revenir en vieille femme méconnaissable sur la
scène tandis que Tristan s'éloigne dans le jardin
sans la reconnaître.
La musique dédommage fort heureusement
de ce naufrage scénique en rendant justice aux
demandes exorbitantes du compositeur. Dirigé
avec feu par un Donald Runnicles qui n'hésite
pas à bousculer certains tempi dans le duo du 2e
acte pour rendre encore plus sensible la montée
a
de la passion, l'orchestre rend justice à ce langage instrumental foisonnant avec un luxe inouï
de nuances et une dynamique sonore d'une irrésistible tension. Les deux protagonistes de la
soirée, qui étaient déjà présents à Genève en
2005 dans les rôles principaux du Tannhäuser
signé par Olivier Py, soulèvent à juste titre l'enthousiasme du public. Stephen Gould prête à
Tristan un timbre éclatant et fluide, quoique
trop monocolore parfois, qui tient la distance
sans aucun signe de fatigue. Quant à Nina
Stemme, elle est devenue entretemps une des
meilleures interprètes du rôle écrasant d'Isolde,
un personnage qu'elle rend à la fois vulnérable
et vibrant sans jamais mettre en péril un matériau vocal d'une indiscutable autorité tout au
long du spectacle. La chaleur du timbre, la précision et la justesse de l'intonation, l'éclat mordoré d'aigus qui ne sonnent jamais dur font de
son portrait un moment de théâtre qui mérite
amplement le détour. (Signalons que ces deux
chanteurs d'exception seront présents dans ces
mêmes rôles sur la scène de l'Opéra de Zurich
dès le 25 janvier 2015 !). La basse chinoise
Liang Li sait rendre passionnante la longue
plainte du Roi Marke grâce par un usage extrêmement raffiné d'un legato long et limpide alors
qu'Egils Silins (Kurwenal) et Tanja Ariane
Baumgartner (Brangäne) remplissent leurs rôles
de serviteurs à la perfection avec des voix à la
fois puissantes et lumineuses. Musicalement,
l'honneur de Wagner est donc sauf ce soir-là...
(Représentation du 14 mai)
Un Castor et Pollux à la diète
Aussi étonnant que cela paraisse, aucun
opéra de Rameau n'avait été représenté jusqu'ici sur une scène berlinoise!... Pour se montrer à
la hauteur de cette occasion exceptionnelle, la
Komische Oper a donc décidé de rompre avec
sa politique habituelle de chanter tous les ouvrages mis à l'affiche en allemand afin de pouvoir
proposer de Castor et Pollux une version dans
sa langue originale française. Si les accents
baroques de certains interprètes ne facilitent pas
vraiment la compréhension du texte, les sons
collent au moins à la musique de façon presque
concordante, ce qui n'eût pas été le cas dans une
traduction allemande.
La mise en scène de Barrie Kosky se passe
de tout décor. L'action se joue dans une grande
boîte en bois; seuls quelques tas de terre noire
signalent l'entrée des Enfers. Les costumes sont
ceux que porterait n'importe quel citoyen dans
une grande ville européenne; seuls quelques
éléments (comme les ailes de Mercure) signa-
Deutsche Oper : «Tristan et Isolde» avec Stephen Gould et Nina Stemme © Bettina Stöss
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Komische Oper : «Castor et Pollux» © Iko Freese / drama-berlin.de
lent la fonction précise des personnages-clefs.
Surprenant au premier abord, ce type de traduction scénique favorise une relecture qui souligne la violence des rapports entre les personnages et la mise à nu des ressorts dramatiques
d'une intrigue qui n'a rien perdu de sa pertinence malgré le recours systématique à la mythologie pour expliquer ce que la psychologie nous a
appris à voir avec d'autres yeux depuis le début
du XXe siècle. Le public en tous les cas ne s'est
pas laissé désarçonner par un renouvellement
aussi sévère de l'univers de Rameau et a fait fête
aux artisans en fin de spectacle.
Le quatuor central convainc presque sans
réserves: Nicole Chevalier incarne une Télaïre au
soprano clair et intense, Annelie Sophie Müller,
une Phébé aux accents tendres et mélancoliques,
Allan Clayton, un Castor à l'émission agréablement suave mais parfois engoncée, et Günter
Papendell, un Pollux au baryton large et chaleureux. Alexey Antonov, un Jupoiter tonnant au
sens propre du terme, et Aco Aleksander
Biscevic, un Mercure au ténor vif-argent, s'insèrent dans cette production étonnante avec un sens
du timing parfait et contribuent efficacement au
succès public d'une soirée décidément pas
comme les autres. (Représentation du 15 mai)
est pour eux : créée en décembre 1980, elle en
est déjà à sa 130e reprise et figure encore au
programme de la saison prochaine. Avis aux
amateurs!
L'artiste italien ne s'embarrasse pas d'une
relecture qui donnerait un sens moderne à l'oppression que vit Lucia dans un univers machiste piétinant sans pitié ses rêves de bonheur individuel au nom d'une obscure raison familiale.
L'action scénique se déroule sans accroc, et la
tâche du spectateur est encore facilité par deux
énormes coupures qui raccourcissent le specta-
cle de plus de vingt minutes en éliminant le duo
de Lucia avec son confesseur et la scène opposant Edgardo, l'amant rejeté, à Enrico, le frère
au tempérament belliqueux. Il faut dire que la
musique en est moins directement accessible ...
Dans de telles circonstances, l'attention du
spectateur se concentre vite sur la seule
musique, et là, de nouveau, la direction de la
Deutsche Oper a bien fait les choses. Hulkar
Sabirova possède tous les atouts d'une grande
Lucia : des aigus stratosphériques et sûrs, un
médium large et porteur et des graves sonores
mais agréablement coulants. Il lui manque tout
au plus une couleur de timbre plus personnelle
qui rendrait son interprétation vraiment inoubliable. Yosep Kang en Edgardo possède les
mêmes atouts et le même défaut: son chant clair
a quelque chose d'envoûtant dans le duo du 1er
acte, de déchirant dans son air du suicide mais
ne dégage au final qu'une tonalité d'ensemble
plutôt passe-partout. Bastiaan Everink en
Enrico joue les méchants avec une belle ardeur
et un baryton agréablement agressif alors que
Katarina Bradic en Alice, Marko Mimica en
Raimondo et Matthew Newlin en Arturo s'acquittent de leur tâche avec élégance. Cravaché
par un Ivan Repusic un brin pressé, l'orchestre
offre de la partition de Donizetti une interprétation soignée tandis que le chœur se montre à la
hauteur de sa réputation dans ses interventions
d'un indiscutable aplomb. (Représentation du
16 mai).
Éric Pousaz
Une Lucia à l'ancienne
Revoir un opéra joué dans des magnifiques
toiles peintes avec leurs perspectives savamment calculées est certainement un rêve pour
bien des spectateurs. Cette production de Lucia
de Lammermoor, conçue par Filippo Sanjust,
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Deutsche Oper : Hulkar Sabirova est «Lucia di Lammermoor» © Bettina Stöss
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liser son public vieillissant. Doit-on aller si loin
dans la provocation pour rajeunir l'audience ?
N'y a-t-il pas d'autres lieux où aller pour se rincer l'œil et se délecter de la m... des autres ?
La musique est servie convenablement,
mais seuls trois artistes possèdent le minimum
requis pour leurs rôles : le Compositeur véhément, au timbre chaud et soyeux de Claudia
Eichenberger, qui au demeurant assume son rôle
« All You Can Fuck » s'inscrit en grandes lettres rouges au-dessus du décor de
travesti avec une crânerie admirable, la
l'île déserte où Ariane a été abandonnée par Thésée. Il s'agit en l'occurrence
Zerbinette aux aigus sûrs et aériens de Yund'un salon-lavoir miteux, avec cabinet de toilettes attenant, où s'entassent de la
Jeong Lee qui fait sensation dans son long air
lingerie d'une propreté douteuse, quelques peluches et un lit pour inviter
virtuose couronné par un mi suraigu solaire et
d'éventuels hôtes de passage à une petite pause récréative.
parfaitement assumé. Du côté des hommes, c'est
le Maître de musique de Kai Wegner qui emporte la palme haut la main avec son chant aux graPour passer le temps, l'amante abandonnée conque ne connaissant pas l'œuvre de tenter une ves déliés et une diction impeccable rendant
s'amuse lascivement avec les cadavres nus de reconstruction de l'intrigue qui tourne autour de compréhensible chaque mot du précieux texte
deux jeunes hommes blessés à qui elle fait cette femme givrée déguisée en Alice au Pays de Hofmannsthal. L'Ariane de Bettina Jensen
diverses papouilles affriolantes (s'agit-il des des Horreurs. Le Théâtre de Berne, comme convainc presque dans le duo final avec sa voix
victimes du Minotaure ?); puis elle s'offre une beaucoup d'autres scènes lyriques, peine à fidé- forte aux envolées chargées d'émotions wagnélongue séance sur le trône de
riennes mais montre clairetoilettes pisseuses sur les
ment ses limites dans les deux
parois noircies desquelles se
grands airs du début où la
lit, tagué en grandes lettres
ligne de chant paraît trop
mauves un “Fuck Thésée“,
heurtée et privée de rondeurs
accusant directement l'amant
dans le bas de la tessiture. Le
infidèle qui l'a abandonnée
quatuor de la Commedia deldans ce lieu improbable.
l'arte fait de son mieux dans
On l'aura compris: cette
ses costumes impossibles
nouvelle mise en scène de
mais manque curieusement de
Lydia Steier ne donne pas
synchronisme tout comme les
dans la dentelle. A vrai dire,
trois Naïades aux timbres trop
un tel salmigondis d'inepties
fatigués pour caresser les déliscéniques ne mériterait pas
cates harmonies que le comqu'on s'y arrête. Que faire en
positeur leur a réservées.
effet d'un Bacchus en marcel
L'Orchestre Symphoet boxers distendus, d'un
nique bernois se sort de sa
Arlequin et de sa clique transtâche difficile avec les honformés en ouvriers chargés de
neurs mais sa section de cordécontaminer une centrale
des, souvent acides, et les
atomique accidentée avant de
intonations imprécises des
se muer en grandes folles chicors auraient peut-être justifié
chement habillées de trucs en
quelques répétitions suppléplumes tout droit sorties de
mentaires. Cependant, le chef
leur cage, les Naïades déguiKevin John Edusei parvient
sées en Heidi passant leur
tout de même à proposer de la
temps à nettoyer ce lieu
musique une interprétation
dégoûtant ? And so what ?
qui tient la route, contraireaurait-on envie de citer en
ment au chaos qui envahit la
paraphrasant une phrase
scène dès les premières mesupublicitaire célèbre. Non seures d'un Prologue uniquement
lement, l'auteure de cette
construit sur la recherche du
fumisterie se moque de son
gag facile... (Représentation
public, mais elle ne raconte
du 19 avril)
«Ariadne auf Naxos» avvec Michael Feyfar, Yun-Jeong Lee, Wolfgang Resch
© Annette Boutellier
Éric Pousaz
rien et l'on pourrait défier qui-
à berne
Ariadne sur les
toilettes de Naxos...
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teatro regio, turin
Guillaume Tell
L'ultime chef-d'œuvre de Rossini est mentionné dans
toutes les histoires de l'art lyrique comme un tournant
essentiel dans l'évolution du genre. A sa manière, la
révolution opérée par le compositeur italien n'est en effet
pas loin d'égaler en importance celle qu'opèrera plus tard
Richard Wagner avec Tristan.
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Malheureusement, dès que l'on parle des représentations modernes de
cet ultime ouvrage pourtant essentiel du cygne de Pesaro, les malentendus
s'accumulent. Généralement, comme ce fut le cas notamment à Zurich et
Genève, de trop nombreuses coupures défigurent l'harmonie des actes; en
outre, les insuffisances des chanteurs déséquilibrent les ensembles et les
trouvailles plus ou moins convaincantes des metteurs en scène desservent le
propos dramatique pourtant parfaitement homogène du musicien et de ses
librettistes. Mais les choses semblent sur le point de changer. Ainsi, après
Pesaro l'été dernier, le Teatro Reggio de Turin affichait-il une production
respectueuse de toutes les intentions du compositeur en sa fin de saison
actuelle. La mise en scène est moderne tout en suivant dans les grandes
lignes les didascalies du livret, et elle rend la place qui leur est due aux deux
longs divertissements dansés; la distribution parvient à réunir les meilleurs
spécialistes du chant rossinien du moment; et l'orchestre, ainsi que les
chœurs du théâtre piémontais, se surpassent dans ce spectacle exceptionnel
par son envergure, qui va certainement occuper une place de choix dans les
annales du théâtre. Graham Vick et son décorateur Paul Brown transplantent
l'action dans un décor d'une blancheur éclatante qui évoque de loin les paysages typiques de la Suisse primitive. Il s'agit pourtant moins pour eux d'illustrer les différentes étapes de la légende du vaillant paysan qui tient tête à l'occupant autrichien que de montrer les formes variées que prennent les humiliations subies par les Helvètes placés sous le joug des tenants de l'autorité étrangère. A ce titre, les deux longs ballets admirablement chorégraphiés par Ron
Howell se révèlent des modèles d'intégration dans l'action scénique de divertissements dansés qui n'ont plus rien de purement décoratifs.
A la tête d'un orchestre brillantissime et des chœurs superlatifs du théâtre turinois, Gianandrea Noseda met un point d'honneur à hisser ses interprètes à leur meilleur niveau; en l'état actuel, cette troupe d'opéra n'a vraiment
plus aucune comparaison à craindre, même avec les meilleures maisons d'opéra italiennes les plus célèbres du moment. En jouant habilement des
contrastes entre les soli des vents, le chant moelleux des cordes et les nombreuses interventions des chœurs, le chef souligne toute la diversité novatrice du langage de Rossini; l'auditeur émerveillé comprend alors immédiatement, au fil de cette représentation enthousiasmante, l'incroyable révolution
qu'a représenté ce traitement inouï jusqu'ici des voix d'un grand orchestre et
d'une importante masse chorale qui vont ouvrir toutes grandes les portes du
romantisme musical le plus échevelé. Fouillée dans ses moindres détails,
l'œuvre apparaît soudain dans toute sa force première et fait apprécier à sa
juste valeur le coup de tonnerre incroyable qu'a représenté la création de cet
ouvrage immense en 1929 dans un Paris alors encore dominé par les envolées virtuoses des divas et autres vedettes narcissiques aux gosiers exhibitionnistes.
La très nombreuse distribution réunie pour l'occasion ne comporte pour
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«Guillaume Tell» avec John Osborn (Arnold Melchtal) et Angela Meade
(Mathilde)
ainsi dire aucun point faible. Dalibor Jenis brille en Guillaume Tell avec son
timbre caressant, aux inflexions légères et à l'émission d'une imperturbable
fluidité qui lui fait cultiver le bel canto avant la recherche de l'effet spectaculaire. En Arnold Melchtal, John Osborn ne cède lui non plus jamais à la
tentation d'en faire trop et aligne ses aigus triomphants et solaires sans histrionisme excessif. Angela Meade prête à Mathilde un timbre rayonnant,
parfois un rien trop lourd déjà, mais avec quels pianissimi éthérés et quels
contre-uts lumineux! Fabrizio Begi, un Melchtal au timbre sombre d'une
vaillance confondante dans la véhémence de ses imprécations au 1er acte,
Luca Tittoto, un Gessner vipérin d'une retenue vocale d'autant plus remarquable que la voix ne semble jamais inutilement malmenée, Anna Maria
Chiuri, une Hedwige aux graves profonds mais entonnés avec netteté et
Marina Bucciarelli, une Jemmy portant admirablement le travesti et dotée
d'une voix presque enfantine encore dont la tonalité claire se détache facilement des autres jusque dans les grands ensembles, complètent l'ébouriffant
trio de tête sans jamais démériter. Mais c'est en fait l'entier de la distribution,
avec en tête le chant triomphant du marin qu'incarne un Mikeldi
Atxalandabaso aux accents percutants, qui rend admirablement justice à cet
ouvrage dont on peut espérer que de telles productions inciteront les directeurs de théâtre à faire preuve d'un peu plus d'imagination lorsqu'ils décideront prochainement de mettre un titre de Rossini à l'affiche de leur théâtre...
Signalons tout de même en passant que Guillaume Tell est programmé, dans
les mois qui viennent, à Monte Carlo, Bologne, Edinbourg, Munich et
Londres avant son retour à l'affiche du Met de New-York dans deux ans...
(Représentation du 11 mai)
Éric Pousaz
scala de milan
Elektra
Elektra, dernière mise en scène de Patrice Chéreau
(disparu en octobre 2013) reçoit une consécration
triomphale à la Scala après l'accueil enthousiaste reçu,
lors de sa première, au Festival d'Aix l'année passée.
La distribution reste dans son ensemble inchangée (René Pape mis à part,
qui reprend le rôle d'Oreste à la place de Michail Petrenko) et le spectacle
garde la puissance d'un grand travail d'équipe et d'un résultat artistique de très
haut niveau. La force épurée et les lignes minimalistes de la mise en scène
prennent si possible encore plus de relief dans la salle fastueuse du Piermarini.
Dans un décor stylisé (conçu par Richard Peduzzi) d'une cour de palais qui baigne dans la lumière d'une fin d'après-midi un peu à la De Chirico, ce que
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Chéreau met en scène est moins l'accomplissement d'une tragédie de la vengeance familiale que l'impossibilité de cette même tragédie. Chéreau semble
avoir suivi les mots prononcés par Elektra lorsque elle reconnaît son frère
Oreste, résolu à venger la mémoire d'Agamemnon : «Heureux qui peut agir.
L'action est comme un lit où l'âme se repose...». Ce repos rêvé de l'action,
interdit à Elektra (comme à Hamlet) et donné à son frère, est le clivage que
Chéreau creuse pendant tout le spectacle, en choisissant de représenter plus le
drame des trois femmes (la protagoniste, sa sœur Chrysothemis et
Klytaemnestra) hantées par l'arrivée d'Oreste que l'arrivée libératrice de celuici. Dans cette vision, le rapport entre Klytaemnestra et Elektra devient le centre du drame et acquiert une nouvelle force tragique: celle d'un lien interrompu et comme mutilé par la mission même de la vengeance qu’Elektra s'est
donnée. La sortie de scène d'Oreste, froide et procédurière, après la tuerie finale, semble confirmer ce déplacement du tragique de l'action au rêve (ou plutôt
au fantasme) de l'action par le metteur en scène français. On comprend bien
que tout élément hyperbolique et jubilatoire de la relecture du mythe ancien
faite par Strauss (plus que par Hoffmanstahl, sans doute) disparaisse au profit
d'une lecture où les conflits sont d'abord d'ordre psychologique: plus de cris
d'égorgement, de sang, de torches flamboyantes (tout au plus une petite bougie), de danses de bacchantes. Le personnage de Klytamenestra est ainsi totalement dépourvu de l'aspect gore et décadent qui lui est traditionnellement
attribué. Cela grâce aussi à l'interprétation superbe de Waltraud Meier, qui
chante chaque note du rôle plutôt au lieu de recourir à un sprechgesang déglingué, comme nombre de ses collègues. A côté d'elle il faut saluer l'excellente
prestation d'Evelyn Herlitzius, qui tient tête jusqu'à la dernière mesure à ce
rôle massacrant autant sur le plan scénique que vocal. Adrianne Pieczonka est
une bonne Chryothemis, malgré quelques occasionnelles aspérités dans la
ligne aiguë de ce rôle aussi très exigeant. Thomas Randle est un Aegisth correct et René Pape un Oreste à la ligne vocale ferme et majestueuse. Signalons
enfin la présence de deux vétérans du chant wagnerien des années '80: Franz
Mazura (90 ans!) en Précepteur d'Oreste et Donald McIntyre (qui fut le Wotan
dans le Ring de Chéreau/Boulez à Bayreuth) dans le petit rôle du Vieux
Serviteur. Esa-Pekka Salonen se confirme comme un des grands chefs d'aujourd'hui dans ce genre de répertoire. A la tête de l'Orchestre de la Scala, le
chef finlandais maîtrise chaque aspect de la partition de Strauss. En suivant le
conseil de Strauss lui-même à un jeune chef d'orchestre («Dirigez Elektra
comme si Mendelssohn l'avait écrite»), Salonen fait davantage ressortir les
moments de lyrisme (la reconnaissance d'Oreste est un des moments magiques
de la soirée) et certains effets précieux de l'orchestration que l'éléphantiasis
sonore. Public enthousiaste et visiblement ému pour une soirée de grand théâtre et de grande musique (24 mai 2014).
Gabriele Bucchi
teatro real, madrid
Lohengrin
Wagner était une nouvelle fois à l'affiche
du Teatro Real avec un Lohengrin confié à
Lukas Hemleb et dirigé par Harmut
Haenchen, quelques semaines après le
«Lohengrin» © Javier
désormais célèbre Tristan und Isolde
del Real / Teatro Real
signé Sellars et Viola. De toute évidence
cette production présentée tout le mois d'avril et donnée en
hommage à Gérard Mortier décédé il y a peu, ne restera pas
dans l'histoire de l'opéra.
Gérard Mortier a très certainement cru en ce projet avec autant d’enthousiasme et de conviction qu'en concevant pour Paris cette version
mythique de Tristan dont les vidéos ont failli disparaître en 2008. Sellars
n'est cependant pas Hemleb, metteur en scène très inégal au théâtre et à l’opéra, comme le prouve ce Lohengrin d'un autre âge, poussif et poussiéreux,
qui traduit un manque de travail et d’inspiration. Les décors uniques sont
toujours dangereux car ils peuvent porter l'action, la sublimer comme la rendre stérile et la déprécier. L'affreuse caverne qui tient lieu de décor à ce
Lohengrin, sans référence à une époque déterminée, peuplée d'êtres costumés à la hâte, montre rapidement ses limites, d'autant que le plateau est, soit
encombré par les chœurs et les figurants massés à l'avant-scène, soit vide et
mal éclairé, les solistes devant se contenter de maigres indications scéniques. Difficile dans un espace si hostile, de comprendre les motivations
des Brabançons et les enjeux poursuivis par les ennemis du Roi Heinrich, la
magicienne Ortrud et son mari Friedrich von Telramund, qui espèrent
anéantir Elsa, persuadée qu'un chevalier va venir la sauver. Pas une once de
poésie dans cette vision caricaturale qui fait penser à ces premiers jeux
vidéos au graphisme grossier, mais des images qui font peine à voir, comme
celle où le peuple retrouve enfin Gottfried, l'héritier du royaume, pauvre statue de bronze accueillie dans la liesse comme le porteur de tous les espoirs.
Les oreilles ont heureusement plus de chance grâce à une distribution homogène et à des interprètes qui savent chanter ce répertoire exigeant. Si le
Lohengrin de Christopher Ventris est loin de posséder le physique espéré du
chevalier, le ténor possède encore les moyens du rôle : moins nuancé et stylisé que l'est actuellement Jonas Kaufmann, idéal dans ce personnage, son
récit du Graal et ses adieux au dernier acte, voient cependant ses ressources
s'amenuiser et la fatigue transparaître. Catherine Nagelstad est assez formidable en Elsa, sa ligne de chant charnue, sa rigoureuse musicalité et le grain
particulier de sa voix pleine et étendue, révélant les linéaments de ce personnage border line, qu'elle s'approprie malgré la laideur environnante. Tenu
avec une grande adresse vocale, une tension palpable et une présence maléfique par Deborah Polaski, tout simplement impressionnante et par le
vigoureux baryton Thomas Johanes Mayer, le couple Ortrud/Telramund fait
froid dans le dos, tandis que Franz Hawlata campe avec aplomb un Roi plein
de sollicitude, secondé par le Hérault d'une belle énergie de Anders Larsson,
épaulés par les beaux Chœurs du Théâtre. Dans la fosse, Harmut Haenchen
montre une fois encore son affinité avec le répertoire wagnérien qu'il dirige
avec toute sa fougue et qu'il anime avec passion du plus infime piano au plus
fracassant fortissimo (Représentation du 17 avril)
François Lesueur
«Elektra»
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à avignon
Cavalleria Rusticana
/ Pagliacci
Des voix puissantes à l’Opéra Grand Avignon, dans la
reprise de la mise en scène de Jean-Claude Auvray.
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La production initialement créée aux Chorégies d’Orange en 2009, adaptée pour l’Opéra de Marseille en 2011, fonctionne toujours aussi bien, avec
une densité dramatique encore plus forte dans le cadre de scène plus resserré
de l’Opéra d’Avignon. Malgré tous ses efforts, appréciables et appréciés, le
ténor Jean-Pierre Furlan reste le point faible de la distribution, avec quelques
aigus certes bien soutenus, mais un chant trop souvent en force et qui perd de
son assise dans le medium. Turiddu est l’emploi qui convient le mieux à ses
moyens actuels, son Canio paraissant en panne d’énergie en première partie de
Pagliacci. Le baryton Seng Hyoun Ko possède un volume toujours aussi
impressionnant, mais on peut émettre des réserves sur l’intonation parfois
imprécise, et la caractérisation des personnages. Lorsqu’Alfio s’exprime on
entend Scarpia, et en Tonio la charge caricaturale dans le buffo est peut-être
excessive. Nino Surguladze (Santuzza) est puissante, crédible et touchante…
même si on ne comprend pas grand-chose à sa prononciation ! Svetlana Lifar
(Mamma Lucia) fait entendre un accent slave très prononcé, et Virginie Verrez
(Lola) est sans problèmes, d’une voix assez corsée. La Nedda de Brigitta Kele
est belle en scène, le volume est consistant, les graves beaucoup plus pâles
toutefois. Elégance du style et richesse du timbre caractérisent le baryton
Armando Noguerra (Silvio), tandis que le deuxième ténor Leonardo
Cortellazzi (Peppe) se montre convaincant.
La direction musicale de Luciano Acocella est bien dans le ton de cette
double affiche vériste par excellence : du brillant, de l’éclat – et les décibels
qui les accompagnent ! –, mais aussi une certaine virtuosité des instrumentistes, et une profondeur du discours musical. Les chœurs sont en revanche
inconstants, après une première impression favorable, les décalages dans les
attaques sont nombreux, le son manque vraiment d’homogénéité avec
Jean-Claude Malgoire
quelques éléments qui prolongent la note légèrement après les collègues alentour, l’ensemble retrouvant heureusement son unité dans les passages forte.
Quelques jours plus tard, L’Orchestre Régional Avignon Provence est
cette fois sur scène pour un concert intitulé « Les musiciens de MarieAntoinette », dirigé par Jean-Claude Malgoire. Grétry, Haydn, Piccinni,
Gluck, Mozart sont au programme, et le baryton Nicolas Rivenq ne peut masquer aujourd’hui l’usure de ses beaux moyens. Hasard de la vie, les programmes de salle ont « bien été imprimés mais se sont égarés », ce qui donne l’occasion au chef d’orchestre d’installer une conversation avec le public lorsqu’il
présente, avec une grande et sympathique érudition, les œuvres remises dans
leur contexte historique.
François Jestin
Mascagni : CAVALLERIA RUSTICANA
Leoncavallo : I PAGLIACCI – le 20 mai 2014 à l’Opéra Grand Avignon
Concert Malgoire – Rivenq – le 23 mai 2014 à l’Opéra Grand Avignon
à nice
Dreyfus
Ni opéra, ni pièce de théâtre, Dreyfus est plutôt un
spectacle musical de Michel Legrand, proposé en création
mondiale à l’Opéra de Nice.
C’était Jean-Louis Grinda, alors directeur de l’Opéra Royal de Wallonie,
qui avait passé commande de l’ouvrage, mais celui-ci n’avait pas pu être créé
à Liège à la suite de son départ en 2007 pour prendre les rênes de l’Opéra de
Monte-Carlo. La musique de Michel Legrand est bien tournée, souvent joyeuse et dynamique mais sans tapage, à dominante militaire, sans exclure
quelques rythmes sud-américains ou d’Europe centrale. Servie par l’Orchestre
Philharmonique de Nice en fosse sous la baguette de Jérôme Pillement, la partition s’écoute avec plaisir mais sans surprise, et on replonge plus d’une fois
dans Les Parapluies de Cherbourg ou Les demoiselles de Rochefort… écrits
il y a 50 ans ! La troupe – entièrement sonorisée – est très disparate, entre
acteurs, chanteurs de comédies musicales et chanteurs d’opéra qui ne tiennent
pas les premiers rôles habituellement. La pièce est centrée autour du person-
«Cavalleria Rusticana» © Delestrade
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nage d’Esterhazy, qui prend le rôle également du récitant,
défendu par l’acteur Pierre Cassignard, malheureusement très
peu chanteur lorsqu’il pousse la note, fausse, d’une voix
éraillée.
Pour retrouver la douceur d’une mélodie, mieux vaut
tourner ses oreilles vers le couple Dreyfus – Vincent Heden
(Alfred) et Rachel Pignot (Lucie) – qu’on sent plus habitués
au répertoire du musical. Quelques airs individuels sont jolis,
voire sucrés lors de la lecture des lettres qu’ils s’envoient,
mais l’émotion n’est pas au rendez-vous, la « modernisation »
du vocabulaire dans le texte écrit par Didier van Cauwelaert
n’étant par ailleurs pas toujours convaincante. La production
de Daniel Benoin est fluide et s’appuie sur un dispositif scénique particulièrement efficace pour les nombreux enchaînements de tableaux. A mi-plateau, une structure verticale sur
trois niveaux, partagée en neuf « cases », permet le déroulement de saynètes successives ou simultanées. Au final, il s’agit d’une belle fresque historique, intéressante, didactique, mais sans grande
émotion, et qui finit par sembler un peu longue (soirée d’un peu moins de trois
heures, en deux parties). Le public bat des mains en mesure aux saluts, en
musique, des artistes au rideau final… premiers applaudissements de la soirée.
François Jestin
Legrand : DREYFUS – le 30 mai 2014 à l’Opéra de Nice
«Dreyfus» © Jaussein
à lyon
Simon Boccanegra
«Simon Boccanegra» © Stofleth
rabâché. Les réalisations vidéo, qui empruntent à Tim Burton pour le style en
noir et blanc de dessins griffonnés à destination d’un jeune public, paraphrasent le plus souvent sans utilité le texte ou l’action. Déjà les premières images
laissent dubitatifs : la neige qui tombe, est-ce vraiment ce qui caractérise le
mieux la ville de Gênes ? Et puis arrivent le couteau sous la gorge d’une jeune
fille, un revolver, des loubards menaçants, quelques tentatives de suicide, et
des grabataires équipés de phlébos et / ou déambulateur qui composent le
Conseil. En revanche, on cherche en vain toute la soirée la mer, composante
essentielle de l’opéra, ou a minima un certain sentiment de sa proximité, et ce
ne sont pas les dessins de trois vaguelettes en fond de plateau qui font illusion.
Plus grave, au bout du troisième lancer de confettis, ou lorsque après avoir
dessiné deux cœurs à jardin et à cour, un gros cœur lumineux est hissé par
deux câbles pendant le duo entre Amelia et Gabriele, on commence à se
demander (au milieu des spectateurs qui pouffent) si la réalisation visuelle n’a
pas vocation à se moquer de l’ouvrage...
Heureusement on retrouve dans la direction du jeune chef (31 ans)
Daniele Rustioni la musique chatoyante, évocatrice tour à tour d’un paisible
coucher de soleil en bord de mer, ou de la violence des traitrises et vengeances ourdies. La distribution vocale brille d’abord par la présence d’Ermonela
Jaho (Amelia), capable de sons filés pianissimi mais aussi de notes chantées
très généreusement, sa prise de rôle est un coup de maître et elle se montre
comme d’ordinaire très investie dans son personnage. Déjà entendu à Nice
dans le même emploi, le ténor Pavel Cernoch (Gabriele Adorno) se montre à
la hauteur, d’une belle ligne vocale plutôt ensoleillée. Dans le rôle-titre,
Andrzej Dobber déçoit par rapport à ses prestations antérieures : mis à part
quelques problèmes d’intonation et de sons fixes, le baryton projette certes
puissamment, mais allège plus difficilement et Simon est un rôle qui demande certainement plus de raffinement et d’humanité. La basse Riccardo
Zanellato (Fiesco) est à la fois musical et joliment timbré, mais manque un peu
d’épaisseur et attrape les notes les plus graves plutôt timidement. Pour compléter les rôles principaux, l’autre baryton Ashley Holland (Paolo) possède
bien le grain vocal du méchant, mais on attend en général de ce personnage un
peu plus de volume et d’arrogance dans l’émission.
Une nouvelle production pleine de clichés agressifs qui
empêchent d’apprécier pleinement les délices d’un des
chefs-d’œuvre de Verdi.
François Jestin
Verdi : SIMON BOCCANEGRA – le 7 juin 2014 à l’Opéra de Lyon
Le metteur en scène allemand David Bösch est visiblement un adepte du
Regietheater, mais à peu près toutes ses propositions ont un goût de déjà-vu
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l’omnipotence des femmes ? Sommes-nous un
jour libérés de nos vies familiales, de nos
contextes sociaux, de notre éducation, de nos
héritages, de nos contextes singuliers, de nos
psychismes, de nos ‘folies’ pour aller vite ?
Congeler un bébé, est-ce se le garder à jamais
petit et pour soi seul ? Qu’est-ce que la maternité ? Qu’est-ce qu’un corps ? Et enfin, de quoi
‘bébé’ est-il le nom ?
Comme le résumait parfaitement Lestrade
à la sortie de son film : «Je voulais rendre racon-
théâtre forum meyrin
Une femme
sans histoire
Le 23 juillet 2006, Jean-Louis Courjault découvre deux nouveau-nés dans le
congélateur de sa cuisine à Séoul où il s’est fait muter.
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Ainsi commence la fameuse affaire
Courjault qui a défrayé la chronique coréenne
puis française, et interpellé sur ce que l’on
appelle un peu vite parfois le déni de grossesse.
Après enquête et procès, la mère infanticide
sera condamnée, le 18 juin 2009, à huit ans de
prison pour le meurtre de ses bébés.
L’histoire d’une banalité presqu’exemplaire au sens le plus sinistre du terme avait inspiré
en 2007 un livre à Mazarine Pingeot, Le cimetière des poupées, qui d’emblée avait fait scandale, la fille du président étant enceinte au
moment de la parution, et surtout la famille
Courjault s’évertuant à en interdire la sortie
avant la fin de l’instruction !
Dorian Rossel, qui avait déjà adapté pour le
théâtre la mini-série documentaire Soupçons
axée sur l’Affaire Michael Peterson (célèbre
écrivain américain meurtrier de sa femme)
retrouve le cinéaste Jean-Xavier de Lestrade
pour porter à la scène le documentaire produit
par Arte en 2009 Parcours meurtrier d'une mère
ordinaire : l'affaire Courjault.
Questionnement
Si l’histoire fait frémir et ne cesse de questionner tout un chacun, l’Affaire est traitée ici
sans emphase moralisatrice, sans parti pris malsain ni voyeurisme vulgaire. Pour Lestrade, il
s’agissait avant tout d’entrer dans une logique
de meurtrière afin de comprendre par quel biais
on peut en arriver là, à ça, et surtout comment
une mère de cinq enfants décide d’en tuer trois
à la naissance tout en continuant de regarder
grandir les deux qui restent… Cette histoire sordide nous fait entrer non dans un conte de fées
moderne qui aurait mal tourné, ni dans la tête
d’un ‘monstre’, mais plutôt au cœur d’une
contemporanéité qui ne sait plus comment
gérer, comprendre, prendre acte des derniers
tabous. A nous dès lors de nous interroger sur
des questions premières : qu’est-ce qu’une mère
avec en corollaire : qu’est-ce qu’une épouse ?
Donner la vie est-il l’envers de donner la
mort, ou vice versa ? Ranger ses nouveau-nés
dans un frigo à côté de la nourriture : quelle
signification y trouver ? Jusqu’où peut aller
Dorian Rossel © Naomi Cahen
table cette histoire insensée et pourtant chargée
de sens. Sans coller à Véronique Courjault l’étiquette déresponsabilisante du déni de grossesse,
ni celle de monstre. Car c’est refuser de voir que
son histoire nous concerne tous, et profondément.»
Dorian Rossel entre dans les pas du cinéaste non pour donner à voir ‘la vérité sur l’Affaire
Véronique Courjault’, mais plutôt pour éclairer
certaines facettes de cette Femme sans histoire.
Rosine Schautz
Une femme sans histoire
Dorian Rossel – Cie STT
TOURNÉE 2014
- La Bâtie Festival de Genève / Théâtre Forum Meyrin,
du 30 août au 2 septembre
- TPR - Arc en Scènes, La Chaux-de-Fonds, du 26
novembre au 29 novembre
mais aussi :
- Spectacles Français, Théâtre Palace Bienne, le 14
novembre
- Bonlieu Scène Nationale, Annecy, du 19 novembre au 20
novembre
«Une femme sans histoire» © Nicolas Lieber
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toires (individuelles et collectives) qu’il porte
en une décorative futilité. Le contraire même du
propos qu’il aspirait à servir…
chronique lyonnaise
Festivals à l’honneur
Chaque année, juin venant, alors que les institutions permanentes (TNP,
Théâtre des Célestins, Maison de la Danse) achèvent leur saison, Lyon et son
agglomération s’enorgueillissent de deux grands festivals dont l’envergure est
internationale : les Nuits de Fourvière et Jazz à Vienne. Deux spectacles
d’ouverture ont confirmé ce rang et ces ambitions.
Sur les ruines romaines (au sommet de la
colline de Fourvière), Gwenaël Morin et sa
troupe proposent, durant deux mois, une trilogie
Sophocle : Ajax (du 3 au 21 juin), Œdipe roi (du
24 juin au 12 juillet) et Électre (du 15 au 30
juillet). Un point capital, qui conditionne tout ce
projet : les représentations débutent à 18h30 et
se déroulent a giorno. Nul décor, nul costume
(tee-shirt, jean et baskets), nul maquillage,
aucun élément architectural qui guiderait les
voix des comédiens et une indifférenciation des
sexes. Bref, rien pour enjôler le spectateur. Du
théâtre à main et à voix nus. Le texte jaillit, surpuissant ; ses enjeux politiques, dramaturgiques
et anthropologiques (enterrer les morts) semblent de l’encre fraîche. Dans notre vie théâtrale que le confort des salles couvertes souvent
amollit, la capacité de ces comédiens (notamment Virginie Colemyn, incandescente d’ubris
dans les rôles d’Ajax et Teucros) à interpeler les
spectateurs et à toiser les cieux est renversante.
Un rare moment de théâtre.
Après cet Ajax, le spectateur descend d’un
étage de la colline de Fourvière, se restaure et
gagne sa place dans le Grand Théâtre de la colline antique de Fourvière. Au menu, Zinnias,
the life of Clementine Hunter, dernier opus de
Bob Wilson. Cet opéra de chambre rend hommage à Clementine Hunter (1887-1988), afroaméricaine qui, après avoir travaillé dans diverses plantations, débuta la peinture, en autodidacte, son demi-siècle passé. Ses œuvres, naïves
(au sens d’Henri Rousseau, dit Le douanier) et
incluses dans un mouvement dénommé Folk
Art, peignent des scènes et personnes liées à son
univers autobiographique et à la ruralité agricole. L’establishment artistique et politique étasunien reconnut tardivement cette artiste alors
qu’elle était octogénaire. Cet opéra de chambre
a sollicité le concours de trois « plumes » (l’écrivaine Jacqueline Woodson ; et les librettistes
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Bernice Johnson-Reagon et Toshi Reagon), de
Sheryl Sutton (jadis lumineuse interprète du
Regard du sourd) et Toshi Reagon (passionnante folk & blues woman). Au travers de
Clementine Hunter, ce projet s’est assigné le but
(la mission ?) de présenter un siècle-et-demi de
musique noire étasunienne.
Et là le bât a blessé : à vouloir chasser tant
de lièvres à la fois, Bob Wilson a dispersé son
projet, n’a pu aller au-delà de la superficialité ;
il a mué son opéra de chambre en simple revue
de music-hall. Trop consensuelle, trop lisse et
Et le 6 juin, à l’Auditorium de Lyon, le
Wayne Shorter Quartet a ouvert Jazz à Vienne.
Soirée mémorable, de la musique de chambre
au sommet. Le premier set a été exemplaire : un
flux de 45 minutes fait de plusieurs sections
enchaînées. Loin de tout standard, chacune d’elles est un espace virtuel d’invention dans lequel
chaque membre du quartet propose de minuscules jalons sonores qui seront échangés et combinés, en souveraine liberté. Il y a quelque chose
de mallarméen dans ce travail prodigieux : le
silence règne, universel, dans lequel ces éclats
créent de multiples et oniriques miroitements.
Certes, à 81 ans, Wayne Shorter a le souffle plus
court ; mais quand ses trois partenaires l’y invitent, il sait rappeler quel virtuose-roi il fut.
Autour du Boss (saxophone ténor au début, puis
le soprano), trois autres incroyables musiciens :
le pianiste Danilo Perez (entre Ravel et les répétitifs étasuniens), le contrebassiste John
Patitucci (à l’archet, il dévoile un stupéfiant
lyrisme) et le percussionniste Brian Blade (ce
«Zinnias, the life of Clementine Hunter» de Robert Wilson © Stephanie Berger
trop jolie (avec ses chatoyantes couleurs et avec
sa chorégraphie attendue), cette production
n’est jamais ni profondément belle, ni émouvante, tandis que son rythme dramaturgique est
uniforme. Elle glisse sur la perception, lasse
durant le spectacle et s’oublie dès la représentation finie. Le talent individuel de chaque membre de cette équipe n’est pas en cause mais le
projet a été paresseusement envisagé, au point
de muer ces musiques et les douloureuses his-
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bruitiste maîtrise autant le jeu allusif que des
sons aux abyssales densités). Durant ce concert,
un ange a réellement plané…
Frank Langlois
Les Nuits de Fourvière : www.nuitsdefourvière.com ;
04 72 32 00 00
Jazz à Vienne : www.jazzavienne.com ; 0892 702 007
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«La seconde surprise de l’amour», photo de répétition
Crédit : Théâtre de l'Orangerie 2014 (M. Vanappalghem)
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théâtre de l’orangerie
Été 2014
Saison alléchante concoctée par Valentin Rossier pour son bel espace du Parc
La Grange. Au menu voire à la carte: auteurs immanquables, acteurs phares
du théâtre contemporain, textes en partage, musique, danse, créations et…
récréations festives ! Avant de passer à table, un apéritif ?
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1.- La Seconde surprise de l’amour,
Marivaux/Rossier, 24 juin-13 juillet
L’histoire : Mon premier est une Marquise,
veuve inconsolable, mon deuxième est un chevalier trahi par sa maîtresse, mon troisième date
de 1727, mon tout est une ‘seconde’ surprise de
l’amour, comédie en trois actes et en prose de
Marivaux, pièce qui fait suite à sa Surprise de
l’amour de 1722. Dénominateur commun de ces
deux œuvres : l’amour. Evidemment. L’amour
qui survient par surprise, et qui se dit à quelque
deux siècles d’écart en un français des plus
contemporains.
2.- Derniers remords avant l’oubli,
Lagarce/Kacenelenbogen, 16-26 juillet
L’histoire : Dans une maison jadis achetée en
commun pour trois fois rien, Pierre, Hélène et
Paul, ambiance mai 68, ont vécu une passion. La
fille et l’un des garçons en sont partis, et chacun
de son côté a ‘repris le tourbillon de sa vie’.
Quinze ans plus tard, le trio se retrouve pour vendre cette maison. Mais la vente sert avant tout de
prétexte pour parler de soi, entre soi, par deverssoi. L’atmosphère est lourde, pleine d’opacités,
de sous-entendus, une atmosphère orageuse à
souhait car les protagonistes de ces Derniers
remords avant l’oubli réunis malgré eux pour
revisiter leurs amours de jeunesse, doivent sortir
des placards quelques souvenirs oubliés,
quelques idéaux morts, quelques secrets ‘de
famille’, et comme le dit cash le titre, assumer
quelques derniers remords.
3.- Hot house, Pinter/Musillo 29 juillet-10 août
L’histoire : La pièce se déroule dans une institution - maison de repos ? Sanatorium ? - dont les
résidents, peut-être des patients, sont désignés
par des numéros. Suite à une rumeur de meurtre
et de viol puis de grossesse évoquée par un des
personnages, le scrupuleux directeur Roote charge Gibbs d'enquêter pour démasquer les coupables. Mais Roote se voit lui-même accusé… Un
certain chaos anime dès lors ladite institution.
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4.- Le rêve penché, Boucris/Correvon, 5-23
août, spectacle destiné aux jeunes enfants dès 3
ans
L’histoire : Un petit garçon a décidé de braver
ses cauchemars. Dans sa quête initiatique, il
croisera « une faune drolatique et inquiétante »
et recevra l’aide d’une étrange dame qui «
apprivoise les sons, les contes et les peurs ».
5.- Doute, Shanley/Bouvier, 13-23 août
L’histoire : Au milieu des années 1960, la
directrice d’une école catholique, Sœur
Aloysius, de caractère soupçonneux et adepte
de règles très sévères, reproche à la jeune Soeur
James sa façon par trop enthousiaste et spontanée de donner ses cours. Par ailleurs, elle voit
d’un mauvais œil la complicité du Père Flynn
avec son jeune élève noir. Afin de garder l’emprise, elle décidera de provoquer un esclandre
qui bouleversera la vie de tout le collège.
6.- Iphigénie en Tauride, Goethe/Nkebereza,
26 août-6 septembre
Iphigénie en Tauride (Iphigenie auf Tauris) est
une réécriture par Goethe de la tragédie grecque
d’Euripide, la Tauride étant ici un pays imaginaire. Le titre original d'Euripide signifiait
Iphigénie chez les Tauri, peuplade scythe établie en Crimée.
L’histoire : Iphigénie qui a failli être immolée à
Aulis lors du départ de la flotte grecque pour
Troie est tenue pour morte. Or elle a été sauvée
par Diane et transportée dans les airs jusqu'en
Tauride, où elle est devenue la prêtresse de la
déesse. Dans cette presqu'île sauvage, le culte à
Diane est cruel : on y immole, sans autre forme
de procès, tous les étrangers abordant les côtes.
Au fil des années, grâce à son influence généreuse, Iphigénie arrive à convaincre le roi Thoas
de faire cesser les sacrifices humains inhumains... Suite au refus d’Iphigénie de l’épouser
- elle rêve encore et toujours de retrouver sa
Grèce - il les rétablira derechef. Survient
Oreste, le frère, et là tout s’embrouille, s’emmê-
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le, se détraque. A la fin, tout se recomposera
joliment, Iphigénie pourra même rentrer ‘à la
maison’, mais avant cela, elle tient à se réconcilier avec le roi. Ainsi, dans un beau dernier
geste, Thoas acceptera de lui tendre la main en
gage de leur ancienne amitié. « Adieu ! ». La
pièce s'achève sur ce mot.
7.- Les méfaits du tabac, Tchékhov/Podalydès,
9-19 septembre
Il s’agit d’un « concert en un acte » créé aux
Bouffes du Nord au printemps dernier.
Programme musical pour voix, violon et piano
et texte de Tchekhov. Sorte de traduction/transmission du texte en musique, et non simple
illustration sonore.
L’histoire : Nioukhine, la cinquantaine, doit
donner une conférence, à la demande de sa
femme, sur les méfaits du tabac dans un cercle
de province. En fait, c’est ce que l’on croit. On
découvre assez vite que ce long monologue
décrit les pans de vie d’un homme tyrannisé par
sa femme, qui trouvera là l’occasion de parler
de lui en toute liberté.
Programme musical :
- Sonate no 1 en si mineur BWV 1014 pour violon et piano de J. S. Bach
- Romance op. 47 no 1 de P. I. Tchaïkovski,
- Sequenza VIII pour violon de L. Berio
- Partita no 2 en do mineur BWV 826 de J. S.
Bach
8.- Dansehabile, Foofwa d’Imobilité/Uma
Arnese 23-26 septembre
Deux pièces, deux chorégraphes différents,
mais un fil conducteur : l’écriture de soi par la
danse, l’affirmation de son identité et la valorisation de ses particularités.
Grand bal de l’Orangerie – 27 septembre
Rosine Schautz
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Crédit : Théâtre de l Orangerie 2014 (M. Vanappalghem)
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montreux, du 4 au 19 juillet 2014
Montreux Jazz Festival
Cette deuxième édition sans Claude Nobs est l'occasion pour son successeur de
recadrer la manifestation sur le genre musical qui a fait sa réputation, le jazz,
qui se taille la part du lion dans la programmation.
Deuxième édition sans Claude Nobs, et
déjà, le nouveau capitaine, Mathieu Jaton, rajuste le cap. Au lieu du grand paquebot millefeuille
pour attirer tous les publics, cette croisière 2014
vire de bord en revenant au bercail initial. Ce
retour au port permet de faire le plein pour un
nouveau voyage, qui promet de se recentrer sur
son identité : le Montreux JAZZ Festival.
Et rien de tel que de vieux loups de mer
pour galvaniser les plus jeunes mousses, quitte
à relever du paradoxe pour certains : eh oui, le
jeune aime les vieux, l'héritier paraît plus nobsien que Nobs. Moins funky donc ? Ou alors
c'est que les vieux se sont passé le mot pour
aider le jeune Jaton ? Jugez plutôt : le bluesman
Buddy Guy, le guitariste hollywoodien Lee
Ritenour et son comparse, le pianiste et compositeur Dave Grusin, l'une des dernières divas
du blues new yorkais Sweet Georgia Brown, le
pianiste de Kingston Monty Alexander, le
Lausannois
autodidacte
François
Lindenmann, et la déclinaison des John : John
Scofield, Dr. John, Jack DeJohnette. Voire
encore cette soirée jazz à ne pas manquer, qui
réunit Richard Galliano et Didier Lockwood,
puis Herbie Hancock et Wayne Shorter.
Hormis Stevie Wonder, que Nobs n'était jamais
parvenu à faire venir, tous les grands noms cités
– et la plupart des autres ci-dessous - sont déjà
venus à Montreux.
Autre changement. Vu les larges cartes
blanches que l'ancien patron avait accordées à
son ami Quincy Jones, parrain de la manifestation, on aurait pu craindre que le producteur
dénicheur de talents phagocyte davantage le
MJF. Mais c'est un autre chemin que Jaton a
choisi. Peut-être que les talents de l'écurie Q,
quoique pleins d'espoirs, lui paraissent encore
trop adolescents, voire trop showy - plus que
l'humble Jamie Cullum en tout cas. A en croire le nouveau timonier, le jazz nécessite une certaine maturité, une capacité d'improvisation et
d'écoute que seules les valeurs confirmées possèdent, à l'instar du batteur Manu Katché ou de
Prism, formation du guitariste Dave Holland
qui réunit Eric Harland, Kevin Eubanks et
Craig Taborn.
Jazz on the rock
Troisième innovation : la suppression de la
soirée brésilienne - Coupe du monde oblige ? A
côté du jazz, les accents pop-rock trouvent
conservent d'excellents ambassadeurs : Chris
Rea, Stephan Eicher, Etienne Daho. Deux
autres chanteurs francophones ont participé aux
Triplettes de Belleville (2003), film d'animation
de Sylvain Chomet : M (l'autre Chedid) et
Thomas Dutronc (l'autre, aussi). L'homme à
l'harmonica du Montreux Jazz n'a rien à voir
avec Ennio Morricone : Robert Plant est un
Sweet Georgia Brown © Lionel Flusin FFJM
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ancien de Led Zeppelin, qui a quitté le dirigeable de plomb avec Jimmy Page à temps. Aussi à
l'aise à l'harmonica qu'à la guitare ou au saxophone, le nord-irlandais Van Morrison est un
chanteur-compositeur avant tout : "Born To Sing
: No Plan B".
Enfin, côté groupes de rock, la tendance
2014 est de préférer les formations jeunes,
anglaises, et de privilégier ceux qui ne font pas
dans le tricot : que ce soient les trublions de
Bristol, Massive Attack, précurseurs du trip hip,
les Morcheeba de Douvres, les londoniens
Babyshambles de Pete Doherty et, dans une
moindre mesure - parce que plutôt folkeux Fink, de Brighton. De manière générale, les nouveaux artistes sont programmés au Montreux
Jazz Lab. Et ils sont un certain nombre.
Qui va piano…
A côté de quelques vedettes actuelles (le
toujours heureux Pharrell Williams, la guitariste belge Selah Sue, l'urban folk de l'Irlandais
Ed Sheeran, voire le duo rappeur Outkast), un
instrument se fait davantage entendre dans la
programmation, en dissonance avec l'affiche
officielle de cette 48e édition : le piano. Celui
de l'improvisateur Yaron Herman, celui de
l'Arménien prodige Tigran Hamasyan, ou des
Genevois Marc Perrenoud et Leo Tardin,
cette fois-ci sans son Grand Pianoramax et en
duo avec le multi-instrumentiste turc Burhan
Ocal.
On l'entend, Mathieu Jaton s'est donné
pour tâche de reprendre le gouvernail du MJF
d'une main de maître et le voilà bien barré.
Frank Dayen
Montreux Jazz Festival, du 4 au 19 juillet,
www.montreuxjazz.com
Stevie Wonder © Livenation
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piano à ernen
Quatre héritiers
de Géza Anda
Depuis 40 ans, le charmant village valaisan d’Ernen vit
des étés musicaux aux parfums divers. Des mélomanes
peuvent aussi s’essayer à la plume dans un séminaire
donné par Donna Leon.
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été, ce n’est certainement pas un hasard. Chacun d’entre eux a brillé parmi
les lauréats du prestigieux “Concours Géza Anda“ qui a lieu à Zürich tous
les trois ans, en hommage à ce pianiste hongrois à la technique aussi naturelle qu’époustouflante, décédé prématurément en 1976.
Le plus expérimenté des quatre, le Vénitien Pietro de Maria, a remporté le premier prix en 1994; Jinsang Lee, originaire de la Corée de Sud,
l’a suivi quinze ans plus tard, tandis que les deux derniers: la Russe
Varvara Nepomnyashchaya et Kim Da-Sol (Sud-Coréen également) se
sont affrontés lors de la finale 2012, pour se partager la première et la
deuxième places…
L’été commencera et se terminera
en musique de chambre; la deuxième
partie de juillet sera consacrée au
baroque, avec ses compositeurs illustres,
instruments d’époque et interprètes
connus et à découvrir. Plus tôt, une
semaine de juillet aura fait de la place au
piano, en mode récital, avec quatre noms
clefs.
Rite de passage commun
Si les quatre pianistes se retrouvent
dans la programmation du Musikdorf cet
Varvara Nepomnyashchaya
Se croiser à Ernen en 2014 recréera un climat de compétition
digne d’un concours international, mais sans pression, dans un
environnement bucolique et devant un public déjà conquis.
Quatre profils, quatre personnalités
13 juillet : soirée Schubert/Liszt. Lauréat de nombreux prix
internationaux (Nagoya 2005, Chopin Competition in Asia 2006,
3e prix au Concours Robert Schumann et à Genève en 2008, Queen
Elizabeth en 2010, premier prix du Concours d’Epinal en 2011, 2e
Géza-Anda en 2012), Kim Da-Sol est né en Corée du Sud en 1989.
Plusieurs festivals (Bayreuth, Euro Music depuis 2006, Roque
d’Anthéron) ont été marqués par son passage. Actuellement établi
en Allemagne, il se perfectionne à la “Haute Ecole pour la musique
et le théâtre“, à Hanovre, auprès de Karl-Heinz Kämmerling.
L'artiste se produit avec de nombreuses phalanges à travers le
monde : Tonhalle de Zürich, OSR, Berlin Kammerorchester,
Sinfonia Varsovia… En musique de chambre, il a collaboré, entre
autres, avec David Geringas.
C’est un Asiatique type, qui se distingue par une extrême
concentration, une gestuelle minimaliste, une virtuosité bien maîtrisée, et enfin une capacité de construire digne d’un architecte. Sa
participation au XVIe Concours Chopin en Pologne a contribué à
sa réputation de vrai magicien du clavier, majestueux dans l’exploration de toutes les richesses sonores.
Kim Da-Sol
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15 juillet : Brahms, Schumann,
Prokofiev. Varvara Nepomnyashchaya - ou souvent simplement
Varvara - a vu le jour à Moscou en
1983. Diplômée du Conservatoire
Tchaïkovsky de la capitale, elle aussi
a suivi une formation en Allemagne
(“Ecole Supérieure de Musique et de
Théâtre“ à Hambourg). A Zürich en
2012, elle rafle également le prix du
public, pour son interprétation du 3e
Concerto de Beethoven sous la
baguette de David Zinman. Décrite
souvent comme peu conventionnelle, son approche est parfaitement
slave : sa maîtrise technique constitue un cadre solide pour sa richissime palette d’émotions, sans jamais
brider sa créativité ni son imagination.
Pietro de Maria © Leonardo Ferri
16 juillet : Beethoven, Schumann, Mendelssohn, Schubert. L’Italien
Pietro de Maria a eu un parcours plus latin : des études à Venise, puis un
perfectionnement à Genève, auprès de Maria Tipo. De Varvara le rapproche le Prix Tchaïkovsky, décroché à Moscou en 1990, mais il s’est égale-
ment distingué en Allemagne, à Hambourg. C’est également un chopiniste accompli : il a enregistré une intégrale de Chopin pour DECCA et a
célébré le bicentenaire de ce compositeur en 2010 par une série de récitals
dans de nombreux pays. On le qualifie souvent de pianiste-poète, en relevant sa qualité d’improvisation contrôlée.
17 juillet : Schubert, Liszt, Granados. Jinsang Lee, né à Seoul en
1981, comme son compatriote Kim Da-Sol, figure également parmi les
lauréats du Prix Schumann. Il possède également dans son palmarès un
prix Mozart et un Scarlatti, sans oublier le galon obtenu en 2008 à Hong
Kong, d’un jury présidé par Vladimir Ashkénazy. Il a étudié à Nuremberg
et à Cologne. Comme ses pairs, il peut se vanter d’une longue liste de collaborations avec des phalanges et des chefs renommés. Mais ce qui le distingue des musiciens-interprètes, c’est son intérêt particulier pour la fabrication et l’accordage. Dans sa quête d’un instrument parfait, il n’a pas
hésité à approcher Steinway et à pren-dre des cours auprès d’une star de
la confection des pianos, Stefan Knüpfer. Passionné de mécanique, il ne
peut pas se contenter de conduire une automobile, il doit savoir la démonter! Du coup, s’embarquer dans un voyage musical avec Jinsang Lee, c’est
comme devenir passager d’un bolide finement tuné… C’est aussi le programme le plus osé, avec l’Espagnol Granados au menu.
Beata Zakes
4-5 juillet: Musique de chambre;
11-17 juillet: piano;
19-30 juillet: baroque;
18-24 juillet: séminaire de littérature (avec Donna Leon et Judith Flanders);
2-15 août: musique de chambre «plus», «master classes» d’orgue avec Zsigmond
Szathmáry (pour la 35e fois!)
Billets et renseignements: www.musikdorf.ch
Jinsang Lee © Jinsang Lee
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Nous faisons aussi des trouvailles sur You
Tube! En ce qui concerne la structure des
concerts nous voulons qu’elle soit articulée en
alternance par exemple d’airs chantés et de pièces instrumentales.
entretien
Ada Pesch
Un village pittoresque dans les montagnes du Haut-Valais accueille depuis une
vingtaine d’années des musiciens passionnés de musique baroque. À la tête de
cet ensemble, Ada Pesch, 1ère violon solo de la Philharmonia, l’orchestre de
l’Opéra de Zurich. Nous lui avons posé quelques questions.
L’entête du site du festival de
musique baroque de Ernen est une citation
de Glenn Gould : « C’est mon amour pour
Bach qui a fait que je suis devenu musicien. »
Qu’est-ce qui a fait que vous êtes devenue
une musicienne, plus précisément une musicienne baroque ?
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Je ne sais pas pourquoi j’ai toujours voulu jouer
du violon. Mes parents ne sont pas musiciens.
Mon père était astrophysicien, ma mère femme
au foyer. À l’Université de Bloomington dans
l’Indiana, j’ai eu Gyorgy Sebok comme professeur de piano. Or il donnait des master class à
Ernen. Et c’est ainsi que je me suis rendue dans
ce village pour la première fois en 1983, alors
que j’étais encore étudiante. Depuis, j’y suis
allée chaque année. Mais à l’époque, il n’y avait
pas encore de la musique baroque dans ce festival. Quand Gyorgy Sebok est décédé à la fin des
années quatre-vingt nous, les musiciens, nous
avons décidé de continuer. En ce qui concerne
ma passion pour la musique baroque, elle est
née en 1990 quand j’ai entendu Harnoncourt
diriger Alcina de Händel à Zurich. Cela a changé ma vie! À Bloomington, je ne m’intéressais
pas du tout à la musique baroque. Au contraire,
ajouter
quelque
J’aime beaucoup ces étés à Ernen. Le village est
merveilleux. Ce que nous vivons est intense :
nous répétons pendant toute la journée, nous
nous nous moquions des baroqueux. C’est après
l’Alcina que j’ai décidé de fonder l’orchestre la
Scintilla, avec des musiciens de la Philharmonia
de Zurich. Nous jouons de la musique baroque
sur des instruments d’époque.
Comment est née la partie de
musique baroque parmi les autres qui constituent le festival « Musikdorf Ernen » ?
Au début, il n’y avait qu’un concert de musique
baroque. Nous ne savions pas si le public allait
venir. Les musiciens aussi étaient sceptiques!
Et ce fût un succès. Nous jouons dans une église qui est un très beau cadre. Nous avons augmenté le nombre de concerts d’abord pour une
période d’une semaine et maintenant le festival
de musique baroque dure deux semaines. Les
musiciens aussi veulent revenir !
Parmi les compositeurs que vous
interpréterez cet été, il en a de très connus
comme Vivaldi, Händel, Frescobaldi, et
d’autres que le public ne connaît pas.
Comment avez-vous structuré les concerts ?
Je ne me considère pas comme une spécialiste
de musique baroque. Les musiciens qui sont
invités le sont par contre. Ils font des recherches
dans les bibliothèques et ce sont eux
qui proposent les partitions qu’ils veulent
jouer. Par exemple
cette année nous
jouerons de la
musique baroque du
Portugal, parce que la
cantatrice invitée,
Ana Quintans, est
portugaise.
J’ai
découvert beaucoup
de compositeurs de
musique
baroque
Ada Pesch, photo Francesco Walter / Musik dorf
grâce aux musiciens.
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Aimeriez-vous
chose?
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La mezzo soprano Ann Hallenberg fait partie du
Baroque Ensemble
mangeons aussi ensemble. A partir de cette
année, Deirdre Dowling et moi, nous partageons les responsabilités. Elle vit en France et
elle connaît tout le monde, elle connaît Ernen et
elle me connaît! Je dois dire que j’étais dépassée par l’ampleur que prend le festival. Elle est
une organisatrice née.
Propos recueillis et traduits par
Emmanuèle Rüegger
Le festival de musique baroque dure du 19 au 30 juillet
Billets et renseignements: www.musikdorf.ch
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Comment faire venir et fidéliser le
public, alors que l’offre des festivals de
musique est très abondante et particulièrement à ce moment-là en Suisse ?
41e festival
Ernen Musikdorf
Comme chaque été depuis plus de quatre décennies, le village d'Ernen en
Valais accueillera une manifestation marquée par le souvenir de son fondateur,
le pianiste György Sebök (1922-1999). Décliné désormais en quatre temps bien
distincts, le festival proposera tout d'abord un week-end intensif de musique de
chambre avec le Trio Olivier Schnyder et le ténor Daniel Behle (Schubert,
Brahms, Ketelborn le 5 juillet, Brahms, Smetana, Faure, Schumann le 6) avant
d'afficher quatre récitals de piano du 12 au 18 juillet. Place ensuite au
« barock » du 20 au 31 juillet pour se terminer avec « Kammermusik plus » du
3 au 16 août. Quant aux amateurs de polars, ils seront sans doute intéressés
par la présence dans ce lieu paisible d'une mélomane vénitienne qui a fait
connaître le nom du commissaire Brunetti...
Quelques questions à Xenia
Jankovic, chargée de la programmation de la musique de chambre.
Est-ce que le thème choisi
pour cette édition, Le pouvoir de
l’amour, convient à la musique
de chambre ?
Nous voulions tout d’abord, avec
le directeur artistique, choisir le
pouvoir et l’amour. Deux thèmes
qui sont finalement plus proches
de l’opéra. Nous nous sommes
alors mis d’accord sur le pouvoir
de l’amour, un thème plein de ressources pour
la musique de chambre, qui permet aussi aux
organisateurs de mieux se présenter et au public
d’avoir un fil conducteur. L’amour est un thème
musical par excellence, car l’amour unit,
réconcilie et nous fait entrer au plus profond de
nous-mêmes.
Comment avez-vous composé votre
programme ? Avez-vous privilégié les compositrices ?
Non, je ne l’ai pas fait consciemment, cela s’est
ainsi donné. Je me suis aperçue qu’il y a beaucoup de belles pièces de Fanny Mendelsohn
qu’on peut combiner avec Clara Schumann et
Robert Schumann. Il y a beaucoup de morceaux
que les gens ne connaissent pas et j’aime beaucoup leur faire découvrir d’autres créations. Je
me réjouis que les gens découvrent de nouvelles
œuvres. C’est ainsi que j’ai aussi choisi de programmer Lera Auerbach, d’origine russe mais
qui vit à New York et que j’aurais beaucoup
aimé inviter. Elle sera présente avec deux œuvres, en harmonie avec le thème choisi : Sogno
du Stabat Mater (2009), d’après G.B. Pergolesi
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Xenia Jankovic
et Memory of tango (2002). De manière exemplaire, on pourra entendre une confrontation
entre musique ancienne et moderne avec
Pergolesi et Auerbach. Le célèbre duo de
Pergolesi, écrit pour soprano et alto sera interprété sous forme d’une transcription pour violon, violoncelle, et cordes et trouvera sa version
moderne avec Lera Auerbach. Dans le cas de
La Flûte enchantée, ce sont aussi deux versions
qui seront proposées : l’une étant la version
piano pour quatre mains interprétée par Denis
Russell Davies et Maki Namekawa, l’autre sera
une version cabaret, opéra pour deux violoncelles avec Alain Schudel et Daniel Schaerer dans
une mise en scène de Dominique Muller. D’une
manière générale, j’aime beaucoup cette combinaison de morceaux contemporains que l’on ne
connaît pas et d’œuvres plus classiques. Car,
soudain, les morceaux classiques s’écoutent
aussi dans une autre perspective. Imaginez qu’il
fut un temps à Ernen, où la population autochtone ne venait pas aux concerts où étaient programmés Stravinski ou Bartok. Cela a beaucoup
changé entretemps.
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A Ernen règne une forme de simplicité qui existe peut-être moins ailleurs. C’est une symbiose
entre la nature et la musique, qui fait notre succès. Les gens se laissent inspirer par la nature et
la musique. On est dans une atmosphère très
intime, les gens se rencontrent et il y a des
échanges avec les musiciens. On parle ensemble
et rien n’est superficiel. Si ailleurs, pour beaucoup de gens, il s’agit de se montrer, de défendre son image, à Ernen, il y a une authenticité,
des relations plus profondes. Depuis trente ans,
au moment où le festival a été créé par György
Sebök, tout d’abord en 1974 avec des masters
classes, puis élargi à un ensemble
de musique de chambre, on peut
dire que ce festival est né sous une
bonne étoile. Et si l’on y a goûté,
on y revient. Notre public est local
mais il a aussi pas mal d’étrangers,
qui veulent écouter la musique
dans ce cadre très intimiste, des
Hollandais, des Allemands, des
Japonais, des Américains. Nos
concerts sont presque toujours
complets. L’essentiel étant d’assurer un très haut niveau qualitatif.
Comment
faites-vous
pour réunir une vingtaine de
musiciens, juste le temps du festival et obtenir une couleur sonore cohérente ?
Ce sont des musiciens formés à al musique de
chambre. Certains viennent depuis plusieurs
années, d’autres s’y ajoutent. Ils ont beaucoup
d’expérience et savent s’adapter rapidement.
J’organise assez de répétitions mais l’essentiel
est que les musiciens se connaissent bien. Ils
jouent sans chef d’orchestre sauf pour les morceaux de Lera Auerbach et Ivan Jevtic. Moimême, je joue dans chacun des concerts, un
morceau.
Avez-vous une recommandation spéciale, des œuvres pour lesquelles vous aimeriez partager votre amour de la musique ?
C’est difficile, tout me semble digne d’intérêt
mais disons que cette année le focus sur Ivan
Jevtic, Lera Auerbach, la pièce de Holliger, Der
bleiche Engel der Zukunft, mais aussi La Muse
et le poète de Saint Saëns, vont être de passionnantes découvertes pour plus d’un auditeur.
Propos recueillis par Régine Kopp
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les jardins musicaux 2014, cernier
Contemporain !
S'il fallait décerner la palme d'or de l'originalité à une programmation
festivalière, il ne fait guère de doute que les Jardins Musicaux de Cernier
l'obtiendraient sans donner lieu à de longs débats. Année après année, les
compositeurs habituellement programmés lors de manifestations vouées à la
musique contemporaine trouvent leur place tout naturellement lors des
rendez-vous à la Grange aux concerts, entremêlés en quelque sorte avec
à propos à des valeurs plus conventionnelles.
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Certes, Tchaïkovsky et Schubert sont bien
à l'affiche, ceci pour donner un côté plus rassurant à un programme proposant quelques classiques du siècle passé dont les œuvres n'envahissent pourtant pas les soirées musicales, ainsi
Luigi Nono, Iannis Xenakis, Karl Heinz
Stockhausen ou Gérard Grisey et Martin
Matalon. A l'origine de ces choix originaux, un
duo d'organisateurs composé du chef d'orchestre Valentin Reymond et de Maryse Fuhrmann,
avec la collaboration de Jean Prévost.
Martin Matalon
Cette 27e édition s'inscrira dans la continuité des précédentes, se partageant entre la
Grange aux concerts située sur le site
d'Evologia à Cernier, ainsi que dans le parc
Chasseral et à la Saline royale d'Arc et Senans
en France voisine. Une fois encore, on retrouvera donc un Orchestre des Jardins musicaux dont
les membres sont pour la plupart des fidèles à ce
rendez-vous estival et sont accueillis par des
amis et relations, créant ainsi un ancrage local
auprès des mélomanes de la région. Cet attachement et ces fidélités permettent aux Jardins
musicaux de réussir l'alchimie particulière
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consistant à faire coincider un projet artistique
original, le planning des interprètes et un budget
raisonnable.
Création musicale suisse
Cette édition 2014 sera toutefois marquée
par une collaboration avec l'Association Suisse
des Musiciens qui est présidée par William
Blank. Ainsi huit créations seront présentées
dans le cadre des journées de la Création
Musicale Suisse lors de huit concerts à l'affiche
proposant des œuvres de compositeurs suisses. Un autre
compositeur vivant sera à
l'honneur, il s'agit de Martin
Matalon,
originaire
d'Argentine mais installé en
France, dont on poura entendre
Le Scorpion, une pièce pour
percussions destinée à l'origine
à accompagner le film de Luis
Bunuel L'Âge d'or. Une œuvre
qui, selon Valentin Reymond,
correspond parfaitement à
l'esprit des Jardins musicaux :
„spectaculaire et accessible“.
Disparu en 1998 à lâge de 52
ans, Gérard Grisey a laissé des
œuvres qui commencent à être de plus en plus
respectées et, de ce compositeur très marqué
aussi bien par les références du passé que par les
musiques extra-européennes, on pourra entendre Les Chants de l'amour pour douze voix et
bande magnétique.
Et si l'opéra saute son tour jusqu'à l'été
2015, le rendez-vous cinématographique est
prévu, ainsi que la collaboration avec la
Cinémathèque de Lausanne, avec Le Kid, film
et musique de Chaplin, avec l'Orchestre des
Jardins musicaux que dirigera Valentin
Reymond. C'est le même orchestre qui officiera
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bien entendu pour le programme „classique“ , à
savoir des airs de Rachmaninov et Tchaîkovsky
précédant Les Saisons du même Tchaïkovsky,
une suite pour piano orchestrée par Alexander
Gauk à l'occasion du cinquantième anniversaire
de la mort du compositeur en 1942. Un autre
programme traditionnel (Schubert/Brahms) sera
proposé avec le Tremplin offert à de jeunes
musiciens sous la houlette du Quatuor Sine
Nomine. Mais Nono (Fragmente-Stille, An
Diotima pour quatuor à cordes) et Xénakis
(Tetora et Tetras) seront à l'affiche avec des
œuvres trop rarement programmées, dans l'interprétation des spécialistes made in USA, le
Jack Quartet. Ne craignant pas de bouleverser
les habitudes des mélomanes, le festival proposera un concert fort matinal avec deux
Concertos brandebourgeois à 7h30 un dimanche
matin...
Ces amateurs matinaux seront-ils les
mêmes que les mordus de jazz et de musique
improvisée à qui des moments musicaux seront
proposés en compagnie de Michel Portal ou de
François Salque et de l'accordéoniste Vincent
Peirani, du pianiste Stefano Bollani ou du Trio
Sylvie Courvoisier (à Tramelan) ?
Compositeurs à l’honneur
D'autres compositeurs importants du siècle
passé seront à l'honneur, puisque l'on retrouvera
Stockhausen avec Gesang der Jünglinge, une
œuvre datant du milieu des années 1950, marquant la naissance de la musique électronique,
en compagnie de Mortuos plango, vivos voco
pour sons traités par ordinateur de Jonatha
Harvey (1980). Mais il est difficile d'imaginer
une édition des Jardons musicaux sans un
concert consacré à Chostakovitch, et c'est ainsi
que la 14e Symphonie sera dirigée (à nouveau)
par Valentin Reymond, toujours avec l'orchestre „maison“. Plus imprévisible, le nom d'André
Caplet est également à l'affiche et c'est
l'Ensemble Vocal de Lausanne qui interprétera
Le Miroir de Jésus avec la mezzo-soprano
Marie-Claude Chappuis en soliste, sous la
direction de Jean-Claude Fasel.
Faire connaître des œuvres qui emploient
un langage musical d'aujourd'hui, proposer des
découvertes, ouvrir la curiosité au vaste répertoire actuel en perpétuelle évolution, tel est bien
le propos de la programmation des Jardins
Musicaux à l'occasion de cette 27e édition.
D’après des propos recueillis par
Frank Fredenrich
Plus d’informations sur :
http://www.jardinsmusicaux.ch/
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les jardins musicaux 2014, cernier
Le scorpion, l’amour
et les quatuors
Du 15 au 31 août, les Jardins musicaux de Cernier vous invitent à entrer dans
une grange qu’ils font résonner du côté de Neuchâtel.
Il était une fois une grange. Non, ce n’est
pas celle de Meslay découverte sur les bords de
Loire un beau jour de 1963 par le pianiste
Sviatoslav Richter, mais celle qui abrite les
concerts d’un festival baptisé « Les Jardins musicaux ». Elle est située à Evologia, au cœur du
canton de Neuchâtel. Evologia : un nom qu’on
peut juger trop beau pour être vrai, qui sonne
comme celui d’une cité utopique destinée à préserver l’écologie ou l’évolution, forcément durables, mais qui est tout à fait réel. Il s’agit d’un
parc consacré aux métiers de la terre, situé entre
plaine et montagne, qui vient couronner d’une
certaine manière la bonne idée qu’avait eue
Frédéric Soguel, en 1885, d’installer une école
d’agriculture. Cette école a prospéré, mais les
temps sont devenus inquiets : la nature est menacée, l’art est fragile, or l’une et l’autre peuvent
s’unir pour préserver l’essentiel. A partir de là,
marier l’amour des grands espaces et le travail
qui les rend hospitaliers, à l’amour de la musique
qui est aussi une manière d’œuvrer avec la
manière brute du son, allait presque de soi.
La 17e édition des Jardins musicaux aura
lieu du 15 au 31 août. Comme il s’agit de
concerts donnés dans une grange, c’est-à-dire
loin de la ville qui étouffe, le festival a eu la
bonne idée de s’allier à des partenaires situés
dans un environnement relativement proche : le
Parc régional Chasseral (et le Canton de Berne),
la Saline royale d’Arc-et-Senans, la
Cinémathèque suisse, la Collection d’art brut de
Lausanne.
Tapas et ateliers
Un coup d’envoi (musique, vin et tapas !),
vingt-sept concerts mais aussi une dizaine de
bal(l)ades au sein du Parc régional Chasseral
composent le programme. Sans compter des
ateliers à vivre en famille, car il n’est pas d’initiative musicale aujourd’hui, institution ou festival, qui n’ait son programme pédagogique et
ludique. Mais les Jardins ont aussi leur orches-
a
c
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tre, composé d’environ soixante-dix musiciens
et dirigés par Valentin Reymond, qui assureront
plusieurs concerts tout au long du festival.
Parmi les rendez-vous inscrits au programme, on notera en particulier quatre concerts hors
du commun consacrés à la musique de notre
temps ou d’un passé récent. Le premier, qui aura
lieu le jeudi 21 août à 19h, permettra d’entendre
Le Scorpion, une partition écrite par Martin
Matalon, dans un premier temps, pour le film de
Buñuel L’Âge d’or. Le musicien argentin (installé à Paris) en a fait dans un second temps une
œuvre de concert pour
six percussionnistes,
deux pianos et dispositif électronique ; elle
sera ici interprétée par
l’Ensemble Batida.
Le lendemain, à la
même heure, le Jack
Quartet interprétera
des
pièces
de
Gesualdo, Rodericus et
Dufay, ainsi que Tetras
(1983) et Tetora
(1990), deux des quatre quatuors composés
par Iannis Xenakis, un
compositeur qui fit les
grandes heures de la
musique dite contemporaine des années 19601970, mais qui connaît aujourd’hui un relatif
purgatoire. Dignes héritiers des Quatuors
Arditti, Kronos et Muir et de l’Ensemble
Intercontemporain, les musiciens du Jack
Quartet n’ont pas leurs pareils pour télescoper
les siècles.
Éloge de l’optimisme
Le lundi 25 août à 21h, un concert intitulé
« Territoires » réunira le violoncelliste François
Salque et l’accordéoniste Vincent Peirani à la
faveur d’une joute musicale écrite et improvi-
a
l
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sée. Le devenir de la musique selon François
Salque ? Il tient en quelques phrases : « Certains
usages de la musique disparaissent, et d’autres
disciplines comme la danse ou la méditation ont
recours à des musiques raffinées. Il y a aussi les
découvertes de l’ethnomusicologie et les pratiques de la communication qui font qu’on
ouvre les portes, qu’on se rapproche, qu’on se
mélange. Il est difficile à mon sens d’être pessimiste : certains types de concert vont se raréfier
mais au profit d’autres pratiques. Pour ma part,
j’assure de nombreuses créations, je fais différents usages de mon violoncelle, je mêle les
musiques du monde, le jazz, à la musique
savante occidentale. »
Le jeudi 28 août, enfin, à 19h, la Schola
Heidelberg emmenée par Walter Nussbaum fera
entendre Les Chants de l’amour composés de
1982 à 1984 par Gérard Grisey pour douze voix
et bande magnétique. « La Musique a au moins
ceci de commun avec l’Amour que l’être
humain y découvre et y apprend le Temps »,
disait ce compositeur prématurément disparu
qui s’inspire ici aussi bien des polyphonies pygmées que de Jean Ockheghem ou des trouvailles
Jack Quartet © Henrik Olund
de Julio Cortazar, et utilise un matériel sonore
issu de nombreuses langues différentes, lequel
mêle noms d’amants et d’amantes célèbres
(Tristan, Isolde, Orphée, Eurydice, Don
Quichotte, Dulcinée, Roméo, Juliette), litanies
sur des mots amoureux, etc.
L’amour n’a-t-il pas toujours trouvé son
terrain d’élection dans les jardins ?
Christian Wasselin
Pour tout savoir :
www.jardinsmusicaux.ch, 41 32 889 36 05
é
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f e s t i v a l s
Sept propositions, parmi lesquelles figurent un
Jeu de l’oie, jeu de l’ouïe pour une plongée active dans le monde des sons, un atelier de composition, un autre de sculptures sonores ou encore,
une répétition de l’orchestre du festival où chacun est parrainé par un musicien.
entretien
Maryse Fuhrman
Hormis l'originalité d'une programmation sans égale sur le « marché »
festivalier, les Jardins musicaux se caractérisent par une ouverture avec les
institutions et lieux divers de la région. Parc régional Chasseral, Saline royale
d'Arc et Senans en France voisine, mais également Cinémathèque suisse de
Lausanne et Musée de l'Art brut figurent à l'affiche de cette édition 2014.
Le point avec Maryse Fuhrman, organisatrice de la manifestation avec Valentin
Reymond.
Concerts et activités au Parc
Chasseral
38
Nous développons depuis 2011 avec le Parc
régional Chasseral des propositions événementielles qui conjuguent une découverte patrimoniale ou architecturale avec la découverte d’une
œuvre musicale forte qui s’inscrit dans ce
contexte. Si nous étions certains dès le départ de
toucher juste avec cette idée, nous avons été les
premiers surpris de son succès immédiat. Celuici est tel que d’autres institutions régionales
demandent aujourd’hui à rejoindre cette association de compétences, étonnement complémentaire. Si pour le festival, la programmation musicale se place naturellement au centre de chacun
des projets, notre but est à chaque fois de la
conjuguer d’une façon créative à deux au-tres
principes indissociables de Bal(l)ades ; la collaboration active d’acteurs locaux et une communication visant d’autres publics aussi bien que les
coutumiers du festival.
Pour les Bal(l)ades de 2014, nous proposons cinq concerts d’artistes de haut vol
tels le Sylvie Courvoisier Trio à Tramelan,
le magnifique ensemble vocal anglais Stile
Antico à La Neuveville, l’accordéoniste
danois Geir Draugsvoll à SoncebozSombeval, le Lemanic Modern Ensemble
à Dombresson et l’Orchestre des Jardins
Musicaux (OJM) à Saint-Imier pour une
projection live du film The Kid de Chaplin.
Collaboration avec la Saline
royale
De son côté, notre collaboration avec la
Saline Royale d’Arc-et-Senans se perpétue,
tout en se renouvelant. À son tour, elle
entre dans le concept Bal(l)ades qui
devient ainsi transfrontalier. Cinq événements
labélisés seront à découvrir dans la région
franc-comtoise cet été, avec en particulier le
chanteur basque Beñat Achiary et l’ensemble
Oración.
Ateliers et Tremplins
Le 22 août : Beñat Achiary © Guillermo Navarro
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La cinémathèque
Nous sommes heureux de poursuivre avec la
Cinémathèque suisse l’exploration, entamée il y
a quatre ans, de l’œuvre universelle de Charlie
Chaplin. Et nous fêterons le centenaire de la
première apparition du personnage de Charlot
au Cinéma avec neuf représentations du film
Pour chacune de nos éditions, nous prenons soin
de développer un axe de programmation destiné
aux plus jeunes générations. Comme en 2013,
un Tremplin est mis en place à l’intention d’instrumentistes romands prometteurs. Placé cette
année sous le mentorat du Quatuor Sine
Nomine, le travail musical et pédagogique
conduit en amont du festival aboutira à une
représentation en concert des deux chefs-d’œuvre que représentent le Quartetsatz de Schubert
et le 2e sextuor de Brahms.
Les Ateliers à destination des enfants et des écoles du primaire nous permettent d’ouvrir les
coulisses du festival à des enfants de tous âges,
de leur offrir des expériences originales ou en
les préparant particulièrement à un concert !
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Les 15 et 16 août : Stile Antico © Marco Borggreve
The Kid avec l’Orchestre du festival.
Collaboration avec la Collection de
l’Art Brut de Lausanne
Pour illustrer le programme du Festival, nous
avons choisi, depuis 2013, le compagnonnage
d’auteurs d’Art Brut qui expriment si intensément l’indicible, mais aussi la drôlerie, la joie,
la nécessité d’agir dans un état d’intime et féroce liberté.
L’élan vital qui émane de leurs créations est saisissant. En associant ces auteurs à des œuvres
musicales sœurs, nous avons voulu contribuer à
porter un autre regard sur ces êtres à l’imagination salvatrice qui ont saisi le possible avec une
telle force que souvent le possible en vient à
supplanter le réel.
Cette année, nous proposons quelques films au
Mycorama, à Evologia ainsi que des documents, qui apportent un éclairage complémentaire sur ces auteurs étonnants.
Propos recueillis par Frank Fredenrich
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Orchestre Jardins Musicaux © Pierre-W.Henry
Le 24 août : Quatuor Appassionato
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Le 26 août : Le pianiste et compositeur Stefano Bollani © Paolo Soriani
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entretien avec anne blanchard
Beaune cuvée 2014
Pour sa 32e édition, le Festival de Beaune met les petits plats dans les grands.
Et – surprise ! – il s’intitule désormais « Festival international d’opéra baroque
& romantique ». Anne Blanchard, qui préside à l’institution depuis sa création,
nous explique ces nouvelles orientations.
La grande nouveauté de cette édition
du festival serait-elle l’irruption dans le
XIXe siècle ?
Elle avait été cependant déjà amorcée il y a déjà
quelques années, avec la Missa solemnis, des
extraits de Leonore le premier opéra et préfiguration du Fidelio de Beethoven, les symphonies
du jeune Beethoven, ou des récitals consacrés à
Rossini…
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Toutefois, il s’agit cette fois d’un tournant : puisque surgit un opéra, intégralement…
Oui, vous avez raison. C’est même le cœur de
notre deuxième week-end… avec le chœur de
l’Armée française, des grands professionnels,
que nous avons souhaité associer à notre projet
de Cenerentola de Rossini. Ce sera dirigé par
Christophe Spinosi, qui était chez nous jusqu’à
présent plutôt un chef vivaldien, mais qui a fait
sa belle réputation ailleurs depuis sept-huit ans
en dirigeant Rossini. Il reprendra du reste cet
opéra quinze jours plus tard à Salzbourg, mais
avec une distribution différente. Notre
Cenerentola, ou Angelina, sera Gaëlle Arquez.
Elle sera en compagnie d’Edgardo Rocha, Anna
Kasyan, Riccardo Novarro, vieil habitué de
notre festival : une distribution maison.
Et l’on retrouve vos piliers habituels,
que sont Haendel et Rameau…
Eh oui ! Puisque Beaune a une tradition
Haendel de trente ans, à la tête d’une trentaine
d’opéras et d’une dizaine d’oratorios. Beaune,
festival Haendel par excellence ! Pour la France
en tout cas. Il y aura donc Thésée, un opéra
assez rarement donné et que nous n’avions
jamais programmé. Nous avons fait appel à
notre fidèle Federico Maria Sardelli, qui dirigera l’orchestre Modo Antiquo, avec encore une
distribution choisie par nous : Gaëlle Arquez à
nouveau, Francesca Boncompagni, Anna
Quintans. Serse est un opéra un peu plus connu,
mais qui n’est pas non plus si courant. Il est présenté par l’orchestre Il Pomo d’Oro, un ensemble italien magnifique, dirigé par ce violoniste
virtuose qu’est Riccardo Minasi. Avec David
DQ Lee, notre contre-ténor fétiche, Lawrence
Zazzo, Delphine Galou, Sunhae Im, une habituée de Beaune, Anna Quintans toujours, Luigi
De Donato, Victor Sicard. Pour cet opéra
mélange de bouffe et de tragique, dans la grande tradition vénitienne…
Et vous célébrez l’année Rameau,
comme il se doit...
Bourgogne et Festival de Beaune obligent !
Puisque nous avons été créés en 1983, l’année
de la première “année Rameau“, que nous n’avions pas manqué de commémorer. Nous avons
choisi deux opéras, tout comme pour Haendel.
Nous aurons ainsi Zaïs, pastorale héroïque, par
Christophe Rousset, qui sera enregistré par
l’Union européenne de radio, avec les Talens
Gaëlle Arquez © Gilles Bré́bant
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lyriques et l’excellent Chœur de Namur, et une
jolie distribution de chanteurs parmi nos coutumiers du festival. Et il y aura Castor et Pollux,
dirigé par Raphaël Pichon et son ensemble
Pygmalion, mais dans une distribution différente de celle que l’on a pu entendre récemment à
Paris au Théâtre des Champs-Élysées : Florian
Sempey, Emmanuelle de Negri, Clémentine
Margaine.
N’y aurait-il pas aussi d’autres anniversaires à marquer, notamment chez les
compositeurs baroques ?
Vous pensez à Gluck ! Il sera présent dans le
récital de Gaëlle Arquez. Seulement, il est vrai.
Mais sachant que nous l’avons célébré avec un
an d’avance lors de l’édition précédente. Cette
année, la possibilité ne s’est pas présentée pour
un opéra…
Qu’en est-il des oratorios, concerts et
récitals ?
Signalons : les Motets sacrés de Rameau et
Mondonville par William Christie et ses Arts
florissants, en clôture du festival ; les Ode à
Sainte Cécile de Purcell et de Britten par Paul
McCreesh, ou le côté sacré du festival ; des cantates de Bach chantées et dirigées par Andreas
Scholl. Et viendront les récitals : Delphine
Galou dans Vivaldi et Haendel, accompagnée
par les Ambassadeurs ; notre cher David DQ
Lee aidé de l’ensemble Pulcinella pour Purcell
et Haendel ; Julie Fuchs, qui n’était jamais
venue à Beaune, pour Mozart et Rossini,
accompagnée par le piano-forte d’Alphonse
Cemin ; et enfin Gaëlle Arquez, qui en sus de
Gluck, chantera Haendel, Vivaldi et
Charpentier, secondée par l’ensemble les
Accents. Elle a déjà chanté deux éditions précédentes à Beaune, et cette année revient pour
trois soirées.
Et la dernière mention revient de
droit à vos mécènes, soutiens indéfectibles du
festival…
Nous avons ici aussi nos fidèles : France
Telecom et sa Fondation Orange, toujours la
Caisse des dépôts, et toujours les Hospices
Civils de Beaune. Et nous avons nos partenaires : le Conseil régional, la Ville de Beaune, le
Ministère de la Culture et le Conseil général.
Les partenaires médias sont pour leur part
France Musique, évidemment, et Opéra
Magazine. Beaune c’est une longue histoire, de
découvertes mais aussi de fidélités.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
Inf. : www.festivalbeaune.com
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28.08 – 12.09.2014
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A l'Ouest,
du nouveau...
L'événement de la prochaine édition du Septembre Musical de Montreux se
résume en un curieux vocable : le YOBA. Contrairement à ce qu'on pourrait
croire, ces quatre lettres ne sont pas le fruit d'une coquetterie orthographique
sortie de l'imagination fertile d'un journaliste en mal de nouveauté pour
donner un coup de jeune au 'Lioba' désignant le fameux Ranz des Vaches
gruyérien dont il introduit le refrain. Il s'agit d'un acronyme pour Youth
Orchestra Of Bahia, un organisme calqué sur le principe du fameux Sistema
vénézuélien aux destinées duquel préside le jeune et bouillant Gustavo
Dudamel. Et c'est précisément cet orchestre que la direction du Festival de
Montreux s'enorgueillit d'avoir invité cette année pour véhiculer du Brésil une
image autre que footballistique...
42
« Créer des êtres humains par la
musique », tel est le credo du fondateur du
Bahia Orchestra Projet, le pianiste et chef d'orchestre brésilien Roberto di Castro. Le but de
cette formation qui a vu le jour en 2007 seulement est de donner l'accès au monde enchanté
de la musique à des enfants de classes défavorisées. Riche de plus de mille participants, ce projet suscite l'enthousiasme général de ceux qui
ont eu l'occasion d'en apprécier les fruits. Très
vite, les tournées à l'étranger ont augmenté en
nombre et en cadences et partout, l'écho auprès
du public comme de la critique est enthousiaste.
Les instrumentistes de cette formation
symphonique, âgés de 12 à 20 ans, sont des
musiciens aux talents déjà éprouvés avec lesquels les plus grands solistes acceptent de collaborer, car ils sont conscients de l'extraordinaire
apport que représente leur expérience à la formation et au perfectionnement technique de ces
jeunes musiciens. A Montreux, par exemple,
Martha Argerich et le pianiste belge Alexander
Philharmonie tchèque © Yunus Durukan
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Gurning joueront en leur compagnie le
Concerto pour deux pianos de Francis Poulenc.
Lors de la présentation du programme de la
prochaine édition du Septembre Musical de
Montreux, M. Tobias Richter s'est réjoui d'avoir pu mener son projet à bien. En effet, une
telle invitation ne va pas de soi et nécessite en
amont un long travail de préparation, qui va de
la récolte de fonds à la mise en place de l'infrastructure d'accueil des musiciens. « En faisant
venir cet orchestre à Montreux, mon idée n'était
pas seulement de faire entendre au public un
ensemble symphonique parmi d'autres, mais de
mettre l'accent sur l'importance du travail
qu'implique la mise sur pied de concerts avec
des musiciens qui ne sont pas tous professionnels. Le jeune public des écoles de la région
sera même invité à assister à un concert qui lui
sera spécifiquement réservé, dont le programme
mêlera les noms de Rossini, Holst et
Fernández...
Dans les concerts inscrits au programme
du festival à proprement parler, les barrières
entre la musique folklorique et les partitions
classiques s'estomperont aussi, de façon que le
public puisse entrer directement en contact avec
une tradition musicale d'Amérique latine qui
nous reste encore trop souvent étrangère..
Un vent de folie
Ainsi, la Première Symphonie de Mahler.
interprétée après le Concerto de Poulenc le 7
septembre, aura-t-elle été précédée le 6 septembre par un programme comprenant les
Danses Symphoniques extraites de West
Side Story du compositeur américain et
chef d'orchestre Leonard Bernstein, un
Body Concerto de Julia Wolfe, la fameuse Rhapsody in Blue de George Gershwin
et la non moins connue Bacchiana
Brasileira no 4 de Hector Villa Lobos. La
dernière soirée fixée au 9 septembre sera
encore plus ébouriffante avec des œuvres
d'Ari Barroso, Silvestre Revueltas,
Alberto Ginastera, Arturo Marquez,
Wellington Gomes et Zequinha de Abreu.
Notons encore, le 8 septembre, une soirée
réservée à l'ensemble de percussions et de
vents de l'orchestre qui offrira un panorama de musiques riches en rythmes et en
couleurs, avec des œuvres de Kurt Weil,
Carlos Chaves ainsi que des pièces
extraites du répertoire brésilien et latinoaméricain pour percussion. Voilà de quoi
faire souffler un vent de folie sur la manifestation montreusienne que l'on ne pour-
l
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s e p t e m b r e
Royal Philharmonic Orchestra London et Charles Dutoit © Yunus Durukan
ra pas accuser, cette année, de manquer d'air !
Le reste du programme voguera sur des
eaux nettement plus tranquilles. En début de
manifestation, le concert inaugural sera assuré
par les membres de la fameuse Philharmonie
tchèque qui interprétera Smetana, le fameux
Concerto de violoncelle de Dvorak avec la complicité d'Alisa Weilerstein en soliste et la 7e
Symphonie de Beethoven sous la direction de
Jirí Belohlávek.
Le lendemain soir, ce sera au tour du
Russian National Orchestra de proposer un programme entièrement consacré à Mozart avec
Mikhail Pletnev à la direction et au piano pour
les Concertos de piano KV 246 dit «Lutzow» et
K 491 après l'Ouverture de la Musique maçonnique funèbre K. 477. Ce même orchestre, avec
le même soliste, sera dirigé le samedi 30 août
par Conrad van Alphen dans un programme où
figurera le Concerto de piano de Schumann
avec, avant l'entracte, la Symphonie no 3 dite
Ecossaise de Mendelssohn en guise d'amusebouche.
aux lauréats de la compétition organisée par le
Parmigiani Montreux Jazz Festival. Cette très
longue soirée permettra de mettre en parallèle
des pièces de styles divers dont on peut espérer
Nouveauté
c
Festival Academy qui se produiront les
2, 3 & 4 septembre dans le cadre
enchanteur de la grande salle du
Château de Chillon.
La partie symphonique du programme du festival se terminera avec
deux soirées où se produira le Royal
Philharmonic Orchestra de Londres
placé sous la direction de son chef permanent Charles Dutoit, avec le pianiste Radu Lupu dans le 3e Concerto de
Beethoven, entouré de l'Ouverture du
Vaisseau Fantôme de Wagner et la 15e
Symphonie de Chostakovitch le mercredi 10 septembre; le lendemain soir,
11 septembre, ce sera une soirée franco-russe avec Bartok, Moussorgsky /
Ravel et Camille Saint-Saëns dont le
Concerto de violon no 3 sera interprété
par le soliste James Ehnes.
Le Festival se terminera sur une
soirée de musique de chambre donnée
au Théâtre de Vevey le vendredi 12
septembre avec, au programme, la Fantaisie de
Schubert D 934, la Sonate K 376 de Mozart et
la Sonate dite à Kreuzer de Beethoven que joueront le violoniste Corey Cerovsek et le pianiste
Jiri Behlolavek © Petra Hajska
Autre nouveauté de cette édition 2014 : la
Nuit des Pianistes, qui se donnera dans la salle
des fêtes du Grand Hôtel du Lac à Vevey le
lundi 1er septembre à partir de 18 heures.
« Notre intention, dit M. Richter, est de réunir
quelques-uns des pianistes les plus prometteurs
entendus récemment aux Concours Tchaïkovski,
Geza Anda ou Clara Haskil et de les associer
a
m u s i c a l
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qu'elles contribueront à élargir l'horizon musical d'un public qui n'aurait peut-être pas fait
l'effort d'acheter un billet pour un récital classique ou pour une soirée entièrement dédiée au
jazz!... »
Suivra le volet attendu des trois soirées
réservées aux jeunes artistes repérés à la Verbier
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Paavali Jumppanen. Une ultime soirée symphonique, confiée à Marek Janowski dirigeant son
orchestre berlinois, a finalement dû être supprimée pour des raisons budgétaires...
Éric Pousaz
Adresse du site internet pour l'obtention du programme
complet et la location de billets : http://www.septmus.ch/
é
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s e p t e m b r e
m u s i c a l
portrait de la violoncelliste
Alisa Weilerstein
Le jeudi 28 août, à l’Auditorium Stravinski, la violoncelliste américaine Alisa
Weilerstein sera la soliste du concert inaugural du Septembre Musical. Elle y
interprétera le Concerto en si mineur d’Anton Dvorak, en compagnie de la
Philharmonie Tchèque, et sous la conduite de Jiří Bělohlávek. L’Ouverture
de La Fiancée vendue de Smetana et la 7e Symphonie de Beethoven
compléteront le programme.
44
Née à Rochester dans une famille de musiciens - père violoniste, membre fondateur du
Quatuor de Cleveland ; mère pianiste réputée –
la jeune Alisa fait à 13 ans ses débuts de concertiste avec l’Orchestre de Cleveland. A15 ans,
elle se produit déjà au Carnegie Hall et donne
son premier concert avec Zubin Mehta et le
New York Philharmonic. A l’affiche, le
Concerto d’Elgar. Une œuvre
dont elle dira, au micro de
Frédéric Lodéon, lors de son
passage de février 2013 à
Paris, que, jeune, l’écoute de
l’enregistrement
de
Jacqueline Dupré, l’héroïne
de son enfance, était pour elle
un rituel quasi quotidien. Elle
ajoute qu’elle a dû, à 12 ans,
lorsqu’elle a commencé à
étudier sérieusement ce
concerto, mettre les disques
de Jacqueline Dupré de côté
afin de trouver sa propre voie.
Ce Concerto d’Elgar, elle va
l’enregistrer à Berlin en 2010
avec Daniel Barenboim et la
Staatskapelle, un CD complété par le Concerto de son
compatriote Elliott Carter et le
Kol Nidrei de Max Bruch,
captés en public.
Bolivar Symphony Orchestra et Gustavo
Dudamel comme aux Proms de la BBC à
Londres, où elle interprète, sous la baguette
d’Osmo Vänskä, le 1er Concerto de
Chostakovitch. Avec Yuri Temirkanov et la
Philharmonie de Saint-Pétersbourg, elle entreprend une vaste tournée à travers les USA. Avec
ses parents, elle se produit au sein du
Un agenda chargé
Diplômée en histoire
russe de l’Université de
Columbia à 22 ans, Alisa
Weilerstein enchaîne les succès, en musique de chambre
ou comme soliste des grands
orchestres d’Amérique du
Nord et d’Europe. Elle joue au
Venezuela avec le Simon
Weilerstein Trio familial. Elle manifeste aussi
un vif intérêt pour la musique actuelle. Elle
donne, déjà en 2008, la première mondiale des
24 Préludes pour violoncelle et piano de Lera
Auerbach, avec le compositeur au piano et fait
connaître à travers le monde une pièce
d’Osvaldo Golijon, Azul, pour violoncelle et
orchestre. Son prochain disque, Solo, annoncé
pour octobre de cette année, fait la part belle à
la musique contemporaine. On y trouvera, outre
la Sonate op. 8 de Zoltan Kodaly et la Suite
pour violoncelle seul de Gaspar Cassado (18971966), une page d’Osvaldo Golijon,
Omaramar, ainsi que de Bright Sheng, Seven
Tunes Heard In China. Pendant la saison 2013/
2014, elle a été artiste en résidence au
Cincinnati Symphony Orchestra.
Virtuosité et musicalité
Alisa Weilerstein n’est pas une inconnue en
Suisse. On a pu l’entendre à Verbier en 2008, en
compagnie des pianistes Jonathan Gilad et Yuja
Wang ou avec orchestre dans le
Triple Concerto de Beethoven,
ainsi qu’à Zürich où elle a interprété, avec l’Orchestre de la
Tonhalle, sous la direction du
compositeur, Reflections on
Narcissus, pour violoncelle et
orchestre, de Matthias Pintscher.
Elle sera de retour sur les bords
de la Limmat le 31 décembre de
cette année, à l’occasion du
Silvesterkonzert pour y faire
valoir sa virtuosité, sa technique
hors pair et sa chaleureuse musicalité dans les Variations Rococo
de Tchaïkovski. Des qualités qui
font tout le prix du CD Decca qui
vient de paraître, consacré précisément au Concerto en si mineur
op. 104 de Dvorak, un disque qui
bénéficie de l’accompagnement
des mêmes interprètes que l’on
entendra à Montreux, soit Jiří
Bělohlávek et la Philharmonie
Tchèque. Une aubaine à ne pas
manquer.
Yves Allaz
JEUDI 28 AOÛT, 19h30,
AUDITORIUM STRAVINSKI
Jiří Bělohlávek, direction
Alisa Weilerstein, violoncelle
Philharmonie tchèque
Alisa Weilerstein. Decca / © Harald Hoffmann
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conrad van alphen au septembre musical
Générosité
et enthousiasme
Il est né en 1963 à Pretoria, mais il a fait carrière dans la vieille Europe, dans
un pays dont la culture est proche de la sienne, les Pays-Bas. Portrait d'un chef
qui a été contrebassiste à ses débuts.
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Il a gravé, en compagne de l'Orchestre
WDR de Cologne, la musique colorée, un brin
inquiétante, évoluant dans toutes les échelles
instrumentales, riches de trouvailles rythmiques, du film L'Héritage, née de l'imagination d’Olivier Militon.
La musique contemporaine l'intéresse;
l'homme a créé - en 2011 - Tornado, une partition du compositeur néerlandais Patrick van
Deurzen. Cet ouvrage complexe, aux arêtes
rythmiques marquées, tonal, dessine un paysage
contrasté, qui pourrait fort bien accompagner
une film de science fiction ou fantastique !
Fureteur et enthousiaste, le
musicien a enregistré une version
reconstituée par Jos van der Zander
d'un concerto pour... hautbois de
Beethoven, avec l'Orchestre de
Chambre de Rotterdam et Alexei
Ogrintchouk en soliste.
Transmetteur de savoirs
Conrad van Alphen
Sa vie et ses activités sont un modèle artistique: créativité dans l'interprétation comme
dans la formation d'ensembles, imagination et
engagement au podium, recherche constante de
nouveautés et d'horizons inexplorés, voyages et
amitiés, conseils et encouragements aux jeunes...
Qui est ce chef si dévoué, qui a effectué tant
de choses, pourtant à peine quinquagénaire ?
D’Afrique du Sud au monde
entier
En 2000, il a fondé l'Orchestre de Chambre
de Rotterdam; mais pour beaucoup, ce musicien
établi aux Pays-Bas depuis 1989 est le chef du
Sinfonietta Rotterdam. Ce Sud-Africain, que les
déplacements n'effrayent pas - il a dirigé
l'Orchestre Philharmonique de Xiamen - a aussi
conduit - c'était entre 2005 et 2009 - l'Orchestre
Philharmonique d'Etat de Kislovodsk, une ville
située entre Sotchi et Grozny la tchétchène !
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Cette expérience avec des musiciens russes
explique sans doute pourquoi il viendra se produire à Montreux avec l'Orchestre national de
Russie, le 30 août prochain. En mai 2014, il est
retourné en Afrique du Sud pour diriger le
Johannesburg Philharmonic Orchestra. C'est
dire si sa vie est un tourbillon, une valse un peu
folle, faudrait-il mieux dire !
Sa direction vive et colorée - on pense à
Mariss Jansons ou au Karajan des débuts - a
séduit de nombreux publics. Dans les premières
symphonies, Beethoven est présenté comme le
continuateur de Haydn, dans son humeur, son
énergie et son tempérament jubilatoire. Dvorak
est un romantique juvénile et enthousiaste, tandis que Chostakovitch, dans sa 9e symphonie,
est un potache insouciant, agréablement insolent ! Franchissant les frontières stylistiques,
Conrad van Alphen conduit également des
pages de Piazzolla, en leur conférant le déhanchement nécessaire !
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Sa générosité l'a amené à
accompagner, encourager et parrainer de nombreux jeunes musiciens
en début de carrière dans des
concerts qui ont eu beaucoup de succès aux Pays-Bas. Pour des plus
avancés, le directeur musical donne
des «master classes», notamment à
Saint-Pétersbourg. Chaque chef
débutant peut diriger pendant trente
minutes environ, un ouvrage symphonique, choisi d'entente avec le
maestro. Le résultat est ensuite longuement discuté, pendant l'exécution et après. C'est dire si le
«patron» a une pédagogie active; son enseignement est totalement dévoué à ses élèves, en adéquation avec son tempérament engagé ! En
Afrique du Sud, il s'est associé au projet «South
African National Youth Orchestra Foundation»,
un organisme qui soutient des jeunes en leur
accordant des bourses et en leur offrant des possibilités de formation.
Pierre Jaquet
SAMEDI 30 AOÛT, 19h30,
AUDITORIUM STRAVINSKI, MONTREUX
Conrad van Alphen, direction. Mikhaïl Pletnev, piano
Orchestre national de Russie
Felix Mendelssohn-Bartholdy - Symphonie n° 3 en la
mineur op. 56 «Ecossaise».
Robert Schumann - Concerto pour piano et orchestre en la
mineur op. 54
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cié à des lignes sonores du synthétiseur. Cette
musique ne rejette pas complètement la tonalité.
Si certains y verront une concession complaisante offerte au public, d'autres apprécieront le
désir du spécialiste du clavier d'échapper aux
modes et d'aller à la rencontre de ses auditeurs.
conrad tao au septembre musical
« Musicissimo ! »
Il est d'origine chinoise, mais vit à New-York; il joue Beethoven en se servant
d'une liseuse, compose de la musique électronique et joue du violon à ses heures
perdues. Portrait d'un artiste de la nouvelle génération.
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Né en 1994 à Chicago, dans une famille
chinoise établie aux Etats-Unis, Conrad Tao a la
musique dans le sang. A l'âge de 18 mois déjà,
il aurait tapoté sur un piano des chansons pour
les tout petits ! Son premier petit récital est
donné à l’âge de 4 ans...
Enfant, ses parents l'ont
emmené à de grands
concerts; il prétend y avoir
beaucoup appris, comme
dans une école. A treize
ans, l'adolescent jouait le
concerto pour piano n°1
de Mendelssohn...
Etabli à New York
depuis l'âge de 9 ans, il est
aujourd'hui un “Gimore
Young Artist“, honneur
décerné tous les deux ans
aux éléments les plus prometteurs de la nouvelle
génération de pianistes
américains. Le concertiste
a déjà entrepris de nombreuses tournées - comme
soliste ou avec des orchestres - en Italie, au
Mexique, au Chili, en
Russie, en Chine et à
Singapour...
Boulimique de sons, le clavier ne lui suffit
pas : le musicien s'est intéressé au violon et a
donné des récitals dont le niveau paraît comparable à celui de bien des spécialistes ! Conrad
Tao a aussi toujours voulu composer, depuis
qu'il était tout petit, et la création de sa propre
musique occupe une place importante dans sa
production artistique.
Un touche à tout
Le musicien vit à New York, et adore tout
ce que peut offrir cette cité; rencontres, cultures... « Je veux absorber cette ville. Il y a tant de
choses qui ont une dimension musicale ».
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La nécessité de bâtir soigneusement un
programme, de lui donner une cohérence, pas
forcément historique, est à ses yeux un élément
clef. Là réside déjà l'originalité d'un artiste. La
recherche des défis, la remise en cause inces-
Éclat et fulgurance
Le jeu scintillant amène à penser parfois à
Lang Lang. A l'heure des programmes télévisés
dans lesquels des débutants doivent se présenter
devant un jury pour entreprendre une carrière
sur la scène, le public ne peut qu'apprécier ce
genre de prouesses; le type de jeu incarné par
Conrad Tao a sans doute de l’avenir, dans une
ère assoiffée de sensationnel, ne sachant estimer
que la performance. Ceux qui applaudissent à
un double salto arrière
effectué devant eux, ou
à l’exploit d’un mathématicien
prodige,
applaudiront certainement la technique de
Conrad Tao; mais d'aucuns estimeront que sa
musicalité peut sans
doute encore gagner en
profondeur et en maturité... Il faut toute de
même veiller à se rappeler qu'au-delà d'éblouissantes investigations
techniques et sonores, il
est passionnant d'observer un artiste en maturation.
Pierre Jaquet
MARDI 2 SEPTEMBRE,
19h30,
CHÂTEAU DE CHILLON
Conrad Tao
sante, l'inspirent et le stimulent, comme en
témoigne le programme au Château de Chillon.
Fan de technologie, le concertiste utilise
une liseuse en guise de partition. Le jeune
homme a publié l'Album Voyage : on y trouve,
mélangés sans préoccupations chronologiques,
mais avec des désirs d'échos entre les œuvres,
Railroad de Thelonious Monk, des préludes de
Rachmaninov, Vestiges, pages crées par l'interprète, Gaspard de la nuit (Ravel) et, avant deux
improvisations sur les mélodies des Beach
Boys, une autre page née de son imagination:
Iridescence pour piano et Ipad, une musique un
peu “planante“, dans laquelle le piano est asso-
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Conrad Tao, piano
David Lang - cage
Johann Sebastian Bach - Toccata en fa dièse mineur BWV
910
Elliott Carter - Two Thoughts about the Piano
Julia Wolfe - Earring
Sergueï Rachmaninov - Etudes-Tableaux en la mineur n°
2 op.39
David Lang - wed
John Cage - In a Landscape
Modest Moussorgski - Tableaux d'une exposition
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Mercredi 3 septembre au Château de Chillon : Alexandra Conunova (avec Lionel Cottet, violoncelle et Julien Quentin, piano)
Vendredi 12 septembre au Théâtre de Vevey : Corey Cerovsek & Paavali Jumppanen
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portrait du violoncelliste genevois
Lionel Cottet
La carrière du violoncelliste Lionel Cottet, né à Genève en 1987, connaît un essor
remarquable. Ancien élève de François Guye au Conservatoire de sa ville natale,
ce brillant musicien se produira les 30 juillet et 2 août prochains au Festival de
Verbier, ainsi que le 3 septembre au Septembre Musical, en trio au château de
Chillon avec la violoniste Alexandra Conunova et le pianiste Julien Quentin.
Auparavant, il aura joué au Marlboro Festival, dans le Vermont, et entrepris une
grande tournée en Argentine en compagnie du guitariste Federico Diaz.
Bénéficiaire à ses débuts du Pour-cent culturel Migros et boursier des fondations
Leenards et Wilsdorf, Lionel Cottet, après ses
études genevoises, s’est perfectionné à la
Juilliard School of Music de New York, au
Mozarteum de Salzburg, ainsi qu’à la
Hochschule de Zürich, auprès de Thomas
Grossenbacher.
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qui font encore frémir de nos jours bien des élèves de conservatoire. A l’écoute, son Concerto
en ré majeur no 2 pour violoncelle et orchestre
– il en a composé 10 - s’avère fort plaisant, et
surprenant : il contient notamment un
Fandango qui rappelle irrésistiblement celui,
fameux, du Padre Soler. Un concerto à connaître absolument, ce d’autant que Lionel Cottet
Parcours
Lauréat d’Astral Artists à
Philadelphie et du Swiss
Ambassador’s Award, Lionel
Cottet a très vite l’occasion de
se produire avec quelques-uns
des orchestres européens les
plus réputés, tels l’Academy
of St Martin in the Fields,
l’Orchestre Symphonique
d’Etat de Russie, ou, en
Suisse, le Musikkollegium de
Winterthour et l’Orchestre de
la Suisse Italienne, ainsi que
dans nombre de festivals, en
Suisse et ailleurs. En duo avec
le pianiste Louis SchwizgebelWang, il est invité à Davos,
Verbier ou Gstaad et collabore
avec
l’Österreichisches
Ensemble für Neue Musik de
Salzbourg pour la création de
pièces de compositeurs
actuels.
En 2013 paraît chez Sony
un CD consacré à diverses
œuvres de deux contemporains de Beethoven, Bernhard
et
Andreas
Romberg.
Violoncelliste célèbre de son
temps, Bernhard Romberg a
écrit pour son instrument des
pages hérissées de difficultés
l’interprète avec élégance et subtilité, et qu’il
bénéficie de surcroît de l’accompagnement tout
en délicatesse de l’orches-tre bavarois des
Hofer Symphoniker conduit par le jeune chef
tessinois Luca Bizzozero. Sur le même CD, en
duo avec Federico Diaz, Lionel Copttet joue
aussi le Divertimento pour violoncelle et guitare sur des chants populaires autrichiens, de
Bernhard également, tandis que de son cousin
Andreas, le violoniste Yury Revich fait connaître le Concerto no 3. Un disque qui a reçu un
très bon accueil de la presse spécialisée. Notons
que Lionel Cottet jouera ce même 2e Concerto
de Bernhard Romberg à l’Opéra de Lausanne,
dans le cadre des Concerts du Dimanche de
l’OCL, le 12 avril 2015, sous la direction du
jeune chef espagnol Gustavo Gimeno, l’assistant
d’Abbado à Lucerne et de Jansons à Amsterdam.
Récital en trio
Au Septembre Musical, Lionel Cottet sera
l’hôte du château de Chillon en compagnie
d’Alexandra Conunova et de
Julien Quentin. Alexandra
Conunova est née en Moldavie,
a étudié à Hanovre et vit à
Vevey. Julien Quentin est un
ancien élève d’Alexis Golovine
au Conservatoire de Genève.
Tous deux sont passés par
Verbier. A Chillon, la violoniste
jouera avec Quentin le Grand
duo pour violon et piano D. 574
de Schubert, et avec Cottet la
Sonate pour piano et violoncelle no 1 op. 38 de Brahms.
Ensemble, ils interpréteront le
Trio no1 de Mendelssohn, dans
le cadre chargé d’histoire de la
pittoresque
Salle
des
Chevaliers.
Yves Allaz
MERCREDI 3 SEPTEMBRE, 19h30,
CHÂTEAU DE CHILLON
Alexandra Conunova, violon
Lionel Cottet, violoncelle
Julien Quentin, piano
Johannes Brahms - Sonate pour violoncelle et piano en mi mineur op. 38
Franz Schubert - Grand duo pour violon et piano en la majeur D 574
Felix Mendelssohn-Bartholdy - Trio
n°1 en ré mineur
Lionel Cottet
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entretien avec un chef, pianiste et professeur engagé
Ricardo Castro
Ricardo Castro, pianiste et chef d’orchestre, né dans l’Etat de Bahia au Brésil,
est à l’origine du projet social et culturel NEOJIBA. Inspiré par l’exemple
vénézuélien El Sistema, existant depuis près de 35 ans et mondialement connu,
Neojiba signifie « Centres d’Etat des orchestres de jeunes et d’enfants de
Bahia », et a donc vu le jour en 2007 à Salvador. Il a pour objectifs l’intégration
sociale d’enfants défavorisés, le partage du savoir et l’excellence artistique.
un objectif, car la formation musicale est aussi
importante que l’école. Tous les enfants ont en
principe les moyens de communiquer par la
musique. Certains peuvent avoir le sens du rythme même s’ils n’ont pas celui de la mélodie,
d’autres peuvent posséder simplement une jolie
voix, qui trouvera son emploi dans le chœur. On
donne aussi à des enfants et des adultes handicapés, (aveugles, autistes, trisomiques ou
atteints par la démence) l’occasion de participer
et de recevoir un
enseignement.
A leur arrivée, les
enfants ont en général
choisi un instrument,
mais il est nécessaire
d’observer d’abord
leurs particularités
physiques et leur personnalité avant de
prendre la décision
finale. Par exemple si
l’enfant est introverti,
on évitera la trompette, instrument bien
trop exposé dans l’orchestre.
Ricardo Castro à la tête du YOBA © Tatiana Golsman
A l’heure actuelle, sept orchestres sont en
activité, dont le Youth Orchestra of Bahia
(YOBA), et d’autres sont en train de se développer dans d’autres villes. La croissance est d’une
incroyable rapidité et ouvre des perspectives
réjouissantes pour le monde du travail. En effet
les places se multiplient et les jeunes engagés
dans le projet Neojiba peuvent y rester toujours
s’ils le désirent : ils seront à la fois de très bons
musiciens ET de très bons professeurs
Scènes Magazine a demandé à Ricardo
Castro d’expliquer le fonctionnement de cette
structure hors du commun.
Les enfants sont admis en moyenne à l’âge
de sept ans dans le projet, mais cela peut être
aussi avant ou après. Certains jeunes très motivés entrent rapidement dans les orchestres plus
avancés. Un garçon de 10 ans a été récemment
accepté et un an plus tard il faisait déjà partie
des violoncellistes d’une tourné internationale.
Selon Ricardo Castro il faut être très attentif aux
cas spéciaux. Malheureusement tous les candidats ne peuvent être encore intégrés : les places
et les finances ne sont pas illimitées. Mais c’est
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Une méthodologie nouvelle
La méthodologie s’appuie sur deux principes de base essentiels : premièrement, les musiciens les plus avancés et membres du Yoba ont
l’obligation de contribuer à l’enseignement des
plus jeunes. Certains sont très doués pour la
pédagogie, qu’ils ont apprise sur le tas et les élèves écoutent très volontiers les directives des
jeunes « multiplicateurs ». Le nombre d’heures
de cours donnés par ces derniers chaque semaine varie suivant le temps dont ils disposent, car
beaucoup sont encore à l’école, ou à l’université. Les membres des autres orchestres, eux, ne
font que suivre des cours. Deuxièmement, l’enseignement est d’abord collectif : cela permet
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aux élèves de s’intégrer dans un orchestre, sans
traumatisme. Au début on leur attribue un
instrument moins en vue : ils se sentent bien, en
sécurité. On crée une communauté musicale,
une vie communautaire centrée sur la recherche
de la beauté. Plus tard on passe aux cours individuels. C’est beaucoup mieux que l’inverse car
il est souvent difficile de se retrouver seul face
à un professeur pendant des années, et avec un
instrument qui ne sonne pas. La plupart des élèves des écoles de musique sont découragés.
Chez nous en revanche, dit Ricardo Castro, il
n’y a pratiquement pas d’abandon. Même quand
les jeunes sont à l’université ou travaillent, ils
continuent. Car la majorité des élèves va à l’école jusqu’à 18 ans, puis à l’université ! La discipline, la faculté de se concentrer, qu’ils ont
acquises à Neojiba, leur rendent l’école plus
facile. S’ils ne deviennent pas musiciens, ils
peuvent rester en contact avec la musique en se
dirigeant vers la lutherie ou la radio par exemple. L’important c’est qu’ils aient un désir et que
ce désir soit entendu.
Quant à la théorie elle n’est pas oubliée
mais liée à la pratique : si l’on joue Beethoven,
on étudie la partition et tout ce qui concerne ce
compositeur pendant les répétitions.
Collaboration avec la Suisse
Le Conservatoire de Genève coopère avec
Neojiba. Il envoie au Brésil une fois par année
des étudiants en pédagogie et le semestre peut
compter dans leur cursus. Des professeurs du
Conservatoire, membres ou non de l’OSR, vont
donner des cours à Bahia et les élèves brésiliens
viennent à Genève pour des périodes plus ou
moins longues. Ricardo Castro a lui-même étudié à Genève : le piano, dans la classe de virtuosité de Maria Tipo puis la direction d’orchestre
avec Arpad Gerecz. Il partage maintenant son
temps entre le Brésil et la Suisse puisqu’il est
professeur de piano depuis 1992 à la HEMU
(Haute école de musique Vaud-ValaisFribourg).
D’après des propos recueillis par
Martine Duruz
AUDITORIUM STRAVINSKI
Youth Orchestra of Bahia
- SAMEDI 6 SEPTEMBRE, 19h30,
Ricardo Castro, direction et piano & Colin Currie, percussion
- DIMANCHE 7 SEPTEMBRE, 18h00,
Ricardo Castro, direction
Martha Argerich, piano
Alexander Gurning, piano
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Chaves et du répertoire latino-américain pour
percussion. L’orchestre clôturera son passage
montreusien sur une note ensoleillée avec un
concert « Brazilian Beats » dirigé par le jeune et
prometteur Yuri Azevedo (cf. encadré).
le youth orchestra of bahia en résidence
Un souffle exotique !
En prélude à son édition anniversaire l’an prochain (70ème édition en 2015 !),
le Septembre Musical propose cette année un projet qui amènera un vent
exotique mais frais aux amateurs de musique classique : la résidence de
l’Orchestre des Jeunes de Bahia (YOBA – Youth Orchestra of Bahia).
Formation principale du programme NEOJIBA, l’ensemble brésilien animera
pendant cinq jours le festival de la Riviera vaudoise avec workshops,
masterclass, conférence, répétition publique, un concert des écoles avec
orchestre géant et quatre concerts symphoniques.
Une collaboration
avec les plus grands
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Sous la baguette de Ricardo Castro, le
YOBA partagera la scène avec plusieurs solistes de renommée internationale lors de quatre
concerts se distinguant par leur répertoire et leur
formation musicale. Tout d’abord un concert
« Americas » (Bernstein, Gershwin, Wolfe et
Villa-Lobos), avec la participation du percussionniste écossais Colin Currie et la performance pianistique du chef Ricardo Castro. Le lende-
main, jour de l’indépendance brésilienne, l’orchestre donnera un concert « Titans » en interprétant la 1ère symphonie de Mahler du même
nom et en accompagnant en première partie de
concert pas moins que la grande Martha
Argerich et le pianiste belge Alexander Gurning
dans le double concerto pour piano de Poulenc.
Le concert « Ensembles du NEOJIBA » réunira
les ensembles de vents et percussion du YOBA,
Colin Currie et le violoniste canadien Corey
Cerovsek autour d’œuvres de Kurt Weil, Carlos
NEOJIBA, un programme
pionnier au Brésil
Le programme NEOJIBA possède ses
quartiers généraux à Salvador, la capitale de
Bahia, le plus grand état appartenant à la région
« Nordeste » du Brésil, d’une superficie égale à
celle de son voisin le Venezuela ou à la France.
Première capitale de la colonie portugaise, São
Salvador da Bahia de todos os Santos (son nom
d’origine) est célèbre pour ses trois cent soixante-cinq églises baroques et l’architecture coloniale de son centre historique, mais surtout
parce qu’elle est le berceau de la culture afrobrésilienne. La capoeira, le candomblé, la percussion et la samba, autant de fruits de l’héritage africain au Brésil.
C’est dans cette région aux saveurs et couleurs vives, animée chaque année par un carnaval aussi populaire que touristique, que le pianiste et chef d’orchestre bahianais Ricardo
Castro crée en 2007 le programme NEOJIBA
(Núcleos Estaduais de Orquestras Juvenis e
Orquestra Sinfonica Juvenil da Bahia © Tatiana Golsman
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« Qui enseigne apprend »
La pratique collective est le
moteur de l’apprentissage musical
des membres du programme, mais
favorise également leur développement personnel avec l’écoute, la
concentration, la solidarité et la conscience collective. Ils se réunissent
plusieurs heures tous les jours de la
semaine pour jouer ensemble, étudier
les œuvres par pupitres ou en tutti. La
transmission par ses paires est par
ailleurs l’objet de la devise de NEOJIBA, « Aprende quem ensina »
(« Qui enseigne apprend », en français), ce qui crée un système d’ensei-
Martha Argerich © Yunus Durukan
Infantis da Bahia – Centres d’Etat d’Orchestres
d’Enfants et d’Adolescents de Bahia), qui procure un enseignement de pratique orchestrale et
chorale de différents niveaux et sans distinction
sociale. Inspiré du programme vénézuélien
fondé en 1975 par José Antonio Abreu, El
Sistema*, NEOJIBA transforme aujourd’hui, au
travers de la pratique collective des instruments
de l’orchestre symphonique classique, la vie de
plus d’un millier de jeunes Bahianais et possède
le statut de programme prioritaire du gouvernement de Bahia, un soutien institutionnel et
financier d’une importante envergure.
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Intégration sociale
et excellence musicale
C’est en offrant aux jeunes une réelle
opportunité de sortir de leur cadre de vie quotidienne (souvent géographiquement limité par
les fortes disparités sociales), en mélangeant
concrètement les couches de la société (dans un
orchestre de jeunes, par exemple), que l’on peut
faire disparaître les barrières sociales. Les jeunes, issus des multiples strates qui constituent la
population bahianaise, reçoivent un enseignement musical pratique et théorique ainsi que du
matériel pédagogique gratuits et se voient prêter
un instrument sans frais.
Le transport est financé (le prix du billet de
bus est absurdement cher à Salvador), tout
comme le goûter. L’enseignement musical est
dispensé par des professionnels hautement qualifiés, généralement de passage dans le núcleo
(le terme générique pour centre) pour une courte durée. Le reste du temps, les musiciens plus
expérimentés sont les moniteurs des plus jeunes.
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Colin Currie © Marco Borggreve
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gnement à l’horizontale. Dès lors qu’il a appris
ne serait-ce qu’une gamme, tout enfant peut
transmettre ses connaissances à son voisin.
L’engagement et le travail de NEOJIBA est
déjà largement reconnu, en témoignent la nomination de son fondateur et directeur général
Ricardo Castro au titre de personnalité de l’année dans son pays en 2011. En 2013, il devient
le premier Brésilien à recevoir le titre de membre honoraire de la prestigieuse Royal
Philharmonic Society.
YOBA, ambassadeur
international
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Les meilleurs musiciens du programme
sont réunis sous l’enseigne du Youth Orchestra
of Bahia, la formation qui se rendra à Montreux
en septembre. Mais qu’on ne s’y trompe pas :
chaque musicien a l’obligation de passer une
audition annuelle afin de confirmer sa place au
sein de la formation. Cela a l’avantage de d’offrir régulièrement aux plus jeunes l’opportunité
d’intégrer l’orchestre, dont les cent vingt-cinq
membres sont âgés entre treize et vingt-neuf
ans.
Véritable ambassadeur du programme
NEOJIBA à l’étranger, le YOBA est en 2010 le
premier orchestre de jeunes du Brésil à se produire en Europe. Il joue dans des salles prestigieuses telles que le Konzerthaus de Berlin, le
Yuri Azevedo
Yuri Azevedo intègre le programme NEOJIBA à l’âge de quinze ans en tant que
percussionniste. Très vite attiré par la
direction d’orchestre, il prend sa première leçon avec le vénézuélien
Manuel López-Gómez. Il continue
ensuite ses études de direction avec
Eduardo Torres, puis Ricardo Castro.
Il se fait notamment remarquer
en 2012 au Festival d’Hiver de
Campos do Jordão (São Paulo), où il
est le premier chef d’orchestre à recevoir le Prix Eleazar de Carvalho,
considéré comme l’un des prix les
plus prestigieux de la musique classique au Brésil. Aujourd’hui âgé de
22 ans, il a déjà dirigé l’Orchestre
symphonique de Miami, l’Orchestre
symphonique de São Paulo et
l’Orchestre symphonique de Bahia, et
a récemment été à la tête du YOBA
lors de sa première tournée aux Etats-
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Victoria Hall de Genève et le Royal Festival
Hall de Londres. A retenir également : l’enregistrement du premier CD de l’orchestre, Bahia
Orquestral, paru en mars dernier conjointement
à un DVD, et sa récente tournée aux Etats-Unis
avec le pianiste Jean-Yves Thibaudet. Il s’est
produit avec d’autres grands solistes tels que
Lang Lang, Maria João Pires, Shlomo Mintz et
les sœurs Labèque.
Activités pédagogiques
au Septembre Musical
La résidence du YOBA sera une occasion
unique pour le public d’observer et expérimenter la méthodologie de pédagogie musicale
appliquée dans le programme NEOJIBA. Le
Festival proposera en effet cette année une
palette d’activités pédagogiques qui marqueront
la présence de cet orchestre aux saveurs particulières au bout du lac Léman.
Outre une répétition publique menée par le
jeune chef de 22 ans Yuri Azevedo (cf. encadré), les musiciens du YOBA animeront des
ateliers destinés aux instruments à cordes et aux
vents. De la même manière, la section percussion du YOBA aura l’occasion de profiter de la
présence du grand percussionniste Colin Currie
lors d’une masterclass, ouverte elle aussi au
public.
L’Auditorium Stravinsky se verra pris d’as-
Unis. A Montreux, Yuri Azevedo mènera de sa
baguette le concert de l’Orchestre géant et dirigera le YOBA pour sa dernière soirée de rési-
saut lors du Concert des Ecoles, une rencontre
qui réunira trois cents musiciens de la région sur
scène, accompagnés de membres du YOBA. De
tous âges et tous niveaux confondus, ils se partageront les partitions en fonction de leur niveau
pour former un Orchestre géant, réunis sous la
baguette du jeune Yuri Azevedo.
Pour reprendre les mots du directeur du
festival Tobia Richter, la résidence du YOBA
marquera « une édition qui marie les continents
et les générations, sans conteste le signe d’une
nouvelle manière d’aborder la musique classique au XXIème siècle ».
Monica Schütz
* Dans le cadre du festival, Ricardo Castro donnera une
conférence sur El Sistema.
L’Association Suisse des Amis de NEOJIBA (ASANBA)
est en constante recherche de dons d’instruments pour le
programme : [email protected]
Infos NEOJIBA :
www.neojiba.org
neojiba.blogspot.ch
dence, consacrée à des pièces du répertoire brésilien.
Monica Schütz
Yuri Azavedo © Tatiana Golsman
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Fulgurance
un pianiste pas comme les autres
Alexander Gurning
Comme beaucoup de représentants de la nouvelle génération de pianistes
virtuoses, Alexander Gurning peut se flatter d'avoir parcouru un itinéraire
artistique pour le moins original...
Né en Belgique de parents
indonésien et polonais, le jeune
prodige suit d'abord les cours du
Conservatoire Royal de
Bruxelles avant de devenir, pour
trois ans, l'assistant du pianiste
russe Evgeny Moguilevsky. Il
part ensuite pour Moscou où il
parfait son éducation musicale
et pianistique dans le conservatoire de cette ville qu'il quitte
avec les compliments du jury
après son examen final.
Commencent alors des années
d'intense activité où le pianiste
enchaîne les tournées et les
apparitions dans les plus grands
festivals. En Suisse, notamment, il se produit à
Verbier et au Martha Argerich Project de
Lugano.
Mais un public tout aussi enthousiaste l'applaudit également dans le cadre du Festival de
la Roque d'Anthéron, au Schleswig-Holstein
Festival organisé chaque année dans le Nord de
l'Allemagne ou encore au Sapporo Music
Festival qui se tient au Japon. Certains auditeurs
lausannois se rappelleront peut-être même sa
brève escale dans la capitale vaudoise où il fut
accompagné par Christian Zacharias dans le
cadre d'un concert de l'OCI au cours duquel,
avec la complicité de la pianiste Lilya
Zilberstein, il interprétait déjà, comme il le fera
prochainement à Montreux, le Double concerto
pour deux pianos de Francis Poulenc.... Sa virtuosité extrême, sa liberté d'inspiration et son
approche de la musique classique dépourvue de
toute œillère le font très vite considérer comme
une des valeurs montantes les plus sûres.
Soledad
Mais Alexander Gurning n'en reste pas là.
Curieux de tous les styles musicaux, il fonde
avec quelques amis (Manu Comté, accordéoniste Jean-Frédéric Molard, violoniste, Patrick De
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Alexander Gurning
Schuyter, guitariste et Samuel Gerstmans,
contrebassiste) le célébrissime groupe Soledad
avec lequel il entreprend de renouveler le genre
du tango en le débarrassant de toute une série de
traditions qui s'avèrent aussi lourdes à porter
que néfastes à la compréhension correcte de ce
style musical. Là aussi, le succès est au rendezvous et suscite l'admiration des plus grands
musiciens, aussi bien dans le domaine du jazz,
de la musique dite 'ethnique' que dans les rangs
des grands interprètes classiques.
Ainsi Martha Argerich elle-même dira de
ce groupe, après un concert auquel elle a assisté : « En écoutant le groupe Soledad, j'ai été
frappée par leur rare intensité. Réunissant
intelligence, savoir-faire et sex-appeal, ils m'ont
transportée dans le monde mystérieux et tragique du tango. » Parallèlement à ses recherches sur la musique sud-américaine, le pianiste
belge s'intéresse en plus activement à la
musique de cinéma et plus généralement à tous
les styles que l'on range sous l'étiquette 'world
music' comme la pop, le rock, le jazz, le blues,
la musique cubaine, le rap, la musique électronique... et qui contiennent des composantes ethniques ou traditionnelles, etc...
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Sa courte carrière discographique, riche de
plusieurs titres dont certains lui ont valu un
'Choc' de l'équipe de la rédaction du Monde de
la Musique, est elle aussi d'une largeur d'horizon inhabituelle. Mais c'est peut-être avec sa
gravure des Variations Goldberg de Bach qu'il a
livré un de ses plus beaux disques. Dans cette
œuvre immense, l'imagination de ce pianiste
semble comme éperonnée par l'extrême concision de l'écriture du grand compositeur allemand. La sévérité de la
structure compositionnelle
de ces pièces toujours plus
libres de ton incite en effet
le pianiste à varier ses
approches avec une aplomb
qui rappelle sa fréquentation
régulière des types de
musique les plus variés.
« Son piano n’est pas celui
de la couleur mais celui de
la structure : percussif,
dynamique, contrasté, parfois « expérimental », c’est
à prendre comme tel. Une
succession de fulgurances,
avec des moments d’abandon ou d’apaisement touchant à la plénitude » a écrit un critique de La
Libre Belgique après un concert bruxellois.
On ne saurait mieux qualifier l'art de ce
pianiste qui aime à surprendre en osant faire
dire aux pages les plus connues ce que l'on a pas
l'habitude d'entendre sur une estrade de concert.
Les esprits chagrins diront bien que tout ne lui
réussit pas. Mais que lui importe ? Car ce serait
lui faire injure que de considérer une de ses
interprétations dans l'un ou l'autre des répertoires auxquels il aime se frotter régulièrement
comme le meilleur de sa discographie. Car
Alexander Gurning est d'abord un artiste qui
aime la musique sous toutes ses formes lorsqu'elle lui parle et il accepte alors de prendre les
risques les plus fous. Il les assume ensuite en
grand musicien qu'il est, même lorsqu'il ne
convainc pas entièrement.
Éric Pousaz
DIMANCHE 7 SEPTEMBRE, 18h00,
AUDITORIUM STRAVINSKI
Youth Orchestra of Bahia. Ricardo Castro, direction
Martha Argerich, piano. Alexander Gurning, piano
Francis Poulenc - Concerto pour deux pianos et orchestre
en ré mineur
Gustav Mahler - Symphonie n° 1 en ré majeur «Titan»
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53
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Chostakovitch met en valeur le caractère tragique de ces deux partitions, mais la sonorité est
toujours d’une pureté absolue.
portrait du violoniste
James Ehnes
Osmose
Considéré par certains à ses débuts comme un nouveau Jascha Heifetz, le
violoniste canadien James Ehnes est assurément à 38 ans un des tout grands
concertistes actuels. Il sera l’hôte de la dernière soirée symphonique du festival,
le jeudi 11 septembre à l’Auditorium Stravinski. Il y jouera le Troisième
Concerto de Camille Saint-Saëns, avec le Royal Philharmonic Orchestra
conduit par Charles Dutoit. Ravel et Bartok compléteront le programme.
54
Né en 1976 à Brandon (Manitoba) dans une
famille d’artistes - père trompettiste, mère danseuse – James Ehnes commence à 4 ans l’étude
du violon et donne à 13 ans son premier concert
avec l’Orchestre Symphonique de Montréal.
Diplômé de la Juilliard School en 1997, bardé
de prix et diverses distinctions, il entreprend dès
lors une carrière de soliste de premier plan. Il
enregistre une première fois à 19 ans les 24
Caprices de Paganini, dont il livrera une nouvelle et transcendante traduction une quinzaine
d’années plus tard, sous le label Onyx.
Un archet impérial
Invité par toutes les grandes formations
d’Amérique du Nord et d’ailleurs, hôte de
grands festivals (citons Marlboro, les Nuits
Blanches de Saint-Pétersbourg ou, en France,
La Chaise-Dieu et La Côte-Saint-André), doté
d’un magnifique instrument - le Marsick, un
Stradivarius de 1715 - James Ehnes, au concert
comme au disque, est reconnu unamimement
comme un des meilleurs archets de sa génération. S’il n’a pas encore donné au disque sa
vision des concertos de Beethoven et de Brahms
(en projet), sa discographie, parue essentiellement chez Chandos et Onyx, est d’une qualité
exceptionnelle. Sans doute parce qu’indépendamment de ses immenses qualités techniques
et musicales, James Ehnes ne joue que les
musiques qu’il aime, celles avec lesquelles il se
sent à l’aise et pour lesquelles « il a quelque
chose à dire », comme il l’affirme lui-même. Et
même quand il se réfère aux grands violonistes
du passé, ce n’est pas pour se laisser influencer
par les interprétations qui ont marqué leur
époque. Son enregistrement tout récent du
Concerto de Britten et du Premier Concerto de
Impérial, James Ehnes l’est aussi dans ses
traductions des œuvres intégrales pour violon,
avec orchestre et avec piano, de Tchaïkovski exempt de tout pathos - , de Prokofiev et de
Bartok. Il sait aussi mettre son talent au service
d’œuvres rares, comme celles de Luigi
Dallapicola, de Hummel ou encore d’Ernst von
Dohnanyi, dont il a livré une belle traduction du
2e Concerto pour violon. Il a fait aussi paraître
un CD/DVD fort original Homage, qui met en
valeur les 14 instruments de la fameuse collection de la lutherie de Crémone de David Fulton,
qui recèle pas moins de sept Stradivarius, à côté
de violons et d’altos de Guarneri, da Salò et
Guadagnini. Il est par ailleurs le créateur de pièces contemporaines, comme la Sonate pour violon seul de Murray Adaskin ((1906-2002) et le
Double Concerto pour violon et violoncelle
d’Omar Daniel (né en 1960), Il donne aussi la
première exécution américaine de Synapse de
Philippe Manoury.
Avant de faire escale sur les bords du
Léman, James Ehnes aura entrepris en août une
grande tournée européenne avec le Toronto
Symphony Orchestra et son chef Peter Ounjian.
James Ehnes recherche toujours la plus
parfaite osmose artistique avec les chefs, souvent des amis, avec lesquels il collabore. C’est
le cas au disque avec Vladimir Ashkenazy,
Gianandrea Noseda ou Kirill Karabits. Il y a
tout lieu de penser qu’il en ira de même au
concert du 11 septembre à Montreux, avec
Charles Dutoit au pupitre.
Yves Allaz
JEUDI 11 SEPTEMBRE, 19h30,
AUDITORIUM STRAVINSKI
Royal Philharmonic Orchestra London
Charles Dutoit, direction
James Ehnes, violon
Maurice Ravel - Valses nobles et sentimentales
Camille Saint-Saëns - Concerto pour violon et orchestre
n° 3 en si mineur op. 61
Béla Bartók - Le Mandarin merveilleux, suite d'orchestre
op. 19
Maurice Ravel - Daphnis et Chloé, suite n° 2
James Ehnes © Benjamin Ealovega
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Samedi 30 août : Russian National Orchestra (avec Mikhail Pletnev, direction et piano)
Mercredi 3 septembre au Château de Chillon : Julien Quentin (avec Alexandra Conunova, violon et Lionel Cottet, violoncelle)
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fribourg, du 5 au 13 juillet
Musiques sacrées
Bisannuel, le Festival International de Musiques Sacrées de Fribourg
propose pour sa 15e édition un large éventail d’œuvres allant du Moyen
Age à l’époque contemporaine, de provenances et de styles très divers,
par des interprètes de haut rang, venus d’horizons les plus variés, du
Maroc à l’Estonie.
Avec ses douze concerts à l’Eglise du
Collège Saint-Michel, édifice doté d’un superbe
intérieur de style baroque, le festival fribourgeois, fidèle à sa vocation, offrira l’occasion
d’entendre quelques-unes des meilleures formations européennes interpréter des chefsd’œuvre de la musique sacrée occidentale. Il
permettra aussi la découverte de musiques
issues des traditions corses, iraniennes et autres,
dans une série de concerts donnés à l’enseigne
de « Couleurs du monde »
Soirées de prestige
En soirée, à 20h30, se produiront des
ensembles renommés, venus de toute l’Europe,
comme la Cappella Mediterranea & Chœur
de Chambre de Namur (sa 5), le Huelgas
Ensemble (di 6), l’Akademie für Alte Musik
Berlin (lu 7) et The Choir of Saint-Pauls
Cathedral London (ma 8). Les deux soirées
suivantes sont des plus originales. L’une permettra d’entendre des pages baroques d’Italie et
d’Espagne destinées non pas au culte mais à la
dévotion privée, chantées par la soprano
Raquel Andueza, accompagnée au théorbe par
Jesus Fernandez Baena (me 9). L’autre, à côté
de pièces de la Renaissance et contemporaines
d’Arvo Pärt et d’Henrik
Odegaard, verra la création d’une œuvre commandée par le festival au
compositeur fribourgeois
René Oberson. Les interprètes en seront les six
chanteurs norvégiens de
Nordic Voices (je 10).
Joel Rubin Ensemble - clarinette,
accordéon et cymbalum - proposera
des musiques inspirées des traditions
juives et roms d’Europe de l’Est et des
Balkans, et du jazz (me 9). Pino de
Vittorio, accompagné d’un violoncelle et d’un clavecin, sera le porte-voix
de dévotions napolitaines, des
Pouilles et de Campanie au 17e siècle
(je 10). Aïcha Redouane &
Ensemble Al-Adwâr feront entendre
des pages de la Nahda (19e-20e siècles), ainsi
qu’une composition originale d’Aïcha
Redouane et Habib Yammine sur des poèmes
soufis de Râbi’a al-Adawiyya (721-801), (ve
11).
L’Ensemble Constantinople & Barbara
Furtuna associeront le raffinement de la tradition musicale et poétique persane à la, tantôt
austère, tantôt festive, polyphonie corse (sa 12).
Venu des Pays-Bas, Tetraktys - flûtes et
ensemble – confronte fragments de messes laissés par Matteo da Perugia (15e s.), premier maître de chapelle du Dôme de Milan à des pages
de Guillaume Dufay (ve 11). Provenant
d’Estonie, Vox Clamantis interprétera le
Kanon Pokajanen (Canon de la Repentance)
Emboîtement
Les sept concerts de
« Couleurs du monde », à
17h30 ou 20h30, constituent une sorte de « festival dans le festival » voulu
par les organisateurs. Le
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Nordic Voices
d’Arvo Pärt, une œuvre mûrie pendant plusieurs années qui prend sa source dans la liturgie orthodoxe russe (sa 12).
Enfin, le célèbre Gabrieli Consort &
Players de Paul McCreesh mettra fin au festival, une fin qui s’annonce triomphale, avec trois
Odes à Sainte-Cécile, patronne des musiciens :
les deux Odes d’Henry Purcell, et celle de
Benjamin Britten, qui fera magistralement écho
aux précédentes (di 13 à 17h).
En marge
En marge du festival, notons encore l’atelier de chant grégorien, du 7 au 13 juillet, ainsi
que le 12e concours de composition d’une
œuvre pour instruments à vent, doté de CHF
10.000.- L’œuvre primée en
2013, Asteroid Belt du
Japonais Takahiro Sakuma
sera créée par des étudiants
de la HEMU Vaud-ValaisFribourg lors d’un concert du
dimanche 6 à 17 h. Au même
programme: les Symphonies
d’instruments à vent de
Stravinski, et la Suite op.4 de
Richard Strauss.
Yves Allaz
Rens. sur: www.fims-fribourg.ch
Raquel Andueza © Michal Novak
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d’âge, de culture et d’origine sociale différents,
tant il est vrai que la culture a besoin de s’ancrer dans le réel pour s’épanouir et irradier.
avignon, du 4 au 27 juillet 2014
68e édition
Olivier Py, nouveau directeur du Festival d’Avignon et metteur en scène bien
connu d’œuvres lyriques et théâtrales souvent contestées mais toujours
passionnantes, dévoilait le 6 juin au Palais de l’Athénée le programme in du
plus connu des festivals francophones de théâtre.
Après avoir cité Napoléon s’adressant à un
maréchal d’Empire : « Faites court et confus ! »
et prétendu à la confusion à défaut de la concision, Olivier Py a au contraire détaillé un programme touffu avec humour et clarté, en orateur
brillant et passionné.
Nouveautés
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D’emblée il a évoqué son rêve de faire du
théâtre une expérience politique, en l’occurrence qu’Avignon soit une horloge de la conscience et qu’y circulent l’appétit de savoir et la joie
d’être ensemble. La politique est dans la culture
(et non l’inverse) et le spectateur est un individu engagé. Olivier Py revendique la force dialectique du théâtre, rappelant qu’un théâtre qui
ne divise pas est un théâtre mort. Citant le fondateur du Festival Jean Vilar, « Ce que nous
avons réussi au festival, c’est le public », son
successeur attend que les expériences vécues
par les spectateurs se prolongent en dehors des
lieux théâtraux et suscitent enthousiasme, adhésion mais aussi critique et rejet.
Le nouveau patron a ensuite confessé une
passion « inavouable » pour la tarification, lui le
littéraire que ne passionnent d’ordinaire pas les
chiffres. Mais puisque le métissage social passe
aussi par l’accès facilité à la culture, le festival
innovera donc avec deux nouveautés : un abonnement « Grand spectateur » pour les fous de
théâtre et un abonnement « Jeune ». Voici qui
devrait faire converger vers Avignon un public
Du côté des artistes, Olivier Py et son équipe souhaitent que le Festival soit éclairé par un
regard neuf. Vingt-cinq artistes invités – chorégraphes, metteurs en scène, poètes – ne sont
jamais venus dans la cité des papes et ont moins
de trente-cinq ans.
Enfin, le nouveau directeur a souligné que
s’il est aisé d’aller puiser dans les répertoires
théâtraux de l’est, il a tenté d’innover en offrant
une plus large place au sud, avec un focus
important sur le monde arabe, mais aussi de belles incursions du côté des productions grecque,
égyptienne, sud-africaine et même japonaise.
Programmation
Trente-six spectacles du in tenteront de
rendre compte de l’universalisme du Festival,
loin de tout repli identitaire, affranchis de toute
culture sectaire, nationaliste et communautaire.
« Suivez mon regard », semblait dire Olivier Py
à la suite des succès récents d’un parti nationaliste…
Le Festival ouvrira dans La Cour d’honneur avec la tragédie du Prince de Hombourg
de l’Allemand Heinrich Von Kleist, mis en
scène par l’Italien Giorgio Barberio Corsetti et
joué par des comédiens belges et français. Trois
autres spectacles se joueront dans la Cour
d’honneur : I Am, de l’artiste néo-zélandais
Lemi Ponifasio, La Chaste vie de Jean Genet,
long poème de Lydie Dattas lu par Guillaume
Gallienne, avec l’Orchestre Régional Avignon
Provence et enfin en clôture, Corps de Mots,
corpus de textes de grands poètes chantés, joués
et récités par Têtes Raides et Jeanne Moreau.
Quant à Olivier Py, désormais maître des
lieux, on le verra à l’œuvre dans trois mises en
scène : Orlando ou l’Impatience, une comédie
dont il est l’auteur, Vitrioli de Yannis
Mavritsakis et La Jeune Fille, le Diable et le
Moulin d’après les Frères Grimm.
Laurence Tièche-Chavier
Pour le programme détaillé, se référer au site du festival :
www.festival-avignon.com
«La Jeune Fille, le Diable et le Moulin» © Christophe Raynaud de Lage / festival d’Avignon
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festival
Avignon par la danse
Déjouant les catégories abstraites et narratives, le Festival d’Avignon met ici le
corps en livrets pour interroger le chorus, là en témoignages d’une actualité
conflictuelle troublée. De sa musicalité émotive en passant par ses révoltes et
questionnements, l’anatomie embrasse nombre d’horizons.
Le chorégraphe et danseur français Thomas
Lebrun a souvent pris à bras-le-corps le réel, ses
images, vertiges et vestiges. De Switch explorant
le travestissement et le trouble identitaire à
Trois décennies d’amour cerné. Ce dernier opus
marquait par sa gravité retenue et ses gestes
convulsifs. Ce, pour arpenter de manière transposée les effets de la pandémie de sida sur les corps
vrir sur d’infinies répétitions de plusieurs sons
ramenant à certaines musique javanaises. Lebrun
envisage de mobiliser les textes des lieder
« comme des livrets de ballet, travailler sur ses
grands fondements : la pantomime, le livret, la
narration, la technicité, une variation, un pas de
deux ». Se refusant à opter pour la danse théâtralisée au détriment d’une abstraction plasticienne
de la plus belle eau, l’artiste souhaite une entame expressive, illustrative. Elle sera peut-être en
lointain écho à ses premiers pas en danse au
sein d’une école du Nord
de la France mettant
l’accent sur une dimension expressionniste
éloignée de tout académisme, dans la lignée
d’une
Jacqueline
Robinson. Ensuite la
pièce glissera, selon son
auteur, vers l’espace du
dedans ourlé de pudeur
«At the Same ATime We Were Pointing...» © Shush Tenin
et d’intériorité.
en Afrique. Des supposés « groupes à risques »
associés à l’homosexualité à la culture de la peur
marquant un couple de danseurs se vouant l’abstinence, jusqu’à l’incertitude et l’immobilité
d’une anatomie contrainte et contrariée.
Huit danseurs sont au plateau simultanément pour sa dernière création en Avignon imaginée sur des lieder de Berg, Mahler, Schönberg
et Schubert. Pour Alban Berg, le chorégraphe
avance que certains lieder « sont très mélodieux,
très doux, immédiatement inspirants alors que
d’au-tres, beaucoup plus contemporains, peuvent
paraître dissonants. » L’artiste n’oublie pas que
chez le compositeur autrichien les plus extrêmes
violences sonores gardent le souvenir du silence
qui les as vues naître. Et que le lied se dessine
dans un mouvement qui va parfois de l’amorphe
à l’articulé pour retrouver l’amorphe avant d’ou-
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Corps en affrontement
Issu des rangs de la renommée Batsheva
Dance Company, Arkadi Zaides conçoit des univers d’une grande physicalité, dont la puissance
se pose en mémoire des tensions qui traversent la
société israélienne. Quiet fut ainsi une chorégraphie réunissant quatre danseurs performeurs juifs
et arabes de l’État hébreu. Pour Avignon, il créée
Archive sur des séquences tournées par des
Palestiniens les confrontant à des éléments de
Tsahal et à des colons. Ces images ont été permises par la collaboration avec un groupement
israélien (B’Tselem) fondé en 1989 et souhaitant
favoriser l’émergence et l’affirmation d’une culture des droits humains en Israël. Sur ces sources,
l’artiste se métamorphose en archive vivante,
dont la danse est un outil et matériau d’investigation critique de l’identité de son pays. Il en relè-
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ve une complexité, qui va souvent à rebrousseconcepts des idées reçues et visions médiatiques
traditionnelles. Passeur d’une danse âpre, violente, ventrale, sachant distiller une tension râpeuse,
agressive, de quasi rébellion, Zaides avance :
« Mon corps change la façon dont ces images
sont perçues, il permet d’opérer des focus, de
placer les choses dans une nouvelle perspective. » On retrouve dans sa démarche quelque
chose de l’univers du cinéaste et trublion israélien Avi Mograbi. Zaides a ainsi cette qualité de
s'extraire du flux d’images matrices venues
notamment des territoires palestiniens sur le plus
long conflit de l’histoire des 20 et 21e siècles.
Des enfants filmés jettent des pierres sur les
Palestiniens ou les menacent. Pour le chorégraphe et danseur Arkadi Zaides : « Les enfants sont
comme des réceptacles, des médias à travers lesquels on peut comprendre les adultes mais aussi
plus largement ce qui arrive à une société. »
Le corps impensé
La chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin
est devenue depuis la fin des années 90 une sorte
de classique déjanté en danse contemporaine.
Guerrière et ludique, Orlin est passée experte en
détournements de codes culturels et chorégraphiques. Elle met en crise nombre de représentations traditionnelles à travers des œuvres joyeusement kitsch et camp, un style esthétique et culturel lié au mauvais goût, mais teinté d'ironie. Ses
œuvres ont souvent pour dessein de mettre en
exergue les nombreux travers et injustices de la
société post-apartheid toujours profondément
inégalitaire. Ses approches de sujets délicats et
controversés (sida et canons de beauté en
Afrique, grands mythes des ballets de la culture
occidentale blanche, dont Faust) fuient une
vision monolithique pour faire place à un
humour, parfois malaisant, au service de la justice et de l’humaine dignité. Sa dernière création
en date au titre toujours fort étendu s’interroge
sur les attitudes, comportements et propos sur le
corps en Afrique. Littéralement, l’intitulé signifie
: « Au moment où nous pointions un doigt vers
toi, nous nous apercevions que nous en pointions
trois vers nous-mêmes… » Pour la chorégraphe
blanche « nous avons accepté des représentations du corps africain avant tout souffrant et
victime. Or, la malnutrition, les violences existent
ailleurs dans le monde. Nous devons nous réapproprier le discours et les représentations. »
Bertrand Tappolet
Festival d’Avignon. Jusqu’au 27 juillet.
Rens. : www.festival-avignon.com
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victoria hall et cour de l’hôtel-de-ville cet été
Musiques en été
La Cour de l’Hôtel-de-Ville, lieu particulièrement chéri des Genevois, sera
cette année à nouveau le théâtre d’une série d’événements musicaux, sur
lesquels Jacques Ménétrey, Conseiller culturel au Département de la culture,
attire notre attention.
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C’est au Victoria Hall cependant que sera
donné le coup d’envoi des concerts classiques,
avec un chef exceptionnel dont la notoriété
demande un lieu moins confidentiel. Jacques
Ménétrey croise les doigts pour qu’aucun ennui
de santé n’empêche Seiji Ozawa de venir en personne ouvrir les feux le 28 juin. Longtemps
souffrant le maestro n’est plus apparu en Europe
depuis 2011. Il dirigera le Divertimento pour
orchestre à cordes de Bela Bartok et le Largo du
concerto en ré mineur pour deux violons de
Bach, avec deux musiciennes qui ont participé à
toutes les sessions de la Seiji Osawa
International Academy Switzerland depuis sa
création, Agata Szymcewska et Alexandra
Soumm. L’orchestre est constitué par les élèves
et professeurs de l’Académie. Au cours de la soirée, on entendra également cinq mouvements de
différents quatuors, joués aussi par les étudiants
de l’Académie. Cette dernière fête ses 10 ans
d’existence ; elle a pour but de compléter la formation des jeunes musiciens par la pratique de la
musique de chambre et surtout du quatuor.
Le 29 juin l’Orchestre de la Suisse romande sous la direction de Kazuki Yamada peaufine-
Kotaro Fukuma
a
ra son interprétation de Pacific 231 (Honegger)
et Shéhérazade (Rimski-Korsakov) avant la tournée au Japon, dont le départ est prévu le lendemain ! Le brillant violoniste
Daishin Kashimoto sera le
soliste du concerto de
Tchaïkovski.
Rappelons qu’en 2014
la Suisse et le Japon célèbrent 150 ans de relations
diplomatiques.
Du 8 au 12 juillet à
20h45 dans la Cour de
l’Hôtel-de-Ville, un opéra
bouffe peu connu de
Domenico Cimarosa, I due
Baroni di Rocca Azzurra,
avec L’OCG sous la direction de Franco Trinca et dans une mise en scène
de Francesco Bellotto nous promet de joyeuses
soirées estivales.
Kotaro Fukuma, virtuose impressionnant
mais aussi interprète sensible, fera plus que jouer
dans la Cour le 15 juillet: il s’investira à deux
cents pour cent dans les Tableaux d’une exposition (Moussorgski), la Fantaisie-Impromptu
de Chopin et Musica Nara de Minako
Tokuyama.
Le Quatuor Hermès, qui a remporté en
2011 le premier prix du Concours de Genève,
continue à intéresser les responsables de la
culture de la ville qui a su favoriser ses débuts.
C’est pourquoi il a été invité à revenir le 17
juillet avec un programme français, Debussy,
Ravel, Dutilleux.
Le pianiste autrichien Markus
Schirmer, que Jacques Ménétrey recommande particulièrement, interprétera le 22 juillet
trois sonates de Beethoven, La Pastorale, La
Tempête et La Chasse, avec l’intelligence et
l’énergie qu’on lui connaît. C’est un musicien
qui s’adonne aussi volontiers à l’improvisation et recherche des expériences nouvelles
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avec des interprètes du monde entier.
Grâce aux Dominos, la musique baroque
n’est pas oubliée. Cet ensemble à géométrie variable, qui excelle dans le répertoire de l’Europe des
Lumières, présentera le 24 juillet un programme
dédié à Bach, en formation de trio, avec en alternance comme soliste le traverso de Serge Saitta et
le violon de Florence Malgoire, et à Rameau,
confié au claveciniste Paolo Zanzou pour l’intégrale des Pièces de clavecin en concert.
Le 29 juillet, place au pianiste suisse Gilles
Vonsattel, vainqueur entre autres du Concours
de Genève en 2006 et détenteur d’un diplôme en
sciences politiques et économiques de l’université de Columbia. Le choix de son programme est
Le Quatuor Hermès
signe de son éclectisme : Beethoven, Ravel,
Honegger, Janacek et Holliger. Il y en aura donc
pour tous les goûts !
Le meilleur quatuor espagnol, selon Jacques
Ménétrey, le Cuarteto Casals, se produira le 31.
Une sonorité unique à découvrir dans des œuvres
de Mozart, Brahms et Ligeti. Ils sont loin d’être
des débutants : derrière eux, dix-sept ans de carrière déjà et une abondante discographie.
Une voix sera la bienvenue le 7 août, celle
de la jeune et belle mezzo-soprano Clémentine
Margaine, accompagnée par son compatriote
français Emmanuel Christien au piano.
Révélation lyrique de l’année aux victoires de la
musique classique en 2011, elle est certainement
à l’orée d’une grande carrière internationale.
Avant que ses cachets n’atteignent des sommets,
allez vite l’entendre dans un florilège de mélodies françaises et espagnoles, auxquelles son
timbre chaleureux et sa musicalité ne manqueront pas de donner une saveur émouvante et personnelle.
Les Vents français, en formation de quatuor, rejoints par le pianiste Eric Le Sage, offriront aux amateurs deux quintettes pour vents et
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f e s t i v a l s
piano, l’un de Mozart, l’autre de Beethoven, ainsi
que des pièces de Mikhail Glinka et Georges
Auric. C’est l’occasion d’entendre, le 12 août, ce
répertoire servi par la fine fleur des instrumentistes à vent français.
L’originalité de la soirée du 14 août ne peut
que séduire : Les Quatre Saisons de Vivaldi et
Cuatro Estaciones Portenas d’Astor Piazzola
seront confrontées : après le Printemps de
Vivaldi, celui de Piazzola et ainsi de suite. L’idée
vient de l’ensemble Les Dissonances, orchestre
de chambre sans chef créé en 2003 par le violoniste David Grimal. L’ennui n’est pas au programme. Il nous reste à annoncer la grande première du 4 août. C’était le désir du chef du
Département de la Culture et du Sport Sami
Kanaan d’offrir à partir de cette année un concert
classique gratuit sur la scène Ella Fitzgerald du
Parc de la Grange. L’OCG sous la baguette
d’Arie van Beek, des œuvres populaires de
Mozart, Bizet et Haendel, de même que des pièces mettant en avant les solistes de l’orchestre.
Concert gratuit donc, vous êtes tous invités !
Il est temps de s’adresser
aux amoureux du JAZZ
Ils auront aussi quelques raisons de se rendre à la Cour de l’Hôtel-de-ville ! Le 7 juillet
d’abord, pour retrouver le Riverside Quartet,
les magnifiques Dave Douglas (trompette) et
Steve Swallow (basse), ancien compagnon de
route de Jimmy Giuffre, et Chet et Jim Doxas,
saxophoniste et batteur.
La lauréate de la prestigieuse Thelonius
Monk Jazz Vocals Competition 2010, Cécile
Mclorin Salvant est déjà considérée comme
une digne héritière des trois grandes dames du
jazz : Billie Holiday, Sarah Vaughan et Ella
Fitzgerald. Les spécialistes pourront venir s’en
assurer le 14 juillet.
Le trio américain The Bad Plus se distingue par sa recherche d’innovation dans le
domaine du son généré par leurs instruments : le
piano, la contrebasse et la batterie. Ils ont même
adapté à leur trio, avec des ajouts électroacoustiques, le Sacre du Printemps de Stravinsky ! Ils
aiment aussi reprendre des chansons et autres
morceaux populaires. (21 juillet)
« L’un des plus grands musiciens de l’histoire du jazz » (New York Times), le saxophoniste Joe Lovano est annoncé le 28 juillet.
Depuis trente ans il se produit avec les meilleurs
jazzmen et pour l’occasion il sera entouré par
Salvatore Bonafede (piano), Lars Danielsson
(contrebasse) et Jukkis Uotil (batterie)
On nous promet un concert « décoiffant et
endiablé » le 4 août, date à laquelle le trio
B.F.G. (Bex, Ferris, Goubert) fera son apparition sur scène. Un déchaînement d’orgue, de
trombone et de batterie à ne pas manquer.
Pour le dernier concert jazz dans la vieille
ville, le fameux guitariste Peter Bernstein
accompagné par Doug Weiss à la contrebasse et
Bill Stewart à la batterie (11 août)
Martine Duruz
Plus d’informations sur :
http://www.ville-ge.ch/culture/musiques/
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Entretien :
Clémentine Margaine
Après avoir remporté de multiples
prix et distinctions internationales, la
mezzo-soprano Clémentine Margaine
explose littéralement sur les plus grandes scènes lyriques mondiales. Elle
laisse toutefois, dans son agenda occupé, une place au concert et au récital.
C’est ainsi qu’elle sera pour un récital à
Genève le 7 août. Elle évoque sa toute
jeune et florissante carrière depuis
Rome, entre deux répétitions, où elle
incarne à l’Opéra de ville éternelle le rôle-titre
de Carmen.
Vous avez été d’une certaine manière
soutenue, sinon lancée, par le Festival de
Beaune. Pouvez-vous en dire quelques mots ?
Ils m’ont invité à plusieurs reprises, notamment
pour Hippolyte et Aricie de Rameau, le rôle de
Phèdre, sous la direction de Raphaël Pichon. Et
j’ai également chanté Orphée et Eurydice de
Gluck, en italien. La rencontre avec Beaune
s’est faite tout naturellement. J’avais déjà un
bon début de carrière en France, j’avais remporté un prix au Concours Reine Élisabeth entre
autres… Toute cette réputation a joué pour
qu’Anne Blanchard, directrice de Beaune, ait
fait appel à moi et, je pense, m’apprécie. J’y
e
n
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r
Toujours dans le genre
espagnol, vous faites Carmen,
que vous chantiez à Rome en
juin. C’est un peu votre rôle
fétiche. Où allez-vous encore le
porter ?
Clémentine Margaine
reviens du reste cette année, pour chanter dans
Castor et Pollux, de Rameau toujours. Le rôle de
Phébé, que je reprends à Montpellier.
Et vous venez à Genève pour un récital, le 7 août prochain. Pouvez-vous nous en
dire plus ?
Ce sera un récital de mélodies françaises et
espagnoles. Il y aura Shéhérazade de Ravel, des
mélodies de Fauré, de Saint-Saëns, mais aussi
de Montsalvatge, de Granados et d’autres pages
espagnoles. Je serai accompagnée au piano par
Emmanuel Christien. Le programme de ce récital n’est cependant pas encore fermement scellé
à l’heure où je vous parle. Mais je vous ai donné
les grandes lignes, et les pièces qui sont sûres.
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e
Je l’ai chanté au Deutsche Oper
de Berlin, où j’étais en troupe
pendant deux ans, puis à Dallas.
Et je prévois l’année prochaine à
Munich ; et dans les années suivantes, j’y ferai mes débuts avec
ce rôle au Met de New York et à
l’Opéra de Paris, la Bastille. A
l’Opéra de Rome (le présent entretien est par
téléphone, depuis Rome), la mise en scène était
d’Emilio Sagi. Qui a beaucoup de talent.
Vous avez une carrière des plus internationales. Où vivez-vous ?
Je suis française, mais je réside à Berlin. Ce qui
est une bonne tête de pont pour voyager dans
toute la planète lyrique.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
Le 7 août, Clémentine Margaine sera en récital avec le
pianiste Emmanuel Christien
n
f e s t i v a l s
festival international de piano
La Roque d’Anthéron
Fidèle à sa tradition d’éveilleur pour un public amoureux de musique, de
poésie, de littérature pianistique en tout genre, René Martin présente à
nouveau un festival foisonnant quant à la forme,(baroque, classique,
contemporain, jazz), aux lieux, aux interprètes dans toute leur diversité.
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Riche périple musical de plus de 70
concerts: piano, clavecin, orgue, orchestre, jazz.
Pour le jazz, 5 concerts (concert au Parc avec
Yaron Herman et ses amis, le 21 juillet) et le 11
août une Nuit de Jazz avec le Big Phat Band.
Deux autres Nuits, l’une avec Abdel Rahman El
Bacha (Bach, Chopin, Rachmaninov), le 22
juillet, et une autre avec Mikhaïl Platnev (programme à préciser pour la première partie, sinon
Schubert et Mozart), le 5 août.
A part les Nuits, d’autres grands moments
musicaux, tous les soirs au Parc Florans et parallèlement sur 12 scènes différentes! Soit à l’Etang
des Aulnes, à l’Abbaye de Silvacane, au Temple
de Lourmarin, à l’Eglise de
Cucuron, au Musée Granet, à Aixen-Provence, à Château-Bas
Mimet, au Théâtre des Terrasses, à
Gordes, à l’Eglise Notre-Dame de
l’Assomption et Parvis, à Lambesc,
à l’Eglise Saint-Jean de Malte, à
Aix.
La plus grande de ces scènes
reste évidemment le Parc Florans
ave sa conque acoustique, ses nouveaux gradins depuis 2010, plus
confortables, plus spacieux! Et son
charme naturel grâce à ses 365 platanes, sa bande herbeuse, où l’on
peut pique-niquer avant les concerts
ou pendant les longs intervalles entre les concerts
Invités et résidents
Le Musée imaginaire des musiciens au
Musée Granet à Aix-en-Provence propose 3
rencontres thématiques qui explorent les relations entre musique et peinture. La musique
baroque et ancienne sera représentée notam-
du soir, si on n’a pas choisi la formule plateau repas à 16 euros! (à
réserver d’avance).
Les “stars“
Comme chaque été seront
présents les pianistes majeurs de
la scène internationale, grands
fidèles de La Roque: Christian
Zacharias, Boris Berezovsky,
Nikolaï Lugansky, Grigory
Sokolov, Marc-André Hamelin,
Nelson
Freire,
Nicholas
Angelich…
Ekaterina Derzhavina © Marion Koell
Leif Ove Andsnes © Ozgur Albayrak
Les grands représentants du piano français,
au talent prisé dans le monde entier,
s’associent à cette 34e édition : JeanClaude Pennetier, Anne Queffélec,
Claire Désert, Florent Boffard,
Emmanuel Strosser, Abdel Rahman
El Bacha, Jean-François Heisser…
Pas moins de 9 orchestres sont
invités, dont l’Orchestre de Chambre
de Bâle avec Christian Zacharias au
piano et à la direction.
La musique de chambre sera
aussi à l’honneur avec le trio
Wanderer; Renaud Capuçon et
Nicholas Angelich; Jean-Frédéric
Claire-Marie Le Guay © Carole Bellaiche
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Neuburger avec Augustin Dumay et le Quatuor
Modigliani, mais aussi avec Bertrand
Chamayou et l’Ensemble adONF.
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ment par Kenneth Weiss, Maude
Gratton, Philippe Pierlot et le
Ricercar Consort…
Parmi la longue liste des interprètes invités cette année se retrouvent également l’Ensemble vocal
de Lausanne avec Michel Corboz,
Adam Laloum, Luis-Fernando
Pérez et Momo Kodoma, Daniil
Trifonov, le Chœur de Chambre
Accentus…
Quant aux Ensembles en résidence, ils auront lieu du 8 au 14
août et comme chaque fois le
public pourra assister gratuitement
aux masterclasses dans le Parc du
Château de Florans, puis les jeunes talents ainsi
formés proposeront des concerts gratuits au
cœur de 13 villes et villages sur la route de la
Durance aux Alpilles et le 15 août ils reviendront à La Roque d’Anthéron jouer en divers
endroits de la petite ville et le soir régaler les
estivants dans le Parc du Château de Florans
avec un magnifique programme, accompagnés
de leurs professeurs et ce dans une atmosphère
des plus festives!
Maya Schautz
Festival de Piano-Parc du Château de Florans
Tél. 00334 42 50 51 15 / www.festival-piano.com
De La Roque d’Anthéron. Du 18 juillet au 17 août 2014
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f e s t i v a l s
pesaro
Rossini Opera
Festival
Depuis 1980 l’année de sa création, le ROF aura été l’un des acteurs
majeurs de la « Rossini Renaissance », défendue par les meilleurs chanteurs au monde… de génération en génération ! Pour sa 35ème édition en
2104, c’est l’un des tout derniers titres encore inédit qu’on pourra entendre dans la cité adriatique : Aureliano in Palmira.
C’est cette année l’opéra seria de la période
napolitaine Armida qui tient le haut de l’affiche,
défendue entre autres par Carmen Romeu,
Dmitry Korchak, Antonino Siragusa, dirigés par
Carlo Rizzi. Plus de 20 ans après sa première
mise en scène à Pesaro (avec Renée Fleming
dans le rôle-titre), Luca Ronconi remet l’ouvrage
sur le métier, et nous espérons pour sa « nuova
produzione » plus de succès – et moins de sifflets
! – qu’en 1993.
série des 4 représentations, avec l’Américain
Michael Spyres dans le rôle-titre, entouré de
Jessica Pratt (Zenobia), Lena Belkina (Arsace).
Vient ensuite le classique Barbiere di
Siviglia, dans une réalisation visuelle à la charge
de l’Accademia di Belle Arti de la ville voisine
Urbino, sous la baguette de Giacomo Sagripanti.
Le baryton français Florian Sempey est distribué
dans le rôle-titre, aux côtés de Chiara Amarù
(Rosina), Juan Francisco Gatell (Almaviva),
Paolo Bordogna (Bartolo), Alex Esposito
(Basilio).
Un concert de Duetti amorosi entre Carmen
Romeu et Lena Belkina est programmé (le 17
août), ainsi qu’un récital du ténor Juan
Francisco Gatell (le
18 août).
Jamais encore donné au ROF, c’est donc
Aureliano in Palmira qui devrait créer l’événement au Teatro Rossini, confié aux chef Will
Crutchfield et metteur en scène Mario Martone.
C’est l’option « ténor » qui a été retenue pour la
Autre opéra comme il est de tradition depuis
des années, Il Viaggio a Reims pour 2 représentations dans la production d’Emilio Sagi, qui permet de mettre le pied à l’étrier aux élèves de
l’Accademia Rossiniana, suivis de près par le
maestro Alberto Zedda.
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Petite Messe Solennelle est enfin prévue la veille
de clôture du festival (le 21 août), sous la direction d’Alberto Zedda, dans sa version avec
orchestre.
François Jestin
Plus d’informations sur :
http://www.rossinioperafestival.it/
Mais c’est certainement le concert du
20 août, avec l’alto –
déjà mythique à
Pesaro… et ailleurs ! –
Ewa Podles, qui
devrait amener un
degré d’excitation
supplémentaire. Une
Florian Sempey © Jean-Pierre Ronnay
a
Jessica Pratt
Juan Francisco Gatell © Fidelio Artist, JoanTOMÀS
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Festival Berlioz
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Année après année, le Festival Berlioz poursuit son bonhomme de chemin. À la Côte-Saint-André, le bourg natal du compositeur, entre Lyon et
Grenoble, à une soixantaine de kilomètres au sud de Genève. Thème de cette
édition 2014 : « Berlioz en Amérique, au temps des révolutions industrielles ». Du 21 au 31 août. Berlioz, ce grand voyageur, n’a jamais mis les pieds
en Amérique ! Mais il a bien failli faire le voyage (lointain pour l’époque),
et ne cessa d’en rêver. C’est un peu ce rêve que tentent de concrétiser cette
édition du festival et son entreprenant directeur, Bruno Messina. Une édition
éclectique, qui ne laisse cependant qu’une portion réduite aux compositions
du musicien natif du lieu, en cela fidèle à la marque de la manifestation : un
répertoire tous azimuts, plutôt XIXe siècle, où Berlioz reste en filigrane
mais en bonne place.
L’ouverture du festival, le jeudi 21 août, revient ainsi à la reconstitution
du concert que Berlioz avait dirigé en 1844 au Palais de l’Industrie à Paris :
un concert exceptionnel, même chez ce chef d’orchestre, qui réunit des
effectifs instrumentaux et choraux imposants, avec des pages de Meyerbeer,
Rossini, Gluck, Spontini, Weber, Halévy, Beethoven, Mendelssohn et
Berlioz. Il prend place dans l’Usine historique de Saint-Siméon-deBressieux, à deux pas de la Côte, une usine en pisé du XIXe siècle, avec
l’Orchestre de Mulhouse et celui de Savoie, des chœurs régionaux, sous
la direction de Nicolas Chalvin. À la fin du concert, une montgolfière, également du XIXe siècle, s’élèvera avec le chef à bord ! Et le soir, s’ouvre un
bal, comme à l’époque.
Le lendemain, dans l’auditorium provisoire sis dans la cour du Château
de la Côte-Saint-André (et lieu du festival), est recréé l’opéra Christophe
Colomb de Félicien David, compositeur ami de Berlioz. Par l’Orchestre les
Siècles, sous la direction de François-Xavier Roth.
Le surlendemain, vient la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak,
Prométhée de Liszt, ainsi que le Concerto pour piano de MacDowell, compositeur américain élève de Liszt, par l’Orchestre de Lyon sous la direction
de Joana Carneiro. Le dimanche qui suit
rend hommage à Olivier Messiaen, avec
Des Canyons aux étoiles, par l’Orchestre
Poitou-Charentes dirigé par Jean-François
Heisser. Le lundi, soirée ciné-concert : le
Mécano de la Générale de Buster Keaton,
avec une création musicale spécifique de
François Narboni, par l’European
Contemporary Orchestra. Le mardi, place à
la Symphonie fantastique, donnée chaque
année, cette fois-ci par l’Orchestre des
Jeunes de Sao Paolo (dont certains issus
Kate Lindsay
des favelas), dirigé par Claudio Cruz, avec
aussi des musiques brésiliennes, dont VillaLobos. Mercredi : le Concerto en Sol de Ravel, avec Roger Muraro, la
Sérénade de Bernstein, avec Renaud Capuçon, le Bœuf sur le toit de Darius
Milhaud et Quiet City de Copland, par l’Orchestre des Pays de Savoie toujours dirigé par Chalvin. Jeudi, retour au XIXe siècle : les Créatures de
Prométhée de Beethoven, la Symphonie italienne de Mendelssohn et les
Nuits d’été, chantées par Kate Lindsey, avec le Cercle de l’Harmonie de
Jérémie Rhorer. Vendredi, l’Orchestre de Lyon avec Leonard Slatkin, pour
un clin d’œil à Roméo et Juliette : Prokofiev, Tchaïkovski, les Love Theme
de Nino Rota et la Suite de West Side Story de Bernstein. Roméo revient le
lendemain, mais de Berlioz, avec les extraits de sa symphonie, par le
London Symphony Orchestra dirigé par Gardiner – grande première au fes-
a
c
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tival ! S’ajoutent Mer calme et Heureux Voyage de Mendelssohn et le
Concerto pour violoncelle de Schumann, par Gautier Capuçon (les frères
Capuçon, originaires de la région, sont ici comme chez eux).
Et le festival se termine, le dimanche 31, avec le Jeune Orchestre
Hector-Berlioz, émanation de ce festival et un de ses meilleurs acquis (avec
des jeunes instrumentistes venus de toute l’Europe, et cette année même des
Brésiliens), dirigé par Roth, pour la Damnation de Faust avec une belle
équipe de chanteurs : Anna Caterina Antonacci, Michael Spyres et Nicolas
Courjal. Pour clore par un grand retour à Berlioz et en beauté.
Pierre-René Serna
Du 21 au 31 août / Inf. : www.festivalberlioz.com
Festival de Saint-Céré
Loin des foules de vacanciers pressés, le Festival de Saint-Céré offre à
ses spectateurs une pause de calme bienvenue dans le stress de l'été. Fondée
en 1981 déjà, la manifestation est dirigée par Olivier Desbordes, qui assure
les trois mises en scène lyrique de cette saison estivale. Avec ses moyens
somme toute modestes, ce Festival entend donner leurs chances à des artistes jeunes entourés de grandes pointures du chant et de la pratique instrumentale. Pour reprendre les
mots de M. Desbordes : « Le
festival de Saint-Céré est
depuis plusieurs décennies un
laboratoire de jeunes talents
lyriques, il a découvert et permis à de nombreux jeunes
chanteurs de faire leurs premiers pas. Cette prochaine saison poursuit cette tradition, et
évolue encore.
Olivier Desbordes
[L'édition 2014] mixe les
genres : Comédie Musicale, Opéra et Opéra Comique se côtoient. Notre
fabrique de spectacles accueillera de nouveaux artistes comédiens / chanteurs et chanteurs / comédiens. La joie de créer se nourrit de nouvelles curiosités !
Quel festival va confronter Cabaret, chef-d’œuvre de la comédie musicale, avec Lucia di Lammermoor, célèbre opéra tragique de Donizetti, avec
un Voyage dans la Lune du loufoque d'Offenbach, un Requiem de Mozart
jumelé avec une œuvre du Chevalier de St-Georges (musicien « nègre »),
des chansons des tranchées, du Péguy et du Jaurès dreyfusard ?
Ragaillardis par une équipe d’artistes du Jazz au Classique, de l’Opéra
à la Chanson, le Festival de Saint-Céré et son équipe respirent l’air du
temps, et résistant aux effets de mode, pressentent l’alchimie qui s’établit
entre les propositions artistiques, les lieux magiques et le public. Ainsi cette
curiosité fabrique la tolérance, génère de la joie et positionne la création
artistique comme un outil indispensable de la vie sociale. »
Au programme, cette année, en plus des ouvrages précités, on trouve
des soirées de piano romantique avec Dina Bensaid, une soirée où un quatuor à cordes formés des instrumentistes de l'Orchestre du Festival joueront
Dvorak et Chostakovitch, une soirée de chansons de troupiers de la Première
Guerre Mondiale - centenaire oblige ! -, un concert Mozart où seront exécutés deux de ses concertos pour piano, une soirée où seront interprétées des
Canciones de Federico Garcia Lorca arrangées pour instruments à cordes et
une soirée théâtrale mettant en présence ces deux géants que furent Jaurès et
Péguy...
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On ne peut qu'inciter les amateurs de musique curieux de satisfaire leur
passion dans un cadre enchanteur à programmer un voyage dans cette région
lors du prochain mois d'août...
Éric Pousaz
Représentations tous les soirs du 29 juillet au 16 août. Renseignements, programmes et
réservations: http://festival-saint-cere.com/
Les Rencontres Musicales d’Evian
Les Rencontres Musicales d’Evian, dont l’origine date de 1976,
avaient pris fin en 2000, remplacées partiellement par les Escales Musicales,
trois journées à la Pentecôte. Leur retour est annoncé : quinze concerts, des
masterclasses, des conférences, qui se dérouleront pour la plupart dans la
magnifique Grange au Lac, entièrement constituée de bois de pin et de cèdre
rouge, qu’Antoine Riboud, PDG de Danone, avait fait construire en 1993
pour le plus grand plaisir de Mstistlav Rostropovitch, alors Directeur du
Festival. Lieu de rêve situé au milieu des mélèzes à proximité immédiate des
Hôtels Royal et Ermitage, il bénéficie d’une acoustique exceptionnelle.
Plusieurs évènements sont également prévus au Théâtre du Casino.
Le Quatuor Modigliani est chargé de la direction artistique : inspiré
probablement par l’exemple d’autres festivals tels que Verbier, il souligne
son intention « de rassembler à l’occasion d’un évènement des musiciens
chambristes ou solistes pour former des ensembles ad hoc et festifs autour
de la musique de chambre sous toutes ses formes. » D’autre part des formations constituées de longue date seront aussi présentes, comme le Quatuor
Borodine ou la Kremerata Baltica. Les jeunes talents auront aussi leur chance de s’exprimer, de même que les « grands », le pianiste Grigory Sokolov
et le violoniste Gidon Kremer. Schubert sera mis à l’honneur à chaque
concert de cet été, car selon le Quatuor Modigliani, « Qui mieux que cet
immense compositeur serait à même de provoquer la rencontre, le partage et
les émotions ? »
Le Quatuor Modigliani avec la complicité de la violoncelliste MarieElisabeth Hecker, dernière lauréate du concours Rostropovitch du vivant du
maître, ouvrira les feux le 8 juillet avec deux quatuors de Haydn et le quintette à deux violoncelles de Schubert.
Le 9, Chostakovitch, Borodine et La Jeune fille et la mort de Schubert
par le Quatuor Borodine. Les membres fondateurs de cette formation en
1944 étaient Nina et Rudolf Barshaï, Rostislav Dubinsky et le violoncelliste Valentin Berlinsky à qui Rostropovitch avait laissé sa place quelques
semaines après la création du quatuor. Les membres actuels sont Ruben
Aharonian (depuis 1996) Sergueï Lomovsky (depuis 2011), Igor Naidin
(1996) et Vladimir Balshin (depuis 2007).
Unique occasion le 11 juillet à 11h au Théâtre du Casino d’entendre une
voix féminine, celle de la soprano Julie Fuchs, qui interprétera Auf dem
Strom et Hirt auf dem
Felsen de Schubert.
Schumann complètera le
programme.
A 16h
Renaud Capuçon, Gérard
Caussé et le jeune violoncelliste surdoué Edgar
Moreau se feront apprécier dans Mozart et
Schubert, et le soir à 20h
la Grange accueillera
Edgar Moreau © Aline Paley
Grigory Sokolov, l’un des
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plus grands pianistes actuels, dans Chopin (et peut-être un bis de Schubert ?)
Le 12 juillet à 15h à la Grange, l’Orchestre de Savoie sous la direction
de Nicolas Chalvin jouera la Symphonie No5 de Schubert après avoir
accompagné le violoncelle de Daniel Müller-Schott dans le Concerto No1
de Haydn. Puis, à 19h, le Quatuor Modigliani et ses amis se retrouveront
pour taquiner La Truite de Schubert, entre autres.
Le 13, signalons Le Voyage d’hiver par Christoph Prégardien et
Michael Gees (16h à la Grange). Le lendemain, dernier jour à 16h, Gidon
Kremer et sa Kremerata Baltica ont choisi d’interpréter Schubert surtout,
mais aussi Desyatnikov et Piazzola.
Pour mettre un point final au Festival, les deux pianistes Jean-Frederic
Neuburger et Francesco Tristano improviseront entre classique et jazz au
bord du lac à 20h. avant les feux d’artifice (concert gratuit)
Martine Duruz
Du 8 au 14 juillet 2014 / Inf. : http://www.rencontres-musicales-evian.fr/
A La Chaise-Dieu cet été
On revient toujours dans l’abbatiale, au milieu des bois et des monts
d’Auvergne. La petite ville de La Chaise-Dieu, avec son abbatiale du XIVe
siècle, paraît toujours située en-dehors du temps, et c’est ce qui en fait le
prix. Pourtant, une vaste campagne de travaux est en cours depuis plusieurs
années, qui a permis par exemple la construction d’un très harmonieux auditorium. Et un nouveau directeur, Julien Caron, âgé de vingt-sept ans, a pris
les rênes du festival il y a deux ans et signe cet été la première édition dont
il est vraiment l’auteur.
Le festival en est à sa quarante-huitième édition. Qu’on ne s’attende pas
à des bouleversements mais, pas à pas, à des réformes qui vont peu à peu
modifier sa silhouette. Trois parcours, ainsi, permettront d’aller à la rencontre de trois compositeurs qui sont au cœur de la programmation de cet été :
C.P.E. Bach, l’un des fils du grand Johann Sebastian ; George Onslow, qui
fut surnommé « le Beethoven français » mais qui a peut-être plus à voir avec
Mendelssohn (comme nous le montreront l’Orchestre Anima Eterna et
l’Orchestre de Lorraine), et qui
vécut en Auvergne ; et Rameau,
qui fut organiste à ClermontFerrand et composa les opéras que
l’on sait. Deux grandes journées
par ailleurs, les 21 et 28 août,
seront consacrées au piano avec le
récital de deux grands solistes dans
l’abbatiale (Michel Dalberto et
Philippe Cassard) qui parraineront
chacun un jeune soliste, les deux
journées s’achevant par un concer- Adam Laloum © Carole Bellaiche Mirare
to pour piano (joué par Adam
Laloum et Khatia Buniatishvili).
La musique a capella avec l’Ensemble Chanticleer, le lied avec
Stéphane Degout, la musique sacrée avec l’ensemble Akadémia, le King’s
Consort, le Palais royal, le Jardin des délices et l’Orchestre des Champs-Élysées, sans oublier une séance de ciné-concert accompagnée au piano, entre
autres rendez-vous, sont à l’affiche d’une édition qui vient célébrer aussi les
vingt ans de la disparition de Georges Cziffra, qui le premier eut l’idée de
faire sonner son instrument sous les voûtes de l’abbatiale.
Christian Wasselin
Festival de La Chaise-Dieu, du 20 au 31 août (04 71 00 01 16, www.chaise-dieu.com).
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Les 15e Rencontres Musicales
de Champéry
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Le violoniste Maxim Vengerov, le quatuor
Sine Nomine et le compositeur Pierre Mariétan
seront les grands animateurs de ces Rencontres.
Vengerov et le Sine Nomine y tiendront des master-classes, complétées par un un concert final
des jeunes musiciens ayant participé aux cours,
ceux de l’International Menuhin Music Academy
pour l’un (sa 2 et lu 4), ceux de l’Orchestre des
Jeunes de la Suisse Romande pour l’autre (di 17).
Pierre Mariétan, de retour au Val d’Illiez qui
l’a vu naître, présentera ses œuvres, en compagnie de l’Ensemble Mondrian, lors d’un concert
enregistré par Espace 2 (sa 16).
Les Rencontres champérolaines font aussi la
part belle à de brillants artistes valaisans, la pianiste Béatrice Berrut, la violoncelliste Estelle
Revaz, le corniste Olivier Darbellay ou encore
le groupe TRIOPS avec Karine Barman, flûtiste et chanteuse. La pianiste aura pour partenaires
Francesco De Angelis au violon et Camille
Thomas au violoncelle, au sein du trio Saint
Exupéry (me 6). La violoncelliste jouera en duo
avec la pianiste Irina Chkourindina (di 10), le
corniste, avec Noelle-Anne Darbellay au violon
et Michael Wendeberg au piano (ma 12). Le Sine
Nomine sera en concert le jeudi 12 à 19h30. Tous
les concerts ont lieu au Temple du village. Y. A.
Du 2 au 17 août 2014 / [email protected]
Béatrice Berrut
Festival de musique
des Haudères
En ouverture de cette 13e édition du festival,
au cœur du val d’Hérens, Romain Mayor et le
Chœur Post-Scriptum proposeront un Motet de
Bach, une Messa a 4 voci de Monteverdi et la
Messe pour double chœur de Frank Martin (ve
1er août). Suivront neuf concerts, tous donnés à
la chapelle du village.
Les Hongrois Kristof Barati, violon et
Gabor Farkas, piano, joueront en duo (sa 2),
tout comme la soprano Sophie Graf et le pianiste Christian Chamorel (di 3), ou encore le vio-
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loncelliste hongrois Istvan Vardai et le pianiste
français Julien Quentin (ma 5), tandis que la
pianiste Béatrice Berrut consacrera son récital à
Bach, Brahms et aux Etudes baroques de Thierry
Escaich. Une carte blanche est offerte à
l’Académie de musique Tibor Varga (ma 5 à
17h), avant la soirée de musique ancienne du
Concert Brisé (ma 5). Le retour de la Cappella
Mediterranea de Leonardo Garcia Alarcon fait
figure d’événement (je 7). Pour les deux dernières
soirées du festival, le quatuor Terpsycordes s’entourera de partenaires de prédilection, la corniste
Zara Glokar, le pianiste Jonathan Aner pour
Mozart, Brahms et Schnittke (ve 8), ou encore
Shirley Brill à la clarinette, Jasar Atanosov au
basson et Sebastian Schick à la contrebasse pour
l’Octuor de Schubert (sa 9). Y. A.
Du 1er au 9 août 2014
Réservation : Evolène-Région Tourisme, 027.283.40.00
Piano à Saint-Ursanne
En août, pour la 11e édition du festival, le
magnifique cloître romano-gothique de la
Collégiale des bords du Doubs accueillera une
pléiade d’artistes « Autour de Jean-Sébastien
Bach », fil rouge de la manifestation. Un hommage sera aussi rendu au compositeur jurassien
Abner Sanglard, décédé en 2012. Comme il se
doit, les récitals de piano se tailleront la part du
lion. Pascal Godart ouvrira les feux (sa 2), suivi
de Nima Sarkechik (di 3), de Marietta Petkova
(ma 5), de François Chaplin (ve 8) et de Lilit
Grigoryan, qui jouera les Variations Goldberg
(di 12). Gabriel Wolfer donnera un récital d’orgue à la Collégiale (di 3). Le violoncelliste Henri
Demarquette et le pianiste Caspar Frantz joueront des Suites de Bach en miroir (me 6), et une
« Tribune de jeunes artistes » (ve 8, de 11 à 17h)
précédera les deux concerts du Quintette à cordes
de la Philharmonie de Berlin, avec Frédéric
Rapin, clarinette, et Cathy Krier, piano (sa 9 à
16h et 20h30), ainsi que celui du duo piano-violoncelle de François-Xavier Poizat et Nadège
Rochat (di 10). Une « Nuit du concerto » mettra
un terme au festival, avec des solistes et
l’Orchestre International de Genève conduit par
Nicolas Farine (di 12). Y. A.
Du 2 au 12 août 2014 / Rens. sur : www.crescendo-jura.ch
Les Sommets du Classique
de Crans-Montana
Du 2 au 12 août, la 11e édition du Festival,
dont le thème est Musique et Paix, poursuit dans
la voie tracée dès l’origine par sa fondatrice et
directrice artistique Christine Rey: soutenir, guider et faire jouer les jeunes virtuoses.
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Elina Buksa
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Le Président d’honneur du Festival étant
Michel Legrand, on ne s’étonnera pas de trouver
en ouverture la rencontre entre classique et jazz
telle que ménagée par le pianiste de jazz Yaron
Herman et le pianiste et chef David
Greilsammer à la tête de sa Geneva Camerata
(Eglise de Crans-Montana, 2 août, 20h)
S’ensuivra un concert jeunes talents avec le
pianiste Sylvain Viredaz, 1er prix au Concours de
Lausanne et Elina Buksa, violoniste de la chapelle Musicale Reine Elisabeth. Au programme :
Ravel, Chopin, Sonates de Frank (Chapelle de
Crans-Montana, 5 août, 20h). Le violoniste
Andrey Baranov et l’Orchestre Les Sommets du
Classique sous la direction de Sebastien
Bagnoud donneront le Concerto pour violon n°5
de Mozart et la Sérénade pour corde opus 48 de
Tchaïkosvski (Chapelle de Crans-Montana, 7
août, 20h). On pourra ensuite entendre le Quatuor
Coryfeye, des musiciens formés à La Chapelle
musicale Reine Elisabeth, en résidence avec l’orchestre du Festival, et Denis Sungho, jeune guitariste virtuose ayant récemment accompagné
Nathalie Dessay (Chapelle de Crans-Montana, 9
août, 18h). Le 11 août sera une riche journée commençant par un Petit-déjeuner en musique à
l’Hôtel Crans Ambassador avec Florence
Angelloz, flûtiste et Alina Piechowska, pianiste
(10h00) suivi d’une randonnée au restaurant de
Chetzeron en compagnie de Yves Angelloz,
Michel Butor, Grand prix 2013 de littérature de
L’Académie française ainsi que des jeunes musiciens boursiers du Festival. Une ConférenceLecture par Michel Butor accompagné d’Alina
Piechowska sera suivie d’un Dîner de gala et d’un
concert de l’Orchestre Les Sommets du Classique
sous la direction de Sebastien Bagnoud avec les
virtuoses boursiers (Hôtel Crans-Ambassador, 11
août, 20h). Puis place aux séductions de la voix
étrangement timbrée d’Aurelia Khazan. La chanteuse (et comédienne) française chante en français,
en anglais et en hindi. Ce sera principalement en
anglais qu’elle chantera l’amour et l’espoir
accompagnée du pianiste Moncef Genoud pour un
moment où le blues sera roi. (Hôtel Etrier, 12
août, 20h) C. B.
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gstaad
Des voix au
Menuhin Festival
La voix a toujours eu une place de choix à Gstaad. Cette année ne fait pas
exception avec la venue, entre autres, de Simone Kermes, Vesselina Kasarova,
Christine Schäfer et Diana Damrau.
Simone Kermes et Vesselina
Kasarova auront les honneurs du
2ème concert du Festival, le 18
juillet, intitulé Cuzzoni vs. Bordoni
– deux Divas, deux rivales. On sait
que depuis ses origines, l’opéra a
connu le phénomène du culte du
grand interprète qui atteint un premier sommet au temps du baroque.
Avec l’inévitable cortège de rivalité, d’amour et de haine l’accompagnant. Ainsi au début du 18e siècle, pouvait-on assister à de véritables concerts-duels au cours desquels s’affrontaient les grandes
voix du moment. C’est l’affrontement de deux primadonnas, Faustina Bordoni et
Francesca Cuzzoni qui sera reconstitué par
Simone Kermes, Vesselina Kasarova et la
Capella Gabetta.
Rappelons que Simone Kermes est une
Vesselina Kasarova
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Thomas Hampson
soprano colotura allemande, très présente sur
les scènes de son pays comme à New York ou
Paris. Son répertoire comprend les rôles de
Gilda dans Rigoletto, les rôles titres d'Alcina, de
Lucia di Lammermoor, ainsi que les rôles
d'Eurydice dans Orphée et Eurydice, de
Constance dans Die Entführung aus dem Serail,
de Fiordiligi dans Cosi fan tutte et de Rosalinde
dans Die Fledermaus.
Vesselina Kasarova est une mezzo-soprano
bulgare poursuivant une carrière internationale.
En récital au Grand-Théâtre de Genève en juin
2010, elle a chanté, en 2012, Romeo dans I
Capuleti e i Montecchi au Bayerische
Staatsoper de Münich, Carmen à l’Opéra de
Zürich, puis en 2013, toujours à Zürich, Venus
dans Tannhäuser, Octavian dans Der
Rosenkavalier, puis Rosina dans Le Barbier de
Séville au Wiener Staatsoper. Outre ce prometteur duel vocal, on pourra l’entendre dans le
rôle titre d’une version de concert de Carmen
donnée sous la tente de Gstaad le 5 septembre
en compagnie du ténor Gaston Rivero (Don
José) et de l’orchestre et les chœurs de l’Opéra
de Fribourg en Brisgau placés sous la baguette
de Fabrice Bollon.
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Faut-il présenter Diana Damrau souvent
entendue au Grand Théâtre de Genève et dont
les débuts au Covent Garden de Londres puis au
Metropolitan de New York remontent respectivement à 2003 et 2005 ? Après avoir incarné
Violetta de La Traviata en ouverture de La
Scala le 7 décembre 2013 pour le bicentenaire
de Verdi, elle reprend le rôle cette année successivement en avril-mai à Covent Garden, en juin
à Paris, en juillet à Münich. Le 22 août, elle sera
à Gstaad pour un gala d’airs d’opéras italiens
(mis à part deux airs de Massenet) en compagnie du ténor Joseph Calleja, du baryton
Thomas Hampson et du London
Symphony Orchestra dirigé par
Antonio Pappano.
Quant au concert de clôture
du Festival, le 6 septembre, c’est
une autre superbe voix de soprano
qu’il mettra en valeur, celle de
Christine Schäfer dans les Vier
letzte Lieder de Strauss.
Egalement au programme de ce
concert, l’Ouverture de La Force
du Destin de Verdi et la 4ème de
Tchaïkovsy devraient permettre
aux musiciens de La Scala de
Milan de faire montre de tout leur
savoir-faire sous la baguette de
Daniel Harding.
Christian Bernard
Plus d’informations sur :
http://www.menuhinfestivalgstaad.ch/site/fr/
Diana Damrau
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festival de tannay, du 24 au 31 août
Riches variations
Les Variations musicales de Tannay voient leur programme
s'étoffer d'année en année. Ainsi, fin août prochain, sept
- et non plus six - concerts seront proposés aux mélomanes.
Autres nouveautés : le premier engagement d'un trio de
violon, violoncelle et piano et l'apparition au programme
de deux orchestre constitués, en plus de la traditionnelle
formation de l'Orchestre du Festival.
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Serge Schmidt et Françoise de Courten, respectivement président et
vice-présidente du comité directeur du festival, deviennent intarissables
lorsqu'ils sont interrogés sur le programme de la prochaine édition de la
manifestation et, plus généralement, sur le futur de celle-ci.
Né de l'enthousiasme de quelques passionnés de musique classique,
conscients à l'époque de l'absence de toute manifestation estivale de ce type
entre Saint-Prex et Genève, le festival tend à acquérir un profil de plus en
plus accusé avec l'augmentation du nombre de soirées symphoniques. Mais
le principe reste en gros le même : mêler les noms de grandes vedettes du
moment et ceux de jeunes artistes suisses en passe de grimper les marches
de la célébrité pour attirer un public que l'on espère composite, fait à la fois
de spécialistes et de gens curieux d'élargir leur horizon musical. Aussi, lors
d'une rencontre informelle au début du mois de juin, ma première question
a-t-elle porté sur l'établissement du programme.
Comment concevez-vous les affiches des sept concerts que
vous avez programmés ?
Serge Schmidt : Il y a d'abord les passages obligés, comme le concert
réservé aux familles avec accès gratuit pour tout le monde. Nous tenons en
effet à ce que, chaque année, des amateurs en herbe déjà convaincus ou
encore à convaincre, puissent venir à un concert classique en toute simplicité, car il reste patent que ce type de musique est encore trop souvent
l'objet de préjugés négatifs. Et comme il n'y a ni billets d'entrée payants ni
code vestimentaire particulier, toutes les barrières qui servent de prétextes
pour justifier habituellement le refus d'aller à un tel type de concert tombent d'elles-mêmes!
Françoise de Courten : De plus, ces rendez-vous de fin d'après-midi, traditionnellement fixés au samedi et précédés d'un goûter, sont animés par la
présence d'un narrateur qui donne aux auditeurs en herbe les clefs de lecture des morceaux proposés. Cette année, ce sera Ma Mère l'Oye de Ravel qui
se réfère à des contes dont on peut supposer sans grand risque de se tromper
que peu de jeunes enfants les connaissent. Cette exigence est le fruit d'une
expérience tentée il y a quelques années avec Les Quatre Saisons de Vivaldi:
bien que cette série de concertos nous eût paru facile d'accès lors de l'établissement du programme de ce rendez-vous musical, nous nous sommes
rendu compte in situ que le public 'décrochait' et commençait à s'agiter parce
qu'il s'ennuyait! Depuis lors, nous nous attachons donc toujours la présence
d'un acteur ou d'un orateur capable de captiver l'auditoire par la seule magie
des mots avant que la musique ne prenne le relais.
Rachel Kolly d’Alba
compte. Mais il y a bien sûr des raisons qui nous incitent à équilibrer les
ouvrages mis au programme pour éviter la saturation. Ainsi, quand nous
prenons contact avec un musicien, celui-ci nous dit quel est son répertoire du moment et nous laisse généralement libres de choisir ce qui nous
plaît, ou plus exactement ce qui nous convient, car il n'a souvent pas idée
des autres manifestations inscrites au programme à ce moment des négociations. Nous non plus d'ailleurs, dans certains cas !
SS : Prenez le programme du Trio Wanderer, par exemple, qui jouera ici
l'Opus 100 de Schubert et le Trio de Tchaïkovski. Je tenais à entendre ces
trois musiciens dans le chef-d'œuvre de Schubert et leur ai demandé s'il
était possible de l'inscrire au programme de la soirée. Puis l'idée du
Tchaïkovski s'est imposée aux musiciens qui tenaient à faire contraste tout
en conservant une tonalité particulière à ce concert.
Quelle image pouvez-vous vous faire de votre public ?
SS : A vrai dire, c'est difficile à dire. Dans certains cas, nous avons eu des
retours en demi-teintes, par exemple lorsque La Valse de Ravel a déçu certains auditeurs qui ne s'attendaient pas à une telle accumulation de dissonances dans une pièce portant le titre de valse ! Mais cela ne va jamais jusqu'à la protestation véhémente. Même lorsque nous avons mis des pièces
de John Cage au programme, je dirai que les auditeurs ont fait preuve
d'une ouverture d'esprit réjouissante et se sont montrés particulièrement
intéressés par le piano tel qu'il avait été préparé pour cette exécution.
FdC: Comme nous l'avons dit précédemment, nous recherchons en fait à
atteindre tous les publics. Et nous ne sommes pas définitivement fixés sur
un répertoire musical qui se limiterait aux seules œuvres classiques. Même
la pratique du 'cross over', qui juxtaposerait des titres de style fort divers
allant de la musique ethnique au jazz, nous conviendrait parfaitement si un
artiste se déclarait prêt à tenter l'expérience.
Et comment voyez-vous le futur ?
Et qu'en est-il des autres concerts ? Cherchez-vous à trouver
un fil rouge qui permette de rattacher chaque soirée à un projet artistique cohérent ?
SS : Il ne faut pas se cacher que la recherche de sponsors devient difficile
actuellement, et nous venons d'engager quelqu'un qui va se spécialiser
dans ce domaine. Mais nous sommes confiants, comme l'atteste cette
année l'augmentation du nombre de concerts et l'engagement de
l'Orchestre de Chambre de Genève et de la Geneva Camerata. J'aimerais
même aller encore plus loin et faire venir, par exemple, l'Orchestre de
Chambre de Bâle dans un futur pas trop lointain...
FdC: De plus, cette année, nous allons utiliser pour la première fois une
coque en bois qui permettra de mieux renvoyer le son vers le public afin
d'atténuer autant que possible les inévitables aléas liés à la pratique de la
musique en plein air. Si la chose est concluante, nous envisageons même de
nous procurer une structure encore plus performante dans les années à
venir...
En attendant, un détour par Tannay à la fin de cet été semble s'imposer pour tout amateur de bonne musique heureux de satisfaire sa passion
dans un cadre qui n'a rien de conventionnel.
FdC: Non. Ce sont d'abord nos coups de cœur qui entrent en ligne de
Propos recueillis par Eric Pousaz
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sion festival, du 14 au 31 août
50 ans !
Pour cette édition du cinquantenaire du Festival créé en
1964, le violoniste Pavel Vernikov, actuel directeur
artistique de la manifestation, propose une programmation
sortant résolument des sentiers battus aux artistes invités à
se produire au Théâtre de Valère entre le 14 et le 31 août.
Un hommage sera aussi rendu à Tibor Varga, fondateur
du Festival, de l’Académie de musique de Sion, ainsi que
du concours de violon qui porte son nom.
Si le thème « Voix Violon » assure
comme l’en dernier la cohérence de la programmation, une « fête des duos » sera aussi
mise sur pied afin de susciter des rencontres
fructueuses entre des violonistes, leur pianiste, et les stars du violon présentes au festival.
Des étudiants de l’Académie Tibor Varga
ouvriront les feux, avec le soutien de la violoncelliste Natalia Gutman, du pianiste
Pascal Godart et de Pavel Vernikov (je 14).
Une Suite pour 2 pianos et percussion
de West Side Story de Leonard Bernstein,
dans une adaptation d’Irwin Kostal, avec
Katia et Marielle Labèque aux pianos, sera
suivie d’une création de Kosma Bodrou, une
Fantaisie sur des thèmes de Roméo et
Juliette, d’après Tchaïkovski, Prokofiev et
Ennio Morricone, avec Sunao Goko, lauréat
du concours Varga 2013 (sa 16).
Le ténor Markus Brutscher et le
Klangforum Wien proposeront une « interprétation composée » (Zender dixit) du
Voyage d’hiver de Schubert, retravaillé par
Hans Zehner pour accordéon, guitare et percussion (di 17).
La violoniste Janine Jansen et le pianiste Itamar Golan consacreront leur soirée à
quatre chefs-d’œuvre du répertoire de duos :
la Sonate de Janacek, celle de Ravel, la
Fantaisie D. 934 de Schubert, ainsi que le
Poème de Chausson (je 21).
Le violoniste Gidon Kremer et sa
Kremerata Baltica ont opté pour un singulier
couplage américano-russe sur le thème des
saisons pour leur première soirée au festival.
The Russian Seasons de Leonid
Desyatnikov (né en 1955) - 4 concertos
pour violon, cordes et une soprano – précédera The American Four Seasons de Philip
Glass, sous-titre de son Concerto pour violon no 2 (ve 22).
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Gidon et Lika Kremer (violon et narration), avec la Kremerata, présenteront, sur un mode ludique pour enfants, Animal Harmonies, une création de Gidon Kremer pour violon, flûte, narrateur, percussion et petit
orchestre, d’après le conte d’Andersen Le rossignol et l’empereur de
Chine (sa 23 à 17h).
Le lendemain, la Kremerata Baltica, conduite par Jörg Birhance,
offrira une soirée flamenco, avec, de Turina, La Oracion del torero, et
deux œuvres de Manuel de Falla, 7 Canciones espanolas et El amor brujo
(l’Amour sorcier), dans sa version originale pour orchestre de chambre,
cantaora de flamenco et épisodes dansés. (di 24 à 17h)
Huit anciens élèves de Tibor Varga, dont Madeleine Carruzzo et
Gyula Stuller, se produiront et évoqueront leurs souvenirs du Maître au
cours d’une soirée dont le modérateur sera Charles Sigel. (lu 25)
Le violoniste Augustin Dumay et la soprano Aleksandra Orlowska
seront accompagnés par l’Orchestre de Chambre de Lituanie dans un programme allant de Mozart à Richard Strauss,
en passant par Mendelssohn, Fauré et
Tzigane de Ravel (je 28).
Une finale « Juniors » (8-14 ans), suivie d’une finale « Seniors » (de 15 à 88
ans…) de la compétition des duos bénéficiera de la participation de l’Orchestre lituanien et de celle des musiciens humoristes
Igudesman & Joo pour des animations (me
27 et ve 29).
A Monthey, au Théâtre du Crochetan,
se tiendra la soirée de gala du Festival, avec
la participation de la formation lituanienne
et des deux compères Igudesman & Joo
dans BIG Nightmare music. Les lauréats du
concours des duos joueront le Double
Concerto pour violon et piano que
Mendelssohn composa à l’âge de 14 ans. La
fin de soirée s’annonce des plus festives
avec la Music for the Royal Fireworks de
Haendel et un vrai feu d’artifice ! (sa 30)
Gidon Kremer © Kasskara
C’est à la Cathédrale de Sion que le
Chœur Novantiqua, l’orchestre lituanien,
sous la direction de Jan Dobrzelewski et
Bernard Héritier, Brigitte Fournier et
Sylviane Bourban mettront un terme au
Festival, avec un Psaume de Mendelssohn,
deux Concertos et le Gloria de Vivaldi, ainsi
que Sept Paroles de Sofia Goubaïdulina.
Une œuvre que l’on dit écrite dans un ton
incantatoire d’une grande intensité, avec les
sept dernières paroles du Christ en croix
transfigurées dans le domaine instrumental
pour violoncelle, bayan (accordéon russe) et
cordes (di 31 à 17h).
Yves Allaz
Janine Jansen, photo Decca © Harald Hoffmann
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Rens. sur : www.sion-festival.ch
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e x p o s i t i o n s
fondation van gogh
Arles retrouve des couleurs
C’est une véritable invasion d’Helvètes en terre provençale, à laquelle ont pu
assister les Arlésiens et Arlésiennes, début avril 2014, lors de l’inauguration de
la fondation Van Gogh. Un événement particulier pour cette ville, qui construit
une partie de son image sur celle de cet artiste. Il n’aura vécu à Arles que
quinze mois entre février 1888 et mai 1889. Une période féconde, au cours de
laquelle il créera plus de deux cents tableaux mais aussi novatrice, puisque sa
palette évoluera vers plus de clarté et de pureté. Triste Ironie de l’histoire pour
cette ville qui ne possède cependant aucune toile de l’artiste.
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d’Arles, la plus grande commune de France.
Mais, les Hoffmann ont aussi la chance d’être les
héritiers des laboratoires Hoffmann-La Roche, le
groupe pharmaceutique le plus cher du monde,
dont la valeur en bourse atteint plus de 250
milliards de dollars et peut se mesurer à celle des
stars d’internet. Des descendants qui ont aussi
hérité le goût des arts et l’engagement philanthropique de leurs aïeux.
Il aura fallu trois ans de travaux et 12
millions d’investissement pour réhabiliter l’ancienne banque de France et offrir mille mètres
carré de surfaces d’exposition aux dernières normes muséales. L’agence d’architecture Fluor a
tiré le meilleur parti de cet hôtel particulier datant
du XVe siècle, conservant d’une part certaines
boiseries, cheminée et parquets, sans oublier
d’apporter une touche plus contemporaine pour
certains autres espaces, en créant des puits de
lumière et offrant également deux terrasses s’ouvrant sur les toits de la cité.
Maja Hoffmann aime
les artistes contemporains et
les a invités à laisser leurs
traces sur l’architecture du
bâtiment. Le Suisse Raphaël
Hefti a créé des verres de
couleurs surplombant le hall
d’accueil et produisant des
effets kaléidoscopes, le
Français Bertrand Lavier a
imaginé le portail du musée
en empruntant au readymade de Marcel Duchamp et
à l’intérieur, l’artiste anglais
Garry Hume a choisi les couleurs des murs. C’est aussi
Maja Hoffmann, qui a choisi
la directrice –suisse - de sa
Vincent Van Gogh «La Maison jaune (‘la rue’)»
Huile sur toile, 72 x 91.5 cm. Van Gogh Museum, Amsterdam
fondation-musée,
Bice
Une association, créée en 1983 par Yolande
Clergue, l’épouse du photographe fondateur des
Rencontres de la photographie d’Arles, Lucien
Clergue, avait soutenu la mémoire du peintre, à
travers plusieurs expositions. Mais comment
faire vivre une telle association et surtout réaliser
des projets artistiques, dans une ville de 54 000
habitants avec un taux de chômage de douze pour
cent ? C’est alors qu’intervient en 2008 Luc
Hoffmann (91 ans) qui décide de transformer
l’association en fondation, de la doter d’un capital d’un million d’euros, de trouver un lieu, pour
pérenniser les actions menée en faveur de la
mémoire de Van Gogh. Il nomme sa fille Maja
présidente. Dès les années cinquante Luc
Hoffmann, écologiste avant l’heure, s’était pris
d’affection pour cette région, y créant une station
biologique sur la protection des zones humides.
Donnant au passage le goût de cette terre de
Camargue à ses enfants, qui ne sont d’ailleurs
pas peu fiers d’avoir été à l’école dans cette ville
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Curiger, qui appartient à cette élite internationale
de l’art contemporain et trouve là un terrain de
jeu à la hauteur de ses ambitions. Car, si l’argent
du mécène a permis de conclure un contrat de
cinq ans avec le musée Van Gogh d’Amsterdam,
qui prévoit de prêter des œuvres de l’artiste le
temps des trois à quatre expositions annuelles,
qu’on ne s’y trompe pas, la directrice veut aussi
privilégier la création contemporaine. Couleurs
du Nord, couleurs du Sud et Van Gogh live s’intitule cette première exposition en deux volets.
Neuf toiles de Van Gogh, dont la célèbre Maison
jaune (1888), la Terrasse de café la nuit (1888),
Nuit étoilée sur le Rhône (1888), La Chambre à
coucher (1888), Les Alyscamps (1888) composent le noyau dur mais assez conventionnel de la
présentation, auxquelles s’ajoute une vingtaine
d’autres artistes qui l’ont influencé, comme
Camille Corot, Claude Monet, Gustave Courbet,
Eugène Delacroix ou le peintre marseillais
Adolphe Monticelli. Suit un deuxième axe du
parcours réunissant neuf artistes contemporains,
dont les œuvres rendent hommage au maître de la
couleur. Œuvres sensibles et poétiques de
Bethan Huw, avec ses petits bateaux en jonc
comme l’est aussi celle du percussionniste bâlois
Fritz Hauser, qui a tracé des gros traits noirs sur
les murs des escaliers qu’il accompagne d’une
composition sonore, imitant le son de la pluie.
Bel hommage personnel à Van Gogh avec les
portraits de couples enlacés d’Elisabeth Peyton,
les installations florales de Camille Henrot ou les
dessins aux traits nerveux, saccadés, à la recherche d’une friction communicative avec la vie de
Guillaume Bruères. Quant à l’incontournable
Thomas Hirschhorn, il fait du Hirschhorn, noyant
Van Gogh dans le carton et le ruban adhésif.
Il faut espérer que la directrice fera à l’avenir une place à la collection de 200 peintures,
sculptures et photographies, réunies depuis la
création de son association par Yolande Clergue,
signées par des noms d’artistes de réputation
internationale : Hockney, Rauschenberg,
Lichtenstein, Zao-Wou-Ki, et bien d’autres, tous
ont créé une œuvre dédiée à van Gogh mais
aucune d’elles n’était intégrée dans cette première exposition. On attend 80'000 visiteurs par an
mais tout dépendra de la programmation de la
directrice. A être trop audacieuse, il y a fort à
parier que les visiteurs la bouderont. Arles est
une ville touristique et non pas la mecque de l’art
contemporain.
Régine Kopp
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rencontres de la photographie d’arles
La dernière parade
Sous l’intitulé Parade, François Hébel signe son ultime édition comme
directeur des Rencontres de la photographie d’Arles. Ce, avant que ne
lui succède l’homme qui préside aux destinées du Musée de l’Elysée,
le Français Sam Stourdzé, dont l’hommage au cinéaste italien le plus
célèbre de tous les temps intitulé Fellini, la grande parade fut présenté
au Musée lausannois en 2011.
Convergence de transition ou lien ontologique avec l’essence de la photographie, nombre
de travaux exposés ont trait à une clinique du
deuil, à la perte et à des lieux de mémoires
aujourd’hui oubliés, les 40'000 monuments aux
morts français, réminiscences en forme de devoir
d’histoire plus que de mémoire scénarisant l’une
des plus grandes boucheries de l’Histoire du XXe
siècle et ses 1 350 000 trépassés.
Métamorphoses de la presse
Présentée dans le cadre du Prix Découvertes
et signée Will Steacy, Deadline (2009-2013) suit
les mutations au sein de la rédaction du quotidien
Philadelphia Inquirer. Cette série explore le
déclin au Etats-Unis, semble-t-il irrémédiable, de
certaines expressions du journalisme papier liées
notamment à l’investigation. Steacy pose le
constat que seule de nos jours semble privilégiée
une voie dédiée au tout à l’information sans réel
éclairage critique ni mise en perspective.
« Lorsque nous perdons des journalistes, des éditeurs…, nous perdons la couverture, de l'information, une connexion à nos villes et notre société. Et, à la fin, nous nous perdons, relève le
photographe. Sans l'investissement humain
nécessaire à fournir un contenu à des nouvelles,
cette évolution devient un jeu à somme nulle sur
l'autoroute de l'information ne menant nulle part.
Les fibres du papier et les clics de la souris sont
sans valeur à moins que les mots inscrits, revêtent, eux, une valeur. Le journal est beaucoup
plus qu'une entreprise, c'est une confiance
civique. » Depuis 2000, l’industrie des médias
imprimés a été délestée de 30 % de sa force de
travail. Une tendance que le rachat de grands titres comme le Washington Post, le 5 août 2013,
par le controversé géant de la vente en ligne,
Amazon, ne peut qu’accentuer. « Pour Steacy, le
problème de la presse écrite qui meurt progressivement par manque d’annonces notamment est
un phénomène touchant l’ensemble de la société,
tant le journal est vu comme lien social.
a
c
t
u
Raymond Depardon. Série Présence d'une génération perdue
Beaucoup de bureaux vides donc, dans une forme
de disparition annoncée », souligne Hélène JoyeCagnard, directrice des Journées Photographiques de Bienne qui a présenté le travail de
l’Américain.
Aux morts anonymes
Le philosophe allemand Walter Benjamin
confie : « Honorer la mémoire des anonymes est
une tache plus ardue qu’honorer celle des gens
célèbres. L’idée de construction historique se
consacre à cette mémoire des anonymes. »
Outre une exposition recensant les monuments
aux morts au sein des 36 0000 communes françaises, comment faire pour réapprendre à regarder ce qui est, mais n’est plus vu, reconnu ou
perçu ? Depuis un demi-siècle, Raymond
Depardon, qui fut Directeur artistique des
Rencontres en 2006, se concentre sur les temps
faibles face à la tyrannie de l’instant décisif,
tout en évoluant dans une incertitude sans cesse
reconduite. Avec Présence d’une génération
perdue, l’homme d’images au temps long vise
modestement à réintégrer le monument aux
morts dans notre champ visuel, à permettre une
relecture d’un langage qui semble d’un autre
temps. Mais qui interroge notre humanité,
l’examen de la mémoire nationale à travers le
culte barrésien de la terre et des morts, dont la
mortifère et militariste Marseillaise est la clef
de voute. Un langage qui vise aussi à la non
répétition de pareilles horreurs à travers certains
de ces petits cimetières, cicatrices de l’inoubliable aujourd’hui largement effacées, délivrant
parfois un message pacifiste.
Quel est le sens d’une formule comme « A nos
héros morts pour la France », présente sur les
monuments aux morts de la Grande Guerre ?
Ces lieux de mémoire ne témoignent-ils pas de
la persistance d’une société patriarcale ne
concevant souvent le sacrifice que décliné au
masculin ? Les manifestations réprimées qui
marquèrent la naissance du MLF à la fin des
a
l
i
t
années 60 pour un lieu mémoriel dédié à la
femme du soldat inconnu aux côtés de la tombe
du Soldat inconnu installée sous l’arc de
Triomphe le 11 novembre 1920 sont-elles effacées de l’histoire ? Les monuments aux morts
de la Grande Guerre constituent aujourd’hui un
élément banal dans le paysage urbain de la
France. L’éloignement chronologique de la
Guerre, la disparition des derniers « poilus »
expliquent sans doute la banalisation de ces
monuments tombés dans l’indifférence. La faible originalité de la plupart de ces lieux mémoriels que l’on dirait conçus dans un moule générique avec quelques variantes, éclaire sans
doute le fait que le langage symbolique utilisé
par leurs auteurs ne soient plus perçu. Ces
monuments seraient devenus a-historiques.
Nous ne voyons plus le monument en tant que
tel. Sa fonction et le message transmis semblent
portés disparus dans une écriture de pierre devenue étrangère, hors les éphémères célébrations
accompagnant l’ensevelissement de soldats
français morts en Afrique aujourd’hui, hier en
Afghanistan ou en Irak.
Pionnier de la photographie en couleur au
moyen d’une technique nommée autochrome,
qui produit des images positives sur plaques de
verres, Léon Grimpel (1873-1948) n’a pas réalisé une série convenue sur les enfants soldats. En
1915, sous la Première Guerre Mondiale, il fait
des photos de bambins qui avaient formés leur
propre « armée » dans la rue Greneta à Paris et
s’amusaient à jouer à la guerre contre les
Allemands. Ces bamboches donnent ainsi dans
la mimographie ou la pantomime à l’ère de la
reproduction. Ils représentent autant la mort au
détour de scènes d’exécutions de l’ « ennemi »
silhouetté sur un mur que le sacrifice en postures et poses héroïques.
Bertrand Tappolet
Rencontres de la photographie, Arles, du 7 juillet au 21
septembre. Rens. : www.rencontres-arles.com
Catalogue aux Editions Actes Sud.
é
71
expositions
en
FRANCE Caen
Aix
manufacture. Jusqu’au 24 août.
Musée des Beaux-Arts : «En
trois temps» - 3 artistes (Mitchell,
Capet, Tournières), 3 siècles (les
XVIIIe, XIXe et XXe). Jusqu’au 21
septembre.
Musée Granet : Chefs-d’œuvre
de la collection Pearlman. Cézanne
et la modernité. Du 12 juillet au 5
octobre.
Cassel
Ajaccio
Musée départemental
Palais Fesch - Musée des
Beaux-Arts : La peinture en
Lombardie au XVIIe siècle. Le culte du
morbide et l’idéal de beauté. Jusqu’au
29 septembre.
Arles
Divers lieux : Les Rencontres
d’Arles. Du 7 juillet au 21 septembre
Avignon
Musée Louis Vouland : Rêves
d’un collectionneur, Tableaux et
Faïences. Jusqu’au 26 octobre.
Musée du Petit Palais : Acquérir,
restaurer, attribuer : La Visitation.
Jusqu’au 2 novembre.
Prison Saint-Anne : La disparition des lucioles. Jusqu’au 25
novembre.
72
de
Flandres : Dans le sillage de Rubens,
Erasme Quellin. Jusqu’au 16 sept.
Baux-de-Provence
Carrières de lumières : Klimt et
Vienne. Un siècle d’or et de couleurs. Jusqu’au 4 janvier 2015
Beauvais
Galerie nationale
de la
Tapisserie : 350 ans. Portrait d’une
Céret
Musée d’art moderne : Le pein
france
Le
Havre
Nantes
Musée d’Art moderne André
Musée des Beaux-Arts : Fernand
Malraux : Nicolas de Staël.
Lumières du Nord - Lumières du
Sud. Jusqu’au 9 novembre.
Léger 1924-1945 - Reconstruire le réel.
Jusqu’au 22 septembre.
Ornans
Lens
Musée Courbet : Cet obscur
Le Louvre : Les désastres de la objet de désirs. Autour de L’Origine
guerre, 1800-2014. Jusqu’au 6 oct.
du Monde. Jusqu’au 1er sept.
L’Isle-Adam
Thonon
Musée d’art et d’histoire Louis
Musée du Chablais (Châ̂teau
Senlecq : Adolphe Willette (18571926), rétrospective. Jusqu’au 28 septembre.
de Sonnaz) Le Léman en question.
Jusqu’au 9 novembre.
Toulon
Hôtel des Arts : Stéphane
tre et l’arène. Art et tauromachie,
de Goya à Barceló. Jusqu’au 12
octobre.
Lyon
Musée des
Valence
Marseille
Musée de Valence : De
MuCEM : Splendeurs de Volubilis Gainsborough à Turner : l'âge d'or du
Colmar
Musée Bartholdi : Exquises
esquisses (dessins de Bartholdi).
Jusqu’au 31 décembre.
Evian
Maison Garibaldi : « Evian et le
drame de la Grande Guerre »,
500’000 civils rapatriés. Jusqu’au
16 novembre
Palais Lumière : Chagall, l’œuvre
imprimé. Jusqu’au 2 novembre.
Giverny
Musée des impressionnismes :
Bruxelles, une capitale impressionniste. Du 11 juillet au 2 novembre
beaux-arts :
L'Invention du Passé - Histoires de
cœur et d’épée en Europe. 18021850. Jusqu’au 21 juillet.
Couturier "Climats de France,
Fernand Pouillon, Alger", photographies. Du 12 juillet au 28 septembre.
- Bronzes antiques du Maroc et de
Méditerranée. Jusqu’au 25 août.
Des artistes dans la cité. Jusqu’au 8
septembre. Le Monde à l’envers Carnavals et mascarades d’Europe
et de Méditerranée. Jusqu’au 25
août.
Metz
Centre Pompidou-Metz : Hans
Richter. La traversée du siècle.
Jusqu’au 24 février 2015
paysage. Du 28 juin au 28 septembre.
Wingen
Musée Lalique : Le monde aqua
tique de Lalique. Jusqu’au 11 nov.
Yerres
Propriété Caillebotte
:
Caillebotte à Yerres, au temps de l’impressionnisme. Jusqu’au 30 juillet.
Musée Bonnard, Le Cannet
Les Belles endormies
L’exposition d’été du musée Bonnard est consacrée au rêve,
au sommeil et surtout aux belles endormies sur les tableaux des
artistes modernes tels que Bonnard, Vuillard, Vallotton, Matisse,
Picasso, Brancusi, Manguin, Van Dongen et tant d'autres.
Le rêve est un sujet de réflexion pour les artistes depuis
l'antiquité. Cette « magique suspension du temps » telle que la
décrite l'historienne de l'art Isabelle Monod-Fontaine est devenue au fil des siècles un sujet pictural et littéraire qui a tant fasciné qu'il a donné naissance à d'innombrables variations du
modèle endormi, allégorie de l'abandon.
Il s'agit de montrer à travers une cinquantaine d'œuvres
majeures le parcours de ce sujet de la fin du XIXe siècle en passant par les symbolistes et les nabis jusqu'aux années 1950. De
l'aspect poétique et secret du rêve à sa dimension érotique, les
artistes ont su livrer leur part intérieure de ce sujet devenu un
standard de la peinture comme de la sculpture.
A voir du 6 juillet au 2 novembre 2014
Auguste Renoir, «Odalisque dormant» ou «Odalisque aux babouches»
vers 1915-1917, huile sur toile, 50x53 cm
© RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
a
g
e
n
d
a
expositions
en
europe
Courtauld Gallery, Londres
De Brueghel à Freud : les gravures du Courtauld Institute
Cette exposition spéciale a pour but d’introduire le visiteur dans la partie la plus grande mais la moins connue de la collection de la Galerie,
sa sélection d’estampes. Il est important de souligner que la Courtlaud Gallery possède l’une des plus importantes collections de travaux sur
papier de Grande-Bretagne, soit environ 7000 dessins et aquarelles, et 20’000 estampes allant de la Renaissance au XXe siècle.
Pieter Brueghel l’Ancien (1525-1569) «La chasse au lapin», 1560
gravure, 22.2 x 29.1 cm. The Courtauld Gallery, London
L’exposition présente une trentaine d’exemples particulièrement
remarquables et intrigants, qui couvre plus de 500 ans et englobe une
grande variété de techniques de gravure. Parmi les œuvres exposées figurent des travaux de Mantegna, Bruegel, Canaletto, Picasso, Matisse et
Freud. Elle s’ouvre sur une gravure d’Andrea Mantegna intitulée «La
Flagellation du Christ» (vers 1465-70) dans laquelle l’artiste de la
Renaissance réinvente de manière grandiose cette scène de la Passion.
Par contraste, le grand format d'une gravure en dix parties, réalisée par
le graveur français Nicolas Béatrizet d’après le célèbre «Jugement dernier» de Michelangelo, donne un exemple de la capacité d'une gravure à
reproduire de façon spectaculaire une œuvre d'art monumentale.
Les sujets dominants des XVe et XVIe siècles sont bien évidemment
liés à l’iconographie religieuse, mais dès le début ils ont été complétés
par des sujets laïcs. Un superbe exemple est l’œuvre de Pieter Brueghel
l’Ancien intitulée «La chasse au lapin» (1560), la seule que l’artiste ait
exécutée lui-même ; pour cette pièce, Bruehel a choisi la technique de la
gravure : sa relative liberté est comparable au dessin, permettant à l’artiste de rendre la scène avec un naturalisme remarquable.
L’exposition de la galerie Courtauld offre de nombreux exemples remarquables attestant du talent exprimé par les artistes et de la qualité
de leur travail. Le visiteur a ainsi la possibilité de découvrir des impressions uniques, dont la date est certifiée, d’artistes du XVIe s. tels que
Jacques Bellange et Johannes Stradanus.
A voir jusqu’au 21 septembre 2014
AILLEURS
Barcelone
Museu Nacional d’Art
de
Catalunya : Josep Tapiró, peintre
de Tanger. Jusqu’au 14 sept. Le
peintre Antoni Viladomat i Manalt
(1678-1755). Jusqu’au 31 déc.
Berlin
Bode-Museum (Am Kupfergraben)
Andreas Schlüter et le Berlin
baroque. Jusqu’au 13 juillet
Bilbao
Musée Guggenheim : Georges
Braque. Jusqu’au 21 septembre.
Bruxelles
Palais des Beaux-Arts : Michaël
Borremans. Jusqu’au 3 août
Florence
CCC Strozzina : Contexte familial.
Portaits et expériences de familles
d’aujourd'hui. Jusqu’au 20 juillet
Musée du Bargello : Baccio
Bandinelli (1493-1560). Jusqu’au 13
juillet.
Palazzo Strozzi : Pontormo et
Rosso. Des chemins divergents du
Maniérisme. Jusqu’au 20 juillet.
a
g
Francfort
Städelmuseum : Hendrick
Goltzius et son cercle. Gravures
maniéristes du Stadelmuseum.
Jusqu’au 14 septembre.
Munich
Kunsthalle der Hypo-Kulturstif-
papiers découpés. Jusqu’au 7 sept.
Victoria & Albert Museum : Le
Glamour de la mode italienne, 19452014 & M. F. Husain - peinture
indienne moderne. Jusqu’au 27 juill.
Turin
La Veneria Reale : Splendeurs des
Madrid
Venise
Musée du Prado : El Greco et la
Ca’ Foscari Esposizioni : Mikhail
tung : Rembrandt, Titien, Bellotto
- coll. Gemäldegalerie de Dresde.
Du 22 août au 23 nov.
peinture moderne. Jusqu’au 5 oct.
Musée Thyssen-Bornemisza :
Peintures victoriennes de la collection
Pérez-Simón. Jusqu’au 5 oct.
Mayence
Londres
Landesmuseum : Max Slevogt. En
British Museum : L’Allemagne divisée - Baselitz et sa génération.
Jusqu’au 31 août. Huit momies, huit
vies, huit histoires. Jusqu’au 30 nov.
Courtauld Gallery : De Brueghel
à Freud - les gravures du Courtauld
Institute. Jusqu’au 21 septembre.
National Gallery : Construire
l’image - l’architecture dans la peinture de la Renaissance italienne.
Jusqu’au 21 septembre. Couleur.
Jusqu’au 7 septembre.
Sir John Soane’s Museum :
«Amusements and Luxurious
Gratification». Les Britanniques à
Paris en 1814. Jusqu’au 13 sept.
Tate Britain : Kenneth Clark.
Jusqu’au 10 août.
Tate Modern : Malevich. Du 16
juillet au 26 oct. Henri Matisse - les
e
n
cours italiennes - les Este. Jusqu’au
6 juillet.
route vers l’Impressionnisme. Jusqu’au
12 octobre.
Reggio
Emilia
Palazzo Magnani : Un siècle de
grande photographie - les chefsd’œuvre Fotografis, Bank Austria.
Jusqu’au 13 juillet
Rome
Musei Capitolini : Michel-Ange
artiste universel. Jusqu’au 14 sept.
Museo Fondazione Roma :
Hogarth, Reynolds, Turner. La peinture anglaise à l’aube de la modernité. Jusqu’au 20 juillet
Scuderie del Quirinal : Frida
Kahlo. Jusqu’au 13 juillet.
d
a
Roginsky - Derrière la porte rouge.
Jusqu’au 28 septembre.
Fondation Querini Stampalia :
Sur les traces de l’architecte et
designer Carlo Scarpa Jusqu‘au
29 septembre.
Palazzo Fortuny : Les amazones de
la photographie. De la collection de
Mario Trevisan. Jusqu’au 14 juillet.
Palazzo Grassi : Irving Penn &
L’illusion des lumières. Jusqu’au 31
décembre.
Peggy Guggenheim Collection:
Seulement pour vos yeux. Une collection privée, du maniérisme au surréalisme. Jusqu’au 31 août
Vienne
Albertina Museum (Albertinapl.)
Alex Katz, œuvres coll. Albertina.
Jusqu’au 14 sept. «Blow-Up». Le
grand classique de la photographie. Jusqu’au 24 août.
Osterr. Galerie Belvedere : L’Âge
d’argent. L’art russe à Vienne
autour de 1900. Jusqu’au 28 sept.
73
expositions
Genève
Blancpain Art Contemporain
74
(Maraîchers 63) Joachim Koester.
Jusqu’au 17 août.
Blondeau & Cie (Muse 5) Martin
Szekely. Jusqu’au 25 juillet.
Cabinet d’Arts graphiques (Promenade du Pin 5) Satires ! Caricatures
genevoises et anglaises du XVIIIe siècle. Jusqu’au 31 août
Centre d'Art Contemporain
(Vieux-Grenadiers 10) Joachim
Koester. Jusqu’au 17 août.
Centre de la Photographie (Bains
28) Against the grain - La photographie à contre-courant. Jusqu’au
3 août.
Espace Jörg Brockmann (Noirettes
32) Nicolas Guiraud. Jusqu’au 29
août.
Espace L (rte des Jeunes 43)
Pointillisme brésilien - Edgard
Soares. Jusqu’au 15 juillet.
Ferme de la Chapelle, GrandLancy (39, rte de la Chapelle)
"Raconte-moi...", parcours photographique à Lancy et Plan-lesOuates sur les panneaux SGA. Du
3 juillet au 17 août.
Fondation Baur (Munier-Romilly
8) Textiles bouddhiques japonais.
Jusqu’au 10 août.
en
Fondation Bodmer (Cologny)
Alexandrie la Divine. Jusqu’au 31
août.
Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Après-Guerre - couleurs
et expressions. Jusqu’au 25 juillet
Galerie Bernard Ceysson (7,
Vieux-Billard) Wallace Whitney.
Jusqu’au 26 juillet
Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Charles Weber. Jusqu’au
12 juillet.
Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Franklin Chow. Jusqu’au 5 juillet.
Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Jean Crotti. Jusqu’au 5 juillet.
Interart (33, Grand-Rue) Óscar
Domínguez. Jusqu’au 4 juillet.
Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle Des Histoires sans fin,
séquence été 2014. Jusqu’au 21
septembre.
Musée Ariana (Av. Paix 10) Terres
d’Islam - L’Ariana sort de ses réverves II. Jusqu’au 31 août. Création
contemporaine et mécenat, une
alliance durable. Jusqu’au 16 nov.
Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Rodin. L’accident et l’aléatoire. Jusqu’au 28 sept.
Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin
10) Nudités insolites. Jusqu’au 30
novembre.
suisse
Musée de Carouge (pl. Sardaigne)
Plaisirs de bouche - ballade gastronomique et historique. Jusqu’au 14
septembre.
Musée Rath (pl. Neuve)
Humaniser la guerre ? CICR - 150
ans d'action humanitaire. Jusqu’au
20 juillet.
Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Pablo Reinoso. Jusqu’au 31
juillet.
Lausanne
Collection de l’Art brut (Bergières
11) L’Art brut dans le monde.
Jusqu’au 2 novembre. Démons et
merveilles : Josep Baqué. Du 6 juillet
au 26 octobre.
Fondation de l’Hermitage (2, rte
Signal) Peindre l’Amérique - Les
artistes du Nouveau Monde (18301900). Jusqu’au 26 octobre.
Forma (r. Genève 21) Florence
Aellen. Jusqu’au 19 juillet.
Galerie Alice Pauli (Port-Franc 9)
Giuseppe Penone, sculptures et
dessins. Jusqu’au 19 juillet.
Mudac (pl. Cathédrale 6) Le verre
vivant. Acquisitions récentes de la
collection d'art verrier. Jusqu’au 16
novembre.
Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Magie du paysage russe.
Chefs-d’œuvre de la Galerie nationale Trétiakov, Moscou. Jusqu’au 5
octobre
Musée de l’Elysée (Elysée 18) Luc
Chessex, “Castro, Coca, Che,
Cherchez la femme“ & Matthieu
Gafsou, “Only God can Judge
Me“. Jusqu’au 24 août
Musée de la main (r. Bugnon 21)
Anatomies. De Vésale au virtuel.
Jusqu’au 17 août.
Musée de Pully : Francine
Simonin. Jusqu’au 17 août.
Vidy (plein air) Expo 64, le printemps de l'architecture suisse.
Jusqu’au 29 juillet.
Fribourg
Espace Jean Tinguely-Niki de
Saint Phalle : Corps en jeu / la collection du MAHF. Jusqu’au 24 août.
Musée d’art et d’histoire : «Le
pinceau, le taureau, la femme»,
Picasso graveur. Jusqu’au 17 août.
Lens
/ Crans
Fondation Pierre Arnaud
:
Surréalisme et Arts primitifs - un air
de famille. Jusqu’au 5 octobre.
Martigny
Fondation Pierre Gianadda :
Revoir Renoir. Jusqu’au 30 nov.
Fondation Baur, Genève
Textiles bouddhiques japonais
Pour célébrer le trentième anniversaire de l’ouverture de son musée, la
Fondation Baur a choisi de “mettre en scène“ la collection de textiles bouddhiques
japonais acquise par Alfred Baur (1865-1951) en 1927.
Les visiteurs ont ainsi la possibilité de découvrir cent vingt et une nappes d’autel (ou “uchishiki“), datant pour la plupart des XVIIIe et XIXe siècles, des tissus de
petites dimensions et de format carré destinés à recouvrir les tables latérales placées
devant l’autel principal d’une salle de temple.
Toutes ces pièces témoignent de l’extraordinaire habileté des tisserands de
Kyôto à l’époque d’Edo (1603-1868). La collection d’Alfred Baur est constituée
essentiellement de tissus façonnés en soie, classifiés au Japon sous les noms de “nishiki“ et de “kinran“ (souvent traduits par « brocart »). Avec leur riche décor polychrome, rehaussé de fils d’or ou d’argent, elles représentent les formes de tissage les
plus complexes et les plus somptueuses de l’époque.
Médaillons de phénix, tigres et dragons.
Soie, lampas, base sergé avec lamelles de papier doré́.
66 x 65.5 cm, Fin époque d’Edo, XIXe siècle
© Fondation Baur, musée des Arts d’Extrême-Orient, Genève
a
A noter encore que les textiles présentés sont majoritairement ornés de motifs
issus du répertoire traditionnel sino-japonais : dragon et phénix, souvent accompagnés de motifs de bon augure et de symboles de bonheur connus collectivement sous
le nom de “takara-zukushi“. Le phénix est en outre souvent combiné à un arbre particulier, le paulownia (“kiri“) car, selon une ancienne croyance chinoise, cette plante serait la seule sur laquelle l’oiseau fabuleux viendrait se poser. Les fleurs occupent elles aussi une place importante dans l’ornementation des textiles, notamment
les fleurs symboliques des quatre saisons : la pivoine (printemps), le lotus (été), le
chrysanthème (automne) et le prunus (hiver).
A voir jusqu’au 10 août 2014
g
e
n
d
a
expositions
en
suisse
Centre Paul Klee, Berne
Taking a Line for a Walk
La manière dont Paul Klee imprimait du mouvement à des points ou
«emmenait les lignes en promenade» et créait ainsi des signes d’écriture ou
des signes symboliques très particuliers est le point de départ de cette exposition. Le but de celle-ci est de construire un pont vers les artistes contemporains
avec des œuvres de nombreux représentants des courants américains et européens, des pionniers de l’expressionnisme abstrait.
Les spectateurs pourront ainsi admirer des chefs-d’œuvre de Cy Twombly
ou Brice Marden, mais aussi des travaux inédits comme les séries de dessins
provenant des fonds Henri Michaux, qui montrent l’écriture en action dans l’image et ses particularités abstraites, mais aussi le processus de conduite de la
ligne, entre contrôle et spontanéité.
L’exposition se concentre sur l’importance de l’écriture – et les signes qui
s’y apparentent – dans la création artistique. À partir de l’intérêt de Paul Klee
pour le graphisme et la calligraphie, ce sont les propriétés de l’écriture qui
sont examinées ici. Pour que l’écrit puisse être décrypté, l’écriture obéit à un
certain code; elle est en même temps l’expression d’une sensibilité individuelle. Le graphisme réunit donc un concept et un geste spontané. Aussi sert-il souvent de modèle au processus artistique. Les artistes choisis pour cette exposition n’utilisent pas seulement l’écriture comme élément picturale; ils développent leur œuvre entre ces deux pôles que sont le concept et la spontanéité.
Parlant de leur création, ils soulignent à maintes reprises l’importance du processus et du mouvement.
Mark Tobey (1890 - 1976) «The Promenaders (Written in the Air)», 1945
Détrempe sur carton, 49,5 x 34,3 cm.
Collection privée, Allemagne du Sud
Fondation Louis Moret (Barrières
33) Valentin Carron - Triennale
2014. Jusqu’au 24 août.
Le Manoir de la Ville : Fabrice
Gygi - Triennale 2014. Jusqu’au 31
août.
Neuchâtel
Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut
74) Le labyrinthe poétique d'Armand
Schulthess. Jusqu’au 3 août.
Musée d'art et d'histoire (espl.
Léopold-Robert 1) Argent - Jeux Enjeux. Jusqu’au 31 août.
Prangins
Musée national suisse : «Papiers
découpés. Scherenschnitte. Silhouette. Paper cuts». Jusqu’au 28 sept.
Vevey
Musée Jenisch : Markus Raetz.
Jusqu’au 5 octobre
Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Bernard
Dubuis, Tant et temps de passages. Jusqu’au 30 août.
A voir jusqu’au 17 août 2014
né vers l'Ouest. Du 4 juillet au 2
novembre.
Fondation Beyeler (Riehen)
Gerhard Richter. Jusqu’au 7 sept.
Kunstmuseum (St. Alban-Graben
16) Charles Ray. Sculptures 19972014. Jusqu’au 28 septembre. Le
monde de Paul-Martial : les choses
ordinaires. Nouvelles acquisitions
photos coll. Herzog. Du 5 juillet au
19 octobre.
Musée des Cultures (Münsterpl.
20) La malle aux perroquets. Art
populaire d'Amérique latine.
Jusqu’au 20 juillet.
Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) Le
Corbeau et le Renard. Révolte de la
langue avec Marcel Broodthaers.
Jusqu’au 17 août. Charles Ray.
Sculptures 1997-2014. Jusqu’au 28
septembre.
Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Krištof Kintera - “I am not
you“. Jusqu’au 29 sept.
Schaulager (Ruchfeldstr. 19,
Münchenstein) Paul Chan - Selected
Works. Jusqu’au 19 octobre.
OUTRE SARINE Berne
Bâle
Cartoon Museum (St. Alban
Vorstadt 28) Going West. Le
regard de la bande dessinée tour-
a
g
Bienne
CentrePasqu’Art (fbg Lac 71-75)
Andreas Eriksson. Du 6 juillet au 17
août
PhotoforumPasqu’Art : Haus am
Gern – Know The Knoll. Du 6 juillet
au 17 août
n
Surfaces. Nouvelle photographie
de la Suisse. Jusqu’au 24 août.
Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) 1914/18 - Images de la
frontière. Jusqu’au 12 octobre.
Kunstmuseum (Museumstr. 52)
Gerhard Richter - Travaux sur
papier. Jusqu’au 27 juillet.
Museum Oskar Reinhart
(Stadthausstr. 6) Johann et
Friedrich Aberli, médailleurs de
Winterthour. Jusqu’au 30 nov.
Rancate
Pinacothèque Giovanni Züst : Zurich
Beauté fragile
- céramique d’art italienne. Jusqu’au 17 août.
Riggisberg
Abegg-Stiftung : Les tissus du
Moyen Âge dans le culte des
reliques. Jusqu’au 9 novembre.
Warth
Kunstmuseum Thurgau : Joseph
Kosuth. L’existence et le monde.
Jusqu’au 24 août.
Weil
/ Rhein
Vitra Design Museum : Konstantin
Centre Paul Klee (Monument im
Fruchtland 3) «Taking a Line for a
Walk». Jusqu’au 17 août
Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
8-12) Bill Viola - Passions. Jusqu’au
e
20 juillet. Anker, Hodler, Vallotton...
Chefs-d’œuvre de la Fondation pour
l’art, la culture. Jusqu’au 24 août.
Grcic - Panorama. Jusqu’au 14 sept.
Alvaro Siza - The Alhambra Project.
Jusqu’au 31 août
Winterthur
Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
d
a
Haus Konstruktiv : Delphine
Chapuis-Schmitz. Jusqu’au 7 sept.
Kunsthalle : Haim Steinbach.
Jusqu’au 17 août.
Kunsthaus (Heimpl.1) Cindy
Shermann. Jusqu’au 14 sept. Les
Torches de Prométhée. Jusqu’au
12 octobre.
Landesmuseum : 1900-1914. Expédition Bonheur. Jusqu’au 13 juillet.
Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) Weingart
Typography. Jusqu’au 28 sept.
Museum Rietberg (Gablerstr.
15) L’univers du Maître Zen Sengai
(1750-1837). Jusqu’au 10 août.
Cargo ! - L’art contemporain suisse
au Musée Rietberg. Du 12 juillet au
9 novembre.
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exposition
bex
Les possibilités
d’îles artistiques
La triennale de sculptures en plein air Bex & Arts est
toujours une belle promenade dans un site jardinier ceint
d’un imposant cirque montagneux.
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Sous la thématique problématique, non discutée et guère explicitée
d’ « Emergences », la présente édition apparait un brin lacunaire dans un
dialogue critique à mener avec notre contemporain et entre les œuvres.
Des pièces ou installations parfois convenues, tel cet entrepôt de feuilles
de tabac qui sèchent, clin d’œil à la culture vernaculaire du produit au 19e
siècle. Pour certaines, elles n’ouvrent guère sur un vertige sensoriel et une
déstabilisation perceptive du site et l’on pourrait aisément les voir transposées en d’autres lieux. Les travaux dus à Beat Lippert et Alexandre Joly,
plasticiens déjà sollicités pour la précédente édition, constituent néanmoins d’heureuses propositions « insulaires » confirmant la qualité de
leurs interventions in situ en 2011. Soit le cimetière de la propriétaire des
lieux, Lady Louise Hope, reproduit en résine à l’échelle et interrogeant
rituels et habitudes funéraires pour Lippert. Et une cacahuète géante dorée
pris dans une gangue de givre ou de poussière pierreuse et voit ses flancs
colonisés par de petits conifères factices. Il est cerné d’offrandes, créant
de facto un champ de profondeur chromatique aux couleurs pop et flashy,
au fil d’une vision sous psychotropes.
Cette forme de paysage transvasé d’une culture à l’autre et jouant des
coutures et raccords entre paysages d’ici et d’ailleurs à l’ère de la mondialisation est aussi une déclinaison d’un monde miniature imaginaire. Ce
dernier mêle le pastiche, la copie, l’artificiel et le factice, marquant à leur
tour l’environnement dans lequel vient s’inscrire ce microsite sacralisé et
cultuel, modifiant notre rapport au monde et à la géographie, au temps et
à l’histoire, aux notions d’original et de copie, d’art et de non art. « Le travail préparatoire d’installation s’est réalisé à l’image d’une maison de
poupées ou à la manière d’un jeu enfantin avançant dans la mise en place
des offrandes, fruits et fleurs. Je me suis amusé à construire l’asymétrie
grâce aux pyramides de fruits artificiels. Mais aussi par les petits objets
d’ornementation tels que les losanges en miroir ou les vaches en plastique
peintes façon modèle réduit », explique l’artiste.
Monolithes aux formes douces
A l’image de Ma première et dernière pièce exposée à Bex, le travail
de Beat Lippert est tissé de réactivations de l’antique ou de formes primitives, tel ce binôme de faux monolithes de 250 cm de hauteur semblant
inachevés et fichés face à la Dent de Morcles. Ces monuments protohistoriques peuvent évoquent des vaisseaux dérivant sur la terre, en se remémorant que, pour les civilisations antiques, la mort n’était que passage, et l’ensevelissement au tombeau, le premier acte d’un long périple. « Ma réalisation reprend une des plus anciennes architectures, ainsi qu’une stratégie qui est utilisée en muséologie à des fins de conservation : la duplication. L’objet est mis question dans son existence même par sa duplication, le projetant dans temps contemporain », détaille le jeune
homme. Il ajoute : « La culture mégalithique est l’un des socles fondateurs tant de la sculpture que de l’architecture. La thématique de l’émergence est suffisamment floue pour que cette réalisation puisse s’y
rattacher. Le fait que j’ai moi-même peint ces fausses pierres permet un
redéploiement vers le vrai menhir au caractère souvent lisse, témoignage de l’usure temporelle. »
Ere des concepts
Claudia Comte «HAHAHA» 2014
chez Joly, qui insuffle au site une narration singulière, comme un parc à
thèmes reflétant l’histoire du colonialisme et de ses produits dérivés dont
la cacahuète.
A en croire l’un des textes génériques du catalogue, chaque
œuvre cristalliserait l’émergence d’une « île » poétique et artistique.
L’écrit est sous-tendu par des théories philosophiques passe-partout
remixées pour l’occasion : rhizome deleuzien, bulles et sphères chez
Sloterdijk, hétérotopie foucaldienne. Issue de « ce terreau mental
magmatique et mycélique, ou encore prolifératoire », l’œuvre d’art
émergerait par sa tonalité imaginaire et poétique, au cœur d’un
« laboratoire infini de possibilités », en se plaçant notamment dans le
sillage de Gaston Bachelard et sa Poétique de l’Espace. Cela, on pourrait
le dire, plus simplement, de nombreuses pièces présentées au sein d’expositions collectives.
Temple importé et réinterprété
Bertrand Tappolet
Au sein de la cabane du chasseur du Parc Szilassy, Alexandre Joly a
installé aujourd’hui une vache couchée sur le flanc et taxidermisée,
comme au cœur d’un lieu cultuel indien. Symbole maternel, la vache est
sacrée en Inde, et encore plus au Rajasthan, où Krishna, dieu populaire, est
son protecteur, d’où le respect qui l’entoure. Sauf que l’animal est comme
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Bex & Arts. Parc de Szilassy, Bex, jusqu’au 5 octobre.
Rens.: www.bexarts.ch
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SAISON
2014-15
UNE PLUIE
D’ÉTOILES
BILLETTERIE
WWW.OPERA-LAUSANNE.CH
T 021 315 40 20
SUIVEZ-NOUS SUR
exposition
Marie-Antoinette Gorret ; à Sion La Ferme-Asile présente une installation
du Collectif-fact sur la Place Maurice Zermatten ; à Brig la Kunstverien
Oberwallis présente au Stockalperschloss une installation de Daniel Bräg.
On conseille vivement aux intéressés de consulter le site de la manifestation pour en découvrir toutes les facettes et, pourquoi pas, les associer à
une belle course en plaine ou en altitude.
en valais
L’Art au cœur
des Alpes
Valaisannes
Triennale 2014 Valais, jusqu’au 31 août 2014 / www.triennale2014.ch
Au Centre d’art de Lens,
Surréalisme et Arts primitifs
Cet été les arts sont à l’honneur en Valais. Une série de
manifestations démarre à la mi-juin ; de Monthey à Brig, en
passant par Sierre, Lens, Sion, le Val de Bagne, Fully ou
Saxon, la mobilisation est générale, révélant l’intérêt
croissant des organisateurs culturels et du public pour l’art
Triennale d’art contemporain
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La troisième triennale d’art contemporain du valais se déroule du 14
juin au 31 août. Elle constitue, depuis sa création en 2007 par l’association
Label’Art, un événement phare dont le but est de promouvoir l’art
contemporain en Valais. Le projet se compose de deux volets, le premier
repose sur un format d’exposition associant quatre sites d’exception et
quatre curateurs extérieurs réputés qui proposent des interventions artistiques d’envergure nationale et internationale : Raffael Dörig, directeur
du Kunsthaus Langenthal, est le curateur de la Belle Usine de Fully ;
Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser, co-directeurs du Centre culturel suisse à Paris, investissent le Barrage de Mauvoisin et le Musée de Bagnes;
Heinrich Gartentor, président de Visarte Suisse et artiste, a carte blanche
pour le site de Tourtemagne (aérodrome et village) ; Helen Hirsch, directrice du Musée des beaux-arts de Thoune, prend en charge l’ancien
Pénitencier de Sion.
Pour le second volet,
une quinzaine de lieux et
d’espaces partenaires situés
à travers le canton offre
expositions, débats, performances ou projections.
Parmi eux signalons notamment : Olivier Estopey à la
Galerie du Crochetan à
Monthey; à la Fondation
Louis Moret de Martigny se
tient une exposition consacrée à Valentin Carron ; toujours à Martigny, au Manoir
de la Ville, sont exposés des
travaux de Fabrice Gygi,
Anaïs Defago, Marine Julié,
Agnès Ferla ; à Saxon,
l’EPAC, organise une installation lumière et son de Innyang E.H. Low; au Château
Pascal Seiler, Sans Titre, 2012
de Réchy Les Arts Pluriels
Polyester, 180 x 110 x 80 cm. Musée d’art,
Sion, inv. BA 3324 © Musées cantonaux du
montent une installation de
Valais, Sion, Michel Martinez
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Implanté depuis décembre 2013 sur le site du Plateau de MontanaCran, le nouveau Centre d’art de Lens, Fondation Pierre Arnaud, s’intègre idéalement au panorama du lac voisin et des Alpes environnantes.
Conçu et construit en hommage à l’entrepreneur et collectionneur Pierre
Arnaud, le bâtiment est doté d’une architecture résolument contemporaine et développe quelque 1000 m2 de surface d’exposition. La programmation est établie pour cinq ans par un comité de pilotage artistique et scientifique, elle développe une série d’expositions d’hiver et d’été qui entendent mettre en relief la peinture suisse dans un contexte européen ou de
faire dialoguer l’art occidental avec des cultures non-européennes. Après
les deux premières expositions consacrées au divisionnisme et au réalisme, l’exposition de l’été 2014 aborde l’univers surréaliste en lien avec les
arts primitifs. Les œuvres d’une cinquantaine d’artiste surréalistes seront
confrontées à des pièces et objets provenant notamment de peuples et civilisations d’Alaska, du Canada, du Mexique, d’Afrique, d’Océanie ou
Yves Laloy (1920-1999) «Les petits pois sont verts … les petits poissons
rouges», 1959 © Musée des beaux-arts de Rennes; 2014, Prolitteris Zurich
d’Insulinde.
L’intérêt des surréalistes pour les arts extra-européens constitue un
thème connu et déjà traité dans de nombreuses expositions, aussi les commissaires seront-ils, eux aussi, confrontés au défi de proposer un angle critique et muséographique original à cette problématique récurrente. Ils
devront aussi jouer finement avec les cimaises modulables qui caractérisent l’espace, un système d’accrochage labyrinthique et peu apte à valoriser les spécificités esthétiques et thématiques des œuvres mises en regard.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore ce lieu, on conseillera de compléter la visite par une pause gastronomique à L’Indigo, le restaurant du
musée, pour déguster les spécialités du jeune Chef Mathieu Moreau, tout
en contemplant le majestueux paysage alpestre.
Surréalisme et Arts primitifs, Centre d’art de Lens, jusqu’au 5 octobre 2014
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exposition
Le Musée d’art de Sion
Situé au cœur de la vieille ville, l’institution entièrement restructurée et
modernisée a fêté sa réouverture au public en 2007. Les collections ont été
augmentées et redéployées dans les deux châteaux du Vidomnat et de la
Majorie qui bénéficient d’une vue spectaculaire sur la cité sédunoise. La
présentation des œuvres s’organise désormais au fil d’une quinzaine de salles, selon la chronologie artistique et les grandes orientations de la collection. Les premières accueillent des œuvres majeures de peintres qui, comme
Caspar Wolf, François Diday, Raphy Dallève, Edouard Vallet, Ernest Biéler,
Marguerite Burnat-Provins, René Auberjonois, ou Oskar Kokoschka, ont
représenté le Valais et ses habitants entre les 18ème et 20ème siècle. Un
second cycle illustre l’épanouissement de l’abstraction avec des artistes
actifs dans la seconde moitié du 20ème siècle tels Charles Rollier, Angel
Duarte, Léo Andenmatten, Gustave Cerutti, Suzanne Auber, Gottfried
Tritten, Bernard Luginbuhl. Enfin, la dernière étape du parcours muséal
célèbre l’art contemporain de ces vingt dernières années avec des artistes
suisses liés au Valais mais aussi des créateurs de l’extérieur explorant et
revisitant le genre du paysage alpestre, parmi eux Olivier Estopey, PierreAlain Zuber, Marina Abramovic, Balthasar Burkhard, Tomas Ruff, Yan
Duyvendack, Gilles Porret, Maria Ceppi, Thomas Flechtner. L’ouverture à
la création récente permet d’établir une belle continuité de la collection
comme de souligner la permanence et l’universalité du thème de la montagne. Le relookage du musée lui fournit désormais une totale fonctionnalité
et une indéniable touche contemporaine tout en préservant ses caractéristiques de forteresse moyenâgeuse.
A signaler que dans le cadre de la Triennale 2014 Valais, le Musée d’art
présente du 14 juin au 23 novembre 2014, un accrochage intitulé
Métamorphismes réunissant une sélection d’œuvres signées notamment par
Anne Blanchet, Latifa Echakhch, Daniel Frank, Martina Gmür, Yann Gross,
Gilles Porret, Pascal Seiler et Andrea Wolfensberger. Ici le concept géologique de « métamorphisme » se voit transposé dans un musée d’art, permettant d’ironiser sur l’ajout d’un nouveau « isme » à l’histoire de l’art.
Musée d’art de Sion, Place de la Majorie. Ouverture ma-di :11h-17h
Françoise-Hélène Brou
Édouard Vallet (1876-1929) «Procession de pénitents blancs à Ayent», 1911
huile sur toile, 171x166 cm. Musée d’art du Valais, Sion © Musées cantonaux du
Valais, Sion, H. Preisig
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Daniela Schönbächler, Installation (Enigma), 2014
Kunsthalle, Luzern. Photo: Lorenz Ehrismann
Kunsthalle de Lucerne : « Obscure Transparency »
Daniela Schönbächler et Maya Vonmoos
La Kunsthalle de Lucerne accueille deux artistes suisses, Daniela
Schönbächler et Maya Vonmoos, dont les univers visuel et plastique se fondent sur des médiums aussi différents que le verre et l’art numérique. A cette
occasion, les créatrices soulèvent une série d’interrogations paradoxales sur
le concept très discuté actuellement de la transparence.
Dans le domaine des idées, la question de la transparence a exprimé
pendant longtemps des valeurs positives, comme celles de qualité, de vérité, de confiance, le moyen de faire barrage à toutes sortes d’abus et de corruptions. Or l’affaire Edward Snowden (ancien consultant de l'agence américaine de sécurité nationale (NSA), a montré qu’elle s’était transformée en
un instrument de contrôle économique, social et politique. Ce scandale s'inscrit d’ailleurs dans un contexte où des révélations de même nature à propos
de groupes high-tech tels que Google, Facebook, Yayoo, Microsoft, pour ne
citer qu’eux, se succèdent à un rythme rapide. Nous avons donc acquis la
certitude que nous vivons dans une société de cybersurveillance, de capture, de stockage et de commercialisation frauduleuse de données, brouillant
dangereusement les frontières entre sphère publique et privée. Pour illustrer
ces dérives, Daniela Schönbächler a créé une installation de panneaux de
verre qui circonscrit un vaste espace clos où le spectateur ne peut accéder
que par le regard. Composé de trois « chambres », le dispositif architectonique souligne l’ambivalence du concept de transparence par le fait qu’il se
révèle à la fois obstacle, mur ou frontière matérielle, tout en laissant la
vision et l’imagination se projeter librement dans ces espaces. Trois textes
brefs inscrits sur les murs, intitulés OBSERVE / SURVEY / CONTROL,
connotent le propos de l’exposition via le code linguistique. Une bande son
complète le processus, celle-ci fait résonner dans ces cloisons vitrées une
voix féminine qui scande et vocalise les écritures murales, bruits de pas,
chants d’oiseaux ajoutent quelques accents corporels et naturalistes dans cet
environnement dématérialisé.
Maya Vonmoos s’exprime avec l’art numérique pour relayer la duplicité du discours de la « transparence ». Des images digitales de grand format et une installation vidéo 3D créent un espace d’immersion virtuel qui
nous plonge dans l’ambivalence des manipulations technologiques où
l’homme devient tour à tour spectateur et acteur, contrôleur et contrôlé, perméable à toutes les métamorphoses. Au gré d’incessants réagencements, le
tourbillon vertigineux d’images organisé par l’artiste compose un univers
mosaïque où couleurs et motifs géométriques pixélisés électrisent la vision,
déjouent sans cesse la saisie du temps et des cohérences formelles.
Françoise-Hélène Brou
Kunsthalle de Lucerne, jusqu’au 20 juillet 2014.
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exposition
musée de l’élysée, lausanne
Luc Chessex
CCCC, comme Castro, Coca, Che, Cherchez la femme.
On se souvient peut-être que le photographe vaudois
Luc Chessex, né en 1936 à Lausanne, partit pour Cuba en
1961, deux ans après avoir terminé son école de
photographie. Captivé par l'expérience
révolutionnaire, mais tentant de garder une distance
critique, il vécut 9 ans dans l'île, puis 5 ans en
Amérique latine, comme membre de Prensa Latina,
et éditeur de photo pour la revue Cuba International,
entre autres.
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L'exposition présente de nombreux tirages originaux en
noir et blanc et quelques publications. Castro d'abord : en juxtaposant d'immenses portraits du Lider Maximo, portés par des
foules de travailleurs, surplombant les clients d'une gargote,
Chessex suggère que la hauteur des idéaux n'a peut-être pas
autant transformé la vie quotidienne du peuple que le slogan
Peuple, révolution et Fidel sont une même chose l'annonçait.
Coca et Che ensuite. A la mort du Che, le gouvernement cubain
tenta de retrouver sa dépouille. Chessex entreprit une enquête
photographique sur la présence iconique du Che, la retrouvant
régulièrement confrontée, ironie du sort, à des publicités pour
la boisson brune symbole de l'impérialisme américain.
Cherchez la femme enfin: la femme cubaine bien entendu; l'exposition fut présentée à La Havanne en 1966. Elle souligne et
met en cause des images souvent sous-exposées afin que la
peau des femmes paraisse
plus blanche, photos des studios, portraits conformistes
colorisés à la main, la femme
artificielle de l'esthétique des
studios, en regard de femmes
travailleuses, de femmes aux
rondeurs joyeusement soulignées par leurs habits.
Cette série questionnant
l'image culturelle de la
femme, dénonçant le photomensonge, n'a malheureusement rien perdu de son actualité malgré quelques variantes
aujourd'hui.
filer dans la salle du sous-sol pour découvrir le film que Claude Champion
a créé avec les 1325 clichés du thème Quand il n'y a plus d'Eldorado. En
1980, plusieurs pays d'Amérique latine ont succombé à la dictature, l'époque est noire et semble sans espoir pour les mineurs de Bolivie, les paysans sans titre de propriété, les travailleurs, les responsables syndicaux
assassinés... Avec respect, empathie, soutenu par un texte de Jacques Pilet
autour des nombreux témoignages recueillis, débutant par l'évocation historique de la vie de Toussaint Louverture, avec une temporalité propre à
l'époque, le film permet un vertigineux retour en arrière sur ces années-là.
Si Chessex fut réexpédié de Cuba en 1975 en tant
que personne indésirable,
une réconciliation vint en
2011: la photothèque de La
Havanne exposa alors une
quarantaine de ses photos
d'Amérique Latine, lui
reconnaissant une influence sur toute une génération
de photographes cubains.
Anonymes
En parallèle, les anonymes : le Musée donne à
voir un certain nombre de
photos de sa collection
dont on ne connaît pas l'auteur, insistant sur l'importance de la photographie
vernaculaire déjà relevée
par les Surréalistes.
Luc Chessex, La Havane, 1963
© Luc Chessex/Collection Musée de l’Elysée
Une photo sans indication stimule notre imagination, la
poussant à échafauder des possibles et construire des histoires. Ainsi cette photo pourrait être présentée comme celle
de l'actrice Selma Simpson, sur le tournage All about Eve
de Cukor ; ou encore celle de l'actrice Lana Yellow, sur le
tournage de... ; ou encore celle de l'épouse du milliardaire
Josué Thomson, juste avant sa mystérieuse disparition"
L'absence de commentaire fait s'ouvrir un champ de possibles.
Enfin, le Musée expose le travail de Mathieu Gafsou à
propos de la scène de la drogue à Lausanne.
Catherine Graf
Luc Chessex, CCCC, Anonymes, Musée de l'Elysée, Lausanne, jusqu'au
24 août 2014
Retour en arrière
Toujours à propos du travail de Chessex, il serait sans
doute judicieux, après les
photos autour de Castro, de
Luc Chessex, Guayaquil, Equateur, 1971 © Luc
Chessex/Collection Fondation A Stichting
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forum-meyrin.ch
Théâtre
Forum
Meyrin,
Place
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Cinq-Continents
Meyrin,
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maison européenne de la photographie
Diversité
Les expositions proposées par la Maison européenne de la
photographie invitent à la réflexion, en nous dévoilant des
clichés d’un monde ‘d’ailleurs’ qui se révèle au visiteur dans
toute sa diversité, sans pathos ou romantisme.
Françoise Huguier : « Pince-moi, je rêve »
Les appartements communautaires. Nus dans la cuisine, Saint
Pétersbourg, Russie, 2005 © Françoise Huguier / Agence VU’
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L’exposition consacrée à Françoise Huguier nous montre avant tout le
travail d’une grande voyageuse qui nous entraîne dans une collection d’images glanées lors de ses différents reportages : traversée de l’Afrique, la
Sibérie polaire, la mode et la haute couture, les nonnes en Colombie, l’Asie
du Sud-Est et sa jeunesse d’aujourd’hui. L’ accrochage qui en résulte est
hétéroclite par la différence des mondes dans lesquels la photographe s’implique. Le parcours commence par “J’avais 8 ans”, évocation de l’histoire
de la fin de la colonisation en Indochine par l’intermédiaire de l’enfance de
la photographe, fille de planteur au Cambodge, enlevée en 1950 et prisonnière du Viet-Minh pendant plusieurs mois. Elle décrit décrit cet épisode de
sa vie d’enfant comme élément moteur de sa carrière de reporter.
Une autre salle nous montre un premier travail en noir et blanc réalisé
en Afrique où, en 1989, elle voyage de Dakar à Djibouti sur les pas de
Michel Leiris, et publie un premier ouvrage Sur les traces de L’Afrique fantôme. Plus tard, toujours passionnée par l’ Afrique, elle s’introduit dans les
chambres de femmes au Burkina et au Mali dans une recherche intimiste sur
leur sort (“Secrètes”). En 2001, elle décide de passer plusieurs années à
Saint-Pétersbourg pour travailler sur les appartements communautaires. Un
livre sur ce travail intitulé Kommounalki sort chez Actes Sud en 2008, de
même qu’un film dans lequel les habitants de ces lieux parlent de leurs destins passés, actuels et futurs… malheureusement l’accrochage avec quelques
images seulement est terriblement réducteur par rapport à l’ensemble de ce
travail. Même remarque pour la suite de l’exposition: après quelques photos
de mode et de haute couture, une série sur des nonnes en Colombie, on entre
dans salle intitulée “Asie du Sud-Est”, qui, en dépit d’ une présentation à
l’entrée fort pédagogique, ne présente au visiteur que deux séries, certes
spectaculaires par leurs couleurs kitsch. L’une, un alignement de portraits
frontaux et posés de femmes musulmanes, montrant les Hijab”chics à
Bangkok, Singapour, Kuala Lumpur et Bandung. L’autre, lui faisant face,
réalisée au Japon, portraits de jeunes posant dans des lieux préposés au sexe
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et son commerce, mettant en évidence l’extravagance de l’apparence,
indispensable à cette fonction. Si cette exposition se veut une rétrospective
du travail de Françoise Huguier on s’attend à une ligne et une constante
visuelle qui malheureusement ne se trouvent pas dans la succession des thèmes. Dans ses reportages, comme si l’auteur faisait primer le sujet et sa
démonstration sur l’originalité de l’image, celle-ci, prise hors de son contexte, ne se suffit pas à elle-même. En conclusion, l’accrochage ne met pas en
évidence l’importance du travail réalisé.
Marie-Paule Nègre : « Mine de rien »
Inscrite dans la vraie et grande traditions du reportage, Marie-Paule
Nègre se situe parmi les photographes pratiquant le « moment décisif » ,
images prises sur le vif pour mieux saisir la vie de ses sujets. Ses propos
s’attaquent aux problèmes de société et sa démarche est celle d’une « photographe concernée » Dans cette ligne, elle s’est attelée de façon très approfondie, mais sans pathos ou misérabilisme, au problème des « nouveaux
pauvres ». Ce travail, s’échelonnant sur plus de dix ans, lui permet de s’insérer au milieu de « ces gens ordinaires », frappés par la perte de leur
emploi et subissant la déchéance matérielle qui s’ensuit et dans laquelle il
tombent petit à petit. Les images qui décrivent ce schème, d’apparence
Corps et âmes, festival du vent, Calvi, 1995
© Marie-Paule Nègre
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banales, sont très riches en détails qui en disent long sur un univers dont la
photographe a su passer la porte : celui des logis précaires. L’accrochage de
cette série nous présente de façon très convaincante la quête de sa vision :
cadres plus parlants que les mots qui pourraient les décrire.
Même démarche et mêmes résultats avec ses documents déplorant l’excision (Burkina Faso), ou encore suivant la vie de petites filles interdites
d’école (Rajasthan). Un autre secteur nous montre une démarche purement
visuelle, sur plus de trente ans, une exploration d’images aquatiques, prises
sous l’eau : abstractions créée par les jeux de lumière, les reflets, perte de la
réalité des perceptions. Dans une autre salle, nous sommes confrontés à un
autre travail, lui aussi sur un grand laps de temps et avec consistance : portraits d’artistes contemporains dans leurs ateliers, commandes de l’Hôtel
Drouot pour ses catalogues. Sur plus de 150 prises de vues, présentées en
vidéo pour la plupart, on réalise la démarche chaque fois réfléchie de montrer en un seul cadre, l’atelier, le travail et le portrait de l’artiste. Cela aussi
sur un grand laps de temps, mais avec consistance. En définitive, cette exposition, à travers ses différentes facettes, montre à quel point la poursuite
d’une ligne droite dans sa démarche sert le message du photographe.
Christine Pictet
Jusqu’au 31 août 2014
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comédie française
Lucrèce Borgia
« Le masque d’une femme est sacré comme la face d’un
homme », s’exclame Gennaro en défendant à ses camarades
de démasquer la femme qui s’intéresse à lui. « Il faut
d’abord que la femme soit une femme, Gennaro ! » Cette
femme est Lucrèce Borgia, un monstre donc, ayant commis
crime sur crime, inceste et adultère ; mais cette femme est
également un homme dans la mise en scène de Denis
Podalydès, car c’est Guillaume Gallienne qui l’interprète.
Le choix de Guillaume Gallienne pour interpréter l’héroïne du drame
ne semble pas dicté uniquement par la volonté abstraite de revisiter la
pièce de Victor Hugo en faisant du travestissement, thème important de la
pièce, un principe de mise en scène. Ce qui frappe d’abord, c’est moins le
succès d’une telle décision en termes d’intelligibilité que, tout simplement, la crédibilité parfaite du comédien, qui parvient à incarner Lucrèce
merveilleusement. La métamorphose est magistrale et modeste en même
temps ; disons qu’elle est magistrale précisément parce qu’elle semble
naturelle, et ne relève aucunement d’une performance d’acteur dont l’excellence serait complaisamment signalée par une couverture à soi tirée. Il
y a là, loin de toute forme d’esbroufe, un geste audacieux et original de la
part de Denis Podalydès, une hypothèse stimulante selon laquelle un rôle
masculin ou féminin pourrait être confié à un ou une interprète, indépendamment de son sexe ; seule ferait loi sa capacité à entrer dans la peau du
personnage de manière suffisamment convaincante.
Dona Lucrezia en clair-obscur
De manière didactique, on voit Guillaume Gallienne lors de sa première apparition enfiler un à un les vêtements de Lucrèce ; c’est pourtant à son
maintien, empreint de dignité et de royale langueur, et à sa voix grave et
veloutée qu’il doit d’entrer dans la peau de son personnage, dont il sait faire
affleurer la monstruosité, vociférant alors d’une voix rauque et menaçante
lors des scènes où Lucrèce s’emporte et fulmine, oubliant sa résolution de
s’amender. Est-ce alors la nature profonde de l’héroïne qui parle lorsqu’elle
s’oublie ainsi, le monstre qu’elle est restée ? Ou est-ce la volonté de se
repentir pour mériter l’amour de son fils qui est monstrueuse chez une
femme vouée au crime, comme le prétend son complice Gubetta ? Ne menace-t-elle pas elle-même son mari en lui disant : « Vous oubliez qui je
suis » ? Lucrèce Borgia a beau déclarer n’être « pas née pour faire le mal »
et avoir été entraînée par « l’exemple de sa famille », elle est sans cesse rattrapée, malgré son intention de racheter ses méfaits, par l’habitude du crime,
finissant par mettre à mort les camarades de son fils après avoir sauvé de
l’empoisonnement celui-ci dans un élan d’amour maternel. Le mal est à l’image du manteau de Jean Borgia, assassiné et jeté dans le Tibre, que l’on
essaie d’enfoncer à coups de pierres lorsqu’il refait surface.
C’est ce mélange, cette fondamentale impureté que Gallienne rend sensible. On regrettera toutefois qu’il s’arrête en chemin et n’ose pas s’aventurer dans les sentiers du sublime hugolien : Lucrèce Borgia est un monstre et
une mère, et sans tomber dans le pathos on pouvait rendre l’amour de celleci plus expressif, plus vibrant. Hugo n’écrit-il pas dans sa préface : « dans
votre monstre mettez une mère ; et le monstre intéressera, et le monstre fera
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«Lucrèce Borgia» © Christophe Raynaud de Lage
pleurer, et cette créature qui faisait peur fera pitié, et cette âme difforme
deviendra presque belle à vos yeux. » Le jeu de Gallienne, qui fait merveille
lors des scènes où Lucrèce étincelle d’une noire clarté, se révèle un peu
terne, trop retenu, trop détaché lorsqu’elle est confrontée à son fils. On
objectera qu’elle se contient et craint de se dévoiler ; il n’empêche, on aimerait parfois voir à Gallienne plus d’allant, d’élan et d’émoi.
Un bémol
Il faut dire à ce propos qu’entre Gallienne et Suliane Brahim, la comédienne interprétant Gennaro, l’alchimie rechigne à se produire. Le duo
qu’ils forment fonctionne dans l’ensemble, mais la sauce ne prend jamais
vraiment. L’explication en est aisée. Ce qui apparaissait, dans le cas de
Gallienne, comme un choix pleinement justifié, par le prodige d’une incarnation saisissante et par les effets de sens ainsi générés, en parfaite conformité avec le texte et le personnage, semble dans le cas de Suliane Brahim
relever du procédé, ou d’une soumission à un principe de symétrie que la
pièce ne justifie pas. Si Lucrèce est impure, Gennaro est l’incarnation de la
pureté ; tout juste pourrait-on soutenir qu’il ne sait pas qui il est, méconnaissant son origine, laquelle l’emplira d’horreur lorsqu’elle lui sera révélée. Il
n’en reste pas moins que tout au long du drame, Gennaro est un personnage
tout d’une pièce, sans double fond et dépourvu d’ambiguïté. Si l’on ajoute à
cela que c’est un capitaine de vingt ans, on comprendra facilement que
Suliane Brahim, petit bout de femme à la voix flutée, ne fasse pas vraiment
l’affaire. Son jeu n’est pas en cause, et la comédienne s’en sort même très
bien, bombant le torse et haussant la voix, mais c’est la décision même de
confier le rôle de Gennaro à une femme qui paraît gratuite et injustifiée.
La pièce n’en demeure pas moins d’excellente tenue, et il faut mentionner la distribution remarquable, de Christian Hecq campant un Gubetta maléfique et grotesque à Georgia Scalliet dans un petit rôle de princesse frivole qui lui va à ravir, en passant par Éric Ruf en souverain s’efforçant de
contenir fébrilement sa jalousie avant de triompher de sa femme en se vengeant, inflexible. Ce dernier signe également la scénographie, élégante au
même titre que les costumes de Christian Lacroix, tout cela étant plongé
dans un éclairage subtil recréant l’atmosphère d’ombre et de lumière voulue
par Hugo pour son drame. Enlevée et élégante, intelligente et claire, la mise
en scène de Denis Podalydès est une vraie réussite !
Julien Roche
Lucrèce Borgia. Comédie-Française, Paris. Jusqu’au 20 juillet 2014
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opéra
Poppée paupérisée
Le Couronnement de Poppée s’installe à Garnier, dans la conception de Robert
Wilson en provenance de la Scala de Milan. Une esthétique habituelle au
metteur en scène, entre magnifiques images et nudité du plateau, avec une
distribution vocale de choix.
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Opéra Garnier : «Le couronnement de Poppée» avec Karine Deshayes (Poppea) et Jeremy Ovenden
(Nerone). Crédit : Opéra national de Paris / Andrea Messana
Wilson fait donc du Wilson. C’est un peu
une déception… Même si l’on goûte toujours la
précision des gestes hiératiques, les postures
allégoriques et les lumières savantes. Ce qui
serait presque en contradiction avec l’opéra de
Monteverdi et consorts (Cavalli, Sacrati,
Mannelli, Ferrari…), qui tiendrait plutôt du
spectacle de tréteaux. Mais l’adaptation à une
grande scène (Scala et Garnier) induit ses
conséquences… Qui paradoxalement conduisent à gommer l’anecdote au profit du symbole.
La réalisation musicale n’en est pas moins de
circonstance, avec la poignée d’instruments du
Concerto Italiano sous la direction appliquée de
son chef titulaire, Rinaldo Alessandrini.
Les voix pareillement, qui réunissent un
beau bouquet baroqueux. Jeremy Ovenden remporte le meilleur, Néron éminemment parlant à
travers des notes joliment filées. Mais Karine
Deshayes (Poppea), Gaëlle Arquez, Amel
Brahim-Djelloul, Manuel Nuñez Camelino,
Monica Baceli, lui donnent une fière réplique.
Pour une soirée lissée et sans accrocs, musique
et mise en scène associées.
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Traviata traditionnelle
La nouvelle production de La Traviata à la
Bastille est neuve surtout pour sa signature,
celle de Benoît Jacquot, cinéaste reconnu,
davantage que pour sa conception. Mais l’en-
semble peut séduire, à en juger notamment par
la réception du public. Il s’agit donc d’une
vision attendue en quelque sorte, avec décors et
costumes dans le style parisien du XIXe siècle,
comme le veut la trame et comme il est de tradition habituelle pour l’opéra le plus fameux de
Verdi. La différence viendrait de la dimension
des éléments de décor : un immense lit à baldaquin d’apparat et une gigantesque cour d’hôtel
particulier, avec escalier monumental et balustres, plantés sur plateau vide pour le reste et à
l’échelle de son ampleur. De ce fait, les situations intimes se retrouvent quelque peu perdues,
quand celles de foules profitent de cette magnitude. Comme dans le cas du second tableau du
deuxième acte, avec son ballet de gitanes (en
travestis !) et toreros (de théâtre, et prescrits par
le livret) savoureusement décalés. Bien joué sur
ce plan !
Côté chant, les conditions sont du même
ordre, qui nécessitent de s’adapter à l’espace (la
dernière Traviata de l’Opéra de Paris, en 2007,
prenait place à Garnier, plus approprié à tous
égards pour cet opéra). Diana Dalmau incarne
une Violetta expressive et de beau legato, mais
doit parfois forcer son émission. Ce n’est pas
exactement le problème de Francesco Demuro,
qui pour sa part n’hésite pas à transmettre un
Alfredo à pleine voix (mais pas toujours nuancé). Ni non plus de Ludovic Tézier, qui ajoute,
lui, la sécurité de sa projection pour un Giorgio
de prestige. L’orchestre distille néanmoins des
raffinements, en sus d’un équilibre impeccable
(particulièrement dans son dialogue avec les
chœurs), sachant que la direction revient à
Daniel Oren, spécialiste comme peu du réper-
Opéra Bastille : «La Traviata» © Opéra national de Paris / Elisa Haberer
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toire lyrique italien. Au final, plutôt une bonne
soirée, en dépit du fait qu’elle révolutionne rien.
Tanti Tancredi
Tancredi clôt la série des représentations
d’opéras de Rossini au Théâtre des ChampsÉlysées. Une réussite partagée. Tout repose, on
l’imagine, sur les deux rôles principaux,
Tancredi (personnage masculin travesti) et
Amenaide, le contralto et la soprano rivalisant
de volutes belcantistes. La seconde échoit à
Patrizia Ciofi, au sommet de sa forme vocale,
avec un legato sans fin… mais aussi un petit
microphone en forme de perle au coin de l’oreille (comme, au reste, pour son ténor de partenaire). Ce qui explique qu’après l’entracte, le
nez sur une table et perdue dans ses cheveux,
elle n’en continue pas moins à dispenser la
même aisée projection vocale ! Nos louanges
seront donc mieux sans réserve pour l’autre
diva en compétition, Marie-Nicole Lemieux,
son alto et sa dextérité éblouissants. Excellente
intervention, comme toujours (décidément !),
du Chœur du Théâtre des Champs-Élysées.
L’Orchestre philharmonique de Radio France
n’est pas en reste d’expression, sous la baguette
méticuleusement attentive d’Enrique Mazzola.
Quant à la mise en scène de Jacques Osinski,
elle se contente d’une réactualisation à notre
époque (pourquoi pas ? mais déjà vue mille
fois), assez bien réglée, malgré des moments à
vide où les participants restent bras ballants en
attendant la fin d’air à colorature de l’une des
deux héroïnes
Italienne conquérante
Autre Rossini au Théâtre des Champs-Élysées. L’Italienne à Alger, mais de concert cette
Théâtre des Champs-Elysées : «Tancredi» Tancrède. ©Vincent Pontet-Wikispectacle
fois, provoque un délire d’applaudissements.
Marie-Nicole Lemieux est toujours au mieux de
ses éclats, Isabella pétulante, y compris dans ses
minauderies (parfois excessives) et son décolleté plongeant, dispensée à travers une ornementation sans faille, un alto profond et une parfaite égalité de tessiture. Ses partenaires vocaux ne
partagent pas la même renommée, mais s’acquittent avec justesse et parfois brio de leurs
parties. D’Antonino Siragusa, Lindoro qui met
une belle énergie à défaut de toujours subtilité,
à Nicolas Cavallier, Mustafà bien campé sans
être nécessairement dextre, à Omo Bello, juvénile et fraîche Elvira, jusqu’aux crédibles Nigel
Smith, Nicolas Rigas ou Sophie van Woestyne.
Sans surprise, finalement. La raison de l’impact
saisissant de la soirée est à rechercher ailleurs !
Dans la verve irrésistible de l’opéra de Rossini,
quand elle est comme ici transmise magistrale-
ment. Un opéra de chanteurs ? Non, un opéra de
chef ! Nous parlons de Roger Norrington. Il ne
faut pas se fier à sa gestique économe, si peu
effet d’estrade, sinon au résultat : la franchise
des attaques, les équilibres impeccables, la
dynamique impressionnante entre pianissimi
imperceptibles et forte explosifs. Mais aussi les
détails ciselés, comme ces pizzicatos fluides et
néanmoins nets, ou cette flûte délicieusement à
découvert, ou ces cors lisses (dans les airs d’entrée du ténor et de l’héroïne)… Il y a un son
Norrington, immédiatement caractéristique, en
l’espèce sans vibrato. Et l’Orchestre de chambre de Paris s’y plie avec aisance, comme les
meilleures formations baroqueuses. Le Chœur
Aedes répond d’une même voix, unitaire et percussif. Et dans ce bel élan d’ensemble, on n’omettra Ronald Schneider (omis par le programme de salle), expressif pianofortiste et complice
régulier de Sir Roger.
Ali Baba de luxe
On pensait Lecocq (Charles) un sousOffenbach, un pâle faiseur d’opérettes à la chaîne. Il convient de reconsidérer nos avis, avec la
résurrection d’Ali Baba (1887). L’œuvre est un
divertissement, certes (d’après les Mille et une
Nuits), mais bien tourné, avec souvent de belles
inspirations musicales. Le style verserait plutôt
du côté de l’opéra-comique que de l’opérette, et
dans un traitement musical supérieur à
Offenbach (dont Lecocq fut pourtant un suiveur,
et pour reprendre notre référence). Il est vrai
qu’à l’Opéra-Comique, le meilleur est mis au
service de l’œuvre. À commencer par une louable reconstitution musicologique. Le plateau
vocal réuni, quant à lui, n’appelle que des élo-
Opéra Comique : «Ali Baba» © DR Pierre Grosbois
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trame d’une noirceur sans
éclaircies, en l’occurrence
celle de dissidents d’un
pays totalitaire (imaginaire) qui dans leur tentative
de trouver refuge sur un sol
plus hospitalier se heurtent
à une bureaucratie implacable et inhumaine. Il y a
ainsi deux décors, se succédant : un intérieur de
modeste logis, parmi des
meubles de cuisine ; et la
salle d’attente du consulat,
dans l’espoir vain du visa
Théâtre Roger-Barat d’Herblay : «Le Consul»
espéré, avec son luxe froid
ges dans sa parfaite adéquation, et tout particu- et ses pau-vres hères qui s’agglutinent sur des
lièrement Tassis Christoyannis, Sophie Marin- sièges bien ordonnés. S’adjoignent quelques
Degor, François Rougier et Philippe Talbot. Le projections de toile de fond, des lumières justes,
chœur Accentus conjugue dextérité et subtilité, des costumes de tous les jours, des gestes et
efficacement préparé qu’il est par Christophe mimiques d’une circonstance précise. Simple et
Grapperon. L’Orchestre de l’Opéra de Rouen immédiatement parlant ! Le drame peut alors
(qui coproduit le spectacle) est pareillement prendre corps, et la musique lui prêter son intensans reproche, sous la direction de Jean-Pierre sité. Menotti élit ici des atmosphères changeanHaeck. Magnifique réussite musicale d’ensem- tes, entre une orchestration qui se fait heurtée ou
ble ! à mettre au compte d’un travail préparatoi- suave, et un chant qui de la déclamation évolue
re léché. La mise en scène d’Alain Meunier en moments de véritable lyrisme. Une réussite,
reste pour sa part dans l’esprit du divertisse- mais que l’on peut toutefois penser moins inspiment, en situation, plantant l’action dans un rée que Le Medium ou Le Téléphone du même
émirat actuel du Golfe (et sa « grande surface », compositeur. Les douze (pas moins !) chanteurs
avec sa société de consommation spécifique). solistes sont quasi idéalement distribués.
On déplorera toutefois les baissers de rideaux à Signalons Valérie MacCarthy, d’un magnifique
répétition, pour des changements de décors qui épanchement lyrique pour le rôle principal de
n’ont pourtant rien d’imposants. Faiblesse Magda ; ou Philippe Brocard, baryton assuré,
(manque de professionnalisme ? quand Béatrice Dupuy, mezzo de style et impayable
quelques manipulations à vue auraient suffi) qui bureaucrate revêche, Ainhoa Zuazua Rubira,
irrite, puis finit par alourdir une soirée toute de soprano épanouie, tout comme Louise Pingeot ;
légèreté.
ou Artavazd Sargsyan, qui ajoute à ses vertus de
ténor ceux de prestidigitateur ; ou Nicolas
Rigas, Agent de la police secrète plus vrai que
nature. L’équilibre est parfait avec la fosse,
presque à même le plateau, et un Orchestre
Pasdeloup aux timbres aguerris, en dépit de la
battue de meneur de chœur du jeune chef Iñaki
Encina Oyón.
Balcon et Matelot
L’autre salle lyrique parisienne, à savoir le
Théâtre de l’Athénée, propose le Balcon. Il s’agit d’un opéra de Peter Eötvös, d’après la pièce
éponyme de Genet (qui aurait, au demeurant,
plus ou moins renié son ouvrage), créé en 2002
et quelque peu révisé en 2009. À l’Athénée, on
peut parler d’une autre révision, puisque s’adjoint une sonorisation non prévue par le compositeur (mais certainement avec son accord). Une
spécialité, en quelque sorte, de l’ensemble le
Balcon – la formation instrumentale, au nom en
la circonstance tout indiqué ! Il en résulte un son
indéterminé, global, dont on ne sait qui, des
instrumentistes ou des chanteurs, le produit.
Reconnaissons toutefois une balance sonore
équilibrée. Les chanteurs sont donc, forcément,
parfaits, de Rodrigo Ferreira, contreténor dans
le rôle travesti d’Irma, à Shigeko Hata, Élise
Chauvin, Laura Holm ou Jean-Claude
Saragosse. Et les musiciens du Balcon, tout
autant, sous direction de leur mentor Maxime
Pascal. La mise en scène verse, elle, dans le
joyeux délire, pour cette histoire située dans un
bordel, avec profusion de fouets, cuirs, cagoules
(y compris pour les musiciens !) et comportements sado-masochistes. Dans des lumières
crues au sein de rares éléments de décor. Beau
Consul exemplaire
Le Théâtre Roger-Barat d’Herblay, en lointaine banlieue ouest de Paris, poursuit saison
après saison un original parcours lyrique. Après
Vanessa de Samuel Barber, création absolue en
région parisienne il y a deux ans, puis l’an passé
Zanetto et Abu Hassan, deux petits bijoux tout
aussi méconnus de Mascagni et Weber, vient
donc le tour du Consul, opéra des plus rares de
Gian-Carlo Menotti. Ou plutôt The Consul,
puisque l’opéra, créé en 1950 à Philadelphie
puis New York, est ici présenté dans son livret
original anglais de main même du compositeur.
La mise en scène revient à Bérénice Collet,
habituée du théâtre, qui avait déjà signé les précédentes productions lyriques mentionnées.
Avec un égal talent. Mais dans ce cas pour une
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Théâtre de l’Athénée : «Le Balcon»
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travail de Damien Bigourdan !
Autre style, autre répertoire, toujours à
L’Athénée : la Colombe de Gounod et le Pauvre
Matelot de Milhaud. C’est un spectacle venu de
l’Opéra du Rhin et de son Studio. Autant dire
qu’il confronte de jeunes chanteurs, dont on ne
peut qu’être ébahi par la maîtrise et l’aisance
d’une Gaëlle Aix, d’une Kristina Bitenc et d’un
Sunggoo Lee. La dizaine d’instrumentistes, puisés à l’Orchestre Lamoureux, aurait mérité
quelques répétitions supplémentaires, que la
direction vigilante de Claude Schnitzler ne parvient pas toujours à palier et qui ne saurait rendre pleine justice à l’inspiration complexe de
Milhaud. D’où un sentiment d’inachevé, qui se
corrigera certainement après la première. La
mise en scène de Stéphane Vérité se fait un peu
laborieuse, elle aussi, pour l’opéra-comique de
première partie, difficile à défendre il est vrai
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Théâtre de l’Athénée : «La Colombe» © Stéphane Vérité
avec son comique qui se fait attendre ; et mieux
en phase avec l’humour noir du livret de
Cocteau pour la seconde pièce (une femme dans
l’attente de son époux de marin parti depuis
quinze ans, et qui finit par le trucider quand il
réapparaît enfin, sans l’avoir reconnu), avec ses
personnages soudainement habités devant des
projections cubistes (d’époque !).
Mozart éternel
La Messe en ut de Mozart, est restée
inachevée. Jusqu’à ce qu’un musicologue s’avise, il y a dix ans, d’en reconstituer hypothétiquement les parties manquantes. C’est la version présentée par Roger Norrington à NotreDame de Paris. Confessons que les passages
complétés n’atteignent pas au sublime des
pages authentiquement de la plume du compositeur. N’est pas Mozart qui veut ! Mais avec un
tel chef d’orchestre d’exception, le souffle galvanise l’Orchestre de chambre de Paris, la
Maîtrise Notre-Dame et de bons chanteurs (dont
la soprano Christina Landshamer).
Théâtre de l’Athénée : «Le pauvre Matelot» © Stéphane Vérité
À Caen :
Rameau maître à danser
C’est l’intitulé du spectacle
réunissant Daphnis et Églé et la
Naissance d’Osiris, deux brefs
opéras-ballets de Rameau.
Spectacle inauguré à Caen – en
marge des commémorations du
Débarquement ? – dans le tout
neuf Manège de la Guérinière
(un ancien manège équestre du
XIXe siècle, restauré à usage de
salle de spectacles et pourvu
d’une prodigieuse acoustique),
avant une tournée française et
internationale. Le premier des
deux ouvrages est ressuscité pour
l’occasion, qui n’atteint toutefois
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Pierre-René Serna
pas l’inspiration musicale du second. C’est
William Christie qui officie, grand retour de ce
chef après quelques temps d’absence pour raisons de santé. Ses Arts Florissants, chœur et
orchestre, sont à la fête, ainsi qu’une distribution
vocale appropriée, dont Reinoud van Mechelen,
Élodie Fonnard, Magali Léger et Arnaud
Richard.
La mise en scène revient à
Sophie Daneman et la chorégraphie à Françoise Denieau,
qui savent trouver un ton juste,
entre reconstitution d’époque
et tréteaux, sur un plateau vide
sans autre décor qu’un petit
rideau et deux caisses en bois.
En phase avec les œuvres, et
avec la destination itinérante
de ce joli spectacle.
P.-R. S.
A Caen : «Rameau maître à danser» © Théâtre de Caen / Philippe Delval
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théâtre des gémeaux, sceaux
opéra de paris
Cendrillon
Le Ballet de l’Opéra de Lyon présentait, du 22 au 25 mai sur
la scène des Gémeaux, Cendrillon de Maguy Marin. Créée en
1985, c’est l’une des premières œuvres de la chorégraphe et
l’un des fleurons de cette compagnie, excellente dans le
répertoire du vingtième siècle.
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Balanchine /
Millepied
Le programme proposé du 10 mai au 8 juin rassemblait
Palais de Cristal de George Balanchine, fondateur du New
York City Ballet, et Daphnis et Chloé de Benjamin Millepied,
ancien principal dancer de cette compagnie et directeur de la
danse de l’Opéra de Paris à partir de la saison prochaine.
Si Maguy Marin suit le déroulé du conte de Charles Perrault et utilise
la musique composée par Serge Prokoviev dans les années 40 pour le ballet
du Kirov, elle place l’histoire dans le monde des jouets.
Palais de Cristal a été créé par
Chorégraphe et scénographe à la fois, elle dissimule les
George Balanchine pour le Ballet de
traits des danseurs derrière des masques de poupées en
l’Opéra de Paris en 1947. Danseur mais
celluloïd et leurs corps, dans des costumes rembourrés.
aussi musicien, il chorégraphie la symLoin de désincarner les personnages, le principe leur
phonie en ut majeur de George Bizet,
donne une nouvelle identité et concentre l’expression - et
redécouverte à l’époque, avec la volonté
notre attention - dans les mouvements du corps. La gesque la danse épouse les mouvements
tuelle est un mélange de réalisme et de mouvements acamusicaux afin que ce qui se passe sur
démiques et contemporains. Il y a beaucoup de clins d’œil
scène soit le miroir de la fosse. A l’origiaux grands classiques telle la scène où l’héroïne se languit
ne, les décors conçus par la peintre
pendue à son balai. Maguy Marin émaille sa chorégraphie
Léonor Fini figurait un palais baroque,
des gestes du quotidien et fait montre d’un talent de carisorte d’écrin pour la danse. Dans cette
caturiste dans l’art de mettre en exergue la mesquinerie
version, les décors ont disparu et les
humaine, ici sur un ton drolatique même si angoissant parcostumes, somptueux, ont été dessinés
fois, pour notre plus grand bonheur. Les décors et les
par Christian Lacroix. Le ballet est comcostumes sont une véritable féerie, rappelant les jouets
posé de quatre mouvements durant lesanciens en bois – carrousel, marionnette - mais aussi les
quels solos, pas de deux et ensembles
mannequins plus modernes avec épée lazer et guirlande
s’enchaînent, et d’un final qui rassemble
lumineuse. Si le fait de masquer les danseurs crée une
tous les danseurs. Dans le premier, le
sorte d’aA. Dupont et H. Moreau dans «Daphnis et Chloé»,
photo A Poupeney
deuxième et le quatrième mouvements,
nonymat,
cela n’empêche pas de saluer Amandine Albisson, récemment nommée étoile, Marie-Agnès Gillot, très
la performance d’Aurélie lyrique, et Nolwenn Daniel se distinguent par leur élégance et leur maîtriGaillard qui assure brillam- se, toutes trois lumineuses. Leurs partenaires, Mathieu Ganio, Karl
ment le rôle-titre ainsi que Paquette et Emmanuel Thibault sont au diapason. Le troisième mouvecelle Mathieu Rouvière, son ment ne se joue pas dans la même cour avec Valentine Colasante et Pierreprince charmant. Les autres Arthur Raveau qui abordent leur rôle en force, sans nuance.
Daphnis et Chloé est une commande de l’Opéra de Paris à Benjamin
interprètes sont dans la
même veine, totalement Millepied avec pour point de départ la musique de Maurice Ravel, cominvestis dans cette œuvre. Si posée en 1909 pour un ballet de Michel Fokine. Cette nouvelle version
Cendrillon est un conte de conserve la structure narrative de la légende grecque : la découverte de l’afées pour enfants, Maguy mour par les deux héros et les épreuves qui s’ensuivent. La chorégraphie
Marin en fait un ballet pour de Benjamin Millepied, néoclassique, se caractérise par une recherche de
les petits mais aussi les la fluidité dans les mouvements et les portés. Ce style convient à merveille
à la musique impressionniste de Maurice Ravel. Porté par Aurélie Dupont
grands.
«Cendrillon», photo J Roque de la Cruz
Stéphanie Nègre et Hervé Moreau, les héros tout en retenue, le ballet est un rêve, émaillé
des interventions piquantes d’Eleonora Abbagnato et Alessio Carbone, les
La danse en juillet : La saison de l’Opéra de Paris s’achève avec Notre tentateurs. Les décors abstraits de Daniel Buren et les costumes de Holly
Dame de Paris de Roland Petit, du 30 juin au 16 juillet. Cette série sera mar- Hones donnent une lumière contemporaine à l’histoire, la détachant de
quée par les adieux à la scène du danseur étoile Nicolas Le Riche. Grand tout repère antique. Il ne reste que la force de l’amour des héros qui s’insrendez-vous annuel, les Étés de la danse se tiendront du 10 au 26 juillet au crit dans l’éternité.
Stéphanie Nègre
Théâtre du Chatelet et accueilleront le San Francisco Ballet.
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chronique des concerts
Génies du romantisme
Soirée de tous les superlatifs à la Salle Pleyel…
Le pianiste Krystian Zimerman propose
comme unique programme les redoutables trois
dernières sonates de Beethoven. Il n'est pas
donné au premier venu d'affronter par la face nord les opus
109, 110 et 111. Cette pierre
angulaire du répertoire pour
piano exige de l'interprète une
dimension physique et mentale
sans faille. A l'écoute, nul
doute que Zimerman conjugue
les deux paramètres avec une
maestria prodigieuse. On est ici
aux antipodes d'un Pollini ou
d'un Richter et ceux qui chercheraient un Beethoven avec
des lignes de force animées et
des fulgurances athlétiques en
seront pour leurs frais.
L'élément percussif est mis au
second plan, ce qui a pour tendance d'effacer le jeu des lignes
et de l'architecture. On y gagne
une attention accrue aux couleurs et aux timbres, un peu comme si le dernier
Beethoven avait davantage à voir avec le
Chopin ou le Debussy de la maturité. Jouant
partition ouverte, Zimerman se pose en lecteur
de musique plutôt qu'en interprète péremptoire.
La salle ne lui tient pas rigueur pour ce détail
peu spectaculaire qui le contraint à tourner les
pages à des moments parfois délicats.
les climats. L'ultime opus 111 déborde d'invention et de prouesse. A-t-on jamais entendu un
allegro con brio aussi débridé et souverain ? On
Krystian Zimerman
A marquer d’une pierre blanche
La sonate opus 109 est une merveille de
sonorité et de timbres. L'adagio espressivo évolue dans une extraordinaire souplesse et liberté
de tempo. Le traitement des notes de passage
dans le prestissimo fournit une densité remarquable au mouvement. Rien d'inutilement
débordant ou exagéré mais un équilibre serein
et qui sait parler directement au cœur. L'opus
110 ne cherche pas à dissimuler les références à
Bach et au contrepoint classique. L'austérité un
peu feinte de ce toucher rectiligne dans le final
ne doit pas rebuter car il appuie les contrastes et
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Joshua Bell
frise la sortie de route à chaque tournant mais la
barque file à bon port et le public exulte.
L'absence de bis ne sera en rien une déception.
Il faut savoir ne pas surajouter à un corpus déjà
très riche pour une seule soirée. Ce récital est un
moment à marquer d'une pierre blanche, un des
derniers récitals de la saison avant le change-
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ment de salle et le grand déménagement vers la
nouvelle Philharmonie de Paris.
Moment-phare
On célèbre au Théâtre des ChampsElysées le concert donné par Daniele Gatti à la
tête du National de France. Pour l'occasion, les
petits plats sont dans les grands, tant du côté de
la programmation que des interprètes. La
Musique funèbre de Witold Lutoslawski est
l'occasion pour les pupitres de cordes de faire
valoir leurs qualités de legato et la sensibilité
des nuances dynamiques. Les couleurs naturelles de l'orchestre ne tirent pas artificiellement la
pièce dans une direction trop romantisante, ce
qui permet de conserver une justesse d'expression et une qualité d'émotion intactes.
Moment-phare de cette première partie, le
concerto pour violon de Sibelius trouve en
Joshua Bell un interprète de haut rang, capable
de faire oublier cette célébrissime partition et
nous la faire découvrir comme au premier jour.
L'introduction pianissimo ne verse jamais dans
l'histrionisme pour souligner le caractère aérien
de l'archet. Son Stradivarius a toute la puissance requise pour projeter les attaques du final et
les multiplier en une série d'accents rebondissants. Le public se lève comme un seul homme
pour offrir au violoniste américain le triomphe
qu'il mérite.
Mention spéciale à la 6e symphonie «
Pathétique » de Tchaikovski qui occupe à elle
seule toute la seconde partie. Daniele Gatti est
ici pleinement dans son élément, refusant toute
sensiblerie en optant
pour une vision franche et décidée. Point
de fatalité dans cette
allégorie du destin
qui frappe à la porte,
les phrases ont l'aspérité des grands sentiments, exprimées
dans un style parfait.
Quel beau démenti
aux tenants d'une
interprétation authentiquement russe…
L'Orchestre National
de France était ce soir-là dans une forme éclatante !
David Verdier
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ATELIER (loc. 01.46.06.49.24)
L’aide-mémoire de Jean-Claude
Carrière - m.e.s. Ladislas Chollat avec Sandrine Bonnaire, Pascal
Greggory - jusqu’au 5 juillet
Reprise exceptionnelle :
Savannah Bay & Le Square de
Marguerite Duras - m.e.s. Didier
Bezace - jusqu’au 5 juillet
BOUFFES DU NORD
(loc. 01.46.07.34.50)
L'Annonce faite à Marie de Paul
Claudel - m.e.s. Yves Beaunesne jusqu’au 19 juillet
CARTOUCHERIE - THÉÂTRE DU
SOLEIL (loc. 01.43.74.24.08)
Macbeth de Shakespeare - m.e.s.
Ariane Mnouchkine - jusqu’au 13
juillet
COMÉDIE FRANÇAISE
SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15)
Phèdre de Racine - m.e.s. Michael
Marmarinos - jusqu’au 15 juillet
Le Misanthrope de Molière - m.e.s.
Clément Hervieu-Léger - jusqu’au 17
juillet
Le Malade imaginaire de Molière m.e.s. Claude Stratz - jusqu’au 20
juillet
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Lucrèce Borgia de Victor Hugo m.e.s. Denis Podalydès - jusqu’au 20
juillet.
STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98)
Les Trois petits cochons de et
m.e.s. Thomas Quillardet - jusqu’au
6 juillet
VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
Hernani de Victor Hugo - m.e.s.
Nicolas Lormeau - jusqu’au 6 juillet
FEUX DE LA RAMPE
(01.42.46.26.19)
Le Bel Indifférent de Jean Cocteau
- m.e..s Raphaël Beauville - jusqu’au
29 septembre.
GRANDE HALLE DE LA VILLETTE
(rés. en ligne)
L'Oublié(e) de et par Raphaëlle
Boitel - du 6 juillet au 24 août
HÉBERTOT (01.43.87.23.23)
Les Cartes du pouvoir d’après
Beau Willimon - m.e.s. Ladislas
Chollat - Avec Raphaël Personnaz,
Thierry Frémont - dès le 29 août
La contrebasse de
LUCERNAIRE
(rés. 01.45.44.57.34)
Les Amnésiques n'ont rien vécu
d'inoubliable de Hervé Le Tellier m.e.s. Frédéric Cherboeuf - jusqu’au
30 août
Délire à deux… À tant qu'on veut
de Ionesco - m.e.s. Rachel André jusqu’au 27 septembre.
Histoires d’hommes de Xavier
Durringer - m.e.s. Christophe
Luthringer - jusqu’au 6 septembre.
MANUFACTURE DES ABBESSES
(01.42.33.42.03)
Marcelle et Marcel de et m.e.s.
Marc Delaruelle - jusqu’au 27 juillet
MATHURINS (rés. 01.42.65.90.00)
Dernier coup de ciseaux de Marilyn
Abrams, Bruce Jordan - m.e.s.
Sébastien Azzopardi - jusqu’au 31
août
POCHE-MONTPARNASSE
(01.45.48.92.97)
Voltaire Rousseau de JeanFrançois Prévand - m.e.s. Jean-Luc
Moreau et Jean-François Prévand jusqu’au 13 juillet
Le Legs de Marivaux - m.e.s.
Marion Bierry - jusqu’au 13 juillet
RIVE GAUCHE (01.43.35.32.31)
L’affrontement de Bill C. Davis m.e.s. Steve Suissa - avec Francis
Huster, Davy Sardou - jusqu’au 20
juillet
ROND-POINT (0.892.701.603)
Journal d'un corps de Daniel
Pennac - m.e.s. Clara Bauer - jusqu’au 5 juillet
Marilyn, intime de Claire Borotra m.e.s. Sally Micaleff - jusqu’au 5
juillet
SAINT-GEORGES (01.48.78.63.47)
À gauche en sortant de l'ascenseur de Géard Lauzier - m.e.s.
Arthur Jugnot - jusqu’au 13 sept.
THÉÂTRE 13/JARDIN
(rés. www.theatre13.com/)
Mazùt par la compagnie Baro d’evel cirk - du 15 au 20 juillet.
THÉÂTRE CLAVEL
(06.03.23.32.15)
Autour de ma pierre, il ne fera pas
nuit de Fabrice Melquiot - m.e.s.
Sébastian Bonnabel
THÉÂTRE DE PARIS
(01.48.74.25.37)
Big Apple d’Isabelle Le Nouvel m.e.s. Niels Arestrup - Avec
Marianne Basler, Christophe
Malavoy - jusqu’au 8 juillet
Festival Paris Quartier d’été - 24ème édition
Mazùt
Dans le cadre du festival Paris Quartier d’été, le Théâtre 13/Seine accueille la compagnie franco-catalane Baro d’evel cirk avec le spectacle
« Mazùt » qui allie danse et cirque contemporain. La compagnie Baro d’evel cirk est constituée de Camille et Blaï : Elle vient du milieu des chevaux. Elle était
sportive, gymnaste, ses parents étaient un temps partis en roulotte, elle avait envie de vivre comme ça. Lui est le fils d’un célèbre clown catalan, et a été pris très
vite par le goût de la performance. Ils se sont rencontrés au Centre national des Arts du Cirque, en sont sortis à 20 ans, et ont fait le choix d’aller jouer dans les
rues. Ils ont réalisé un rêve de vie nomade, de cirque, la vie commune avec les enfants sur les routes, le voyage, le chapiteau qu’on monte.
Quand ils ne sont pas à cheval sur des chevaux, ils sont à la
recherche de chevaux imaginaires et humains qui ne sont pas
moins réels. Ou alors ils sont à cheval entre les disciplines, et peu
leur importe qu’on appelle cela du cirque, ou une aventure plastique, ou une chorégraphie, ou un rêve. Ils s’inspirent autant de
Jacques Tati et de Jerry Lewis que d’Antoni Tapies ou de Juan
Miro, trouvent une ligne directrice en regardant une goutte d’eau,
ou une vieille carte du désert…
Et puis, ils ont eu envie de trouver quelque chose de nouveau
– à moins que ce ne soit quelque chose de nouveau qui les ait trouvés ! Allez découvrir ce qu’ils ont imaginé... Dans «Mazùt», il y a
de la peinture et de nombreuses autres choses peuplent la scène.
Laissez-vous surprendre par la saveur du spectacle.
du 15 au 20 juillet 2014 au Théâtre 13/ Seine
puis en tournée : 22 juillet à Gennevilliers, 23 juillet à
Auvervilliers, 24 juillet à Nanterre et 25 juillet à Pantin
A noter que le festival Paris Quartier d’été aura lieu du 14 juillet
au 15 août, offrant musique, danse, cirque...
« Mazùt » © Alexandra Fleurantin
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b e a u x - a r t s
Musée du Louvre
Masques, mascarades,
mascarons
L’exposition évoque, à travers une centaine d’œuvres, la fonction paradoxale du
masque, emblème de l’illusion, qui consiste à « dérober et produire un double ».
En Occident, depuis la haute Antiquité, il existe des hommes masqués. Le
masque cache le visage au profit de son double et cette occultation révèle quelque
chose. Il donne forme au mystère. Il appartient au registre sacré comme à celui du
profane, à la vérité comme à la vanité, à la réalité comme à la fiction. Il épouvante et
séduit, imite et trompe.
Dessins, sculptures, peintures, gravures montreront son rôle religieux dans le
théâtre grec, sa force expressive, ludique et quelque peu diabolique dans la fête, le bal
ou la comédie italienne, son empreinte funèbre au lit de mort et sa force pérenne et
protectrice au tombeau. Seront aussi abordées la duplicité du masque dans le monde
de l’allégorie, sa présence dans l’ornement sous la forme du mascaron qui ne semble
rien d’autre qu’un avatar de la tête de la Gorgone coupée par Persée et placée sur les
armes d’Athéna pour y conserver son pouvoir sidérant.
à voir jusqu’au 22 Septembre 2014
«Figure masquée de profil vers la droite»,
Plume, encre brune, lavis gris et beige, aquarelle. Découpé suivant les contours de la silhouette. Collé n plein sur une feuille de doublage. Paris, Musée du Louvre, département
des Arts graphiques, collection Edmond de Rothschild, 1638 DR
Bibliothèque-Musée de
l’Opéra Palais Garnier
LES BALLETS SUÉDOIS 1920-1925.
UNE COMPAGNIE D’AVANT-GARDE –
jusqu’au 28 septembre.
Bibliothèque Nationale
ÉTÉ 1914. LES DERNIERS JOURS DE
L’ANCIEN MONDE – jusqu’au 3 août
SUR LES PAS DE LOUIS BARTHAS
(1914-1918). Photos de JeanPierre Bonfort – jusqu’au 24 août
Centre Pompidou
BERNARD TSCHUMI, RÉTROSPECTIVE –
jusqu’au 28 juillet
Compiègne, Château
CARRIER-BELLEUSE. LE MAÎTRE DE
RODIN – jusqu’au 27 octobre.
Cinémathèque française
LE MUSÉE IMAGINAIRE D’HENRI
LANGLOIS – jusqu’au 3 août
Château de Versailles
LA CHINE À VERSAILLES. ART ET
DIPLOMATIE AU XVIIIE SIÈCLE – jusqu’au 26 octobre
Cité de la Musique
GREAT BLACK MUSIC – jusqu’au 24
août
Fondation Cartier pour l’art
contemporain
MÉMOIRES VIVES – jusqu’au 21
septembre
Galerie des Gobelins
LES GOBELINS AU SIÈCLE DES
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LUMIÈRES, un âge d’or de la
Manufacture royale – jusqu’au 27
juillet
Grand Palais
BILL VIOLA – jusqu’au 21 juillet
MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME
– jusqu’au 13 juillet
ROBERT MAPPLETHORPE – jusqu’au
13 juillet
MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE
ROME... – jusqu’au 13 juillet
Institut du Monde arabe
IL ÉTAIT UNE FOIS L'ORIENT EXPRESS
– jusqu’au 31 août
SOIERIES D'AL-ANDALUS, avec la
Fondation Lázaro Galdiano,
Madrid – jusqu’au 21 septembre
Jeu de Paume
KATZI HORNA & OSCAR MUÑOZ –
jusqu’au 18 septembre
KAPWANI KIWANGA. MAJI-MAJI –
jusqu’au 18 septembre
Maison du Danemark
JEAN RENÉ GAUGUIN 1881-1961.
SCULPTEUR ET CÉRAMISTE – jusqu’au
12 juillet
Maison de Victor Hugo
L’ÂME A-T-ELLE UN VISAGE ?
L’Homme qui rit, de Gwynplaine
au Joker – jusqu’au 31 août
Maison de la Photographie
FRANÇOISE HUGUIER / MARIE-PAUL
NÈGRE / KATIA MACIEL / ADRIEN LÉVY-
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CARIÈS – jusqu’au 31 août
Musée des arts décoratifs
DRIES VAN NOTEN - Inspirations –
jusqu’au 31 août
RECTO VERSO - 8 pièces graphiques – jusqu’au 9 novembre
Musée d’art moderne
LUCIANO FONTANA, rétrospective
– jusqu’au 24 août
UNEDITED HISTORY, Iran 19602014 – jusqu’au 24 août
Musée Carnavalet
PARIS LIBÉRÉ, PARIS PHOTOGRAPHIÉ,
PARIS EXPOSÉ – jusqu’au 8 février
Musée Cernuschi
BAI MING, peintre-céramiste –
jusqu’au 4 août
Musée Dapper
INITIÉS, BASSIN DU CONGO &
MASQUES DE ROMUALD HAZOUMÈ –
jusqu’au 6 juillet
Musée Jacquemart-André
DE WATTEAU À FRAGONARD, LES
FÊTES GALANTES – jusqu’au 21 juillet
Musée du Louvre
NAISSANCE D’UN MUSÉE / LOUVRE
ABU DHABI – jusqu’au 28 juillet
MASQUES, MASCARADES, MASCARONS - jusqu’au 22 septembre
Musée Maillol
LE TRÉSOR DE SAN GENNARO – jusqu’au 20 juillet
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Musée Marmottan-Monet
LES IMPRESSIONNISTES EN PRIVE. 100
chefs-d’œuvre de collectionneurs
– jusqu’au 6 juillet
Musée de Montmartre
PICASSO À MONTMARTRE. La BD
Pablo de Julie Birmant & Clément
Oubrerie – jusqu’au 31 août
Musée d’Orsay
VINCENT VAN GOGH / ANTONIN
ARTAUD. LE SUICIDÉ DE LA SOCIÉTÉ –
jusqu’au 6 juillet
CARPEAUX (1827-1875), UN SCULPTEUR POUR L'EMPIRE – jusqu’au 28
septembre.
Musée Rodin
MAPPLETHORPE / RODIN – jusqu’au
21 septembre
Petit Palais
PARIS 1900, LA VILLE SPECTACLE –
jusqu’au 17 août
Palais de Tokyo
L’ÉTAT DU CIEL [partie 1] – jusqu’au 7 septembre.
ED ATKINS - BASTARDS – jusqu’au
7 septembre
HIROSHI SUGIMOTO - AUJOURD’HUI
LE MONDE EST MORT – jusqu’au 7
septembre
Pinacothèque
LE MYTHE CLÉOPÂTRE – jusqu’au 7
septembre.
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GENEVE
concerts
6.7. : CANADIAN AMBASSADOR CHOIR
(Canada), NEWCASTLE UNIVERSITY
CHOIR (Australie), KEARNSEY COLLEGE
CHOIR (Afrique du Sud), SIGNAL HILL
ALUMNI CHOIR (Trinidad et Tobago),
THE SINGING ANGELS (USA), dir. Gary
Fry. Victoria Hall à 18h (loc. Espace
Ville de Genève, Grütli, Genève
Tourisme, Cité Seniors, Centrale
Billetterie T 0800 418 418)
danse
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Du 4 au 6.7. : OPÉRA III, chorégraphie et danse Giuseppe Bucci, performance chorégraphique. Le
Galpon, ven et sam à 20h, dim à 18h
(rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2
heures avant le début de l’événement - mail : [email protected])
Du 29.8. au 1.9. : EL TRIUNFO DE LA
LIBERTAD, conçu par la chorégraphe
et performeuse La Ribot. La
Comdéie de Genève, mar-mer-jeusam à 19h, ven à 20h, dim à 17h
classique
MUSIQUES EN ÉTÉ CLASSIQUE
(rens. 0800.418.418 / loc. Maison
des arts du Grütli / Espace Ville de
Genève / Cité Seniors / Genève
Tourisme)
Victoria Hall à 20h :
4.7. : OSR, dir.
Cour de l’Hôtel de Ville :
8, 9, 11, 12.7. à 20h45 : I DUE
BARONI DI ROCCA AZZURA,
de
Domenico Cimarosa. Opéra de
Chambre de Genève & Orchestre de
Chambre de Genève, dir. Franco
Trinca. Solistes : LAURENCE GUILLOD
(Sandra), CARINE SÉCHAYE (mme
Laura), ROGER PADULLÈS (Franchetto),
FRANCESCO SALVADORI (Totaro),
MICHELE GOVI (Demofonte).
15.7. à 20h30 : KOTARO FUKUMA,
piano (Tokuyama, Chopin, Moussorgsky)
17.7. à 20h30 : QUATUOR HERMÈS
(Debussy, Dutilleux, Ravel)
22.7. à 20h30 : MARKUS SCHIRMER,
piano (Beethoven)
24.7. à 20h30 : LES DOMINONS avec
Florence Malgoire, Serge Saitta,
Emmanuel Salssa et Paolo Zanzu
(Rameau, JS Bach)
29.7. à 20h30 : GILLES VONSATTEL,
piano (Beethoven, Holliger, Janacek,
Ravel, Honegger)
31.7. à 20h30 : CUARTETO CASALS
(Mozart, Ligeti, Brahms)
7.8. à 20h30 : CLÉMENTINE MARGAINE,
mezzo & EMMANUEL CHRISTIEN, piano
(Fauré, Saint-Saëns, Ravel, Granados
et Montsalvatge...)
12.8. à 20h30 : LES VENTS FRANÇAIS,
avec François Meyer, Paul Meyer,
Gilbert Audin et Bruno Schneider &
ERIC LE SAGE, piano (Mozart,
Beethoven)
14.8. à 20h30 : LES DISSONANCES,
avec DAVID GRIMAL, dir. & violon,
JONATHAN BROWN, alto, ARNAUD
TOMÀS, violoncelle (Vivaldi, Piazzolla)
Scène Ella Fitzgerald à 20h30 :
5.8. : L’ORCHESTRE DE CHAMBRE DE
GENÈVE, dir. Arie van Beek (œuvres
orchestrales et pièces pour solistes)
jazz
MUSIQUES EN ÉTÉ
(rens. 0800.418.418 / loc. Maison
des arts du Grütli / Espace Ville de
Genève / Cité Seniors / Genève
Tourisme)
Cour de l’Hôtel de Ville à 20h30 :
7.7. : RIVERSIDE QUARTET, avec Dave
Douglas, Chet Doxas, Steve Swallow
et Jim Doxas.
14.7. : CÉCILE MCLORIN SALVANT
QUARTET, avec Cécile McLorin Salvant,
Aaron Diehl, Paul Sikivie, Jamison
Ross
21.7. : THE BAD PLUS, avec Reid
Anderson, Ethan Iverson, David King
28.7. : LOVANO EUROPA QUARTET,
avec Joe Lovano, Salvatore
Bonafede, Lars Danielsson, Jukkis
Uotil
4.8. : B.F.G., avec Emmanuel Bex,
Glenn Ferris, Simon Goubert
11.8. : PETER BERNSTEIN TRIO, avec
Peter Bernstein, Doug Weiss, Bill
Stewart
musiques
colorées
MUSIQUES EN ÉTÉ
(rens. 0800.418.418 / loc. Maison
des arts du Grütli / Espace Ville de
Genève / Genève Tourisme)
Scène Ella Fitzgerald à 20h30 (sauf
mention contraire) :
2.7. : PARADISE BANGKOK MOLAM
INTERNATIONAL BAND
9.7. : CHARLELIE COUTURE, chanson
11.7. : DEOLINDA, fado-fada
16.7. : CHARLES BRADLEY AND HIS
EXTRAORDINAIRES, soul
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18.7. : PIERS FACCINI, folk indie
23.7. : JUDITH HOLOFERNES, pop
25.7. : PALENQUE feat. RAMON
BENITEZ, fanfare colombienne
30.7. : BALKAN BEAT BOX, mediterranean dancehall
1.8. à 16h45 : LES PETITS CHANTEURS
À LA GUEULE DE BOIS, chanson
1.8. : ORCHESTRE TOUT PUISSANT
MARCEL DUCHAMP, afro dada
1.8. à 22h45 : RENAN LUCE, chanson
6.8. : CHAMBER SOUL &
KALEIDOSCOPE, soul
8.8. : TAMIKREST, rock touareg
13.8. : STEVE EARLE & THE DUKES,
country / folk
15.8. : MORIARTY meets MAMA ROSIN,
folk / combat cajun
20.8. : EBO TAYLOR, highlife
théâtre
THÉÂTRE DE L’ORANGERIE
Rés. : 022 700 93 63 (répondeur) ou
www.theatreorangerie.ch
ATTENTION: les réservations on line
sont clôturées 24H avant la date de
représentation / prévente Service culturel Migros
Jusqu’au 13.7. : LA SECONDE SURPRISE DE L’AMOUR de Marivaux, m.e.s.
Valentin Rossier
Du 16 au 26.7. : DERNIERS REMORDS
AVANT L’OUBLI de Jean-Luc Lagarce,
m.e.s. Michel Kacenelenbogen
Du 29.7. au 10.8. : HOT HOUSE de
Harold Pinter, m.e.s. Pietro Musillo
Du 5 au 23.8. : LE RÊVE PENCHÉ de
et avec Myriam Bucris et Denis
Correvon (jeune public)
Du 13 au 23.8. : DOUTE de John
Patrick Shanley, m.e.s. Robert
Bouvier
Du 26.8. au 6.9. : IPHIGÉNIE EN
TAURIDE de Goethe, m.e.s. Didier
Nkebereza
Du 9 au 19.9. : LES MÉFAITS DU TABAC
de Tchekhov, m.e.s. Denis Podalydès
Du 23 au 26.9. : DANSEHABILE / 1ère
partie : SOI-MÊME COMME UN AUTRE,
chor. Foofwa d’Imobilité / 2ème partie : DES MOTS EN CORPS, chor. Uma
Arnese
27.7. dès 22h : GRAND BAL DE
avec Gypsy Sound
L’ORANGERIE
System / Dj Olga
FESTIVAL DE LA BÂTIE
Du 29 août au 13 septembre.
Théâtre, danse, concerts, performances, expositions, ateliers, projections, soirées "waoww", ...
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LAUSANNE
concerts
15.7. : Concert Jazz Onze+. SIGA
VOLANDO. théâtre de Verdure
(Casino de Montbenon) à 21h / en
cas de mauvais temps, repli au
Casino de Montbenon, salle
Paderewski
18.7. : ROMAN PERUCKI, directeur
de la Philharmonie de la Baltique à
Gdansk, orgue et MARIA PERUCKA,
violon (Rheinberger, JS Bach,
Bielecki, CPE Bach, Surzynski,
Kruczek et Borowski). Cathédrale à
20h
1.8. : JÜRGEN WOLF, cantor de la
Nikolaikirche de Leipzig (J.A.
Reincken, N. de Grigny, D.
Buxtehude et J.S. Bach). Cathédrale
à 20h
2.8. : Concert exceptionnel.
ACADÉMIE DE MUSIQUE DE LAUSANNE,
avec Pierre Amoyal, violon, et
Robert Levin (Janacek, Mozart,
Frank). Casino de Montbenon - Salle
Paderewski à 19h. Entrée libre
8.8. : ANDRZEJ CHOROSINSKI, de l'académie Chopin de Varsovie (Bach,
Chopin, Widor). Cathédrale à 20h.
Entrée libre
28.8. : L'Europe musicale de la fin
du 19e siècle. QUATUOR SINE NOMINE
(Debussy, Wolf, Schubert, Dvorak).
Place Arlaud à 19h30 / En cas de
pluie, repli à l'Eglise Saint-Laurent
(Rens.: 078 748 31 91). Entrée libre
FESTIVAL DE MUSIQUE IMPROVISÉE
Du 15 au 22 août, à 20h, dim à 17h
entrée libre
Dimanche 17.8. : ALEXANDRE
CELLIER (multi-instrumentiste) ET
ANTOINE Auberson (saxophone).
Grotte-2 (Conservatoire)
Lundi 18.8. : FREDDY EICHELBERGER
ET JEAN-LUC HO (orgues). Église
Saint-Laurent
Mardi 19.8. : PAUL GOUSSOT ET
BENJAMIN RIGHETTI (orgues). Église de
Villamont
Mercredi 20.8. : DIRK BÖRNER (clavecin) et MATTHIEU CAMILLERI (violon).
Église de Villamont
Jeudi 21.8. : LA TRIVIATA (opéra
improvisé). Grotte-2 (Conservatoire)
Vendredi 22.8. : THOMAS OSPITAL
(orgue) sur "The Pleasure Garden"
premier film d'Alfred Hitchcock,
1925 - Église Saint-François
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Nyon
far°, festival des arts vivants
Le far° festival des arts vivants reviendra “perturber“ agréablement la ville de Nyon en août durant deux
semaines, transformant la cité en lieu de rencontre majeur pour les amateurs d’arts scéniques.
En effet, le far° occupe une place à part
dans le paysage helvétique du théâtre, de la
danse et de la performance. Seule manifestation estivale de cet ordre dans la région, elle
explore les nouveaux territoires des arts
vivants et réunit les conditions propices à
une véritable émulation artistique. Elle
maintient depuis ses débuts une programmation suisse et internationale qui allie exigence et originalité et poursuit sa volonté de
sensibiliser le public romand aux esthétiques
contemporaines les plus radicales.
Parmi les artistes associés pour 20132014, citons Anne Delahaye et Nicolas Exemple de performance accueillie au FAR, celle de Philippe Quesne lors
de l’édition 2008 © Pierre Grosbois
Leresche qui poursuivent leurs recherches
autour de la notion de débordement. En mai dernier, ils ont présenté une nouvelle une étape de travail de leur projet
«Parc National».
La programmation du festival fera à nouveau la part belle aux performances de toutes sortes, théâtre, musique ou
danse, et, comme les autres années, plusieurs lieux de la ville accueilleront les spectacles invités.
Du 13 au 23 août 2014
théâtre
Du 1er au 2.7. : CARNET DE ROUTE I
par Les arTpenteurs. Jardin du petit
théâtre (yourte), pl. Cathédrale 12, à
19h30
Du 3 au 4.7. : CARNET DE ROUTE II
par Les arTpenteurs. Jardin du petit
théâtre (yourte), pl. Cathédrale 12, à
19h30
Du 5 au 6.7. : CARNET DE ROUTE III
par Les arTpenteurs. Jardin du petit
théâtre (yourte), pl. Cathédrale 12, à
19h30
divers
5.7. : LE VENT DANS LES SAULES,
conte musical par l’Harmonie
Lausannoise et Christophe Balissat.
Parc de Mon-Repos à 17h / cas de
mauvais temps, repli au Casino de
Montbenon, salle Paderewski (Rens.
079 277 70 42)
5.7. : CORRESPONDANCE DES ROUTES
CROISÉES II, par Le Collectif Fin de
Moi. Parc de l’Hermitage - sous le
hêtre pleureur, à 20h
12.7. : PAROLES ESTIVALES –
TINTAMARRE AUX PAYS DES LIVRES, par
Deirdre Foster. Jardins du Musée
historique de Lausanne à 11h / en
cas de mauvais temps, repli à l’intérieur du Musée.
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20.7. : PAROLES ESTIVALES – CONTES
D’ÉCUME, par Stella Lo Pinto. Jardins
du Musée Olympique, Quai d’Ouchy
1, à 11h
FESTIVAL DE LA CITÉ
Du 8 au 13 juillet
Théâtre, danse, concerts, performances, expositions, ateliers, projections, soirées "waoww", ...
Programme sur : http://www.festivalcite.ch/
opéra
8 et 9.7. : La Route Lyrique. PHIPHI, de Henri Christiné, dir. Jacques
Blanc, m.e.s. Gérard Demierre. Parc
de Mont-Repos à 21h15 / En cas de
mauvais temps, repli à l'Opéra de
Lausanne. Entrée libre
AILLEURS
mézières
THÉÂTRE DU JORAT à 20h, dim à 17h,
sauf mention contraire
(rés. : www.theatredujorat.ch/)
3, 4, 6.7. : BÉJART BALLET LAUSANNE
- «Là où sont les oiseaux» et «Brel et
Barbara»
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tannay
LES VARIATIONS MUSICALES
Du 24 au 31 août
dim. 24.8., 17h : RENAUD CAPUÇON,
violon, et l'ORCHESTRE DU FESTIVAL
(Rossini, Mozart, Bach, Beethoven)
lun 25.8., 20h : ADAM LALOUM,
piano
(Schumann,
Chopin,
Prokofiev)
jeu 28.8., 20h : EDGAR MOREAU, violoncelle et PIERRE-YVES HODIQUE,
piano
(Beethoven,
Brahms,
Prokofiev, Chopin, Paganini)
ve 29.8., 20.00 : LOUIS
SCHWITZGEBEL-WANG, piano, RACHEL
KOLLY D'ALBA, violon, avec
l'ORCHESTRE DE CHAMBRE DE GENÈVE
(Mendelssohn, Haydn, Bartok)
sa 30.8., 16.30 : ENSEMBLE
INTERMEZZO (concert pour familles
)Ma Mère l'Oye, Ravel
sa 30.8., 20h : TRIO WANDERER
(Schubert, Tchaïkovski)
di 31.8., 17h : AVI AVIVAL, mandoline, avec la GENEVA CAMERATA (Bach
et famille)
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Cour de l’Hôtel de Ville
Il Due Baroni di Rocca Azzura
Divertissement garanti, en juillet dans la Cour de l’Hôtel de Ville, avec les représentations de cet “opera buffa“ en deux actes de Domenico Cimarosa, un
des plus populaires du compositeur, ici servi par l’Opéra de Chambre de Genève. Au clavecin : Riccardo Mascia.
Dans une mise en scène de Francesco Bellotto, avec un Orchestre de Chambre de Genève placé sous la direction de Franco Trinca, un habitué du festival
Musiques en été, les chanteurs conviés pour l’occasion vous offriront une soirée riche en situations comiques. Parmi la distribution, signalons la présence de la
soprano italo-suisse Laurence Guillod (ici dans le rôle de Sandra) et
de la mezzo-soprano genevoise Carine Séchaye (Madame Laura). Le
ténor Roger Padullés (Franchetto) et les barytons Francesco
Salvadori (Totaro) et Michele Govi (Demofonte) complètent la distribution.
L’intrigue tourne autour d'une série d'erreurs d'identité, qui à un
moment donné dans l'opéra débouche sur une confusion incroyable
du fait des deux dames principales qui endossent quatre personnalités différentes chacune, se déguisant pour ajouter à la confusion de
leurs amants. Cela implique des intrigues d'amour élaborées et des
situations comiques.
Toutes ces complications ont fourni à Cimarosa de nombreuses
d'occasions pour créer de la musique bouffe comique et imaginative
Carine Séchaye © Barbara de Preux
en faisant intervenir de l'humour de grosse farce. Le librettiste, par
les situations qu’il décrit, a aussi permis au compositeur d’utiliser des sons inhabituels divers, tels que l'utilisation de voix de fausset, le braiement d'ânes et
l’usage théâtral de la trompette pour annoncer des fanfares et des entrées.
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Les 8, 9, 11, 12 juillet à 20h45
Billetterie : Maison des arts du Grütli, Espace Ville de Genève, Genève Tourisme ou en ligne sur http://billetterie-culture.ville-ge.ch
Place du Château, Nyon
LunaClassic
Le St-Prex Classics change de nom et de ville pour son édition 2014. En effet, il se fait désormais connaître sous le nom de LunaClassic et se déroulera sur
la place du Château de Nyon.
Le concert inaugural du mardi 19 août réunira Nelson Goerner, Paul Meyer, Menuhin Academy Soloists & Jeunes Talents 2013, avec au programme des
œuvres de Schubert, Mendelssohn-Bartoldy et Chopin.
Par la suite, de nombreux artistes de renommée internationale se succéderont sous “Luna“ :
Maxim Vengerov le mercredi 20 août (Frank, Prokofiev, Brahms, Dvorak/Kreisler, Wieniawsky...) ;
John Malkovich & Julian Rachlin le jeudi 21 août (avec un nouveau projet imaginé par l’acteur
autour d’une œuvre subversive de Roberto Bolaño, auteur sud-américain) ; Dee Dee Bridgewater &
Ruggero Raimondi les vendredi 22 et samedi 23 août sous l’intitulé «Broadway meets Italy» ; Gary
Burton & Dizzy Gillespie le dimanche 24 août pour un concert 100% jazz ; Steven McRae, Yuja
Wang & Martin Grubinger les lundi 25 août et mardi 26 août pour vous faire goûter «L’Empire du
Rythme» ; Fazil Say le mercredi 27 août qui jouera Moussorgski, les Tableaux d’une exposition, et
Fazil Say, Ballades et Jazz Fantaisies ; une soirée musique & danse avec Hervé Moreau, Stéphane
Bullion & Gautier Capuçon, Jorge Viladoms ; un récital d’un pianiste qu’on ne présente plus,
Menahem Pressler le vendredi 29 août ; Nigel Kennedy & Jean-Luc Ponty, deux prestigieux violonistes, les samedi 30 & dimanche 31 août ;
À signaler toutefois que certains artistes se produiront au Temple de Nyon à 19h : Christian
Chamorel & Felix Froschhammer le vendredi 22 août ; Olivier Cavé & Amelia Scicolone le samedi 23 août (Haydn, Bellini, Donizetti, …) ; Yuja Wang, Gautier Capuçon & Liya Petrova le mercredi 27 août (Chostaklovitch, Mendelssohn). Les Jeunes Talents 2014, soit Lorenzo Soulès, piano, Liya
Petrova, violon, Amelia Scicolone, soprano se produiront le dimanche 24 août.
Comme on le voit, Luna Classics ne connaît pas les frontières entre les disciplines artistiques ni
les cloisonnements. La preuve ? Ambitionnant l’éclectisme et l’ouverture, mais toujours soucieux de
viser l‘excellence, le festival propose plusieurs soirées “mixtes“ réunissant par exemple chanteurs
de jazz et d’opéra, ou danseur et percussionniste...
Du 19 au 31 août 2014
Gautier Capuçon © Aline Paley
a
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n
d
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tm
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marionnettes
saison
2014
2015
THÉÂTRE DES MARIONNETTES DE GENÈVE
Rue Rodo 3 – 1205 Genève – 022 807 31 07 – www.marionnettes.ch
Des histoires palpitantes
et poétiques qui font voir
le monde autrement !
LA LEÇON
DU MONTREUR
Du 20 au 21 septembre 2014
Dès 5 ans
Une initiation ludique et poétique
à la marionnette.
MATHILDE
Du 24 au 28 septembre 2014
Adultes, ados
Attente et ironie dramatique au pays
des aînés.
LA LIGNE DE CHANCE
Du 3 au 21 décembre 2014
Dès 4 ans
Une courageuse héroïne silhouettée
dans le monde des contes suisses.
BARTLEBY
Du 8 au 20 janvier 2015
Adultes, ados
La résistance violemment comique
d’un petit employé.
TOI DU MONDE
LE DÉRATISEUR
DE HAMELIN
TURLUTUTU
MAM’ZELLE CHAPEAU
WUNDERKAMMER
LES CHAISES
SOUCIS DE PLUME
LOULOU
Du 4 au 19 octobre 2014
Dès 4 ans
Les difficultés de la vie enfantine
vues depuis les toits.
Du 20 au 30 octobre 2014
De 1 à 3 ans
Des comptines sortent de l’habit
de Monsieur Turlututu.
Du 31 octobre au 5 novembre
2014 – Adultes, ados
Un étonnant cabinet aux merveilles
marionnettiques.
Du 8 au 26 novembre 2014
Dès 4 ans
Les extraordinaires aventures
de Monsieur Petitmonde dans
des univers parallèles.
Du 24 janvier au 8 février 2015
Dès 7 ans
Un artiste justicier face au règne
de l’argent.
Du 12 février au 1er mars 2015
De 1 à 3 ans
Une demoiselle travaille du chapeau
pour de merveilleux récits.
Du 19 février au 1er mars 2015
Adultes, ados
Jouer et rejouer sa vie au cœur
d’une farce tragique.
Du 7 au 25 mars 2015
Dès 4 ans
Loup et lapin deviennent amis,
ignorant qu’ils doivent être
ennemis intimes.
LE VILAIN PETIT
MOUTON
Du 15 avril au 3 mai 2015
Dès 6 ans
La désobéissance d’un jeune mouton
qui rêve de nouveaux horizons
et d’un monde plus juste.
RIFIFI RUE RODO
Du 19 mai au 7 juin 2015
Adultes, ados
Petits crimes entre amis au fil
d’une déambulation marionnettique
et policière.
Illustration : Albertine
Réservations dès le 19 août
au 022 807 31 07
ou sur www.marionnettes.ch
CLASSIQUE
AU VICTORIA HALL Concerts d’ouverture
28 JUIN À 20H SEIJI OZAWA INTERNATIONAL ACADEMY SWITZERLAND / SEIJI OZAWA Beethoven, Schubert, Brahms,
Debussy, Bach, Bartòk 29 JUIN À 17H ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE / KAZUKI YAMADA / DAISHIN KASHIMOTO
Honegger, Tchaïkovski, Rimski-Korsakov
À LA SCÈNE ELLA FITZGERALD Concert gratuit
5 AOÛT À 20H30 L’ORCHESTRE DE CHAMBRE DE GENÈVE / ARIE VAN BEEK / SOLISTES DE L’OCG Mozart, Rodrigo, Händel,
Kreisler, Casals, Bach, Bizet
À LA COUR DE L’HÔTEL DE VILLE À 20H30
15 JUILLET KOTARO FUKUMA Tokuyama, Chopin, Moussorgski 17 JUILLET QUATUOR HERMÈS Debussy, Dutilleux, Ravel
22 JUILLET MARKUS SCHIRMER Beethoven 24 JUILLET LES DOMINOS / FLORENCE MALGOIRE Rameau, Bach 29 JUILLET
GILLES VONSATTEL Beethoven, Holliger, Janáček, Ravel, Honegger 31 JUILLET CUARTETO CASALS Mozart, Ligeti, Brahms 7 AOÛT
CLÉMENTINE MARGAINE / EMMANUEL CHRISTIEN Fauré, Granados, Saint-Saëns, Ravel, Montsalvatge 12 AOÛT LES VENTS
FRANÇAIS / ÉRIC LE SAGE Glinka, Mozart, Auric, Beethoven 14 AOÛT LES DISSONANCES / DAVID GRIMAL Vivaldi, Piazzolla
OPÉRA
À LA COUR DE L’HÔTEL DE VILLE À 20H45
8, 9, 11&12 JUILLET OPÉRA DE CHAMBRE DE GENÈVE / FRANCO TRINCA / L’OCG Cimarosa « I Due Baroni Di Rocca Azzurra »
JAZZ
À LA COUR DE L’HÔTEL DE VILLE À 20H30
7 JUILLET RIVERSIDE Dave Douglas, Chet Doxas, Steve Swallow, Jim Doxas 14 JUILLET CÉCILE McLORIN SALVANT QUARTET
« Woman Child » 21 JUILLET THE BAD PLUS 28 JUILLET LOVANO EUROPA QUARTET 4 AOÛT B.F.G. Bex–Ferris–Goubert
11 AOÛT PETER BERNSTEIN TRIO
COLORÉES
À LA SCÈNE ELLA FITZGERALD À 20H30
2 JUILLET PARADISE BANGKOK MOLAM INTERNATIONAL BAND Molam 9 JUILLET CHARLELIE COUTURE Chanson
11 JUILLET DEOLINDA Fado-fada 16 JUILLET CHARLES BRADLEY AND HIS EXTRAORDINAIRES Soul 18 JUILLET PIERS
FACCINI Folk indie 23 JUILLET JUDITH HOLOFERNES Pop 25 JUILLET PALENQUE FEAT. RAMÓN BENÍTEZ Fanfare colombienne
30 JUILLET BALKAN BEAT BOX Mediterranean dancehall 1ER AOÛT dès 16H45 LES PETITS CHANTEURS À LA GUEULE DE
BOIS Chanson jeune public / ORCHESTRE TOUT PUISSANT MARCEL DUCHAMP Afro-dada / RENAN LUCE Chanson 6 AOÛT
CHAMBER SOUL & KALEIDOSCOPE Soul 8 AOÛT TAMIKREST Rock touareg 13 AOÛT STEVE EARLE & THE DUKES
Country – Folk 15 AOÛT MORIARTY MEETS MAMA ROSIN Folk – Combat cajun 20 AOÛT EBO TAYLOR Highlife
LOCATION CLASSIQUE OPÉRA JAZZ
Maison des arts du Grütli—Espace Ville de Genève—
Genève Tourisme—Cité Seniors—Billetterie en ligne
COLORÉES Concerts gratuits
WWW.MUSIQUESENETE.CH