Tournée vers le futur - Le Mensuel de Rennes
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Tournée vers le futur - Le Mensuel de Rennes
p a c é Tournée vers le futur Foncièrement rural, le cœur de Pacé est en passe de devenir complètement urbain. Après Beausoleil, les pelleteuses et les marteaux-piqueurs prendront le chemin de la zone Rive ouest. Pacé la rurale trouvera-t-elle son salut dans l’immensité de son territoire ? Par Claire Staes [email protected] Photos Romain Joly 56 Le Mensuel Mensuel/mars /mars 2010 r iche, fière et rurale. ces adjectifs résument l’image que Pacé renvoie aux habitants de la métropole. Pour l’historien local claude Veillot, cette perception s’explique d’abord par l’histoire de la commune. « De tout temps, Pacé a refusé de se laisser dicter sa conduite. » Anecdotes à l’appui, l’ancien adjoint à la communi- www.lemensuelderennes.fr cation poursuit : « la révolution française avait aboli les privilèges et notamment les foires. les Pacéens n’ont pas tenu compte de l’interdiction gouvernementale. Ils ont maintenu celle de la Foucherais dans la clandestinité ! En 1870, la commune s’est opposée à l’arrivée du train. Du coup, c’est romillé qui en a profité. Plus tard, Pacé n’a pas souhaité être intégrée au réseau de transports routiers du district… » De nombreux Ci-contre. Aujourd'hui, le développement de la commune se fait au détriment de l'agriculture qui demeure un élément fort de l'économie pacéenne. Ci-dessus. A Pacé, les commerçants du centrebourg ne se plaignent pas : les affaires marchent bien ! symbole de cette prospérité : récemment, un marchand de primeurs s’est installé dans le bourg. nombreux médecins », rappelle Paul kerdraon, le maire (uMP). Depuis les années 70, Pacé dévoile petit à petit ses charmes : sa relative proximité avec rennes (7 km) et surtout son cadre de vie exceptionnel. Paradis pour les promeneurs et cyclistes, la ville joue sa carte verte et développe ses chemins de randonnée. En outre, elle possède un petit centre sinquin, membre de cette équipe, aujourd’hui leader de l’opposition. Et nous n’avons fait qu’un seul mandat. » A Pacé, les électeurs choisissent des maires de centre droit ou de droite modérée, souvent issus de la démocratie chrétienne. une tendance à laquelle appartient l’équipe municipale actuelle. cette sensibilité explique aussi certainement pourquoi Paul kerdraon, le maire, ne s’oppose que rarement aux élus Ps de l’agglomération (lire p. 60-61). contrairement à saint-Grégoire, autre commune de droite, Pacé a signé le Plan local de l’habitat (PlH). Voilà pourquoi le nouveau Pacé quartier Beausoleil habitants comptera 25% de – 8 895 (1er janvier 2010, source Insee) logements sociaux –35 km2 et autant d’acces– 48 exploitations agricoles sions aidées à la proprofessionnelles en 2000 priété. Malgré tout, – 8% de retraités, 4,9% de une fois Beausoleil chômeurs. Chez les actifs a c h e vé e , l a co m ayant un emploi : 3% sont mune ne totalisera agriculteurs, 5% artisans, commerçants ou chefs q u e 11 à 12 % d e d’entreprise, 27% cadres et logements sociaux. professions supérieures, 30% loin des 25% requis professions intermédiaires, par le PlH. l’arrivée 23% employés, 12% ouvriers de 1 500 logements (source Insee 2006). supplémentaires résonne p our tant comme un véritable séisme à l’échelle communale. la commune passera de 3 500 à 5 000 logements. une augmentation de 42% ! Paul kerdraon, le maire, relativise : « la population ne devrait pas exploser. la commune comptera 10 000 habitants, pas plus ! certes, il y a les nouveaux arrivants, mais les lotissements des années 70-80 se dépeuplent. « Ces grands changements font naître des crispations » albert, agriculteur en retraite exemples qui, selon claude Veillot, illustrent le refus du changement et la mentalité conservatrice qui bercent cette localité très rurale. For te d’une sur face de 3 500 ha, Pacé est la plus grande commune de l’agglomération après rennes. Aujourd’hui encore, seuls 500 ha sont urbanisés. le reste est couvert par des petits bois et, surtout, par d’immenses exploitations agricoles. un grand territoire très peu peuplé jusqu’aux années 70-80. En 1830, la commune comptait 2 790 habitants, autant qu’en 1970 ! ces chiffres laissent penser que durant ce siècle et demi, Pacé n’a pas beaucoup évolué. Il faut attendre les années 70 pour que la commune entame sa mue. les premiers lotissements sortent alors de terre. cossus, les pavillons poussent sur de généreuses parcelles de terrain boisé. « la proximité avec le centre hospitalier universitaire (cHu) a attiré de très vivant. Autour de l’église saint-Melaine, de nombreux commerces animent la place, comme autrefois. De quoi rappeler que Pacé a longtemps été un village rural. ces atouts ont séduit des populations aisées. En 2006, avec un revenu moyen de 33 500 € par foyer fiscal*, les Pacéens figuraient parmi les habitants les plus riches de l’agglomération. loin derrière les Grégoriens, qui caracolaient en tête avec 41 500 €, mais juste derrière les cessonnais (36 600 €). Traditionnellement à droite rurale d’un côté, urbaine et aisée de l’autre… Depuis toujours, Pacé vote à droite. A une exception près : en 1989, en pleine vague rose, Frédéric Vénien, encarté au Parti socialiste, a pris les rênes de la commune. « Il faut dire que la droite avait présenté deux listes, se souvient catherine Le Mensuel/mars 2010 www.lemensuelderennes.fr 57 dOSSIER SPécIaL pacé les enfants quittent le foyer parental. » Pendant longtemps, Pacé n’a accueilli que des habitations. Jusque dans les années 90, les zones commerciales n’existaient pas. la première (la Teillais) a « mis du temps à démarrer », se souvient Philippe rouault, ancien maire et actuel premier adjoint. c’est avec la création de la zone d’aménagement concerté de la Giraudais et l’arrivée de cora que l’activité commerciale a réellement pris son envol. De nombreuses enseignes ont suivi, jusqu’à l’arrivée d’un deuxième mastodonte en novembre 2008 : Ikea. Perdre son âme Aujourd’hui, la municipalité continue à jouer la carte commerciale. un énorme projet de 55 ha démarrera dans les mois qui viennent (lire p. 58-59). là encore, une question se pose. une telle extension commerciale ne risque-t-elle pas de faire perdre le petit supplément d’âme que la commune a jalousement préservé jusqu’à présent ? c’est l’interrogation qui taraude de nombreux habitants. « ces grands changements font naître des crispations, souligne Albert, agriculteur en retraite. Mais l’équipe municipale a bien compris qu’il faut également développer le service à la population pour que les habitants se plaisent. » salle de spectacle du Ponant, salle de sports, espace culturel et associatif du Goffic ou encore station d’épuration… les investissements de grande ampleur ont été nombreux ces dernières ce n’est pas tout : dans le centre, l’équipe municipale envisage de transformer le Vieux logis et le Bon pasteur en parcs. « le poumon vert doit le rester… », assure Paul kerdraon. Quid de l’extension de la MJc ? le maire explique qu’elle est prévue mais qu’aucune date ne peut être avancée. le manoir de la Touche-Milon ? « J’y verrais bien un lieu pour des activités culturelles ou des activités pour les enfants. Mais avec les normes d’accueil du public, il n’est pas évident de transformer ce lieu. » Et puis il y a le grand projet intercommunal : la piscine. Elle coûtera entre 2 et 2, 5 millions d’euros à Pacé. une coquette somme. Après tout cela, il y a fort à parier que le bourg rural deviendra une vraie petite ville. Mais son véritable atout résidera dans les milliers d’hectares de terrain encore vierges, à quelques kilomètres du centre de rennes. En 1830, la commune comptait autant d’habitants qu’en 1970 années. « Nous avons beaucoup d’autres projets », glisse Paul kerdraon. Au printemps prochain, le maire présentera ses premières propositions de réaménagement du centre-bourg. objectif : l’agrandir et fluidifier la circulation. un projet à haut risque pour l’équipe municipale. Elle s’attaque au cœur du village. « Nous serons attentifs aux commerces et nous essaierons de favoriser aussi les professions médicales. » Mais * source Insee Zone rive ouesT adieu les champs, bonjour projet commercial xxL Un an et demi après l’arrivée d’Ikea, le développement de la zone Rive ouest est loin d’être terminé. Les élus planchent sur la création d’une immense galerie marchande à ciel ouvert. En coulisse, on évoque un « retail park » de 30 000 m2. Du jamais-vu dans l’agglomération. «j sur une quinzaine d’hectares, la zone artisanale sera la première à sortir de terre. les PME devraient s’installer vers fin 2011, début 2012. 58 Le Mensuel Mensuel/mars /mars 2010 www.lemensuelderennes.fr e me souviens de l’ouverture d’Ikea comme si c’était hier ! s’exclame Mélinda leplanois, directrice adjointe du magasin la Halle aux vêtements, situé juste en face de l’hypermarché cora. Pendant un mois, nous avons regardé les voitures passer, c’était angoissant ! » Depuis, l’inquiétude de cette jeune femme, comme celle des commerçants du secteur, a disparu. Petit à petit, les visiteurs ont repris le chemin des grandes surfaces de la Zac de la Giraudais. l’heure est au premier bilan. un an et demi après l’installation du géant du meuble suédois, les répercussions diffèrent selon les commerces. Pour la Halle aux vêtements, l’arrivée d’Ikea et celle de la crise économique ont engendré une augmentation de plus de 10% du chiffre d’affaires. En revanche, chez Intersport, le voisin de palier, « l’effet Ikea » n’aurait suscité « qu’une augmentation de 4,5% ». Même son de cloche chez Aubert, où Valérie lescop livre : « Tout le monde disait que l’arrivée d’Ikea entraînerait une croissance à deux chiffres. Nous n’avons pas connu ce boom ! cependant, depuis son installation, nos ventes sont meilleures le samedi. c’est certainement grâce à cela que nous résistons mieux à la crise que les autres boutiques du groupe. » Disposant déjà d’une attraction régio- Philippe Rouault attend son heure p remier adjoint au maire de Pacé, Philippe Rouault incarne ce qu’on pourrait appeler une « comète politique ». En 2002, à seulement 39 ans, il était déjà maire, conseiller général et député. Rattrapé par la loi sur le cumul des mandats, l'élu UMP a choisi de lâcher sa casquette d'édile. Mal lui en a pris. Aux cantonales 2008, il s'est fait reprendre son siège par François André (PS), alors qu’il venait de perdre la troisième circonscription d’Ille-et-Vilaine face à Marcel Rogemont (PS). « Je ne pense pas avoir fait d’erreur stratégique, livre-t-il aujourd’hui. J’ai tenté de conserver le canton, c’était risqué. » Désormais, le délégué interministériel aux industries agroalimentaires s’accroche à son siège de premier adjoint. Ou, plutôt, attend patiemment son heure. De nombreux observateurs confient que Philippe Rouault veut redevenir maire. Une hypothèse d’autant plus probable que Paul Kerdraon pourrait ne pas se représenter (lire p. 60-61). Quant aux législatives, le maire affirme que « Philippe risque de se représenter. J’espère pour lui qu’il gagnera. » Des propos que le quadragénaire ne contredit pas. Visiblement amusé, il souffle : « Les législatives et les municipales ? On verra le moment venu. » longtemps, Pacé n’a pas grandi. Aujourd’hui, la construction de 1 500 logements à Beausoleil résonne comme un véritable séisme à l’échelle communale. nale, le pôle commercial de Pacé devrait continuer à gagner en puissance. Autour d’Ikea, une zone à dominante commerciale et artisanale de 55 ha commencera à sortir de terre d’ici un an. Pour préparer ce big-bang économique, rennes Métropole et la commune de Pacé ont investi près de sept millions d’euros dans l’achat des terrains et l’aménagement des routes. sur une vingtaine d’hectares, la « partie commerces » se taillera la part du lion, notamment avec l’arrivée de ce qu’on appelle dans le jargon commercial un « retail park » de 30 000 m2 de surface de vente. En français : une immense galerie marchande à ciel ouvert. « ce centre sera conçu comme une véritable promenade marchande. les consommateurs circuleront à pied dans un Trois fois plus grand que cap malo espace paysager soigné », explique Emmanuel couet, vice-président de l’agglomération chargé de l’aménagement. « cette galerie proposera une offre commerciale inédite dans la région, ajoute Honoré Puil, vice-président de l’agglomération délégué au commerce. le site sera conçu comme un véritable lieu de vie. » Et les élus d’insister sur la qualité architecturale des bâtiments, le respect des normes environnementales et l’intégration dans le paysage. si « qualité » semble être le maître mot du projet, la « quantité » sera également au rendez-vous… La Fnac sur les rangs Pour donner un ordre de grandeur, le « retail park » de Pacé sera trois fois plus grand que celui de cap Malo ! s’ajouteront 36 000 m2 de surface commerciale pour l’artisanat, 10 000 m2 de bureaux et 5 500 m2 pour l’hôtellerie ! le projet commercial de Pacé est de loin le plus important de l’agglomération (lire également p.10). outre les généreuses sur faces de vente, la zone rive ouest bénéficie d’un emplacement idéal : au croisement de la quatre voies rennes-saintBrieuc (rN12) et de la deuxième ceinture de rennes (rD 29). D’ores et déjà, de nombreuses marques ont fait connaître leur intérêt pour le secteur. selon nos sources, la Fnac et Boulanger lorgneraient sur un emplacement à côté d’Ikea. « Il est vrai que certaines négociations sont déjà avancées, mais il reste de nombreuses questions à régler », tempèrent Paul kerdraon, maire de Pacé, et Philippe rouault, premier adjoint. Qui construira la zone, de quelle façon, sur quelle surface précisément ? Quel sera le calendrier ? les élus sont unanimes : en 2010, le projet doit être mis sur les rails. « michel seimandi Directeur d’Ikea auchan à betton sera un concurrent de plus » Michel Seimandi dirige le magasin Ikea de Pacé depuis 2008. Responsable de 273 salariés, ce Marseillais de 46 ans évoque ses affaires et la concurrence que se livrent les nombreuses enseignes de meuble dans le bassin rennais. Le mensuel : Vous avez ouvert en novembre 2008. Quel bilan tirez-vous de ces premiers mois d’exploitation ? michel seimandi : Les objectifs que nous nous étions fixés étaient ambitieux. Malgré tout, notre magasin fonctionne très bien. Je ne peux pas communiquer de chiffres précis, mais je peux parler des tendances observées. Durant les cinq mois qui ont suivi l’ouverture, nos résultats ont été excellents. Puis, notre activité s’est un peu ralentie. En revanche, le mois d’août a été miraculeux ! Nous n’imaginions pas avoir autant d’étudiants. Le panier moyen est monté très haut. Depuis la fin de l’année 2009 et le début 2010, nos chiffres sont beaucoup moins bons. Une tendance s’installe : la semaine, nous avons peu de visiteurs et le samedi, le magasin est bondé ! Qui sont vos clients et que vendez-vous le plus ? Notre zone de chalandise s’étend jusqu’à Guingamp, Avranches, Laval… Des villes comme Vannes ou Lorient sont plus tournées vers Nantes. Pour le moment, le chiffre d’affaires du magasin est constitué à 50% par l’ameublement et à 50% par la décoration. À terme, quand les cuisines et les chambres seront bien lancées, nous serons à 60% pour l’ameublement et à 40% pour la décoration. L’arrivée probable d’auchan home à Betton (lire aussi p.10), soit 20 000 m2 de surface de vente, vous inquiète-t-elle ? Ça va être plus compliqué, c’est certain. Je ne comprends pas bien quel est leur intérêt. Ils vont scier la branche sur laquelle ils sont assis. Alinéa fait partie du groupe Auchan ! Pour nous, Auchan home sera un acteur de plus, un concurrent de plus. A nous d’être les plus forts. Le Mensuel/mars 2010 www.lemensuelderennes.fr 59 dOSSIER SPécIaL pacé paul Kerdraon Maire « je ne sais pas si je me représenterai » En 2002, au pied levé, Paul Kerdraon (UMP) prenait les rênes de la mairie de Pacé. Aujourd’hui, à 60 ans, le commissaire général du Space répond sans ambages aux critiques de l’opposition, mais émet des doutes sur sa candidature aux prochaines élections municipales. P. KERdRaON Paul Kerdraon est né en 1941 à Landerneau. Après des études au Centre de formation des journalistes de Paris, il démarre sa carrière au Journal des jeunes agriculteurs. Là, il rencontre celui qui deviendra un de ses plus fidèles amis : Jean-Michel Lemétayer, l’actuel président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). Après douze ans de journalisme, il devient patron de la FDSEA du Finistère. En 1988, il prend en charge la Chambre d'agriculture d'Ille-et-Vilaine et s’installe à Pacé. Puis, en 1996, ce père de quatre enfants devient commissaire général du Salon des productions animales (Space). En 2002, il succède à Philippe Rouault à la mairie de Pacé. 60 L e M e n su e l : L’o p p os i ti o n vo u s reproche un manque de visibilité et un manque de transparence, notamment dans l’attribution de terrains, de subventions aux associations et de l’aide versée par le Centre communal d’action sociale (CCAS). Que répondez-vous ? Paul Kerdraon : Manque de visibilité… Nous avons au contraire une vision très claire du développement de la commune. on a réalisé de très gros équipements ces dernières années. Ils impactent nos finances locales de manière évidente. Après toutes ces réalisations, on ne peut pas nous reprocher notre L’opposition vous reproche aussi une politique culturelle peu ambitieuse, et n’apprécie pas que la gestion de la salle du Ponant ait été confiée à la société d’économie mixte Citédia… Nous avons effectivement des points de divergence sur le sujet. Mais plus l’opposition critique le Ponant, moins bien elle se porte. Depuis dix ans, le Ponant fonctionne très bien. on assume complètement d’avoir construit ce lieu et de l’avoir construit tel quel. Cette salle de spectacle a été inaugurée juste avant les municipales de mars 2001. De même pour la salle de « je défends mes positions. Pourtant, je pense être très tolérant manque d’idées ! Maintenant, on aimerait poursuivre, mais il faudra faire des choix. Quant à la transparence… les subventions aux associations sont discutées dans la commission vie associative, à laquelle l’opposition participe. De même pour les aides du ccAs. En ce qui concerne l’attribution des terrains constructibles, il n’y a pas de commission mais nos critères sont simples. Nous privilégions les Pacéens qui jusque-là étaient locataires, puis les gens qui travaillent déjà à Pacé. Ensuite, la priorité est donnée aux habitants des communes proches de la nôtre. Le Mensuel Mensuel/mars /mars 2010 www.lemensuelderennes.fr » sport et l’espace Le Goffic, juste avant les élections de 2008. La coïncidence est troublante. A Pacé, certains pensent que votre politique ressemble à des « coups » électoralistes ? le plus simple aurait été de ne rien faire ! chacun des trois équipements représente près de trois millions d’euros d’investissement. Il faut pouvoir les assumer. Il se trouve que ces réalisations arrivent en fin de mandat, car ce sont des projets très lourds. Il faut du temps. Mais si nous n’étions que dans une politique de « coups », nous aurions attendu la fin de ce mandat pour inau- gurer la station d’épuration que nous terminons actuellement. l’essentiel, c’est que les besoins principaux de la population soient couverts (il rit…). Allez-vous vous représenter aux prochaines municipales ? oh… Il reste quatre ans ! Je ne sais pas si je me représenterai. J’aurai 64 ans en 2014. Je pense que j’aurai d’autres envies… Profiter de ma retraite, de ma famille, voyager. on verra… Je ne dis jamais « jamais ». Vous êtes chef de file de l’opposition à Rennes Métropole… (Il coupe) Euh… oui, enfin un des chefs de file… Et puis, est-ce qu’on peut parler d’opposition ? De nombreux sujets font l’objet d’un grand consensus à rennes Métropole : la défense de la ceinture verte, l’élaboration du plan local de l’habitat… Lors des conseils communautaires, on ne vous entend presque jamais. Vous préférer laisser Bruno Chavanat, conseiller municipal UMP de Rennes, aller au charbon ? chacun fait ce qu’il veut ! Moi, je parle caTherine sinQuin Leader de l'opposition « IL y a UN défIcIT d’IdéES » « En 2008, nous avons investi plus de huit millions d’euros. un tel engagement financier n’est pas possible de manière régulière. Il faut calmer le jeu, on n’a pas les moyens de tout faire. » quand je pense avoir quelque chose d’important à dire. Dans l’« opposition », nous sommes trop peu nombreux pour réagir sur le mode opposition-majorité. Nous n’avons pas de pouvoir. Je participe à rennes Métropole de façon constructive. les sujets avec lesquels je ne suis pas d’accord n’ont rien à voir avec mon orientation politique. Quand je critique le choix d’implantation du centre de congrès au couvent des Jacobins, c’est parce que je pense que cela posera des problèmes d’organisation et d’accessibilité. Combien gagnez-vous ? Plus de 8 000 €. là-dedans, je compte mon salaire de commissaire général du space, qui en représente une bonne partie, et les indemnités perçues à rennes Métropole. Pour cette fonction, je touche un peu plus de 2 000 € ! une indemnité que je trouve très bonne, voire trop bonne ! c’est voté, alors je la prends. Pour compenser, j’ai décidé de ne pas toucher les indemnités auxquelles un maire d’une ville de 9 000 habitants pourrait prétendre. J’ai préféré répartir ce pécule entre tous les membres de l’équipe municipale. Nous sommes une des rares communes où tout le monde touche un petit quelque chose… Je trouve cela normal. Mais attention, il ne faut pas être démago : pour que des personnes s’investissent dans les collectivités locales, il faut les rémunérer justement. On dit que vous êtes direct, franc, sympathique et que vous connaissez vos dossiers… (Il coupe) certainement, si ce sont les gens qui le disent… On dit aussi que vous êtes bordélique et que vous supportez mal la contradiction… Je suis organisé dans mon bazar ! la contradiction… oui, c’est vrai, je défends mes positions. Pourtant, je pense être très tolérant. l’opposition ne peut pas se plaindre d’être maltraitée ! cela dit, je prends rarement des décisions sans avoir écouté et consulté. Mais je n’ai pas l’habitude de louvoyer ou de retourner ma veste. Je ne fais rien miroiter. Quand je m’engage sur quelque chose, je le fais. sinon, je dis franchement que je ne sais pas. Chef de file de l’opposition à Pacé, Catherine Sinquin critique la politique de la majorité : environnement, social, culture… Autant de sujets qui, selon elle, sont négligés. Le Mensuel : Quels sont les principaux reproches que vous formulez au sujet de la gestion municipale ? catherine sinquin : Il n’y a pas de lisibilité. les choses sont faites au coup par coup. la commune, par exemple, s’est dotée d’une usine d’épuration d’eau très moderne. Très bien ! Pourtant, cela ne veut pas dire qu’une vraie politique verte est mise en place. c’est une volonté environnementale de façade. on continue à construire comme avant. A Pacé, les choses sont faites sans réflexion. Il y a un déficit d’idées. on achète des bâtiments anciens. résultat : on accumule du patrimoine qu’il faut entretenir, mais on ne sait qu’en faire ! L’opposition ne compte que cinq sièges au conseil municipal. Avezvous du mal à vous faire entendre ? oui. Nous ne sommes pas tenus au courant des projets. Jamais nous ne participons aux débats de fond. c’est aussi parce que l’équipe municipale elle-même ne sait pas où elle va. De nombreux sujets manquent de transparence. sur quels critères sont attribués les terrains ? comment le personnel communal est recruté ? certaines embauches nous ont plus que surpris ! comment sont versées les aides du centre communal d’action sociale (ccAs) ? la politique sociale est opaque. Pourquoi avoir délégué la gestion de la salle du Ponant à une entreprise privée ? une vraie politique culturelle manque terriblement. Nous sommes une commune urbaine qui fonctionne avec des mécanismes de petit bourg. Qu’est-ce qui manque le plus, selon vous, à Pacé ? Du lien social ! la commune souffre du syndrome cité-dortoir. certes, il y a des associations sportives et culturelles, mais il manque un lieu où les gens puissent réellement s’investir. Nous aimerions par exemple voir se créer un cinéma associatif. cela éviterait que les gens aillent consommer du cinéma dans des zones commerciales sans âme. Le Mensuel/mars 2010 www.lemensuelderennes.fr 61