MON AMIE VICTORIA

Transcription

MON AMIE VICTORIA
Collectif Eldo / Actualités
No 2015/2 (8 janvier 2015)
Mon amie Victoria
La rançon de la gloire — P’tit Quinquin
The Smell of Us
Le film mystère
Prochains rendez-vous à l’Eldo
Actuellement à l’Eldorado
MON AMIE VICTORIA
un film de Jean Paul Civeyrac
« J’aimerais vous raconter l’histoire de Victoria, une histoire qui aurait pu avoir un autre cours, se terminer
autrement, et rendre mon amie plus heureuse. Je me dis souvent que, peut-être, j’aurais pu y changer
quelque chose, mais est-ce si certain ? »
Victoria et Fanny sont amies, presque sœurs. Ces deux jeunes femmes noires sont pourtant très
différentes l’une de l’autre : alors que Fanny s’intègre pleinement à la culture européenne, Victoria
semble restée africaine — par sa sensualité, son indolence, sa soumission aux Blancs. Serait-ce la nuit
où, enfant, Victoria fut hébergée dans l’appartement bobo d’un de ses camarades de classe qui est
l’origine de son absence au monde ? En tout cas, cet événement presque insignifiant marqua sa vie à
tout jamais.
Il ne faut pas chercher dans ce film un discours sur le déterminisme social ou ethnique, ni une charge
contre le racisme ordinaire. Jean Paul Civeyrac montre plutôt comment un reste de pensée coloniale est
encore à l’œuvre aujourd’hui : évidemment la bienveillance de la famille Savinet se révèle empreinte de
bien-pensance, de paternalisme et d’attrait de l’exotisme, mais, plus finement, le réalisateur décrit ce
sentiment d’infériorité qu’éprouve Victoria face à une société dont elle se sent étrangère, même lorsque,
devenue adulte, elle n’est plus dupe des apparences et prend conscience de l’égoïsme des Savinet.
À l’instar du concerto de Copland qui ponctue le film, Mon amie Victoria se déploie cantabile, laissant
une part de mystère au personnage principal, contrairement à l’approche psychologique et sociologique
marquée du texte de Doris Lessing dont il est inspiré. Un mélodrame qui tente de cerner le sentiment
d’exclusion de manière originale, sans discours préfabriqué ni révolte démonstrative.
Mon amie Victoria (France ; 2014 ; 95’ ; 2.39:1), film écrit et réalisé par Jean Paul Civeyrac, d’après la nouvelle Victoria et les
Staveney (Victoria and the Staveneys) de Doris Lessing ; image de David Chambille, son de François Méreu et Stéphane
Thiébaut, montage de Louise Narboni ; avec Guslagie Malanda (Victoria), Nadia Moussa (Fanny), Catherine Mouchet (Elena),
Pascal Greggory (Lionel), Keylia Achie Beguie (Victoria enfant), Alexis Loret (Édouard), Pierre Andrau (Thomas). Distribué par
les Films du Losange.
Et aussi…
La rançon de la gloire
P’tit Quinquin
La rançon de la gloire
La rançon de la gloire (France ; 2014 ; 94’ ; 2.39:1), film réalisé par Xavier Beauvois, écrit par Xavier Beauvois et Étienne
Comar ; musique de Michel Legrand, image de Caroline Champetier, montage de Marie-Julie Maille ; avec Benoît Poelvoorde
(Eddy Ricaart), Roschdy Zem (Osman Bricha), Séli Gmach (Samira), Chiara Mastroianni (Rosa), Nadine Labaki (Noor), Peter
Coyote (John Crooker), Dolores Chaplin (M lle Chaplin), Eugène Chaplin (l’intendant du cirque), Xavier Beauvois (Monsieur
Loyal), Olivier Rabourdin (le médecin). Distribué par Mars Distribution.
« À la Mostra, un duo de bras cassés ravive la mémoire de Charlie Chaplin » par Isabelle Regnier (Le Monde)
La magie opère dès les premières minutes […]. Un plan frontal sur les deux passagers silencieux, Benoît
Poelvoorde et Roschdy Zem, impose avec la force de l'évidence ce nouveau grand tandem, le dingo et le
roc consciencieux, qui convoquera au cours du film la mémoire de tant d'autres qui l'ont précédé. […]
Commence alors l'épopée désopilante, pleine de suspense et d'émotion, de ces deux bras cassés. Beauvois
la met en scène en conjuguant une formidable attention au travail (un cercueil, ça ne se déterre pas en
trois coups de pelle !) avec une dimension onirique qu'il fabrique en ravivant la mémoire des films de
Chaplin — un jeu avec les antennes d'une télévision lors d'un repas de Noël qui rappelle la danse des petits
pains de La Ruée vers l'or, la musique des Lumières de la ville qui dialogue avec la partition de Michel
Legrand… —et d'autres enchanteurs comme Fellini, Demy ou Coppola…
Xavier Beauvois fait souffler leur esprit dans notre monde désenchanté, où la bricole et l'amateurisme ont
pris le pas sur le perfectionnisme de l'ère classique. Il n'aurait pu trouver meilleur interprète que Benoît
Poelvoorde, comique déglingué en passe de devenir un des acteurs les plus crédibles du cinéma français.
Dans le rôle de ce rêveur foireux qui trouvera sa vocation en rejoignant un cirque ambulant, il est d'une
grâce absolue.
P’tit Quinquin
P’tit Quinquin (France ; 2014 ; 200’ ; 2.35:1), film écrit et réalisé par Bruno Dumont ; photographie de Guillaume Deffontaines,
casting de Clément Morelle ; avec Alane Delhaye (P’tit Quinquin), Lucy Caron (Ève Terrier), Bernard Pruvost (Commandant
Van der Weyden), Philippe Jore (Lieutenant Carpentier), Raphaël Mourgues (le procureur). Diffusé en quatre épisodes de 52’.
Dernière diffusion les vendredis 9 (épisodes 1 & 2) et 16 janvier (épisodes 3 & 4).
« Bruno Dumont : “ Dans P’tit Quinquin, il y a tout, la déconnade et les larmes ” », entretien par Serge Kaganski
et Olivier Joyard (Les Inrocks)
Mais enfin, c’est impossible de travailler avec des gens si vous vous foutez de leur gueule ! Si on n’aime
pas ses acteurs, ils ne vous donnent rien. Quand j’entends ce genre de remarques, comme quoi je serais
condescendant, moqueur, je me dis que ceux qui les profèrent n’aiment pas les gens. Je filme les gens
simplement, tels qu’ils sont. Le garçon qui joue P’tit Quinquin, il est comme ci et comme ça, dans la vie
comme dans le film, voilà, je ne vois pas ce que ça a d’extraordinaire. Les flics, ou l’oncle handicapé mental
sortent un peu plus de l’ordinaire. Peut-être, mais j’ai rencontré les familles, les éducateurs. L’oncle
handicapé fait un vrai travail d’acteur, ce n’est pas du documentaire. Il joue, avec ce qu’il est, mais comme
n’importe quel acteur. Juliette Binoche dans Camille Claudel 1915 fait la même chose : il y a 70 % de ce
qu’elle est et 30 % de travail.
Je ne vois pas pourquoi un handicapé ne serait pas acteur. J’ai envie de travailler avec des gens, avec la
diversité de ce qu’on est. Il y a des petits, des grands, des gros, des laids, des handicapés, ben voilà. En
général, au cinéma, les acteurs sont racés. Les enfants mignons du cinéma, je ne supporte pas. Les beaux
acteurs, j’y crois pas, parce que ce n’est pas vrai. Quinquin, il a le nez de travers mais il finit par être beau.
Le beau ne réside pas dans le physique. Moi, j’aime être touché et toucher avec des gens dont le physique
ne correspond pas forcément aux critères de la beauté du cinéma. Les jugements moraux du genre « on
n’a pas le droit de travailler avec des chômeurs ou des handicapés », c’est débile !
Ce qui compte, c’est ce qu’on fait, c’est le travail. Ce qui s’était passé à Cannes pour L’Humanité, quand
les acteurs se sont fait siffler, c’était vraiment dégueulasse ! Chez moi, les acteurs jouent, bossent, ce n’est
pas Strip-Tease.
L’eau à la bouche
THE SMELL OF US
Sortie à l’Eldorado le 14 janvier 2015
De
Catherine, la cliente : Ça te fait peur, ce corps détruit ?
Minh, l’escort : Non.
Catherine : Mais c’est pas pour autant excitant, n’est-ce pas ? Tu sais ce qu’a dit mon mari juste avant de clamser ?
Il a dit : « On laisse tous une chaussure dans le frigo de quelqu’un d’autre et puis plus rien ».
Minh : J’comprends pas.
Catherine : Moi non plus. Tu mets le sens que tu veux. C’est l’avantage avec les paroles des fous.
Minh : Madame… Catherine, j’fais une bêtise ?
Catherine : T’as pas besoin de réponse manifestement.
Minh : Merde !
Catherine : Viens plus près.
Sans doute, comme d’habitude, ce film de Larry Clark fera polémique : on parlera de vulgarité, de
pornographie déviante, à la limite de la pédophilie — ou bien on évoquera le déroulement chaotique du
tournage, déjà sujet d’une mini-série documentaire sur Arte, Un été avec les Kids de Larry Clark. Bref, on
parlera de tout, sauf du film. Et ce serait dommage…
Dommage parce que ce film est une œuvre majeure de Larry Clark, peut-être la plus intense, et l’une des
plus personnelles — que le film s’ouvre sur un Larry Clark en Rockstar, clochard éthylique au corps
ravagé, amateur de Nerval, n’est pas innocent. Il ne faudra pas y chercher la description fidèle du milieu
des skateurs parisiens, mais le prolongement des travaux du photographe-cinéaste depuis Tulsa, son
premier recueil de photographies (1971), enrichis ici par la multiplicité des outils de « filmage », dont
des smartphones. The Smell of Us est sans nul doute l’un des films marquant d’une année
cinématographique 2015 pleine de promesses.
The Smell of Us (France ; 2014 ; 92’ ; 1.85:1), film réalisé par Larry Clark, écrit par Scribe (Mathieu Landais) et Larry Clark ;
image d’Hélène Louvart, montage de Marion Monnier ; avec Lukas Ionesco (Math), Diane Rouxel (Marie), Théo Cholbi
(Pacman), Hugo Behar-Thinières (Jp), Rayan Ben Yaiche (Guillaume), Adrien Binh Doan (Minh), Larry Clark (Rockstar et le client
fétichiste), Maxime Terin (Toff), Dominique Frot (la mère de Math), Franck Molinaro (Jacques). Distribué par Jour2fête.
Interdit aux moins de 16 ans avec avertissement
Le film mystère
Bravo aux Alain D. et Jean-Pierre B. qui ont reconnu en même temps Les moissons du ciel (Days of Heaven, 1978)
de Terrence Malick avec un Sam Shepard quasi inconnu à l’époque — ce sera sa prestation dans L’étoffe des héros
(The Right Stuff, 1983) de Philip Kaufman qui le rendra célèbre dans le monde entier. Le septième long-métrage
de Terrence Malick, Knight of Cups, devrait sortir cette année.
Avec son premier long-métrage, Fidelio, l’odyssée d’Alice, Lucie Borleteau avait séduit le jury du Festival du film
de Locarno qui récompensa l’actrice Ariane Labed du prix de la meilleure interprétation féminine. La réalisatrice
a elle-même été actrice auparavant, en particulier dans le film mystère duquel nous avons extrait l’image qui suit.
Deux places gratuites seront offertes à la première personne qui trouvera le film mystère. Si vous le
reconnaissez, envoyez son titre et le nom du réalisateur, soit par mail à [email protected], soit sur
papier libre à remettre à l’accueil du cinéma. Et n’oubliez pas d’indiquer vos nom et adresse (mail ou postale)
pour que nous puissions vous contacter en cas de bonne réponse.
Prochains rendez-vous à l’Eldo
Janvier












Vendredi 9, 20 h 30 : P’tit Quinquin de Bruno Dumont, épisodes 1 & 2, avec restauration ch’ti (4 € l’épisode).
Mardi 13, 20 h : Conférence illustrée Marcel Duchamp est-il un artiste si conceptuel que ça ? par Marc Décimo du
Collège de ‘Pataphysique (5 €).
Vendredi 16, 20 h 30 : P’tit Quinquin de Bruno Dumont, épisodes 3 & 4, avec restauration ch’ti (4 € l’épisode).
Mardi 20, 20 h 15 : Projection de Les règles du jeu en présence du réalisateur Patrice Chagnard.
Du mercredi 21 au mardi 27 : Festival Télérama (3 € 50 pour les spectateurs munis d’un pass Télérama).
Mercredi 21, 16 h : Ciné-jeux Le garçon et le monde (6 €).
Mercredi 25, 10 h : Ciné-p’tit déj Le garçon et le monde (6 €).
Du jeudi 29 au dimanche 1er février : Projections dans le cadre du festival Toute la mémoire du monde.
Vendredi 30, 20 h : Mouchette, suivi d’une rencontre avec la critique Charlotte Garson dans le cadre du festival
Toute la mémoire du monde.
Samedi 31, 9 h : Atelier cinéma spécial « Billy Wilder » animé par Aurélio Savini (8 €, réservation obligatoire).
Samedi 31, 11 h : Conférence Introduction à l’œuvre de Francis Ford Coppola : « La veine familiale » par la critique
Charlotte Garson dans le cadre du festival Toute la mémoire du monde (5 €).
Samedi 31, 16 h : Projection de National Gallery de Frederick Wiseman, précédée d’une présentation de Laure
Ménetrier, responsable des musées de Beaune.
Février




Dimanche 1er : Ciné-p’tit déj Gus, petit oiseau, grand voyage, avant-première suivie d’une discussion avec la
Ligue de protection des oiseaux (6 €).
Lundi 2, 20 h 15 : Avant-première d’Amour fou en présence de la réalisatrice Jessica Hausner.
Mardi 3, 20 h 15 : Projection d’À la recherche de Vivian Maier, suivi d’une rencontre avec le photographe
Philippe Bazin.
Mercredi 4, 20 h 15 : Avant-première de La belle jeunesse en présence du réalisateur Jaime Rosales.
Collectif Eldo est une association de spectateurs dont l’objectif est de soutenir l’Eldorado, tant le lieu que la programmation. Concevoir des
tracts ou des affiches, les diffuser, écrire des textes de présentation ou de réflexion sur les films, composer des revues de presse, organiser
des soirées, des débats ou des cycles, maintenir un site Web, accueillir le public ou des cinéastes, imaginer de nouvelles façons de soutenir
les films, chercher un nouveau public ou démarcher des associations, pour tout cela et pour bien d’autres encore (dont certaines restent à
imaginer), Collectif Eldo a besoin de toutes les bonnes volontés. Si vous aimez l’Eldorado — et c’est sans doute le cas si vous recevez ce
message — et si vous avez un peu de temps à lui consacrer, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse [email protected] ou à vous
adresser à l’accueil du cinéma.
Collectif Eldo
[email protected]
Web : http://cinemaeldorado.wordpress.com/collectif-eldo/
Facebook : https://www.facebook.com/lecollectifeldo
Adresse postale :
Collectif Eldo
c/o Cinéma Eldorado
21 rue Alfred de Musset
21 000 DIJON