1 N`GOLA N°14 - SOMMAIRE Editorial : Diaspora Angolaise: de l

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1 N`GOLA N°14 - SOMMAIRE Editorial : Diaspora Angolaise: de l
N'GOLA N°14 - SOMMAIRE
Editorial :
Diaspora Angolaise: de l'apathie à l'action
- Actualités :
Enfin, les otages du bateau Kifangondo libérés (Ed. Lub.)
Asile - Angola : Innocents renvoyés (Vivre Ensemble)
Angola - Afrique du Sud (A. Sadi)
Nelson Madela, bye bye Madiba
THABO MBEKI, "La renaissance africaine"!(A.Sadi)
- Culte :
Foi religieuse des Africains
- Dossier :
L’exode Angolais à l’étranger
Les hommes de tête:
- Professeur Manuel Nascimento
- Nzengo Gamble Garcia
- Docteur MIEZI André
- Docteur DA SILVA Mateus
- Les femmes Angolaises à l’honneur
- La parole aux jeunes nés ou grandis en exil
- Sport
Vernier IV : quel bilan?
- Musique
Pacha: un chanteur à la recherche de sa voie originale
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EDITORIAL
Diaspora Angolaise : de l'apathie à l'action (Un combat pour le second millénaire)
Devoir patriotique, combat pour la paix, la diaspora est à la croisée des chemins. De la
naissance d'une conscience collective de cette communauté angolaise de l'étranger dépend
certainement de l'avenir de l'Angola. Aujourd'hui: affamés, mutilés, déplacés, orphelins,
réfugiés… les victimes de la guerre en Angola se comptent par millions. C'est le triste
constant d'une tragédie sans fin. La souffrance du peuple angolais a atteint son paroxysme.
Interpeller par cette douloureuse réalité la diaspora se doit de réagir. A l'aube de l'an 2000 et
au moment où tous les peuples censés sont à la recherche permanente d'améliorer leurs
conditions de vie, les angolais eux, ne cessent de nuire et d'hypothéquer leur avenir.
L'ampleur et la profondeur de la souffrance du peuple angolais exigent de nous un
engagement concret. "Lorsque s'effacent les repères d'un monde meilleur, il reste un impératif
absolu: cesser de nuire. Résister à l'injustice, qu'elle soit d'ordre individuel ou structurel "
disait Pierre Dufresne (ancien rédacteur en chef du Courrier).
Agissons La diaspora angolaise restée jusqu'ici relativement passive doit passer à l'action.
L'inertie doublée d'une apathie est une forme de "collaboration" et de "caution" aux actes
criminels commis par les "professionnels de la guerre" en Angola. Les crimes contre
l'humanité dont ils sont responsables doivent être dénoncés haut et fort en leur rappelant que
cela ne restera pas impunis. Quelle action faut-il entreprendre? Comment peut-on mobiliser la
conscience de la diaspora? Quelle marge de manœuvre dispose-t-elle? Le débat est lancé.
Même si nous pouvons paraître impuissants face à la puissante opposition armée aspirante du
pouvoir, la "nouvelle donne" du droit humanitaire , du droit d'ingérence trace une voie pour
agir. En nous engageant dans cette voie, nous manifestons notre attachement à cet Angola de
nos ancêtres.
Souscrivons à une stratégie de paix en s'inspirant du passé. L'histoire de l'Angola est jalonnée
des perpétuels flux de migrations. D'abord l'esclavage. Ensuite de l'immigration imposée par
une colonisation portugaise pure et dure de la déportation pour le besoin économique des
colons (au Cap-vert, Saõ Tomé, Guinée Bissau…) et enfin de l'exil. Cette dispersion des
populations angolaises fait de l'Angola la première nation africaine à la diaspora la plus
importante par tête d'habitant.
L'immigration et l'exil des années 1950 et 1960 ont permis l'organisation de la lutte de
libération ayant aboutit à l'indépendance. Après la parenthèse des années 1980 et 1990 le
prochain siècle doit être celui du combat pour une paix définitive et du développement.
Prouvons que la diaspora des années 2000 est celle du militantisme pour la paix et le
développement s'inspirant de la célèbre phrase de Kennedy, "ne nous demandons pas… qu'est
ce que l'Angola a fait pour nous mais qu'est ce que nous faisons pour l'Angola". La balle est
dans notre camp. La diaspora doit être une force de réflexions, d'analyses et de propositions.
Elle en a les moyens. Contribuons à l'apaisement des esprits pour favoriser l'avènement d'une
ère nouvelle de paix, de développement et de concorde national.
Osons déclarer la guerre pour la paix en faisant de la résistance à ceux qui font la guerre pour
le pouvoir. " …Le mérite appartient à celui qui lutte pour agir, éprouve des grands
enthousiasmes, se dévoue, se dépense pour juste cause… " disait T. Roosevelt.
Notre combat inhérent au meilleur devenir de l'Angola est un grand défi. C'est une
responsabilité citoyenne de tout un chacun.
Rassemblons nos énergies, repensons notre mode de fonctionnement pour que nous agissons
d'une manière cohérente, il est important de changer nos mentalités. Prenons des initiatives
d'une plus vaste ampleur, relayées par des organisations internationales, des hommes ou des
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femmes de bonne volonté. Une collaboration accrue entre les diverses associations angolaises
dans les pays européens et ailleurs. C'est un combat quotidien.
Angola pays des convoitises, réservoir inépuisable de matières premières et surtout les plus
précieuses (pétrole, diamant, fer, manganèse) a aussi droit à la paix et au développement. La
diaspora doit y travailler. Elle doit faire son cheval de bataille pour le prochain siècle.
Ce combat doit être mené sans complaisance pour que notre action soit féconde.
Réfléchissons. "Les gens qui ne connaissent que les sentiers souriants n'acquièrent pas de
force" disait Chou-En-lai
Pedro Kiangebeni
ACTUALITES
THABO MBEKI, "La renaissance africaine"!
L'homme a tendance à cultiver le secret et la discrétion. Le monde ne savait rien de lui
jusqu'au jour où son prédécesseur Nelson Mandela le propulse au devant de la scène en le
désignant comme son dauphin politique potentiel. Cet intellectuel fait partie des nouveaux
leaders africains qui montent et qui ont une autre vision de l'avenir de l'Afrique.
Thabo Mbeki est un homme cultivé, discret certes, mais aussi un habile négociateur. C'est
l'homme qu'il fallait non seulement pour l'Afrique du Sud, mais encore pour l'ensemble du
continent. Il a des idées nouvelles. Idéaliste pour le futur du continent, il appelle de ses vœux
cette "renaissance africaine". Un vrai changement et une politique africaine active.
Aujourd'hui, à la tête d'un pays-pilote pour l'Afrique entière, il vient donc d'être élu par son
peuple d'Afrique du Sud. Thabo Mbeki est le nouveau président après les résultats des
élections démocratiques qui se sont déroulées en Afrique du Sud le 2 juin dernier. N'Gola
dresse son portrait. Qui est donc cet homme ?
Né le 18 juin 1942 à Idutywa, dans la province du Transkei, Thabo Mbeki quitte l'Afrique du
Sud pour poursuivre ses études en Angleterre, et il a à peine 20 ans. Il y obtiendra un diplôme,
le master en économie, à l'Université du Sussex (Grande-Bretagne). Exilé en Europe, le
jeune Mbeki, qui a déjà une conscience politique aigüe, se consacre à la mobilisation des
Etudiants Noirs et Blancs contre le système d'apartheid en Afrique du Sud.
Le président Oliver Tambo, de l'ANC(African national Congress, le mouvement politique
sud-africain qui lutte contre ce système raciste) en exil, l'engage dans son bureau londonien
pour l'assister à l'organisation de son Parti. C'est donc Thabo Mbeki qui mènera la campagne
pour sensibiliser le monde du drame de leur pays. A 22 ans, il se fait remarquer en prononçant
un discours intelligent, réaliste et plein de bon sens, à l'ONU, devant le Comité anti-apartheid.
Dans les années 70, il effectue une formation militaire en Union Soviétique. Même si le jeune
homme possède une culture révolutionnaire, c'est plutôt un intellectuel et un diplomate
talentueux. Il connaît plusieurs pays africains. Notamment la Zambie, en 1970, où il fut le
secrétaire-adjoint du conseil révolutionnaire de l'ANC. Le Botswana, où il va réorganiser les
structures de son parti, en coordination avec celles, clandestines, existants en Afrique du Sud.
Au Swaziland et au Nigeria, où il est le représentant officiel de l'ANC. Membre du Club très
fermé du Comité exécutif national, l'organe de formation stratégique de la politique du Parti,
l'ANC. En outre, il est aussi Conseiller pour les affaires présidentielles : l'homme sait tout sur
le fonctionnement, les hommes et la stratégie à adopter pour ses frères sud-africains. Thabo
Mbeki a le flegme britannique, un brin mondain, c'est qui est bien pour son image et l'aspect
extérieur. Redoutable stratège, il connaît les dossiers. Et c'est encore lui qui va négocier la
libération du plus vieux prisonnier d'Afrique noire, Nelson Mandela, en février 1990. Trois
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ans plus tard, il participe à l'élaboration d'une Constitution avec l'alliance ANC et les autres
Forces Politiques du pays.
En 1994, lors des premières élections libres en Afrique du Sud, l'ANC remporte la victoire.
Nelson "Madiba"Mandela devient le premier président de l'Afrique du Sud de l'aprèsapartheid. Thabo Mbeki est nommé Vice-président. Tandis que le blanc Frederick De Klerk
est le deuxième vice-président...Un poste qu'il va décliner. Refusant cette offre de siéger dans
ce gouvernement d'unité national en juin 1996, gouvernement à majorité noire ! Thabo
Mbeki sera désormais le véritable patron travaillant dans l'ombre du charismatique Mandela.
Le rôle sera bien reparti puisque Mbeki s'occupe des affaires politiques intérieures et de
l'économie. Le président Nelson Mandela s'étant cantonné à des activités de représentation à
l'étranger ou à l'avancement du processus de réconciliation nationale. C'est un rôle que
"Madiba" appréciera d'autant plus que le monde entier le respecte et l'invite un peu partout.
C'est cette bonne image qui a fait de lui un symbole d'ouverture de l'Afrique du Sud arc-en
ciel.
Nelson Mandela quitte le pouvoir en juin 1999, et entre dans la légende vivante. La passation
de pouvoir entre le vieux leader et Thabo Mbeki s'est déjà fait avant même que ce dernier
n'accède à la présidence de l'Afrique du Sud. Plusieurs défis l'attendent : remise à niveau,
social et économique de la communauté noire longtemps marginalisée, méprisée, opprimée. Il
faut aussi redonner confiance à la communauté internationale pour qu'elle continue à soutenir
l'effort du pays sur le chemin du progrès tant démocratique, économique, social et politique.
Thabo Mbeki sait que la tâche ne sera pas facile et dispose de peu de temps. Mais l'homme est
aux commandes depuis bien longtemps. Il saura trouver les moyens de réussir son mandat.
Alfonso Sadi
Enfin, les otages du bateau KIFANGONDO, libérés!
KIFANGONDO, c’est le nom du bateau angolais échoué aux larges des côtes françaises.
L’ANGONAVE (Société Maritime Angolaise), depuis trois ans, avait oublié ce bateau qui,
lors d’un escale en Europe, a lancé un signal de détresse, à Brest en France. Un été de
calvaire. Abandonné par l’Angonave et surtout par l’Etat Angolais, ni l’Ambassade de
l’Angola à Paris, ni autres personnalités du pouvoir de Luanda ne voulait entendre parler de
ce bateau. On aurait dit que ces marins angolais avaient trahis leur gouvernement du fait de
connaître ce drame maritime.
Grâce à la volonté des marins français, ainsi que celle des aides humanitaires, que les marins
angolais ont survécus pendant leurs séjours sur le territoire français. Multipliant les appels
d’aides auprès du gouvernement angolais, rien n’y fit. Pourtant, ces hommes n’étaient pas des
demandeurs d’asile. Tout juste des marins qui voulaient regagner leur pays d’origine. Ces
marins seraient–ils des Angolais de la troisième catégorie, c’est-à-dire des sous ‘’sousAngolais’’ ? Comme en Angola, on continue à classifier les classes de ‘’Angolais de 1ère
catégorie : les privilégiés du régime et leurs familles’’ et les autres ! Ils seraient de la première
catégorie, leur sort serait régler depuis bien longtemps… Si l’on en croit les déclarations du
directeur de la société ANGONAVE, il aurait demandé au ministre de Transport la somme de
30 millions de dollars pour remettre cette société maritime angolaise ‘’ANGONAVE’’, en état
de marche. Cette restructuration de la compagnie maritime n’a pas été jugé utile. Devant ce
refus, il aurait abandonné la demande de crédit. Ils préféraient jadis, louer des bateaux
étrangers alors qu’ils devaient remettre en état les bateaux angolais !
Nous savons que la plupart de ces dirigeants angolais possèdent leurs propres bateaux pour
des croisières en mer. D’autres, signent des contrats d’intérêts avec diverses compagnies
étrangères qui leurs rapportent des devises importantes. Est- ce vraiment une attitude
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responsable ? Un amour patriotique ? Nous ne pensons pas. A en juger par ce comportement,
on comprend que ces gens-là ne souhaitent nullement la fin de la guerre en Angola, et y
profitent. Finalement, cette affaire de ‘’Kifangondo’’ s’est heureusement achevée. Les marins
angolais ont pu rentrer chez eux. Les familles de ces marins ont soufferts de cette séparation
et n’ont pu bénéficier des aides. Connaîtront-elles une réparation financière ? Nul ne le sait.
Mais le bateau ‘’Kifangondo’’ qui a rejoint la terre africaine reste amarré dans un port d’un
pays frontalier. Mis en vente, ce bateau vaut 1 million de dollars et ne trouve toujours pas
preneurs. Plus le temps passe, plus le gouvernement angolais devrait payer le frais de séjour
du bateau amarrer sur le port.
Eduardo Lubanzadio
Angola : Innocents renvoyés
C'est le Tribunal fédéral (TF) lui-même qui l'a dit le 22 février : la reprise de la guerre en
Angola (lire aussi "Vivre ensemble" n°71, p.8) ne permet pas d'exécuter une expulsion pénale
vers ce pays sans risquer de violer l'article 3 CEDH qui prohibe les traitements inhumains. Le
31 mars, pourtant, une centaine d'Angolais manifestaient devant le Palais fédéral pour
demander aux autorités d'arrêter les renvois de réfugiés déboutés. Où est l'erreur ?
Il n'y a pas d'erreur. Simplement, les criminels sous procédure pénale ont des garanties
judiciaires qui leur permettent de faire recours au Tribunal Fédéral ce qui n'est pas le cas des
requérants d'asile dont la procédure, elle, relève du droit administratif. Les autorités
compétentes en matière d'asile, qui peuvent ainsi agir sans contrôle, estiment quant à elles
qu'il n'y a pas de raison de suspendre les renvois des Angolais, qui n'ont pas commis
d'infraction ! On croit rêver, mais c'est la triste réalité.
Le 26 et 27 mai, plusieurs dizaines d'Angolais étaient ainsi convoqués à Berne en vue de leur
obtenir des documents de voyage. Il y a actuellement en Angola quelques 1,5 millions de
personnes déplacées. Beaucoup refluent sur la capitale, Luanda, où la survie alimentaire de
ceux qui n'y ont pas un solide réseau social n'est plus assurée. Le 28 mai, Fernando Freire, excoordinateur des Nations-Unies pour l'assistance alimentaire évoquait la possibilité d'une
"tragédie". Mais pourquoi l'Office fédéral de réfugiés s'en préoccuperait-il? Les cameras de
télévision sont toutes dans les Balkans. Les renvois (encore limités aux célibataires) peuvent
donc continuer. "VIVRE ENSEMBLE" (Bulletin de Liaison pour la défense du droit d'Asile)
n°73- juin 1999.Pour commander, téléphoner au n°022.30.94 à Mme Sophie de Rivaz K.
ANGOLA - AFRIQUE DU SUD
Les récents changements en Afrique du Sud ont bien montré l'importance de la place
qu'occupe ce pays dans notre région australe. Concernant les relations entre l'Afrique du Sud
et l'Angola, il est encore trop tôt pour donner un pronostic. Ce que l'on peut souhaiter pour ce
géant de l'Afrique australe, que cette Afrique du sud nouvelle abandonne sa politique
hégémonique du temps d'apartheid, de vente d'armes, d'envois des mercenaires dans divers
pays d'Afrique, pour se consacrer à la renaissance africaine que, d'ailleurs Mbeki appelle de
ses vœux.
Après une période houleuse pleine de violence, l'Afrique du Sud est arrivée à endiguer le
système d'apartheid , à organiser des élections libres où chacun pouvait s'exprimer par la voie
des urnes. Le vieux prisonnier Nelson Mandela devient le premier président élu
démocratiquement en Afrique du Sud, pour cinq ans. Son bilan reste à faire. Une Sudafricaine M.N.Anderson lui rend un hommage.
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Son successeur, Thabo Mbeki, qui est aussi le dauphin politique désigné par lui, est un
homme peu connu, mais attention, c'est un idéaliste et un animal politique. Qui sait aussi que
la tâche ne sera pas facile entre satisfaire l'attente des Noirs longtemps délaissés par le
système de séparation raciste, et les Blancs à ménager, faire de l'Afrique du Sud un pays arcen ciel, démocratique, et dont l'économie permettra à tous de vivre heureux.
Nous brossons son portrait, après celui de "Madiba".
A.Sadi
NELSON MANDELA, bye bye Madiba !
Un mois et deux jours avant son 81ème anniversaire, Nelson Mandela quitte le pouvoir, à
temps pour laisser la place à la relève, à temps pour enfin prendre un peu de bon temps - pour
la première fois de sa vie!
D'aucuns jugeront le moment opportun pour faire des bilans, pour éructer des critiques à qui
mieux, pour recenser les erreurs et les gaffes du Président pendant ces cinq dernières années.
Mandela n'a pas été parfait. Et alors? Il n'a jamais prétendu l'être.
Par contre, il a donné 81 ans de sa vie à son peuple. Qui dit mieux? Au terme de 27 ans
d'enfermement carcéral, il a dû se débrouiller pour approviser la réalité en quatre petites
années - la réalité du monde extérieur, international, politique et économique, autant que celle
du pays et même de son parti, avec les coups bas, les grandes et petites trahisons, les vestes
qui se tournent au fur et à mesure que, pour certains, les poches ne se remplissent pas assez.
Une fois président, il a mis en place l'instrument de guérison remarquable qu'a été la Truth
and Réconciliation Commission. Oui, nous sommes nombreux à déplorer les limites de cette
Commission. Mais connaissons-nous l'ampleur et le détail des compromis regroupés dans le
Sunset Clause, A qui sont à l'origine de ces limites, certes, mais qui ont aussi permis d'assurer
une transition sans bain de sang?
Sur le plan international, Mandela n'a pas hésité à afficher sa fidélité à ceux qui étaient à ses
côtés pendant les années les plus sombres : Kadhafi, Castro, Arafat, entre autres. Ni
administrer quelques fessées verbales et symboliques à d'autres grands de ce monde...malgré
leur diktat économique.
Pour son peuple, Mandela aura été le meilleur des pères. Pour le pays, un héros au sens de la
démocratie, de la responsabilité et de la magnanimité à nul autre pareil.
Pour le continent africain, l'espoir incarné et pour l'humanité un grand Sage de l'époque
actuelle, dont l'esprit continue à inspirer des hommes et des femmes par delà les générations
et les frontières. Ne tombons pas dans le piège de la confusion entre l'ensemble et l'individu,
entre l'ANC et Nelson Mandela. Avant de juger, regardons-nous un instant dans le miroir. Et
de tout cœur, souhaitons-lui de vivre encore de nombreuses années, entouré de ses enfants et
ses petits-enfants, et de passer de bons moments dans les douces collines de Transkei que, très
jeune, il a dû abandonner pour répondre à l'appel d'un destin exceptionnel.
Marie-Noëlle Anderson
OPINION
O.U.A. : une prise de conscience pour l’avenir
Peut-on aujourd'hui parler d'une prise de conscience des autorités qui nous gouvernent pour
l'avenir de l'Afrique? Le 35ème sommet de l'O.U.A. qui vient de se terminer dans la capitale
algérienne a donné des signes d'espérance. Les chefs d'Etats et des Gouvernements présents à
ce sommet ont reconnu pour la première fois la nécessité de mettre fin aux souffrances des
populations africaines. Ils n'ont pas hésiter de parler "de rétablir la crédibilité de l'Afrique".
C'est un fait nouveau. Le continent africain aux multiples tristes records, (le plus grand
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nombre des conflits armés, le plus grand nombre des malades atteints du Sida, la famine, la
pauvreté et tant de calamités), doit se ressaisir. C'est ainsi qu'un accent particulier a été mis
sur la démocratisation des pays africains ainsi que sur la nécessité absolue de terminer avec
les différents conflits qui minent l'Afrique. Pour y parvenir des réformes profondes dans tous
les domaines de la vie quotidienne s'impose. Il faut établir des principes de la bonne gestion
gouvernementale, le respect des libertés publiques , être à l'écoute de ses populations et enfin
bâtir une politique de sécurité basée sur prévention des conflits. Nous osons croire que , la
révision de la "charte de l'O.U.A." décidée lors des assises d'Alger pourra mettre en pratique
toutes ces considérations pour que les peuples africains puissent vivre dans la paix et la
prospérité.
Que
leurs
droits
soient
restaurés
et
reconnus.
E.D.MABANZA / La Rédaction
800 MORTS? N'EXAGERONS PAS! SEULEMENT 700..."
Cette phrase qui ne mérite pas d'être commenté est sortie de la bouche d'un dirigeant du
MPLA, le ministre de la défense Kundi Pahiama. Après une contre-attaque de l'Unita.
L'Angola vit depuis 24 ans une situation de guerre sans fin, ni victoire. De mars à avril, il y a
eu des attaques meurtrières de deux côtés. Comme d'habitude, le MPLA crie à la victoire et
pense en finir avec l'UNITA. Chaque année, le même refrain : "Bientôt une offensive
d'envergure, la victoire du Mpla sur l'Unita est imminente. C'est pour bientôt!"
Mais la guerre s'enlise, l'UNITA est bien là. Plus combative que jamais. Et continue de
harceler et de défier le pouvoir de Luanda. La guerre en Angola entraîne des déchirements,
des séparations familiales, etc. Tout le pays est endeuillé. La force de l'UNITA sur le terrain
est réelle. Elle fait subir des lourdes pertes parmi les rangs des soldats du Mpla. On se rappelle
encore des déclarations du chef d'état-major de l'armée du Mpla, Joao de Matos, qui disait
avec prétention d'anéantir l'Unita. Après avoir sous-estimé les forces militaires de l'Unita de
Jonas Savimbi, il a finit par reconnaître plus tard, leur supériorité, surtout par leurs réactions
sporadiques. L'Unita a attaqué Malanje, puis Catété, à seulement quelques centaines de
kilomètres de la capitale Luanda. Coupant ainsi l'électricité et les sources
d'approvisionnements. C'est ainsi que le ministre contestait le communiqué militaire de
l'Unita qui avançait le chiffre de 800 tués dans les rangs des FAA, pour ne reconnaître
que...700 ! Comme si de 800 à 700 cela changeait quelque chose. Tant que ce ne sont pas des
enfants des dignitaires du régime du Mpla. Cette guerre a favorisé encore une fois l'exode des
jeunes campagnards vers la ville de Luanda qui est devenue du coup, un grand centre de
recrutements, pour par la suite, les enrôler pour aller combattre. Les enfants de 14 ans qui
reviennent grossir les rangs des mutilés et dont l'Angola détient le triste record. La guerre fait
enrichir les poches des dirigeants de haut-niveaux dans les deux camps, de Mpla et de l'Unita.
Les généraux du Mpla et les officiers supérieurs de l'Unita occupent des concessions entières
d'exploitations de diamants, dans les riches provinces minières, Lunda Nord et Lunda Sud
qu'ils occupent, respectivement. Un coup c'est l'Unita qui reprend l'offensive, un autre coup
c'est le Mpla qui reprend le contrôle de ces zones diamantifères. A quand la victoire des uns
sur les autres? N'y comptez pas! Ces deux-là continuent d'envoyer leurs frères au cimetière.
Alors, Messieurs les comptables des cadavres de la guerre en Angola, c'est toujours 800 ou
700?
Eduardo Lubanzadio
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DOSSIER
Les hommes de tête
Professeur Manuel Nascimento, Nieuwekerk, Holland
< Je m'appelle Manuel Nascimento, MBALA pour les gens qui me connaissent depuis ma
jeunesse angolaise. Je suis né à Sao Salvador(Mbanza Kongo), dans la province do Zaïre, au
Nord de l'Angola, le 25 décembre 1942. Marié et père de 3 enfants.
En 1953, je quitte l'Angola et me retrouve à Matadi, la ville portière et maritime du Congo-exBelge. C'est là que je ferai mon apprentissage dans la menuiserie et en faire mon métier.
En 1956, j'arrive à Léopoldville(Kinshasa), la capitale du Congo et c'est là que je vois pour la
première fois de ma vie les bancs d'une école primaire
Dix ans plus tard, je termine mes études secondaires à l'Institut de l'Armée du Salut, sur
l'Avenue Kassaï, en section économique. De 1966 à 1968, on m'a engagé comme professeur
de mathématiques à la même Institut de l'Armée du Salut. En juin 1968, j'obtiens une bourse
d'études par l'intermédiaire du FIEE (fonds International d'Echanges Universitaires) et de
UAF (Universitair Assyl Fonds) pour le Pays-Bas(Hollande). En 1977, j'obtiens une licence
(doctarandus) en sciences économiques de l'Université Libre d'Amsterdam (V.U.).
De cette année-là à ce jour, j'enseigne l'économie au Collège Saint Laurent à
Rotterdam/Hillegersberg (Sint Laurens College).>
Interview
Manuel Nascimento : "La période de mon exil a deux aspects : négatif et positif.
L'aspect négatif consiste à dire qu'on est coupé de la réalité culturelle et sociale de son pays
d'origine. On doit subir les tracasseries administratives lorsqu'on vit à l'étranger et cela pour
chaque service que l'on veut obtenir. La perte de ses droits les plus élémentaires de survie.
Enfin, on découvre la discrimination, qui n'a quelquefois pas de couleurs.
L'aspect positif, c'est que l'exil m'oblige à rechercher chaque jour mes origines, c'est à dire
mon appartenance nationale. Il m'a apprit à me battre pour atteindre un but. C'est aussi une
ouverture, une fenêtre pour comparer l'évolution mondiale sur tous les plans et plus
particulièrement sur le plan économique. L'exil africain et européen m'ont donné la possibilité
d'apprendre à lire et à écrire, car la colonisation portugaise n'avait aucun objectif pour les
"indigènes" de sa Province d'Outre-mer.
Ma fonction actuelle m'oblige de suivre en grandes lignes l'évolution de l'économie
neerlandaise, en particulier, et l'économie mondiale, en général. Je n'aime pas le terme
"intellectuel" car je crois que chaque personne naît avec un minimum d'intelligence ou de
sagesse. Ce minimum se développe en fonction de circonstances socio-politiques existantes.
Le matérialisme est synonyme d'égocentrisme et d'exploitation. Ceci pousse l'individu à
vouloir posséder tout au dépend des autres. Si je fais une comparaison de ma situation
matérielle avec celle que je trouve dans certains pays africains, ma conclusion est que je n'ai
pas à me plaindre, bien que ce matérialisme-là a des aspects négatifs que nous connaissons.
Que pensez-vous de ce phénomène de l'émigration des Angolais ?
Le problème de l'émigration des Angolais ne peut être résolu qu'en faisant une analyse
approfondie sur les causes de ce phénomène et ensuite trouver des solutions car le monde
change à chaque heure. On ne doit pas seulement combattre les symptômes mais nous devons
attaquer nos problèmes par les racines. Il convient, en outre, définir les objectifs à long terme
dans lesquels s'engagerait tout Angolais. L'exclusion de tout Angolais freinerait tout
changement et ne permettrait pas la mobilisation maximale du potentiel angolais. Chaque
Angolais doit manifester son amour de la patrie. Appartenir à une communauté nationale m'a
toujours marqué personnellement...
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La tâche de sensibilisation que votre journal N'Gola s'est donnée est inestimable pour la paix
de notre cher pays. La diversification économique ne sera possible que si le pays connaît une
stabilité durable. L'exemple de l'Europe occidentale devrait nous servir de modèle. Nous
devons tous volontairement et démocratiquement souscrire un "contrat de mariage" avec notre
patrie qu'est l'Angola. L'exemple du Canada qui est une mosaïque des peuples peut bien nous
servir. Cela implique un engagement patriotique sans faille.
Qu'avez-vous à répondre sur l'identification linguistique des Angolais ?
C'est inévitable qu'une partie de la culture portugaise reste en Angola parce que quatre siècles
de la présence coloniale ne s'effacent pas comme cela, il en restera toujours quelques
cicatrices profondes dans la société angolaise. Ce qu'il faut, c'est de rechercher et se
réapproprier notre identité nationale et notre souveraineté. Je ne sais pas si le Brésilien
s'identifie par rapport à la langue portugaise. Je ne le pense pas. L'exemple de l'Indonésie par
rapport à la langue neerlandaise sur notre bien que la langue du colonisateur n'est pas une
condition indispensable au développement de son pays, et j'en passe... Il faut définir
exactement ce que nous entendons par identité. Si ce terme signifie "le sens d'être", alors il
n'est pas impossible qu'il y ait des Angolais qui ont plus d'affinité avec la culture portugaise
que celle de leur mère-patrie qui est l'Angola. Cette crise d'identité peut-être la base de
l'inacceptation entre Angolais et cela peut freiner l'engagement commun pour l'essor de
l'Angola. Donc, il nous faut essayer de maîtriser les instruments modernes tels que les langues
(portugais, anglais, russe chinois, allemand, japonais, espagnol, brésilien, etc.), et la
technologie, qui aideront au développement de l'Angola. Notre pays a l'avantage d'avoir un
peuple multilinguiste et multiracial. Nous, Angolais, devons avoir une ambition commune
pour contribuer au développement du bien-être de notre peuple, car le monde actuel de la
technologie et des compétitions ne fera pas de cadeau. Un proverbe neerlandais dit : "Dans le
commerce il y a un gagnant et un perdant". Car tout se paie.
Qu'est-ce que vous pouvez dire aux Angolais ?
QUI SOMMES-NOUS ? >
Docteur MIEZI André, Allgemeine Medizin FMH, WOHLEN
< Né à Kinzenze (Tenga), au Nord, dans la province de Uige, en Angola, en 1946, mon père
est originaire de Damba, tandis que mère est de Kibokolo et de Maquéla do Zombo.
En 1951, il a fallu fuir(ou quitter) l'Angola pour le Congo-Belge. C'est là où j'ai eu la
possibilité de fréquenter des écoles missionnaires à Kwilou-Ngongo(Moerbecke), et
Kibantele, Nsona-Pangu, Sona-Bata et Epi-Kimpese, avant de prendre l'avion plus tard pour
se rendre en Suisse.
C'est le 3 janvier 1963, la date de mon arrivée sur le sol hélvétique, plus précisément à
Lucerne, où j'ai appris l'allemand.
Déjà en avril de cette même année-là 1963, j'ai été obligé de refaire le "bac"(baccalauréat), à
l'école cantonale de Aarau. Après le bac, en juin 1966, c'est mon immatriculation à la faculté
de médecine de l'Université de Berne. En juin 1973, j'obtiens mon Diplôme d'Etat en
médecine, (après six mois d'examens !) Ensuite, l'année d'après, en 1974, j'ai eu mon Doctorat
en médecine.
Dans l'intérêt de mieux servir l'Afrique, je me décide de suivre une spécialisation en médecine
générale qui va durer six ans et demi, à l'Hôpital cantonal de Aarau (Médecine interne,
Pédiatrie et Chirurgie, durant trois ans), et enfin la Gynécologie. En 1979, j'obtiens mon
Diplôme de Spécialiste FMH en médecine générale.
Depuis 1979, j'ai opté pour la nationalité suisse. Citoyen Hélvétique de langue allemande
donc, je ne néglige pas mes origines et garde mes langues telles que kikongo, lingala, français,
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anglais et italien. Je parle le portugais parce que pour moi ce n'est qu'une langue de
communication pas plus. Ce n'est certainement pas une carte d'identité, ni un privilège, ni
même un diplôme qui ouvre quoi que ce soit, ni pas non plus synonyme de la bonté,
d'intelligence ou encore une carte d'entrée au Paradis...angolais, tel que certains veulent faire
identifier pour nous diviser les Angolais! Il faut en finir avec cette histoire d'identification de
la langue portugaise à l'Angolais. C'est stupide.
Vu l'impossible retour dans mon pays natal l'Angola, à cause de la situation que tout le monde
connaît, j'introduis quelques demandes d'emplois à Kinshasa, en République du "Zaïre", à
l'époque de Mobutu. N'étant pas "Zaïrois", l'engagement était impossible. Une affaire très
compliquée...
Par contre, de 1980 à 1982, je réussi à décrocher un poste au Cameroun, dans un Hôpital
Missionnaire. Là aussi, j'ai failli perdre ma vie et celle de mon fils!
De retour en Suisse, en 1982, je reprend mes activités et ouvre mon cabinet médical privé.
Avant de devenir un peu ce que je suis, j'ai connu, et je connais encore, de nombreuses
difficultés et quelques peines dont je me réserve pour le moment.>
Interview
Docteur Miezi, que représente pour vous cette période de l'exil à l'étranger ?
L'exil est devenu mon destin car c'est depuis 1951 que j'ai quitté mon pays pour ne plus
jamais le revoir! Alors que j'ai toujours voulu servir mon pays. Au départ l'exil était pour moi
l'espoir. Aujourd'hui, il est devenu le désespoir.
Alors, en quoi cet exil a-t-il été profitable ?
C'était la seule possibilité de continuer mes études. Actuellement l'exil me sert de leçon : on
ne peut pas se passer de son pays, ne fut-ce que spirituellement.
Dans votre domaine, qu'est-ce que cela vous a apporté sur le plan intellectuel et matériel?
Intellectuellement, en Afrique je voulais devenir Assistant Médical. Ici en Suisse, je suis
devenu Médecin. Matériellement, j'ai mon cabinet privé.
Comment peut-on lutter contre ce phénomène de l'émigration des Angolais vers des terres
plus accueillantes que la leur?
Si vous éliminez la guerre en Angola, vous verrez que ce ne sont pas les pays riches qui sont
les plus accueillants, c'est le contraire. L'Angola en est un exemple et cela depuis cinq siècles!
Mais à cause de cette sale guerre…
Nzengo Gamble Garcia, Informaticien - France
Je suis né le 3 mars 1950, à Mbanza Kongo, dans la province do Zaïre, au nord de l'Angola.
J'ai fait un parcours scolaire normal : baccalauréat littéraire, obtenu en 1968, au Gymnase
Pestalozi-Itaga, à Kinshasa(RDC), puis graduat en enseignement, en 1972, à L'Université du
Zaïre. De 1975 à 1978, j'ai suivi à l'Ecole d'Ingénieurs de Tunis(Tunisie); des études pour
devenir Technicien Supérieur Agricole-Nutrition, à l'Université de Gand (Belgique) et enfin,
en 1990-1991, je suis arrivé en France, à AFPA-Blois, pour préparer un B.T.S.d'AnalysteProgrammeur.
INTERVIEW
Que représente pour vous cette période d'exil à l'étranger ?
Du gâchis, du gaspillage. Je suis très pragmatique. J'ai choisi de faire des études techniques
pour mettre mes connaissances à la disposition de mon pays. Malheureusement, cela n'a pas
été possible. Les diplômes étrangers n'étant pas bien vus en France, j'ai l'impression de m'être
investi pour rien, à part la satisfaction d'avoir acquis des connaissances.
En quoi cette période est-elle profitable alors?
R. Pas à grand'chose. Nos enfants vivent peut-être mieux que ceux qui sont nés et restés làbas. Mais ils ignorent tout de la richesse et des possibilités de nos villages…
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Dans votre domaine, qu'est-ce que cela vous a apporté sur le plan intellectuel et matériel?
Sur le plan intellectuel, cela m'a permis d'apprendre d'autres techniques et métiers, à savoir :
l'informatique (je suis analyste-programmeur), et la télécommunication. Je travaille chez le
premier opérateur français des télécommunications "France-TELECOM", pour ne pas le citer.
Comment peut-on lutter contre ce phénomène de l'émigration des Angolais vers des terres
plus accueillantes que la leur?
Dans une des chansons de David Martial, il dit : "Dis aux amis qu'il vaut mieux mourir sous
le soleil et que le bonheur n'existe pas ailleurs". Cet extrait en dit long. Que les gens qui
partent en vacance chez nous arrêtent de parler de l'Europe comme étant la "terre promise".
Comment la diaspora peut-elle jouer un rôle pour la paix définitive en Angola?
Exhorter les belligérants à négocier, en pensant d'abord au peuple angolais au lieu de mettre
en avance leurs intérêts personnels. Je propose de leur écrire, à qui de droit. Je pense à une
lettre signée par le plus grand nombre possible des membres de la diaspora.
Pensez-vous qu'un pays ayant en son sein une forte émigration peut constituer un Etat
unitaire?
Les Israëliens et les Palestiniens nous ont prouvé que cela est possible. Ces Etats sont
constitués en majorité des citoyens issus de la diaspora.
Quelle réponse donnez-vous à ceux qui disent que l'identité angolaise se définit par la langue
portugaise ?
C'est une idée développée par les nostalgiques qui voudraient que l'Angola continue à leur
appartenir. Bien que ne maîtrisant pas cette langue portugaise, c'est du sang angolais qui coule
dans mes veines parce que je suis né de père et de mère angolais. Qui dit mieux?
Docteur DA SILVA Mateus, Médecin à Genève
<< Je suis né en Angola, et c'est là-bas que j'ai passé toute une grande partie de mon enfance.
D'abord à Karumbi, près de la localité de Lucala. Ensuite, à Kinjimbé, près de Dondo.
Sur le plan affectif, j'ai eu une enfance princière, c-à-d choyé par ma famille et proches. J'ai
vécu mon adolescence à Kwanza Norte, à Malanje et à Dembos.
Sur le plan de ma scolarité, j'ai commencé à l'école primaire dans la Mission Protestante de
Quessua, à une dizaine de kilomètres de Malanje. Puis, à Karondo, à 20 kilomètres de
Gulungu-Alto.
A Dembos, j'ai vécu dans un village qui s'appelle Kunga-Diasamba, dans les années 40 et 50.
A 18 ans, je débarque à Luanda la capitale où je vais poursuivre mes études secondaires entre
1950 à 1956, au Collège Das Beiras. Entretemps, par carence du corps professoral, j'ai dû être
instituteur et donnais des cours à l'école primaire de missionnaire protestante de Luanda de
1952 à 1957.
Entre-temps, à Luanda, j'ai connu une période intense concernant les activités politiques. Sur
le plan politique donc, j'ai suivi tout ce qui se passait dans la capitale pendant la période
coloniale portugaise avec la création dans la clandestinité, du Mouvement Populaire de
Libération de l'Angola, avec des leaders historiques comme Viriato da Cruz, un nationaliste
métis, et surtout le véritable fondateur du Mpla, et aussi des hommes comme, Mario Antonio
de Oliveira, Iko Careira, Vieira Lopez et un médecin nommé Eduardo dos Santos(à ne pas
confondre avec le président, son homonyme), et tant d'autres encore.
C'est en 1957, la date de mon départ pour le Portugal, à Lisbonne, embarqué dans un bateau,
accompagné d'un certain...Viriato da Cruz!
Au Portugal, je m'inscris à l'Université pour des études de médecine. Mais, à l'époque, il
fallait une année de préparation pour l'admission à la Faculté de Médecine. De 1959 à 1960, je
fais la Faculté de Lisbonne et l'année d'après j'étais à l'Université de Coïmbra.
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C'était déjà une période de lutte pour l'indépendance de l'Angola. Naturellement je fus
imbriqué dans la mouvance. Donc, en 1961, je faisais partie de ces jeunes étudiants déserteurs
qui fuient le Portugal de Salazar. Traversé clandestine du territoire espagnol sous le dictateur
Franco, et nous voilà en France, plus précisément à Paris. Nous sommes 20 personnes en tout.
Une fois à Paris, nous sommes pris en charge par la Cimade, une organisation caritative. Nous
sommes restés un mois en France sous le règne du Général De Gaule, en attendant la réponse
de notre demande d'asile politique. Et qui sera refusée. Motif : le Portugal étant membre de
l'OTAN...Et c'est ainsi que je dois quitté la France pour rejoindre la Suisse.
Je reprends mes études de médecine à la Faculté de Lausanne. En Suisse, les étudiants
angolais étaient très actifs. Il était décidé d'un Congrès à Rabat, au Maroc de Mohammed V.
A cette époque-là, le royaume du Maroc aidait beaucoup les mouvements indépendantistes
africains. A ce congrès dont j'ai participé, il sera crée l'Union Générale des Etudiants
Angolais, l'UGEAN, au mois de septembre 1961. Plus tard, et à Lausanne, les étudiants
angolais vont créer l'Union Nationale des Etudiants Angolais(UNEA), avec plusieurs
personnalités angolaises encore étudiants en Suisse, dont un certain...Jonas Savimbi!
Mes études de médecine terminée, j'obtiens mon diplôme de Docteur en médecine et me
spécialise en médecine interne.>>
Interview
Que représente pour vous cette période d'exil à l'étranger?
Pour n'importe quel citoyen, l'exil est un moyen de trouver une deuxième patrie lorsque l'on
se sent menacé physiquement dans son espace d'origine. L'exil est un combat, un devoir pour
l'affirmation de ses propres valeurs et ses aspirations nationales. C'est le cas du plus grand
nombre des Angolais exilés, surtout ceux qui ont participé au déclenchement de l'insurrection
nationale contre la présence coloniale pour exiger l'indépendance, tout comme ceux qui ont
aussi été obligé de fuir d'autres répressions. Dans ce cas, la période d'exil est une continuation
de combat.
En quoi celle-ci est elle profitable ?
Pendant l'exil, on acquiert des expériences.
Comment alors peut-on lutter contre ce phénomène de l'émigration des Angolais vers des
terres plus accueillantes que la leur?
Il faudrait d'abord connaître les causes de ce phénomène et les combattre. Créons les
conditions nécessaires pour empêcher les fuites de la main d'œuvre et des cerveaux angolais.
Comment la diaspora peut-elle jouer un rôle pour la paix définitive en Angola?
La diaspora a toujours jouée un rôle en épaulant la lutte pour la libération, et ce, par tous les
moyens. La diaspora doit continuer à jouer son rôle prépondérant dès qu'elle sent que le pays
est menacé par des convoitises internes ou étrangères.
Quelle réponse donnez-vous à ceux qui disent que l'identité angolaise se définit par la langue
portugaise?
L'exil a permis aux Angolais l'acquisition des plusieurs langues étrangères. Il faudrait que les
dirigeants fassent des efforts pour enseigner la langue portugaise. Ceux qui disent qu'elle est
une identité, ont une vision distorsionniste de la réalité angolaise.
Pensez-vous qu'un pays ayant en son sein une forte émigration peut constituer un état
unitaire?
L'émigration n'a jamais mis en cause la cohésion nationale. Au contraire, elle doit être un
élément de cette cohésion nationale, qui engendre un état unitaire.
Votre message à la diaspora sera lequel?
Qu'elle reste active et entreprenante pour que le pays retrouve la paix, la prospérité, l'unité et
la démocratie. C'est ainsi que nous réglerons nos problèmes.
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La parole aux jeunes nés ou grandis en exil
Yves NKIDIAKA, 14 ans
Où tu es né ?
R. A Genève.
- S'il faut définir l'Afrique, que diras-tu ?
R. C'est un continent qui fait partie du tiers-monde.
- Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. L'Angola est le pays de mon père.
Et c'est un pays où il y a beaucoup de mines anti-personnelles.
- As-tu de l'ambition pour ta vie ? Laquelle?
R. D'abord finir l'école et réussir ma vie en faisant un métier qui me plaît.
- Quel sport pratiques-tu ?
R. Le football
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : Angola, U.S.A., Angleterre, Portugal.
R. En Angleterre, parce que c'est un pays que j'aime bien.
- Quel genre de fille aimes-tu ?
R. N'importe tant qu'elle a bon caractère et qu'elle n'est pas moche.
- Tu es plutôt "branché", "cool", ou "in"?
R. Plutôt "cool", parce que je ne me stress pas, je ne m'énèrve pas pour rien.
- Comment perçois-tu ce monde?
R. Un monde plein de maladies, de pauvretés, des gens pauvres et d'autres riches, et des gens
ni pauvres, ni riches.
- Existe-t-il un conflit de générations ou y a-t-il une incompréhension entre les jeunes et les
"vieux"? T'as une explication pour ça? Que faire?
R. Chacun a sa génération. Nous les jeunes on a la nôtre, et la plupart des vieux la critique et
nous aussi, critiquons la leur. Ce qui génère un conflit entre les générations. Il faudrait
accepter chaque génération même si on n'aime pas leur façon de s'habiller, de parler, ainsi que
leur musique…
Nadine KIANGEBENI, 17 ans
- Où tu es née ?
R. A Luanda, en Angola.
- S'il faut définir l'Afrique, que diras-tu?
R. C'est un continent qui a toujours possédé une grande richesse qu'il n'a pas réussi
suffisamment à exploiter. Ce qui est vraiment dommage car si elle l’exploitait, l'Afrique
dépasserait bien d'autres continents.
- Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. C'est mon pays natal. C'est là où sont mes racines, donc toute ma vie restera à jamais
attaché à l'Angola, ma terre natale.
- As-tu de l'ambition pour ta vie? Laquelle ?
R. Ma vie reste encore un peu floue mais mon plus grand souhait reste de réussir dans ma vie
afin de pouvoir plus tard faire vivre mes proches.
- Quel sport pratiques-tu?
R. Je pratique le basket.
- Aimes-tu la danse ?
R. Oui, j'adore la danse.
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : Angola, U.S.A., Angleterre, Portugal?
R. Dans le temps présent, ce sera les U.S.A. Mais à l'avenir, j'espère que ce sera l'Angola.
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- Quel genre de garçon aimes-tu? Et les filles?
R. Des garçons natures, intelligents et calmes. Bien posés et beaux. Evidemment qui ne se
prennent pas la tête!
Les filles doivent être naturelles dans leur comportement avant tout.
- Tu es plutôt "branchée", "cool", ou "in" ?
R. Je suis plutôt "in"?
- Comment perçois-tu ce monde ?
R. Le monde d'aujourd'hui est fait de haut et de bas mais malheureusement le bas l'emporte de
nos jours. Le monde, je le perçois en partie magnifique et d'un autre côté, totalement minable.
- Qu'est-ce pour toi, la famille? le mariage? le flirt?
R. La famille est ce qu'une personne a de sacré. Les gens sont bien quand une famille les
entoure. Le mariage est pour moi un symbole d'alliance de fidélité que les gens se doivent de
respecter. Le flirt, c'est un moment qui passe et qui reste souvent très agréable et inoubliable
dans certains cas.
- Existe-t-il un conflit de générations? Ou plutôt une incompréhension entre les jeunes et les
"vieux" ? T'as une explication pour ça ? Que faire?
R. Dans le temps, oui. Aujourd'hui, beaucoup moins car les jeunes et les vieux réussissent
mieux à comprendre leurs enfants et vice versa. Surtout durant la période où les jeunes
atteignent l'âge matûre. Il faut simplement laisser le temps qu'il faut aux deux générations afin
qu'elles trouvent un point d'entente, donc de compréhension, et là le conflit s'élimine petit-àpetit et le contact sera plus simple.
Souliya SAYSINH, 21 ans
- Où es-tu née?
R. A Nankaï, en Thaïlande.
- S'il faut définir l'Afrique, que diras-tu?
R. Les richesses de la Terre et des Cultures ancêstrales. Les liens familiaux unis.
- Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. La culture de mon enfance. J'ai grandie avec les Angolais.
- As-tu de l'ambition pour ta vie? Laquelle?
R. De vivre au jour le jour.
- Quel sport aimerais-tu pratiquer? En fais-tu?
R. Faire du parachute. Non, je ne pratiques pas.
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : Angola, U.S.A., Angleterre, Portugal ?
R. Aux Etats-Unis, là où tout est magique !
- Quel genre de garçon aimes-tu?
R. Les aventuriers, les rebelles. J'aime le garçon qui n'a pas froid aux yeux.
- Tu es plutôt "branchée", "cool", ou "in" ?
R ....dans la lune...
- Comment perçois-tu ce monde?
R. Gigantesque. Il y a tellement de merveilles visibles et non visibles.
- Existe-il un conflit de générations ou il y a plutôt une incompréhension entre les jeunes et
les "vieux" ? T'as une explication à cela ? Que faire, alors?
R. Tout est dans la tête. Le jeune peut être vieux dans la tête et vice versa.
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Syaleth Ngonga Raloul, 11 ans
- Où tu es né ?
R. A Genève.
- S'il faut définir l'Afrique, que diras-tu ?
R. C'est un continent cool, là où les gens sont sympas.
- Qu'est-ce pour toi, l'Angola?
R. Pays d'une partie de mes origines. Je suis Suisse, Angolais, et...Laotien!
- As-tu de l'ambition pour ta vie ? Qu'aimerais-tu faire plus tard ?
R. Vendeur de jeux vidéo.
- Quel sport pratiques-tu ?
R. Pour le moment : aucun.
Quel genre de nanas préfères-tu ?
R. Les brunes aux yeux bruns!
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : Angola, U.S.A., Angleterre, Portugal ?
R. Aux States...
- T'es comment comme mec?
R. Cool.
- Comment perçois-tu ce monde ?
R. Je suis contre la pollution et les injustices.
- Pourquoi y-a-t-il un conflit de générations et que penses-tu des vieux ?
R. Ils pensent autrement que nous.
DAWSON GRIFFON, 14 ANS
- Où tu es née ?
R En suisse, à Genève.
- Crois-tu au destin ? Et si tu avais à choisir, où aimerais-tu vivre ?
R. Pour la première question, franchement non! Pour la seconde, entre la Thaïlande et les
U.S.A., je choisirai la Thaïlande. Parce que là-bas, on peut peut-être trouver l'âme soeur. De
plus, c'est un joli pays, la Thaïlande.
- L'Afrique pour toi, c'est quoi ?
R. La chaleur. Le pays de ma mère. Mais je suis navrée, je n'y ai jamais mis les pieds! Quel
honte! (Rires)
- As-tu de l'ambition ?
R. Ouaih, j'en ai un peu.
- Tu aimes la musique, le cinéma, et quelles sont tes vedettes préférées ?
R. La musique est une chance qu'on l'aie car elle nous offre toujours la bonne humeur, surtout
le matin, pour ceux qui sont fainéants pour se lever!(rires) Je plaisante. Sérieusement, j'aime
la pop-music, le reggae et...les musiques sans paroles. C'est ça qui me branche. Pour le
cinoche et pour la musique, mes préférés sont : Léonardo di Caprio, Tom Cruise, Michaël
Jackson, eh...oh, faut que j'arrête parce que j'en aime tellement qu'il faudrait toute la nuit pour
les citer tous!
- C'est quoi pour toi, le mariage, la famille ?
R. J'aimerai bien rencontrer un mec beau, intello, beau gosse et tout, qui soit cool avec moi, et
le plus important qu'il m'aime. Le mariage, non merci. Trop jeune pour ça. J'ai tout mon
temps pour y penser. Pour le moment, je profite de ma jeunesse, je m'éclate! Concernant la
famille, j'aimerai avoir 4 enfants, ça me suffirait : 2 meufs et deux mecs. Logique.
- Si du jour au lendemain tout devait s'arrêter, que ferais-tu?
R. Je courrai vers mon mec bien-aimé, nous roulerons une pelle pour la dernière fois dans un
lieu très intime, puis ensuite, on verra...Gros bisous à tout, "Big Kiss best wishes!"
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Stéphane FOUKY, 28 ans
- Où tu es né ?
R. Je suis né à Genève, le 20 juillet 1971...
- Que représente l'Angola pour toi ?
R. C'est ma deuxième partie de moi-même. Un métis. Je suis Angolais par mon père.
- Et l'Afrique ?
R. Un rêve ou un cauchemar. J'ai du mal à donner une réponse définitive.
- Ton ambition dans la vie, c'est quoi ?
R. Etre un homme heureux en m'accomplissant.
- Quel sport pratiques-tu ?
R. Basket ball et football.
- Où aimerais-tu vivre?
R. En Angola. Mais cela dépend. Je suis Suisse par ma mère. Pour le moment, je suis bien en
Suisse. Il faut s'adapter là où tu vis.
- Quel genre de filles préfères-tu ?
R. Les filles intelligentes.
- Alors comment tu juges les femmes en général ?
R. Ah, les femmes...Que dire? Les femmes européennes sont émancipées et ne savent pas
quoi faire de leur émancipation. Tandis que les femmes africaines veulent bien s'émanciper
mais ne savent pas comment faire.
- Comment perçois-tu ce monde?
R. Un champ de bataille!
- Pourquoi existe-t-il un conflit de générations?
R. Les jeunes veulent prendre le pouvoir et les "vieux" s'accrochent...
Nancy LUKUAMUSU, 10 ans et demi
- Où tu es née ?
R. A Genève.
- Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. C'est mon pays, en guerre. J'aimerai bien que cette guerre cesse pour que tout le monde
puisse y vivre en paix. C'est aussi le pays de mon origine et celui de ma famille.
- Et l'Afrique ?
R. Le continent de mon origine où il y a la liberté de vivre pour nous les enfants. Je viens de
passer quelques jours de vacances avec ma mère, et je peux vous dire que j'ai beaucoup
aimée. On y mange bien. En Europe on dit toujours que l'Afrique est un continent affamé ! Eh
bien, c'est faux. La nourriture est abondante. Peut-être qu'il existe des endroits des pays où
effectivement on meurt de faim. Malgré la pauvreté, je peux témoigner que l'on y vit bien. Il y
a tout. Beaucoup de monde.
- Alors s'il faut choisir, où aimerais-tu vivre : Angola, U.S.A., Portugal, Angleterre ?
R. C'est clair que c'est en Angola, parce que, d'abord c'est mon pays. Ensuite j'aimerai bien y
vivre avec toute ma famille.
- Que penses-tu de la présence des Angolais en Suisse ?
R. C'est une question très difficile pour moi. je pense que c'est à cause de la guerre.
- Si du jour au lendemain tout devait s'arrêter, que ferais-tu?
R. Je prierais Dieu.
- As-tu de l'ambition pour ta vie, et laquelle?
R. Mon ambition? Gagnée bien ma vie en travaillant avec un bon salaire. J'aimerai bien être
professeur de mathématique ! J'adore les maths...
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Patrick SADI, 7 ans
- Où tu es né ?
R. A Genève, le 7 juillet 1992.
- Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. C'est le pays de mon père. Le tien.
- Que représente pour toi, l'Afrique ?
R. La beauté d'un continent chaud, le soleil. J'y suis allé. Avec ma petite sœur Samia, nous
sommes allés en Afrique du Nord, au Maroc. L'Afrique, je connais.
- S'il faut choisir entre l'Angola, les Etats-Unis, le Portugal et l'Angleterre, où aimerais-tu
vivre?
R. Je suis Angolais et sans hésiter, je choisirais mon pays l'Angola ! Je rêve d'aller vivre làbas avec toute ma famille.
- Que penses-tu de la vie, en générale ?
R. Je trouve que ce n'est pas facile à vivre. Si tout le monde était gentil, ce serait plus simple
mais hélas!...
- As-tu de l'ambition pour ta vie ?
R. Oui, faire des bonnes études, bien gagner ma vie pour aider ma sœur et toute ma famille.
J'aimerai bien travailler dans les ordinateurs!(rires)
Yannick SALA, 11 ans
- Où es tu né ?
R. Je suis né à Luanda, capitale de l'Angola.
- S'il faut définir l'Afrique que diras-tu?
R. L'Afrique est un continent comme les autres
- Qu'est-ce que pour toi l'Angola ?
R. C'est mon pays natal.
- As-tu de l'ambition pour ta vie, laquelle?
R. Oui, terminer mes études, être un missionnaire, serviteur de Dieu.
Quel sport pratiques-tu?
R. Le Judo.
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix entre l'Angola, USA, l'Angleterre et le Portugal?
R. Nulle part sauf le Brésil.
- Quelle genre de filles aimes-tu?
R. Belle, polie et chrétienne.
- Tu est plutôt branché, cool ou in?
R. Branché et cool.
- Comment perçois-tu ce monde?
R. Bizarre, pas très bien, un peu normal.
- Existe-t-il un conflit de générations ou y a-t-il une incompréhension entre les jeunes et les
vieux? T’as une explication pour ça? Que faire?
R. Les jeunes et les vieux ne se comprennent pas parce que chacun veut faire à sa manière.
Tout le monde doit se comprendre et se faire accepter.
Lydie DIAKWOMU, 12 ans
- Où tu es née ?
R. A Soyo, au nord de l'Angola.
- Qu'est-ce pour toi, l'Angola ?
R. C'est de là d'où viennent mes origines.
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- Que signifie pour toi l'Afrique?
R. Un continent de malheurs et de tristesses...
- S'il faut choisir entre l'Angola, les
U.S.A., le Portugal et l'Angleterre, où aimerais-tu vivre?
R. Avec la paix, je choisie l'Angola. Parce que j'ai vécue là-bas et en plus c'est mon pays
natal.
- As-tu de l'ambition pour la vie ?
R. Mon ambition est de finir d'abord mes études et ensuite d'avoir un bon travail.
- Quel genre de garçon ou de fille, aimes-tu ?
R. J'aime bien les garçons ou les filles super-cools, intelligents et sages.
- Comment perçois-tu ce monde ?
R. Je le trouve drôle et bizarre...
- Si du jour au lendemain tout devrait s'arrêter, que ferais-tu en premier ?
R. J'ouvrirai la Bible et je prierai !
Rodriguès KETO, 12 ans
- Où es-tu né ?
R. Je suis né à Fribourg, en Suisse.
- S’il faut définir l’Afrique, que diras-tu ?
R. L’Afrique, c’est un continent où il ne fait que beau temps. Là où il y a des Noirs mais il n’y
a pas seulement des Noirs. Là où il y a un peu de difficultés ; surtout du côté santé. Mais, c’est
le meilleur continent pour moi parce que là- bas il y a tout. Et puis, c’est formidable.
- Qu’est-ce pour toi, l’Angola ?
R. C’est là où sont les origines de mes parents. C’est aussi mes origines. C’est un pays
extraordinaire parce que c’est beau quand on regarde des documentaires. Et puis, c’est peuplé
d’animaux.
- As-tu de l’ambition pour ta vie ?
R. Oui, je vais d’abord continuer mes études. Si j’aurais beaucoup d’argent je vais aider les
gens en Angola et remettre l’Angola comme il était avant. Car avant il n’y avait pas la guerre ;
les personnes ne souffraient pas. C’était pas pollué comme maintenant. Mon projet est de
devenir président de l’Association des Angolais en Suisse pour dire aux gens, plus
particulièrement aux angolais, qu’on veut remettre de l’ordre en Angola.
- Quel sport pratiques-tu ?
R. Du football et de la boxe. Je pratique également la danse brésilienne (capoera).
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : en Angola, au Portugal, en Angleterre, aux EtatsUnis, … ?
R. En Angola, parce que c’est mon pays.
- Quel genre de fille aimes-tu ?
R. Des brunes et des blondes. Et puis, c’est tout.
- Tu es plutôt " branché ", " cool ", ou " in " ?
R. Je suis branché et cool.
- Comment perçois-tu ce monde ?
R. C’est un monde de contraste parce qu’il y en a qui souffrent et d’autres qui sont bien.
- Existe-t-il un conflit de génération ou y a-t-il une incompréhension entre les jeunes et les
vieux ? As-tu une explication ? Laquelle ? Que faire ?
R. Non, il n’y a pas de conflit. Car on est tous les mêmes. Nous les jeunes, on est comme vous
quand vous étiez jeunes. Même si l’époque n’est plus la même, ça ne fait rien.
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Jennifer NKIDIAKA, 12 ans
- Où tu es née?
R. En Suisse à Genève.
- S’il faut définir l’Afrique, que diras- tu ?
R. Un continent riche grâce à son pétrole. Mais les 3/4 de la population de ce continent vivent
dans la pauvreté.
- Qu’est-ce pour toi, l’Angola?
R. Un grand pays où mon père a ses racines. Il y est né et il y a grandi.
- As-tu de l’ambition pour ta vie? Laquelle?
R. Bien sûr que je possède de l’ambition, d’abord finir mes études et me lancer ensuite dans le
stylisme.
- Quel sport pratiques-tu?
R. Je fais de la gymnastique.
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix: Angola, U.S.A, Angleterre, Portugal.
R. En Angleterre parce que j’aime bien ce pays si grand avec son climat exceptionnel. Par
contre, je ne peux me prononcer sur les autres pays que je n’ai jamais eu la chance de visiter.
- Quel genre de garçon aimes-tu?
R. Le garçon simple, originale, beau et qui reste soi-même.
- Tu es plutôt “ branché”,“ cool”, ou “in”?
R. Je suis plutôt “in”, car j’aime bien m’habiller et être à la mode mais pas esclave.
- Comment perçois-tu ce monde?
R. Un monde sans paix, car les hommes n’essayent pas de régler leurs problèmes en parlant,
on dirait qu’ils préfèrent la guerre.
- Existe-t-il un conflit de générations ou y a-t-il une incompréhension entre les jeunes et les
“vieux”? T’as une explication pour ça? Que faire?
R. Les vieux et les jeunes ne sont pas pareils. Si les jeunes n’apprécient pas les vieux il y a
forcément une raison, et les vieux de même. La mentalité de deux générations est différente.
Rita DIANGANA, 23 ans
- Où tu es née ?
R. A Rabat(Maroc).
- Que représente pour toi, l'Angola ?
R. L'Angola représente pour moi un pays qui n'a malheureusement jamais rompus avec la
guerre, et ceci après maintes guerres civiles qui opposent le MPLA et l'UNITA, et d'un grand
nombre d'accords signés (cessez-le-feu, retraits militaires, etc...) Tout ceci fait que, jusqu'à
maintenant le processus de paix est toujours remis en cause...
- Qu'est-ce pour toi, l'Afrique?
R. Pour moi, ce continent est pourvu de beaucoup de belles choses telles que, beauté, richesse,
bienfaisance. ..Etant afro-optimiste, je suis persuadée qu'il ne faut pas seulement voir en
l'Afrique que des misères, guerres, corruptions.
- Où aimerais-tu vivre si tu avais le choix : Angola, U.S.A., Angleterre, Portugal ?
R. De ces quatre propositions je choisirais sans hésiter l'Angola, avec l'espoir que la situation
s'améliorera un jour là-bas.
- As-tu de l'ambition pour ta vie ? Laquelle?
R. D'ici quelques années, si l'avenir me le permet, je travaillerais peut-être dans une
Association humanitaire, qui aurait pour objectif de contribuer dans des pays en voie de
développement à des divers projets, tels que, constructions d'écoles, d'orphelinats, d'hôpitaux,
etc., tel que soutien moral aux personnes en difficultés.
- Qu'est-ce que la famille représente pour toi?
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R. La famille ça représente la cellule de base de la société car c'est l'institution humaine la
plus ancienne et la plus importante. La famille, c'est se retrouver au milieu des siens et
éprouver le sentiment d'être utile, apprécié et aimé, là où règne une atmosphère de confiance
et de compréhension.
- Que penses-tu du mariage ?
R. Le mariage fait partie d'un des désirs de la vie à accomplir et à réussir. Un mariage doit
être de qualité et dépendre du fondement sur lequel il repose. Par exemple : "Si je dois
construire une maison je serais avisée et je la construirais sur le roc et non pas sur du sable car
il suffit qu'il y ait une tempête ou des inondations, que celle qui sera fondée sur le sable
s'effondrera, tandis que la mienne tiendra bon". Cet exemple n'est pas là pour apprendre aux
gens à construire une maison mais pour souligner la nécessité de bâtir son mariage sur un
solide fondement afin de résister aux difficultés de la vie.
- D'après ton observation, pourquoi il y a tant de problèmes en Angola ? En Afrique ?
R. Il y a tant de problèmes car plusieurs pays d'Afrique subissent `l'instabilité chronique` et
cela ne fait qu'enfoncer le continent dans des graves crises humanitaires. L'Afrique a besoin
de pays donateurs afin de répondre aux souhaits de millions d'Africains menacés par les
guerres et les diverses catastrophes.
- Si du jour au lendemain tout devrait s'arrêter, que feras-tu ?
R. Je me dirais simplement : "Il s'agit du jugement dernier, il ne reste que Dieu. Que Sa
volonté soit faite".
- Pourquoi existe-t-il un conflit de générations, entre les "jeunes" et les "vieux"?
R. En tout cas, j'ai pu remarquer qu'il y a de plus en plus de difficultés à transmettre les
savoirs entre les générations, et que les "jeunes" se méfient de ceux qui prônent le retour à la
morale, car les "vieux" raisonnent souvent sur des schémas idéologiques. Les "jeunes" n'ont
pas reçu la même éducation que les "vieux". Auparavant, l'éducation était beaucoup plus
sévères et aujourd'hui il y a plus de liberté. Là, un nouveau regard s'impose au vu des
évolutions démographiques, économiques et sociales.
- As-tu un vœux pour l'Angola et l'Afrique ? Lequel?
R. Mon vœux serait qu'il y ait un partage des connaissances. C'est-à-dire, créer des liens entre
le savoir-faire des plus riches et le besoin des plus pauvres. Cela mènerait petit à petit au
développement du continent africain.
- Comment perçois-tu ce monde ?
R. Je trouve qu'actuellement des nombreux problèmes se posent dans ce monde qui est en
train de se maintenir entre le mieux et le pire. En attendant, le domaine le plus touché aux
difficultés du monde est la société : emploi instable, chômage galopant, problèmes d'argent,
logement, maladie, mésentente familiale, drogue, délinquance, racisme, etc...Cela fait des
nombreux problèmes à résoudre. Donc, pour ce qui est de l'avenir de l'humanité, on ne peut
être sûr de rien!
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L’exode Angolais à l’étranger
A notre connaissance, l’immigration des Angolais vers l’étranger remonte de très longues
dates. L’histoire nous enseigne que dès l’apparition des explorateurs portugais, la populace du
royaume du Kongo avait déjà connu le chemin vers les pays étrangers, à l’occurrence vers les
territoires limitrophes faisant frontières avec l’ancien Royaume du Kongo qui avait ses
embranchements au Congo Kinshasa et au Congo Brazzaville.
Apparemment, cet exode continue jusqu’à nos jours en passant par plusieurs formes à travers
les événements historiques. D’abord l’esclavage qui était principalement exercé par les
Européens dans l’esprit de déstabiliser le pouvoir instaurer par le Roi du Kongo et les autres
Empires existant à l’époque. Ensuite vient la colonisation qui, elle aussi a poursuivi la même
voie pour désagréger les habitants en les suscitant de prendre la route pour l’étranger. Cette
histoire est connue de tout le monde.
Après cette longue période coloniale qui a durée au moins cinq siècles, vient un autre moment
de déplacement forcé occasionné par le déclenchement vers les années 60 du premier
mouvement de la revendication de l’indépendance nationale. Ensuite à cela s’ajoute ce que
nous appelons aujourd’hui les guerres civiles déclenchées juste quelques mois avant le
passage du pays à la souveraineté nationale qui était prévue le 11 novembre 1975.
Ces guerres qui ont succédé les uns après les autres, au départ furent considérées comme
politiques et aujourd’hui baptisées quasiment économiques n’ont cessé à entraîner les
Angolais à abandonner leur pays pour trouver refuge soit dans les pays voisins ou soit dans
les lointains à travers les cinq continents géographiquement connus.
A l’heure actuelle, un Angolais sur trois vit en dehors de son pays. On dénombre au moins 1/3
de la population angolaise réside à l’étranger. A l’absence des chiffres réels, il nous est
difficile d’avancer le nombre exact de ressortissants angolais à l’étranger.
Au regard de cette immigration forcée, nous pouvons nous poser la question de savoir si cette
fougue vers l’étranger n’entraîne pas des conséquences néfastes sur la vie future des Angolais
et surtout ceux de leurs progénitures, qui aujourd’hui sont menacés par une perte extinctrice
de leur propre culture face aux autres, auxquelles sont condamnés à apprendre pour assurer
leur survie.
Nous le savons qu’une société est fondé sur des bases culturelles. Alors qu’en pensons-nous
de l’avenir des Angolais qui vivent déjà de longues années à l’étranger ? Serait-il capable de
conserver leurs valeurs culturelles ?
Certes, l’expérience vécue dans le milieu de la diaspora angolaise nous prouve de fois le
contraire de ce que nous avons toujours imaginé sur nos transcendances. Il est évident que
certains responsables de l’équilibre social et moral des enfants s’inquiètent du devenir de la
famille d’autant plus que celle-ci est le socle de l’enseignement moral et aussi le vivier pour
l’avenir communautaire.
Dans cette perspective de réflexion, si nous regardons encore plus loin, il semblerait que la
situation se soit aggravée. Parfois même nous avons l’impression que cette perte de culture
serait un jour avant une cause principale de la crise familiale.
Tous les maux viendraient de cette grande défaite de la famille. Il nous est impossible de
transmettre nos acquis culturels à nos enfants. Il me semblerait qu’il aurait bien plus tard une
du
couple
face
aux
enfants.
démission
de
la
famille,
c’est-à-dire
Nkosi Zassala Jean-Jacques
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Les femmes Angolaises à l’honneur
Thérèse MATUSADILA, Miss Yerdon 1993
En Angola, les femmes sont belles. Elles le sont toutes. D'une beauté qui ne laisse pas
indifférente. On y trouve toutes sortes de races : négresse aux traits fins, peau légèrement
cuivrée, noires très foncées aux yeux bruns, négresse à la peau claire et aux yeux en amande,
peau de sapotille de type brésilien, câpresse à la longue chevelure noire et aux yeux bleus,
mûlatre ou belle métisse, des blanches à la peau mâte, beauté plastique, etc. Le brassage de
races est un des premiers phénomènes qui frappent. Le métissage voulu par les colons
portugais ou européens a-t-il du bon? Ce qui est sûr, en Suisse l'Angolaise se distingue par
son élégance et son charme raffiné.
Thérèse Matusadila est une jeune Angolaise qui habite Yverdon. Elle est arrivée à Estavayerle lac à l'âge d'à peine quatre ans. Elle s'est faite remarquée à l'occasion d'une élection de
MISS, organisée par l'Office du Tourisme Yverdonnois en 1993. Elle a donc remporté la
première place, à 16 ans, et devint Miss Yverdon de cette année-là. Ce concours de beauté est
une première pour la communauté angolaise dans ce canton.
Depuis, notre belle angolaise Thérèse poursuit sa carrière de coiffeuse et parallèlement, elle
représente Yverdon dans toutes les manifestations culturelles ou sportives. Mais son rêve ou
son désir reste de trouver un job comme assistante sociale ou éducatrice. Bravo! Courage et
félicitations.
Carla PEAIRO : Artiste-peintre
Née à Benguela ( Angola ) en 1961, Carla Peairo a fait des études supérieures en Angola. Les
sciences de l’éducation sont intéressantes mais pour elle, la passion reste les arts plastiques,
qu’elle a découvert à l’âge de 12 ans. Parallèlement, elle suivra des cours de dessin, de
peinture et de peinture et de décoration. En 1973, elle atterrit à Lisbonne, au Portugal. Le
monde des arts l’interpelle. Carla suit des ateliers de sculpture et des arts graphiques ainsi que
le modelage d’argile. C’est à Neuchâtel qu’elle va installer son premier atelier, et présente ses
œuvres. Les admirateurs ont pu apprécier ses pièces dans des expositions, par exemple, à la
Galerie Loi de Peseux, près de Neuchâtel. Carla Peairo sait, à merveille, promouvoir la
culture angolaise en Suisse, à sa manière, bien sûr. On peut admirer ses toiles d’une beauté
époustouflantes dans sa Galerie de Neuchâtel. Lorsqu’on observe attentivement ses toiles, les
angolais ne manquent pas de déceler les images de notre pays sur aquarelle ou mixte sur toile.
Les couleurs donnent de plus en un relief fluorescent. Carla Peairo travaille beaucoup, car,
pour ceux qui ne le savent pas, un artiste-peintre doit passer des heures et des heures afin
d’aboutir à la perfection d’une œuvre authentique. C’est cela qu’on appelle une vraie œuvre
d’art…
Un mannequin en Suisse: Sonny Perereira
Elle est belle et métisse. Une beauté comme sait produire notre pays, l’Angola. Sonny Pereira
est née à Porto. Alexandre, en Angola, un mois d’avril 1972, et habite la Suisse. Très tôt, elle
est déracinée de sa terre natale pour le Portugal dans un couvent des sœurs religieuses. Elle y
restera le temps de parfaire sa scolarité primaire et secondaire. A 16 ans, elle débarque en
Suisse mais très vite, elle doit repartir en France, car c’est là-bas que son destin va lui sourire.
La nature lui a donné la beauté, la grâce, l’élégance d’une belle plante angolaise. Sonny
Pereira n’est pas dupe. Ce don du ciel doit être exploité. Elle sera mannequin. Pour cela, elle
apprend les langues pour mieux communiquer. Aussi à l’aise en portugais qu’en français ou
en anglais et en espagnol, Sonny Pereira porte en elle l’image d’une angolaise qui veut réussir
dans un milieu où la concurrence est rude. Elle sait tout des grands mannequins qui lui servent
de modèle. Mais, elle garde les pieds sur terre. A Lausanne, où elle a établi ses pieds à terre,
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Sonny Pereira continue à côtoyer le milieu de la mode, de la beauté et des défilés de mode
pour les mannequins.
Elle est persuadée que la femme angolaise, par sa beauté, a encore beaucoup de chance de se
faire parler d’elle sur les podiums!
A. SADI
MUTOMBO Kanyama, journaliste
< Pour moi, un Africain qui s'exile se doit de mener une vie héroïque, à l'exemple de ceux qui
sont restés en Afrique et qui sont confrontés chaque jour à des défis majeurs pour leur survie.
Bien entendu, les problèmes de survie ne se posent pas dans les mêmes termes, ni sous les
mêmes facettes. En outre, l'Afrique est d'une grande diversité, sur tous les plans, et chaque
Africain exilé a ses propres raisons qui expliquent son départ de la terre natale. Il n'empêche
que tous, nous venons de sociétés où la responsabilité (envers soi-même, la communauté et
l'environnement naturel) est érigé en valeur fondamentale, cardinale. En Afrique, on
responsabilise l'enfant dès son jeune âge. Et, ici en Europe, notre salaire à la fin du mois n'a
pas la même destinée que celui du collègue européen qui pense rarement à le partager avec
tel cousin ou telle tante, et même si chaque mois il fait un versement humanitaire pour
l'Afrique. Différente de la compassion active, il n'y a pas de véritable solidarité, sans
responsabilité.
Toutefois, notre responsabilité est plus que cela, l'envoi régulier d'un peu d'argent au pays.
C'est aussi faire en sorte que les nôtres puissent bénéficier de notre part de tous les apports
nécessaire à l'amélioration de leur vie profondément, de manière durable. Cela embrasse tous
les champs : économique, politique, culturel, etc. Certes, nous ne pouvons pas être sur tous les
fronts. Mais l'essentiel, c'est de savoir déjà que nous sommes en permanence sur un front,
large, global, multiple, face à un enjeu majeur, celui de la renaissance et de la reconstruction
de l'Afrique que cherchent à saper des forces multiformes internes et externes du continent. A
cet égard, le Nord est un terrain de lutte privilégié pour l'exilé.
Nous devons donc, depuis ici, dans la mesure du possible bien sûr, concrétiser cette valeur
suprême qu'est la responsabilité. Etre exilé et continuer à porter en soi une telle valeur, dans
un monde (occidental) où dominent l'égoïsme ainsi qu'un environnement hostile, et dans une
perspective historique de renaissance, relève du défi, de l'héroïsme.
Nous ne pouvons nous contenter de vivre bien seulement. Car cela ne change rien, ni à notre
sort ni à notre image (fixés par l'Occident). Pour être des Hommes tout simplement, à part
entière, fiers et maîtres de leur destin, nous sommes condamnés à faire plus, à être des héros.
CP 46 - Genève 26
fax 022 301 15 66
Contact : "Regards Africains"
Interview de M.N. Anderson
Qu'est-ce pour vous l'exil ?
M.N.A : Lorsque dans son propre pays, on ne vit plus, on doit se contenter de survivre, voire
de mourir en partie, dans son corps, ou dans son âme, la solution s'appelle : exil. Mais s'exiler,
c'est s'automutiler, c'est prendre le risque de perdre ses racines et de se perdre, de ne plus
avoir d'identité et de devenir schizophrène. On n'est plus bien nulle part, sauf dans le monde
des rêves, de la nostalgie et des fantasmes. Et pourtant, c'est parfois le seul moyen de
s'approprier son droit à la vie.
- Le phénomène de l'émigration et la présence de la diaspora africaine à l'étranger peut-il
générer une maturité sur la prise de conscience de l'éveil du continent et de l'avenir de
l'Afrique ?
M.N.A : Si l'exil est souffrance, la souffrance est terrain propice à toute création nouvelle. De
l'extérieur, l'exilé a accès davantage d'information sur le pays - censure interne oblige! mais,
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tout en conservant un regard grand angle, sur l'évolution du monde. Pour autant qu'il
apprenne à décoder l'information. Une synergie constructive qui aboutit à la revalorisation de
la culture d'origine, à la préservation, à la dignité, et à la mise en place de fondations
nouvelles pour l'avenir du continent.
La diaspora angolaise : force et qualité
Comme tout le monde le sait, l'exil des Angolais n'est pas un phénomène nouveau. C'est une
page de l'histoire de l'Angola. De génération en génération les Angolais loin de leur mère
patrie sont restés attachés à leur pays. C'est une force morale et culturelle qui donne un
sentiment de fierté à ce peuple. Partout dans le monde , malgré leur réussite économique,
sociale ou encore intellectuelle, les Angolais n'ont jamais nié leurs origines. L'amour et
l'attachement qu'ils manifestent pour leur pays est un fait remarquable. La diaspora angolaise,
disséminée dans tous les quatre coins de la planète, est d'une grande qualité. C'est une valeur
sûre dont l'Angola a besoin pour penser ses plaies. Nous sommes persuadés que la renaissance
de la nation angolaise ne peut venir que de cette fraction de la population . Qui peut en
douter? Ce n'est certainement pas les dirigeants actuels du pays. Ces derniers ont, dans une
moindre mesure, appartenus à cette grande famille nommée Diaspora. L'histoire de l'Angola
est strictement liée avec cette réalité. Au travers de tous les événements historiques de notre
pays apparaît l'implication relative de la diaspora. Sa force principale, ce qu'elle existe et
qu'elle est de qualité prête à prendre ses responsabilités. Elle dispose des atouts pour
permettre à l'Angola de jouer son rôle de puissance régionale non pas sur le plan militaire
mais aussi et surtout sur le plan économique.
Pour cela il est impératif de bâtir l'édifice de la paix et de la réconciliation nationale.
E.
DIAS MABANZA
BILLET DU PRESIDENT
N’gola : Le trait d’union des Angolais
Le billet périodique réservé au président de l’Association des Angolais en Suisse vous
propose dans son message habituel adressé aux membres et aux sympathisants à notre
organisation une réflexion centrée sur l’importance de notre revue ‘’N’gola’’ qui est, comme
le savons, un instrument de communication et d’information au sein de la communauté
angolaise de Suisse. C’est un moyen qui permet d’établir un lien et un dialogue constant avec
nos membres et aussi avec tous les lecteurs de notre journal.
Le choix de ce thème me pousse à exhorter mes compatriotes à saisir au travers de ces lignes
le pourquoi de notre revue et d’expliquer, par la suite la place qu’occupe notre journal au sein
de l’association. Serait-il une opportunité pour le président d’essayer d’établir une liaison
avec tous les membres et sympathisants de notre association, ainsi qu’aux autres personnes
intéressées à la cause angolaise !
Certes, mon ambition comme la vôtre sûrement, est de servir nos compatriotes immigrés en
Suisse et ailleurs, sans pour autant oublier nos confrères au pays. Et qui aujourd’hui et
toujours subissent des atrocités imposées par une guerre aveugle et sans raison d’être.
Depuis sa création en juillet 1983 jusqu’à présent s’est forgé de fournir des informations ou
autres types de nouvelles à ses membres et autres lecteurs intéressés par le journal. C’est pour
cela, nous ressentons forcément le besoin de communiquer quelques idées et réflexions sur ce
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qui se produit dans la communauté angolaise de Suisse ; les événements quotidiens et les
vécus de nos compatriotes, membres ou non.
Le but poursuivi par la revue est clair :
- Mettre à la disposition de nos membres un instrument les permettant de s’exprimer
librement et aussi informer les Angolais de la situation du pays.
Ce trait d’union doit permettre à chacun de nous de donner son avis sur les différents thèmes
traités ou aussi de donner leurs suggestions personnelles sur certains problèmes d’intérêt
général du pays.
Ainsi, je pense qu’ensemble, nous donnerons notre contribution à la promotion, non
seulement, de notre revue, mais aussi celle de notre association.
En contribuant de cette manière, je suis persuadé que chacun donnera sa participation directe
à la construction de la diaspora angolaise solidaire et fraternelle fondée sur des bases
culturelles angolaises.
Il nous serait donc utile à ce que nos membres et compatriotes puissent comprendre le rôle
majeur imprégné par notre revue. Et que pour sa survie, les moyens matériels et humains lui
sont nécessaires pour mieux fonctionner et surtout mieux répondre aux attentes de ses
membres et de ses lecteurs.
Nkosi Zassala Jean-Jacques, Président.
CULTE
Foi religieuse des Africains
Si, au cours des années, les communautés chrétiennes africaines s'institutionnalisent, ce sont,
à leurs débuts, des communautés émotionnelles. Les Africains cherchent à retrouver leurs
racines, les manières spécifiques d'organiser, d'animer, de célébrer un culte. Les chorales ont
une place importante, par la beauté des chants, de la langue qui est comprise, des catégories
(chants de réveil, d'ensemble, de Noël, de louange...), connus et qui produisent un sens. Les
prophètes et les prophétesses annoncent des paroles de la part de Dieu. Leur message soutien
la vie quotidienne de façon parfois plus forte que la prédication d'un pasteur ou d'un prêtre. Le
groupe cherche de l'intérieur forces et capacités pour résister à l'érosion du sens et se
réapproprier sa destinée.
N'Gola inaugure cette nouvelle page consacrée à la foi chrétienne des Angolais, ou des
Africains, en présentant les trois plus grands prophètes noirs de l'histoire religieuse en Afrique
centrale, à commencer par, Simon Kimbangu(RDCongo), puis, Simao Toko(Angola) et enfin,
André Matsoua(Congo-Brazzaville). Nous souhaitons que tous ceux qui veulent réagir ou
intervenir puissent nous écrire et nous dire leur témoignage de la foi.
(A. Sadi)
Simon KIMBANGU, Un prophète
Simon Kimbangu est né vers 1889 dans un village du Congo-Belge. On ne sait rien de son
enfance, sinon qu'il perdit ses parents et fut élevé par une tante qui l'envoya à l'école de la
Mission baptiste. Baptisé en 1915, il devient catéchiste.
A partir de 1918, Simon Kimbangu entend une voix : "Je suis le Christ...Je t'ai élu pour que tu
rendes témoignage à tes frères et que tu les convertisses". Mais Simon Kimbangu résiste à cet
appel.
Le 6 avril 1921, date considérée comme la date de fondation de l'Eglise kimbanguiste, Simon
Kimbangu visite une femme malade. Il se sent poussé à lui imposer les mains au nom de
Jésus-Christ : elle est aussitôt guérie. C'est pour Simon le début d'un ministère fructueux de
prédication et de guérison. Des milliers, puis des dizaines de milliers d'Africains accourent
pour entendre un prophète qui est des leurs et leur parle de Jésus comme un des leurs. Il se
défend pourtant de vouloir créer une nouvelle Eglise. Bible en main, il recommande la
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repentance et la foi en Christ seul, l'abandon des fétiches, condamne la polygamie, enseigne
l'obéissance aux autorités et la non-violence. Cette popularité inquiète vite l'administration
coloniale et au moins tout autant les missions occidentales, notamment les missions
catholiques qui bénéficient alors d'un statut proche d'une Eglise d'Etat. Le prédicateur est
accusé de propagande révolutionnaire et d'incitation au racisme anti-blanc.
Le 21 septembre 1921, il est condamné à mort par un tribunal militaire pour atteinte à la
sûreté de l'Etat. Le roi Albert 1er commue la peine en détention perpétuelle. Simon Kimbangu
est alors transféré à la prison de Lubumbashi, où il mourra trente ans plus tard.
Cette arrestation n'empêche pas le mouvement de se développer dans la clandestinité, malgré
une répression très dure.
En décembre 1959, six mois avant la proclamation de l'indépendance du Congo, le
gouvernement belge reconnaît enfin "L'Eglise de Jésus-Christ sur la terre par le prophète
Simon Kimbangu".
(Tiré de la revue Mission n°90, février 1999) A suivre…
Prochainement : Le prophète Simao Toko en Angola. Octobre 1997)
COURRIER DES LECTEURS
Le numéro 13 de N'Gola consacré à la "Mission Permanente angolaise auprès de l'ONU",
nous a valu d'abondants courriers et des réactions verbales amicales. Nous aurions voulu les
reproduire tous en entiers mais hélas, par manque de place, nous avons retenus que quelques
extraits. Un court texte vaut mieux qu'un long. Nous attendons encore d'autres pour le
prochain numéro. Encore une fois, nos remerciements.
<Fidèle lecteur de votre journal N’gola, je vous félicite de l'immense travail qui est fait au
niveau de la conception et aussi sa rédaction.
Un exemple à suivre pour les autres communautés africaines.
Suggestion : Après les rubriques Sports, musique et contes, n'aimeriez-vous pas inclure une
petite rubrique "Humour" pour clore le journal dans la bonne humeur?>Lenga (Genève)
Courrier reçu par E-Mail
<Je viens de lire votre journal Ngola et vous félicite pour l'excellent travail que vous
faites.(...)mais je trouve que vous n'êtes pas assez "ouvert" pour les Européens et les autres
populations, puisqu'à la lecture de vos articles, on ne voit que des articles des Angolais. A
Genève, ville internationale, vous devez s'ouvrir davantage. Il y a un effort à faire de votre
côté!> Gilles Fauchères, (de nationalité française), (Annemasse, France)
<...quel excellent travail pédagogique et informatif que vous faites pour votre communauté.
Continuez! Radio-Zone a d'ailleurs consacrée une émission sur l'Angola, à l'occasion de la
sortie du dernier numéro...> Philippe EKEKE, animateur de Radio-Zones - Genève,
(Gaillard, France)
SPORTS
Vernier IV : quel bilan
La saison 1998 - 1999 s'est terminée en juin dernier. Sortie troisième de son groupe, l'équipe
de l'Association des Angolais en Suisse, a de nouveau manqué son rendez-vous. Seul le
premier du groupe est promu. La fin, époustouflante, réalisée par notre équipe favorite n'a pas
pu y compenser le début du championnat catastrophique. Une chose est certaine, la vie de
l'équipe continue. Nous osons croire que la saison 1999-2000 sera la meilleure. Ce sera une
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très belle récompense pour toute la communauté angolaise de Suisse si nous pouvions fêter
l'an 2000 par une promotion en 4è Ligue. Nous avons le droit de rêver.
Quant au bilan, une fois n'est pas coutume, il sera extra-sportif. En effet, en créant cette
équipe, l'Association des Angolais en Suisse a mis l'accent sur la nécessité de permettre aux
jeunes Angolais de pratiquer leur sport de prédilection. C'est une dimension sociale de
l'équipe. L'encadrement de nos jeunes à travers l'équipe de football entre dans le cadre de
différents objectifs poursuivis par l'AAS (Association des Angolais en Suisse). Que dire à ce
sujet ? La poursuite de cette expérience malgré les difficultés financières, est déjà en soi une
raison de satisfaction.
Le sport rassemble. Il éduque et forge des personnalités. En maintenant l'équipe, l'AAS a
atteint un objectif social de premier ordre. Faire de cette équipe un club est le but à atteindre à
moyen terme. Il s'agit de créer une grande famille jouant pleinement son rôle de commission
spéciale de l'Association. C'est la condition première pour une adhésion remarquable de nos
jeunes à tous les objectifs de l'Association.
Il est donc nécessaire que l'équipe d'encadrement se penche également sur ce registre. Le
constat ne vaut pas un jugement. Faire un bilan extra-sportif est subjectif. Mais notre
engagement aura un sens que si tout le monde se reconnaît dans ce mini-projet comme un
maillon essentiel d'un grand projet qu'est l'Association des Angolais en Suisse. La vocation
sociale, culturelle et éducative, sera ainsi une réalité.
Certes, il faut faire un bilan, celui de l'équipe qui, sportivement, piétine mais donne à l'AAS
l'occasion de mesurer sa capacité de mettre au centre les préoccupations sociales, culturelles
et éducatives de ses membres. Que l'an 2000 soit celui de la promotion.
P. Kiangebeni
Angola : L'Angola, à l'image de sa situation interne, ne brille plus lors des compétitions sur
la scène sportive du continent. Quelques résultats résument bien cet état de la nonperformance de nos sportifs dans plusieurs disciplines.
Lors de la Coupe d'Afrique des Nations de Football, CAN 2000, au mois de juin dernier, à
Libreville au Gabon, l'Angola a été battu par le Gabon par un score douloureux de 3 buts à 1.
A noter qu'à la mi-temps, l'Angola était mené par 2 à 0.
De même pour la Coupe d'Afrique des Nations, de la catégorie des Cadets. La sélection
nationale de football angolais des jeunes de moins de dix sept ans, s'est inclinée face au Mali,
lors de la troisième et dernière journée comptant pour les éliminatoires de la compétition à
Conakry(Guinée), par un score de 2 buts à 1.
En basket, la sélection nationale des Séniors-garçons affrontera l'Algérie pour une
qualification pour la phase finale du Championnat d'Afrique des Nations de basket-ball, prévu
à Luanda, en Angola, du 27 juillet au 6 août. Une victoire à domicile est-elle possible? A
suivre A. SADI
Musiques
PACHA, un chanteur à la recherche de sa voie originale...
Il a du talent, une voix extraordinaire et l'étoffe d'une star de la chanson africaine ! Notre
ami PACHA est bien connu dans le milieu angolais et africain de Genève et de Suisse. Voire
même, partout en Europe et en Afrique. Pacha est un musicien. Un vrai. A son actif, trois
albums déjà. D'une facture de bonne qualité. Il prépare un quatrième. On l'attend avec
impatience. Faut-il le rappeler ? Son dernier album "Voyage ya poto" est une œuvre de
maturité et complète, qui confirme et dévoile tout le talent de cet artiste angolais de Genève.
Sympathique, il nous a accordé une interview.
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Peux-tu nous parler de ta carrière ?
Pacha : Que dire, sinon sans fausse modestie, je laisse les mélomanes juger mes œuvres. Ce
que je puisse dire de moi en définitif, ce que j'ai quitté l'Angola en 1983 pour venir
directement en Suisse. J'avais déjà écrit pas mal des chansons et fais partie d'une formation
musicale ". Depuis, avec mon pote Rivé Kono, nous avons sortis deux albums LP(long play),
que le public connaît très bien. C'était la série des chansons "Félisance" et "Vanga", et les
autres chansons de ce premier album. Ensuite, nous avons fait "Makambo likolo ya mapata".
Comme dans le premier disque, nous avions bénéficié du concours de Papa Wemba, le
"Kourou", le "parrain". Nous étions satisfaits du résultat obtenu, vu l'accueil que le public
nous a réservé. Les mélomanes nous ont plébiscité certes, mais, un artiste doit constamment
s'améliorer. J'ai sortis un CD il y a deux ans, intitulé "Voyage ya Poto". Un regard sur le
phénomène d'émigration des Angolais et Zaïrois, à l'époque de la grande vague d'exil du
continent. Ce fut un succès inattendu. Sollicité de partout, il fallait absolument suivre. C'est ce
que je fais. Aujourd'hui, les gens m'encouragent d'aller de l'avant. Donc, je poursuivrai sur
cette voie en s'améliorant, bien sûr.
.... Le succès a été immédiat avec "Voyage ya poto"...
Pacha : Oui, si j'en juge par cet enthousiasme manifeste! C'est certain que je ne me suis pas
trompé en touchant ce problème de notre émigration. Je parle aussi dans cette chanson de la
relation du couple en Afrique. L'homme est parti en Europe en promettant à sa moitié de lui
rester fidèle et demande à sa femme de faire de même. Ce qui n'est pas toujours le cas. Il y a
aussi le fait qu'une fois en Europe, l'Africain découvre que ce n'est pas le paradis espéré mais
plutôt l'humiliation parce que souvent, il est obligé de faire des travaux qui ne sont pas
toujours de sa formation initiale. Je reconnais que grâce à cette chanson que le public m'a
confirmé artistiquement parlant.
. Et le prochain album, c'est pour quand ?
Pacha : Pour très bientôt. Il est presque prêt. son titre "Souffrance gratuite". Le CD contiendra
en tout 8 chansons nouvelles et quelques reprises de mes succès précédents, à la demande
générale de mes fans.
. As-tu un groupe ?
Pacha : Oui. J'ai fondé un groupe lors de mon dernier voyage à Kinshasa, "La Geneva
Musica".
. Quel conseil peux-tu donner aux jeunes musiciens angolais ou congolais qui débutent?
Pacha : Il faut s'accrocher. La musique est un métier. Très difficile. Un musicien africain doit
savoir ce qu'il veut et croire à ce qu'il fait. Pour ma part, je veux passer un message dans mes
chansons. Pour ce métier, l'artiste-musicien doit avoir la force et la volonté de réussir. En
seize ans de carrière, et des albums à l'actif, je sais de quoi dont je parle. Ce n'est pas toujours
facile, le succès. Du travail, du travail et encore du travail (...et notre ami Pacha de
chantonner)
. As-tu des projets ?
Pacha : J'ai passé en "Live" avec Bozi Boziana à Vervier, en Belgique. Bientôt, je serai en
concert à Lyon, en France, et à Genève. Ce qui me tient à cœur, c’est mon prochain CD. Je ne
veux pas décevoir mes fans qui m'ont soutenu et aimé mes précédents albums.
(Propos recueillis par Alfonso Sadi)
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Poèmes
Le sens de l'existence
Homme que tu te crois
Sais-tu que la vie
C'est autre chose que le présent
Que tu vis ?
Toute ta vie, tu as vu, entendu,
Mais tu te tais !
Or, voir, c'est chercher à comprendre
Et comprendre est un signe d'un pas vers l'avant.
Homme en qui la tristesse voile
Sors de ton ombre
Et découvre la réalité des choses.
Donne un sens à ta vie
Cherche toujours à te surpasser
Car une vie qui se fige
C'est une vie qui se meurt lentement.
Homme, marque ton passage sur cette terre
Et quand tu comprendras tout cela
C'est la voix de la sagesse même
Qui dictera ta conscience.
Alfonso Sadi
Óh máe África
Desejo-te-pela enorme abundância de culturas
Óh máe África
Desejo-te, tú que provaste aos povos antigos
Óh máe África
Desejo-te, tú que todos, têm ciúmes da sua beleza
Óh máe África
Desejo-te, na abundância de terras ricas para todas as éspécies e aeres
Óh máe África
Desejo-te, tu que confunde os homens na origem da criaçáo dos primeiros homens
Óh máe África
Desejo-te, porque dãs-me entender, que ali viveu
O jardim de Edem
Óh máe África
Desejo-te, porque és o paraíso, de plantas, de animais,
de minerios e pedras preciosas, elas são a sua beleza natural
Óh máe África
Desejo-te, tu que …….o nilo onde pôs a sua própria mão
Óh máe África
Panzu M. Samuel
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Angola : Meu coração
Que bela são as pétalas do seu peito!
A sua saliva, mais saborosa que o mel!
Os seus cabelos cheiram a savana frutífera da amazonia!
Prefero andar atràs dos seus passos ver como é as suas pernas fazem estremecer o solo que
pisas!
Óh minha...cujos os olhos mais brilhantes que o sol do meio-dia, me obrigam ignorar o
espelho artificial!
Tú, cujos os labios, são a fonte que satisfaz a minha sede, quando escorrigo os meus labios
sobre os teus, vibram as ondas dos meus musculos!
As suas entranhas é o segrego que nunca partilharei!
Volta óh filha, saber como é dificil esquecer aquela que amamos, seria facíl se não
procurasse conhecer-te
Tu, que me transmitiste o veneno que não mata, mas faz secar os olhos de quem ama.
Aprendas a perdoar para conheceres o preço do maor!
Os seus dois olhos, fazem ver senão o norte, e fecha a visão do leste e westw, para que não
saibasquem são os mais perigosos no sul!
Busca a sua paciencia, onde a guardaste
Defenda com coração aquilo que escolhemos, antes que não seja tarde.
Aceitaria ser o mais humilhado por sua causa, e adiado por aqueles que nos tentam separar!
Panzu Mambuene Samuel
L’Angola
Est un pays pleine de vie
De bonheur et de malheur
De pleures et de joies
De pauvreté et de richesse
De guerre et d’accalmie
Ainsi, l’Angola est un pays a deux faces: l’une de la guerre et l’autre de la paix.
Jennifer Nkidiaka (12ans)
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