Diagnostic général - Maison de Quartier des Eaux

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Diagnostic général - Maison de Quartier des Eaux
Diagnostic général
Maison de Quartier des Eaux-Vives
Chemin de la Clairière 3
C.P. 6230
1211 Genève 6
T0227367271
F0227006046
[email protected]
www.mqev.ch
Ce diagnostic général brosse un portrait global des problématiques sociales
et éducatives identifiées aux Eaux-Vives et plus largement à Genève.
Le territoire
Questionner la qualité de vie c’est aussi questionner l’aménagement du territoire. L’organisation de
l’espace et l’organisation sociale vont de pair. Observer le territoire, c’est également savoir y lire les
hiérarchies sociales et l’organisation du pouvoir, savoir y repérer les centres et les marges, les lieux
de concentration ou d’exclusion.
Genève (et tout particulièrement le quartier des Eaux-Vives) est une agglomération urbaine très dense.
La mixité sociale est davantage la règle que l’exception. Le mélange des populations de natures
diverses ainsi que le caractère cosmopolite du quartier sont d’ailleurs le plus souvent considérés
positivement. Ainsi on observe aux Eaux-Vives une grande disparité dans l’habitat : des immeubles
de haut standing le long des quais, des rues plus populaires et commerçantes au milieu du quartier
et un périmètre résidentiel sur les hauts. Ces différences se retrouvent dans le profil socioculturel
des habitants: classes moyennes supérieures se distinguant nettement des classes plus modestes
habitant au cœur du quartier.
La qualité de vie est largement perçue à travers la convivialité et les relations entre les habitants. À
cet égard, le rôle des cafés, des salons de thé, des commerces de proximité ou des espaces de rencontres comme les parcs, le site de Baby-Plage ou la Maison de Quartier en tant que lieux de sociabilité, est jugé significatif. Il existe aux Eaux-Vives une grande diversité des commerces (qui tend cependant à disparaître). Le cinéma indépendant les Scala est également apprécié. Malgré cela, s’exprime
le besoin d’avoir des lieux de rencontres plus centraux (par exemple, certains regrettent que la MQEV
ne soit pas plus centrée). Au final, c’est surtout le manque d’appropriabilité des lieux publics souvent
trop réglementés qui fait défaut selon les habitants. Pourtant beaucoup d’espaces à investir existent
: petits jardins, courettes, places … Ils sont malheureusement interdits au public par peur du bruit et
des incivilités qui pourraient découler de leur utilisation plus libre et régulière. Il ressort également un
manque patent de locaux pour y organiser des réunions, des anniversaires, pour y faire de la musique
ou autres activités associatives et créatives.
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N.b: MQEV = Maison de Quartier des Eaux-Vives
Les adolescents et jeunes adultes sont régulièrement chassés des préaux, des halls d’immeuble,
des parcs, etc. On les accuse de déprédations et de nuisances sonores. Cette population n’est bientôt plus tolérée nulle part, on sait pourtant que les exclure ne peut satisfaire personne car on ne fait
que déplacer le problème. Il faut d’une part permettre un dialogue respectueux entre jeunes et voisins pour trouver un accord commun d’utilisation de ces espaces publics car ce n’est pas en créant
des ghettos pour jeunes que nous réussirons à les intégrer à la vie de la cité et à la société. D’autre
part, il faut pallier au manque de lieux de rencontres, des lieux où leurs projets pourraient être soutenus sans être encombrés par une trop forte réglementation.
Le trafic routier représente un gros problème en termes de nuisances sonores, de santé publique,
d’insécurité des déplacements (pour les personnes à mobilité réduite ou les enfants) et de gestion du
partage de l’espace (notamment avec les vélos et les piétons). Il entrave aussi considérablement nos
espaces potentiels de rencontres. Genève sature. Le quartier des Eaux-Vives ne fait pas exception car
il est traversé par de grands axes routiers (quai Gustave Ador, rue des Eaux-Vives et rue Montchoisy),
lieux de transit qui génèrent bruit, pollution et insécurité. A ce propos, le Service de l’Aménagement
Urbain et de la Mobilité confirme que les charges de trafic sont très importantes dans le quartier et
que les heures de pointe s’étendent toujours plus. Questionner l’utilisation des rues de nos quartiers,
c’est donc aussi être capable de remettre en cause la prédominance de la voiture en ville. Et ceci dans
un contexte où les problèmes environnementaux nous forcent à chercher un meilleur équilibre entre
la mobilité douce et le trafic motorisé individuel. Les projets de la MQEV doivent donc proposer une
utilisation plus conviviale des rues, notamment en permettant aux habitants de se les réapproprier
pour une utilisation plus libre.
Pour répondre aux enjeux de la mobilité douce, le quartier des Eaux-Vives vit d’importants changements urbanistiques notamment le réaménagement de la gare des Eaux-Vives (PAC/CEVA) et le
développement d’une zone 30. Dans ce contexte le rôle de la MQEV est de soutenir ces projets qui
vont dans le sens d’une amélioration de la qualité de vie. Mais elle doit également rester attentive à
la manière dont ces aménagements influent sur la mixité sociale du quartier (une crainte se manifeste dans les propos des habitants par la peur de perdre «l’âme populaire du quartier»). Dans cette
optique, la MQEV ne peut faire l’impasse ni sur une lecture pointue du territoire, ni sur sa participation aux débats portant sur les projets d’urbanisme dans le quartier.
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Le vivre ensemble
Ce que l’on nomme le vivre ensemble, c’est l’interaction des multiples identités (culturelles, sociales
ou générationnelles) qui forment la société. Pour bien vivre ensemble, il convient que chacun soit
reconnu socialement pour ce qu’il est. En ce sens, on peut s’accorder à dire qu’aujourd’hui le vivre
ensemble est en crise. L’objet de ce chapitre est de revenir plus en détail sur ce postulat afin de mettre
en lumière les enjeux concernant les rapports sociaux entre les individus et les groupes d’individus.
Une société démocratique est une société qui se reconnaît divisée et qui se donne pour objectif la résolution pacifique des conflits interpersonnels et sociaux. C’est pourquoi la MQEV ne se contente pas
d’atteindre la paix sociale, c’est davantage l’objectif de la cohésion sociale qui est recherché. Autrement dit, ne pas nous contenter de vivre les uns en parallèle des autres en minimisant les contacts
pour éviter les conflits, mais au contraire permettre la rencontre et la confrontation dans le respect.
Pour ce faire nous devons agir sur le long terme afin de permettre à chacun de prendre le temps de
se connaître, de « s’apprivoiser », pour avoir envie d’interagir ensemble.
1. L’intergénérationnel
L’espérance de vie augmentant, les personnes âgées représentent par conséquent une population
de plus en plus importante dont il faut tenir compte. Dans le quartier des Eaux-Vives, ce constat est
bien réel.
L’évolution des mœurs (notamment depuis les années 60) a mis à mal l’autorité des anciens, qui,
traditionnellement, portaient la responsabilité de la transmission des valeurs communautaires et
culturelles et de la mémoire collective. Ces évolutions ont provoqué une brèche dans l’auto-estime
des aînés, notamment ceux qui sont issus de l’immigration, qui proviennent de régions où le modèle
culturel traditionnel l’emporte encore sur celui de la modernité. La différenciation des générations
est encore accentuée par la ségrégation institutionnelle, c’est-à-dire la répartition des générations
en des lieux différents : les enfants à la maison ou en garderie, les jeunes à l’école, les adultes au travail, les aînés isolés chez eux puis en maison de retraite. C’est la raison pour laquelle la MQEV défend
une approche tout public.
La cohabitation entre générations dans les espaces publics (notamment les transports) ou dans les
immeubles provoque des tensions : le dialogue entre adultes et adolescents se révèle souvent délicat en raison de modes d’expression fréquemment emprunts d’agressivité, de part et d’autre et d’une
méconnaissance mutuelle de leurs rythmes de vie et de leurs aspirations spécifiques qui créent une
réticence, voire une méfiance. Ces problèmes de cohabitation peuvent être expliqués, d’une part, par
des comportements inadéquats et des incivilités de la part de certains jeunes et, d’autre part, par un
manque de tolérance de la part des aînés face aux adolescents.
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La MQEV doit s’efforcer de maintenir les personnes âgées actives dans la vie de la cité, notamment en
leur confiant un rôle, celui de la transmission, tout en valorisant leur expérience. Elle doit également
favoriser une communication, un échange plus soutenu entre les générations et enfin leur apporter
des clés de compréhension de ce monde dont les changements sont parfois très rapides.
2. L’interculturel
Le terme interculturel ne doit pas être compris comme une assignation à la différence, il doit être
pris du point de vue interactionniste selon lequel les cultures évoluent les unes au contact des autres,
dans l’échange, la conflictualité et dans les rapports emprunts de respect. La MQEV n’a donc pas le
rôle d’assimiler les étrangers mais plutôt de permettre leur intégration. Cette distinction est essentielle car il faut comprendre l’intégration comme une chance pour les cultures de s’enrichir mutuellement, ce qui passe donc par une reconnaissance en même temps qu’une appropriation de la culture
du pays d’accueil. Un dialogue ouvert et permanent auquel la MQEV doit s’atteler afin d’éviter que la
diversité ne soit perçue comme une menace, voire un danger. Les problématiques décrites ci-dessous
ne semblent pas spécifiques au quartier, relevant plutôt de celles que suscite une société multiculturelle. Pourtant la MQEV défend l’idée selon laquelle l’intégration passe avant tout par des rapports de
proximité, en ce sens elle est surtout une affaire locale, de quartier. Il convient encore de préciser que
les facteurs qui déterminent la coexistence des populations sont multiples et ne se résument jamais
à la seule origine des citoyens: le moment d’arrivée, les conditions d’immigration, le niveau social et
économique, le statut acquis dans le pays d’accueil, le contexte actuel, etc… jouent un rôle prépondérant. Enfin, il faut avoir conscience du fait que les relations interculturelles ne sont jamais figées car
elles sont l’objet de redéfinitions permanentes, tant le corps social évolue.
Genève est une ville cosmopolite et multiculturelle : il s’agit du canton suisse où la proportion d’étrangers est la plus forte (près de 40%), il y cohabite 184 nationalités différentes (Office de la statistique
2008). Le quartier des Eaux-Vives n’y fait pas exception. Ces différentes populations se mélangent
peu et les échanges demeurent limités, d’une part entre communautés étrangères, d’autre part entre
Suisses et étrangers. Toutefois les enfants et les adolescents font exception à cette règle : ils se
connaissent, se côtoient et sont en interaction. Cette coexistence dans une relative ignorance génère
quelques difficultés : frictions de cohabitation notamment quand la différence porte sur la manière
dont on éduque les enfants, difficultés relationnelles de certaines familles migrantes, en raison de la
barrière linguistique, de l’illégalité de leur statut pour certains, de précarité socio-économique pour
d’autres et d’incompréhension des fonctionnements culturels et institutionnels.
A l’école certains élèves subissent une intégration difficile car éloignés de leur culture d’origine,
c’est le cas notamment aux Eaux-Vives où une grande mixité culturelle existe. Le grand écart entre
la culture familiale et celle de l’école est parfois source de conflit intérieur ou d’échec scolaire pour
les jeunes issus de l’immigration. Et bien souvent, la barrière de la langue n’incite pas leurs parents
à entrer en contact avec les institutions (écoles, crèches, administrations, …).
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Dans le quartier des Eaux-Vives, il existe différents lieux d’accueil des populations migrantes au
nombre desquels le foyer de requérants d’asile Frank-Thomas, le Centre Islamique ou encore l’abri
de la protection civile accueillant l’hiver un grand nombre de Roms. Nous devons être en mesure
d’établir des liens avec ces lieux, leurs populations et leurs représentants afin qu’ils soient intégrés
au réseau associatif et institutionnel du quartier.
Face à cette réalité, la MQEV doit être le lieu de la mise en œuvre d’une politique de l’interculturalité.
Elle doit jouer un rôle important pour stimuler la rencontre des résidents du quartier (toutes cultures
et générations confondues). Il s’agit de proposer des projets participatifs insistant sur le respect de
l’identité de chacun et d’ainsi faciliter l’intégration de toutes les composantes de la société.
3. Isolement et exclusion
Promouvoir le bien-être social, c’est prioritairement éviter l’isolement qui mène à l’exclusion, c’est-àdire s’assurer en permanence que des réseaux suffisamment denses soient tissés autour de chaque
individu ou groupe d’individus. L’isolement peut se définir comme l’absence ou la pauvreté des contacts
sociaux, lorsque le lien social se défait. Il touche toutes les catégories socio-économiques, même si
la précarité financière le renforce.
Ce qui frappe aujourd’hui, c’est d’une part le fait que toutes les catégories sociales sont vulnérables
quand une rupture de vie intervient et, d’autre part, la rapidité et la brutalité avec laquelle cela peut
se produire. Puisqu’il suffit d’un divorce ou d’une perte d’emploi pour sombrer socialement, un sentiment d’insécurité quotidien parfois très violent peut se faire sentir. On sait aujourd’hui que le processus de marginalisation et d’exclusion sociale est intimement lié à la paupérisation, à la fois psychique et financière. Le revenu est par conséquent déterminant pour la qualité de vie et la santé. Les
travailleurs pauvres (les citoyens dont le revenu ne leur permet plus de vivre sans aides sociales) en
constante augmentation prouvent que le travail ne représente plus une protection contre la précarisation.
De manière générale, la course à la performance dans l’esprit de compétition qui caractérise notre
société pose la question de la place des individus n’étant plus assez « productifs ». Cela peut toucher
aussi bien les personnes âgées, les personnes non-francophones, les jeunes en rupture, les personnes handicapées, les chômeurs de longue durée, etc. Ces «catégories» étant davantage vulnérables à l’isolement. Concernant la situation des personnes sans statut légal (y compris celle d’enfants) nous observons une précarité importante quoi que difficile à évaluer en raison d’une difficulté
d’accès à ces populations vivant généralement dans la clandestinité. Par conséquent, il peut leur être
difficile de prendre part à la vie de la cité ou de participer aux structures de représentation collective.
Échappant le plus souvent au filet de protection sociale, ces catégories de personnes doivent faire
l’objet d’une attention particulière dans le cadre de l’action communautaire. Notre principale difficulté
en tant que travailleurs sociaux est d’atteindre ces populations étrangères.
La MQEV n’a pas comme mission de lutter directement contre la pauvreté, mais elle doit travailler
à la prévention du risque de marginalisation en observant les vulnérabilités sociales. De plus, elle
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doit contribuer continuellement à faire vivre un réseau associatif et social de proximité, fort, diversifié, représentatif et dynamique sur lequel les citoyens peuvent s’appuyer. Pour éviter l’isolement et
l’exclusion, la MQEV doit aussi rendre davantage visibles son lieu et ses actions pour les rendre plus
accessibles. Elle doit offrir aux citoyens des activités appropriables fondées sur la participation. Des
activités qui pourront permettre à certains de retrouver une utilité, une place, une raison d’être et
ainsi influer sur l’estime et la confiance en soi.
4. Incivilités et sentiment d’insécurité
Aujourd’hui le sentiment d’insécurité est largement répandu. Il est parfois exacerbé par les médias
qui mettent trop régulièrement la lumière sur des faits divers plutôt que de les mettre en perspective et d’offrir des clés de compréhension des phénomènes qui engendrent la violence. La perception
des incivilités et de la délinquance ne repose pas toujours sur des bases objectives solides et elle ne
correspond pas souvent à l’insécurité réelle ou avérée. En effet, les habitants évoquent agression,
violence et délinquance pourtant rares sont ceux qui peuvent témoigner d’un réel vécu à ce propos.
Cependant le sentiment d’insécurité est à prendre au sérieux car il en découle des phénomènes de
rejet et un morcellement de la société en communautés qui dénotent donc un déficit, un malaise dans
l’art de vivre ensemble. La promotion de la qualité de vie passe donc par la lutte contre le sentiment
d’insécurité et contre les incivilités. Pour ce faire, il convient entre autres d’investir les lieux publics,
notamment le parc de la clairière en face de la MQEV. En effet, lorsque ces espaces sont utilisés par
les habitants et lorsque les éclairages publics sont mis à disposition, on observe une diminution de
ces phénomènes.
Concernant les Eaux-Vives, les incidents rapportés ont semble-t-il un caractère ponctuel. Les incivilités les plus citées dans le quartier sont celles qui sont dues au non-respect du code de la route, au
manque de respect de la part des automobilistes. Ensuite viennent les questions de salubrité: parmi
les plaintes les plus récurrentes reçues à la gendarmerie, les îlotiers évoquent les débarras sauvages,
les tags et le petit deal de rue. Dans les parcs par exemple, la présence de trafiquants de drogue a
fait l’objet d’une médiation de quartier, notamment pour répondre aux inquiétudes des parents. Ces
trois phénomènes sont actuellement en diminution. Au final, il convient tout de même de préciser que
la majorité de la population ne se sent pas réellement en danger dans le quartier, tout comme il faut
évoquer la constante diminution de la petite délinquance depuis 30 ans en Suisse.
En conclusion, la MQEV n’a pas pour mission de réprimer l’insécurité mais de comprendre les phénomènes qui engendrent la violence et promouvoir la civilité et la non-violence en prenant appui sur
les ressources de la résolution pacifiste et collective des conflits.
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L’éducatif
Le rythme souvent soutenu de la vie en ville exige beaucoup des enfants comme des parents. Il ne
laisse pas toujours le temps pour les loisirs, les moments de détente, la famille et l’éducation des
enfants. Beaucoup de parents n’ont souvent pas d’autre choix que de travailler le mercredi ou pendant les vacances scolaires et n’ont souvent pas le temps, ni même parfois les moyens d’offrir des
loisirs à leurs enfants.
Dans un monde en perpétuel changement, d’une complexité grandissante, les anciennes normes éducatives ne répondent que partiellement aux nouveaux enjeux qui se font jour: mondialisation, intégration de cultures différentes dues à l’immigration, nouvelles technologies, … En l’absence d’un modèle
éducatif clair, partagé par tous, il existe pléthore de discours divergents, qui remettent en question et
créent des doutes. Dans ce contexte, désireux de bien faire, parfois désemparés, les parents sont à la
recherche de repères et de nouvelles clés de compréhension. Par ailleurs dans notre société fortement individualiste, les parents peuvent se sentir seuls face à la responsabilité éducative. On observe
alors une vulnérabilité croissante des familles: perte de repères éducatifs, monoparentalité, instabilité familiale, précarisation, etc. Dans cette perspective, le soutien à la parentalité trouve toute sa
place. Paradoxalement, il faut relever le peu d’engagement des parents dans les structures, notamment associatives, qui prennent en charge leurs enfants. Ils n’ont semble-t-il pas toujours le temps
pour un tel investissement.
Il est à noter également que les dépendances à la télévision ou aux jeux vidéos ont des conséquences
néfastes sur les jeunes: manque de sommeil, surcharge pondérale, difficulté de concentration, nervosité, ayant des répercussions familiales et scolaires parfois importantes.
Le manque de lieux passerelle de prise en charge pour les 4-5 ans (au passage de la crèche à l’école
enfantine) ainsi que des 12-13 ans (au passage de l’école primaire au cycle d’orientation) pose également des difficultés aux parents.
Face à ces constats, la MQEV doit réaffirmer une approche qui n’isole pas les jeunes de leur environnement social, familial et culturel. Dit autrement, si on veut que les bénéficiaires de l’animation socioculturelle soient les jeunes, il faut aussi travailler avec leur entourage adulte. Ce qui est en jeu, c’est
la capacité intégrative de la société, celle de fabriquer de la cohésion sociale afin d’éviter les guerres
des générations. La MQEV doit donc proposer de pair, une prise en charge des enfants leur permettant de s’épanouir par le biais des loisirs et un soutien à la parentalité. Elle doit développer une action
éducative complémentaire à celle de l’école et de la famille, une fonction d’accompagnement vers
le statut d’adulte et de citoyen ouvert sur le monde et la diversité. Elle doit enfin favoriser un contact
régulier et permanent avec les familles car les enfants représentent un important vecteur de socialisation et d’intégration sociale.
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En conclusion
Face à ce diagnostic général, il ne s’agit pas de focaliser notre attention sur les besoins, mais bien
davantage sur la qualité de vie. Par conséquent, il n’est pas tant question de répondre à des besoins
que de stimuler le développement local, c’est-à-dire de contribuer à la promotion du bien-être social,
selon le vieil adage : « mieux vaut prévenir que guérir ». C’est à travers ce prisme qu’il faut comprendre
le projet de la MQEV que vous pouvez retrouver sous le nom de « projet associatif ».
Références
Le diagnostic général présenté ci-dessus est largement inspiré du rapport intitulé Outil pour l’action
socio-sanitaire communautaire de proximité en Ville de Genève: une triple approche (juillet 2007) et
son annexe n°3 concernant le quartier des Eaux-Vives appelé Outil pour l’action socio-sanitaire communautaire aux Eaux-Vives (septembre 2002) sous la direction de Jean Rossiaud, Laboratoire de
démographie économique et sociale, Université de Genève.
Nous nous sommes également basés sur le diagnostic de quartier de l’Unité d’Action Communautaire des Eaux-Vives (février 2010).
Ainsi que sur le document conçu par la Plateforme Romande de l’Animation intitulé Déclaration pour
l’animation socioculturelle: affirmer une continuité historique et affronter les défis actuels (octobre
2010).
Et enfin sur le document issu de groupe de travail sur les soirées à thème de la Maison de Quartier
des Eaux-Vives.
Pour ne pas entraver la fluidité de la lecture, nous avons fait le choix de ne pas noter systématiquement les références et citations issues des diagnostics ci-dessus. Nous désirons remercier toutes
les personnes qui ont contribué à l’existence de ces documents.
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