Nokia, un symbole national finlandais qui se trouve amputé

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Nokia, un symbole national finlandais qui se trouve amputé
Nokia, un symbole national finlandais qui se trouve amputé
Écrit par Le Monde
Mercredi, 04 Septembre 2013 09:11
Sans surprise, le rachat de la branche téléphones mobiles de Nokia par Microsoft faisait la
"une" de la presse de Finlande, mardi 3 septembre. Nulle autre société n'a autant été associée
au destin de son pays ces dernières décennies. Dans les années 1990 et 2000, Nokia a en
effet tiré vers le haut l'économie finlandaise et le groupe était la locomotive de la Bourse
d'Helsinki.
La société, qui a détenu jusqu'à 40 % du marché mondial des téléphones
mobiles, a représenté jusqu'à 4 % du produit intérieur brut (PIB) de la Finlande et plus de 25 %
des exportations du pays. Cet été, une enquête d'YLE, une télévision locale, a montré que la
moitié des Finlandais restaient fidèles à Nokia dans le choix de leur téléphone... même si les
plus jeunes avouaient préférer les appareils d'Apple et de Samsung.
Mais Nokia a raté les virages des appareils photos intégrés et des smartphones. La sanction
est là : en cédant son activité de téléphonie, l'entreprise va perdre la moitié de son chiffre
d'affaires et 32 000 employés, dont 4 600 en Finlande. Un choc.
L'annonce a surpris les analystes, d'autant que les ventes de téléphones Nokia commençaient
à frémir cet été, grâce à son nouveau modèle, le Lumia. "On a l'impression qu'il s'est passé
quelque chose qui a forcé cette décision, car ils ont vendu à très bas prix", a commenté Tero
Kuittinen, analyste chez Alekstra, à la télévision finlandaise. Kalle Killi, délégué syndical de
Nokia dans l'usine de Tampere, estime que le montant de la vente est "honteusement bon
marché".
PRIORITÉ AUX RÉSEAUX
Depuis des mois, des rumeurs faisaient état de l'intérêt que portait Microsoft, ou les chinois
Huawei et Lenovo, à la compagnie finlandaise. Un dirigeant de Microsoft, Joe Belfiore, avait
rendu une mystérieuse visite au siège de Nokia, à Esbo, à la mi-juin. Peu de temps après, le
groupe finlandais avait annoncé le rachat, pour 1,7 milliard d'euros, des 50 % que Siemens
possédait dans une compagnie commune, Nokia Siemens Networks (NSN), développée à partir
de 2007. Ces derniers temps, cette branche consacrée aux réseaux porte d'ailleurs le géant
finlandais à bout de bras, alors que les ventes de téléphones mobiles restent son talon
d'Achille.
En prenant l'intégralité de NSN, Nokia avait annoncé son intention de voir cette filiale devenir le
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Écrit par Le Monde
Mercredi, 04 Septembre 2013 09:11
leader mondial du haut-débit mobile. Ce marché est actuellement dominé par le suédois
Ericsson, qui a abandonné, depuis fin 2011, la fabrication de téléphones mobiles, et le chinois
Huawei.
Délesté des téléphones, Nokia devrait se focaliser sur les réseaux, la cartographie, la
localisation et les technologies avancées. Mais l'entreprise en a-t-elle encore la capacité ?
Depuis le début des années 2000, quand la société comptait 25 000 salariés dans le pays,
Nokia a perdu 10 000 salariés en Finlande. Sa puissance d'innovation a été amputée : les
ingénieurs développant le système d'exploitation ont été sacrifiés, pour ne laisser que ceux
chargés d'intégrer le logiciel Windows Phone dans les téléphones Nokia.
A Salo, où elle emploie 1 500 personnes, l'inquiétude est vive. "C'est une surprise totale, a
décrit Antti Rantakokko, le responsable de la cité finlandaise de 55 000 habitants, considérée
comme le berceau de Nokia. Je crains les conséquences, mais j'espère que Nokia continuera à
développer ses activités mobiles à Salo."
Le directeur financier de la société, Timo Ihamuotila, doit prendre provisoirement la place de
Stephen Elop comme PDG. Nokia devait tenir une conférence de presse, mardi matin, à Esbo,
son siège social, près d'Helsinki. Une assemblée extraordinaire des actionnaires est convoquée
pour le 19 novembre. Avec les autorités finlandaises, ils doivent valider la décision de rachat.
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