Rue Frontenac - Le comédien Bruno Diquinzio condamné, libéré

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Rue Frontenac - Le comédien Bruno Diquinzio condamné, libéré
Rue Frontenac - Le comédien Bruno Diquinzio condamné, libéré... puis arrêté
Écrit par David Santerre
Mardi, 31 août 2010 16:00 - Mis à jour Mardi, 31 août 2010 18:15
Petit mafieux spécialisé dans la distribution de baffes à l’écran, petit gangster dans la vraie vie,
le comédien Bruno Diquinzio a été condamné, mardi matin, à purger une peine de 42 mois de
prison prenant fin… aujourd’hui même! Mais il n’est pas libre pour autant parce qu’il s’est
aussitôt envolé, escorté par des agents de la GRC, pour Vancouver où il doit comparaître à 10
h mercredi pour une affaire de drogue.
L’enquête qui a mis les policiers de l’Ouest sur la piste de Diquinzio, 44 ans, est des plus
surprenantes. C’est en traquant les tueurs d’un homme assassiné dans l’enquête sur l’attentat
contre l’avion d’Air India que les limiers se seraient mis sur la piste de Diquinzio, qui n’est
pourtant accusé de rien relativement à ce meurtre.
Bruno Diquinzio avait personnifié Tony «Two», casseur de jambes et gendre du caïd Tony
Potenza, incarné par Paolo Noël, dans la populaire télésérie Omerta, diffusée à Radio-Canada
à la fin des années 1990.
Pour lui comme pour deux autres acteurs ayant incarné des mafiosi dans Omerta – Dino
Tavarone, qui a été condamné à huit ans de prison pour trafic en 1988, et Tony Conte, qui
attend son procès pour importation de coke –, la réalité a dépassé la fiction.
Le 27 novembre 2008, il était arrêté par la Sûreté du Québec parmi 45 présumés membres d’un
réseau de trafiquants de drogue un peu partout dans la province. Si plusieurs des suspects
portent des noms italiens, ils étaient pour la plupart des relations des Hells Angels, précisait à
l’époque la SQ .
Des perquisitions avaient alors été effectuées chez Diquinzio et dans un entrepôt qu’il
possédait.
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Écrit par David Santerre
Mardi, 31 août 2010 16:00 - Mis à jour Mardi, 31 août 2010 18:15
Le temps déjà purgé
Il y a quelque temps, il a plaidé coupable de complot pour trafic de stupéfiants et possession
d’une arme à feu à autorisation restreinte sans en détenir le permis.
À l’étape de la sentence mardi, le juge Jean-Paul Braun, de la Cour du Québec, s’est rendu à la
suggestion commune des avocats, M es Joseph La Leggia pour la défense et Guylaine
Sauvageau pour la Couronne, en condamnant Diquinzio à 21 mois de détention, ce qu’il a
purgé depuis son arrestation dont le temps compte en double, soit 42 mois.
On a également saisi des téléphones cellulaires, une veste pare-balles et une arme à feu à
celui qui avait déjà été condamné à trois ans de pénitencier en 2000 pour trafic et possession
d’un véritable arsenal.
Mais on lui a surtout remis plus de 40 000 $ saisis chez lui lors de son arrestation.
En principe, cela aurait dû se terminer là. Il aurait dû retourner à la prison de
Rivière-des-Prairies pour récupérer ses effets personnels et rentrer chez lui.
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Bruno Diquinzio
Voyage sur la côte Ouest
Mais dans la salle d’audience, des policiers de la GRC venus de Vancouver l’attendaient.
«Il doit se présenter en cour à Vancouver à 10 h (mercredi)», a annoncé l’un d’eux au juge
Braun.
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Écrit par David Santerre
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«Il a un avion à prendre à 18 h (mardi) soir», a-t-il ajouté, ce qui a laissé perplexes les officiers
de la cour qui connaissent bien la lenteur de l’appareil…
«Cela peut-il attendre demain? Il aimerait voir sa conjointe en prison avant de partir. Il ne pourra
jamais être sorti pour 18 h», a commenté M e La Leggia.
Mais rien n’y fit. Diquinzio devrait prendre l’avion en fin de journée mardi et être amené devant
un juge comme prévu mercredi matin.
Il y est accusé, en compagnie de deux autres Montréalais, Jean-Gaétan Gingras et Luc Bolea,
d’avoir comploté pour importer à Vancouver de la cocaïne en provenance du Mexique.
Meurtre lié à l’affaire d’Air India
Mais ce qui est le plus étonnant dans cette affaire, c’est ce qui a mené les enquêteurs de la
GRC de Vancouver au trio montréalais.
Car les limiers de l’Ouest avaient émis leur mandat d’arrestation à l’encontre de Diquinzio dans
cette affaire bien avant la rafle de la SQ de novembre 2008. Six mois plus tôt en fait, ils
émettaient un communiqué de presse annonçant qu’on demandait la collaboration du public
pour retracer Diquinzio à la suite d’une enquête.
«Cette enquête a été menée, dans le cadre du Projet Expedio, par un groupe de travail de la
GRC chargé d’enquêter les complots dirigés contre Tara Singh Hayer, éditeur d’un journal, ainsi
que l’assassinat de celui-ci en 1998. Les policiers responsables se sont rendus à Montréal afin
de poursuivre leur enquête», lisait-on dans ce communiqué.
On y précisait toutefois que «Luc Bolea et Bruno Diquinzio ne semblent pas être impliqués dans
un complot impliquant Tara Singh Hayer».
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Écrit par David Santerre
Mardi, 31 août 2010 16:00 - Mis à jour Mardi, 31 août 2010 18:15
Hayer assassiné en novembre 1998
Selon le quotidien Vancouver Sun , Hayer, un éditeur tapageur, venait tout juste d’accepter de
témoigner à l’enquête sur l’attentat contre un avion d’Air India en juin 1985 quand il a été
assassiné.
Et en 2003, lors d’un procès dans le milieu des gangs de Vancouver qui n’avait aucun lien avec
ce meurtre, pas plus qu’avec Diquinzio et sa bande, il aurait été mentionné que Hayer avait été
abattu à la demande d’une organisation terroriste qui aurait dépensé 50 000 $ pour le faire taire
à jamais. Et les assassins de Hayer auraient également commis d’autres meurtres dans le
milieu interlope de la métropole de l’Ouest.
Ainsi, l’équipe de détectives affectés à la traque des assassins de Hayer aurait élargi son
enquête à tous les meurtres non résolus de gangsters de la région. Et de cette enquête aurait
découlé l’arrestation de Diquinzio.
Celui-ci n’est accusé, ni de près ni de loin, d’aucun crime lié au meurtre d’Hayer.
Quel lien les enquêteurs ont-ils donc pu faire entre l’affaire Hayer et le comédien montréalais?
Les policiers de la GRC refusent de le mentionner.
Il faudra attendre au procès pour le savoir.
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