Le Mont-Blanc,symbole si fragile

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Le Mont-Blanc,symbole si fragile
LA LIBERTÉ
Des moumoutes
plein le jardin!
MAGAZINE
MARDI 3 AOÛT 2010
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MARDI
SANTÉ
Sept heures
de sommeil
Pour éviter l’infarctus, il faut
dormir pile sept heures par
nuit. C’est la conclusion d’une
étude américaine publiée dimanche dans la revue «Sleep»
(Dormir). Selon cette recherche
menée auprès de 30 000 adultes
par la Faculté de médecine de
l’Université de Virginie-Occidentale, les risques de maladies
cardiovasculaires augmentent
aussi bien quand on dort plus
de sept heures que quand on
dort moins de sept heures.
Espace sauvage, lieu symbolique, le Mont-Blanc est très fréquenté: on parle de 20 à 30 000 ascensions par an. Comment le préserver? KEYSTONE
Le Mont-Blanc,symbole si fragile
MONTAGNE • Etendard de toutes les causes, le toit de l’Europe est-il victime de son succès?
Réflexion dès samedi au Festival du film des Diablerets, où le massif est l’invité d’honneur.
ANNICK MONOD
Juifs et arabes solidaires, membres
d’une même cordée. Hier matin, un
groupe de huit étudiants de l’Université d’Haïfa, en Israël, s’est lancé
dans l’ascension du Mont-Blanc.
Emmenés par le guide valaisan Jean
Troillet et les alpinistes Doron Erel
(Israël) et Olfat Haider (Palestine), ils
espèrent gagner le sommet demain.
A peine redescendus, ils seront lundi
au Festival du film des Diablerets
(FIFAD) pour raconter leur aventure. Le Toit de l’Europe est en effet
l’invité d’honneur du 41e Festival du
film de montagne des Diablerets
(FIFAD), du 7 au 14 août. L’occasion
de faire le point sur la montagne de
tous les symboles, entre nature préservée et surfréquentation.
«Le Mont-Blanc a une dimension symbolique évidente: c’est le
massif transnational par excellence», pose Massimo Sandri. Passionné de montagne, il préside l’association suisse Coexistences, qui a
organisé cette ascension israélopalestinienne dans un but de promotion de la paix. «L’alpinisme
n’est pas un sport de compétition,
mais un lieu propice à la rencontre
et à l’amitié. On veut montrer
qu’en Israël, il y a aussi des gens qui
veulent vivre ensemble.»
La valse des banderoles...
Altitude maximale et difficulté
technique plutôt réduite: le MontBlanc, c’est l’étendard universel.
On ne compte plus les ascensions
au service d’une cause, à l’image
du portrait d’Ingrid Bettencourt
déployé au sommet en 2008. Cet
été, rebelote avec le portrait des
deux journalistes retenus en otage
en Afghanistan. Entre deux, il y a
eu la mucoviscidose, le don du
sang, la sclérose en plaques... Le
Mont-Blanc, c’est un «plus» précieux en termes de visibilité, Massimo Sandri ne le nie pas. «Si on
avait choisi le Mont-Rose, qui est
très beau aussi, on aurait eu plus
de peine à trouver des sponsors...»
Mais l’an prochain, il prévoit un
périple plus proche de la plaine.
Galvaudé, le symbole MontBlanc? Peut-être, mais la magie
opère encore, assure Jean Troillet.
«C’est simple: même s’il y a des
nuages, on ne peut pas aller plus
haut...» Le guide valaisan a emmené au sommet des anciens alcooliques, des enfants en surpoids, et,
l’an dernier, un alpiniste devenu
tétraplégique après un accident
de montagne. «Pour toutes ces
personnes, le sommet est une
vraie récompense», dit-il. «J’aime
les voir souffrir un peu, puis, au retour, ils ont une aura autour du visage, les yeux qui brillent...» L’esprit du groupe israélo-palestinien
le touche particulièrement. «Lorsqu’on vient de là-bas, se retrouver
ensemble au sommet du MontBlanc, c’est extraordinaire...»
Au secours, trop de monde!
Très couru, le Mont-Blanc serait-il bientôt saturé? Le maire de
Saint-Gervais, à côté de Chamonix, en est persuadé. En 2006 déjà,
Jean-Marc Peillex tirait la sonnette
d’alarme contre la «surfréquentation» du site. Face aux montagnes
de déchets et d’excréments des
20 à 30 000 personnes qui tenteraient l’ascension chaque année, il
avait tenté d’instaurer un permis
payant et l’obligation de prendre
un guide. Un tollé! Depuis, un
«camp de base» officiel a été aménagé au refuge de Tête Rousse. Et
le Mont-Blanc possède désormais
les WC les plus hauts d’Europe, à
4300 m près du refuge Vallot. La
mairie a aussi embauché des
«ambassadeurs» d’altitude, chargés de sensibiliser les candidats au
sommet.
De son côté, le comité francoitalo-suisse Pro-Mont-Blanc a lancé en mai un «appel pour le MontBlanc». Il demande la création
d’un observatoire pour le développement durable global de la région (pollution, urbanisation, trafic, agriculture traditionnelle,
etc.). Pro Mont-Blanc se bat aussi
pour classer le massif au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce qui
aurait un impact direct sur la protection du site – aussi en altitude. I
> www.coexistences.ch
L E M O N T- B L A N C
A U F E S T I VA L
> Lundi 9 «Le MontBlanc autrement.»
Avec les membres
arabes et juifs de l’ascension Coexistences.
> Mardi 10 «MontBlanc: nouvelles pratiques.» Avec Pascal
Bourquin, adepte de l’Ultra-trail, Eric Fournier,
maire de Chamonix et
Yves Diacon, le prof qui
emmène chanter ses
élèves sur les cimes.
> Mercredi 11 «MontBlanc: le regard d’une
dynastie.» Avec
Hubert Gay-Couttet,
journaliste, alpiniste et
membre de la célèbre
famille de photographes de Chamonix.
> Jeudi 12 «Le MontBlanc fait son
cinéma.» Archives et
témoignages.
> Vendredi 13 «Le
Mont-Blanc, exploits
et tragédies.» AMO
A LA RENCONTRE DE L’AIGLE PÊCHEUR...
Selon la tradition, le 41e Festival du film des
Diablerets s’ouvre par un week-end consacré
au freeride et à l’aventure. Avant la soirée
soirée sensations fortes sur grand écran,
l’après-midi prévoit show aérien et démonstrations: grimpe, chute libre, freeride, wingsuit (vol en parachute avec une combinaison
à ailes). L’occasion aussi de voir évoluer un
«sage» des airs, le fauconnier Jacques-Olivier
Travers et son aigle pêcheur Sherkan.
Une vingtaine de films sont en compétition. Dans la catégorie «documentaires de
montagne», plusieurs pellicules rendent
hommage à des grands noms de l’alpinisme: de Gaston Rébuffat à Roger FrisonRoche, ou, plus près, Sébastien Gay. Sera
aussi projeté l’intéressant docu de
Raphaëlle Aellig, qui lui, donne la parole à
LIVRE
La vie en refuge,
jour après jour
Gardien de refuge, quel mystère!
Comment fait-il pour s’approvisionner? A-t-il un boulot en plaine? Sa femme lui manque-t-elle?
Pour répondre à toutes ces questions de randonneurs, il fallait
bien un livre. Le journaliste Cyril
Azouvi l’a écrit, et le résultat,
«Une année là-haut», est plutôt
agréable à lire. De février à novembre, il a suivi la vie quotidienne, coups de gueule et rigolades, au refuge des Oulettes,
dans les Pyrénées françaises.
Bien sûr, il y a les râleurs, les
inconcients, les soiffards et les
randonneurs du dimanche.
Mais au-delà des clichés, Cyril
Azouvi raconte avec pédagogie
et une certaine finesse les aléas
pratiques – mais aussi relationnels – de la vie en cabane. Une
jolie histoire de passion qui
donne bigrement envie d’aller
faire un tour sur place. AMO
> Cyril Azouvi, «Une année en haut:
chroniques d’un refuge ordinaire»,
Ed. Glénat, 189 pp.
EN BREF
des rescapés d’avalanches. Au rayon
«exploits et aventures», on suit le snowboarder Xavier Rosset, naufragé volontaire
300 jours durant sur un îlot du Pacifique, ou
un périple entre frère et sœur en autonomie
sur les volcans du Kamtchatka.
AS-TU VU LE MUSCARDIN?
NATURE Il ressemble à une
souris, mais le muscardin est
un gliridé, comme le loir. Jusqu’en octobre, Pro Natura propose aux enfants et ados de
partir sur les traces de ce mangeur de noisettes. Cette action
de recensement, qui s’adresse
aux classes primaires et aux
groupes de naturalistes
juniors, vise à mieux connaître
les zones d’habitat du rongeur,
afin de mieux pouvoir ensuite
le protéger. AMO
Au chapitre des «cultures du monde», l’Himalaya tient le haut du pavé, avec des films
ramenés du Laddakh ou du Zanskar. Eux
aussi habitués de la chaîne himalayenne, les
Français Erik et Anne Lapied présentent
cette fois des images saisies en plein hiver
dans le Parc national du Grand Paradis, en
Italie. Côté rencontres enfin, le public pourra
dialoguer avec le cycliste-voyageur Claude
Marthaler et l’aventurier Mike Horn. AMO
> Du 7 au 14 août: www.fifad.ch
Dormir moins de cinq heures,
siestes incluses, fait plus que
doubler les chances de développer des angines, des insuffisances coronariennes ou de
faire un infarctus ou une crise
cardiaque.
Probablement plus surprenant: dormir régulièrement
plus de neuf heures augmente
d’une fois et demie les risques
de maladies cardiovasculaires.
En revanche, dormir six ou huit
heures ne change pas grandchose. Le groupe le plus exposé
est celui des moins de 60 ans
dormant moins de cinq heures
par nuit: leurs risques sont plus
que triplés. ATS
Banderole pour les journalistes retenus en Afghanistan, 16 juillet 2010. KEYSTONE
> Infos et dossier pédagogique sur
www.pronatura.ch/chasse-auxnoisettes.