Contrôle de la réactivité d`un cœur
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Contrôle de la réactivité d`un cœur
Contrôle de la réactivité d’un cœur Pour qu'un réacteur puisse fournir une puissance donnée P, pendant une durée donnée J (valeurs imposées par l'utilisateur), il faut que le cœur dispose d'une certaine réserve de réactivité en début de vie. Aussi, il faut utiliser des moyens de contrôle permettant : d'amener le cœur à l'état sur-critique pour faire diverger le réacteur (passer d’une puissance nulle à la puissance souhaitée par le réseau, et donc, le client), maintenir le réacteur critique pour le fonctionnement normal, puis à l'état sous-critique pour l'arrêt, ceci à tout moment de la vie du réacteur. LicencePro_Contrôle de la réactivité 1 / 31 1. Nature de la réserve de réactivité Il importe qu'un réacteur déclaré disponible à la production d’électricité puisse être critique Il doit pouvoir à tout moment diverger, rester stable ou converger si les conditions normales d’exploitation sont respectées. L’opérateur doit donc en permanence effectuer un bilan de réactivité Cela permet ainsi de maîtriser à tout moment l’évolution de la réaction en chaîne alors que la réactivité évolue en permanence. Par définition, le point de référence d’un bilan de réactivité, lorsqu’il n’est pas précisé, correspond à un réacteur en Arrêt Chaud LicencePro_Contrôle de la réactivité 2 / 31 1.1 antiréactivités liés aux conditions d'exploitation a. Reprise froid - chaud. ∆ρu = αu . ∆Tu ∆ρm = αm . ∆Tm b. Démarrage sur un empoisonnement maximum (pic xénon). Il faut être capable de diverger lors de ce pic en antiréactivité ∆ρx < 0 c. Mécanisme de contrôle défaillant ∆ρg< 0 LicencePro_Contrôle de la réactivité 3 / 31 1.2 Premier bilan : réactivités vitale et totale a. Réactivité vitale réactivité positive à garantir, réserve de réactivité vitale ρv = − (∆ρm + ∆ρu + ∆ρx + ∆ρg ) b. Réactivité totale Il faut donc que le combustible dispose, tout au long du cycle, d'une réserve de réactivité suffisante pour satisfaire à cette demande d'énergie ρT=ρR+(∆ρm+∆ρu+∆ρx +∆ρg ) LicencePro_Contrôle de la réactivité 4 / 31 LicencePro_Contrôle de la réactivité 5 / 31 2. Contrôle de la réactivité d'un cœur les grappes de commande regroupées et manœuvrées selon différents groupes dans un réacteur de 1300 MWe, on trouve les groupes SA, SB, SC, SD, N1, N2, G1, G2, R le bore soluble les poisons consommables LicencePro_Contrôle de la réactivité 6 / 31 R P N M L K J H G F E D C B A 1 S 2 3 4 G2 S S G2 S R N1 R N1 S S G1 S G2 S S N1 R N1 G1 R N2 S G2 S S N2 S N1 S R N1 S S R S G2 13 14 G1 S N2 11 12 S N2 N2 S S R 9 10 R N2 7 8 N1 G2 5 6 S G1 N2 S S N2 R S G2 N1 S G2 S S 15 LicencePro_Contrôle de la réactivité 7 / 31 2.1 Fonctions des moyens de contrôle Fonctions de sécurité Le réacteur doit pouvoir être rendu sous-critique très rapidement et à tout moment de sa vie. Fonction de compensation En régime permanent, le réacteur est critique (réactivité nulle). Le rôle de compensation est de maintenir le réacteur critique vis à vis de la variation de réactivité dont la cause peut être l'usure du combustible ou un empoisonnement variable par les produits de fission. Fonction de régulation maintenir les conditions thermodynamiques normales LicencePro_Contrôle de la réactivité 8 / 31 2.2 Les grappes de contrôle absorbants mobiles dont l'insertion, ou le retrait, est ordonné depuis la salle de commande. Alliage d’argent, d’indium et de cadmium (AIC, respectivement à 80%, 15% et 5 %). Il existe 3 principaux types de grappes ayant chacune un rôle bien défini : les grappes d’arrêt (fortement antiréactives, utilisées pour étouffer la réaction en chaîne et pour garantir à l’arrêt une réactivité totale suffisamment négative pour se prémunir de tout risque d’accident de réactivité, totalement extraites en puissance), les grappes de régulation de température (fortement antiréactives, toujours un peu insérées dans le cœur), les grappes de régulation de puissance (peu antiréactives, rarement totalement extraites). LicencePro_Contrôle de la réactivité 9 / 31 LicencePro_Contrôle de la réactivité 10 / 31 Exigence : vitesse d'insertion de réactivité proportionnelle à la vitesse d'insertion des grappes constamment Méthode : recouvrement (pour les grappes de régulation de puissance, c’est à dire N1, N2, G1 et G2).. Avantage : l'antiréactivité introduite par ces grappes est importante, et facilement variable. Elles permettent des variations de réactivité quasi-instantanées. (arrêts d'urgence, démarrages au pic xénon). Inconvénients : grappes très absorbantes d'où pics de flux = des points chauds. retrait d'une grappe = combustible neuf d'où pics de flux. Le combustible n'est pas uniformément usé. LicencePro_Contrôle de la réactivité 11 / 31 2.3 Poison soluble bore dilué dans l'eau du circuit primaire garantir les contre-réactions indispensables à la sûreté la concentration est limitée vers 1200 ppm en cas d’incident de réactivité = borication automatique 2.4 Poison consommable grappes en acier, avec pastilles de silicate de bore, ou de gadolinium. limiter le nombre et l'efficacité des grappes points chauds mieux répartis, possibilité d'aplatir le flux. LicencePro_Contrôle de la réactivité 12 / 31 I LicencePro_Contrôle de la réactivité 13 / 31 2.4.1 Choix du poison consommable LicencePro_Contrôle de la réactivité 14 / 31 3. gestion des transitoires de puissance Un régime transitoire est une évolution d'un régime permanent vers un autre régime permanent Le comportement en transitoire sera jugé satisfaisant : si la durée est suffisamment brève afin de faciliter la conduite, s'il ne se produit pas de endommager le réacteur. dépassement de nature à Sinon automatismes visant à ramener les paramètres à des valeurs acceptables. LicencePro_Contrôle de la réactivité 15 / 31 grandeur dépassement transitoire mou transitoire correct temps LicencePro_Contrôle de la réactivité 16 / 31 3.1 Différents transitoires les transitoires de conduite normale : • variations d'allures • changements de pompage primaire • variations de température primaire qui peuvent se dérouler en dynamique libre les transitoires accidentels, par exemple : • • • • fermeture vanne vapeur (SAA) rupture collecteur de vapeur perte de pompage primaire mise en service d'une boucle froide qui imposent des actions automatiques jusqu'à l'arrêt d'urgence LicencePro_Contrôle de la réactivité 17 / 31 3.2 Méthode d'étude des transitoires 3.2.a identifier le paramètre initiateur identifier le paramètre qui subit le premier l'influence de la perturbation qui va déstabiliser l'ensemble des autres paramètres 3.2.b évaluer les contre-réactions en jeu évolution initiale de l'ensemble des paramètres de la centrale influence des contre-réactions de températures 3.2.c caractériser l'état final bilan de réactivité ; équations de transfert thermique. 3.2.d évolution globale et examen des risques paramètres dont l'évolution peut présenter des risques (augmentation des températures du cœur, excursion de puissance, pic de réactivité...). LicencePro_Contrôle de la réactivité 18 / 31 3.3 exemple : perturbation de puissance extraite 3.3.a conditions initiales • débit primaire constant, donc températures en équilibre. • la centrale évolue en dynamique libre ( δρe = 0 ). • à l'instant initial, on élève la puissance extraite (échelon de puissance) 3.3.b paramètre initiateur : refroidissement du secondaire Ce refroidissement du secondaire se transmet au fluide primaire La température de sortie échangeur baisse instantanément la température entrée échangeur constante dans un premier temps. Après un léger temps de retard, le cœur subit l'influence de cette baisse de température. LicencePro_Contrôle de la réactivité 19 / 31 3.3.c contre-réaction de température Le refroidissement de l'eau primaire provoque un gain de réactivité la puissance neutronique commence à monter, la baisse des températures s'atténue. 3.3.d état final du sytème puissance neutronique = puissance extraite : Wn = We caractéristique du système autostable. augmentation de Wn = augmentation de la température combustible. Les écarts ∆Te échangeur, et ∆Tc caloporteur ont également augmenté LicencePro_Contrôle de la réactivité 20 / 31 3.3.e évolution globale et examen des risques introduction d'eau froide dans le cœur = augmentation de puissance. refroidissement du primaire = chute de pression. proportions non négligeables si transitoire de puissance violent (rupture d'un collecteur de vapeur) L'augmentation de l'écart de températures entrée-sortie cœur peut être important (∆ T cœur) et surveillé Le régime de pompage devra éventuellement être augmenté pour diminuer l'écart (W = M.Cp.∆T) LicencePro_Contrôle de la réactivité 21 / 31 4. Modes de pilotage des REP EdF 4.1 Critères de conception température maximale de surface de gaine température maximale du combustible : 2260°C, puissance linéique maximale de 590W/cm critère de non caléfaction : prévention de la crise d'ébullition limites mécaniques pour la gaine LicencePro_Contrôle de la réactivité 22 / 31 4.2 limites physiques de fonctionnement visant à la tenue de la première barrière non-fusion à cœur du combustible, contrainte traduite en terme de puissance linéique maximale admissible en fonctionnement. prévention de la crise d'ébullition, liée elle aussi à la valeur de la puissance linéique prévention contre les ruptures de gaine LicencePro_Contrôle de la réactivité 23 / 31 4.2 Protection par surpuissance neutronique 4.2.a Facteur de point chaud neutronique 4.2.b axial Offset IH − IB AO= IH + IB IH IB corrélation entre FQ et l'Axial Offset corrélation transposons en un diagramme Pmax (∆I) / Pnom = f (∆I) avec ∆I = AO*P/Pnom (normalisation de l'Axial Offset à la puissance nominale), d'où un domaine limité de fonctionnement. LicencePro_Contrôle de la réactivité 24 / 31 LicencePro_Contrôle de la réactivité 25 / 31 4.3 Modes de pilotage EdF 4.3.a à l'origine, le " mode B " C'était un mode de pilotage NOIR. Ce mode comprenait : 6 groupes de 8 grappes longues 5 grappes courtes pour le contrôle de l'axial offset. grappes courtes, positionnées en partie centrale du cœur (maximal de flux) permettaient le contrôle parfait de l'axial offset. les pics de puissance étaient mal contrôlés (pincements de flux) d'où oscillations Xénon et pics de puissance mauvaise utilisation du combustible été logiquement abandonné LicencePro_Contrôle de la réactivité 26 / 31 4.3.b Mode A mode de pilotage NOIR interdiction d'utilisation de grappes courtes les pics de puissance sont ainsi évités temps de séjour limité des grappes noires en position basse afin d'éviter l'apparition d'oscillations Xénon. mode peu souple et présente une incompatibilité du contrôle de l'axial offset avec les besoins de contrôle de la réactivité. pour ce mode de pilotage l'obtention d'un axial offset correct n'est possible qu'avec des barres situées en position haute LicencePro_Contrôle de la réactivité 27 / 31 4.3.c Mode G et X ( palier N4 ) mode A utilisant des grappes noires ne pouvait satisfaire pleinement EDF confronté aux problèmes de suivi de charge entraînant des mouvements de grappes importants Des grappes grises ont donc remplacé les grappes courtes ainsi qu'un certain nombre de grappes noires Elles sont composés de 8 à 12 crayons absorbants le complément étant composé de crayons "blancs" peu absorbants Elles perturbent donc moins les répartitions de puissance. Les grappes de commande sont manœuvrés par recouvrement LicencePro_Contrôle de la réactivité 28 / 31 5. Sûreté, exploitation et neutronique La sûreté regroupe l’ensemble des dispositions prises à tout les stades de la conception, de la construction, de l’exploitation et de l’arrêt des installations nucléaire pour protéger en toute circonstances l’homme et son environnement naturel contre la dispersion des produits radioactifs, c’est à dire 3 dispositions : assurer le fonctionnement normal, prévenir les incidents et accidents, limiter les conséquences en cas d’incident ou d’accident. LicencePro_Contrôle de la réactivité 29 / 31 La défense en profondeur consiste à prendre en compte de façon systématique les défaillances techniques, humaines ou organisationnelles et à s’en prémunir par des lignes de défense successives (3 lignes de défense) : la prévention, la surveillance ou la détection, les moyens d’action ou le traitement. LicencePro_Contrôle de la réactivité 30 / 31 Pour éviter la défaillance des barrières ou pour limiter les conséquences de leurs défaillances, il faut respecter les 3 fonctions de sûreté suivantes (3 fonctions de sûreté) : contrôler la réactivité, contrôler le refroidissement du combustible, contrôler le confinement des produits radioactifs. LicencePro_Contrôle de la réactivité 31 / 31