Willa Cather - Bibliothèque de Maisons

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Willa Cather - Bibliothèque de Maisons
Juin 2016
Willa CATHER
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Wilella Sibert Cather, romancière américaine, naît en 1873
sur les terres de sa grand-mère en Virginie. Lorsqu’elle a
neuf ans, ses parents s’installent sur la ferme de Red Cloud
dans le Nebraska, au cœur de la région des Grandes Plaines
et du Midwest. La petite fille côtoie alors les familles de fermiers venues d’Europe du Nord, d’Allemagne et de Bohême. Elle fréquente l’école pour la première fois, tandis que
son père, faute d’avoir réussi à cultiver son domaine, ouvre
une agence immobilière et une compagnie d’assurance.
Élève douée, Willa Cather entreprend des études de médecine. À dix-huit ans, elle écrit une nouvelle dont le thème
ressurgira plus tard : il s’agit de l’histoire d’un artisan de Bohême émigré aux États-Unis et rendu fou par l’espace et la
solitude. Ce récit est publié par une revue de Boston. Willa
Cather abandonne alors la médecine pour étudier la littérature anglaise. Elle devient journaliste et collabore au Nebraska State Journal puis travaille six ans à New York pour le
plus grand magazine de reportage de l’époque, le McClure.
Tous les titres cités peuvent être
empruntés à la bibliothèque municipale
Bibliothèque Municipale
de Maisons-Laffitte
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Ce n’est qu’en 1913, à quarante ans, que Willa Cather revient à l’écriture fictionnelle avec O Pioneers !, qui formera
avec Le chant de l’alouette et Mon Antonia, « la trilogie de
la prairie », mettant en scène les pionniers des grands espaces partagés entre la nostalgie du pays et la foi en l’avenir.
« J’ai grandi en aimant ces immigrants », raconte Willa Cather pour expliquer l’ancrage de son œuvre dans les Grandes
Plaines. « Je n’ai pas connu ultérieurement d’excitation intellectuelle plus intense que celle que j’ai ressentie alors, en
passant une matinée à côté de ces pionnières occupées à
confectionner des brioches ou à fabriquer du beurre. Cela a
constitué, pour moi, l’impulsion initiale. ».
Mon Antonia, publié en 1918, est son roman le plus célèbre.
Il lui vaut une grande notoriété et l’admiration de ses contemporains : William Faulkner la classe parmi les quatre meilleurs romanciers de ce début de siècle, tandis que Sinclair Lewis estime qu’elle mérite le Prix Nobel à sa place. Plus tard,
lorsque l’on demandait à Truman Capote quel était son écrivain préféré, il répondait invariablement « Willa Cather ».
La romancière obtient le prix Pulitzer en 1923 pour L’un des
nôtres, et écrit jusqu’en 1940, en changeant plusieurs fois de
thèmes et de décors. Au sommet de sa notoriété en 1925, une
longue éclipse commence jusque dans les années 70 lorsque
la critique féministe la remet sur le devant de la scène en
même temps que Kate Chopin ou Edith Wharton.
Pourtant, ses romans d’apprentissage et ses héroïnes à la volonté de fer restent méconnus en France. C’est une redécouverte que nous devons notamment à Mathieu Lindon, qui en
parle avec enthousiasme dans ses chroniques et ouvre son roman Ce qu’aimer veut dire par le compte-rendu d’une nouvelle dans laquelle Willa Cather croise la nièce de Gustave
Flaubert, un de ses modèles. La romancière partage en effet
avec le grand auteur français la peinture de la province et
l’amour de ceux qui la peuplent.
« Toute l’œuvre de Willa Cather baigne dans une atmosphère
d’une émotion infinie, sans tristesse, mais qui met perpétuellement les larmes aux yeux. », écrit Mathieu Lindon.
Il faut sans hésiter lire ses récits à la musicalité douce, à la
grande perspicacité psychologique et pleins d’une humanité
bienveillante.
« Un roman doit sembler aussi simple et naturel qu’un poisson glissant dans l’eau », écrit la romancière, livrant une
image qui correspond tout à fait à l’impression que l’on a en
la lisant.
Le chant de l’alouette
Le chant de l’alouette, paru en 1915, n’est traduit pour
la première fois en France qu’en 2007. Il retrace le parcours de Thea Kronborg, une jeune fille élevée dans la
petite ville de Moonstone au Colorado. Elle grandit au
sein d’une famille nombreuse sous le regard bienveillant de son père, un pasteur méthodiste suédois. Douée
pour la musique et encouragée par plusieurs hommes
bienveillants, dont son vieux professeur de piano, elle
deviendra une cantatrice célèbre et fera carrière à NewYork.
Le chant de l’alouette est un roman d’apprentissage
délicat, le portrait d’une jeune femme souhaitant
échapper à un destin de mère au foyer pour se donner
corps et âme à son art. Le talent de Willa Cather s’y
déploie dans l’attention qu’elle porte aux détails, aux
sensations et aux sentiments profonds de son héroïne.
Mon Antonia
C’est à dix ans que Jim rencontre Antonia pour la première fois. Lui est devenu orphelin et rejoint ses
grands-parents, des fermiers aisés du Nebraska. Elle
est Tchèque et arrive le même jour avec toute sa famille pour prendre possession d’une terre vierge où
tout est à construire. Les deux enfants grandissent tout
près l’un de l’autre, au milieu d’une nature à apprivoiser. En grandissant, leur amitié amoureuse sera mise à
mal par leurs destins respectifs mais ne disparaîtra pas
pour autant.
« J’aurais tant aimé t’avoir comme fiancée », dit Jim à
Antonia, « ou comme épouse, ou comme mère ou
comme sœur, tout ce qu’une femme peut être pour un
homme. »
Œuvre la plus connue de Willa Cather, encore étudiée
par les écoliers américains, Mon Antonia a valu à son auteur le statut précoce de classique du XXe siècle.
C’est un roman d’une grande beauté, célébrant une vie
en accord avec la Nature et l’importance des instants
partagés qui passent trop vite. À redécouvrir.
homme sensible n’ose pas exprimer son envie d’étudier et
d’évoluer dans un milieu cultivé et moderne. Poussé malgré lui à reprendre les rênes de l’exploitation, il tire un
trait sur ses ambitions. Mais la Première Guerre mondiale
vient bouleverser son destin.
Inspirée par la vie de son propre cousin, Willa Cather obtient le Prix Pulitzer pour ce roman en 1922.
Elle y reprend les thèmes qui lui sont chers tels que l’affirmation de soi, l’amitié et l’attachement à la terre natale.
La Montgolfière
Publiée tout d’abord en 1919 dans le McClure’s Magazine sous le titre « Coming, Eden Bower », la Montgolfière est une longue nouvelle dont l’histoire se déroule à
New York. Dans son studio, Don Hedger jouit d’une
« tranquillité parfaite » auprès de son chien César jusqu’au jour où un ouragan du nom d’Eden Bower s’installe dans la chambre voisine. Le peintre solitaire est très
vite fasciné par cette belle chanteuse pleine d’assurance
et d’ambition, et se met à l’observer par un trou dans la
cloison.
Avec cette histoire d’amour qui peut sembler commune
mais qui se révèle extrêmement fine, Willa Cather
aborde des sujets très forts comme le désir masculin et la
liberté de la femme, thèmes jusqu’alors peu développés
par les femmes en littérature.
On en garde l’impression d’une nouvelle au charme fou.
L’un des nôtres
Claude Wheeler s’ennuie dans la ferme familiale du Nebraska. Face à la forte personnalité de son père, le jeune
La mort et l’Archevèque
Ce roman semi-historique s’inspire de la vie de deux missionnaires français ayant réellement existé : Jean-Baptiste
Lamy et Joseph Machebeuf. Tous deux furent chargés par
l’Église catholique de fonder un évêché sur les immenses
territoires du Nouveau-Mexique, récemment cédés aux
États-Unis. Willa Cather nomme ces personnages « Père
Latour » et « Père Vaillant », et retrace leur parcours amical et leur découverte des populations indiennes et mexicaines.
L’auteure, qui s’est récemment convertie du protestantisme au catholicisme, insiste sur la tolérance, l’héroïsme
et la sainteté des deux prélats. Elle saisit par ailleurs admirablement la beauté des paysages et du peuple amérindien.
Destins obscures : nouvelles
Les trois nouvelles qui constituent ce recueil sont baignées par l’idée de la nostalgie.
Dans « La vieille Madame Harris » et « Le Père Rosicky », Willa Cather rend hommage aux anciens et
aux sacrifices qu’ils ont accomplis pour les leurs. La
dernière nouvelle, « Deux amis », analyse, à travers
les yeux d’une enfant, la fin d’une relation forte et
chaleureuse entre deux compères à cause d’une bête
querelle politique.
Willa Cather analyse de manière juste et sensible ces
trois destins qui disent la fin d’une certaine Amérique et l’arrivée d’un modernisme qui semble laisser
de côté l’essence des choses et l’attention portée aux
autres.
Lucy Gayheart
Lucy Gayheart est une jeune fille provinciale dont le
nom dit d’emblée toute la légèreté et l’insouciance.
À dix-huit ans, elle quitte sa petite ville et s’installe à
Chicago pour y étudier le piano. Elle fait alors la rencontre d’un grand chanteur d’opéra, Clément Sebastian, et, fascinée par son talent et sa culture, tombe
follement amoureuse de lui. Ces sentiments semblent
cependant entachés par une menace : « C’était la découverte d’une dimension de la vie, la révélation que
l’amour était une force tragique, qui n’avait rien à
voir avec l’attendrissement, d’une passion où l’on se
noie comme dans une eau noire. »
Willa Cather construit un très bel opéra en trois actes
(la jeunesse, la rencontre et le drame). On ne peut
que s’attacher à son héroïne qui place l’art plus haut
que la vie et incarne l’exaltation.
À lire également, en version originale :
O Pioneers ! (813.5-CAT-VO)