Un jardin en prison
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Un jardin en prison
Echo Magazine, août 2012 17 GENÈVE Un jardin en prison Dans l’Etablissement de détention de Villars, à Genève, les détenus s’essaient au jardinage thérapeutique. En plus de son aspect thérapeutique, l’apprentissage du jardinage écologique permet aux détenus d’ajouter une ligne à leur CV. jardins potagers sont un «L esclassique des établissements pénitentiaires», remarque Laurent Rochat, directeur de l’Etablissement de détention de Villars, dans le canton de Genève. Depuis le 18e siècle et l’avènement de la réflexion sur le droit pénal, les peines et l’incarcération, nombreuses sont les prisons qui proposent un coin de terre cultivable à leurs détenus. En 1845, Alexis de Tocqueville raconte ainsi que les parias de l’île Norfolk recevaient un carré de terre à cultiver sous réserve de bonne conduite. Dans les prisons, le jardinage tient donc depuis longtemps un rôle utilitaire, économique, voire rééducatif. Mais dans l’établissement de Villars, le jardinage est thérapeutique. Depuis cet été, les détenus de l’établissement cultivent, dans le respect de l’environnement, des fruits et des légumes d’espèces oubliées qu’ils consomment eux-mêmes ou offrent à leur famille. RÉDUIRE LE STRESS Le potager s’inscrit dans une démarche développée par l’association equi- DR terre, qui s’engage pour le développe- viennent de nombreux pays. Cela ment durable. «Tout jardinage a un leur permet aussi de découvrir les léimpact favorable sur la personne, ex- gumes locaux», ajoute Laurent Roplique Hélène Gaillard, la cheffe de chat. projet. C’est une activité de plein air Le potager occupe entre deux et quaqui réduit le stress. Mais ici, le jardin tre personnes sur les 25 que compte est conçu comme un outil thérapeu- l’établissement. Il a déjà conquis l’entique permettant d’améliorer la santé thousiasme de plusieurs résidents. et l’estime de soi.» Forte de cette premièA l’établissement de Pour commencer, re aventure, l’associaVillars, les personnes tion equiterre envil’association a concernées sont sursage de multiplier ce sélectionné une tout des toxicomatype de projets auprès série d’espèces nes; plus que la santé, de différentes popule potager doit les lations fragilisées, nofaciles à cultiver. aider à retrouver contamment les requéfiance en eux en leur donnant la pos- rants d’asile. Elle est aussi en discussibilité de planifier leur travail, de sion avec des EMS pour développer prendre régulièrement de petites res- des espaces potagers adaptés aux perponsabilités et d’accomplir des acti- sonnes âgées. Pas question ici de sarvités de plus en plus complexes. Pour cler la terre à genoux: les pensioncommencer, l’association a donc sé- naires travailleraient assis autour de lectionné une série d’espèces faci- tables. les à cultiver. Mais différentes de cel- Les mouvements de jardinage seraient les qu’on trouve dans les magasins. «Il préalablement pensés par les ergothéest intéressant de voir de nouvelles rapeutes en termes d’exercice physisortes de tomates. C’est une manière que et contribueraient à maintenir en de sensibiliser à la diversité», note forme les personnes âgées. ! Aude Pidoux Hélène Gaillard. «Nos pensionnaires