Victoires et entonnoir dans un bateau. Victoires

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Victoires et entonnoir dans un bateau. Victoires
Victoires et entonnoir dans
un bateau. Victoires tombent
à l’eau…
Grèce – Union européenne, après « l’accord » du 13 juillet et
le mémorandum du 11 août…
Une opinion de Vncent Decroly
« L’accord » sur le plan « d’aide » signé par Alexis TSIPRAS
le 13 juillet et le 3ème memorandum bouclé ce 11 août
ponctuent douloureusement une séquence historique qui avait
fait naître d’immenses espoirs. Parmi les enseignements à
tirer des points marqués et des erreurs commises – en Grèce
comme ailleurs -, une évidence demeure : l’histoire des
mouvements sociaux et des organisations politiques qu’ils
enfantent est jalonnée d’avancées et de reculs. Quelle que
soit l’ampleur du désastre, rien n’est jamais « écrit »
définitivement. Nous devons repartir, plus fort et plus forts.
Syriza est née du rassemblement de citoyens, d’associations et
de partis qui ont accepté d’être eux-mêmes dépassés par une
dynamique de résistance populaire jamais vue en Europe depuis
la chute du mur de Berlin. Cette coalition
incarne
l’émergence d’une gauche radicale et plurielle, intégrant
l’analyse de l’impasse du productivisme en lien avec la fuite
en avant du capitalisme (en décembre 2013, lors du Congrès du
PGE à Madrid, Syriza a co-signé la motion écosocialiste portée
notamment par les Français du Parti de gauche et les Allemands
de Die Linke).
Au lendemain de la victoire électorale du 25 janvier 2015,
Alexis TSIPRAS a déposé une gerbe au monument aux 200
résistants communistes liquidés par les nazis à Athènes le 1er
mai 1944. Puis il a formé un gouvernement dont la composition,
à elle seule, était une bouffée d’oxygène pour la Grèce et audelà ([1]).
Ce gouvernement a mis rapidement en oeuvre le programme de
Syriza. Premières mesures pour la transparence et la
démocratisation de la vie politique, nouveau code de la
nationalité, réouverture de la radio-télévision publique ERT
et – malgré les pressions de la Commission européenne – loi
d’urgence humanitaire contre la pauvreté et la corruption
([2]), réintégration des fonctionnaires mis à pied ([3])…
Résistance admirable.
Etats désunis d’Europe
Parallèlement, s’ouvrit un nouveau round de… non-négociation
avec les ministres des Finances de la zone Euro. On en connaît
l’issue, tellement décevante ([4]).
On
le
sait,
la
dette
publique
grecque
était
détenue
initialement par des créanciers privés – en majeure partie des
banques françaises et allemandes, actrices de ce capitalisme
financiarisé qui n’entretient aucun lien avec l’économie
réelle, mais beaucoup avec les sphères du pouvoir. En mai
2010, les banques précitées poussent un grand ouf : le premier
accord de refinancement permet le transfert de cette dette
privée vers des institutions publiques, à savoir des États de
la zone euro, la BCE et le FMI. Un problème entre banques
privées et gouvernement grec s’est donc mué en affrontement
entre ce dernier et ses homologues européens – au lieu de
susciter la solidarité des Etats pour mettre le capitalisme au
pas et contrer l’émergence d’une dettocratie.
Ce qui précède, ne le laissons pas occulter par ce qu’on
pourra dire des parts de responsabilité de Yanis VAROUFAKIS,
Euclides TSAKALATOS et Alexis TSIPRAS dans cette catastrophe,
ou du diktat du gouvernement allemand, ou encore du suivisme
de ceux (dont le gouvernement belge) qui se sont associés à
son chantage.
Par ailleurs, bien que vaincue in extremis, la résistance
d’Athènes a donné lieu au dévoilement inédit du fonctionnement
intégriste et anti-démocratique de l’Eurogroupe – et, en toile
de fond, de l’Union européenne. « L’Eurogroupe n’a pas
d’existence juridique formelle » a-t-on répondu à VAROUFAKIS,
indigné de la réunion qu’il allait tenir sans lui. Il
fonctionne dans l’opacité, sans règles autres que la loi du
plus fort et la mise en concurrence des victimes. Le Parlement
européen n’a jamais pesé. Même la Commission a été congédiée
dans l’ultime phase, guerrière, de l’épreuve de force.
Ce que ces cinq mois nous ont donné à voir, ne serait-ce pas
le véritable projet européen en marche depuis Maastricht
(voire plus tôt) ? Les avantages comparatifs deviennent des
inégalités de développement, lesquelles débouchent sur des
relations de dominant à dominé (entre Etats, mais aussi entre
classes sociales et finalement entre travailleurs). A l’ordre
du jour : la compétition généralisée entre territoires,
alimentée par la prime infernale au « moins-faisant » fiscal,
environnemental, social et humanitaire ; la division du
continent en zones d’inégales prospérité et souveraineté que
l’on met en concurrence au risque de les jeter en guerre l’une
contre l’autre ([5]). Une fois encore, « les Etats désunis »
d’Europe ([6]) l’ont emporté, aux antipodes de l’Union fondée
sur la coopération et la solidarité au service du mieux-être
des peuples. Une fois pour toutes ?
Poursuivre la lutte, avec TSIPRAS ou sans lui
Il est sans doute excessif de juger TSIPRAS comme si,
face au but de la victoire, il avait croqué son tir
dernière minute d’un Mundial. Car ce but-là pouvait aussi
sauver son équipe (le peuple grec) que la reléguer
seul
à la
bien
pour
longtemps dans la plus obscure division (le retour à une
misère dont les anciens se souviennent). L’erreur ne date
probablement pas de la signature apposée, au matin du 13
juillet, au bas des sept pages maudites. Elle s’enracine dans
le non-recours aux mesures unilatérales de moratoire sur une
partie au moins de la dette, pourtant prévues par le programme
de Syriza et légitimées par la commission parlementaire sur la
dette publique ([7]). Ambivalence et manque de confiance du
gouvernement grec à l’égard du peuple, malgré les résultats
des élections de janvier, puis du referendum du 5 juillet
([8]) ?
Au-delà de la colère amère, une certaine humilité s’impose. Ce
qui a été concédé « le couteau sur la gorge » le 13 juillet
2015 ne doit pas effacer l’acquis du combat grec de ces
derniers mois et années. Car cet acquis-là sera le carburant
de nos prochaines marches. Nous les entreprendrons avec
TSIPRAS ou sans lui. Des dérives autoritaires, des manoeuvres
d’appareil malsaines apparaissent au sein de Syriza et
parasitent même les procédures parlementaires. Le Premier
ministre, qui est aussi président du parti, ne saurait y être
étranger. Cela ne préfigure rien de bon, surtout si l’on tente
de mettre sous l’éteignoir la Plateforme de gauche et des élus
comme Zoé KONSTANTOPOULOU ou Panayiotis LAFAZANIS, fidèles à
cet « Oxi » dont le gouvernement n’a pas exploité toute la
force.
On ne change pas une méthode qui échoue…
Agitée au sein de l’Eurogroupe après que TSIPRAS eut convoqué
un referendum, la question de « la confiance » soulevée dès la
première phrase de « l’accord » ([9]) se pose plutôt
dorénavant à l’égard du projet poursuivi par l’UE et
l’Eurogroupe – et, bien entendu, des hommes qui les
conduisent, à commencer par l’ancien de Goldman Sachs placé à
la tête de la BCE et l’expert en dumping fiscal
luxembourgeois qui dirige la Commission.
Beaucoup – dont sans doute TSIPRAS – avaient imaginé un
compromis défavorable au peuple grec, mais lui reconnaissant
au moins implicitement, surtout après le referendum, le droit
à l’autodétermination garanti par les textes internationaux.
En d’autres termes, vu aussi le caractère contre-productif de
la potion administrée depuis 2010, un plan globalement moins
austéritaire que les propositions rejetées par 62 % des Grecs
et par la majorité des économistes (depuis ceux d’Attac
jusqu’à ceux, désormais, du FMI).
C’était sans compter sur un sommet européen fanatisé. En
Grèce, des écoles (mais aussi des entreprises) ferment, on
meurt faute de soins, on se suicide de plus en plus, les
jeunes s’exilent… La logique mise en oeuvre depuis 5 ans a
échoué ? Raison de plus pour la renforcer ! Négation
collective du réel ([10]), écrasement guerrier de l’expression
démocratique d’un peuple et programmation sans scrupule de sa
paupérisation aggravée.
Les premières mesures imposées ont dû être adoptées par
paquets, au mépris des procédures parlementaires les plus
basiques, quelques heures après la signature de « l’accord ».
En une semaine, le parlement grec a dû (p. 2 du texte)
revoir la TVA à la hausse ;
repousser l’âge de départ à la retraite ;
assurer l’indépendance de l’office grec des statistiques
(ELSTAT) ;
mettre en oeuvre le TSCG, notamment le mécanisme de
réduction quasi automatique des dépenses publiques en
cas de dérapage par rapport à l’objectif de dégager des
excédents primaires « ambitieux » (différences entre
recettes et dépenses de l’Etat, hors-remboursement de la
dette) ;
adopter un nouveau code de procédure civile en vue de
réduire les dépenses de justice ([11]).
« TSCG Plus »
La Grèce a également dû s’engager à améliorer la mise en
concurrence des agents économiques – pharmacies, laiteries et
boulangeries, ainsi que diverses professions (comme le
transport par ferry) et l’industrie manufacturière -, à
légiférer sur l’ouverture des commerces le dimanche et les
soldes, à réformer le droit du travail et des négociations
collectives « selon le calendrier et l’approche convenus avec
les institutions », à renforcer le secteur financier et sa
gouvernance « en éliminant toute possibilité d’interférence
politique », à élaborer un programme de privatisation
comprenant notamment celle du distributeur d’électricité ADMIE
et devant rapporter – délire complet – 50 milliards € (25
milliards € pour rembourser la recapitalisation des banques,
12,5 pour rembourser la dette et 12,5 pour investir), à
réduire les coûts de l’administration et à la dépolitiser
« sous l’égide de la Commission européenne », « après
discussion avec les institutions » et « conformément à un
calendrier convenu avec [elles] »…
On le voit, les « garanties » exigées parachèvent la mise sous
tutelle pure et simple des gouvernement et parlement grecs.
Cette tutelle est budgétaire, comme celle imposée à la
Belgique. Depuis la ratification du TSCG par les élus belges,
le gouvernement fédéral est tenu de présenter à la Commission
un projet de budget annuel respectueux de la « règle d’or ».
Mais la
vassalisation de la Grèce va plus loin. Le
gouvernement grec, précise « l’accord », devra « normaliser
complètement les méthodes de travail avec les institutions, y
compris le travail nécessaire sur le terrain à Athènes » et
« consulter les institutions et convenir avec elles de tout
projet législatif dans les domaines concernés dans un délai
approprié avant de le soumettre à la consultation publique ou
au Parlement ». En 7 pages, la déclaration du sommet de la
zone Euro datée du 12 juillet ([12]) accouche d’un véritable
« TSCG
Plus » ([13]).
« Donner sa chance à la part non fatale » de l’histoire
Dans le prolongement de « l’accord » du 13 juillet, vient de
se boucler le 3ème memorandum, qui en détaille la mise en oeuvre
sur plusieurs centaines de pages à ratifier (puisque non
amendables) par le parlement d’Athènes et quelques autres en
Europe.
Bien que la dette grecque soit officiellement considérée comme
« insoutenable » par le FMI depuis des mois ([14]), ce
memorandum ne contient apparemment aucune mesure à son sujet.
Souvenons-nous que « l’accord » du 13 juillet excluait toute
annulation
: « (…) l’Eurogroupe est prêt à envisager, si
nécessaire, d’éventuelles mesures supplémentaires (un
allongement éventuel des périodes de grâce et des délais de
remboursement) », mais martèle « qu’on ne peut pas opérer de
décote nominale sur la dette ».
Si l’on en croit le résumé qu’en font les négociateurs grecs
(voir ci-après), le 3ème memorandum reprend en gros les mesures
du second (signé en son temps par le gouvernement SAMARAS de
Nea Demokratia et du PASOK), mais il en dessert l’étau. C’est
apparemment vrai sur le plan technique et conjoncturel.
Athènes obtient plus d’argent pour une période plus longue et
les objectifs budgétaires sont assouplis ([15]). Quelques
points symboliques sont engrangés, comme le maintien de
l’opérateur énergétique ADMIE dans le giron public. Mais on
reste globalement dans l’entonnoir dessiné le 13 juillet, loin
d’un retour du balancier politique. La Grèce demeure placée
sous un programme d’ajustement structurel aux exigences du
capitalisme et du productivisme les plus prédateurs.
J’ai travaillé au Parlement européen de 1989 à 92. En dépit
des tares (notamment démocratiques) que les institutions
européennes présentaient déjà, estompées par ce que les
dividendes de la paix ou au moins de la fin de la course aux
armements permettaient d’espérer, j’avais de la construction
européenne une vision plutôt positive. A des parlements belges
que des disciplines sclérosantes bloquaient, s’opposait dans
mon esprit la dynamique d’une assemblée appelée à prendre un
jour l’initiative législative dans une Europe fédérale et
sociale. Les majorités s’y composaient suivant des lignes
d’arbitrage variables, qui pouvaient parfois traverser les
groupes politiques. Bien des compromis n’allaient pas dans le
bon sens, mais au moins tout n’était pas prévisible.
Cette ouverture à l’alternative s’éloigne depuis plusieurs
années. Il n’est plus raisonnablement possible de faire
campagne pour « une autre Union européenne », sans assortir ce
projet de conditions de plus en plus fortes sur les objectifs
et le mode de pilotage du projet, ainsi que du plan de sortie
qui a si cruellement manqué au gouvernement grec : négociation
de dérogations aux dispositions des traités qui feraient
obstacle à la mise en oeuvre de notre programme, désobéissance
assumée en cas d’échec, alliances avec d’autres gouvernements
et parlements disposés à refonder une union démocratique et
solidaire… Cette fois, Athènes a été trop seule, mais en
Europe, le vent peut tourner en quelques élections… Il faudra
probablement que nous passions, à propos de l’Union, du « Oui
si » au « Non, sauf si ». En proposant le maintien de la
Belgique dans la zone euro si possible, mais sans exclure de
l’en faire sortir si nécessaire.
Quelle que soit l’option retenue, il nous faudra aussi
concevoir et imposer ce que, concentrés sur la compréhension
des indices et autres ratios brandis par créanciers et
analystes , nous avons pu oublier ces derniers temps : des
indicateurs économiques compatibles avec notre perspective
anti-capitaliste de décroissance des activités inutiles ou
toxiques et de croissance des biens et services promoteurs de
« l’intérêt général humain » ([16]). Car, comme écologistes
radicaux, nous ne visons pas la restauration d’une croissance
indifférenciée, surtout si elle n’est obtenue que grâce à la
compétitivité accrue des producteurs les plus adaptés au
fonctionnement délétère du commerce mondialisé.
Voilà les chantiers immenses auxquels nous atteler si nous
voulons continuer à « donner sa chance à la part non fatale de
l’histoire » ([17]).
Vincent Decroly
Sources
Avanti, « En Grèce, le combat continue. Entretien avec
Stathis KOUVELAKIS«
Commission pour la vérité sur la dette publique grecque,
Rapport préliminaire
Pierre KHALFA, « Après la Grèce,
inévitable« , Marianne, 3/8/2015
l’affrontement
Romaric GODIN, « Grèce : la vraie nature du 3ème
memorandum« , La Tribune, 15/7/2015
Mediapart, « Chercheurs vs politiques : faut-il sortir
de l’euro ?« , débat entre Valérie RABAULT (PS français)
et Cédric DURAND (économiste, EHESS), 22/7/2015
« La Démocratie contre le capitalisme financier »
(résolution du Bureau national du Bloc de gauche,
26/7/2015)
Memorandum du 11 août soumis au Parlement grec (tel que résumé
en 10 points par les négociateurs grecs)
1. Selon le memorandum, il y aura un léger ajustement
fiscal, qui restaurerait une marge pour la croissance de
l’économie et permettrait d’éviter de nouvelles mesures
d’austérité. Les objectifs suivants sont fixés en ce qui
concerne le solde primaire (différence entre les
recettes et les dépenses de l’Etat, hors-charges de la
dette) : un déficit de 0,25 % du PIB en 2015 (contre un
excédent de 3 % selon le memorandum signé par le
gouvernement Nouvelle Démocratie – PASOK de Samaras), un
excédent de 0,5 % (contre 4,5 %) en 2016, de 1,75 %
(contre 4,5 % également) en 2017, et de 3,5 % (contre
4,2 %) en 2018.
2. Ce memorandum-ci est régi par le droit communautaire,
alors que celui signé par ND et PASOK relevait du droit
britannique. En outre, contrairement aux memoranda
précédents, celui-ci garantit l’immunité de l’Etat grec.
3. Le memorandum prévoit le financement de la dette pour
les 3 prochaines années (jusqu’en juillet 2018).
4. Les banques seront recapitalisées avant la fin de 2015
(10 milliards €). Le respect de cette échéance évitera
la caution à déposer en vertu du droit communautaire
pour toute recapitalisation survenant après 2015
(caution qui nécessiterait en Grèce de nouvelles coupes
budgétaires).
5. Le gouvernement est parvenu à exclure du memorandum la
reprise, par des sociétés privées, de prêts non honorés.
L’interdiction légale des saisies immobilières et
expulsions demeure jusqu’à la fin de 2015 en ce qui
concerne les résidences principales. Un groupe de
travail réunissant le gouvernement grec et les
institutions sera formé à l’automne afin de régler la
question des créances douteuses (enjeu potentiel : 95
milliards €).
6. L’opérateur énergétique ADMIE reste public, mais les
directives européennes relatives à l’ouverture du marché
du gaz à la concurrence seront appliquées.
7. Le memorandum prévoit aussi la mise à disposition de 35
milliards dans le cadre du plan JUNCKER de soutient à
l’investissement.
8. Les discussions relatives à la législation sur le
travail doivent débuter prochainement en collaboration
avec le Bureau international du travail (BIT) et des
experts reconnus, la Grèce ne pouvant déroger au cadre
de référence mis en oeuvre en Europe occidentale.
9. Les citoyens n’auront pas à payer 5 € pour tout soin
reçu dans un hôpital public.
10. Ce memorandum reprend les mesures de celui qu’avait
signé le gouvernement de SAMARAS (ND-PASOK), mais avec
plusieurs améliorations obtenues par la négociation.
D’un prêt de 4 milliards € en contrepartie de la mise en
oeuvre complète de l’accord pour la 5ème revue, on est
passé le 25 juin 2015 à un prêt de 7 milliards € en
contrepartie de 5 mois supplémentaires. Aujourd’hui, la
Grèce a obtenu 85 milliards sur 3 ans.
11. Le memorandum exclut les privatisations opérées dans la
précipitation (et forcément peu rentables pour l’Etat
grec).
Références
([1])
Cf.
http://www.okeanews.fr/20150128-portrait-du-nouveau-gouverneme
nt-en-grece. Nomination à l’Intérieur de Nikos VOUTSIS,
personnalité antiraciste qui n’a pas lésiné pour accueillir
des milliers de migrants dans des conditions nettement
améliorées et malgré l’absence d’une solidarité européenne
suffisante. Désignation, à la présidence du parlement, de Zoé
KONSTANTOPOLOU, figure de la lutte anti-corruption, et
création d’un ministère dédié à cette action.
([2]) Loi organisant notamment le retour du salaire minimum à
751 € (contre 427 € pour les jeunes et 586 pour les autres),
l’interdiction de saisir les biens immobiliers des ménages
surendettés, la mise à disposition d’électricité et de repas
gratuits pour 300.000 foyers en dessous du seuil de pauvreté,
ainsi que de 30.000 logements de 30 à 70 m2 loués à 3 € / mois
/ m2 pour les familles les plus pauvres, le transport public
gratuit pour les chômeurs de longue durée et les personnes
pauvres, ainsi qu’ une couverture santé gratuite pour ceux qui
en
sont
dépourvus.
Cf.
http://www.euractiv.fr/sections/euro-finances/athenes-adopte-e
nvers-et-contre-tout-sa-loi-sur-la-pauvrete-313025.
([3])
Cf.
http://www.itele.fr/monde/video/grece-4000-fonctionnaires-lice
ncies-pourraient-etre-bientot-reembauches-122731
([4])
Cf.
http://www.consilium.europa.eu/fr/meetings/european-council/20
15/07/12/
([5])
Dans
un
article
publié
par
Mediapart
(http://blogs.mediapart.fr/blog/ebalibar/190715/etienne-baliba
r-sandro-mezzadra-frieder-otto-wolf-le-diktat-de-bruxelles-etle-dilemme-de-syriza), Balibar, Mezzadra et Wolff voient se
profiler cette spécialisation : aux pays d’Europe centrale et
orientale, la sous-traitance à bon marché au profit de la
région dominante ; aux Etats méditerranéens, le tourisme et
l’offre de main-d’oeuvre éduquée à la zone centrale (à moins
qu’on ne largue finalement cette région Sud, décidément trop
exposée aux turbulences et pressions migratoires du Maghreb et
du Mashrek)…
([6]) Pour paraphraser le titre de l’essai de Coralie DELAUME,
« Europe, Etats désunis », Michalon, 2014.
([7]) Cf. file:///C:/Users/Work/Downloads/272477415-Rapportpreliminaire-de-la-Commission-pour-la-verite-sur-la-dettepublique-grecque.pdf.
([8]) Ambivalence qui n’est pas nécessairement faiblesse, si
elle est consciente d’elle-même : ce qui donne du poids dans
une négociation, c’est aussi l’incertitude dans laquelle on
maintient l’adversaire sur ses propres intentions au final.
Témoin de cette ambivalence : Daniel MUNEVAR, économiste
spécialiste de la dette et de la politique budgétaire, proche
collaborateur de VAROUFAKIS. Il explique que la stratégie de
ce dernier était également vouée à l’échec et plaide désormais
pour le Grexit, à ses yeux un moindre mal passager pouvant à
terme
déboucher
sur
un
authentique
mieux
:
http://cadtm.org/Pourquoi-j-ai-change-d-avis-sur-le
([9]) « Le sommet de la zone euro souligne la nécessité
cruciale de rétablir la confiance avec les autorités grecques,
condition préalable pour un éventuel futur accord sur un
nouveau programme du MES ». Et plus loin, toujours page 1 :
« Compte tenu de la nécessité de rétablir la confiance avec la
Grèce, le sommet de la zone euro se félicite que la Grèce ait
pris l’engagement de légiférer sans délai sur une première
série de mesures : (…) ».
([10]) L’étouffement du pays sous le poids du remboursement de
la dette entraîne la contraction de toute l’économie
nationale, les entreprises n’ont plus accès aux fonds leur
permettant d’investir, l’austérité engendre une réduction de
la demande, l’argent pour payer les importations de matières
premières se raréfie… La part de la dette dans la richesse
nationale ne peut que mécaniquement augmenter si cette
richesse diminue. Autant d’évolutions enregistrées depuis 2010
et les premières mesures de la Troïka… Le budget grec est l’un
des seuls en Europe à dégager un excédent primaire (différence
positive entre recettes et dépenses de l’Etat, hors paiement
de la dette). Même ce gage de confiance s’il en est (dans la
logique de tout créancier) a été ignoré en bloc…
([11]) Exigence supplémentaire, apparente intruse dans cet
inventaire : transposer la directive du 15 mai 2014 sur le
redressement des banques, qui met les actionnaires et
créanciers à contribution pour éponger les pertes résultant de
défaillances des banques.
([12])
Cf.
http://www.consilium.europa.eu/fr/meetings/european-council/20
15/07/12/
([13]) Etonnant émoi des Verts à ce sujet. En Belgique, ECOLO
a ratifié le TSCG là où il était au pouvoir. Au parlement
européen, les Verts ont également voté 5 des 8 mesures qui
l’ont préfiguré (les fameux « two- » et « six-packs »), malgré
les mises en garde de la Gauche unitaire qui s’y est opposée
sur toute la ligne. En France, le 15 juillet à l’Assemblée
nationale, les élus d’EELV ont majoritairement soutenu
« l’accord » (à 9 contre 3, avec 4 abstention et 1 nonparticipation au vote). Quant à l’attitude des partis
socialistes, on se souviendra des appels de SCHULTZ, président
SPD du Parlement européen, à un « gouvernement de
techniciens » en Grèce et des déclarations de GABRIEL,
président du SPD, aussi intransigeantes que celles de MERKEL,
voire davantage. Raquel GARRIDO (PG) illustre joliment cela en
décrivant MERKEL comme celle qui, dans la nuit du 12 au 13
juillet, « a mis le couteau sous la gorge de TSIPRAS », et
HOLLANDE comme celui qui « gardait la porte »
(http://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/grece-si-TSIPRAS-avait
-le-couteau-sous-la-gorge-merkel-tenait-le-couteau-ethollande-surveillait-la-porte-raquel-garrido-pg-586914.html)…
([14]) Page 6 de « l’accord » du 13 juillet : « De sérieux
doutes planent sur le caractère soutenable de la dette
grecque. Cela est dû au relâchement des politiques au cours
des douze derniers mois, qui a entraîné la dégradation récente
de l’environnement macroéconomique et financier du pays ».
([15]) Les objectifs suivants sont fixés en ce qui concerne le
solde primaire (différence entre les recettes et les dépenses
de l’Etat, hors-charges de la dette) : un déficit de 0,25 % du
PIB en 2015 (contre un excédent de 3 % selon le memorandum
signé par le gouvernement ND – PASOK de Samaras), un excédent
de 0,5 % (contre 4,5 %) en 2016, de 1,75 % (contre 4,5 %
également) en 2017, et de 3,5 % (contre 4,2 %) en 2018.
([16]) Jean-Luc MELENCHON, L’ère du peuple, Fayard, 2014. Sur
les
indicateurs
alternatifs
au
PIB,
lire
http://www.econospheres.be/Les-indicateurs-alternatifs-au
([17]) Daniel BENSAÏD, « Personne ne sait à quoi ressembleront
les
révolutions
du
XXIè
siècle
»,
http://danielbensaid.org/Personne-ne-sait-a-quoi, cité par la
revue
Ballast,
http://www.revue-ballast.fr/labecedaire-de-bensaid/