24.11.08_Inflation et déflation.pub

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Novembre
2008
[ les éco_fiches ]
Des fiches
pour mieux
comprendre
l'actualité
économique
et les enjeux
pour les PME
Inflation et déflation: origines et effets
I. Définitions
L’inflation se définit comme la hausse durable du niveau général des prix. Elle
affecte toutes les variables de l’économie. Elle se distingue de la :
⇒
Désinflation, qui est la diminution de l’inflation,
⇒
Stagflation, qui désigne l’accélération de l’inflation conjuguée à l’augmentation
du taux de chômage,
⇒
Déflation, qui est la baisse du niveau général des prix.
II. L’inflation
On peut distinguer deux sources d’inflation :
⇒
L’inflation résultant d’un choc d’offre
⇒
L’inflation résultant d’un choc de demande
1. L’inflation résultant d’un choc d’offre, l’inflation par les coûts
Dans cette situation, l’offre de produits se contracte brutalement. Plusieurs facteurs peuvent en être à l’origine :
⇒
L’augmentation des salaires
Selon la théorie néoclassique, le travail doit être rémunéré à sa productivité
marginale. Si les augmentations de salaire sont supérieures aux gains de productivité, la répartition des revenus se fait au profit des salariés. Pour conserver leur part de
profit, les entrepreneurs sont tentés d’augmenter les prix. Cette forme d’inflation peut
être auto-entretenue puisque, suite à l’augmentation des prix des produits, les salariés négocieront pour avoir, de nouveau, des augmentations de salaires.
⇒
Les gains de productivité
Il existe une contradiction entre l’hétérogénéité sectorielle des gains de productivité et la logique uniforme des hausses de salaire. Ainsi, quand un secteur leader
négocie une hausse de salaire, afin que celui-ci s’égalise à la productivité marginale
de son travail, les secteurs, dont les gains de productivité sont plus faibles, profitent
également des hausses de salaire. Aussi, dans ces derniers secteurs, le salaire est
supérieur à la productivité marginale du travail, ce qui produit de l’inflation.
⇒
La fiscalité
Si le taux d’imposition augmente, deux effets peuvent jouer en sens inverse :
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des Affaires
économiques
-
Effet revenu : l’individu voit son revenu disponible diminuer, ce qui l’incite
à travailler plus pour retrouver son niveau de revenu antérieur.
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Effet de substitution : l’individu peut être, au contraire, incité à travailler
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moins, estimant qu’il n’est pas nécessaire de travailler plus si cela doit servir uniquement à payer l’impôts. Ainsi, l’individu substitue le loisir au travail.
Si l’effet de substitution l’emporte sur l’effet revenu, l’offre de travail diminue et devient, par
ce fait, plus couteuse.
⇒
Les importations
Si le choc d’offre se produit dans un pays, celui-ci affecte tous les autres pays ayant un lien
commercial avec lui. Ce fut notamment le cas lors du choc pétrolier de 1973 : face à l’envolée des
prix des consommations intermédiaires, les producteurs ont dû augmenter les prix de vente.
L’inflation importée peut être aussi le fait de la dévaluation : un pays qui dévalue sa monnaie, voit les prix de ses importations se renchérir. Par conséquent, les producteurs nationaux
relèvent les prix, ce qui alimente l‘inflation.
2. L’inflation résultant d’un choc de demande
A court terme, l’offre est inélastique, c'est-à-dire qu’elle ne varie pas. Ainsi, tout accroissement de la demande induit de l’inflation.
⇒
Dans la théorie keynésienne :
Tant que l’économie n’a pas atteint le plein emploi, l’offre est parfaitement élastique : tout
accroissement de la demande se traduit par une augmentation de l’offre. Il s’opère un ajustement
par les quantités. Cependant, quand les facteurs de production sont en plein emploi, tout accroissement de la demande ne trouve aucune contrepartie du coté de l’offre, puisque elle ne peut produire davantage. Ainsi, en plein emploi, tout accroissement de la demande provoque de l’inflation.
⇒
Dans la théorie néoclassique :
L’inflation par la demande est le fait d’une politique monétaire expansionniste, c'est-à-dire,
d’une création monétaire excessive. En effet, si la masse monétaire augmente plus que ne s’accroît la production, alors l’ajustement se fait par les prix.
⇒
le comportement d’anticipation des agents :
Si les agents économiques estiment que l’inflation va s’accélérer, alors ils auront tendance
à consommer plus aujourd’hui. Ils créent donc une tension sur le marché des biens, ce qui réalise
effectivement l’inflation.
est compromise: les investissements sont découragés.
III. La déflation
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économiques
L’inflation a pour effet d’accélérer l’activité économique : les agents ont tendance à
consommer plus aujourd’hui pour se prémunir contre l’augmentation des prix. Les entrepreneurs
précipitent le processus de production. Il en résulte une « surchauffe de l’économie » et l’éclatement des bulles spéculatives.
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Ces épisodes de crises conduisent à la récession : la demande se contracte et la désinflation s’amorce. Si cette situation persiste, la déflation s’installe.
Depuis le début du XXe siècle, les épisodes de déflation sont liés à l'éclatement de bulles
spéculatives sur les marchés financiers et dans l'immobilier.
1. Les effets sur la consommation, l’investissement et l’épargne
Le consommateur, anticipant la baisse des prix, va différer sa consommation et thésauriser, le coût d’opportunité de détention d’encaisses diminuant.
Aussi, les entreprises voient les stocks s’accumuler, ce qui ne les incite pas à produire
plus. En outre, elles subissent une réduction de leurs marges du fait de la baisse des prix de vente, alors que les coûts de production restent fixes : par exemple, les salaires, à court terme, sont
rigides à la baisse du fait des négociations salariales. Les emprunts sont moins attractifs et la rentabilité est compromise: les investissements sont découragés.
Par conséquent, plus la part de la consommation dans le PIB est élevée, plus la déflation
est dangereuse.
2. Les effets sur la répartition des revenus
Irving Fisher montre, en 1933, qu’en période de déflation les agents économiques endettés
voient leur situation se dégrader: un transfert de revenu s’opère en faveur des créanciers.
Aussi, l’Etat ou les particuliers, qui ont souscrit beaucoup d’emprunts, voient la charge de
leurs dettes (intérêt et remboursement du capital) augmenter. Le risque est donc l’insolvabilité
des agents économiques et leur manque de crédibilité quant au remboursement de leurs dettes.
Par conséquent, plus le niveau d’endettement d’un pays est important (ratio dette totale/
PIB) plus l’effet de la déflation est néfaste.
3. la lutte contre la déflation
Face à la déflation, les banques centrales sont démunies : beaucoup d'outils de la politique
monétaire deviennent inefficaces.
Le seul instrument à disposition des banques centrales est la baisse du taux d’intérêt. Cependant, un taux d’intérêt faible voire nul, ne peut être une solution durable. En effet, les acteurs
déjà très endettés auront tendance à s’endetter davantage ce qui, à terme, peut créer une bulle
immobilière et/ou financière.
Il est donc important, pour les tenants de la politique monétaire, de « prévenir plutôt que
guérir » en modifiant, en amont, les anticipations des agents économiques : une fois la déflation
installée, il est difficile d’en sortir.
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