1589 mort de catherine de medicis
Transcription
1589 mort de catherine de medicis
1589 MORT DE CATHERINE DE MEDICIS A l’automne de 1588, puisqu’Henri III ne tenait plus aucun compte de ses conseils, Catherine de Médicis – elle savait que le roi devenait le jouet de ses maladives impulsions – avait décidé de se retirer de la scène politique. Pour le salut de la France, elle avait joué, près d’un tiers de siècle, le premier rôle. Le 13 avril prochain, elle aurait 70 ans. La dure et terrible vie menée au service de l’Etat, lui avait permis d’assouvir sa passion de régner et de réaliser sa volonté de puissance et en déployant son génie politique. Cette vie l’avait consumée. Depuis septembre 1588, elle était malade. Une congestion pulmonaire avait failli l’emporter, à la mi-décembre. La maladie s’ajoutait à l’effroyable déception de voir Henri III s’improviser chef d’Etat. Parfois, Henri III l’entretenait de ses inquiétudes grandissantes, car il était aussi lucide qu’instable. Alors, elle reprenait courage. Mais elle avait des intuitions qui ne pouvaient la tromper ; elle sentait que son fils préméditait, en lui cachant son dessein, un coup de force. Henri de Guise, contre qui se préparait ainsi le coup de force, était le roi de Paris, combien plus puissant que le roi de Blois. Celui-ci n’avait qu’un désir ; se débarrasser par un meurtre, du roi de Paris. Toujours bien informée, Madame Catherine n’avait aucun doute à ce sujet, et elle se voyait impuissante à contrecarrer ce désir de vengeance. L’avant-veille de Noël, Henri mettait sa mère en présence du fait accompli : il lui dit qu’il venait de faire exécuter le Guisard (duc de Guise, dit le balafré) le matin même. 25 décembre, la vieille Madame Catherine avait appris le second meurtre, celui du cardinal de Guise, frère du balafré, exécuté lui aussi, par les Quarante-cinq (garde du roi Henri III). Aux Carrefours de l’Histoire 1589 MORT DE CATHERINE DE MEDICIS Jour d’angoisse que cette semaine. Catherine commente au roi les nouvelles de Paris soulevé, l’excommunication inévitable à cause du meurtre du cardinal. Une seule voie de salut est possible, renouer l’alliance avec le roi de Navarre. C’est pourquoi, le 1er janvier, elle a décidé de se rendre auprès de Charles de Bourbon, ami des Ligueurs et, pour cette raison, captif d’Henri III ; il est en outre, l’oncle d’Henri de Navarre (futur Henri IV), en lui apportant la promesse de la vie sauve. Catherine espère pouvoir lui demander d’être un intermédiaire, d’abord entre le roi de Blois et celui de Paris, ensuite entre ces derniers et le Béarnais. L’échec fut complet. Sans être un imbécile, le futur Charles X (Charles Ier de Bourbon) de la Ligue était un esprit lourd. Il refusa tout accommodement. Il se contenta de reprocher, gémir et pleurer. Le triste princesse revient, anéanti, de cette vaine entrevue. Ce qui l’achève, c’est que le cardinal a osé l’accuser d’avoir collaboré du meurtre des Guises. Elle rentra chez elle, transie de froid, le désespoir au cœur. L’imprudence volontaire qu’avait commise la reine, devait lui être fatale. Au dessous du cabinet du roi, la chambre maternelle n’offre désormais qu’une gisante qui va mourir, mais elle a gardé sa vaillance. Son astrologue ne lui at-il pas prédit qu’elle mourrait près de Saint-Germain, Blois en est loin ! Le jeudi matin, 5 janvier 1589, elle dicte à ses notaires, un très long testament. Elle « veut et ordonne que son corps soit inhumé en l’église SaintDenis-en-France, la nécropole royale. Elle avait veillé à la construction d’une chapelle en rotonde, accotée à l’abbatiale. Aux Carrefours de l’Histoire 1589 MORT DE CATHERINE DE MEDICIS Il est une heure. Henri demande à sa mère de recevoir les dernies sacrements. Elle acquiesce pour lui faire plaisir. Un aumônier du roi qu’elle ne connaît pas, entre dans la chambre… « Comment vous appelez-vous ? » « Julien de Saint-Germain ! » « Je suis morte ! » A une heure et demie, la mère de trois rois de France1 expira. A son chevet, Henri III égrenait son chapelet à têtes de morts… Puis il s’en alla, et le cadavre de Madame fut abandonné, nous dit le chroniqueur, « Que celui d’une chèvre morte. » Cette chapelle inachevée à la date de sa mort, ne fut jamais terminée et peu à peu, tomba en ruine. Elle finit par être démolie en 1719. L’unique exigence de Catherine de Médicis, fut d’être ensevelie auprès d’Henri II (celui qui mourut d’un coup de lance dans l’œil), son époux. Quant aux obsèques, elle s’en remet à la volonté du roi son fils. 1 François II – Charles IX – Henri III Aux Carrefours de l’Histoire