heracles 15 mai-juin - Lenculus-le

Transcription

heracles 15 mai-juin - Lenculus-le
HÉRACLÈS
N°15
MAI-JUIN
2006
LA LETTRE D’INFORMATION ET D’ECHANGE DE LA COMMUNAUTE DOCTRINALE
Editorial
uelle que soit la qualité des instruments, il est bien difficile de produire une
bonne musique interarmes, pourtant essentielle à l’efficacité opérationnelle
des forces terrestres ! Beaucoup d’éléments et les meilleures vraies raisons se
conjuguent pour rendre la formation collective et l’entraînement difficile dans ce
domaine ; la prise de conscience est désormais générale.
Q
Est-ce un problème de programmation et de manque de temps ? Est-ce un
problème de formation initiale ou de formation ultérieure ? Est-ce un problème
d’environnement, de dispersion géographique, d’éloignement des unités entre
elles ? Est-ce un problème d’insuffisance ou d’inadaptation des moyens
d’entraînement ? Est-ce un problème de doctrine ? Est-ce parce que l’Armée de
terre est trop “armo-centrée” dans son organisation et sa mentalité ? Est-ce la
nature des opérations dans lesquelles sont engagées aujourd’hui les unités ?
Réponse : tout cela est vrai, pour partie.
Alors ? Alors, chacun à sa place à la table de mixage ! Ce sont sur tous ces boutons
de réglage que chacun, dans son rôle, doit s’efforcer de jouer pour que,
progressivement, la musique interarmes soit – non pas parfaite, ce serait
beaucoup trop demander compte tenu des contraintes incontournables – mais
suffisamment harmonieuse pour consolider les capacités globales de nos forces et
la bonne synergie de ses composantes, en particulier aux “bas” niveaux tactiques,
GTIA mais surtout SGTIA.
Pour leur part, le CPF et le CDEF ont conjointement organisé à Mailly, les 12 et
13 avril derniers, les premières “Rencontres de l’interarmes”. Elles ont réuni
une centaine d’officiers supérieurs et généraux des communautés opérationnelle
et doctrinale, mais aussi de l’administration centrale, et ont été conclues par le
général commandant la force d’action terrestre. Répartis en groupe de travail, de
manière pragmatique, tous ces responsables se sont interrogés sur les voies qu’il
convenait peut-être d’emprunter dans les domaines de la connaissance mutuelle,
du dialogue et de la coopération interarmes… et ils en trouvé quelques unes !
Gageons, à cette aulne, que la volonté de chacun permettra bientôt de pallier une
partie des inévitables difficultés auxquelles se trouvent confrontées nos
formations.
GBR Vincent DESPORTES
commandant le Centre de doctrine
d’emploi des forces
A
p.
p.
p.
p.
p.
LA UNE
3
4
12
13
23
Avoir une appréciation juste et claire de la place de la BFST
GRIFFON 06
PC/GFS, coordination avec une force
Groupement de forces spéciales : un fonctionnement original du PC
L’errance de la pensée militaire française
Le mot
du directeur
de publication
Dans ce 15e numéro de Héraclès,
la parole est donnée à la Brigade
des forces spéciales Terre, brigade
bien spécifique, qui nous fait part
aussi de son expérience de grande
unité interarmes, de ses réflexions
sur l’emploi de ses unités et l’organisation du commandement de ses
éléments, mais qui, bien sûr, évoque
peu ses activités opérationnelles.
Notre prochain numéro, le N° 16,
qui paraîtra fin juillet, donnera la
parole à l’Etat-major de force N° 3.
Le suivant (N° 17) sera réalisé avec
la 9e BLBMa.
Directeur de la publication
Général (2s) Jean-Marie Veyrat
Rédacteur en chef
Capitaine Stéphane Carmès
Mise en page
Christine Villey
Impression
Section Conception Impression
du CDEF
Création de la maquette
Nathalie Dujardin
Héraclès en ligne :
www.cdef.terre.defense.gouv.fr
Sommaire
2
3
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
EDITORIAL
15
Pôles de compétence et
effectifs contraints par le 1er RPIMa
ACTUALITES
16
Le renseignement
dans les FST par le 13e RDP
17
Le DAOS : éclairage sur
une unité spéciale par DAOS
19
La numérisation des SIC à la BFST
Avoir une appréciation juste et
claire de la place de la BFST
par le Général HELLY, commandant la Brigade
des forces spéciales terre
4
GRIFFON 06 par l’EM BFST/Etudes
5
JANUS, pourquoi, comment ?
par l’EM BFST/SIC
20
Les enjeux du futur :
la numérisation des forces
spéciales terre par l’EM BFST/SIC
21
1er RTP : pour un projet
ambitieux sur Toulouse par le
par l’EM BFST/Emploi
7
Protection rapprochée et
accompagnement d’autorités
par l’EM BFST/Etudes
8
Colonel RODIER Claude, commandant le 1er RTP
Le SIC de groupement deforces
spéciales par l’EM BFST/SIC
TRIBUNE LIBRE
RETEX
9
11
2006
Partenariat entre le 6e RMAT et
le Instandsetzungsbataillon 210 :
un plus pour l’interopérabilité
23
L’errance de la pensée militaire
française par le chef de bataillon
de La ROQUE - 119e promotion de l’E.S.G
(CSEM)
par le Capitaine MASINI Chef opérations au
BMOI du 6e RMAT
27
La méthode de tir de combat
du 1er RPIMa par un officier du 1er RPIMa
REFLEXIONS
28
Pour une homogénéisation des
structures des unités de l’ABC
BAS, BIA et... BFST
par le Colonel H. TEMPOREL (6e BLD)
par l’EM BFST/Emploi
12
PC/GFS, coordination avec
une force par l’EM BFST/Emploi
13
GFS : un fonctionnement
original du PC par l’EM BFST/Emploi
14
Forces spéciales et approche
systémique par le 1er RPIMa
ACTUALITÉS DIVERSES
30
Common Action 06
32
Evaluation de Héraclès
Actualités
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Avoir une appréciation
juste et claire de
la place de la BFST
activités
>> CDEF
Donnez-nous votre avis
sur Héraclès
a création de la BFST avec
l’intégration du 13e RDP
concrétisait au plan organique la
complémentarité existant entre le
renseignement opérationnel et les
actions spéciales, déjà vécue comme
une réalité lors d’opérations spéciales
(OS). Elle témoignait alors d’une
volonté de l’armée de terre d’affirmer
une nouvelle ambition pour les FST
qui constituent désormais l’essentiel
du dispositif FS mis à la disposition du
CEMA.
Elle a été suivie d’une démarche d’optimisation et de valorisation des forces spéciales terre visant à lui donner
la plénitude de son efficacité opérationnelle.
L
Il convient de rappeler que cette
démarche s’inscrit bien dans le
contexte interarmées d’emploi des
FST (système de FS pour emploi du
CEMA au travers du COS et de la
DRM). L’optimisation doit permettre
d’assurer une cohérence d’efficacité
en matière de doctrine, d’entraînement et d’équipement. A ce titre, le
cœur de métier de chaque régiment
(recherche, actions spéciales et aéromobilité opérations spéciales) doit
être préservé, mais il faut cependant maintenir une nécessaire et
indispensable capacité d’évolution
pour rester dans le peloton des
nations pilote du domaine FS.
L’autonomie en matière d’engagement reste pour la BFST une capacité fondamentale à développer. Il
n’est pas non plus utile de s’épuiser à
vouloir faire ce que certaines unités
conventionnelles maîtrisent parfaitement, et donc savoir s’appuyer, si
nécessaire, sur des organismes de
l’armée de terre, sans pour autant que
cela se réduise à faire appel aux forces avancées. D’autres unités, directions ou services possèdent des
savoir-faire qui peuvent compléter
nos capacités sur le terrain.
Ces renforcements doivent viser à :
- conférer une réelle autonomie dans
le domaine du commandement et
du soutien opérationnel ;
- recentrer les unités de la BFST sur
le coeur de métier en allégeant certaines tâches qui obèrent leurs
capacités ;
- ajuster les capacités des formations
pour qu’elles soient en adéquation
avec les missions données ou prévisibles.
Dès lors, évitons de succomber à la
tentation d’augmenter inconsidérément le nombre de savoir-faire techniques et tactiques à maîtriser. La
définition de fonctions cardinales
(essentielles) et vitales contribue à
éclaircir les voies à suivre pour l’avenir.
(p. suivante)
A ce numéro 15 est joint un
questionnaire d’évaluation de
votre lettre d’information et
d’échange Héraclès. Merci de
bien vouloir consacrer quelques
minutes à le remplir après avoir
lu l’avertissement qui le précède et qui vous rappelle la
conception actuelle de
Héraclès.
Vous nous aiderez ainsi à
améliorer encore et toujours
notre (votre) publication.
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3
4
Actualités
Le saviez-vous ? (1)
A propos des forces ou
opérations spéciales …
Parlons définitions
Le TTA 106, le glossaire interarmées ou même le glossaire OTAN
AAP-6 ne proposent pas de définition des "forces spéciales". En
revanche, ils donnent les définitions
suivantes des "forces d’opérations
spéciales" et des "opérations
spéciales".
Forces d'opérations spéciales
(Special operations forces)
Force comprenant des groupes
spéciaux d’effectifs militaires
sélectionnés, dotant l’OTAN de
capacités uniques en matière
de reconnaissance spéciale,
d’action directe et d’assistance
militaire dans les missions difficiles,
dangereuses et parfois politiquement sensibles effectuées
pour le commandant du théâtre.
Opérations spéciales
(Special operations)
Activités militaires menées par des
forces spécialement désignées,
organisées, entraînées et
équipées,utilisant des techniques
opérationnelles et des modes
d'action inhabituels aux forces
conventionnelles. Ces activités sont
menées dans toute la gamme des
opérations militaires,
indépendamment des opérations
de forces conventionnelles, ou en
coordination avec celles-ci, pour
atteindre des objectifs politiques,
militaires, psychologiques et
économiques. Des considérations
politico-militaires peuvent
nécessiter le recours à des
techniques clandestines ou
discrètes et l'acceptation d'un
niveau de risque physique et
politique non compatible avec
les opérations conventionnelles.
Elles mettent en œuvre des
modules de taille réduite et
hautement spécialisées pour, soit
traiter des objectifs à haute valeur
stratégique ou opérative, soit
modifier l'environnement d'une
force.
CDEF
L’EM BFST doit, au-delà du rôle organique fonctionnel qu’il joue pleinement
(harmonisation des plans d’équipement et des procédures), exercer
maintenant le rôle opérationnel qui lui
échoit. Pour cela, le PC de GFS, déjà
opérationnel, et la CCT1, une fois
armée, équipée et entraînée, représentent les éléments fondamentaux de
cette capacité de commandement opérationnel pour la conduite d’opérations
spéciales autonomes ou adaptées.
Enfin, il convient d’avoir une appréciation juste et claire de la place de
la BFST dans l’armée de terre et
plus particulièrement au sein du
CFAT.
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
En effet, outre les opérations spéciales,
il n’est pas exclu de penser que la
BFST soit susceptible de mener des
opérations relevant de la maîtrise des
savoir-faire spécifiques, dans le cadre
de l’engagement d’une force aéroterrestre (FOT/LCC)2 et une réflexion peut
être conduite dans ce sens.
GBR HELLY
commandant la Brigade
des forces spéciales terre
1 Compagnie de commandement et de transmissions.
2 Force opérationnelle terrestre/Land component
command.
GRIFFON 06
exercice majeur de la BFST
GRIFFON s’est déroulé cette
année du 20 mars au 05 avril en
région sud-ouest, des sommets
enneigés de l’Ariège aux franges littorales des Pyrénées-Orientales.
L’
250 hommes et femmes de l’étatmajor de la brigade, du 1er RPIMa, du
DAOS et du 13e RDP se sont ainsi
déployés dans le cadre de cette évaluation (type ANTARES1) qui a été
l’occasion de mettre en application
les orientations générales du COS2 et
de la DRM 3.
Exercice de niveau tactique aux
ordres des chefs de corps des trois
unités de la BFST, placé sous le
contrôle du COMBFST, il a permis :
1 - De rôder les procédures internes
à la brigade en faisant effort sur
l’organisation du commandement
au sein du PC de GFS4 ;
2 - d’atteindre les principaux objectifs
fixés par le COMBFST, en particulier :
• effectuer la transition entre une opération particulière de renseignement et une opération spéciale
avec prise sous contrôle opérationnel du CTDR5 par le PC de GFS,
• planifier et conduire l’acquisition du
renseignement en vue et à fin
d’action en zone difficile (montagne, façade maritime périurbaine) et
en milieu semi-permissif,
• réaliser des actions commando
dans la profondeur en bénéficiant
d’un appui/soutien aéromobile et en
privilégiant des mises à terre par
LOS (OA, OR)6, SOTGH7 et voie
nautique,
• mener des actions spéciales aéromobiles autonomes.
1 Contrôle des unités d’une brigade.
2 Commandement des opérations spéciales.
3 Direction du renseignement militaire.
4 Poste de commandement de groupement de
forces spéciales.
5 Centre de traitement et de diffusion du
renseignement.
6 Largage opérations spéciales (ouverture
automatique, ouverture retardée).
7 Saut à ouverture très grande hauteur.
Actualités
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
3 - de présenter la brigade en exercice au général de corps d’armée
PY, commandant la FAT, au
cours d’une visite programmée le
30 mars.
Exercice ambitieux, GRIFFON 06 a
tenu ses promesses en améliorant
la complémentarité et l’interopérabilité des unités de la brigade et en
permettant à un PC de GFS “maximaliste” (au plan des moyens SIC
engagés) de parfaire ses procédures et son mode de fonctionnement,
de tester les moyens de communication dernièrement acquis (GNG2,
MAESTRO8).
Le triptyque “action - renseignement
- aéromobilité”, au travers d’actions
spéciales pointues réussies, a une
nouvelle fois démontré toute sa
cohérence et sa fiabilité.
L’avenir, ce sera GRIFFON 08 qui mettra à profit les enseignements de la
version 06 avec notamment une prise
en compte plus fine du danger NRBC
et un mode de projection différent.
Exercice bisannuel s’inscrivant naturellement dans le cycle de préparation opérationnelle de la brigade,
GRIFFON 06 complète le dispositif
d’instruction-entraînement annuel
basé sur les exercices GORGONES
(BFST), CRONOS (1 er RPIMa),
MECAREG, EUGENIE (13e RDP),
MAKILA, MONTFREID (DAOS) et
très bientôt le contrôle opérationnel
de la CCT9 en juin 2007.
EM BFST/Etudes
8 Compagnie de commandement
et de transmissions.
JANUS, pourquoi, comment ?
“Une première pour la brigade,
un challenge pour JANUS”
e rôle opérationnel de l’étatmajor de la BFST est d’armer le
noyau dur d’un PC de groupement
de forces spéciales. C’est dans
cette perspective qu’en juin 2006, le
centre JANUS de Compiègne
accueillera pour la première fois cet
état-major pour un exercice de PC
dans le cadre très particulier d’une
opération spéciale.
L
Pourquoi ?
A l’instar des autres brigades de la
FAT, la BFST souhaite utiliser
JANUS pour :
Ce qu’il est :
- une simulation tactique au profit d’un
exercice de planification et de
conduite de niveau PC.
Ce qu’il offre :
- le moyen de mécaniser le
fonctionnement d’un PC de façon
réaliste et cohérente ;
- une solution pour pallier les
contraintes humaines, financières et
surtout opérationnelles (atomisation
des unités) auxquelles toutes les
brigades ont à faire face.
(p. suivante)
recueil des
abréviations
ALFUSCO
Amiral commandant les fusiliersmarins commandos
ANTARES
Contrôle des unités d’une
brigade
BAS
Brigade d’appui spécialisée
BFST
Brigade des forces spéciales
terre
BIA
Brigade interarmes
BOAP
Base d’opération aéroportée
CEV
Centre d’essais en vol
CCOS
Commandant de la composante
opérations spéciales
CCT
Compagnie de commandement
et de transmissions
CelMo
Cellule de mise en oeuvre
CJSOTF
Combined Joint Special
Operations Task Force
CONOPSPE
Conseiller opérations spéciales
CONSRENS
Conseiller renseignement
COS
Commandement des opérations
spéciales
CTDR
Centre de traitement et de
diffusion du renseignement
DAOS Détachement ALAT
des opérations spéciales
DAS
Détachement d’action spéciale
DPR
Détachement de protection
rapprochée
5
6
Actualités
recueil des
abréviations
DRM
Direction du renseignement
militaire
ECAS, RIZP Emergency- Close
Air Support, reconnaissance
d’itinéraires en zones polluées
FAP Force aérienne de projection
FAT Force d’action terrestre
FLT Force logistique terrestre
FS Forces spéciales
FOT/LCC Force opérationnelle
terrestre/Land component
command
GDC Garde du corps.
HF NG
High frequency new generation
IST-C
Instruction sur le tir de combat
LOS (OA, OR) Largage
opérations spéciales
(ouverture automatique,
ouverture retardée)
LPA Livraison par air
MAESTRO Module adapté aux
échanges sécurisés, aux transmissions et aux raccordements
des opérationnels
MEDO Méthode d’élaboration
de la décision opérationnelle
MELCHIOR
Moyen d’élongation pour les
communications HF interarmées
et OTAN en réseau
MEOS
Membre d’équipage opération
spéciale
MTC Méthode de tir de combat
OPR Opérations particulières
de renseignement
OS Opérations spéciales
Ce qu’il représente :
- un challenge pour les deux parties :
- la BFST souhaite :
• dans un premier temps, tester cet
outil de la simulation dans le
cadre d’une “opération spéciale
autonome”,
• à terme, si ce premier “round”
s’avère concluant, s’intégrer de
manière plus ambitieuse dans un
exercice de BIA dans le cadre cette
fois d’une “opération spéciale
adaptée”.
- JANUS aura la lourde tâche
d’adapter à la spécificité des
opérations spéciales un outil plutôt
conçu pour le combat interarmes et
les scénarios de type “ coercition de
forces “.
Comment ?
Au cours de l’exercice, l’état-major
de la BFST constituera un PC de
GFS. L’outil JANUS devra en
conséquence, simuler à son profit
dans un environnement urbain et
semi-permissif :
• l’action des équipes de recherche
du 13e RDP chargées d’acquérir
le renseignement à fin d’action,
• celle des groupes actions du 1er
RPIMa qui conduiront des actions
coordonnées de neutralisation
d’objectifs et de libération d’otages,
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
version FTX (avec troupes et
terrain libre) en 2004, servira de
support à cette simulation.
Une problématique simulation
toute particulière
L’interrogation fondamentale qui reste
aujourd’hui posée est de savoir
comment JANUS pourra simuler
l’environnement tout particulier dans
lequel évolue un PC de GFS. En
toute rigueur, il lui faudrait en
particulier permettre la modélisation
réaliste :
• de pions semi-furtifs (équipe de
recherche, tireur d’élite, groupes
RAPAS, etc.) et de leurs différentes
capacités (observation dans la
profondeur, tir, neutralisation ou
destruction ciblée d’objectifs,
missions d’environnement,...) ;
• d’actions insolites menées par un
adversaire représentant des
menaces asymétriques (exactions sur
des otages, actions terroristes, ...).
L’utilisation de JANUS au profit de
la BFST constitue véritablement un
défi. Si celui-ci est relevé, cette
grande unité disposera d’un outil qui
lui permettra de simuler un
environnement complexe en
cohérence avec celui auquel elle est
confrontée sur les théâtres
d’opération.
EM BFST/Emploi
• l’appui aéromobile des modules
mixtes hélicoptères du DAOS.
Le thème GRIFFON 04, exercice
majeur de la brigade joué en
Actualités
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Protection rapprochée
et accompagnement
d’autorités
ne confusion est couramment commise entre deux vocables aux significations
apparemment identiques mais qui définissent en réalité deux notions bien
différentes. Comme cela est précisé dans les conclusions et décisions du CEMAT en
matière d’optimisation des forces spéciales terre (note n° 343/DEF/EMAT/COORD.
RENS du 03 mai 2005), il convient de distinguer clairement les missions de protection
rapprochée (du ressort des forces spéciales) des missions d’accompagnement
d’autorités (pouvant être dévolues à d’autres unités de l’armée de terre).
U
Les principaux critères de distinction sont résumés dans le tableau ci-dessous.
Critère
Protection
rapprochée
Accompagnement
Personne à protéger
La plus haute personnalité
sur un théâtre (civile ou
militaire) sur désignation du
CEMA ou du COS
Autorité désignée par le
commandement
Niveau de protection
Sécurité globale
Sécurité immédiate
Menace sur le théâtre
Très élevée à élevée
Elevée à faible
Sensibilité de la mission
Elevée
Moyenne à faible
Courte, ponctuellement
longue impliquant des
relèves
Longue, impliquant des
relèves, mais aussi des
missions ponctuelles de
circonstance
Durée
Quelques différences également sont à noter en matière de déploiement et de
constitution du détachement.
EM BFST/Etudes
recueil des
abréviations
PC GFS
Poste de commandement de
groupement de forces spéciales
PR4G VS4 IP Poste radio
4e génération/version système
n° 4 internet protocole
RBO
Renseignement à but opératoire
RECOFA
Reconnaissance à fin d’action
RESCO
Recherche et sauvetage au
combat
RFA
Renseignement à fin d’action
RVA
Renseignement en vue d’action
SOTGH
Saut à ouverture très grande
hauteur
STAT
Section technique de l’armée
de terre
RAPAS
Recherche aéroportée et
actions spéciales
TAI
Techniques d’action immédiate
Petit rappel :
un acronyme
est un sigle
qui se prononce…
7
8
Actualités
Le saviez-vous ? (2)
A propos des forces ou
opérations spéciales …
Evitons les confusions
Pour beaucoup de non-initiés,
le terme de forces spéciales
évoque trop souvent les SAS
britanniques ou les Green
Berets américains pour ne
pas parler des Spetsnatz
soviétiques, les loups-garous
de notre guerre froide (pour
les plus anciens d’entre nous),
en oubliant encore et toujours
la riche tradition française trop
souvent méconnue. Les forces
françaises possèdent pourtant
depuis longtemps des "forces
spéciales", même si elles
n’étaient pas connues sous
ce vocable.
A cet oubli regrettable
s’ajoutent souvent des
confusions tout aussi
regrettables entre les forces
spéciales et les "troupes de
choc" (sans parler des "forces
avancées"), entre les
opérations ou actions
spéciales et les actions
clandestines menées par
les services secrets.
Les opérations ou actions
spéciales sont normalement
menées en uniforme, tout en
étant confidentielles, mais pas
secrètes, contrairement aux
actions clandestines que,
"normalement", un Etat ne
revendique jamais.
p. suivante
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Le SIC de groupement
de forces spéciales
L’
intégration depuis 2002 du système
de renseignement du 13e RDP aux
déploiements opérationnels des opérations spéciales a entraîné des aménagements majeurs des architectures SIC
des opérations conjointes.
Ces ajustements ont eu pour objectif
l’exploitation de l’efficacité déjà reconnue du système 13 (humain et technique) qui se caractérise par une
automatisation poussée du traitement
des informations (informatisation GRANITE1 depuis près de 10 ans) et l’habitude d’une complète autonomie. Cela a
conduit à construire un système du
renseignement de GFS autour du
CTDR2 du 13 en l’adaptant :
- au recueil de l’ensemble du renseignement en provenance de tous les types
de capteurs d’un GFS (modules tactiques autonomes des FS, éléments tactiques de commandement, capteurs
spécialisés en renforcement...) ;
- à la diffusion d’un renseignement (synthétisé ou détaillé) adapté à chacun des
utilisateurs du GFS (CO GFS, CelMo
action spéciale...).
Le système d’information de GFS est
donc centré sur une base de données
renseignement unique (de référence)
qui a la particularité de produire aussi
bien des synthèses du niveau opératif au
profit des employeurs nationaux ou de
théâtre que des renseignements tactiques très détaillés pour la préparation
des actions spéciales.
Pour atteindre une efficacité optimum, ce
système s’appuie au maximum sur des
échanges favorisant l’intégration sécurisée des informations dans cette base de
données. Prenant en compte en outre les
besoins en commandement (planification, préparation et suivi tactique), en
logistique et en 3e dimension, il est, grâce
aux développements et études en cours,
de plus en plus orienté vers l’automatisation des échanges d’informations
numérisées entre les modules tactiques
et le PC GFS (via une ou plusieurs CelMo
selon le besoin opérationnel ou les
contraintes espace - temps de déploiement).
Le système de communications interne au GFS s’appuie sur des liaisons
“propriétaires” et sécurisées sur
supports radio (HF, VHF et UHF/FM)
complétées par des raccordements
lacunaires à moyen débit sur supports publics (GSM, SAT). Il se caractérise par une dualité antagoniste des
types de service qu’il doit offrir selon le
caractère des missions des forces spéciales :
- transmissions de données sécurisées
du renseignement ;
- coordination radiophonique d’actions
sans signature et à forte contrainte de
réversibilité.
En effet, l’ensemble des modules tactiques doit être en mesure de se raccorder, selon les phases de sa mission, à la
fois :
- à des réseaux de type “renseignement”, leur offrant un maximum de discrétion et de sûreté tactiques et
assurant un maximum de protection à
un important volume d’informations ;
- à des réseaux de type “action”, garantissant à grande distance le maximum
de réactivité, de fiabilité et de réversibilité en quasi temps réel à des informations brèves.
EM BFST/SIC
1 Gestion du renseignement et analyse
des informations transmises par les équipes.
2 Centre de traitement et de diffusion
du renseignement.
RETEX
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Partenariat
Le saviez-vous ? (2)
entre le 6e RMAT et le
Instandsetzungsbataillon 210 :
un plus pour l’interopérabilité
A la décharge de beaucoup
d’entre nous, la grande variété
des concepts d’emploi des
forces spéciales (souvent mal
connus ou confidentiels) dans
les armées étrangères et même
alliées ne facilite pas les
choses.
e 6e régiment du matériel a
été créé en 1985 en
Allemagne à partir de plusieurs
unités déjà existantes. Ce passé de l’autre coté du Rhin a
permis,
durant
quelques
années, la création de liens
étroits entre le 6 et ce que l’on
peut définir comme son homologue en terme de missions, le
Instandsetzungsbataillon 210
basé à Volkach (150 km Nord
de Stuttgart, 220 km Est de
Francfort et 350 km au Nord
d’Oberkirch). Un esprit de
camaraderie se crée très vite
au travers d’activités sportives,
de manifestations de tradition
et prend une réelle dimension
par le biais d’un jumelage entre ces deux régiments.
L
Le passage à une autre
dimension par une augmentation significative des
activités communes entre les
deux régiments débute, ce qui
peut surprendre, en 1999,
année où le 6 quitte les FFA
pour rejoindre la base de
Phalsbourg. Ces activités ne
sont plus alors basées sur une
simple participation à un cross
régimentaire. La prise en
compte,
l’intégration
de
modules d’une "armée alliée"
dans les dispositifs opérationnels tels les FTX commence
à germer dans les esprits.
A partir de l’année 2003, la
participation systématique
d’officiers d’état-major du 210
à la manœuvre du PC régimentaire devient réalité. La participation et l’intégration d’un
groupe de réparation du 210
à l’intérieur d’une compagnie
de maintenance mobilité
deviennent effective fin
2003. Une participation non
superflue mais bien réelle puisqu’à partir de cette période le
régiment franchit un cap supplémentaire en confiant des
opérations de maintenance
réelles à l’unité rattachée, en la
faisant participer à la vie et à
la défense commune d’une
zone et en intégrant l’anglais
systématiquement dans les
ordres d’opérations.
Pour ce qui concerne leur
emploi, faut-il faire nôtre cet
avis du Maréchal britannique
Slim qui écrivait dans son livre
"From defeat to victory" sur
la campagne d’Extrême-Orient
en 1941-45 : "Les forces
spéciales, commandos,
équipes de renseignement de
l’avant (…) doivent être sous
les ordres d’un commandement
militaire, elles sont là pour
participer à l’effort militaire
général.
Les opérations politiques ou
celles ne participant pas
directement à l’effort militaire
doivent être menées par (les
services secrets). Il ne faut pas
mélanger les genres."
Vos réactions aux informations
parues dans Héraclès
sont les bienvenues
C.D.E.F.
Centre de Doctrine d’Emploi
des Forces
BP 53 - 00445 ARMÉES
Tél. : 01 44 42 35 91 ou 01 44 42 48 93
PNIA : 821 753 35 91 ou 821 753 48 93
Fax : 01 44 42 52 17 ou 821 753 52 17
Mel : [email protected]
p. suivante
Web : www.cdef.terre.defense.gouv.fr
9
RETEX
10
activités
>> DSRO
JUIN
Agenda des prochains
mois
(29 mai - 2 juin)
Expérimentation
CALIPSO/Planification
au CRR/FR
Lille
(31 mai - 1er juin) Expérimentation ASTEC au stage
des CDC de l’EAABC.
Saumur
(3 - 17 juin) - Soutien et
inauguration du Centre JANUS
Beyrouth (Liban)
7 juin - Comité du plan de
charge 2006-2007 de la DSRO
Ecole Militaire
(1-17 juin) - Participation au
salon EUROSATORY
(SCIPIO & APLET)
Satory
(19 - 23 juin) - Exercice de
formation SIR avec
ESTHER/JANUS EAABC - Saumur
22 juin - Dernier COPIL GED
RETEX
Ecole Militaire
(24 - 29 juin) - Exercice LOG DIV
du CFLT (GST 1re B.L.)
Mailly
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
En 2003 des officiers du régiment ont pu participer à un
stage de 10 jours à la
"Pioniersschule” (école du
génie) afin de s’entraîner sur le
SIRA. Ce système d’exercice de
simulation de poste de commandement est situé à Ellwangen. Il
permet l’entraînement des chefs
et se fonde sur le principe de
l’interactivité par le biais de
plans de jeux en deux parties et
en temps réel dans un environnement digitalisé. Il permet ainsi de simuler la défense,
l’emploi des différents armements ainsi que des infrastructures, amis et ennemis, par
l’intermédiaire d’un graphique
de situation. Les systèmes d’armes peuvent s’entraîner seuls
et les unités, ou parties d’unité,
avec leurs moyens d’intervention (mouvements et logistique
formant la base de la simulation).
Cette formation essaie d’être le
plus réaliste possible pour le
personnel par la modernisation
globale de l’instruction en fonction du spectre d’emploi lointain
des interventions de l’armée de
terre. A ce titre "SIRA - OOTW"
( operations other than war )
donne une approche très fine de
la réalité et permet au chef
d’appréhender les difficultés
relatives à la sûreté, l’intensité
de l’opération, les reconnaissances en pays étrangers et les
moyens permettant de contourner ces difficultés.
2006
Du 2 au 14 juillet 2005, des personnels du 6e RMAT ont également effectué un exercice à
hauteur d’un groupe de réparation multitechnique à 1/11/4.
Cette manœuvre s’est articulée
en deux périodes bien distinctes :
- la première semaine fut consacrée à une campagne de tir sur
le camp de Graffenwöhr,
camp d’entraînement situé à
quelques kilomètres de la frontière tchèque. Complètement
intégrés au sein d’une compagnie du 210, tous les personnels ont pu s’entraîner au
maniement d’armes collectives
et individuelles de l’armée
allemande.
- La seconde semaine s’est
déroulé un exercice en terrain
libre. Des opérations de maintenance réelles sur des matériels allemands en panne ont
également pu être réalisées
par les personnels du régiment.
Cette amitié de longue date se
traduit en expériences partagées
riches d’enseignements et vise à
une interopérabilité croissante
en opération entre les unités. Il
est précieux pour les deux unités
de maintenir ce type d’activité
de part et d’autre du Rhin. CNE MASINI
Chef opérations au BMOI
du 6e RMAT
Réflexions
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
activités
BAS1, BIA2 et ... BFST
uelle place occupe la BFST au
sein de la FAT ? Est-elle une
BAS, une BIA, ... ou bien encore toute autre chose ?
Il est vrai que sa triple expertise peut
troubler le message mais, de fait, la
brigade des forces spéciales terre
n’est ni une brigade parachutiste, ni
une brigade de renseignement, ni
une brigade aéromobile.
Q
Au-delà de la complémentarité des
trois composantes représentées par
les unités, l’action spéciale avec le 1er
RPIMa, la recherche humaine avec le
13e RDP et l’aéromobilité opérations
spéciales avec le DAOS, qui trouve
son efficience en terme d’instruction
collective, d’entraînement, d’équipement et ... d’emploi, la BFST est un
pourvoyeur de capacités terre au
profit du CEMA.
Elle occupe en effet une place
unique, celle d’être l’outil de l’armée
de terre spécialement organisé,
entraîné et équipé pour participer,
aux ordres du COS ou de la DRM à
des opérations spéciales ou particulières de renseignement.
Elle a donc vocation à mettre sur pied
des détachements aptes à traiter des
objectifs sensibles, voire critiques
qui requièrent, le plus souvent, un
engagement politique dont le risque
doit être clairement mesuré. Ces
détachements sont armés de modules à faible effectif travaillant toujours à un haut degré de
confidentialité, seul moyen de pallier
une vulnérabilité générée par un environnement particulièrement hostile.
>>DSRO
Ils doivent donc disposer d’une réelle
autonomie qui leur permet de préserver la confidentialité nécessaire à
leur action.
Certes, la BFST est une grande unité
composée de formations d’armes différentes. Deux de ces régiments sont
d’ailleurs complètement interarmes.
Elle occupe cependant un créneau
d’engagement tout particulier puisque
celui-ci a toujours lieu dans un cadre
espace-temps différent de celui des
forces conventionnelles et, en particulier, des BIA. Elle ne peut non plus
être considérée comme une BAS
puisqu’elle n’a pas vocation à fournir,
sous la forme d’un CMO, l’expertise
nécessaire à la conduite de ses
moyens spécialisés auprès d’un PC.
Son rôle opérationnel est en effet tout
différent : il consiste à armer le
noyau dur d’un PC de groupement
de forces spéciales et, ainsi, de se
positionner en tant que composante
cadre des FS dans les opérations.
En associant en synergie intelligence
de situation, force adaptée et liberté
d’action, la BFST représente, en fait,
la réponse de l’armée de terre à la
question du politique, qui veut
disposer d’une option de riposte non
conventionnelle face à une menace
insolite et asymétrique.
SYRUS, une première en
France : l’entraînement à
distance
Peut-on imaginer demain
entraîner un PC numérisé de
GTIA en connectant simplement
la grappe SIR du régiment au
réseau informatique puis en
téléphonant au “central
national de simulation“ pour
demander le lancement de
l’exercice ? Ceci a été joué et
l’exercice SYRUS a montré que
c’était désormais chose
possible, envisageable.
La DSRO a été mandatée en
avril 2005 par l’EMAT/BPO pour
valider un nouveau concept
d’exercice d’entraînement à
distance. Un premier exercice,
baptisé SYRUS1, a ainsi été
organisé du 13 au 15 février
2006 avec le soutien du centre
JANUS de l’EAABC de Saumur
pour la simulation et le
montage de l’exercice.
Le 1er REC d’Orange a fourni
le PC de GTIA joueur ainsi que
les capitaines commandants
d’unité.
Cet exercice a été
l’aboutissement d’une campagne
complète d’expérimentations qui
a entériné les choix techniques
(les outils informatiques et
matériels supports de l’exercice)
et a permis de garantir au
1er REC un exercice jouable.
EM BFST/Emploi
p. suivante
1 Brigade d’appui spécialisée
2 Brigade interarmes
1 SYRUS, poète latin né en -85, a dit
“Personne ne sait ce qu’il est capable
de faire tant qu’il n’a pas essayé”
11
12
Réflexions
activités
>> DSRO
Son objectif principal était l’étude des aspects fonctionnels (la
préparation, l’organisation et le
déroulement de l’exercice) et
pédagogiques afin d’en valider
les structures organisationnelles.
L’unité joueuse a travaillé dans
un environnement numérisé
grâce à une connexion entre
le SIR et JANUS par la passerelle
de communication ESTHER. Les
participants étaient répartis sur
deux sites distants de 700 Km :
ORANGE pour les joueurs et
SAUMUR pour l’animation de
l’exercice.
La prise en compte de l’aspect
multisites sur l’organisation de
l’exercice a constitué le point fort
de la phase préparatoire.
Il fallait notamment évaluer la
répartition de différentes cellules
comme la DIREX etla 3A entre les
deux sites ainsi que les
conséquences du choix
consistant, d’une part à laisser
les commandants d’unité à
Orange, d’autre part à placer
à Saumur des chefs de section
réservistes et donc méconnus
de leur chef direct en liaison
radio grâce à un système de
simulation par téléphone.
Une journée a été nécessaire
pour finaliser les installations
techniques. Une autre s’est
avérée indispensable pour
permettre à chacun de prendre
en main son environnement
d’exercice c’est-à-dire la maîtrise
du SIR mais aussi la
connaissance mutuelle des
commandants d’unité et des
chefs de section.
p. suivante
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
PC/GFS, coordination
avec une force
es forces spéciales terre peuvent
agir soit dans le cadre d’une opération autonome soit dans celui d’une opération adaptée.
C’est dans ce deuxième cas qu’un
groupement de forces spéciales (GFS),
qui désigne un détachement interarmées d’un volume significatif comprenant plusieurs détachements ou
modules de forces spéciales issues
des différentes composantes d’armées,
pourra travailler en coordination avec
une force.
Dans ce cadre, même si le CEMA
conserve le commandement opérationnel du GFS, ce dernier est sous
contrôle opérationnel d’un COMANFOR. Le CEMA garde cependant une
liaison directe, permanente et spécifique par l’intermédiaire du GCOS, pour
assurer la validation de l’emploi des
moyens engagés, la réversibilité des
postures et des actions et la capacité à
reprendre à tout moment le contrôle
opérationnel.
L
Le GFS est aux ordres d’un commandant de la composante opérations spéciales (CCOS) qui est, de plus, le
conseiller opérations spéciales
(CONOPSPE) de l’autorité supérieure
de la force, au même titre, par exemple,
que le conseiller renseignement
(CONSRENS) lorsque ce dernier existe.
Constituée d’un certain nombre de
détachements correspondant aux missions qui lui ont été assignées, cette
structure peut donc avoir toutes les formes, afin d’être parfaitement adaptée
au besoin. Pour exercer ses attributions, le CCOS s’appuie sur un PC de
GFS.
Le GFS va mettre en œuvre des capacités spécifiques en s’inscrivant en
complémentarité de celles de la force,
dans les créneaux qui lui seront propres.
Dans le cadre de sa mission, le GFS va
agir souvent de manière décentralisée, mais il devra être toujours (ou
ponctuellement) en liaison, voire en
coordination avec les forces conventionnelles et/ou étrangères.
Dans tous les cas, il est donc primordial que le GFS soit en permanence
en phase avec la force, cet objectif ne
pouvant être atteint que si le PC de
GFS travaille en symbiose avec le PC
de la force, tout en gardant son autonomie. En conséquence, les contacts entre le PC de la force et celui du GFS
doivent être réalisés autant que de
besoin. Cela concerne, en particulier,
les échanges d’informations, qui doivent être permanents, et la problématique des “déconflictions” qu’il faut
nécessairement mener au niveau des
opérations.
Il est cependant évident, et cela doit
être admis par tous sur le théâtre, que
pour tout échange d’informations se
pose la question du besoin d’en
connaître. Le GFS peut être amené à
conduire une opération spéciale
nécessitant une confidentialité importante, mais même dans le cadre d’une
opération adaptée, la plus haute autorité du théâtre en sera bien sûr toujours informée.
EM BFST/Emploi
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Réflexions
GFS : un fonctionnement
original du PC
n apparence, un groupement de
forces spéciales (GFS) possède
une organisation de commandement
analogue à toute grande unité en particulier dans sa structure (structure générique
de J1 à J9). En apparence seulement, car
le fonctionnement d’un PC de GFS fait
l’objet d’au moins deux spécificités.
E
Une posture de
commandement spécifique
pour chaque action
La première tient à la particularité des
groupements des forces spéciales (FS),
qui, généralement, sont composés de
détachements spécialisés dans un métier
FS particulier (action spéciale, action indirecte, recherche aéroportée, aéromobilité) ou issus des différentes composantes
d’armées. Chacun de ces détachements
est subordonné à une cellule de mise en
œuvre (CelMO).
Deux structures de base sont alors
possibles. Les CelMO des détachements peuvent être intégrées dans le
PC (structure 1). Leur personnel participe alors à l’armement des différentes cellules (“J“) du PC et le commandement
des détachements revient directement au
PC. Elles peuvent aussi être non intégrées au PC et rester à la tête de leur
détachement respectif (structure 2).
Pour chaque opération particulière,
une posture spécifique est mise en
œuvre. Une CelMO dite “mission” est
constituée sur la substance du PC (structure 1) ou est armée par l’un des détachements (structure 2). Très modulaire
dans sa composition, son rôle est d’assurer l’intégralité des phases de planification/ conduite/ débriefing de l’action. Cette
CelMO “mission” est en mesure d’être
projetée sur le lieu de l’action pour exercer
le contrôle tactique (TACON) de l’opération. On parle alors de “CelMO TAC”.
Un Battle rythm1 adapté
La seconde spécificité concerne le rythme de fonctionnement du PC. La notion
de bordée, sans être totalement exclue,
n’est que rarement mise en œuvre. Les
effectifs d’un GFS sont en général réduits.
C’est une des caractéristiques des forces
spéciales, et celle-ci vaut pour les PC. De
plus, une opération spéciale est généralement ponctuelle et limitée dans le temps.
Pour répondre à ces deux particularités,
le choix est le plus souvent fait de n’armer
le PC qu’avec une seule bordée. Celle-ci
n’est activée dans sa totalité que de jour
et, de façon permanente, lorsqu’une
action est réellement en cours. Pour traiter les affaires courantes ou lors d’une
opération de recherche de longue durée,
un “quart opération” réduit assure la permanence du commandement.
En tout état de cause, c’est surtout la
nature de l’autorité assurant le contrôle
opérationnel du GFS (GCOS, CJSOTF2,
COMANFOR) qui impose le rythme du
PC. Le PC de l’OPCON (contrôleur opérationnel) peut, par exemple, être très
éloigné de la zone d’opération du GFS,
avec des conséquences en terme de
décalage horaire. Le PC de GFS organisera alors son cycle journalier en fonction des besoins et des contraintes du
contrôleur opérationnel.
activités
>>DSRO
La troisième journée a été
nominale et a permis au 1er REC
de mener sa manœuvre en
oubliant complètement la
simulation et la distance qui
le séparait de l’animation.
Les objectifs ont été atteints :
après le déploiement du PC
de GTIA, SYRUS a été fourni au
régiment “clés en main“, prêt à
consommer, dans son quartier.
En revanche, la mise en œuvre
d’un tel type d’exercice a été
assez lourde pour le centre de
simulation. En fait, de manière
générale, on peut dire que
l’entraînement d’un PC en
environnement numérisé
est de toute façon sinon difficile
du moins complexe.
La simulation JANUS a permis de
modéliser la totalité des unités
de la brigade du régiment et
l’ennemi dans son ensemble (ce
qui fait en tout 3 000 entités).
Elles ont été représentées dans
le SIR du régiment.
L’environnement du PC a donc
été très riche et vraisemblablement représentatif de ce que
la NEB sera demain. Les
perspectives d’utilisation d’un
tel exercice restent ouvertes :
régiment dans son quartier,
régiment en OPEX, un centre de
simulation faisant jouer plusieurs
régiments les uns à la suite des
autres, un centre national de
simulation à distance avec du
personnel permanent et
spécialisé…
Imaginez, imaginez…
EM BFST/Emploi
1 Cycle journalier du rythme de fonctionnement.
2 Combined Joint Special Operations Task
Force.
Chef de Bataillon TARD
Chef du bureau expérimentations
et développement JANUS
13
14
Réflexions
activités
>> DSRO
Un nouveau centre JANUS :
Beyrouth au Liban
"La communauté JANUS
a l’honneur et le plaisir
de faire part de la naissance
d’un nouveau centre :
le centre JANUS de l’Ecole de
commandement et d’étatmajor (ECEM) de Rihanieh à
Beyrouth, Liban".
Avec les cinq centres français
de Compiègne (EEM),
de Saumur (EAABC), de
Montpellier (EAI), d’Angers
(ESAG), de Draguignan (EAA),
avec les deux centres
étrangers de Tunis en Tunisie
et de Kenitra au Maroc,
cela porte à huit le nombre
de centres de simulation
d’entraînement et de
formation utilisant la
simulation JANUS -France.
L’ECEM dispense à ses
officiers deux cursus de
formation. Le cours des
commandants de bataillon
dure trois mois et demi, il y
a trois sessions par an. Deux
exercices de PC de bataillon
par promotion sont planifiés
avec JANUS. Le cours d’étatmajor dure une année et est
assimilable au CSEM français.
Un exercice de PC de bataillon
et trois exercices de PC de
brigade sont envisagés sur
JANUS.
p. suivante
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Forces spéciales
et approche systémique
évolution
des
contraintes
géopolitiques et la recherche de
nouvelles approches stratégiques ont
conduit à l’apparition de théories de
confrontation fondées sur l’analyse
systémique ; voire sur l’un des produits
de cette approche : la théorie du
chaos1.
Dans ce cadre rénové de la stratégie,
les forces spéciales apparaissent
comme un outil précieux et
indispensable. Un outil souple et
polyvalent qui permet de mener un
panel d’actions qui va de l’appui à
l’engagement massif conventionnel à
l’action ciblée et discriminante en
passant par les actions d’influence.
L’
L’approche systémique permet de
déterminer les points d’équilibre, et
donc les faiblesses, d’une organisation ; que cette dernière soit
étatique, politico-militaire, socio-économique, terroriste, mafieuse ou autre.
Un choc ou une action ciblée peut alors
déséquilibrer le système adverse pour
faciliter une action d’ensemble ou pour
aboutir à une situation chaotique qu’on
peut chercher à guider, par le biais du
contrôle de l’information, vers une nouvelle situation d’équilibre plus favorable
aux intérêts amis.
Dans le cadre d’une telle approche
stratégique, les forces spéciales
constituent un outil privilégié. En effet,
leur capacité à mener des actions
ciblées dans la profondeur du dispositif
adverse permet d’envisager certains
modes d’actions qui n’impliquent pas un
dispositif militaire trop lourd. De plus, ces
actions dans la profondeur peuvent se
suffire à elles-mêmes ou être
envisagées afin de faciliter un
engagement militaire de grande
envergure. Ainsi, l’état final recherché
peut être atteint par l’intermédiaire
d’une opération sur une structure
politico-militaire en zone urbaine
suffisante pour faire basculer les
rapports de forces internes d’un pays.
La neutralisation du financier d’un
groupe terroriste peut mettre en péril
toute la structure d’une organisation
clandestine qui nécessite d’importants
financements pour pouvoir évoluer. De
même, la prise ou la destruction d’une
infrastructure clef peut faciliter l’action
des forces conventionnelles.
En outre, des détachements
d’assistance opérationnelle peuvent
épauler la mise en place d’une nouvelle
organisation étatique ou renforcer une
structure politico-militaire affaiblie.
Tandis que les détachements de liaison
et de contact permettent d’intervenir
auprès de personnalités clefs dans le
règlement d’un conflit et de participer
activement à la de sortie de crise.
Au travers de ses forces spéciales,
l’armée de terre possède donc un
outil de grande qualité qui permet au
commandement de faire face au
traitement des crises actuelles et
pour mener de façon efficace les
confrontations à venir. Capable
d’acquérir du renseignement sur
l’adversaire et de mener des actions
ciblées et discriminantes, dans un
environnement semi-permissif ou non
permissif, la brigade des forces
spéciales terre représente une pièce
maîtresse, et unique.
1er RPIMa
1 De nombreuses études ont été menées dans
ce sens, en particulier au sein du Center for
Strategic and International Studies.
Réflexions
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Pôles de compétence
et effectifs contraints
A
une époque où le matériel majeur
de notre brigade, à savoir l’homme,
est compté et où le souci d’efficience
hante les esprits ces questions se
posent avec acuité. La voie à suivre se
doit donc de conjuguer le haut degré
d’exigence qui anime les acteurs des
forces spéciales terre à la forte capacité d’innovation qui les caractérise.
Il convient dans un premier temps d’arrêter les termes de la réflexion. La
notion de pôles de compétence doit
s’entendre comme l’ensemble des
savoir-faire détenus par les unités de
la brigade des forces spéciales terre
(BFST)1 et qui concourent à la réalisation de ses fonctions cardinales :
- fonction commandement - soutien
autonome ;
- réalisation d’opérations spéciales en
milieu urbain ;
- réalisation d’opérations spéciales
dans la profondeur ;
- fonction aéromobilité et aéroportée.
Interrogeons-nous à présent sur les
choix qui nous permettront d’atteindre
ces objectifs.
Est-il envisageable de ne maîtriser
que partiellement l’ensemble de
nos pôles de compétence ?
L’accomplissement de nos missions
requiert un degré de préparation avec
lequel nous ne pouvons transiger
(navigation module en basse altitude
pour les hélicoptères, analyse, traitement et diffusion du renseignement,
actions spéciales). Ces savoir-faire
nécessitent une maîtrise totale qui
reste garante de l’efficacité et de la
réactivité.
Est-il envisageable de limiter nos
compétences à celles qui définissent
stricto sensu nos cœurs de métier
dans le but de les maîtriser
pleinement ?
activités
>> DSRO
Force est de constater que fréquemment
la détention de savoir-faire a minima
reste impérieuse, car ces derniers
concourent totalement à la réalisation de
nos missions (acquisition du
renseignement à l’aide des modules
Chlio et Viviane, procédure ECAS,
RIZP)2. Ces savoir- faire garantissent la
faculté d’adaptation et de la
polyvalence qui singularisent les forces
spéciales.
C’est donc l’équation suivante que
doivent résoudre au quotidien les
acteurs de la brigade des forces
spéciales terre (BFST) : des effectifs
contraints conjugués à une réactivité
immédiate valorisée par une forte
capacité d’adaptation. Sa résolution
s’exprime en ces termes : maîtriser
totalement les pôles de compétence
relevant du cœur de métier tout en
admettant une maîtrise partielle de
ceux qui les complètent.
Cette ligne directrice de la préparation
à l’engagement opérationnel de la
BFST ne peut toutefois s’appliquer
dans bien des domaines pour lesquels l’expertise est déjà détenue par
d’autres unités. Dans ces domaines
c’est bien vers la voie du partenariat
qu’il faut progresser. Enfin la mutualisation dans le domaine de l’entraînement, au sein de la brigade, pour les
unités détenant des compétences
communes reste plus que jamais un
facteur d’efficacité et de cohésion.
1er RPIMa
1 1er régiment de parachutistes d’infanterie de
marine, 13e régiment de dragons parachutistes,
détachement ALAT des opérations spéciales.
2 Emergency- Close Air Support, reconnaissance
d’itinéraires en zones polluées.
Ainsi, il est prévu que l’ECEM
utilise son centre JANUS de
façon soutenue dès la rentrée
2007 puisque 10 exercices sont
déjà projetés. En outre,
le coopérant français en charge
du projet JANUS au Liban,
le LCL VOGELSINGER, réalise
un gros travail de promotion
afin de convaincre les brigades
et les bataillons opérationnels
de venir s’entraîner au centre
et de se confronter au réalisme
apporté par la simulation.
Ce centre a été conçu dans le
cadre de la coopération militaire. Au préalable, l’armée
libanaise s’est occupée de la
construction de l’infrastructure
qui offre désormais un vaste
espace de travail (1 800 m).
La DSRO renforcée par l’EEM
et l’EAABC vient de terminer
l’installation du centre ainsi que
la formation du personnel :
chef de centre, 2 superviseurs
JANUS, 2 administrateurs
système et 23 opérateurs.
La motivation du personnel
et la qualité des différentes
réalisations laissent augurer
une utilisation particulièrement
intensive et efficace de ce
nouveau centre.
Chef de Bataillon TARD
Chef du bureau expérimentations
et développement JANUS
15
16
Réflexions
Le saviez-vous ? (3)
A propos des forces ou
opérations spéciales...
Un exemple britannique :
l’opération "Frankton" 1 sur
la Gironde (décembre1942)
Le 11 décembre 1942, un
commando du commandement
des opérations combinées du
vice-amiral Mountbatten mis
en place par un sous-marin au sud
de la pointe de Grave coulait
ou endommageait six navires
allemands dans le port de
Bordeaux.
Sur les 12 Royal Marines du
commando équipé de canoëskayaks fabriqués pour Frankton,
seuls 4 purent placer leurs charges
magnétiques dans la 4e nuit de
l’opération après 110 Km
d’approche par la Gironde et
la Garonne.
L’objectif de l’opération, lancée
sur la demande du ministre
de la guerre économique
du cabinet de Winston Churchill,
avait été atteint : la destruction
d’au moins 6 des forceurs
de blocus ennemis qui
transportaient des matières
stratégiques (caoutchouc, métaux
rares notamment) entre le Japon
et l’Europe. Le succès du
Lieutenant-colonel Hasler
et de ses hommes aura un grand
retentissement dans cette période
sombre de la guerre pendant
laquelle les Alliés n’avaient pas
encore repris le dessus.
Sur les 12 Marines initialement
embarqués, 2 ne purent participer
à l’action, leur canoë ayant été
endommagé à la sortie du sousmarin, 2 se noyèrent (dont un
disparu), 4 furent capturés par les
Allemands avant l’attaque et
2 furent faits prisonniers lors de
l’esquive vers l’Espagne.
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Le renseignement
dans les FST
L
es forces spéciales terre remplissent des missions délicates visant à
l’obtention d’avantages stratégiques ou
tactiques dans le cadre d’un plan d’action plus vaste décidé par le haut commandement national. Les opérations
particulières de renseignement
(OPR) ont pour objectif de fournir au
décideur des éléments permettant de
mener une appréciation autonome de
situation en vue d’agir sur un théâtre.
Les missions s’inscrivent dans le cadre
d’un renseignement à but opératoire
(RBO) pour déterminer quel type d’action doit être menée, puis d’un renseignement en vue d’action (RVA) pour
préciser les points d’application de la
force. Si la décision est prise d’agir sur
un (des) objectif(s), la mission évolue
vers le renseignement à fin d’action
(RFA) afin de connaître les ultimes
paramètres liés aux aptitudes des éléments action sur lesdits objectifs.
Dès les prémices d’une crise, des éléments spécialisés en renseignement
de la BFST fournis par le 13e RDP peuvent ainsi être engagés sur décision du
CEMA dans le cadre d’opérations
conventionnelles autonomes ou
adaptées, aux ordres directs de la DRM
ou d’un COMANFOR.
Lorsqu’une opération spéciale est
décidée, débute la phase de renseignement en vue d’action (RVA),
manœuvre de système renseignement
dans la durée visant à donner au commandement les renseignements
nécessaires au choix du MA pour
mener l’action (choix d’objectifs) et faciliter la préparation mission des détachements d’action spéciale (DAS).
action sur le ou les objectifs désignés.
Fourni par des éléments recherche
déjà insérés, il permet la finalisation du
dossier d’objectif, l’étude des MA et
après décision du commandement
opérationnel, la préparation puis la
conduite de l’action.
Le RFA comporte deux phases distinctes :
- le renseignement à fin d’action
(RENSFA) vise à maximiser la
connaissance de l’objectif afin de le
livrer à un élément action, en évitant
de le compromettre, ce qui rendrait
sa neutralisation délicate voire
impossible.
- la reconnaissance à fin d’action
(RECOFA), conduite par la composante action spéciale, vise à obtenir
des renseignements particuliers pouvant nécessiter une prise de risque
supplémentaire consentie. Elle doit si
possible entraîner une action dans la
foulée.
Le respect des principes de complémentarité et de synergie des moyens
de la brigade doit garantir une coopération optimale entre les unités spéciales.
Ces quelques règles définissent le
cadre général du “renseignement
spécial”. Main-d’œuvre à haute valeur
ajoutée répondant à des exigences très
strictes avec des moyens légers et souples d’emploi particulièrement adaptés
aux menaces des guerres asymétriques, les FST sont chargées de couvrir un large éventail de situations dans
lesquelles les actions et la recherche
du renseignement sont le plus souvent
indissociables.
p. suivante
1 Mieux connue en France sous le nom de "Opération
Coque de noix"
Puis vient le renseignement à fin
d’action (RFA), recueil final d’informations en vue de la préparation d’une
13e RDP
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Réflexions
Le DAOS : éclairage
sur une unité spéciale
e détachement ALAT des opérations spéciales (DAOS) est la plus
jeune unité de combat de l’aviation
légère de l’armée de terre (ALAT), elle
est aussi une unité méconnue. Il est
intéressant d’en connaître les spécificités et la plus-value qu’elle
apporte, car si les forces spéciales
(FS) de la plupart des pays ont de
remarquables unités de commandos,
rares sont ceux qui ont consenti un
effort comme la France au profit d’une
aéromobilité spéciale.
L
La montée en puissance du DAOS est
intimement liée à celle des FS en
France, et nos principaux alliés sont
dans la même logique. Les Britanniques
disposent d’un équivalent du DAOS, les
Italiens viennent de le créer et les
Allemands étudient cette possibilité. Les
Etats-Unis ont, quant à eux, créé un
régiment d’hélicoptères dédié aux FS en
1981. Ils tiraient ainsi les enseignements
de l’échec tragique de la tentative de
libération des otages de leur ambassade
à Téhéran, en avril 1980.
L’intérêt d’une unité dédiée telle que
le DAOS repose sur le respect de 4
principes qui permettent d’atteindre
l’efficacité opérationnelle exigée :
un personnel rigoureusement sélectionné, un entraînement poussé et permanent, des équipements particuliers
et des procédures communes et spécifiques.
Le personnel désirant être affecté au
DAOS doit avoir fait acte de volontariat,
répondant à un message annuel de la
direction des personnels de l’armée
Le saviez-vous ? (3)
de terre (DPMAT), et avoir déjà une
expérience dans son coeur de métier.
Il subit ensuite des tests psychologiques à la DPMAT, puis une
semaine d’évaluation au sein de l’unité.
Celle-ci comporte diverses épreuves sur
le terrain à l’issue desquelles les
psychologues reçoivent à nouveau les
individus, cette fois en situation de
fatigue. In fine, le chef de corps fait la
synthèse et sélectionne ou non
l’intéressé. Synthétiquement, il est
recherché des équipages en bonne
condition physique, stables émotionnellement, disposant d’une bonne
capacité d’adaptation au milieu et aux
hommes et d’un sens élevé des
responsabilités, aptes à survivre en
milieu hostile.
Ces
qualités
seront
ensuite
développées par un entraînement
poussé et spécifique mené en étroite
collaboration avec les unités du
commandement des opérations
spéciales (COS). Le DAOS bénéficie
pour cela de 220 heures de vol
annuelles par pilote. Près de 50% de
ces heures sont réalisées au profit du
COS, 35% des heures sont effectuées
de nuit. L’entraînement mixte HL et HM
est privilégié, les procédés tactiques
utilisés mettant en œuvre tous les
moyens aériens du DAOS. Par
exemple, a été développée la mise à
terre sous appui, combinant le feu de
Gazelle Viviane, de Gazelle Canon, et
des mitrailleuses de bord des HM avant
la dépose de commandos.
Seuls 2 des Marines, dont le chef
du commando, aidés par la
Résistance, purent rejoindre
la Grande-Bretagne après
un long périple en France, puis
en Espagne. Les 6 commandos
capturés furent lâchement
assassinés conformément à
l’odieux ordre personnel de Hitler
du 16 octobre 1942 qui stipulait
que tout commando allié fait
prisonnier, même en uniforme
(ce qui était le cas des Marines
de Mountbatten), devait être
considéré comme un terroriste
et exécuté sur-le-champ.
L’Allemagne avait pourtant
largement utilisé des
commandos et en utiliserait
encore, y compris en uniforme
ennemi.
CDEF
Le saviez-vous ? (4)
A propos des forces ou
opérations spéciales...
Un exemple allemand :
l’opération " Greif "
(Griffon) pendant
l’offensive allemande
dans les Ardennes
(décembre 1944)
Dès le début de la préparation
de l’offensive dans les
Ardennes, à la fin de l’été 44,
le haut commandement
allemand avait décidé la
création d’une unité spéciale
chargée de s’emparer des ponts
de la Meuse et Hitler la confia
p. suivante
p. suivante
17
18
Réflexions
Le saviez-vous ? (4)
personnellement au Lieutenantcolonel SS Otto Skorzeny,
le spécialiste des coups de
main audacieux dont celui de la
libération de Mussolini en 1943
au Gran Sasso.
Cette unité spéciale,
la “Panzerbrigade 150”, devait
normalement comprendre
3 300 hommes parlant anglais
et répartis en 3 bataillons
équipés de matériels
américains. En fait, compte tenu
des difficultés rencontrées pour
réunir le personnel et surtout
l’équipement en état de
marche, 2 500 hommes environ
provenant des 3 armées et des
SS, formèrent une petite
brigade à 2 bataillons,
organisée en 3 Kampfgruppen
(groupements de combat) et
une unité commando, la
“Einheit Stielau” du nom de son
chef, regroupant 150 des 600
meilleurs en anglais, dont
aucun n’avait la moindre
expérience de ce type d’action.
Le peu de matériel américain
récupéré sera complété par du
matériel anglais, allemand ou
russe modifié.
Les commandos de la "Stielau",
répartis en 3 catégories
(groupes de destruction de
5 à 6 hommes, patrouilles
d’éclaireurs de 3 à 4 hommes,
commandos guides de 3 à
4 hommes), seront effectivement
infiltrés dans la profondeur du
dispositif ennemi, tandis que
le gros de la brigade sera lui
engagé en tête du dispositif
allemand, en particulier face
à Malmédy, avant,
normalement, de foncer sur
les ponts convoités, ce qui
ne se produira pas.
p. suivante
L’entraînement au tir air-sol est une
priorité et est particulièrement poussé,
de jour comme de nuit, de même que
l’entraînement des équipages avec leur
armement individuel. Un procédé de
récupération de commandos ou
d’équipes de recherche, de nuit en
silence radio et sans reconnaissance
préalable, est également dispensé par
le DAOS au cours d’un stage
spécifique1. Par ailleurs, un processus
de préparation de mission, mené avec
les commandos, est systématiquement
déroulé avant tout exercice tactique.
En plus de ces savoir-faire tactiques,
les équipages reçoivent une instruction
spécialisée de 4 semaines à leur
affectation, et suivent ensuite de
nombreux stages de formation
(recherche et sauvetage au combat RESCO, séjour au centre national
d’aguerrissement en montagne CNAM, jungle, anglais, ...).
Dans toutes les activités, qu’elles
soient tactiques, sportives ou de
cohésion, l’accent est mis sur le
nécessaire état d’esprit collectif et de
recherche d’excellence qui doit animer
les équipages.
En ce qui concerne les équipements,
le Cougar, le Puma et la Gazelle,
aujourd’hui complétés par l’EC 725,
forment le “corps de bataille” du DAOS.
Hormis l’EC 725, il s’agit donc des
mêmes aéronefs que le reste de
l’ALAT. Cependant, par le biais du plan
d’équipement des unités spécifiques,
octroyé par l’EMAT, ainsi que par celui
du COS, qui dispose d’une cellule
chargée des études et de l’innovation,
de nombreux autres équipements
d’environnement permettent une
préparation opérationnelle adaptée.
Enfin, ce qui apporte une plus-value
majeure est l’existence de procédures
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
communes et spécifiques connues et
appliquées par toutes les unités du
COS. Complété par une connaissance
mutuelle et personnelle des
commandos et des équipages du
DAOS, grâce à leur appartenance
organique à la BFST, ce socle
réglementaire commun entraîne des
automatismes et une confiance
réciproque dans les moments critiques
qui contribuent directement au succès
de l’action.
De surcroît, grâce à un paragraphe
particulier de l’IM 3400, le DAOS est
autorisé à développer des procédures
spéciales, ce qui lui a permis de mettre
au point des procédés tactiques tels
que la dépose de binôme et le largage
plongeur en HL, l’appui feu avec tireur
embarqué (HM et HL) ou à partir des
mitrailleuses de bord sur HM servies
par des MEOS2.
Ainsi, que ce soit pour les équipements
ou pour les procédés tactiques, le
DAOS est un laboratoire pour l’ALAT.
Le DAOS trouve donc sa pertinence
dans son intégration dans une brigade
interarmes, elle-même sous commandement opérationnel du COS, qui, en
organisation, regroupe toutes les
capacités nécessaires aux opérations
spéciales (OS) : action - renseignement
- aéromobilité. Cette intégration répond
à une logique d’efficacité qui permet
aux FS d’apporter une plus-value
opérationnelle significative.
DAOS
1 Stage “ MOS1 “ : marquage opérations
spéciales.
2 “ Membre d’équipage opération spéciale” :
4e homme sur HM ayant suivi une formation
spécifique (aérocordage, tir ANF1,...).
Réflexions
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
La numérisation
des SIC à la BFST
a conception du SIC des FST
s’appuie sur des systèmes
d’information ou de communications
encore en cours d’étude ou
d’expérimentions que sont
GRANITE GFS, GRANITE NG2 V21,
MAESTRO2, MELCHIOR3 et PR4G
VS44 IP. Ceux-ci constitueront à
partir de l’année 2007 une chaîne
numérisée complète du module
tactique au PC de GFS. Les
versions de GRANITE et MAESTRO
actuellement en dotation permettent
déjà l’échange de données
informatiques ; export - import de
bases de données entre CelMo et PC
GFS et intégration automatique dans
les bases GRANITE des CelMo,
CTDR et PC GFS, de la messagerie
(format spécifique “équipe”) élaborée
avec MAESTRO par les modules
tactiques.
L
Les expérimentations en cours à la
BFST portent sur les échanges de
calques de situation graphique, la
remontée
du
positionnement
automatique des modules tactiques
ainsi que sur la sécurisation des
données. En fin d’année 2006, l’ajout
d’un module GFS dans GRANITE, en
cours de développement, apportera
les fonctionnalités d’édition de
messagerie et de visualisation des
données manquant essentiellement
de convivialité pour les traitants des
J3, J2, et J5 de ce PC. Les études en
gestation ont pour objectif
l’amélioration (automatisation et
sécurisation), pour 2007, des
connexions entre les systèmes
Le saviez-vous ? (4)
informatiques et les moyens de
communication. La numérisation
des SIC à la BFST prendra alors
une véritable signification.
Elle deviendra une réalité
opérationnelle à prendre en
compte dans les opérations
spéciales lorsque le système de
communication comprendra la HF
NG5 MELCHIOR.
EM BFST/SIC
1 GRANITE nouvelle génération 2 / 2e version.
2 Module adapté aux échanges sécurisés, aux
transmissions et aux raccordements des
opérationnels.
3 Moyen d’élongation pour les communications
HF interarmées et OTAN en réseau.
4 Poste radio 4e génération / version système
n° 4 internet protocole.
5 High frequency new generation.
Même si les actions de renseignement et de destruction prévues lors de l’opération "Greif"
n’ont pas eu le succès escompté, elles ont eu un effet psychologique indéniable et ont semé
la confusion dans les unités
américaines qui voyaient des
espions et des saboteurs
partout et agissaient en
conséquence.
Selon son chef, la Panzerbrigade
150 aurait perdu 15 pour cent
de ses effectifs (tués, blessés,
disparus et prisonniers), dont
sans doute une dizaine de
commandos fusillés comme
espions car ils avaient été faits
prisonniers en uniforme
américain. L’essentiel de ces
pertes a cependant été provoqué
par les attaques aériennes
alliées. Le courage de ces
volontaires, réels ou "désignés"
et qui n’étaient pas issus des
unités spéciales Brandenburg de
la Wehrmacht ou Friedenthal de
la Waffen SS, n’avait pu pallier
le manque de matériel et
surtout de préparation de cette
unité pour le moins composite.
De plus, le secret nécessaire
dans ce type d’opération avait
été percé dès le premier jour de
l’offensive, les Américains
s’étant emparés de documents
donnant les détails de "Greif".
CDEF
Le saviez-vous ? (5)
A propos des forces ou
opérations spéciales...
Un exemple français :
Les opérations spéciales
en Indochine
p. suivante
19
20
Réflexions
Le saviez-vous ? (5)
Les missions confiées aux unités
de la BFST (renseignement
stratégique, reconnaissance
spéciale, actions commandos dans
la profondeur, etc.) ne sont pas
nouvelles pour les forces françaises.
Les actions des unités commandos
et SAS en 1944-45 lors de la
libération de l’Europe le montrent
amplement, tout comme celles des
corps francs de 1918 et de 193940. Le conflit indochinois
notamment a été riche en actions
de commandos menées surtout par
des unités de l’armée de terre ou
de la marine : raids sur les arrières
du Vietminh, coups de main sur
leurs PC, destructions de dépôts,
sabotages, embuscades, précédés
d’infiltrations profondes par voie
terrestre, par les airs, par le réseau
fluvial très dense, ou par les côtes.
A ces actions "classiques" se sont
ajoutées aussi, notamment à partir
de 1952, la mise sur pied et le
soutien des maquis formés par les
services secrets (service action
du service de documentation
extérieure et de contre-espionnage
- SDECE - devenu ensuite DGSE)
avec l’aide des populations
montagnardes et les minorités
ethniques de l’Annam et du Tonkin
(en particulier des Thaïs, Méos,
Mans, Nungs) maltraitées par les
Annamites. Regroupés au sein du
groupement de commandos mixtes
aéroportés (GCMA), les officiers,
sous-officiers et soldats encadrant
les maquis et leurs amis
autochtones (près de 13 000
partisans) ont considérablement
gêné les unités régionales du
Vietminh jusqu’aux accords de
Genève.
Mis sur pied tardivement, n’ayant
pas reçu les moyens en personnel
et en matériel spécifique dont il
avait besoin pour ses actions de
contre-guérilla, le GCMA n’a pu
donner toute sa mesure.
CDEF
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Les enjeux du futur :
la numérisation des
forces spéciales terre
es SIC doivent rester
subordonnés aux choix
opérationnels des structures de
commandement et non pas
s’imposer par des contraintes
techniques trop fortes. Le SIC
numérisé décrit supra comportera
inévitablement des limites.
L
Emploi
Le système conçu devra s’adapter à
tous les types de déploiements
potentiels des opérations
spéciales. L’architecture comportant
un PC de GFS (de plus en plus
imposant) principalement utilisée
depuis quelques années ne doit pas
faire perdre de vue d’autres types de
structures de commandement plus
légères ayant démontrées leur
efficacité par le passé dans des
opérations à dominante action
(opération ARTEMIS par exemple).
Pour cela, le 1er RPIMa a engagé un
processus (numérisation “RAPAS”)
pour répondre aux besoins de
gestion de crise “temps réel” en
conservant légèreté, souplesse et
réactivité des fonctions
commandement, coordination et
mise en œuvre.
Technique
Pour être pleinement efficace le SIC
des opérations spéciales devra
être complété par :
- la numérisation des cellules
d’observation ou des équipiers
(FELIN1, BRUTUS...) ;
- la numérisation du PC de GFS
(automatisation des fonctions de
suivi tactique, logistique, santé...) ;
- l’amélioration des échanges
numérisés vers les employeurs
(interopérabilité avec SICA2,
SICF3) ;
- l’intégration des informations
numérisées d’autres capteurs ou
systèmes (drones, HELIOS, SORA, ...).
Les systèmes futurs mis à la
disposition de la BFST à partir de
2009 (fin de vie contractuelle de
GRANITE) devront converger vers
ses caractéristiques.
EM BFST/SIC
1 Fantassin à équipements et liaisons intégrées.
2 Système d’information et de communications
des armées.
3 Système d’information et de communications
des forces.
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Réflexions
1er RTP: pour un projet
ambitieux sur Toulouse
réé en 1999, après la dissolution
du régiment de livraison par air
(1997) et la réorganisation de la base
opérationnelle mobile aéroportée, le 1er
régiment du train parachutiste est le
seul héritier des unités de livraison
par air (LPA), et de cinquante années
d’expérience accumulée sur tous les
théâtres d’opérations. Avec l’entrée
en service de l’A 400 M1, le régiment
aborde une période charnière de son
existence faite d’incertitudes mais aussi d’opportunités à saisir.
C
Aujourd’hui, un pôle
de compétence unique
et incontournable
Pôle de compétence unique dans les
armées et incontournable aujourd’hui
dans le domaine de la mise à terre
des matériels et des personnels à partir des aéronefs de la FAP2, le régiment dispose de nombreux atouts
pour continuer à remplir ce rôle
demain à partir de l’A 400M en mettant à la disposition du commandement un outil éprouvé.
Régiment d’appui à la projection et à
la mise à terre unique au sein des
armées, il remplit ses missions
(livraison par air et participation aux
transits interarmées aériens, soutien
logistique par voie aérienne) au profit
de nombreux partenaires (11e BP,
unités FAT, unités FLT, ALFUSCO,
équipages de la FAP pour leur
entraînement et leur formation, ...)
avec une efficacité reconnue sur tous
les aéronefs en service.
Le saviez-vous ? (6)
A propos des forces ou
opérations spéciales...
Les spécialistes LPA sont avec les
équipages de la FAP des acteurs à
part entière de la mise à terre. Leur
action s’exerce tout d’abord au sol
(conditionnement technique des
équipements, pliage des parachutes à
matériels, chargement des aéronefs,
préparation de la soute pour le largage)
puis en vol en participant activement, en
liaison avec l’équipage, au largage.
Implanté
sur une infrastructure
fonctionnelle
Aujourd’hui déjà idéalement situé sur la
base aérienne 101 de ToulouzeFrancazal, au cœur de la 11e brigade
parachutiste, proche de la STAT GAP3
qu’il soutient dans ses campagnes
d’essais, il verra prochainement ses
infrastructures valorisées avec la
création en cours dans un hangar de
la BA 101, du pôle d’entraînement
LPA/3e dimension. Celui-ci sera
organisé autour du C160, cédé par
l’armée de l’air au régiment en août
2005, en cours d’aménagement en
maquette d’instruction, et plus tard vers
2008 optimisé avec son simulateur
p. suivante
1 A 400 M : avion de transport, entrée en service
2009.
2 Force aérienne de projection.
3 Section technique de l’armée de terre groupement “aéroportés”, implantée à Toulouse,
chargée des programmes TAP.
Un exemple soviétique :
la participation des
Spetsnatz au conflit
afghan
Les Spetsnatz soviétiques de
l’époque de la guerre froide, qui
représentaient à partir des années
1980 la grande peur des PC et
installations logistiques de
l’Alliance atlantique, dépendaient
du GRU, le bureau renseignement
de l’état-major général et non du
KGB, comme certaines unités spécialistes des actions clandestines.
Les Spetsnatz, chargés de la
"reconnaissance spéciale" (reconnaissance profonde, sabotage,
déception,…) avec l’aide des clandestins du GRU, dont des athlètes
professionnels, n’ont pas eu, et
pour cause, l’occasion de donner
toute leur mesure sur les arrières
alliés.
En revanche, ils ont été largement
utilisés en Afghanistan, plus
d’ailleurs comme troupes de choc
dans des actions tactiques que
comme forces spéciales. Un des
exemples connus d’emploi de
niveau stratégique de ces
Spetsnatz est la participation
à l’assaut du palais présidentiel
à Kaboul en 1978 lors de l’invasion
de l’Afghanistan. Ces soldats
"nettoyèrent" le palais avec les
membres d’une unité clandestine
du KGB et assassinèrent une
partie des dirigeants afghans dont
le président Amin Hafizullah.
L’armée soviétique, bras armé
d’une dictature pourtant
apparemment assagie, pratiquait
alors largement la confusion des
genres entre les actions militaires
et les actions politiques.
CDEF
21
22
Réflexions
activités
>> DREX/RETEX
CODIREX 2006,
une première …
D’aucun pourrait s’étonner de voir
un tel titre pour un "comité du
RETEX", créé en 20041, et qui
en est à sa deuxième édition !
En réalité, cette réunion annuelle,
présidée par le général major
général de l’armée de terre, a
pris seulement cette année le
nom de "comité directeur du
RETEX" ou "CODIREX" et fait
partie désormais du processus
décisionnel décrit dans la
nouvelle directive permanente de
la fonction RETEX de l’armée de
terre2.
Ce processus, s’appuyant sur le
principe de subsidiarité, institue
deux types de réunions
décisionnelles, de niveau et de
fréquence différents :
- Le comité exécutif ou "COMEX",
présidé par le sous-chef
opérations-logistique de l’EMAT,
qui se réunit trimestriellement
et permet donc de statuer "en
continu" sur les propositions
faites par les grands
commandements et directions
centrales, relatives aux
enseignements qu’ils ont
sélectionnés.
- Le comité directeur (CODIREX)
annuel, au cours duquel sont
traités des dossiers "lourds",
sélectionnés lors des COMEX
précédents en raison de leur
caractère transverse, de leur
incidence sur le long terme
et par voie de conséquence
relevant d’un niveau de décision
supérieur.
p. suivante
d’entraînement à l’aérolargage (SEAL)4.
Il permet à la 11e BP de remplir son
contrat opérationnel en mettant au
quotidien une base d’opération
aéroportée (BOAP) déployée à Edme
(halls de conditionnement, section
pliage parachute, EM avec cellule de
conduite des opérations...).
Demain sur l’A 400 M :
des atouts pour
un projet ambitieux
Le régiment, riche de 50 années
d’expérience des interventions avec
l’armée de l’air, possède tous les atouts
pour continuer à jouer le rôle majeur
dans le largage à partir de l’A 400 M.
Déjà en relation avec l’équipe de
marque “terre” de l’A 400 M de la STAT
et associé à ce programme grâce à un
officier de marque, il sera demain un
acteur essentiel du processus d’expérimentation de largage lourd de l’A 400 M
dont la France aura la responsabilité.
L’entrée prochaine en service de l’A400 M
est aussi l’occasion d’optimiser les
moyens dédiés à la LPA en les
regroupant autour du 1er RTP. La
création d’une base regroupant, outre le
1er RTP, le centre d’essais en vol (CEV) et
la STAT GAP dont l’actuelle implantation
en centre ville est menacée, disposant
des moyens techniques pour continuer à
activer l’actuelle piste d’atterrissage de la
BA 101 mais aussi d’une maquette de
soute A 400 M est une voie à explorer.
Il s’agit donc bien de créer à côté du
pôle de compétence aéronautique
que sera la ville de Toulouse, un
centre de compétence LPA à vocation
nationale, voire internationale, dédié à
l’entraînement, aux essais techniques,
mais aussi à la formation des spécialistes
livraison par air.
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Pour une réflexion
globale
Mais le 1er RTP est aussi le corps
support de la garnison de Toulouse,
symbolique des difficultés que peut
présenter une garnison poly-formations
à la forte dispersion géographique. La
création d’une base permettrait de
regrouper, dans une stricte démarche
de cohérence, autour du corps support
des organismes aujourd’hui dispersés
et par conséquent de diminuer le coût
de fonctionnement et de limiter le
personnel destiné au support de la
garnison.
Cette opportunité nécessite une
véritable réflexion d’ensemble avec
tous les acteurs concernés pour
aborder le dossier dans sa globalité
(emploi opérationnel, formation LPA,
investissement pour une maquette de
soute A 400 M à Toulouse, définition
des modalités du programme des
essais largage matériel sur A 400 M,
nouvelle organisation de la garnison...).
Bel avenir en vérité pour un régiment
qui “par le ciel, partout, pour tous 5”
possède bien des atouts pour continuer
à l’être demain à Toulouse à partir de
l’A 400 M.
Colonel Rodier Claude
commandant le 1er RTP
4 Programme dérivé du démonstrateur technique SERAPIS, financé dans le cadre d’un
programme de la mission innovation des
armées, initié en 2003 par le 1er RTP. Il permet
de simuler le largage en utilisant un casque de
simulation pour mettre en situation virtuelle le
chef largueur de matériel.
5 Devise du 1er RTP.
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Tribune Libre
L’errance de la pensée
militaire française
e rôle des idées et des
représentations dans l’action,
qu’elles soient politiques ou
militaires, et plus globalement
dans les politiques de défense et
de sécurité, est essentiel. Pourtant,
dans le monde de l’après-guerre
froide, en Europe, la pensée
militaire ne joue plus les premiers
rôles. La disparition de l’ennemi
avec l’effondrement de l’empire
communiste obtenu sans bataille,
met à mal la pertinence de la
pensée stratégique classique,
compte tenu de la dissymétrie
existant entre les capacités
militaires de la superpuissance et
celles de ses adversaires possibles.
Avec l’absence relative de guerres et
de conflits armés majeurs entre
Etats, la prévention des crises
procède désormais d’une approche
large des problèmes internationaux,
où les domaines d’action sont de
nature diplomatique, juridique,
humanitaire tout autant que
militaire. Dans un tel contexte, la
stratégie militaire se voit ainsi
absorbée par une stratégie plus
“globale” dans un monde où les flux
politiques, culturels, économiques
ont un rôle grandissant.
L
En 1903, le Lieutenant-colonel Foch
écrivit Les principes de la guerre, un
ouvrage essentiel de tactique
militaire. Un siècle plus tard, Foch
serait sans doute britannique et
pourrait s’appeler Rupert Smith1.
Faut-il considérer que l’effacement
intellectuel français est la triste
conséquence d’une torpeur ou d’une
indigence des idées propre aux
militaires d’aujourd’hui, ou résulte-t-il
de la mise en place d’une série de
verrous paralysant toute velléité
d’expression non conforme à la
doctrine en vigueur.
activités
>> DREX/RETEX
En réalité, l’errance actuelle de la
pensée militaire française semble
durer et trouve ses racines dans “la
glaciation de la pensée” née de
l’ère nucléaire. Le silence des
intellectuels militaires, nos “clercs2“
des années 1930 dont les écrits
devraient nous éclairer sur le débat
stratégique contemporain, ne serait
qu’un épiphénomène si cette
errance ne révélait une crise
profonde et peut-être un déclin.
Révélatrice d’une tendance de
fond, l’errance de la pensée
militaire montre sans doute que
nous avons renoncé depuis
longtemps à peser dans la guerre
moderne contemporaine.
Quelles en sont les raisons ? Des
pays occidentaux, la France a été
pendant la guerre froide l’un de
ceux qui a poussé le plus loin la
logique de la dissuasion avec depuis
les années soixante, un concept
marqué d’autonomie nationale;
parallèlement, elle conservait une
stratégie active héritée de l’ère
coloniale en conduisant quelques
interventions en Afrique. Actualisant
la vieille notion d’attente stratégique
dégagée par le général Camon du
système de guerre napoléonien, le
général Poirier3 parle de “posture
d’attente” lorsqu’en raison de
l’ignorance de ce que peut faire
l’ennemi, il n’est pas possible
d’adopter une posture définie,
qu’elle soit défensive ou offensive.
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1 General Rupert Smith, The utility of force:
the art of war in modern world, 2006.
2 Expression empruntée à Julien Benda,
La trahison des clercs, 1927.
3 Lucien Poirier, Des stratégies nucléaires,
Hachette, 1977; Bruxelles, Complexe, 1988,
p.310.
L’édition 2006 du CODIREX était
centrée sur trois dossiers majeurs :
- La médicalisation de l’avant
Evoquée à maintes reprises dans
les rapports de fin de mission,
l’adaptation nécessaire des
qualifications santé aux besoins
des petites unités en situation
d’isolement nécessitait d’en
mesurer au préalable les
conséquences juridiques,
humaines, techniques et
financières. Un mandat d’étude a
donc été confié dans ces termes à
l’inspection du service de santé de
l’Armée de terre. Le rapport
d’étape, validé par le MGAT en
séance, prévoit une quantification
du besoin puis l’étude des
formations à envisager et enfin, un
avis des juristes sur les aspects
régle-mentaires. Le COMEX
d’octobre permettra de statuer sur
les mesures proposées dans le
rapport final.
- Le renseignement de contact
La nécessité de renforcer la
capacité de l’armée de terre dans
ce domaine, issue de plusieurs
enseignements débattus en
COMEX, regroupe quatre volets :
formation et entraînement,
doctrine, ressources humaines et
équipements. L’inscription des
cellules RENS au DUO des
régiments est validée pour l’été
2007 sur un principe laissant une
grande souplesse aux corps ;
ces cellules seront dotées
d’équipements adaptés au fur et
à mesure de leur formation au
CEERAT.
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23
24
Tribune Libre
activités
>> DREX/RETEX
- La protection des forces
En matière d’équipements, tous
les efforts possibles sont menés
par l’armée de terre, en particulier
au sein des programmes en cours
ou à venir. Seules des évolutions
partielles sont envisageables sur
le court terme. Par ailleurs, les
études de doctrine sont en bonne
voie (protection des flux
logistiques, autoprotection, etc.).
Pour autant, ce domaine peut être
amélioré notamment par
l’accroissement de la projection
des engins blindés sur les
théâtres d’opérations : cette
proposition a été validée dans
le principe, même si sa mise en
oeuvre restera au cas pas cas
conditionnée par les contraintes
parfois (hélas) culturelles, en
tout cas toujours politiques et
médiatiques davantage encore
que logistiques ou financières !
Enfin, le MGAT a donné son
accord pour une étude sur une
nouvelle démarche capacitaire,
intégrant davantage le RETEX,
et permettant une plus grande
adaptation réactive.
Le procès-verbal du CODIREX
2006 a été diffusé dans
l’ensemble des états-majors.
Il est consultable en ligne sur le
site du CDEF dans la rubrique
"retour d’expérience".
Lieutenant-colonel Bernard VIEL
Adjoint au bureau exploitation
1 Lettre n°1450/DEF/EMAT/BPO/ICE/31
du 06/09/2004
2 Lettre n°78/DEF/EMAT/BPO/ICE/31
du 17/01/2006 (consultable sur intraterre
à l’adresse suivante :
http://www.emat.terre.defense.gouv.fr/scripts/b
ureaux/frameset.asp?site=22&view=dossier).
La puissance de l’arme nucléaire est
telle que l’on a eu tendance depuis
à croire qu’elle rendait la guerre
impossible. Le but principal de
l’outil militaire n’étant plus de
gagner la guerre, mais de la
prévenir. Face à de tels bouleversements, la réflexion militaire est
depuis les années 1960 en crise
et les intellectuels militaires,
atteints par le phénomène de la
“décristalisation” pour reprendre
une expression stendhalienne, ont
cessé d’être envoûtés par la guerre.
Sans doute, les horreurs des deux
guerres mondiales ont-elles
transformé un discours pacifiste
utopiste en une revendication de
plus en plus forte. L’attrait pour les
études géopolitiques semble
désormais supplanter l’attrait
pour la pratique de l’art de la
guerre.
Comment en sommes-nous arrivés
là ? La coutume du silence dans
les armées recouvre la culture
stratégique d’une “obscure clarté”.
L’interprétation restrictive du
droit d’expression des militaires
se traduit par l’évacuation de
toute forme de réflexion critique
qui pourrait être portée sur la
validité des choix stratégiques, de
la politique de défense ou du
budget. Le fait de s’exprimer en
qualité d’expert sur les questions
de défense ne devrait pas être
considéré comme une remise en
cause du pouvoir politique, mais
devrait plutôt être interprété
comme une contribution à
l’adaptation de l’outil de défense.
La résignation s’apparente à une
sorte de réflexe pavlovien de
prudence et de méfiance, nourri
par la crainte de sanctions.
Ensuite, la filiation culturelle
voire spirituelle avec les grands
penseurs militaires d’hier est
rompue. Et pourtant, cet héritage
des classiques militaires (le corpus
des textes français de stratégie et
l’ensemble des décisions prises au
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
cours de l’histoire par des
stratèges français) est immense.
Mais, depuis la fin de la guerre
froide, cet héritage intellectuel a
cessé de nous imprégner car nos
repères sont désormais ceux des
expériences individuelles acquises
au fil des engagements extérieurs
depuis notre participation à
l ’ o p é r a t i o n D e s e r t S t o r m 4.
Absorbés par les missions de
courte durée, nous ne lisons plus
les ouvrages majeurs des
théoriciens de l’art militaire, pas
plus d’ailleurs que nous ne lisons
les grands auteurs américains.
C’est donc une rupture culturelle
majeure.
De quel héritage culturel sommesnous alors porteurs ? De quel fond
culturel proprement national
sommes-nous désormais les
héritiers ? La liberté est
inaccessible à l’ignorant,
pensaient les philosophes des
Lumières. Cette culture humaniste,
philosophique, politique qui nous
manque suppose en effet
l’appropriation des repères
historiques nécessaires à la
formation d’opinions raisonnées
comme elle suppose également
de faire preuve d’esprit critique
afin d’être prêt à partager un
patrimoine militaire européen
considérable. “J’admire Rome
enfin, disait Guibert, quand
j’examine sa constitution militaire,
liée à sa constitution politique ;
les lois de la milice ; l’éducation
de sa jeunesse ; ses grands
hommes passant indifféremment
par toutes les charges de l’Etat,
parce qu’ils étaient propres à les
remplir toutes ; ses citoyens fiers
du nom de leur patrie et se
croyant supérieurs aux rois
qu’ils étaient accoutumés à
vaincre.”
4 Opération militaire conduite contre l’Irak
en 1991, opération Daguet.
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Aujourd’hui, le processus de
formation des idées et leur
influence éventuelle sur la
fabrication d’une pensée militaire
est en panne, ce qui nous pousse
au mimétisme calqué sur la
culture américaine. Les think tanks
de Washington donnent le ton.
Dans de telles conditions, le
conformisme intellectuel mou
apparaît comme un principe de
précaution indiscutable promu au
rang de dogme, prônant la
recherche de l’équilibre en tout et
la prise de risque limitée dans
l’action militaire. Là, se trouve
l’engourdissement de la pensée
militaire ; et si l’on débat, c’est sur
un tout autre terrain. En effet, la
réflexion de nos états-majors est
tournée vers la définition de
modèles d’organisation, de
systèmes de gestion innovants ou
de structures performantes. La
stratégie ministérielle de réforme5
(SMR) par exemple, lancée en
2003, mobilise davantage les
attentions que les débats sur les
opérations opératives. En fin de
compte, toute pensée qui ne
germe pas, ne s’exprime pas et
n’est pas nourrie par une culture
favorable est une pensée mortnée ou avortée.
Quelles solutions pour demain ?
Revisiter l’histoire militaire
d’abord. Elle fournit cette
connaissance de l’action des
Anciens ; elle contribue à nous
donner les motivations, les
ressources morales, les modèles
et exemples dont nous avons
besoin. Le comte de Guibert
écrivait à ce sujet : “il faut étudier
l’histoire pour apprendre à y
figurer.” Certes, nul phénomène
n’est plus complexe que la guerre.
Aborder l’homme en lutte contre
l’homme, deux intelligences, deux
Tribune Libre
volontés rivalisant de ressources
pour s’anéantir mutuellement, est
un spectacle
embrouillé et
chaotique6. Nous devrions relire
Raymond Aron7 ou nous intéresser
à la guerre des Boers8 par exemple
pour acquérir une culture historique, une indépendance de
jugement. Mais les conditions ne
sont pas remplies pour cultiver
l’histoire militaire et l’associer aux
études tactiques tant cela
suppose une formation, du temps
et des instruments de travail. On
n’enseigne plus les faits d’armes,
les batailles, les audacieuses
manœuvres tactiques parce que le
passé militaire est un objet de
musée désormais encombrant,
“l’albatros“ de Baudelaire dont
nous rions.
Enfin, développer la réflexion
tactique. Il s’agit de comprendre
les ressorts de l’action militaire
par l’étude attentive des modes
d’action possibles qui découlent
de l’action des forces d’un ennemi
générique revisité ou des forces
amies, de leur affrontement ainsi
que de leur influence réciproque. Il
s’agit aussi, alors que les
engagements militaires sont
complexes, de favoriser l’étude
rigoureuse des décisions de
conduite prises lors de batailles
emblématiques comme de l’emploi
des armes appliqués aux réalités
du combat interarmes jusqu’au
plus bas niveau.
p. suivante
5 La SMR lancé en 2003 concourt à la recherche
de l’efficience dans l’ensemble des fonctions
administratives ou de soutien ainsi que
l’organisation des agents ou des usagers.
6 Général Robert Vial.
7 Article du colonel Ponties paru dans le Figaro,
3 Janvier 06.
8 In revue Doctrine n°7, page 75.p. suivante
activités
>> DREX/RETEX
Médicalisation de l’avant
Le Médecin Général Inspecteur
DELOLME, inspecteur du service de
santé de l’armée de terre (ISSAT),
s’est vu confirmer au cours du comité directeur du RETEX (CODIREX)
par le général major général de l’armée de terre son mandat d’étude
sur l’adaptation des attributions
des brancardiers aux contraintes de
travail des petites unités en opérations. Ses conclusions devront être
rendues le 15 octobre et s’orientent
vers deux objectifs :
1. l’extension des gestes techniques de première urgence réalisables par les équipes santé en
situation d’isolement, en particulier
les brancardiers-secouristes.
2. l’optimisation des échanges d’information et du traitement des
blessés au sein de la chaîne santé
en opération.
Concernant le premier objectif, trois
thématiques sont à analyser en
profondeur par les groupes d’experts qui se réuniront dès le mois
d’avril:
• Existe-t-il un besoin réel au-delà
du besoin ressenti ?
• Quelle formation, quels effectifs à
former et pour quel emploi ?
• Quelles contraintes juridiques et
réglementaires ?
Dans le cadre de cette étude,
le CDEF recherche toutes les
expériences de situations sanitaires critiques en situation d’isolement dans des unités dépourvues
de médecin ou de chaîne santé.
Merci de faire parvenir vos
témoignages au
CDEF/DREX/B.EXP
821 753 5197 - 01 44 42 51
[email protected].
defense.gouv.fr
Capitaine Pierre de SOLAGES
Bureau exploitation
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26
Tribune Libre
activités
>> DREX/RETEX
Renseignement du corps
de troupe
Le Général de corps d’armée
CUCHE, major général de l’armée
de terre, a officialisé lors du
CODIREX l’inscription de la cellule
renseignement aux DUO des
régiments de l’armée de terre
dès 2007. Actuellement en cours
de formation au C.E.E.R.A.T., les
O.R.C.T. assureront dans leur corps
la montée en puissance de leur
cellule si elle n’est pas déjà
réalisée, comme c’est souvent
le cas.
Sa composition pourra varier d’une
formation à l’autre, chaque
fonction et même chaque régiment
restant libre de dimensionner
cette cellule à ses besoins
propres, sa ressource ou les
besoins ressentis. C’est pourquoi
la question de la ressource
humaine nécessaire à l’armement
de ces cellules RENS régimentaires
est actuellement à l’étude, chaque
fonction étant associée par
EMAT/BPRH à sa définition
souhaitée et possible.
L’équipement, en particulier audiovisuel, pourra être mis en place
une fois les cellules réalisées, les
personnels formés à leur utilisation
et le besoin précisément exprimé.
Un budget adéquat est à l’étude
pour l’acquisition et à la
maintenance de ce nouveau
matériel au sein des C.R.E.
concernés. Une proposition de kit
"capture d’images", ciblée sur
les besoins d’un GTIA, a été
diffusée en avril à la FAT et
à la FLT.
Capitaine Pierre de SOLAGES
Bureau exploitation
Quels sont les enjeux aujourd’hui ?
D’abord, réaffirmer non
seulement une identité militaire
mêlant véritablement action et
pensée mais aussi son rôle
capital dans la Cité. Il s’agit de
se ré-approprier l’action militaire
aujourd’hui désincarnée et
dépolitisée. Il faut repenser la
guerre moderne, la guerre
indirecte décrite par Sun Tzu,
avec des idées neuves au risque
de voir surgir des penseurs de la
stratégie moins militaires et
tacticiens que civils et
informaticiens.
Ce qui est en jeu, c’est la capacité
de la France à penser et à agir
par elle-même, de faire en
quelque sorte qu’elle soit l’acteur
de sa propre liberté. La préservation de l’autonomie, de la
richesse et de l’originalité de la
pensée militaire française est
capitale, à l’heure où, coincée entre
l’organisation du traité de
l’Atlantique Nord (OTAN) et l’Union
européenne (UE), la politique
de défense française semble
condamnée à se dénationaliser.
Parce que sa voix risquerait d’être à
brève échéance inaudible, la France
doit créer les conditions favorables
à la réflexion stratégique afin de
jouer un rôle moteur dans la
construction d’une défense
européenne commune. Celle-ci
permettrait à la stratégie française
de retrouver un leadership
continental, qui n’aurait rien de
dominateur, mais ferait entendre
la voix de l’Europe.
En conclusion, ce constat nous
amène à croire que le relativisme
et le “technicisme” ont donc fini
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
par s’emparer de la culture
militaire contemporaine. Quand
on préfère enseigner la méthode,
disserter sur les structures, quand
on privilégie l’application à la
r é f l e x i o n , l e s s a v o i r- f a i r e
techniques au débat stratégique,
à la réflexion tactique,
aux commentaires d’œuvres
majeures, alors on s’interdit
l’accès au doute, à l’ironie, à la
raison, à tout ce qui pourrait la
détacher de la matrice collective. La
pensée militaire naît des grandes
idées issues de l’air du temps, d’un
inconscient collectif, d’idées claires
qui se diffusent. Elle peut entraîner
des doutes sur la capacité
opérationnelle de tel outil
considéré jusqu’alors comme
incontournable,
ébranler
la
confiance des hommes et
atteindre directement leur moral.
“La discipline doit être stricte, la
pensée militaire doit être libre”
disait le général de Gaulle.
Sans la volonté réelle et durable
de consacrer du temps à la
réflexion, à la formation des
idées, à l’émancipation de
l’intelligence, par exemple lors
dans l’enseignement militaire
supérieur, sans un sursaut
intellectuel en somme, “la vie
avec la pensée, pour reprendre les
mots d’A. Finkielkraut, pourrait
cède(r) doucement la place au
face-à-face terrible et dérisoire
du fanatique et du zombie“.
CBA de La Roque 119e promotion
de l’ “Ecole supérieure de guerre“
(CSEM)
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Tribune Libre
La méthode de tir
de combat du 1er RPIMa
égiment de forces spéciales de
l’armée de terre, le 1er RPIMa porte, depuis 1974, une attention toute particulière aux méthodes de
formation au tir de combat. Appelé,
plus qu’aucune autre unité, à opérer
au quotidien avec un armement
individuel et collectif approvisionné
et le plus souvent armé, le 1er RPIMa
a développé au cours des sept dernières années une méthode globale d’instruction connue sous le
vocable de méthode de tir de combat (MTC).
R
Cette MTC est un système d’instruction et d’entraînement constitué de
comportements standards, de manipulations et de drill fondés sur les
recherches de Chuck Taylor, un officier américain. Au sein du 1er RPIMa,
la MTC vit le jour en 1999 et la tâche
de former les commandos à ces nouvelles techniques fut confiée au
Sergent Philippe Perotti, élève à titre privé de Taylor.
La MTC est structurée autour de trois
axes (sécurité, simplicité, efficacité)
autour desquels gravitent d’autres
notions telles que le réalisme, la
rapidité, la simplicité, l’efficacité, le
mental et enfin le combat puisque
les techniques individuelles de combat sont intégrées dans l’instruction
du tir.
Avec la MTC, les commandos du 1er
RPIMa disposent d’une méthode
globale, cohérente et efficace qui a
fait ses preuves en opération.
Structurée en fiches et en niveaux,
elle ne laisse aucune place à l’approximation et aux mauvaises habitudes. Ainsi, la maîtrise de leurs
armes dont font preuve les groupes
RAPAS a permis d’éviter les accidents et les tirs fratricides en entraînement comme en opération. Les
tirs effectués en situation de combat
ont également apporté la preuve de
l’efficacité de la MTC et de la supériorité technique et psychologique
qu’elle confère à ses utilisateurs.
La MTC et l’IST-C (instruction sur le tir
de combat, méthode désormais
enseignée à l’école d’application de
l’infanterie) sont toutes deux issues
des travaux de Taylor. Toutefois, la
première a logiquement émergé
avant la seconde tant la qualité du
tir revêt une importance vitale. Par
ailleurs, si les principes des deux
méthodes sont les mêmes, les
conditions particulières d’exécution
des missions induisent naturellement une approche différente. Un
équipier RAPAS (recherche aéroportée et actions spéciales) est par
définition appelé à opérer en élément léger et autonome. Loin de
tout appui ou renfort, ayant une
dotation initiale limitée, le groupe
ne peut compter sur son volume de
feu pour emporter la décision dans
un combat mené le plus souvent du
faible au fort.
La MTC a marqué l’arrivée au 1er RPIMa
d’une méthode de tir globale, commune et efficace. Le changement
n’est pas dans le tir en lui-même
mais dans l’approche des armes et
de l’instruction et dans une refonte
des techniques individuelles de
combat, de préparation mentale et
de sécurité. De plus, en se combinant aux techniques d’action immédiate (T.A.I) également enseignées
au 1er RPIMa, la MTC contribue à
donner un avantage décisif aux
commandos dans leurs missions
opérationnelles.
Le CEMAT reconnaît officiellement
la MTC, que seul le 1er RPIMa est
autorisé à pratiquer (lettre n°
2000639/DEF/EMAT/BPO/ICE/32 du
25 avril 2006).
Un officier du 1er RPIMa
activités
>> DREX/3A
AURIGE 4e BAM
Le PC de la 4e BAM a effectué
un exercice AURIGE, du 11
au 14 mars 2006, au CEPC
de MAILLY.
Au cours de cet exercice,
la brigade a montré une
parfaite maîtrise de sa
spécificité aéromobile avec
une mention particulière pour
la coordination 3D interarmes
et interarmées.
Il faut également noter
l’investissement de l’EMF3 pour
représenter une animation
"haut" conséquente en volume
et en qualité, ainsi que le
fonctionnement, globalement
satisfaisant et sans
interruption, du logiciel SCIPIO.
Pour la première fois, cet
exercice a donné lieu à une
analyse tactique dont les
finalités, à savoir, moins
chercher à donner une leçon
que provoquer l’analyse et
la confrontation des
manœuvres possibles, ont été
bien comprises et respectées.
Cet exercice a également
montré la nécessité de
poursuivre "l’interarmisation"
de l’emploi de la brigade
aéromobile, de manière à ce
que sa manœuvre soit bien
une manœuvre de "brigade
interarmes aéromobile".
Colonel Serge BILLIERES
Chef du bureau 3A
27
28
Tribune Libre
activités
>>DREX/Recherche
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Pour une homogénéisation
des structures des unités
de l’ABC
Fiches de lecture
Caleb Carr, The Lessons of Terror,
Random House, New York 2003
Caleb CARR, dans ce livre,
montre que les violences
délibérément infligées aux
civils sont une pratique de
guerre à la fois ancienne et
systématiquement contreproductive. Une plongée dans
l’histoire la plus sanglante qui
éclaire la question du
terrorisme.
Sa principale originalité
consiste à aborder le problème
sous un angle militaire et de
montrer que le terrorisme est
une pratique guerrière à
laquelle se sont livrés tous les
peuples. En qualifiant de
terroriste toute attaque
violente et délibérée contre
des civils ou des noncombattants, l’auteur parvient
en effet à remonter le fil des
conflits illimités qui ont
tellement ensanglanté
l’histoire et à discerner la
continuité de leur pratique
désastreuse jusqu’à notre
époque.
L’auteur en guise de conclusion
plaide avant tout pour
l’application d’une violence
ciblée, épargnant très
largement les populations
civiles, sur le modèle de la
campagne d’Afghanistan.
Lieutenant-colonel Jérôme CARIO
chef du Bureau recherche
organisation de nos unités
blindées devrait tendre vers
une articulation commune
" canon/investigation ". Cette
dernière, commune à toutes nos
"subdivisions" et existant en
garnison faciliterait la préparation à l’engagement en projection extérieure. Un "moule"
commun fédère déjà les unités
"roues canons" AMX 10 RC et ERC
90, il faudrait l’étendre à nos
unités "LECLERC".
L’
Pour s’en rapprocher, la composante "XL" doit donc se doter de
groupes d’investigation (2 VBL
par peloton). Cette association
est déjà mise en œuvre de façon
conjoncturelle pour les séquences
des S/GTIA XL au CENTAC où elle a
montré sa pertinence et sa
validité (adjonction de patrouilles
du PER). De même, dans le cadre
des études initiées sur les forces
avancées XL, elle est d’ores et
déjà prise en compte et est
développée par une EVTA au sein
du 501e - 503e R.C.C.
Dans le contexte actuel de
gestion contrainte de nos
effectifs, ces VBL pourraient être
placés en complément de nos PAD
à raison de 6 véhicules par
escadron (2 pour chaque peloton
XL). Les métiers des personnels
des GAD (à 0/1/6) autoriseraient
l’armement en double qualification des escouades (à 0/1/5)
sans trop de difficultés.
Cette gestion de parc et de
personnels permettrait, en outre,
de disposer par GE d’une
ressource de 24 VBL (en incluant le
PER) qui faciliterait la mise sur pied
d’un EBL à 3 pelotons voire 4
pelotons ou les 2 pelotons VBL d’un
ERIAD, diminuant d’autant la
pression sur l’EEI rattaché au RC 80.
Tenant compte de la réalité de la
DTO des matériels et de la
disponibilité des personnels, un
escadron LECLERC pourrait donc
engager sur sa propre structure
sans atomisation, ni perception
fastidieuse de matériels :
- 1 escadron classique à 3
pelotons XL avec son PAD
(l’actuel),
- 1 escadron à 2 pelotons
XL/VBL/GAD (type module forces
avancées)
- 1 escadron blindé à 3 pelotons
XL/VBL (type missions majeures
ou MiCUB).
Ces aménagements (actuellement
sous enveloppe constante en
personnel) demanderaient donc
la mise en place de :
- 18 VBL par GE 40
- 36 VBL par RC 80
soit 144 VBL (ou PVP…) pour la
sous-fonction blindée (4 brigades).
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
La solution la plus pertinente et
adéquate reste cependant la
création en organisation d’une
cellule investigation au sein de
chaque peloton XL. La sousfonction blindée peut-elle se le
permettre ?
La structure d’une unité élémentaire "XL/VBL" se rapprocherait de
celle des escadrons X10 RC et ERC
90 de par son articulation et ses
capacités. Elle faciliterait la projection des GE 40 sur des matériels
blindés autres que les XL (ERC 90
en particulier) en optimisant la
PREPA.OPS en métropole tout en
limitant l’atomisation des unités
élémentaires.
Les MCO s’en trouveraient allégées
car les unités XL, ainsi préparées à
agir sur des modes opératoires et
des structures similaires aux unités
"roues - canons", ne marqueraient
leur effort que sur le tir canon
(niveau 2) conjuguée à une courte
"reconversion" essentiellement
technique (pilotage et entretien
AEB/TEB).
Ces délais de MCO notoirement
simplifiés et réduits, la programmation des activités opérationnelles du RC 80 y trouverait une
nouvelle souplesse conjuguée à
des délais de projection compatibles avec les impératifs opérationnels de la FAT.
Concomitamment, la création d’escadrons XL/VBL permettrait de
disposer de davantage de créneaux dédiés à l’instruction et l’entraînement dans le premier métier
au cours du deuxième quadrimestre
de PREPA.OPS (éradication des
fastidieux "recyclages" sur matériels de substitution). Cette période est d’autant plus importante
qu’elle est en partie dédiée au
Tribune Libre
contrôle national de tir d’un des
deux "niveau 3" prévu par la nouvelle politique de tir de l’ABC du
cycle à 32 mois.
Si une décision de projeter un escadron XL sur ses matériels organiques était actée, ce dernier
pourrait alors relever un escadron
X10 RC ou ERC 90 sans obligation
pour le théâtre de ré-articuler ou
redéfinir les missions et les zones
d’action.
Cet apport de VBL permettrait, en
outre, un affichage de cohérence
opérationnelle pour la fonction
blindée et simplifierait les relèves
sur les théâtres en ne bouleversant
pas les TUEM à chaque rotation de
brigade.
En outre, cette lisibilité des structures faciliterait l’approche "interarmes" pour les autres fonctions à
l’instar de l’action entreprise par
les fantassins qui se rassemblent
autour d’un "noyau dur" pour leurs
compagnies de combat.
Le chef interarmes doit être actuellement capable d’appréhender les
aptitudes des escadrons XL, X10
RC, ERC 90, EBL, ERIAD pour remplir
des missions souvent similaires ;
tâches pour le moins ardues…
La mise en place de VBL au sein
des GE 40 doit permettre, tout en
respectant la gradation de l’emploi
des blindés, de répondre aux
besoins des opérations extérieures en exploitant et rationalisant
au mieux les aptitudes de toutes
les unités de l’ABC. Colonel H. Temporel (6e BLB)
Chef du GE 501
de juin 2002 à août 2004
activités
>>DREX/Recherche
Le livre Counterinsurgency
Warfare, Theory and Practice, a
été écrit en 1964 par un ancien
Saint-Cyrien, David Galula, qui a
forgé sa connaissance des guerres
révolutionnaires et insurrections en
Chine entre 1945 et 1948 et en
Algérie entre 1956 et 1958.
Ce texte réédité en 2005 aux
Etats-Unis et lu avec attention par
les militaires de l’armée de terre
américaine et les Marines, mérite
d’être étudié, particulièrement
dans le contexte actuel de la
guérilla en Irak. Il définit clairement
l’essence de la guerre
révolutionnaire, les conditions
transcendantales(au sens Kantien)
d’une insurrection armée réussie et
la doctrine militaire qu’il juge la
plus appropriée pour y répondre.
Il traite aussi bien des problèmes
de commandement que
d’opérations politiques et
psychologiques. Son schéma
opérationnel prône d’abord
une expulsion des forces
insurrectionnelles puis le
développement d’unités statiques
(qui protègent et contrôlent le
terrain reconquis), le contact et
le contrôle des populations.
En outre, il préconise la
destruction des cellules politiques
ennemies et leur remplacement
par une structure politique issue
d’élections libres. Ces élections
doivent porter au pouvoir des
dirigeants qu’il convient de mettre
à l’épreuve avant de leur confier la
construction de partis politiques
légitimes auprès de la population
et oeuvrant à la stabilisation du
pays concerné.
Professeur Stephen Duso-Bauduin,
enseignant-chercheur,
Bureau recherche
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Actualités diverses
activités
>>DREX/Recherche
Conférences
Jeudi du CHEAR
Amphi Lacoste 12h30 à 13h30
• Le 18 mai
La guerre du XXe siècle
et la reconnaissance du fait
psychiatrique.
par Laurent HENNINGER
• Le 8 juin
Les relations entre
l’économie et la défense.
par Patrick OLLIER
IRIS
• Les 9 et 10 mai
La place de la France
dans le monde.
GEOSTRATÉGIE
• Le 11 mai
Crispations communautaires,
guerres civiles, terrorisme :
vers un choc de civilisation.
par Michel ROCARD
• Les 29 et 30 mai
Gestion des risques en
Méditerranée : points de vue
des pays du Maghreb
et perspectives de coopération
régional.
Bureau recherche
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Activités CESAT/CSEM
Common Action 06 :
4 officiers du CSEM en Autriche
u 13 au 24 février 2006, une
délégation de 4 officiers de la
119e promotion du CSEM a participé
à l’exercice Common Action 06 en
Autriche au sein de la
Landesverteidigungsakademie
(Académie nationale de défense),
première expérience du genre dans
ce pays. Cette activité a permis
d’effectuer un cycle complet
d’élaboration des ordres, puis de
conduire la manœuvre d’une brigade
dans une opération de coercition de
forces.
La première semaine d’exercice s’est
déroulée au rythme du decision
making process (DMP) autrichien,
non seulement en compagnie des
officiers du cours d’état-major, mais
aussi avec les futurs commandants
de bataillon. Le CO de brigade a
conduit deux séquences de jeu
comme les stagiaires du CSEM en
effectuent à Compiègne sur Janus.
D
Du point de vue tactique, on peut
noter trois différences majeures entre
le DMP autrichien et la MEDO
française : l’approche de l’ennemi,
seule une most likely intent lui étant
attribuée ; la notion d’effet majeur,
inexistante chez les Autrichiens qui,
pour décrire leur idée de
manœuvre, dressent plutôt une liste
de tâches permettant de remplir leur
mission ; la notion de réserve,
indispensable dans l’esprit
autrichien car elle permet de
conserver toujours un pion de
manœuvre, étant entendu que cette
réserve n’a pas de mission
particulière tant qu’elle n’est pas
engagée. Parallèlement, les points
suivants se sont montrés très positifs
dans le fonctionnement du CO :
utilisation assidue de l’anglais
comme langue de travail ; méthode
du wargaming, essentielle pour la
coordination des unités car
méticuleusement rapportée au
cadre espace-temps de la
manœuvre ami/ennemi ;
pragmatisme et ponctualité dans
la production des ordres ;
intégration véritable des appuis,
et notamment de l’artillerie.
Du point de vue du
commandement, il convient de
souligner la conception
autrichienne de la place du chef. Au
cours de l’exercice, le général
commandait en effet sa brigade à
partir d’un M109 aménagé en PC
tactique, au plus près du cœur de
l’action. Cette position lui a permis,
au cours de certaines phases clés, de
bien sentir le terrain et la pression
exercée sur ses unités. Une telle
position est un juste équilibre à
trouver, et pourrait comporter, dans
la conception française, un risque :
celui d’être privé du recul nécessaire
pour apprécier la situation dans son
ensemble. Dès lors, le S3 de la
brigade pourrait se trouver confiné
dans un rôle de suivi à distance de la
situation, et l’état-major perdre sa
force de proposition.
En Autriche comme en France, le
commandement dépend de la
personnalité et de l’implication
personnelle du chef.
Au cours de cet exercice, l’aspect
multinational a été clairement
recherché par la Landesverteidigungsakademie.
En pleine transformation, l’armée
autrichienne semble ainsi vouloir
évoluer plus nettement du concept
de neutralité vers celui de solidarité.
CSEM
HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
Actualités diverses
Information sur la revue Doctrine
activités
Des nouveaux numéros disponibles bientôt
Le numéro 08 de Doctrine "La performance logistique" vient d’être diffusé
dans ses 2 versions française et anglaise (US) et il est d’ores et déjà
disponible sur les sites Internet et Intranet du CDEF.
De plus, la version anglaise (US) du numéro spécial consacré à la 2e
Rencontre du CDEF du 5 octobre 2005 "Armées : faire campagne en ville"
sera bientôt disponible sous le titre "Armed Forces : Engagements within
Cities".
Sujets traités dans les prochains numéros
prévus en 2006
Dans les numéros normaux :
• N° 09 (en juin) : Menace et renseignement
>>Actualités
Grandes unités
Rappel : Héraclès a ouvert
depuis un an une rubrique
"Actualités Grandes unités",
destinée aux EMF et aux
brigades qui souhaitent faire
connaître une de leurs activités
majeure ou exceptionnelle.
Que ces GU en profitent !
Nous attendons leurs articles
(courts : 1 000 à 1 300
caractères pour le 20
des mois pairs.
• N° 10 (en septembre) : La simulation : de la doctrine à l’engagement
des forces
• N° 11 (en décembre) : L’interopérabilité
Dans le 2e numéro spécial de l’année :
• N° 2006/02 (en octobre) : RETEX du commandement des OPEX par des
officiers généraux français
Un plus pour l’échange des idées
et la liberté d’expression
Compte tenu des nombreux articles intéressants qui nous sont envoyés et
qui, souvent, ne sont pas publiés dans la revue d’études générales
Doctrine parce qu’ils ne traitent pas du sujet développé dans le numéro
du trimestre ou dans la lettre d’information et d’échange de la
communauté doctrinale Héraclès parce qu’ils sont trop longs, le CDEF a
décidé dorénavant de partager la rubrique Libres réflexions de Doctrine
en deux parties, la première, habituelle, avec les articles concernant
directement le dossier du trimestre et une deuxième, nouvelle, regroupant
des articles français ou étrangers qui traitent bien sûr d’emploi des forces.
Les articles plus courts continueront d’être publiés prioritairement dans
Héraclès qui paraît tous les deux mois.
Cette mesure sera déjà appliquée dans le numéro 09.
>>Actualités
Ecoles
De même, les directions des
études et de la prospective des
écoles d’application (ainsi que
les centres d’étude) peuvent
profiter de la rubrique
"Actualités Ecoles" de Héraclès
pour parler de leurs activités et
réflexions.
Elles sont invitées à nous
faire parvenir des brèves sur
celles-ci. Compte tenu de la
place disponible dans nos
colonnes, une seule brève
(d’une longueur de 1 000 à
1 300 caractères - traitant
bien sûr d’une activité
doctrinale) est normalement
publiée par école.
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Actualités diverses
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HÉRACLÈS N°15
MAI-JUIN
2006
VOTRE AVIS SUR HÉRACLÈS
AVERTISSEMENT
à lire avant de remplir le questionnaire d’évaluation de Héraclès
Un rappel sur la conception actuelle
de votre lettre d’information et d’échange Héraclès
L’esprit de Héraclès
H
éraclès, La lettre d’information et d’échange de la communauté doctrinale est à usage interne de l’armée de
terre française, car elle est destinée aux états-majors et aux unités des forces terrestres, et surtout en leur
sein, à ceux qui appliquent la doctrine sur le terrain, notamment par le biais du processus d’élaboration des
ordres, à savoir les officiers d’état-major des grandes unités et des régiments. Elle intéresse cependant les
armées de terre alliées ou amies, notamment francophones.
Diffusée tous les 2 mois en 7 600 exemplaires comprenant généralement vingt à trente pages, en version
française uniquement, la lettre Héraclès se veut une publication "papier" facile à lire, dont le but est de faire
connaître aux forces terrestres leur propre doctrine, en leur demandant de montrer comment les GU et les
formations de tout type l’appliquent en opération ou en exercice. Les GU (brigades, mais aussi EMF) sont donc
sollicitées à tour de rôle pour participer à la préparation d’un numéro de Héraclès.
Sa forme
mprimé en noir sur du papier bleu (jaune pour les numéros spéciaux), Héraclès ne comprend pour l’instant aucune
illustration (photo ou schéma) pour en faciliter la réalisation, hormis l’insigne du CDEF en première page et
maintenant celui de la grande unité pilote du numéro en 3e page.
Conçu pour une lecture "verticale", elle présente 2 types de textes différents, avec d’abord, dans une grande
colonne (partie principale de la page), après l’éditorial en 1re page, une série d’articles, fournis par une GU pilote
du numéro, le CDEF et des auteurs extérieurs, et répartis normalement en 5 rubriques (Actualités, RETEX,
Réflexions, Etudes en cours et Tribune libre). Ensuite, dans la petite colonne (à gauche ou à droite selon la
page), figurent les activités du CDEF et de ses divisions sous forme de brèves.
I
La répartition des textes dans les rubriques de la grande colonne s’efforce de mettre en valeur les articles de la
GU pilote qui profite de Héraclès pour parler de ses activités sur le terrain et montrer sa spécificité. Aussi le CDEF
souhaite-t-il pour l’instant ne pas trop limiter le nombre d’articles des grandes unités sollicitées, même si cela
amène une variation permanente du nombre de pages de Héraclès, sous réserve cependant que ces articles ou
“brèves” restent en nombre et longueur raisonnables, et traitent bien sûr exclusivement de l’application de la
doctrine d’emploi sur le terrain, en opération comme en exercice.
LE QUESTIONNAIRE JOINT À CE NUMÉRO 15 DE HÉRACLÈS EST À RENVOYER AU CDEF AVANT LE 1er JUILLET

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