Le Mont-Blanc,symbole si fragile
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Le Mont-Blanc,symbole si fragile
LA LIBERTÉ Des moumoutes plein le jardin! MAGAZINE MARDI 3 AOÛT 2010 24-26 IMMOBILIER 27 JARDINAGE 27 MOTS CROISÉS 27 SUDOKU 27 PHARMACIES 28 MÉTÉO 23 MARDI SANTÉ Sept heures de sommeil Pour éviter l’infarctus, il faut dormir pile sept heures par nuit. C’est la conclusion d’une étude américaine publiée dimanche dans la revue «Sleep» (Dormir). Selon cette recherche menée auprès de 30 000 adultes par la Faculté de médecine de l’Université de Virginie-Occidentale, les risques de maladies cardiovasculaires augmentent aussi bien quand on dort plus de sept heures que quand on dort moins de sept heures. Espace sauvage, lieu symbolique, le Mont-Blanc est très fréquenté: on parle de 20 à 30 000 ascensions par an. Comment le préserver? KEYSTONE Le Mont-Blanc,symbole si fragile MONTAGNE • Etendard de toutes les causes, le toit de l’Europe est-il victime de son succès? Réflexion dès samedi au Festival du film des Diablerets, où le massif est l’invité d’honneur. ANNICK MONOD Juifs et arabes solidaires, membres d’une même cordée. Hier matin, un groupe de huit étudiants de l’Université d’Haïfa, en Israël, s’est lancé dans l’ascension du Mont-Blanc. Emmenés par le guide valaisan Jean Troillet et les alpinistes Doron Erel (Israël) et Olfat Haider (Palestine), ils espèrent gagner le sommet demain. A peine redescendus, ils seront lundi au Festival du film des Diablerets (FIFAD) pour raconter leur aventure. Le Toit de l’Europe est en effet l’invité d’honneur du 41e Festival du film de montagne des Diablerets (FIFAD), du 7 au 14 août. L’occasion de faire le point sur la montagne de tous les symboles, entre nature préservée et surfréquentation. «Le Mont-Blanc a une dimension symbolique évidente: c’est le massif transnational par excellence», pose Massimo Sandri. Passionné de montagne, il préside l’association suisse Coexistences, qui a organisé cette ascension israélopalestinienne dans un but de promotion de la paix. «L’alpinisme n’est pas un sport de compétition, mais un lieu propice à la rencontre et à l’amitié. On veut montrer qu’en Israël, il y a aussi des gens qui veulent vivre ensemble.» La valse des banderoles... Altitude maximale et difficulté technique plutôt réduite: le MontBlanc, c’est l’étendard universel. On ne compte plus les ascensions au service d’une cause, à l’image du portrait d’Ingrid Bettencourt déployé au sommet en 2008. Cet été, rebelote avec le portrait des deux journalistes retenus en otage en Afghanistan. Entre deux, il y a eu la mucoviscidose, le don du sang, la sclérose en plaques... Le Mont-Blanc, c’est un «plus» précieux en termes de visibilité, Massimo Sandri ne le nie pas. «Si on avait choisi le Mont-Rose, qui est très beau aussi, on aurait eu plus de peine à trouver des sponsors...» Mais l’an prochain, il prévoit un périple plus proche de la plaine. Galvaudé, le symbole MontBlanc? Peut-être, mais la magie opère encore, assure Jean Troillet. «C’est simple: même s’il y a des nuages, on ne peut pas aller plus haut...» Le guide valaisan a emmené au sommet des anciens alcooliques, des enfants en surpoids, et, l’an dernier, un alpiniste devenu tétraplégique après un accident de montagne. «Pour toutes ces personnes, le sommet est une vraie récompense», dit-il. «J’aime les voir souffrir un peu, puis, au retour, ils ont une aura autour du visage, les yeux qui brillent...» L’esprit du groupe israélo-palestinien le touche particulièrement. «Lorsqu’on vient de là-bas, se retrouver ensemble au sommet du MontBlanc, c’est extraordinaire...» Au secours, trop de monde! Très couru, le Mont-Blanc serait-il bientôt saturé? Le maire de Saint-Gervais, à côté de Chamonix, en est persuadé. En 2006 déjà, Jean-Marc Peillex tirait la sonnette d’alarme contre la «surfréquentation» du site. Face aux montagnes de déchets et d’excréments des 20 à 30 000 personnes qui tenteraient l’ascension chaque année, il avait tenté d’instaurer un permis payant et l’obligation de prendre un guide. Un tollé! Depuis, un «camp de base» officiel a été aménagé au refuge de Tête Rousse. Et le Mont-Blanc possède désormais les WC les plus hauts d’Europe, à 4300 m près du refuge Vallot. La mairie a aussi embauché des «ambassadeurs» d’altitude, chargés de sensibiliser les candidats au sommet. De son côté, le comité francoitalo-suisse Pro-Mont-Blanc a lancé en mai un «appel pour le MontBlanc». Il demande la création d’un observatoire pour le développement durable global de la région (pollution, urbanisation, trafic, agriculture traditionnelle, etc.). Pro Mont-Blanc se bat aussi pour classer le massif au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce qui aurait un impact direct sur la protection du site – aussi en altitude. I > www.coexistences.ch L E M O N T- B L A N C A U F E S T I VA L > Lundi 9 «Le MontBlanc autrement.» Avec les membres arabes et juifs de l’ascension Coexistences. > Mardi 10 «MontBlanc: nouvelles pratiques.» Avec Pascal Bourquin, adepte de l’Ultra-trail, Eric Fournier, maire de Chamonix et Yves Diacon, le prof qui emmène chanter ses élèves sur les cimes. > Mercredi 11 «MontBlanc: le regard d’une dynastie.» Avec Hubert Gay-Couttet, journaliste, alpiniste et membre de la célèbre famille de photographes de Chamonix. > Jeudi 12 «Le MontBlanc fait son cinéma.» Archives et témoignages. > Vendredi 13 «Le Mont-Blanc, exploits et tragédies.» AMO A LA RENCONTRE DE L’AIGLE PÊCHEUR... Selon la tradition, le 41e Festival du film des Diablerets s’ouvre par un week-end consacré au freeride et à l’aventure. Avant la soirée soirée sensations fortes sur grand écran, l’après-midi prévoit show aérien et démonstrations: grimpe, chute libre, freeride, wingsuit (vol en parachute avec une combinaison à ailes). L’occasion aussi de voir évoluer un «sage» des airs, le fauconnier Jacques-Olivier Travers et son aigle pêcheur Sherkan. Une vingtaine de films sont en compétition. Dans la catégorie «documentaires de montagne», plusieurs pellicules rendent hommage à des grands noms de l’alpinisme: de Gaston Rébuffat à Roger FrisonRoche, ou, plus près, Sébastien Gay. Sera aussi projeté l’intéressant docu de Raphaëlle Aellig, qui lui, donne la parole à LIVRE La vie en refuge, jour après jour Gardien de refuge, quel mystère! Comment fait-il pour s’approvisionner? A-t-il un boulot en plaine? Sa femme lui manque-t-elle? Pour répondre à toutes ces questions de randonneurs, il fallait bien un livre. Le journaliste Cyril Azouvi l’a écrit, et le résultat, «Une année là-haut», est plutôt agréable à lire. De février à novembre, il a suivi la vie quotidienne, coups de gueule et rigolades, au refuge des Oulettes, dans les Pyrénées françaises. Bien sûr, il y a les râleurs, les inconcients, les soiffards et les randonneurs du dimanche. Mais au-delà des clichés, Cyril Azouvi raconte avec pédagogie et une certaine finesse les aléas pratiques – mais aussi relationnels – de la vie en cabane. Une jolie histoire de passion qui donne bigrement envie d’aller faire un tour sur place. AMO > Cyril Azouvi, «Une année en haut: chroniques d’un refuge ordinaire», Ed. Glénat, 189 pp. EN BREF des rescapés d’avalanches. Au rayon «exploits et aventures», on suit le snowboarder Xavier Rosset, naufragé volontaire 300 jours durant sur un îlot du Pacifique, ou un périple entre frère et sœur en autonomie sur les volcans du Kamtchatka. AS-TU VU LE MUSCARDIN? NATURE Il ressemble à une souris, mais le muscardin est un gliridé, comme le loir. Jusqu’en octobre, Pro Natura propose aux enfants et ados de partir sur les traces de ce mangeur de noisettes. Cette action de recensement, qui s’adresse aux classes primaires et aux groupes de naturalistes juniors, vise à mieux connaître les zones d’habitat du rongeur, afin de mieux pouvoir ensuite le protéger. AMO Au chapitre des «cultures du monde», l’Himalaya tient le haut du pavé, avec des films ramenés du Laddakh ou du Zanskar. Eux aussi habitués de la chaîne himalayenne, les Français Erik et Anne Lapied présentent cette fois des images saisies en plein hiver dans le Parc national du Grand Paradis, en Italie. Côté rencontres enfin, le public pourra dialoguer avec le cycliste-voyageur Claude Marthaler et l’aventurier Mike Horn. AMO > Du 7 au 14 août: www.fifad.ch Dormir moins de cinq heures, siestes incluses, fait plus que doubler les chances de développer des angines, des insuffisances coronariennes ou de faire un infarctus ou une crise cardiaque. Probablement plus surprenant: dormir régulièrement plus de neuf heures augmente d’une fois et demie les risques de maladies cardiovasculaires. En revanche, dormir six ou huit heures ne change pas grandchose. Le groupe le plus exposé est celui des moins de 60 ans dormant moins de cinq heures par nuit: leurs risques sont plus que triplés. ATS Banderole pour les journalistes retenus en Afghanistan, 16 juillet 2010. KEYSTONE > Infos et dossier pédagogique sur www.pronatura.ch/chasse-auxnoisettes.