Victoires et entonnoir dans un bateau. Victoires
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Victoires et entonnoir dans un bateau. Victoires
Victoires et entonnoir dans un bateau. Victoires tombent à l’eau… Grèce – Union européenne, après « l’accord » du 13 juillet et le mémorandum du 11 août… Une opinion de Vncent Decroly « L’accord » sur le plan « d’aide » signé par Alexis TSIPRAS le 13 juillet et le 3ème memorandum bouclé ce 11 août ponctuent douloureusement une séquence historique qui avait fait naître d’immenses espoirs. Parmi les enseignements à tirer des points marqués et des erreurs commises – en Grèce comme ailleurs -, une évidence demeure : l’histoire des mouvements sociaux et des organisations politiques qu’ils enfantent est jalonnée d’avancées et de reculs. Quelle que soit l’ampleur du désastre, rien n’est jamais « écrit » définitivement. Nous devons repartir, plus fort et plus forts. Syriza est née du rassemblement de citoyens, d’associations et de partis qui ont accepté d’être eux-mêmes dépassés par une dynamique de résistance populaire jamais vue en Europe depuis la chute du mur de Berlin. Cette coalition incarne l’émergence d’une gauche radicale et plurielle, intégrant l’analyse de l’impasse du productivisme en lien avec la fuite en avant du capitalisme (en décembre 2013, lors du Congrès du PGE à Madrid, Syriza a co-signé la motion écosocialiste portée notamment par les Français du Parti de gauche et les Allemands de Die Linke). Au lendemain de la victoire électorale du 25 janvier 2015, Alexis TSIPRAS a déposé une gerbe au monument aux 200 résistants communistes liquidés par les nazis à Athènes le 1er mai 1944. Puis il a formé un gouvernement dont la composition, à elle seule, était une bouffée d’oxygène pour la Grèce et audelà ([1]). Ce gouvernement a mis rapidement en oeuvre le programme de Syriza. Premières mesures pour la transparence et la démocratisation de la vie politique, nouveau code de la nationalité, réouverture de la radio-télévision publique ERT et – malgré les pressions de la Commission européenne – loi d’urgence humanitaire contre la pauvreté et la corruption ([2]), réintégration des fonctionnaires mis à pied ([3])… Résistance admirable. Etats désunis d’Europe Parallèlement, s’ouvrit un nouveau round de… non-négociation avec les ministres des Finances de la zone Euro. On en connaît l’issue, tellement décevante ([4]). On le sait, la dette publique grecque était détenue initialement par des créanciers privés – en majeure partie des banques françaises et allemandes, actrices de ce capitalisme financiarisé qui n’entretient aucun lien avec l’économie réelle, mais beaucoup avec les sphères du pouvoir. En mai 2010, les banques précitées poussent un grand ouf : le premier accord de refinancement permet le transfert de cette dette privée vers des institutions publiques, à savoir des États de la zone euro, la BCE et le FMI. Un problème entre banques privées et gouvernement grec s’est donc mué en affrontement entre ce dernier et ses homologues européens – au lieu de susciter la solidarité des Etats pour mettre le capitalisme au pas et contrer l’émergence d’une dettocratie. Ce qui précède, ne le laissons pas occulter par ce qu’on pourra dire des parts de responsabilité de Yanis VAROUFAKIS, Euclides TSAKALATOS et Alexis TSIPRAS dans cette catastrophe, ou du diktat du gouvernement allemand, ou encore du suivisme de ceux (dont le gouvernement belge) qui se sont associés à son chantage. Par ailleurs, bien que vaincue in extremis, la résistance d’Athènes a donné lieu au dévoilement inédit du fonctionnement intégriste et anti-démocratique de l’Eurogroupe – et, en toile de fond, de l’Union européenne. « L’Eurogroupe n’a pas d’existence juridique formelle » a-t-on répondu à VAROUFAKIS, indigné de la réunion qu’il allait tenir sans lui. Il fonctionne dans l’opacité, sans règles autres que la loi du plus fort et la mise en concurrence des victimes. Le Parlement européen n’a jamais pesé. Même la Commission a été congédiée dans l’ultime phase, guerrière, de l’épreuve de force. Ce que ces cinq mois nous ont donné à voir, ne serait-ce pas le véritable projet européen en marche depuis Maastricht (voire plus tôt) ? Les avantages comparatifs deviennent des inégalités de développement, lesquelles débouchent sur des relations de dominant à dominé (entre Etats, mais aussi entre classes sociales et finalement entre travailleurs). A l’ordre du jour : la compétition généralisée entre territoires, alimentée par la prime infernale au « moins-faisant » fiscal, environnemental, social et humanitaire ; la division du continent en zones d’inégales prospérité et souveraineté que l’on met en concurrence au risque de les jeter en guerre l’une contre l’autre ([5]). Une fois encore, « les Etats désunis » d’Europe ([6]) l’ont emporté, aux antipodes de l’Union fondée sur la coopération et la solidarité au service du mieux-être des peuples. Une fois pour toutes ? Poursuivre la lutte, avec TSIPRAS ou sans lui Il est sans doute excessif de juger TSIPRAS comme si, face au but de la victoire, il avait croqué son tir dernière minute d’un Mundial. Car ce but-là pouvait aussi sauver son équipe (le peuple grec) que la reléguer seul à la bien pour longtemps dans la plus obscure division (le retour à une misère dont les anciens se souviennent). L’erreur ne date probablement pas de la signature apposée, au matin du 13 juillet, au bas des sept pages maudites. Elle s’enracine dans le non-recours aux mesures unilatérales de moratoire sur une partie au moins de la dette, pourtant prévues par le programme de Syriza et légitimées par la commission parlementaire sur la dette publique ([7]). Ambivalence et manque de confiance du gouvernement grec à l’égard du peuple, malgré les résultats des élections de janvier, puis du referendum du 5 juillet ([8]) ? Au-delà de la colère amère, une certaine humilité s’impose. Ce qui a été concédé « le couteau sur la gorge » le 13 juillet 2015 ne doit pas effacer l’acquis du combat grec de ces derniers mois et années. Car cet acquis-là sera le carburant de nos prochaines marches. Nous les entreprendrons avec TSIPRAS ou sans lui. Des dérives autoritaires, des manoeuvres d’appareil malsaines apparaissent au sein de Syriza et parasitent même les procédures parlementaires. Le Premier ministre, qui est aussi président du parti, ne saurait y être étranger. Cela ne préfigure rien de bon, surtout si l’on tente de mettre sous l’éteignoir la Plateforme de gauche et des élus comme Zoé KONSTANTOPOULOU ou Panayiotis LAFAZANIS, fidèles à cet « Oxi » dont le gouvernement n’a pas exploité toute la force. On ne change pas une méthode qui échoue… Agitée au sein de l’Eurogroupe après que TSIPRAS eut convoqué un referendum, la question de « la confiance » soulevée dès la première phrase de « l’accord » ([9]) se pose plutôt dorénavant à l’égard du projet poursuivi par l’UE et l’Eurogroupe – et, bien entendu, des hommes qui les conduisent, à commencer par l’ancien de Goldman Sachs placé à la tête de la BCE et l’expert en dumping fiscal luxembourgeois qui dirige la Commission. Beaucoup – dont sans doute TSIPRAS – avaient imaginé un compromis défavorable au peuple grec, mais lui reconnaissant au moins implicitement, surtout après le referendum, le droit à l’autodétermination garanti par les textes internationaux. En d’autres termes, vu aussi le caractère contre-productif de la potion administrée depuis 2010, un plan globalement moins austéritaire que les propositions rejetées par 62 % des Grecs et par la majorité des économistes (depuis ceux d’Attac jusqu’à ceux, désormais, du FMI). C’était sans compter sur un sommet européen fanatisé. En Grèce, des écoles (mais aussi des entreprises) ferment, on meurt faute de soins, on se suicide de plus en plus, les jeunes s’exilent… La logique mise en oeuvre depuis 5 ans a échoué ? Raison de plus pour la renforcer ! Négation collective du réel ([10]), écrasement guerrier de l’expression démocratique d’un peuple et programmation sans scrupule de sa paupérisation aggravée. Les premières mesures imposées ont dû être adoptées par paquets, au mépris des procédures parlementaires les plus basiques, quelques heures après la signature de « l’accord ». En une semaine, le parlement grec a dû (p. 2 du texte) revoir la TVA à la hausse ; repousser l’âge de départ à la retraite ; assurer l’indépendance de l’office grec des statistiques (ELSTAT) ; mettre en oeuvre le TSCG, notamment le mécanisme de réduction quasi automatique des dépenses publiques en cas de dérapage par rapport à l’objectif de dégager des excédents primaires « ambitieux » (différences entre recettes et dépenses de l’Etat, hors-remboursement de la dette) ; adopter un nouveau code de procédure civile en vue de réduire les dépenses de justice ([11]). « TSCG Plus » La Grèce a également dû s’engager à améliorer la mise en concurrence des agents économiques – pharmacies, laiteries et boulangeries, ainsi que diverses professions (comme le transport par ferry) et l’industrie manufacturière -, à légiférer sur l’ouverture des commerces le dimanche et les soldes, à réformer le droit du travail et des négociations collectives « selon le calendrier et l’approche convenus avec les institutions », à renforcer le secteur financier et sa gouvernance « en éliminant toute possibilité d’interférence politique », à élaborer un programme de privatisation comprenant notamment celle du distributeur d’électricité ADMIE et devant rapporter – délire complet – 50 milliards € (25 milliards € pour rembourser la recapitalisation des banques, 12,5 pour rembourser la dette et 12,5 pour investir), à réduire les coûts de l’administration et à la dépolitiser « sous l’égide de la Commission européenne », « après discussion avec les institutions » et « conformément à un calendrier convenu avec [elles] »… On le voit, les « garanties » exigées parachèvent la mise sous tutelle pure et simple des gouvernement et parlement grecs. Cette tutelle est budgétaire, comme celle imposée à la Belgique. Depuis la ratification du TSCG par les élus belges, le gouvernement fédéral est tenu de présenter à la Commission un projet de budget annuel respectueux de la « règle d’or ». Mais la vassalisation de la Grèce va plus loin. Le gouvernement grec, précise « l’accord », devra « normaliser complètement les méthodes de travail avec les institutions, y compris le travail nécessaire sur le terrain à Athènes » et « consulter les institutions et convenir avec elles de tout projet législatif dans les domaines concernés dans un délai approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement ». En 7 pages, la déclaration du sommet de la zone Euro datée du 12 juillet ([12]) accouche d’un véritable « TSCG Plus » ([13]). « Donner sa chance à la part non fatale » de l’histoire Dans le prolongement de « l’accord » du 13 juillet, vient de se boucler le 3ème memorandum, qui en détaille la mise en oeuvre sur plusieurs centaines de pages à ratifier (puisque non amendables) par le parlement d’Athènes et quelques autres en Europe. Bien que la dette grecque soit officiellement considérée comme « insoutenable » par le FMI depuis des mois ([14]), ce memorandum ne contient apparemment aucune mesure à son sujet. Souvenons-nous que « l’accord » du 13 juillet excluait toute annulation : « (…) l’Eurogroupe est prêt à envisager, si nécessaire, d’éventuelles mesures supplémentaires (un allongement éventuel des périodes de grâce et des délais de remboursement) », mais martèle « qu’on ne peut pas opérer de décote nominale sur la dette ». Si l’on en croit le résumé qu’en font les négociateurs grecs (voir ci-après), le 3ème memorandum reprend en gros les mesures du second (signé en son temps par le gouvernement SAMARAS de Nea Demokratia et du PASOK), mais il en dessert l’étau. C’est apparemment vrai sur le plan technique et conjoncturel. Athènes obtient plus d’argent pour une période plus longue et les objectifs budgétaires sont assouplis ([15]). Quelques points symboliques sont engrangés, comme le maintien de l’opérateur énergétique ADMIE dans le giron public. Mais on reste globalement dans l’entonnoir dessiné le 13 juillet, loin d’un retour du balancier politique. La Grèce demeure placée sous un programme d’ajustement structurel aux exigences du capitalisme et du productivisme les plus prédateurs. J’ai travaillé au Parlement européen de 1989 à 92. En dépit des tares (notamment démocratiques) que les institutions européennes présentaient déjà, estompées par ce que les dividendes de la paix ou au moins de la fin de la course aux armements permettaient d’espérer, j’avais de la construction européenne une vision plutôt positive. A des parlements belges que des disciplines sclérosantes bloquaient, s’opposait dans mon esprit la dynamique d’une assemblée appelée à prendre un jour l’initiative législative dans une Europe fédérale et sociale. Les majorités s’y composaient suivant des lignes d’arbitrage variables, qui pouvaient parfois traverser les groupes politiques. Bien des compromis n’allaient pas dans le bon sens, mais au moins tout n’était pas prévisible. Cette ouverture à l’alternative s’éloigne depuis plusieurs années. Il n’est plus raisonnablement possible de faire campagne pour « une autre Union européenne », sans assortir ce projet de conditions de plus en plus fortes sur les objectifs et le mode de pilotage du projet, ainsi que du plan de sortie qui a si cruellement manqué au gouvernement grec : négociation de dérogations aux dispositions des traités qui feraient obstacle à la mise en oeuvre de notre programme, désobéissance assumée en cas d’échec, alliances avec d’autres gouvernements et parlements disposés à refonder une union démocratique et solidaire… Cette fois, Athènes a été trop seule, mais en Europe, le vent peut tourner en quelques élections… Il faudra probablement que nous passions, à propos de l’Union, du « Oui si » au « Non, sauf si ». En proposant le maintien de la Belgique dans la zone euro si possible, mais sans exclure de l’en faire sortir si nécessaire. Quelle que soit l’option retenue, il nous faudra aussi concevoir et imposer ce que, concentrés sur la compréhension des indices et autres ratios brandis par créanciers et analystes , nous avons pu oublier ces derniers temps : des indicateurs économiques compatibles avec notre perspective anti-capitaliste de décroissance des activités inutiles ou toxiques et de croissance des biens et services promoteurs de « l’intérêt général humain » ([16]). Car, comme écologistes radicaux, nous ne visons pas la restauration d’une croissance indifférenciée, surtout si elle n’est obtenue que grâce à la compétitivité accrue des producteurs les plus adaptés au fonctionnement délétère du commerce mondialisé. Voilà les chantiers immenses auxquels nous atteler si nous voulons continuer à « donner sa chance à la part non fatale de l’histoire » ([17]). Vincent Decroly Sources Avanti, « En Grèce, le combat continue. Entretien avec Stathis KOUVELAKIS« Commission pour la vérité sur la dette publique grecque, Rapport préliminaire Pierre KHALFA, « Après la Grèce, inévitable« , Marianne, 3/8/2015 l’affrontement Romaric GODIN, « Grèce : la vraie nature du 3ème memorandum« , La Tribune, 15/7/2015 Mediapart, « Chercheurs vs politiques : faut-il sortir de l’euro ?« , débat entre Valérie RABAULT (PS français) et Cédric DURAND (économiste, EHESS), 22/7/2015 « La Démocratie contre le capitalisme financier » (résolution du Bureau national du Bloc de gauche, 26/7/2015) Memorandum du 11 août soumis au Parlement grec (tel que résumé en 10 points par les négociateurs grecs) 1. Selon le memorandum, il y aura un léger ajustement fiscal, qui restaurerait une marge pour la croissance de l’économie et permettrait d’éviter de nouvelles mesures d’austérité. Les objectifs suivants sont fixés en ce qui concerne le solde primaire (différence entre les recettes et les dépenses de l’Etat, hors-charges de la dette) : un déficit de 0,25 % du PIB en 2015 (contre un excédent de 3 % selon le memorandum signé par le gouvernement Nouvelle Démocratie – PASOK de Samaras), un excédent de 0,5 % (contre 4,5 %) en 2016, de 1,75 % (contre 4,5 % également) en 2017, et de 3,5 % (contre 4,2 %) en 2018. 2. Ce memorandum-ci est régi par le droit communautaire, alors que celui signé par ND et PASOK relevait du droit britannique. En outre, contrairement aux memoranda précédents, celui-ci garantit l’immunité de l’Etat grec. 3. Le memorandum prévoit le financement de la dette pour les 3 prochaines années (jusqu’en juillet 2018). 4. Les banques seront recapitalisées avant la fin de 2015 (10 milliards €). Le respect de cette échéance évitera la caution à déposer en vertu du droit communautaire pour toute recapitalisation survenant après 2015 (caution qui nécessiterait en Grèce de nouvelles coupes budgétaires). 5. Le gouvernement est parvenu à exclure du memorandum la reprise, par des sociétés privées, de prêts non honorés. L’interdiction légale des saisies immobilières et expulsions demeure jusqu’à la fin de 2015 en ce qui concerne les résidences principales. Un groupe de travail réunissant le gouvernement grec et les institutions sera formé à l’automne afin de régler la question des créances douteuses (enjeu potentiel : 95 milliards €). 6. L’opérateur énergétique ADMIE reste public, mais les directives européennes relatives à l’ouverture du marché du gaz à la concurrence seront appliquées. 7. Le memorandum prévoit aussi la mise à disposition de 35 milliards dans le cadre du plan JUNCKER de soutient à l’investissement. 8. Les discussions relatives à la législation sur le travail doivent débuter prochainement en collaboration avec le Bureau international du travail (BIT) et des experts reconnus, la Grèce ne pouvant déroger au cadre de référence mis en oeuvre en Europe occidentale. 9. Les citoyens n’auront pas à payer 5 € pour tout soin reçu dans un hôpital public. 10. Ce memorandum reprend les mesures de celui qu’avait signé le gouvernement de SAMARAS (ND-PASOK), mais avec plusieurs améliorations obtenues par la négociation. D’un prêt de 4 milliards € en contrepartie de la mise en oeuvre complète de l’accord pour la 5ème revue, on est passé le 25 juin 2015 à un prêt de 7 milliards € en contrepartie de 5 mois supplémentaires. Aujourd’hui, la Grèce a obtenu 85 milliards sur 3 ans. 11. Le memorandum exclut les privatisations opérées dans la précipitation (et forcément peu rentables pour l’Etat grec). Références ([1]) Cf. http://www.okeanews.fr/20150128-portrait-du-nouveau-gouverneme nt-en-grece. Nomination à l’Intérieur de Nikos VOUTSIS, personnalité antiraciste qui n’a pas lésiné pour accueillir des milliers de migrants dans des conditions nettement améliorées et malgré l’absence d’une solidarité européenne suffisante. Désignation, à la présidence du parlement, de Zoé KONSTANTOPOLOU, figure de la lutte anti-corruption, et création d’un ministère dédié à cette action. ([2]) Loi organisant notamment le retour du salaire minimum à 751 € (contre 427 € pour les jeunes et 586 pour les autres), l’interdiction de saisir les biens immobiliers des ménages surendettés, la mise à disposition d’électricité et de repas gratuits pour 300.000 foyers en dessous du seuil de pauvreté, ainsi que de 30.000 logements de 30 à 70 m2 loués à 3 € / mois / m2 pour les familles les plus pauvres, le transport public gratuit pour les chômeurs de longue durée et les personnes pauvres, ainsi qu’ une couverture santé gratuite pour ceux qui en sont dépourvus. Cf. http://www.euractiv.fr/sections/euro-finances/athenes-adopte-e nvers-et-contre-tout-sa-loi-sur-la-pauvrete-313025. ([3]) Cf. http://www.itele.fr/monde/video/grece-4000-fonctionnaires-lice ncies-pourraient-etre-bientot-reembauches-122731 ([4]) Cf. http://www.consilium.europa.eu/fr/meetings/european-council/20 15/07/12/ ([5]) Dans un article publié par Mediapart (http://blogs.mediapart.fr/blog/ebalibar/190715/etienne-baliba r-sandro-mezzadra-frieder-otto-wolf-le-diktat-de-bruxelles-etle-dilemme-de-syriza), Balibar, Mezzadra et Wolff voient se profiler cette spécialisation : aux pays d’Europe centrale et orientale, la sous-traitance à bon marché au profit de la région dominante ; aux Etats méditerranéens, le tourisme et l’offre de main-d’oeuvre éduquée à la zone centrale (à moins qu’on ne largue finalement cette région Sud, décidément trop exposée aux turbulences et pressions migratoires du Maghreb et du Mashrek)… ([6]) Pour paraphraser le titre de l’essai de Coralie DELAUME, « Europe, Etats désunis », Michalon, 2014. ([7]) Cf. file:///C:/Users/Work/Downloads/272477415-Rapportpreliminaire-de-la-Commission-pour-la-verite-sur-la-dettepublique-grecque.pdf. ([8]) Ambivalence qui n’est pas nécessairement faiblesse, si elle est consciente d’elle-même : ce qui donne du poids dans une négociation, c’est aussi l’incertitude dans laquelle on maintient l’adversaire sur ses propres intentions au final. Témoin de cette ambivalence : Daniel MUNEVAR, économiste spécialiste de la dette et de la politique budgétaire, proche collaborateur de VAROUFAKIS. Il explique que la stratégie de ce dernier était également vouée à l’échec et plaide désormais pour le Grexit, à ses yeux un moindre mal passager pouvant à terme déboucher sur un authentique mieux : http://cadtm.org/Pourquoi-j-ai-change-d-avis-sur-le ([9]) « Le sommet de la zone euro souligne la nécessité cruciale de rétablir la confiance avec les autorités grecques, condition préalable pour un éventuel futur accord sur un nouveau programme du MES ». Et plus loin, toujours page 1 : « Compte tenu de la nécessité de rétablir la confiance avec la Grèce, le sommet de la zone euro se félicite que la Grèce ait pris l’engagement de légiférer sans délai sur une première série de mesures : (…) ». ([10]) L’étouffement du pays sous le poids du remboursement de la dette entraîne la contraction de toute l’économie nationale, les entreprises n’ont plus accès aux fonds leur permettant d’investir, l’austérité engendre une réduction de la demande, l’argent pour payer les importations de matières premières se raréfie… La part de la dette dans la richesse nationale ne peut que mécaniquement augmenter si cette richesse diminue. Autant d’évolutions enregistrées depuis 2010 et les premières mesures de la Troïka… Le budget grec est l’un des seuls en Europe à dégager un excédent primaire (différence positive entre recettes et dépenses de l’Etat, hors paiement de la dette). Même ce gage de confiance s’il en est (dans la logique de tout créancier) a été ignoré en bloc… ([11]) Exigence supplémentaire, apparente intruse dans cet inventaire : transposer la directive du 15 mai 2014 sur le redressement des banques, qui met les actionnaires et créanciers à contribution pour éponger les pertes résultant de défaillances des banques. ([12]) Cf. http://www.consilium.europa.eu/fr/meetings/european-council/20 15/07/12/ ([13]) Etonnant émoi des Verts à ce sujet. En Belgique, ECOLO a ratifié le TSCG là où il était au pouvoir. Au parlement européen, les Verts ont également voté 5 des 8 mesures qui l’ont préfiguré (les fameux « two- » et « six-packs »), malgré les mises en garde de la Gauche unitaire qui s’y est opposée sur toute la ligne. En France, le 15 juillet à l’Assemblée nationale, les élus d’EELV ont majoritairement soutenu « l’accord » (à 9 contre 3, avec 4 abstention et 1 nonparticipation au vote). Quant à l’attitude des partis socialistes, on se souviendra des appels de SCHULTZ, président SPD du Parlement européen, à un « gouvernement de techniciens » en Grèce et des déclarations de GABRIEL, président du SPD, aussi intransigeantes que celles de MERKEL, voire davantage. Raquel GARRIDO (PG) illustre joliment cela en décrivant MERKEL comme celle qui, dans la nuit du 12 au 13 juillet, « a mis le couteau sous la gorge de TSIPRAS », et HOLLANDE comme celui qui « gardait la porte » (http://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/grece-si-TSIPRAS-avait -le-couteau-sous-la-gorge-merkel-tenait-le-couteau-ethollande-surveillait-la-porte-raquel-garrido-pg-586914.html)… ([14]) Page 6 de « l’accord » du 13 juillet : « De sérieux doutes planent sur le caractère soutenable de la dette grecque. Cela est dû au relâchement des politiques au cours des douze derniers mois, qui a entraîné la dégradation récente de l’environnement macroéconomique et financier du pays ». ([15]) Les objectifs suivants sont fixés en ce qui concerne le solde primaire (différence entre les recettes et les dépenses de l’Etat, hors-charges de la dette) : un déficit de 0,25 % du PIB en 2015 (contre un excédent de 3 % selon le memorandum signé par le gouvernement ND – PASOK de Samaras), un excédent de 0,5 % (contre 4,5 %) en 2016, de 1,75 % (contre 4,5 % également) en 2017, et de 3,5 % (contre 4,2 %) en 2018. ([16]) Jean-Luc MELENCHON, L’ère du peuple, Fayard, 2014. Sur les indicateurs alternatifs au PIB, lire http://www.econospheres.be/Les-indicateurs-alternatifs-au ([17]) Daniel BENSAÏD, « Personne ne sait à quoi ressembleront les révolutions du XXIè siècle », http://danielbensaid.org/Personne-ne-sait-a-quoi, cité par la revue Ballast, http://www.revue-ballast.fr/labecedaire-de-bensaid/