heracles 15 mai-juin - Lenculus-le
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HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 LA LETTRE D’INFORMATION ET D’ECHANGE DE LA COMMUNAUTE DOCTRINALE Editorial uelle que soit la qualité des instruments, il est bien difficile de produire une bonne musique interarmes, pourtant essentielle à l’efficacité opérationnelle des forces terrestres ! Beaucoup d’éléments et les meilleures vraies raisons se conjuguent pour rendre la formation collective et l’entraînement difficile dans ce domaine ; la prise de conscience est désormais générale. Q Est-ce un problème de programmation et de manque de temps ? Est-ce un problème de formation initiale ou de formation ultérieure ? Est-ce un problème d’environnement, de dispersion géographique, d’éloignement des unités entre elles ? Est-ce un problème d’insuffisance ou d’inadaptation des moyens d’entraînement ? Est-ce un problème de doctrine ? Est-ce parce que l’Armée de terre est trop “armo-centrée” dans son organisation et sa mentalité ? Est-ce la nature des opérations dans lesquelles sont engagées aujourd’hui les unités ? Réponse : tout cela est vrai, pour partie. Alors ? Alors, chacun à sa place à la table de mixage ! Ce sont sur tous ces boutons de réglage que chacun, dans son rôle, doit s’efforcer de jouer pour que, progressivement, la musique interarmes soit – non pas parfaite, ce serait beaucoup trop demander compte tenu des contraintes incontournables – mais suffisamment harmonieuse pour consolider les capacités globales de nos forces et la bonne synergie de ses composantes, en particulier aux “bas” niveaux tactiques, GTIA mais surtout SGTIA. Pour leur part, le CPF et le CDEF ont conjointement organisé à Mailly, les 12 et 13 avril derniers, les premières “Rencontres de l’interarmes”. Elles ont réuni une centaine d’officiers supérieurs et généraux des communautés opérationnelle et doctrinale, mais aussi de l’administration centrale, et ont été conclues par le général commandant la force d’action terrestre. Répartis en groupe de travail, de manière pragmatique, tous ces responsables se sont interrogés sur les voies qu’il convenait peut-être d’emprunter dans les domaines de la connaissance mutuelle, du dialogue et de la coopération interarmes… et ils en trouvé quelques unes ! Gageons, à cette aulne, que la volonté de chacun permettra bientôt de pallier une partie des inévitables difficultés auxquelles se trouvent confrontées nos formations. GBR Vincent DESPORTES commandant le Centre de doctrine d’emploi des forces A p. p. p. p. p. LA UNE 3 4 12 13 23 Avoir une appréciation juste et claire de la place de la BFST GRIFFON 06 PC/GFS, coordination avec une force Groupement de forces spéciales : un fonctionnement original du PC L’errance de la pensée militaire française Le mot du directeur de publication Dans ce 15e numéro de Héraclès, la parole est donnée à la Brigade des forces spéciales Terre, brigade bien spécifique, qui nous fait part aussi de son expérience de grande unité interarmes, de ses réflexions sur l’emploi de ses unités et l’organisation du commandement de ses éléments, mais qui, bien sûr, évoque peu ses activités opérationnelles. Notre prochain numéro, le N° 16, qui paraîtra fin juillet, donnera la parole à l’Etat-major de force N° 3. Le suivant (N° 17) sera réalisé avec la 9e BLBMa. Directeur de la publication Général (2s) Jean-Marie Veyrat Rédacteur en chef Capitaine Stéphane Carmès Mise en page Christine Villey Impression Section Conception Impression du CDEF Création de la maquette Nathalie Dujardin Héraclès en ligne : www.cdef.terre.defense.gouv.fr Sommaire 2 3 HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN EDITORIAL 15 Pôles de compétence et effectifs contraints par le 1er RPIMa ACTUALITES 16 Le renseignement dans les FST par le 13e RDP 17 Le DAOS : éclairage sur une unité spéciale par DAOS 19 La numérisation des SIC à la BFST Avoir une appréciation juste et claire de la place de la BFST par le Général HELLY, commandant la Brigade des forces spéciales terre 4 GRIFFON 06 par l’EM BFST/Etudes 5 JANUS, pourquoi, comment ? par l’EM BFST/SIC 20 Les enjeux du futur : la numérisation des forces spéciales terre par l’EM BFST/SIC 21 1er RTP : pour un projet ambitieux sur Toulouse par le par l’EM BFST/Emploi 7 Protection rapprochée et accompagnement d’autorités par l’EM BFST/Etudes 8 Colonel RODIER Claude, commandant le 1er RTP Le SIC de groupement deforces spéciales par l’EM BFST/SIC TRIBUNE LIBRE RETEX 9 11 2006 Partenariat entre le 6e RMAT et le Instandsetzungsbataillon 210 : un plus pour l’interopérabilité 23 L’errance de la pensée militaire française par le chef de bataillon de La ROQUE - 119e promotion de l’E.S.G (CSEM) par le Capitaine MASINI Chef opérations au BMOI du 6e RMAT 27 La méthode de tir de combat du 1er RPIMa par un officier du 1er RPIMa REFLEXIONS 28 Pour une homogénéisation des structures des unités de l’ABC BAS, BIA et... BFST par le Colonel H. TEMPOREL (6e BLD) par l’EM BFST/Emploi 12 PC/GFS, coordination avec une force par l’EM BFST/Emploi 13 GFS : un fonctionnement original du PC par l’EM BFST/Emploi 14 Forces spéciales et approche systémique par le 1er RPIMa ACTUALITÉS DIVERSES 30 Common Action 06 32 Evaluation de Héraclès Actualités HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Avoir une appréciation juste et claire de la place de la BFST activités >> CDEF Donnez-nous votre avis sur Héraclès a création de la BFST avec l’intégration du 13e RDP concrétisait au plan organique la complémentarité existant entre le renseignement opérationnel et les actions spéciales, déjà vécue comme une réalité lors d’opérations spéciales (OS). Elle témoignait alors d’une volonté de l’armée de terre d’affirmer une nouvelle ambition pour les FST qui constituent désormais l’essentiel du dispositif FS mis à la disposition du CEMA. Elle a été suivie d’une démarche d’optimisation et de valorisation des forces spéciales terre visant à lui donner la plénitude de son efficacité opérationnelle. L Il convient de rappeler que cette démarche s’inscrit bien dans le contexte interarmées d’emploi des FST (système de FS pour emploi du CEMA au travers du COS et de la DRM). L’optimisation doit permettre d’assurer une cohérence d’efficacité en matière de doctrine, d’entraînement et d’équipement. A ce titre, le cœur de métier de chaque régiment (recherche, actions spéciales et aéromobilité opérations spéciales) doit être préservé, mais il faut cependant maintenir une nécessaire et indispensable capacité d’évolution pour rester dans le peloton des nations pilote du domaine FS. L’autonomie en matière d’engagement reste pour la BFST une capacité fondamentale à développer. Il n’est pas non plus utile de s’épuiser à vouloir faire ce que certaines unités conventionnelles maîtrisent parfaitement, et donc savoir s’appuyer, si nécessaire, sur des organismes de l’armée de terre, sans pour autant que cela se réduise à faire appel aux forces avancées. D’autres unités, directions ou services possèdent des savoir-faire qui peuvent compléter nos capacités sur le terrain. Ces renforcements doivent viser à : - conférer une réelle autonomie dans le domaine du commandement et du soutien opérationnel ; - recentrer les unités de la BFST sur le coeur de métier en allégeant certaines tâches qui obèrent leurs capacités ; - ajuster les capacités des formations pour qu’elles soient en adéquation avec les missions données ou prévisibles. Dès lors, évitons de succomber à la tentation d’augmenter inconsidérément le nombre de savoir-faire techniques et tactiques à maîtriser. La définition de fonctions cardinales (essentielles) et vitales contribue à éclaircir les voies à suivre pour l’avenir. (p. suivante) A ce numéro 15 est joint un questionnaire d’évaluation de votre lettre d’information et d’échange Héraclès. Merci de bien vouloir consacrer quelques minutes à le remplir après avoir lu l’avertissement qui le précède et qui vous rappelle la conception actuelle de Héraclès. Vous nous aiderez ainsi à améliorer encore et toujours notre (votre) publication. N’oubliez pas EUROSATORY ! EUROSATORY 2006, salon international de la défense terrestre et aéroterrestre et de la sécurité, aura lieu du 12 au 16 juin au parc d’expositions de ParisNord Villepinte. Il permettra aux membres de la communauté de défense de suivre et comparer les avancées technologiques et les architectures des systèmes de forces et de protection. Accès gratuit sur présentation de la carte militaire ou professionnelle. Renseignements et invitations : www.eurosatory.com, ou [email protected] 3 4 Actualités Le saviez-vous ? (1) A propos des forces ou opérations spéciales … Parlons définitions Le TTA 106, le glossaire interarmées ou même le glossaire OTAN AAP-6 ne proposent pas de définition des "forces spéciales". En revanche, ils donnent les définitions suivantes des "forces d’opérations spéciales" et des "opérations spéciales". Forces d'opérations spéciales (Special operations forces) Force comprenant des groupes spéciaux d’effectifs militaires sélectionnés, dotant l’OTAN de capacités uniques en matière de reconnaissance spéciale, d’action directe et d’assistance militaire dans les missions difficiles, dangereuses et parfois politiquement sensibles effectuées pour le commandant du théâtre. Opérations spéciales (Special operations) Activités militaires menées par des forces spécialement désignées, organisées, entraînées et équipées,utilisant des techniques opérationnelles et des modes d'action inhabituels aux forces conventionnelles. Ces activités sont menées dans toute la gamme des opérations militaires, indépendamment des opérations de forces conventionnelles, ou en coordination avec celles-ci, pour atteindre des objectifs politiques, militaires, psychologiques et économiques. Des considérations politico-militaires peuvent nécessiter le recours à des techniques clandestines ou discrètes et l'acceptation d'un niveau de risque physique et politique non compatible avec les opérations conventionnelles. Elles mettent en œuvre des modules de taille réduite et hautement spécialisées pour, soit traiter des objectifs à haute valeur stratégique ou opérative, soit modifier l'environnement d'une force. CDEF L’EM BFST doit, au-delà du rôle organique fonctionnel qu’il joue pleinement (harmonisation des plans d’équipement et des procédures), exercer maintenant le rôle opérationnel qui lui échoit. Pour cela, le PC de GFS, déjà opérationnel, et la CCT1, une fois armée, équipée et entraînée, représentent les éléments fondamentaux de cette capacité de commandement opérationnel pour la conduite d’opérations spéciales autonomes ou adaptées. Enfin, il convient d’avoir une appréciation juste et claire de la place de la BFST dans l’armée de terre et plus particulièrement au sein du CFAT. HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 En effet, outre les opérations spéciales, il n’est pas exclu de penser que la BFST soit susceptible de mener des opérations relevant de la maîtrise des savoir-faire spécifiques, dans le cadre de l’engagement d’une force aéroterrestre (FOT/LCC)2 et une réflexion peut être conduite dans ce sens. GBR HELLY commandant la Brigade des forces spéciales terre 1 Compagnie de commandement et de transmissions. 2 Force opérationnelle terrestre/Land component command. GRIFFON 06 exercice majeur de la BFST GRIFFON s’est déroulé cette année du 20 mars au 05 avril en région sud-ouest, des sommets enneigés de l’Ariège aux franges littorales des Pyrénées-Orientales. L’ 250 hommes et femmes de l’étatmajor de la brigade, du 1er RPIMa, du DAOS et du 13e RDP se sont ainsi déployés dans le cadre de cette évaluation (type ANTARES1) qui a été l’occasion de mettre en application les orientations générales du COS2 et de la DRM 3. Exercice de niveau tactique aux ordres des chefs de corps des trois unités de la BFST, placé sous le contrôle du COMBFST, il a permis : 1 - De rôder les procédures internes à la brigade en faisant effort sur l’organisation du commandement au sein du PC de GFS4 ; 2 - d’atteindre les principaux objectifs fixés par le COMBFST, en particulier : • effectuer la transition entre une opération particulière de renseignement et une opération spéciale avec prise sous contrôle opérationnel du CTDR5 par le PC de GFS, • planifier et conduire l’acquisition du renseignement en vue et à fin d’action en zone difficile (montagne, façade maritime périurbaine) et en milieu semi-permissif, • réaliser des actions commando dans la profondeur en bénéficiant d’un appui/soutien aéromobile et en privilégiant des mises à terre par LOS (OA, OR)6, SOTGH7 et voie nautique, • mener des actions spéciales aéromobiles autonomes. 1 Contrôle des unités d’une brigade. 2 Commandement des opérations spéciales. 3 Direction du renseignement militaire. 4 Poste de commandement de groupement de forces spéciales. 5 Centre de traitement et de diffusion du renseignement. 6 Largage opérations spéciales (ouverture automatique, ouverture retardée). 7 Saut à ouverture très grande hauteur. Actualités HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 3 - de présenter la brigade en exercice au général de corps d’armée PY, commandant la FAT, au cours d’une visite programmée le 30 mars. Exercice ambitieux, GRIFFON 06 a tenu ses promesses en améliorant la complémentarité et l’interopérabilité des unités de la brigade et en permettant à un PC de GFS “maximaliste” (au plan des moyens SIC engagés) de parfaire ses procédures et son mode de fonctionnement, de tester les moyens de communication dernièrement acquis (GNG2, MAESTRO8). Le triptyque “action - renseignement - aéromobilité”, au travers d’actions spéciales pointues réussies, a une nouvelle fois démontré toute sa cohérence et sa fiabilité. L’avenir, ce sera GRIFFON 08 qui mettra à profit les enseignements de la version 06 avec notamment une prise en compte plus fine du danger NRBC et un mode de projection différent. Exercice bisannuel s’inscrivant naturellement dans le cycle de préparation opérationnelle de la brigade, GRIFFON 06 complète le dispositif d’instruction-entraînement annuel basé sur les exercices GORGONES (BFST), CRONOS (1 er RPIMa), MECAREG, EUGENIE (13e RDP), MAKILA, MONTFREID (DAOS) et très bientôt le contrôle opérationnel de la CCT9 en juin 2007. EM BFST/Etudes 8 Compagnie de commandement et de transmissions. JANUS, pourquoi, comment ? “Une première pour la brigade, un challenge pour JANUS” e rôle opérationnel de l’étatmajor de la BFST est d’armer le noyau dur d’un PC de groupement de forces spéciales. C’est dans cette perspective qu’en juin 2006, le centre JANUS de Compiègne accueillera pour la première fois cet état-major pour un exercice de PC dans le cadre très particulier d’une opération spéciale. L Pourquoi ? A l’instar des autres brigades de la FAT, la BFST souhaite utiliser JANUS pour : Ce qu’il est : - une simulation tactique au profit d’un exercice de planification et de conduite de niveau PC. Ce qu’il offre : - le moyen de mécaniser le fonctionnement d’un PC de façon réaliste et cohérente ; - une solution pour pallier les contraintes humaines, financières et surtout opérationnelles (atomisation des unités) auxquelles toutes les brigades ont à faire face. (p. suivante) recueil des abréviations ALFUSCO Amiral commandant les fusiliersmarins commandos ANTARES Contrôle des unités d’une brigade BAS Brigade d’appui spécialisée BFST Brigade des forces spéciales terre BIA Brigade interarmes BOAP Base d’opération aéroportée CEV Centre d’essais en vol CCOS Commandant de la composante opérations spéciales CCT Compagnie de commandement et de transmissions CelMo Cellule de mise en oeuvre CJSOTF Combined Joint Special Operations Task Force CONOPSPE Conseiller opérations spéciales CONSRENS Conseiller renseignement COS Commandement des opérations spéciales CTDR Centre de traitement et de diffusion du renseignement DAOS Détachement ALAT des opérations spéciales DAS Détachement d’action spéciale DPR Détachement de protection rapprochée 5 6 Actualités recueil des abréviations DRM Direction du renseignement militaire ECAS, RIZP Emergency- Close Air Support, reconnaissance d’itinéraires en zones polluées FAP Force aérienne de projection FAT Force d’action terrestre FLT Force logistique terrestre FS Forces spéciales FOT/LCC Force opérationnelle terrestre/Land component command GDC Garde du corps. HF NG High frequency new generation IST-C Instruction sur le tir de combat LOS (OA, OR) Largage opérations spéciales (ouverture automatique, ouverture retardée) LPA Livraison par air MAESTRO Module adapté aux échanges sécurisés, aux transmissions et aux raccordements des opérationnels MEDO Méthode d’élaboration de la décision opérationnelle MELCHIOR Moyen d’élongation pour les communications HF interarmées et OTAN en réseau MEOS Membre d’équipage opération spéciale MTC Méthode de tir de combat OPR Opérations particulières de renseignement OS Opérations spéciales Ce qu’il représente : - un challenge pour les deux parties : - la BFST souhaite : • dans un premier temps, tester cet outil de la simulation dans le cadre d’une “opération spéciale autonome”, • à terme, si ce premier “round” s’avère concluant, s’intégrer de manière plus ambitieuse dans un exercice de BIA dans le cadre cette fois d’une “opération spéciale adaptée”. - JANUS aura la lourde tâche d’adapter à la spécificité des opérations spéciales un outil plutôt conçu pour le combat interarmes et les scénarios de type “ coercition de forces “. Comment ? Au cours de l’exercice, l’état-major de la BFST constituera un PC de GFS. L’outil JANUS devra en conséquence, simuler à son profit dans un environnement urbain et semi-permissif : • l’action des équipes de recherche du 13e RDP chargées d’acquérir le renseignement à fin d’action, • celle des groupes actions du 1er RPIMa qui conduiront des actions coordonnées de neutralisation d’objectifs et de libération d’otages, HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 version FTX (avec troupes et terrain libre) en 2004, servira de support à cette simulation. Une problématique simulation toute particulière L’interrogation fondamentale qui reste aujourd’hui posée est de savoir comment JANUS pourra simuler l’environnement tout particulier dans lequel évolue un PC de GFS. En toute rigueur, il lui faudrait en particulier permettre la modélisation réaliste : • de pions semi-furtifs (équipe de recherche, tireur d’élite, groupes RAPAS, etc.) et de leurs différentes capacités (observation dans la profondeur, tir, neutralisation ou destruction ciblée d’objectifs, missions d’environnement,...) ; • d’actions insolites menées par un adversaire représentant des menaces asymétriques (exactions sur des otages, actions terroristes, ...). L’utilisation de JANUS au profit de la BFST constitue véritablement un défi. Si celui-ci est relevé, cette grande unité disposera d’un outil qui lui permettra de simuler un environnement complexe en cohérence avec celui auquel elle est confrontée sur les théâtres d’opération. EM BFST/Emploi • l’appui aéromobile des modules mixtes hélicoptères du DAOS. Le thème GRIFFON 04, exercice majeur de la brigade joué en Actualités HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Protection rapprochée et accompagnement d’autorités ne confusion est couramment commise entre deux vocables aux significations apparemment identiques mais qui définissent en réalité deux notions bien différentes. Comme cela est précisé dans les conclusions et décisions du CEMAT en matière d’optimisation des forces spéciales terre (note n° 343/DEF/EMAT/COORD. RENS du 03 mai 2005), il convient de distinguer clairement les missions de protection rapprochée (du ressort des forces spéciales) des missions d’accompagnement d’autorités (pouvant être dévolues à d’autres unités de l’armée de terre). U Les principaux critères de distinction sont résumés dans le tableau ci-dessous. Critère Protection rapprochée Accompagnement Personne à protéger La plus haute personnalité sur un théâtre (civile ou militaire) sur désignation du CEMA ou du COS Autorité désignée par le commandement Niveau de protection Sécurité globale Sécurité immédiate Menace sur le théâtre Très élevée à élevée Elevée à faible Sensibilité de la mission Elevée Moyenne à faible Courte, ponctuellement longue impliquant des relèves Longue, impliquant des relèves, mais aussi des missions ponctuelles de circonstance Durée Quelques différences également sont à noter en matière de déploiement et de constitution du détachement. EM BFST/Etudes recueil des abréviations PC GFS Poste de commandement de groupement de forces spéciales PR4G VS4 IP Poste radio 4e génération/version système n° 4 internet protocole RBO Renseignement à but opératoire RECOFA Reconnaissance à fin d’action RESCO Recherche et sauvetage au combat RFA Renseignement à fin d’action RVA Renseignement en vue d’action SOTGH Saut à ouverture très grande hauteur STAT Section technique de l’armée de terre RAPAS Recherche aéroportée et actions spéciales TAI Techniques d’action immédiate Petit rappel : un acronyme est un sigle qui se prononce… 7 8 Actualités Le saviez-vous ? (2) A propos des forces ou opérations spéciales … Evitons les confusions Pour beaucoup de non-initiés, le terme de forces spéciales évoque trop souvent les SAS britanniques ou les Green Berets américains pour ne pas parler des Spetsnatz soviétiques, les loups-garous de notre guerre froide (pour les plus anciens d’entre nous), en oubliant encore et toujours la riche tradition française trop souvent méconnue. Les forces françaises possèdent pourtant depuis longtemps des "forces spéciales", même si elles n’étaient pas connues sous ce vocable. A cet oubli regrettable s’ajoutent souvent des confusions tout aussi regrettables entre les forces spéciales et les "troupes de choc" (sans parler des "forces avancées"), entre les opérations ou actions spéciales et les actions clandestines menées par les services secrets. Les opérations ou actions spéciales sont normalement menées en uniforme, tout en étant confidentielles, mais pas secrètes, contrairement aux actions clandestines que, "normalement", un Etat ne revendique jamais. p. suivante HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Le SIC de groupement de forces spéciales L’ intégration depuis 2002 du système de renseignement du 13e RDP aux déploiements opérationnels des opérations spéciales a entraîné des aménagements majeurs des architectures SIC des opérations conjointes. Ces ajustements ont eu pour objectif l’exploitation de l’efficacité déjà reconnue du système 13 (humain et technique) qui se caractérise par une automatisation poussée du traitement des informations (informatisation GRANITE1 depuis près de 10 ans) et l’habitude d’une complète autonomie. Cela a conduit à construire un système du renseignement de GFS autour du CTDR2 du 13 en l’adaptant : - au recueil de l’ensemble du renseignement en provenance de tous les types de capteurs d’un GFS (modules tactiques autonomes des FS, éléments tactiques de commandement, capteurs spécialisés en renforcement...) ; - à la diffusion d’un renseignement (synthétisé ou détaillé) adapté à chacun des utilisateurs du GFS (CO GFS, CelMo action spéciale...). Le système d’information de GFS est donc centré sur une base de données renseignement unique (de référence) qui a la particularité de produire aussi bien des synthèses du niveau opératif au profit des employeurs nationaux ou de théâtre que des renseignements tactiques très détaillés pour la préparation des actions spéciales. Pour atteindre une efficacité optimum, ce système s’appuie au maximum sur des échanges favorisant l’intégration sécurisée des informations dans cette base de données. Prenant en compte en outre les besoins en commandement (planification, préparation et suivi tactique), en logistique et en 3e dimension, il est, grâce aux développements et études en cours, de plus en plus orienté vers l’automatisation des échanges d’informations numérisées entre les modules tactiques et le PC GFS (via une ou plusieurs CelMo selon le besoin opérationnel ou les contraintes espace - temps de déploiement). Le système de communications interne au GFS s’appuie sur des liaisons “propriétaires” et sécurisées sur supports radio (HF, VHF et UHF/FM) complétées par des raccordements lacunaires à moyen débit sur supports publics (GSM, SAT). Il se caractérise par une dualité antagoniste des types de service qu’il doit offrir selon le caractère des missions des forces spéciales : - transmissions de données sécurisées du renseignement ; - coordination radiophonique d’actions sans signature et à forte contrainte de réversibilité. En effet, l’ensemble des modules tactiques doit être en mesure de se raccorder, selon les phases de sa mission, à la fois : - à des réseaux de type “renseignement”, leur offrant un maximum de discrétion et de sûreté tactiques et assurant un maximum de protection à un important volume d’informations ; - à des réseaux de type “action”, garantissant à grande distance le maximum de réactivité, de fiabilité et de réversibilité en quasi temps réel à des informations brèves. EM BFST/SIC 1 Gestion du renseignement et analyse des informations transmises par les équipes. 2 Centre de traitement et de diffusion du renseignement. RETEX HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Partenariat Le saviez-vous ? (2) entre le 6e RMAT et le Instandsetzungsbataillon 210 : un plus pour l’interopérabilité A la décharge de beaucoup d’entre nous, la grande variété des concepts d’emploi des forces spéciales (souvent mal connus ou confidentiels) dans les armées étrangères et même alliées ne facilite pas les choses. e 6e régiment du matériel a été créé en 1985 en Allemagne à partir de plusieurs unités déjà existantes. Ce passé de l’autre coté du Rhin a permis, durant quelques années, la création de liens étroits entre le 6 et ce que l’on peut définir comme son homologue en terme de missions, le Instandsetzungsbataillon 210 basé à Volkach (150 km Nord de Stuttgart, 220 km Est de Francfort et 350 km au Nord d’Oberkirch). Un esprit de camaraderie se crée très vite au travers d’activités sportives, de manifestations de tradition et prend une réelle dimension par le biais d’un jumelage entre ces deux régiments. L Le passage à une autre dimension par une augmentation significative des activités communes entre les deux régiments débute, ce qui peut surprendre, en 1999, année où le 6 quitte les FFA pour rejoindre la base de Phalsbourg. Ces activités ne sont plus alors basées sur une simple participation à un cross régimentaire. La prise en compte, l’intégration de modules d’une "armée alliée" dans les dispositifs opérationnels tels les FTX commence à germer dans les esprits. A partir de l’année 2003, la participation systématique d’officiers d’état-major du 210 à la manœuvre du PC régimentaire devient réalité. La participation et l’intégration d’un groupe de réparation du 210 à l’intérieur d’une compagnie de maintenance mobilité deviennent effective fin 2003. Une participation non superflue mais bien réelle puisqu’à partir de cette période le régiment franchit un cap supplémentaire en confiant des opérations de maintenance réelles à l’unité rattachée, en la faisant participer à la vie et à la défense commune d’une zone et en intégrant l’anglais systématiquement dans les ordres d’opérations. Pour ce qui concerne leur emploi, faut-il faire nôtre cet avis du Maréchal britannique Slim qui écrivait dans son livre "From defeat to victory" sur la campagne d’Extrême-Orient en 1941-45 : "Les forces spéciales, commandos, équipes de renseignement de l’avant (…) doivent être sous les ordres d’un commandement militaire, elles sont là pour participer à l’effort militaire général. Les opérations politiques ou celles ne participant pas directement à l’effort militaire doivent être menées par (les services secrets). Il ne faut pas mélanger les genres." Vos réactions aux informations parues dans Héraclès sont les bienvenues C.D.E.F. Centre de Doctrine d’Emploi des Forces BP 53 - 00445 ARMÉES Tél. : 01 44 42 35 91 ou 01 44 42 48 93 PNIA : 821 753 35 91 ou 821 753 48 93 Fax : 01 44 42 52 17 ou 821 753 52 17 Mel : [email protected] p. suivante Web : www.cdef.terre.defense.gouv.fr 9 RETEX 10 activités >> DSRO JUIN Agenda des prochains mois (29 mai - 2 juin) Expérimentation CALIPSO/Planification au CRR/FR Lille (31 mai - 1er juin) Expérimentation ASTEC au stage des CDC de l’EAABC. Saumur (3 - 17 juin) - Soutien et inauguration du Centre JANUS Beyrouth (Liban) 7 juin - Comité du plan de charge 2006-2007 de la DSRO Ecole Militaire (1-17 juin) - Participation au salon EUROSATORY (SCIPIO & APLET) Satory (19 - 23 juin) - Exercice de formation SIR avec ESTHER/JANUS EAABC - Saumur 22 juin - Dernier COPIL GED RETEX Ecole Militaire (24 - 29 juin) - Exercice LOG DIV du CFLT (GST 1re B.L.) Mailly HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN En 2003 des officiers du régiment ont pu participer à un stage de 10 jours à la "Pioniersschule” (école du génie) afin de s’entraîner sur le SIRA. Ce système d’exercice de simulation de poste de commandement est situé à Ellwangen. Il permet l’entraînement des chefs et se fonde sur le principe de l’interactivité par le biais de plans de jeux en deux parties et en temps réel dans un environnement digitalisé. Il permet ainsi de simuler la défense, l’emploi des différents armements ainsi que des infrastructures, amis et ennemis, par l’intermédiaire d’un graphique de situation. Les systèmes d’armes peuvent s’entraîner seuls et les unités, ou parties d’unité, avec leurs moyens d’intervention (mouvements et logistique formant la base de la simulation). Cette formation essaie d’être le plus réaliste possible pour le personnel par la modernisation globale de l’instruction en fonction du spectre d’emploi lointain des interventions de l’armée de terre. A ce titre "SIRA - OOTW" ( operations other than war ) donne une approche très fine de la réalité et permet au chef d’appréhender les difficultés relatives à la sûreté, l’intensité de l’opération, les reconnaissances en pays étrangers et les moyens permettant de contourner ces difficultés. 2006 Du 2 au 14 juillet 2005, des personnels du 6e RMAT ont également effectué un exercice à hauteur d’un groupe de réparation multitechnique à 1/11/4. Cette manœuvre s’est articulée en deux périodes bien distinctes : - la première semaine fut consacrée à une campagne de tir sur le camp de Graffenwöhr, camp d’entraînement situé à quelques kilomètres de la frontière tchèque. Complètement intégrés au sein d’une compagnie du 210, tous les personnels ont pu s’entraîner au maniement d’armes collectives et individuelles de l’armée allemande. - La seconde semaine s’est déroulé un exercice en terrain libre. Des opérations de maintenance réelles sur des matériels allemands en panne ont également pu être réalisées par les personnels du régiment. Cette amitié de longue date se traduit en expériences partagées riches d’enseignements et vise à une interopérabilité croissante en opération entre les unités. Il est précieux pour les deux unités de maintenir ce type d’activité de part et d’autre du Rhin. CNE MASINI Chef opérations au BMOI du 6e RMAT Réflexions HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 activités BAS1, BIA2 et ... BFST uelle place occupe la BFST au sein de la FAT ? Est-elle une BAS, une BIA, ... ou bien encore toute autre chose ? Il est vrai que sa triple expertise peut troubler le message mais, de fait, la brigade des forces spéciales terre n’est ni une brigade parachutiste, ni une brigade de renseignement, ni une brigade aéromobile. Q Au-delà de la complémentarité des trois composantes représentées par les unités, l’action spéciale avec le 1er RPIMa, la recherche humaine avec le 13e RDP et l’aéromobilité opérations spéciales avec le DAOS, qui trouve son efficience en terme d’instruction collective, d’entraînement, d’équipement et ... d’emploi, la BFST est un pourvoyeur de capacités terre au profit du CEMA. Elle occupe en effet une place unique, celle d’être l’outil de l’armée de terre spécialement organisé, entraîné et équipé pour participer, aux ordres du COS ou de la DRM à des opérations spéciales ou particulières de renseignement. Elle a donc vocation à mettre sur pied des détachements aptes à traiter des objectifs sensibles, voire critiques qui requièrent, le plus souvent, un engagement politique dont le risque doit être clairement mesuré. Ces détachements sont armés de modules à faible effectif travaillant toujours à un haut degré de confidentialité, seul moyen de pallier une vulnérabilité générée par un environnement particulièrement hostile. >>DSRO Ils doivent donc disposer d’une réelle autonomie qui leur permet de préserver la confidentialité nécessaire à leur action. Certes, la BFST est une grande unité composée de formations d’armes différentes. Deux de ces régiments sont d’ailleurs complètement interarmes. Elle occupe cependant un créneau d’engagement tout particulier puisque celui-ci a toujours lieu dans un cadre espace-temps différent de celui des forces conventionnelles et, en particulier, des BIA. Elle ne peut non plus être considérée comme une BAS puisqu’elle n’a pas vocation à fournir, sous la forme d’un CMO, l’expertise nécessaire à la conduite de ses moyens spécialisés auprès d’un PC. Son rôle opérationnel est en effet tout différent : il consiste à armer le noyau dur d’un PC de groupement de forces spéciales et, ainsi, de se positionner en tant que composante cadre des FS dans les opérations. En associant en synergie intelligence de situation, force adaptée et liberté d’action, la BFST représente, en fait, la réponse de l’armée de terre à la question du politique, qui veut disposer d’une option de riposte non conventionnelle face à une menace insolite et asymétrique. SYRUS, une première en France : l’entraînement à distance Peut-on imaginer demain entraîner un PC numérisé de GTIA en connectant simplement la grappe SIR du régiment au réseau informatique puis en téléphonant au “central national de simulation“ pour demander le lancement de l’exercice ? Ceci a été joué et l’exercice SYRUS a montré que c’était désormais chose possible, envisageable. La DSRO a été mandatée en avril 2005 par l’EMAT/BPO pour valider un nouveau concept d’exercice d’entraînement à distance. Un premier exercice, baptisé SYRUS1, a ainsi été organisé du 13 au 15 février 2006 avec le soutien du centre JANUS de l’EAABC de Saumur pour la simulation et le montage de l’exercice. Le 1er REC d’Orange a fourni le PC de GTIA joueur ainsi que les capitaines commandants d’unité. Cet exercice a été l’aboutissement d’une campagne complète d’expérimentations qui a entériné les choix techniques (les outils informatiques et matériels supports de l’exercice) et a permis de garantir au 1er REC un exercice jouable. EM BFST/Emploi p. suivante 1 Brigade d’appui spécialisée 2 Brigade interarmes 1 SYRUS, poète latin né en -85, a dit “Personne ne sait ce qu’il est capable de faire tant qu’il n’a pas essayé” 11 12 Réflexions activités >> DSRO Son objectif principal était l’étude des aspects fonctionnels (la préparation, l’organisation et le déroulement de l’exercice) et pédagogiques afin d’en valider les structures organisationnelles. L’unité joueuse a travaillé dans un environnement numérisé grâce à une connexion entre le SIR et JANUS par la passerelle de communication ESTHER. Les participants étaient répartis sur deux sites distants de 700 Km : ORANGE pour les joueurs et SAUMUR pour l’animation de l’exercice. La prise en compte de l’aspect multisites sur l’organisation de l’exercice a constitué le point fort de la phase préparatoire. Il fallait notamment évaluer la répartition de différentes cellules comme la DIREX etla 3A entre les deux sites ainsi que les conséquences du choix consistant, d’une part à laisser les commandants d’unité à Orange, d’autre part à placer à Saumur des chefs de section réservistes et donc méconnus de leur chef direct en liaison radio grâce à un système de simulation par téléphone. Une journée a été nécessaire pour finaliser les installations techniques. Une autre s’est avérée indispensable pour permettre à chacun de prendre en main son environnement d’exercice c’est-à-dire la maîtrise du SIR mais aussi la connaissance mutuelle des commandants d’unité et des chefs de section. p. suivante HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 PC/GFS, coordination avec une force es forces spéciales terre peuvent agir soit dans le cadre d’une opération autonome soit dans celui d’une opération adaptée. C’est dans ce deuxième cas qu’un groupement de forces spéciales (GFS), qui désigne un détachement interarmées d’un volume significatif comprenant plusieurs détachements ou modules de forces spéciales issues des différentes composantes d’armées, pourra travailler en coordination avec une force. Dans ce cadre, même si le CEMA conserve le commandement opérationnel du GFS, ce dernier est sous contrôle opérationnel d’un COMANFOR. Le CEMA garde cependant une liaison directe, permanente et spécifique par l’intermédiaire du GCOS, pour assurer la validation de l’emploi des moyens engagés, la réversibilité des postures et des actions et la capacité à reprendre à tout moment le contrôle opérationnel. L Le GFS est aux ordres d’un commandant de la composante opérations spéciales (CCOS) qui est, de plus, le conseiller opérations spéciales (CONOPSPE) de l’autorité supérieure de la force, au même titre, par exemple, que le conseiller renseignement (CONSRENS) lorsque ce dernier existe. Constituée d’un certain nombre de détachements correspondant aux missions qui lui ont été assignées, cette structure peut donc avoir toutes les formes, afin d’être parfaitement adaptée au besoin. Pour exercer ses attributions, le CCOS s’appuie sur un PC de GFS. Le GFS va mettre en œuvre des capacités spécifiques en s’inscrivant en complémentarité de celles de la force, dans les créneaux qui lui seront propres. Dans le cadre de sa mission, le GFS va agir souvent de manière décentralisée, mais il devra être toujours (ou ponctuellement) en liaison, voire en coordination avec les forces conventionnelles et/ou étrangères. Dans tous les cas, il est donc primordial que le GFS soit en permanence en phase avec la force, cet objectif ne pouvant être atteint que si le PC de GFS travaille en symbiose avec le PC de la force, tout en gardant son autonomie. En conséquence, les contacts entre le PC de la force et celui du GFS doivent être réalisés autant que de besoin. Cela concerne, en particulier, les échanges d’informations, qui doivent être permanents, et la problématique des “déconflictions” qu’il faut nécessairement mener au niveau des opérations. Il est cependant évident, et cela doit être admis par tous sur le théâtre, que pour tout échange d’informations se pose la question du besoin d’en connaître. Le GFS peut être amené à conduire une opération spéciale nécessitant une confidentialité importante, mais même dans le cadre d’une opération adaptée, la plus haute autorité du théâtre en sera bien sûr toujours informée. EM BFST/Emploi HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Réflexions GFS : un fonctionnement original du PC n apparence, un groupement de forces spéciales (GFS) possède une organisation de commandement analogue à toute grande unité en particulier dans sa structure (structure générique de J1 à J9). En apparence seulement, car le fonctionnement d’un PC de GFS fait l’objet d’au moins deux spécificités. E Une posture de commandement spécifique pour chaque action La première tient à la particularité des groupements des forces spéciales (FS), qui, généralement, sont composés de détachements spécialisés dans un métier FS particulier (action spéciale, action indirecte, recherche aéroportée, aéromobilité) ou issus des différentes composantes d’armées. Chacun de ces détachements est subordonné à une cellule de mise en œuvre (CelMO). Deux structures de base sont alors possibles. Les CelMO des détachements peuvent être intégrées dans le PC (structure 1). Leur personnel participe alors à l’armement des différentes cellules (“J“) du PC et le commandement des détachements revient directement au PC. Elles peuvent aussi être non intégrées au PC et rester à la tête de leur détachement respectif (structure 2). Pour chaque opération particulière, une posture spécifique est mise en œuvre. Une CelMO dite “mission” est constituée sur la substance du PC (structure 1) ou est armée par l’un des détachements (structure 2). Très modulaire dans sa composition, son rôle est d’assurer l’intégralité des phases de planification/ conduite/ débriefing de l’action. Cette CelMO “mission” est en mesure d’être projetée sur le lieu de l’action pour exercer le contrôle tactique (TACON) de l’opération. On parle alors de “CelMO TAC”. Un Battle rythm1 adapté La seconde spécificité concerne le rythme de fonctionnement du PC. La notion de bordée, sans être totalement exclue, n’est que rarement mise en œuvre. Les effectifs d’un GFS sont en général réduits. C’est une des caractéristiques des forces spéciales, et celle-ci vaut pour les PC. De plus, une opération spéciale est généralement ponctuelle et limitée dans le temps. Pour répondre à ces deux particularités, le choix est le plus souvent fait de n’armer le PC qu’avec une seule bordée. Celle-ci n’est activée dans sa totalité que de jour et, de façon permanente, lorsqu’une action est réellement en cours. Pour traiter les affaires courantes ou lors d’une opération de recherche de longue durée, un “quart opération” réduit assure la permanence du commandement. En tout état de cause, c’est surtout la nature de l’autorité assurant le contrôle opérationnel du GFS (GCOS, CJSOTF2, COMANFOR) qui impose le rythme du PC. Le PC de l’OPCON (contrôleur opérationnel) peut, par exemple, être très éloigné de la zone d’opération du GFS, avec des conséquences en terme de décalage horaire. Le PC de GFS organisera alors son cycle journalier en fonction des besoins et des contraintes du contrôleur opérationnel. activités >>DSRO La troisième journée a été nominale et a permis au 1er REC de mener sa manœuvre en oubliant complètement la simulation et la distance qui le séparait de l’animation. Les objectifs ont été atteints : après le déploiement du PC de GTIA, SYRUS a été fourni au régiment “clés en main“, prêt à consommer, dans son quartier. En revanche, la mise en œuvre d’un tel type d’exercice a été assez lourde pour le centre de simulation. En fait, de manière générale, on peut dire que l’entraînement d’un PC en environnement numérisé est de toute façon sinon difficile du moins complexe. La simulation JANUS a permis de modéliser la totalité des unités de la brigade du régiment et l’ennemi dans son ensemble (ce qui fait en tout 3 000 entités). Elles ont été représentées dans le SIR du régiment. L’environnement du PC a donc été très riche et vraisemblablement représentatif de ce que la NEB sera demain. Les perspectives d’utilisation d’un tel exercice restent ouvertes : régiment dans son quartier, régiment en OPEX, un centre de simulation faisant jouer plusieurs régiments les uns à la suite des autres, un centre national de simulation à distance avec du personnel permanent et spécialisé… Imaginez, imaginez… EM BFST/Emploi 1 Cycle journalier du rythme de fonctionnement. 2 Combined Joint Special Operations Task Force. Chef de Bataillon TARD Chef du bureau expérimentations et développement JANUS 13 14 Réflexions activités >> DSRO Un nouveau centre JANUS : Beyrouth au Liban "La communauté JANUS a l’honneur et le plaisir de faire part de la naissance d’un nouveau centre : le centre JANUS de l’Ecole de commandement et d’étatmajor (ECEM) de Rihanieh à Beyrouth, Liban". Avec les cinq centres français de Compiègne (EEM), de Saumur (EAABC), de Montpellier (EAI), d’Angers (ESAG), de Draguignan (EAA), avec les deux centres étrangers de Tunis en Tunisie et de Kenitra au Maroc, cela porte à huit le nombre de centres de simulation d’entraînement et de formation utilisant la simulation JANUS -France. L’ECEM dispense à ses officiers deux cursus de formation. Le cours des commandants de bataillon dure trois mois et demi, il y a trois sessions par an. Deux exercices de PC de bataillon par promotion sont planifiés avec JANUS. Le cours d’étatmajor dure une année et est assimilable au CSEM français. Un exercice de PC de bataillon et trois exercices de PC de brigade sont envisagés sur JANUS. p. suivante HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Forces spéciales et approche systémique évolution des contraintes géopolitiques et la recherche de nouvelles approches stratégiques ont conduit à l’apparition de théories de confrontation fondées sur l’analyse systémique ; voire sur l’un des produits de cette approche : la théorie du chaos1. Dans ce cadre rénové de la stratégie, les forces spéciales apparaissent comme un outil précieux et indispensable. Un outil souple et polyvalent qui permet de mener un panel d’actions qui va de l’appui à l’engagement massif conventionnel à l’action ciblée et discriminante en passant par les actions d’influence. L’ L’approche systémique permet de déterminer les points d’équilibre, et donc les faiblesses, d’une organisation ; que cette dernière soit étatique, politico-militaire, socio-économique, terroriste, mafieuse ou autre. Un choc ou une action ciblée peut alors déséquilibrer le système adverse pour faciliter une action d’ensemble ou pour aboutir à une situation chaotique qu’on peut chercher à guider, par le biais du contrôle de l’information, vers une nouvelle situation d’équilibre plus favorable aux intérêts amis. Dans le cadre d’une telle approche stratégique, les forces spéciales constituent un outil privilégié. En effet, leur capacité à mener des actions ciblées dans la profondeur du dispositif adverse permet d’envisager certains modes d’actions qui n’impliquent pas un dispositif militaire trop lourd. De plus, ces actions dans la profondeur peuvent se suffire à elles-mêmes ou être envisagées afin de faciliter un engagement militaire de grande envergure. Ainsi, l’état final recherché peut être atteint par l’intermédiaire d’une opération sur une structure politico-militaire en zone urbaine suffisante pour faire basculer les rapports de forces internes d’un pays. La neutralisation du financier d’un groupe terroriste peut mettre en péril toute la structure d’une organisation clandestine qui nécessite d’importants financements pour pouvoir évoluer. De même, la prise ou la destruction d’une infrastructure clef peut faciliter l’action des forces conventionnelles. En outre, des détachements d’assistance opérationnelle peuvent épauler la mise en place d’une nouvelle organisation étatique ou renforcer une structure politico-militaire affaiblie. Tandis que les détachements de liaison et de contact permettent d’intervenir auprès de personnalités clefs dans le règlement d’un conflit et de participer activement à la de sortie de crise. Au travers de ses forces spéciales, l’armée de terre possède donc un outil de grande qualité qui permet au commandement de faire face au traitement des crises actuelles et pour mener de façon efficace les confrontations à venir. Capable d’acquérir du renseignement sur l’adversaire et de mener des actions ciblées et discriminantes, dans un environnement semi-permissif ou non permissif, la brigade des forces spéciales terre représente une pièce maîtresse, et unique. 1er RPIMa 1 De nombreuses études ont été menées dans ce sens, en particulier au sein du Center for Strategic and International Studies. Réflexions HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Pôles de compétence et effectifs contraints A une époque où le matériel majeur de notre brigade, à savoir l’homme, est compté et où le souci d’efficience hante les esprits ces questions se posent avec acuité. La voie à suivre se doit donc de conjuguer le haut degré d’exigence qui anime les acteurs des forces spéciales terre à la forte capacité d’innovation qui les caractérise. Il convient dans un premier temps d’arrêter les termes de la réflexion. La notion de pôles de compétence doit s’entendre comme l’ensemble des savoir-faire détenus par les unités de la brigade des forces spéciales terre (BFST)1 et qui concourent à la réalisation de ses fonctions cardinales : - fonction commandement - soutien autonome ; - réalisation d’opérations spéciales en milieu urbain ; - réalisation d’opérations spéciales dans la profondeur ; - fonction aéromobilité et aéroportée. Interrogeons-nous à présent sur les choix qui nous permettront d’atteindre ces objectifs. Est-il envisageable de ne maîtriser que partiellement l’ensemble de nos pôles de compétence ? L’accomplissement de nos missions requiert un degré de préparation avec lequel nous ne pouvons transiger (navigation module en basse altitude pour les hélicoptères, analyse, traitement et diffusion du renseignement, actions spéciales). Ces savoir-faire nécessitent une maîtrise totale qui reste garante de l’efficacité et de la réactivité. Est-il envisageable de limiter nos compétences à celles qui définissent stricto sensu nos cœurs de métier dans le but de les maîtriser pleinement ? activités >> DSRO Force est de constater que fréquemment la détention de savoir-faire a minima reste impérieuse, car ces derniers concourent totalement à la réalisation de nos missions (acquisition du renseignement à l’aide des modules Chlio et Viviane, procédure ECAS, RIZP)2. Ces savoir- faire garantissent la faculté d’adaptation et de la polyvalence qui singularisent les forces spéciales. C’est donc l’équation suivante que doivent résoudre au quotidien les acteurs de la brigade des forces spéciales terre (BFST) : des effectifs contraints conjugués à une réactivité immédiate valorisée par une forte capacité d’adaptation. Sa résolution s’exprime en ces termes : maîtriser totalement les pôles de compétence relevant du cœur de métier tout en admettant une maîtrise partielle de ceux qui les complètent. Cette ligne directrice de la préparation à l’engagement opérationnel de la BFST ne peut toutefois s’appliquer dans bien des domaines pour lesquels l’expertise est déjà détenue par d’autres unités. Dans ces domaines c’est bien vers la voie du partenariat qu’il faut progresser. Enfin la mutualisation dans le domaine de l’entraînement, au sein de la brigade, pour les unités détenant des compétences communes reste plus que jamais un facteur d’efficacité et de cohésion. 1er RPIMa 1 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine, 13e régiment de dragons parachutistes, détachement ALAT des opérations spéciales. 2 Emergency- Close Air Support, reconnaissance d’itinéraires en zones polluées. Ainsi, il est prévu que l’ECEM utilise son centre JANUS de façon soutenue dès la rentrée 2007 puisque 10 exercices sont déjà projetés. En outre, le coopérant français en charge du projet JANUS au Liban, le LCL VOGELSINGER, réalise un gros travail de promotion afin de convaincre les brigades et les bataillons opérationnels de venir s’entraîner au centre et de se confronter au réalisme apporté par la simulation. Ce centre a été conçu dans le cadre de la coopération militaire. Au préalable, l’armée libanaise s’est occupée de la construction de l’infrastructure qui offre désormais un vaste espace de travail (1 800 m). La DSRO renforcée par l’EEM et l’EAABC vient de terminer l’installation du centre ainsi que la formation du personnel : chef de centre, 2 superviseurs JANUS, 2 administrateurs système et 23 opérateurs. La motivation du personnel et la qualité des différentes réalisations laissent augurer une utilisation particulièrement intensive et efficace de ce nouveau centre. Chef de Bataillon TARD Chef du bureau expérimentations et développement JANUS 15 16 Réflexions Le saviez-vous ? (3) A propos des forces ou opérations spéciales... Un exemple britannique : l’opération "Frankton" 1 sur la Gironde (décembre1942) Le 11 décembre 1942, un commando du commandement des opérations combinées du vice-amiral Mountbatten mis en place par un sous-marin au sud de la pointe de Grave coulait ou endommageait six navires allemands dans le port de Bordeaux. Sur les 12 Royal Marines du commando équipé de canoëskayaks fabriqués pour Frankton, seuls 4 purent placer leurs charges magnétiques dans la 4e nuit de l’opération après 110 Km d’approche par la Gironde et la Garonne. L’objectif de l’opération, lancée sur la demande du ministre de la guerre économique du cabinet de Winston Churchill, avait été atteint : la destruction d’au moins 6 des forceurs de blocus ennemis qui transportaient des matières stratégiques (caoutchouc, métaux rares notamment) entre le Japon et l’Europe. Le succès du Lieutenant-colonel Hasler et de ses hommes aura un grand retentissement dans cette période sombre de la guerre pendant laquelle les Alliés n’avaient pas encore repris le dessus. Sur les 12 Marines initialement embarqués, 2 ne purent participer à l’action, leur canoë ayant été endommagé à la sortie du sousmarin, 2 se noyèrent (dont un disparu), 4 furent capturés par les Allemands avant l’attaque et 2 furent faits prisonniers lors de l’esquive vers l’Espagne. HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Le renseignement dans les FST L es forces spéciales terre remplissent des missions délicates visant à l’obtention d’avantages stratégiques ou tactiques dans le cadre d’un plan d’action plus vaste décidé par le haut commandement national. Les opérations particulières de renseignement (OPR) ont pour objectif de fournir au décideur des éléments permettant de mener une appréciation autonome de situation en vue d’agir sur un théâtre. Les missions s’inscrivent dans le cadre d’un renseignement à but opératoire (RBO) pour déterminer quel type d’action doit être menée, puis d’un renseignement en vue d’action (RVA) pour préciser les points d’application de la force. Si la décision est prise d’agir sur un (des) objectif(s), la mission évolue vers le renseignement à fin d’action (RFA) afin de connaître les ultimes paramètres liés aux aptitudes des éléments action sur lesdits objectifs. Dès les prémices d’une crise, des éléments spécialisés en renseignement de la BFST fournis par le 13e RDP peuvent ainsi être engagés sur décision du CEMA dans le cadre d’opérations conventionnelles autonomes ou adaptées, aux ordres directs de la DRM ou d’un COMANFOR. Lorsqu’une opération spéciale est décidée, débute la phase de renseignement en vue d’action (RVA), manœuvre de système renseignement dans la durée visant à donner au commandement les renseignements nécessaires au choix du MA pour mener l’action (choix d’objectifs) et faciliter la préparation mission des détachements d’action spéciale (DAS). action sur le ou les objectifs désignés. Fourni par des éléments recherche déjà insérés, il permet la finalisation du dossier d’objectif, l’étude des MA et après décision du commandement opérationnel, la préparation puis la conduite de l’action. Le RFA comporte deux phases distinctes : - le renseignement à fin d’action (RENSFA) vise à maximiser la connaissance de l’objectif afin de le livrer à un élément action, en évitant de le compromettre, ce qui rendrait sa neutralisation délicate voire impossible. - la reconnaissance à fin d’action (RECOFA), conduite par la composante action spéciale, vise à obtenir des renseignements particuliers pouvant nécessiter une prise de risque supplémentaire consentie. Elle doit si possible entraîner une action dans la foulée. Le respect des principes de complémentarité et de synergie des moyens de la brigade doit garantir une coopération optimale entre les unités spéciales. Ces quelques règles définissent le cadre général du “renseignement spécial”. Main-d’œuvre à haute valeur ajoutée répondant à des exigences très strictes avec des moyens légers et souples d’emploi particulièrement adaptés aux menaces des guerres asymétriques, les FST sont chargées de couvrir un large éventail de situations dans lesquelles les actions et la recherche du renseignement sont le plus souvent indissociables. p. suivante 1 Mieux connue en France sous le nom de "Opération Coque de noix" Puis vient le renseignement à fin d’action (RFA), recueil final d’informations en vue de la préparation d’une 13e RDP HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Réflexions Le DAOS : éclairage sur une unité spéciale e détachement ALAT des opérations spéciales (DAOS) est la plus jeune unité de combat de l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT), elle est aussi une unité méconnue. Il est intéressant d’en connaître les spécificités et la plus-value qu’elle apporte, car si les forces spéciales (FS) de la plupart des pays ont de remarquables unités de commandos, rares sont ceux qui ont consenti un effort comme la France au profit d’une aéromobilité spéciale. L La montée en puissance du DAOS est intimement liée à celle des FS en France, et nos principaux alliés sont dans la même logique. Les Britanniques disposent d’un équivalent du DAOS, les Italiens viennent de le créer et les Allemands étudient cette possibilité. Les Etats-Unis ont, quant à eux, créé un régiment d’hélicoptères dédié aux FS en 1981. Ils tiraient ainsi les enseignements de l’échec tragique de la tentative de libération des otages de leur ambassade à Téhéran, en avril 1980. L’intérêt d’une unité dédiée telle que le DAOS repose sur le respect de 4 principes qui permettent d’atteindre l’efficacité opérationnelle exigée : un personnel rigoureusement sélectionné, un entraînement poussé et permanent, des équipements particuliers et des procédures communes et spécifiques. Le personnel désirant être affecté au DAOS doit avoir fait acte de volontariat, répondant à un message annuel de la direction des personnels de l’armée Le saviez-vous ? (3) de terre (DPMAT), et avoir déjà une expérience dans son coeur de métier. Il subit ensuite des tests psychologiques à la DPMAT, puis une semaine d’évaluation au sein de l’unité. Celle-ci comporte diverses épreuves sur le terrain à l’issue desquelles les psychologues reçoivent à nouveau les individus, cette fois en situation de fatigue. In fine, le chef de corps fait la synthèse et sélectionne ou non l’intéressé. Synthétiquement, il est recherché des équipages en bonne condition physique, stables émotionnellement, disposant d’une bonne capacité d’adaptation au milieu et aux hommes et d’un sens élevé des responsabilités, aptes à survivre en milieu hostile. Ces qualités seront ensuite développées par un entraînement poussé et spécifique mené en étroite collaboration avec les unités du commandement des opérations spéciales (COS). Le DAOS bénéficie pour cela de 220 heures de vol annuelles par pilote. Près de 50% de ces heures sont réalisées au profit du COS, 35% des heures sont effectuées de nuit. L’entraînement mixte HL et HM est privilégié, les procédés tactiques utilisés mettant en œuvre tous les moyens aériens du DAOS. Par exemple, a été développée la mise à terre sous appui, combinant le feu de Gazelle Viviane, de Gazelle Canon, et des mitrailleuses de bord des HM avant la dépose de commandos. Seuls 2 des Marines, dont le chef du commando, aidés par la Résistance, purent rejoindre la Grande-Bretagne après un long périple en France, puis en Espagne. Les 6 commandos capturés furent lâchement assassinés conformément à l’odieux ordre personnel de Hitler du 16 octobre 1942 qui stipulait que tout commando allié fait prisonnier, même en uniforme (ce qui était le cas des Marines de Mountbatten), devait être considéré comme un terroriste et exécuté sur-le-champ. L’Allemagne avait pourtant largement utilisé des commandos et en utiliserait encore, y compris en uniforme ennemi. CDEF Le saviez-vous ? (4) A propos des forces ou opérations spéciales... Un exemple allemand : l’opération " Greif " (Griffon) pendant l’offensive allemande dans les Ardennes (décembre 1944) Dès le début de la préparation de l’offensive dans les Ardennes, à la fin de l’été 44, le haut commandement allemand avait décidé la création d’une unité spéciale chargée de s’emparer des ponts de la Meuse et Hitler la confia p. suivante p. suivante 17 18 Réflexions Le saviez-vous ? (4) personnellement au Lieutenantcolonel SS Otto Skorzeny, le spécialiste des coups de main audacieux dont celui de la libération de Mussolini en 1943 au Gran Sasso. Cette unité spéciale, la “Panzerbrigade 150”, devait normalement comprendre 3 300 hommes parlant anglais et répartis en 3 bataillons équipés de matériels américains. En fait, compte tenu des difficultés rencontrées pour réunir le personnel et surtout l’équipement en état de marche, 2 500 hommes environ provenant des 3 armées et des SS, formèrent une petite brigade à 2 bataillons, organisée en 3 Kampfgruppen (groupements de combat) et une unité commando, la “Einheit Stielau” du nom de son chef, regroupant 150 des 600 meilleurs en anglais, dont aucun n’avait la moindre expérience de ce type d’action. Le peu de matériel américain récupéré sera complété par du matériel anglais, allemand ou russe modifié. Les commandos de la "Stielau", répartis en 3 catégories (groupes de destruction de 5 à 6 hommes, patrouilles d’éclaireurs de 3 à 4 hommes, commandos guides de 3 à 4 hommes), seront effectivement infiltrés dans la profondeur du dispositif ennemi, tandis que le gros de la brigade sera lui engagé en tête du dispositif allemand, en particulier face à Malmédy, avant, normalement, de foncer sur les ponts convoités, ce qui ne se produira pas. p. suivante L’entraînement au tir air-sol est une priorité et est particulièrement poussé, de jour comme de nuit, de même que l’entraînement des équipages avec leur armement individuel. Un procédé de récupération de commandos ou d’équipes de recherche, de nuit en silence radio et sans reconnaissance préalable, est également dispensé par le DAOS au cours d’un stage spécifique1. Par ailleurs, un processus de préparation de mission, mené avec les commandos, est systématiquement déroulé avant tout exercice tactique. En plus de ces savoir-faire tactiques, les équipages reçoivent une instruction spécialisée de 4 semaines à leur affectation, et suivent ensuite de nombreux stages de formation (recherche et sauvetage au combat RESCO, séjour au centre national d’aguerrissement en montagne CNAM, jungle, anglais, ...). Dans toutes les activités, qu’elles soient tactiques, sportives ou de cohésion, l’accent est mis sur le nécessaire état d’esprit collectif et de recherche d’excellence qui doit animer les équipages. En ce qui concerne les équipements, le Cougar, le Puma et la Gazelle, aujourd’hui complétés par l’EC 725, forment le “corps de bataille” du DAOS. Hormis l’EC 725, il s’agit donc des mêmes aéronefs que le reste de l’ALAT. Cependant, par le biais du plan d’équipement des unités spécifiques, octroyé par l’EMAT, ainsi que par celui du COS, qui dispose d’une cellule chargée des études et de l’innovation, de nombreux autres équipements d’environnement permettent une préparation opérationnelle adaptée. Enfin, ce qui apporte une plus-value majeure est l’existence de procédures HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 communes et spécifiques connues et appliquées par toutes les unités du COS. Complété par une connaissance mutuelle et personnelle des commandos et des équipages du DAOS, grâce à leur appartenance organique à la BFST, ce socle réglementaire commun entraîne des automatismes et une confiance réciproque dans les moments critiques qui contribuent directement au succès de l’action. De surcroît, grâce à un paragraphe particulier de l’IM 3400, le DAOS est autorisé à développer des procédures spéciales, ce qui lui a permis de mettre au point des procédés tactiques tels que la dépose de binôme et le largage plongeur en HL, l’appui feu avec tireur embarqué (HM et HL) ou à partir des mitrailleuses de bord sur HM servies par des MEOS2. Ainsi, que ce soit pour les équipements ou pour les procédés tactiques, le DAOS est un laboratoire pour l’ALAT. Le DAOS trouve donc sa pertinence dans son intégration dans une brigade interarmes, elle-même sous commandement opérationnel du COS, qui, en organisation, regroupe toutes les capacités nécessaires aux opérations spéciales (OS) : action - renseignement - aéromobilité. Cette intégration répond à une logique d’efficacité qui permet aux FS d’apporter une plus-value opérationnelle significative. DAOS 1 Stage “ MOS1 “ : marquage opérations spéciales. 2 “ Membre d’équipage opération spéciale” : 4e homme sur HM ayant suivi une formation spécifique (aérocordage, tir ANF1,...). Réflexions HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 La numérisation des SIC à la BFST a conception du SIC des FST s’appuie sur des systèmes d’information ou de communications encore en cours d’étude ou d’expérimentions que sont GRANITE GFS, GRANITE NG2 V21, MAESTRO2, MELCHIOR3 et PR4G VS44 IP. Ceux-ci constitueront à partir de l’année 2007 une chaîne numérisée complète du module tactique au PC de GFS. Les versions de GRANITE et MAESTRO actuellement en dotation permettent déjà l’échange de données informatiques ; export - import de bases de données entre CelMo et PC GFS et intégration automatique dans les bases GRANITE des CelMo, CTDR et PC GFS, de la messagerie (format spécifique “équipe”) élaborée avec MAESTRO par les modules tactiques. L Les expérimentations en cours à la BFST portent sur les échanges de calques de situation graphique, la remontée du positionnement automatique des modules tactiques ainsi que sur la sécurisation des données. En fin d’année 2006, l’ajout d’un module GFS dans GRANITE, en cours de développement, apportera les fonctionnalités d’édition de messagerie et de visualisation des données manquant essentiellement de convivialité pour les traitants des J3, J2, et J5 de ce PC. Les études en gestation ont pour objectif l’amélioration (automatisation et sécurisation), pour 2007, des connexions entre les systèmes Le saviez-vous ? (4) informatiques et les moyens de communication. La numérisation des SIC à la BFST prendra alors une véritable signification. Elle deviendra une réalité opérationnelle à prendre en compte dans les opérations spéciales lorsque le système de communication comprendra la HF NG5 MELCHIOR. EM BFST/SIC 1 GRANITE nouvelle génération 2 / 2e version. 2 Module adapté aux échanges sécurisés, aux transmissions et aux raccordements des opérationnels. 3 Moyen d’élongation pour les communications HF interarmées et OTAN en réseau. 4 Poste radio 4e génération / version système n° 4 internet protocole. 5 High frequency new generation. Même si les actions de renseignement et de destruction prévues lors de l’opération "Greif" n’ont pas eu le succès escompté, elles ont eu un effet psychologique indéniable et ont semé la confusion dans les unités américaines qui voyaient des espions et des saboteurs partout et agissaient en conséquence. Selon son chef, la Panzerbrigade 150 aurait perdu 15 pour cent de ses effectifs (tués, blessés, disparus et prisonniers), dont sans doute une dizaine de commandos fusillés comme espions car ils avaient été faits prisonniers en uniforme américain. L’essentiel de ces pertes a cependant été provoqué par les attaques aériennes alliées. Le courage de ces volontaires, réels ou "désignés" et qui n’étaient pas issus des unités spéciales Brandenburg de la Wehrmacht ou Friedenthal de la Waffen SS, n’avait pu pallier le manque de matériel et surtout de préparation de cette unité pour le moins composite. De plus, le secret nécessaire dans ce type d’opération avait été percé dès le premier jour de l’offensive, les Américains s’étant emparés de documents donnant les détails de "Greif". CDEF Le saviez-vous ? (5) A propos des forces ou opérations spéciales... Un exemple français : Les opérations spéciales en Indochine p. suivante 19 20 Réflexions Le saviez-vous ? (5) Les missions confiées aux unités de la BFST (renseignement stratégique, reconnaissance spéciale, actions commandos dans la profondeur, etc.) ne sont pas nouvelles pour les forces françaises. Les actions des unités commandos et SAS en 1944-45 lors de la libération de l’Europe le montrent amplement, tout comme celles des corps francs de 1918 et de 193940. Le conflit indochinois notamment a été riche en actions de commandos menées surtout par des unités de l’armée de terre ou de la marine : raids sur les arrières du Vietminh, coups de main sur leurs PC, destructions de dépôts, sabotages, embuscades, précédés d’infiltrations profondes par voie terrestre, par les airs, par le réseau fluvial très dense, ou par les côtes. A ces actions "classiques" se sont ajoutées aussi, notamment à partir de 1952, la mise sur pied et le soutien des maquis formés par les services secrets (service action du service de documentation extérieure et de contre-espionnage - SDECE - devenu ensuite DGSE) avec l’aide des populations montagnardes et les minorités ethniques de l’Annam et du Tonkin (en particulier des Thaïs, Méos, Mans, Nungs) maltraitées par les Annamites. Regroupés au sein du groupement de commandos mixtes aéroportés (GCMA), les officiers, sous-officiers et soldats encadrant les maquis et leurs amis autochtones (près de 13 000 partisans) ont considérablement gêné les unités régionales du Vietminh jusqu’aux accords de Genève. Mis sur pied tardivement, n’ayant pas reçu les moyens en personnel et en matériel spécifique dont il avait besoin pour ses actions de contre-guérilla, le GCMA n’a pu donner toute sa mesure. CDEF HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Les enjeux du futur : la numérisation des forces spéciales terre es SIC doivent rester subordonnés aux choix opérationnels des structures de commandement et non pas s’imposer par des contraintes techniques trop fortes. Le SIC numérisé décrit supra comportera inévitablement des limites. L Emploi Le système conçu devra s’adapter à tous les types de déploiements potentiels des opérations spéciales. L’architecture comportant un PC de GFS (de plus en plus imposant) principalement utilisée depuis quelques années ne doit pas faire perdre de vue d’autres types de structures de commandement plus légères ayant démontrées leur efficacité par le passé dans des opérations à dominante action (opération ARTEMIS par exemple). Pour cela, le 1er RPIMa a engagé un processus (numérisation “RAPAS”) pour répondre aux besoins de gestion de crise “temps réel” en conservant légèreté, souplesse et réactivité des fonctions commandement, coordination et mise en œuvre. Technique Pour être pleinement efficace le SIC des opérations spéciales devra être complété par : - la numérisation des cellules d’observation ou des équipiers (FELIN1, BRUTUS...) ; - la numérisation du PC de GFS (automatisation des fonctions de suivi tactique, logistique, santé...) ; - l’amélioration des échanges numérisés vers les employeurs (interopérabilité avec SICA2, SICF3) ; - l’intégration des informations numérisées d’autres capteurs ou systèmes (drones, HELIOS, SORA, ...). Les systèmes futurs mis à la disposition de la BFST à partir de 2009 (fin de vie contractuelle de GRANITE) devront converger vers ses caractéristiques. EM BFST/SIC 1 Fantassin à équipements et liaisons intégrées. 2 Système d’information et de communications des armées. 3 Système d’information et de communications des forces. HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Réflexions 1er RTP: pour un projet ambitieux sur Toulouse réé en 1999, après la dissolution du régiment de livraison par air (1997) et la réorganisation de la base opérationnelle mobile aéroportée, le 1er régiment du train parachutiste est le seul héritier des unités de livraison par air (LPA), et de cinquante années d’expérience accumulée sur tous les théâtres d’opérations. Avec l’entrée en service de l’A 400 M1, le régiment aborde une période charnière de son existence faite d’incertitudes mais aussi d’opportunités à saisir. C Aujourd’hui, un pôle de compétence unique et incontournable Pôle de compétence unique dans les armées et incontournable aujourd’hui dans le domaine de la mise à terre des matériels et des personnels à partir des aéronefs de la FAP2, le régiment dispose de nombreux atouts pour continuer à remplir ce rôle demain à partir de l’A 400M en mettant à la disposition du commandement un outil éprouvé. Régiment d’appui à la projection et à la mise à terre unique au sein des armées, il remplit ses missions (livraison par air et participation aux transits interarmées aériens, soutien logistique par voie aérienne) au profit de nombreux partenaires (11e BP, unités FAT, unités FLT, ALFUSCO, équipages de la FAP pour leur entraînement et leur formation, ...) avec une efficacité reconnue sur tous les aéronefs en service. Le saviez-vous ? (6) A propos des forces ou opérations spéciales... Les spécialistes LPA sont avec les équipages de la FAP des acteurs à part entière de la mise à terre. Leur action s’exerce tout d’abord au sol (conditionnement technique des équipements, pliage des parachutes à matériels, chargement des aéronefs, préparation de la soute pour le largage) puis en vol en participant activement, en liaison avec l’équipage, au largage. Implanté sur une infrastructure fonctionnelle Aujourd’hui déjà idéalement situé sur la base aérienne 101 de ToulouzeFrancazal, au cœur de la 11e brigade parachutiste, proche de la STAT GAP3 qu’il soutient dans ses campagnes d’essais, il verra prochainement ses infrastructures valorisées avec la création en cours dans un hangar de la BA 101, du pôle d’entraînement LPA/3e dimension. Celui-ci sera organisé autour du C160, cédé par l’armée de l’air au régiment en août 2005, en cours d’aménagement en maquette d’instruction, et plus tard vers 2008 optimisé avec son simulateur p. suivante 1 A 400 M : avion de transport, entrée en service 2009. 2 Force aérienne de projection. 3 Section technique de l’armée de terre groupement “aéroportés”, implantée à Toulouse, chargée des programmes TAP. Un exemple soviétique : la participation des Spetsnatz au conflit afghan Les Spetsnatz soviétiques de l’époque de la guerre froide, qui représentaient à partir des années 1980 la grande peur des PC et installations logistiques de l’Alliance atlantique, dépendaient du GRU, le bureau renseignement de l’état-major général et non du KGB, comme certaines unités spécialistes des actions clandestines. Les Spetsnatz, chargés de la "reconnaissance spéciale" (reconnaissance profonde, sabotage, déception,…) avec l’aide des clandestins du GRU, dont des athlètes professionnels, n’ont pas eu, et pour cause, l’occasion de donner toute leur mesure sur les arrières alliés. En revanche, ils ont été largement utilisés en Afghanistan, plus d’ailleurs comme troupes de choc dans des actions tactiques que comme forces spéciales. Un des exemples connus d’emploi de niveau stratégique de ces Spetsnatz est la participation à l’assaut du palais présidentiel à Kaboul en 1978 lors de l’invasion de l’Afghanistan. Ces soldats "nettoyèrent" le palais avec les membres d’une unité clandestine du KGB et assassinèrent une partie des dirigeants afghans dont le président Amin Hafizullah. L’armée soviétique, bras armé d’une dictature pourtant apparemment assagie, pratiquait alors largement la confusion des genres entre les actions militaires et les actions politiques. CDEF 21 22 Réflexions activités >> DREX/RETEX CODIREX 2006, une première … D’aucun pourrait s’étonner de voir un tel titre pour un "comité du RETEX", créé en 20041, et qui en est à sa deuxième édition ! En réalité, cette réunion annuelle, présidée par le général major général de l’armée de terre, a pris seulement cette année le nom de "comité directeur du RETEX" ou "CODIREX" et fait partie désormais du processus décisionnel décrit dans la nouvelle directive permanente de la fonction RETEX de l’armée de terre2. Ce processus, s’appuyant sur le principe de subsidiarité, institue deux types de réunions décisionnelles, de niveau et de fréquence différents : - Le comité exécutif ou "COMEX", présidé par le sous-chef opérations-logistique de l’EMAT, qui se réunit trimestriellement et permet donc de statuer "en continu" sur les propositions faites par les grands commandements et directions centrales, relatives aux enseignements qu’ils ont sélectionnés. - Le comité directeur (CODIREX) annuel, au cours duquel sont traités des dossiers "lourds", sélectionnés lors des COMEX précédents en raison de leur caractère transverse, de leur incidence sur le long terme et par voie de conséquence relevant d’un niveau de décision supérieur. p. suivante d’entraînement à l’aérolargage (SEAL)4. Il permet à la 11e BP de remplir son contrat opérationnel en mettant au quotidien une base d’opération aéroportée (BOAP) déployée à Edme (halls de conditionnement, section pliage parachute, EM avec cellule de conduite des opérations...). Demain sur l’A 400 M : des atouts pour un projet ambitieux Le régiment, riche de 50 années d’expérience des interventions avec l’armée de l’air, possède tous les atouts pour continuer à jouer le rôle majeur dans le largage à partir de l’A 400 M. Déjà en relation avec l’équipe de marque “terre” de l’A 400 M de la STAT et associé à ce programme grâce à un officier de marque, il sera demain un acteur essentiel du processus d’expérimentation de largage lourd de l’A 400 M dont la France aura la responsabilité. L’entrée prochaine en service de l’A400 M est aussi l’occasion d’optimiser les moyens dédiés à la LPA en les regroupant autour du 1er RTP. La création d’une base regroupant, outre le 1er RTP, le centre d’essais en vol (CEV) et la STAT GAP dont l’actuelle implantation en centre ville est menacée, disposant des moyens techniques pour continuer à activer l’actuelle piste d’atterrissage de la BA 101 mais aussi d’une maquette de soute A 400 M est une voie à explorer. Il s’agit donc bien de créer à côté du pôle de compétence aéronautique que sera la ville de Toulouse, un centre de compétence LPA à vocation nationale, voire internationale, dédié à l’entraînement, aux essais techniques, mais aussi à la formation des spécialistes livraison par air. HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Pour une réflexion globale Mais le 1er RTP est aussi le corps support de la garnison de Toulouse, symbolique des difficultés que peut présenter une garnison poly-formations à la forte dispersion géographique. La création d’une base permettrait de regrouper, dans une stricte démarche de cohérence, autour du corps support des organismes aujourd’hui dispersés et par conséquent de diminuer le coût de fonctionnement et de limiter le personnel destiné au support de la garnison. Cette opportunité nécessite une véritable réflexion d’ensemble avec tous les acteurs concernés pour aborder le dossier dans sa globalité (emploi opérationnel, formation LPA, investissement pour une maquette de soute A 400 M à Toulouse, définition des modalités du programme des essais largage matériel sur A 400 M, nouvelle organisation de la garnison...). Bel avenir en vérité pour un régiment qui “par le ciel, partout, pour tous 5” possède bien des atouts pour continuer à l’être demain à Toulouse à partir de l’A 400 M. Colonel Rodier Claude commandant le 1er RTP 4 Programme dérivé du démonstrateur technique SERAPIS, financé dans le cadre d’un programme de la mission innovation des armées, initié en 2003 par le 1er RTP. Il permet de simuler le largage en utilisant un casque de simulation pour mettre en situation virtuelle le chef largueur de matériel. 5 Devise du 1er RTP. HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Tribune Libre L’errance de la pensée militaire française e rôle des idées et des représentations dans l’action, qu’elles soient politiques ou militaires, et plus globalement dans les politiques de défense et de sécurité, est essentiel. Pourtant, dans le monde de l’après-guerre froide, en Europe, la pensée militaire ne joue plus les premiers rôles. La disparition de l’ennemi avec l’effondrement de l’empire communiste obtenu sans bataille, met à mal la pertinence de la pensée stratégique classique, compte tenu de la dissymétrie existant entre les capacités militaires de la superpuissance et celles de ses adversaires possibles. Avec l’absence relative de guerres et de conflits armés majeurs entre Etats, la prévention des crises procède désormais d’une approche large des problèmes internationaux, où les domaines d’action sont de nature diplomatique, juridique, humanitaire tout autant que militaire. Dans un tel contexte, la stratégie militaire se voit ainsi absorbée par une stratégie plus “globale” dans un monde où les flux politiques, culturels, économiques ont un rôle grandissant. L En 1903, le Lieutenant-colonel Foch écrivit Les principes de la guerre, un ouvrage essentiel de tactique militaire. Un siècle plus tard, Foch serait sans doute britannique et pourrait s’appeler Rupert Smith1. Faut-il considérer que l’effacement intellectuel français est la triste conséquence d’une torpeur ou d’une indigence des idées propre aux militaires d’aujourd’hui, ou résulte-t-il de la mise en place d’une série de verrous paralysant toute velléité d’expression non conforme à la doctrine en vigueur. activités >> DREX/RETEX En réalité, l’errance actuelle de la pensée militaire française semble durer et trouve ses racines dans “la glaciation de la pensée” née de l’ère nucléaire. Le silence des intellectuels militaires, nos “clercs2“ des années 1930 dont les écrits devraient nous éclairer sur le débat stratégique contemporain, ne serait qu’un épiphénomène si cette errance ne révélait une crise profonde et peut-être un déclin. Révélatrice d’une tendance de fond, l’errance de la pensée militaire montre sans doute que nous avons renoncé depuis longtemps à peser dans la guerre moderne contemporaine. Quelles en sont les raisons ? Des pays occidentaux, la France a été pendant la guerre froide l’un de ceux qui a poussé le plus loin la logique de la dissuasion avec depuis les années soixante, un concept marqué d’autonomie nationale; parallèlement, elle conservait une stratégie active héritée de l’ère coloniale en conduisant quelques interventions en Afrique. Actualisant la vieille notion d’attente stratégique dégagée par le général Camon du système de guerre napoléonien, le général Poirier3 parle de “posture d’attente” lorsqu’en raison de l’ignorance de ce que peut faire l’ennemi, il n’est pas possible d’adopter une posture définie, qu’elle soit défensive ou offensive. p. suivante 1 General Rupert Smith, The utility of force: the art of war in modern world, 2006. 2 Expression empruntée à Julien Benda, La trahison des clercs, 1927. 3 Lucien Poirier, Des stratégies nucléaires, Hachette, 1977; Bruxelles, Complexe, 1988, p.310. L’édition 2006 du CODIREX était centrée sur trois dossiers majeurs : - La médicalisation de l’avant Evoquée à maintes reprises dans les rapports de fin de mission, l’adaptation nécessaire des qualifications santé aux besoins des petites unités en situation d’isolement nécessitait d’en mesurer au préalable les conséquences juridiques, humaines, techniques et financières. Un mandat d’étude a donc été confié dans ces termes à l’inspection du service de santé de l’Armée de terre. Le rapport d’étape, validé par le MGAT en séance, prévoit une quantification du besoin puis l’étude des formations à envisager et enfin, un avis des juristes sur les aspects régle-mentaires. Le COMEX d’octobre permettra de statuer sur les mesures proposées dans le rapport final. - Le renseignement de contact La nécessité de renforcer la capacité de l’armée de terre dans ce domaine, issue de plusieurs enseignements débattus en COMEX, regroupe quatre volets : formation et entraînement, doctrine, ressources humaines et équipements. L’inscription des cellules RENS au DUO des régiments est validée pour l’été 2007 sur un principe laissant une grande souplesse aux corps ; ces cellules seront dotées d’équipements adaptés au fur et à mesure de leur formation au CEERAT. p. suivante 23 24 Tribune Libre activités >> DREX/RETEX - La protection des forces En matière d’équipements, tous les efforts possibles sont menés par l’armée de terre, en particulier au sein des programmes en cours ou à venir. Seules des évolutions partielles sont envisageables sur le court terme. Par ailleurs, les études de doctrine sont en bonne voie (protection des flux logistiques, autoprotection, etc.). Pour autant, ce domaine peut être amélioré notamment par l’accroissement de la projection des engins blindés sur les théâtres d’opérations : cette proposition a été validée dans le principe, même si sa mise en oeuvre restera au cas pas cas conditionnée par les contraintes parfois (hélas) culturelles, en tout cas toujours politiques et médiatiques davantage encore que logistiques ou financières ! Enfin, le MGAT a donné son accord pour une étude sur une nouvelle démarche capacitaire, intégrant davantage le RETEX, et permettant une plus grande adaptation réactive. Le procès-verbal du CODIREX 2006 a été diffusé dans l’ensemble des états-majors. Il est consultable en ligne sur le site du CDEF dans la rubrique "retour d’expérience". Lieutenant-colonel Bernard VIEL Adjoint au bureau exploitation 1 Lettre n°1450/DEF/EMAT/BPO/ICE/31 du 06/09/2004 2 Lettre n°78/DEF/EMAT/BPO/ICE/31 du 17/01/2006 (consultable sur intraterre à l’adresse suivante : http://www.emat.terre.defense.gouv.fr/scripts/b ureaux/frameset.asp?site=22&view=dossier). La puissance de l’arme nucléaire est telle que l’on a eu tendance depuis à croire qu’elle rendait la guerre impossible. Le but principal de l’outil militaire n’étant plus de gagner la guerre, mais de la prévenir. Face à de tels bouleversements, la réflexion militaire est depuis les années 1960 en crise et les intellectuels militaires, atteints par le phénomène de la “décristalisation” pour reprendre une expression stendhalienne, ont cessé d’être envoûtés par la guerre. Sans doute, les horreurs des deux guerres mondiales ont-elles transformé un discours pacifiste utopiste en une revendication de plus en plus forte. L’attrait pour les études géopolitiques semble désormais supplanter l’attrait pour la pratique de l’art de la guerre. Comment en sommes-nous arrivés là ? La coutume du silence dans les armées recouvre la culture stratégique d’une “obscure clarté”. L’interprétation restrictive du droit d’expression des militaires se traduit par l’évacuation de toute forme de réflexion critique qui pourrait être portée sur la validité des choix stratégiques, de la politique de défense ou du budget. Le fait de s’exprimer en qualité d’expert sur les questions de défense ne devrait pas être considéré comme une remise en cause du pouvoir politique, mais devrait plutôt être interprété comme une contribution à l’adaptation de l’outil de défense. La résignation s’apparente à une sorte de réflexe pavlovien de prudence et de méfiance, nourri par la crainte de sanctions. Ensuite, la filiation culturelle voire spirituelle avec les grands penseurs militaires d’hier est rompue. Et pourtant, cet héritage des classiques militaires (le corpus des textes français de stratégie et l’ensemble des décisions prises au HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 cours de l’histoire par des stratèges français) est immense. Mais, depuis la fin de la guerre froide, cet héritage intellectuel a cessé de nous imprégner car nos repères sont désormais ceux des expériences individuelles acquises au fil des engagements extérieurs depuis notre participation à l ’ o p é r a t i o n D e s e r t S t o r m 4. Absorbés par les missions de courte durée, nous ne lisons plus les ouvrages majeurs des théoriciens de l’art militaire, pas plus d’ailleurs que nous ne lisons les grands auteurs américains. C’est donc une rupture culturelle majeure. De quel héritage culturel sommesnous alors porteurs ? De quel fond culturel proprement national sommes-nous désormais les héritiers ? La liberté est inaccessible à l’ignorant, pensaient les philosophes des Lumières. Cette culture humaniste, philosophique, politique qui nous manque suppose en effet l’appropriation des repères historiques nécessaires à la formation d’opinions raisonnées comme elle suppose également de faire preuve d’esprit critique afin d’être prêt à partager un patrimoine militaire européen considérable. “J’admire Rome enfin, disait Guibert, quand j’examine sa constitution militaire, liée à sa constitution politique ; les lois de la milice ; l’éducation de sa jeunesse ; ses grands hommes passant indifféremment par toutes les charges de l’Etat, parce qu’ils étaient propres à les remplir toutes ; ses citoyens fiers du nom de leur patrie et se croyant supérieurs aux rois qu’ils étaient accoutumés à vaincre.” 4 Opération militaire conduite contre l’Irak en 1991, opération Daguet. HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Aujourd’hui, le processus de formation des idées et leur influence éventuelle sur la fabrication d’une pensée militaire est en panne, ce qui nous pousse au mimétisme calqué sur la culture américaine. Les think tanks de Washington donnent le ton. Dans de telles conditions, le conformisme intellectuel mou apparaît comme un principe de précaution indiscutable promu au rang de dogme, prônant la recherche de l’équilibre en tout et la prise de risque limitée dans l’action militaire. Là, se trouve l’engourdissement de la pensée militaire ; et si l’on débat, c’est sur un tout autre terrain. En effet, la réflexion de nos états-majors est tournée vers la définition de modèles d’organisation, de systèmes de gestion innovants ou de structures performantes. La stratégie ministérielle de réforme5 (SMR) par exemple, lancée en 2003, mobilise davantage les attentions que les débats sur les opérations opératives. En fin de compte, toute pensée qui ne germe pas, ne s’exprime pas et n’est pas nourrie par une culture favorable est une pensée mortnée ou avortée. Quelles solutions pour demain ? Revisiter l’histoire militaire d’abord. Elle fournit cette connaissance de l’action des Anciens ; elle contribue à nous donner les motivations, les ressources morales, les modèles et exemples dont nous avons besoin. Le comte de Guibert écrivait à ce sujet : “il faut étudier l’histoire pour apprendre à y figurer.” Certes, nul phénomène n’est plus complexe que la guerre. Aborder l’homme en lutte contre l’homme, deux intelligences, deux Tribune Libre volontés rivalisant de ressources pour s’anéantir mutuellement, est un spectacle embrouillé et chaotique6. Nous devrions relire Raymond Aron7 ou nous intéresser à la guerre des Boers8 par exemple pour acquérir une culture historique, une indépendance de jugement. Mais les conditions ne sont pas remplies pour cultiver l’histoire militaire et l’associer aux études tactiques tant cela suppose une formation, du temps et des instruments de travail. On n’enseigne plus les faits d’armes, les batailles, les audacieuses manœuvres tactiques parce que le passé militaire est un objet de musée désormais encombrant, “l’albatros“ de Baudelaire dont nous rions. Enfin, développer la réflexion tactique. Il s’agit de comprendre les ressorts de l’action militaire par l’étude attentive des modes d’action possibles qui découlent de l’action des forces d’un ennemi générique revisité ou des forces amies, de leur affrontement ainsi que de leur influence réciproque. Il s’agit aussi, alors que les engagements militaires sont complexes, de favoriser l’étude rigoureuse des décisions de conduite prises lors de batailles emblématiques comme de l’emploi des armes appliqués aux réalités du combat interarmes jusqu’au plus bas niveau. p. suivante 5 La SMR lancé en 2003 concourt à la recherche de l’efficience dans l’ensemble des fonctions administratives ou de soutien ainsi que l’organisation des agents ou des usagers. 6 Général Robert Vial. 7 Article du colonel Ponties paru dans le Figaro, 3 Janvier 06. 8 In revue Doctrine n°7, page 75.p. suivante activités >> DREX/RETEX Médicalisation de l’avant Le Médecin Général Inspecteur DELOLME, inspecteur du service de santé de l’armée de terre (ISSAT), s’est vu confirmer au cours du comité directeur du RETEX (CODIREX) par le général major général de l’armée de terre son mandat d’étude sur l’adaptation des attributions des brancardiers aux contraintes de travail des petites unités en opérations. Ses conclusions devront être rendues le 15 octobre et s’orientent vers deux objectifs : 1. l’extension des gestes techniques de première urgence réalisables par les équipes santé en situation d’isolement, en particulier les brancardiers-secouristes. 2. l’optimisation des échanges d’information et du traitement des blessés au sein de la chaîne santé en opération. Concernant le premier objectif, trois thématiques sont à analyser en profondeur par les groupes d’experts qui se réuniront dès le mois d’avril: • Existe-t-il un besoin réel au-delà du besoin ressenti ? • Quelle formation, quels effectifs à former et pour quel emploi ? • Quelles contraintes juridiques et réglementaires ? Dans le cadre de cette étude, le CDEF recherche toutes les expériences de situations sanitaires critiques en situation d’isolement dans des unités dépourvues de médecin ou de chaîne santé. Merci de faire parvenir vos témoignages au CDEF/DREX/B.EXP 821 753 5197 - 01 44 42 51 [email protected]. defense.gouv.fr Capitaine Pierre de SOLAGES Bureau exploitation 25 26 Tribune Libre activités >> DREX/RETEX Renseignement du corps de troupe Le Général de corps d’armée CUCHE, major général de l’armée de terre, a officialisé lors du CODIREX l’inscription de la cellule renseignement aux DUO des régiments de l’armée de terre dès 2007. Actuellement en cours de formation au C.E.E.R.A.T., les O.R.C.T. assureront dans leur corps la montée en puissance de leur cellule si elle n’est pas déjà réalisée, comme c’est souvent le cas. Sa composition pourra varier d’une formation à l’autre, chaque fonction et même chaque régiment restant libre de dimensionner cette cellule à ses besoins propres, sa ressource ou les besoins ressentis. C’est pourquoi la question de la ressource humaine nécessaire à l’armement de ces cellules RENS régimentaires est actuellement à l’étude, chaque fonction étant associée par EMAT/BPRH à sa définition souhaitée et possible. L’équipement, en particulier audiovisuel, pourra être mis en place une fois les cellules réalisées, les personnels formés à leur utilisation et le besoin précisément exprimé. Un budget adéquat est à l’étude pour l’acquisition et à la maintenance de ce nouveau matériel au sein des C.R.E. concernés. Une proposition de kit "capture d’images", ciblée sur les besoins d’un GTIA, a été diffusée en avril à la FAT et à la FLT. Capitaine Pierre de SOLAGES Bureau exploitation Quels sont les enjeux aujourd’hui ? D’abord, réaffirmer non seulement une identité militaire mêlant véritablement action et pensée mais aussi son rôle capital dans la Cité. Il s’agit de se ré-approprier l’action militaire aujourd’hui désincarnée et dépolitisée. Il faut repenser la guerre moderne, la guerre indirecte décrite par Sun Tzu, avec des idées neuves au risque de voir surgir des penseurs de la stratégie moins militaires et tacticiens que civils et informaticiens. Ce qui est en jeu, c’est la capacité de la France à penser et à agir par elle-même, de faire en quelque sorte qu’elle soit l’acteur de sa propre liberté. La préservation de l’autonomie, de la richesse et de l’originalité de la pensée militaire française est capitale, à l’heure où, coincée entre l’organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’Union européenne (UE), la politique de défense française semble condamnée à se dénationaliser. Parce que sa voix risquerait d’être à brève échéance inaudible, la France doit créer les conditions favorables à la réflexion stratégique afin de jouer un rôle moteur dans la construction d’une défense européenne commune. Celle-ci permettrait à la stratégie française de retrouver un leadership continental, qui n’aurait rien de dominateur, mais ferait entendre la voix de l’Europe. En conclusion, ce constat nous amène à croire que le relativisme et le “technicisme” ont donc fini HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 par s’emparer de la culture militaire contemporaine. Quand on préfère enseigner la méthode, disserter sur les structures, quand on privilégie l’application à la r é f l e x i o n , l e s s a v o i r- f a i r e techniques au débat stratégique, à la réflexion tactique, aux commentaires d’œuvres majeures, alors on s’interdit l’accès au doute, à l’ironie, à la raison, à tout ce qui pourrait la détacher de la matrice collective. La pensée militaire naît des grandes idées issues de l’air du temps, d’un inconscient collectif, d’idées claires qui se diffusent. Elle peut entraîner des doutes sur la capacité opérationnelle de tel outil considéré jusqu’alors comme incontournable, ébranler la confiance des hommes et atteindre directement leur moral. “La discipline doit être stricte, la pensée militaire doit être libre” disait le général de Gaulle. Sans la volonté réelle et durable de consacrer du temps à la réflexion, à la formation des idées, à l’émancipation de l’intelligence, par exemple lors dans l’enseignement militaire supérieur, sans un sursaut intellectuel en somme, “la vie avec la pensée, pour reprendre les mots d’A. Finkielkraut, pourrait cède(r) doucement la place au face-à-face terrible et dérisoire du fanatique et du zombie“. CBA de La Roque 119e promotion de l’ “Ecole supérieure de guerre“ (CSEM) HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Tribune Libre La méthode de tir de combat du 1er RPIMa égiment de forces spéciales de l’armée de terre, le 1er RPIMa porte, depuis 1974, une attention toute particulière aux méthodes de formation au tir de combat. Appelé, plus qu’aucune autre unité, à opérer au quotidien avec un armement individuel et collectif approvisionné et le plus souvent armé, le 1er RPIMa a développé au cours des sept dernières années une méthode globale d’instruction connue sous le vocable de méthode de tir de combat (MTC). R Cette MTC est un système d’instruction et d’entraînement constitué de comportements standards, de manipulations et de drill fondés sur les recherches de Chuck Taylor, un officier américain. Au sein du 1er RPIMa, la MTC vit le jour en 1999 et la tâche de former les commandos à ces nouvelles techniques fut confiée au Sergent Philippe Perotti, élève à titre privé de Taylor. La MTC est structurée autour de trois axes (sécurité, simplicité, efficacité) autour desquels gravitent d’autres notions telles que le réalisme, la rapidité, la simplicité, l’efficacité, le mental et enfin le combat puisque les techniques individuelles de combat sont intégrées dans l’instruction du tir. Avec la MTC, les commandos du 1er RPIMa disposent d’une méthode globale, cohérente et efficace qui a fait ses preuves en opération. Structurée en fiches et en niveaux, elle ne laisse aucune place à l’approximation et aux mauvaises habitudes. Ainsi, la maîtrise de leurs armes dont font preuve les groupes RAPAS a permis d’éviter les accidents et les tirs fratricides en entraînement comme en opération. Les tirs effectués en situation de combat ont également apporté la preuve de l’efficacité de la MTC et de la supériorité technique et psychologique qu’elle confère à ses utilisateurs. La MTC et l’IST-C (instruction sur le tir de combat, méthode désormais enseignée à l’école d’application de l’infanterie) sont toutes deux issues des travaux de Taylor. Toutefois, la première a logiquement émergé avant la seconde tant la qualité du tir revêt une importance vitale. Par ailleurs, si les principes des deux méthodes sont les mêmes, les conditions particulières d’exécution des missions induisent naturellement une approche différente. Un équipier RAPAS (recherche aéroportée et actions spéciales) est par définition appelé à opérer en élément léger et autonome. Loin de tout appui ou renfort, ayant une dotation initiale limitée, le groupe ne peut compter sur son volume de feu pour emporter la décision dans un combat mené le plus souvent du faible au fort. La MTC a marqué l’arrivée au 1er RPIMa d’une méthode de tir globale, commune et efficace. Le changement n’est pas dans le tir en lui-même mais dans l’approche des armes et de l’instruction et dans une refonte des techniques individuelles de combat, de préparation mentale et de sécurité. De plus, en se combinant aux techniques d’action immédiate (T.A.I) également enseignées au 1er RPIMa, la MTC contribue à donner un avantage décisif aux commandos dans leurs missions opérationnelles. Le CEMAT reconnaît officiellement la MTC, que seul le 1er RPIMa est autorisé à pratiquer (lettre n° 2000639/DEF/EMAT/BPO/ICE/32 du 25 avril 2006). Un officier du 1er RPIMa activités >> DREX/3A AURIGE 4e BAM Le PC de la 4e BAM a effectué un exercice AURIGE, du 11 au 14 mars 2006, au CEPC de MAILLY. Au cours de cet exercice, la brigade a montré une parfaite maîtrise de sa spécificité aéromobile avec une mention particulière pour la coordination 3D interarmes et interarmées. Il faut également noter l’investissement de l’EMF3 pour représenter une animation "haut" conséquente en volume et en qualité, ainsi que le fonctionnement, globalement satisfaisant et sans interruption, du logiciel SCIPIO. Pour la première fois, cet exercice a donné lieu à une analyse tactique dont les finalités, à savoir, moins chercher à donner une leçon que provoquer l’analyse et la confrontation des manœuvres possibles, ont été bien comprises et respectées. Cet exercice a également montré la nécessité de poursuivre "l’interarmisation" de l’emploi de la brigade aéromobile, de manière à ce que sa manœuvre soit bien une manœuvre de "brigade interarmes aéromobile". Colonel Serge BILLIERES Chef du bureau 3A 27 28 Tribune Libre activités >>DREX/Recherche HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Pour une homogénéisation des structures des unités de l’ABC Fiches de lecture Caleb Carr, The Lessons of Terror, Random House, New York 2003 Caleb CARR, dans ce livre, montre que les violences délibérément infligées aux civils sont une pratique de guerre à la fois ancienne et systématiquement contreproductive. Une plongée dans l’histoire la plus sanglante qui éclaire la question du terrorisme. Sa principale originalité consiste à aborder le problème sous un angle militaire et de montrer que le terrorisme est une pratique guerrière à laquelle se sont livrés tous les peuples. En qualifiant de terroriste toute attaque violente et délibérée contre des civils ou des noncombattants, l’auteur parvient en effet à remonter le fil des conflits illimités qui ont tellement ensanglanté l’histoire et à discerner la continuité de leur pratique désastreuse jusqu’à notre époque. L’auteur en guise de conclusion plaide avant tout pour l’application d’une violence ciblée, épargnant très largement les populations civiles, sur le modèle de la campagne d’Afghanistan. Lieutenant-colonel Jérôme CARIO chef du Bureau recherche organisation de nos unités blindées devrait tendre vers une articulation commune " canon/investigation ". Cette dernière, commune à toutes nos "subdivisions" et existant en garnison faciliterait la préparation à l’engagement en projection extérieure. Un "moule" commun fédère déjà les unités "roues canons" AMX 10 RC et ERC 90, il faudrait l’étendre à nos unités "LECLERC". L’ Pour s’en rapprocher, la composante "XL" doit donc se doter de groupes d’investigation (2 VBL par peloton). Cette association est déjà mise en œuvre de façon conjoncturelle pour les séquences des S/GTIA XL au CENTAC où elle a montré sa pertinence et sa validité (adjonction de patrouilles du PER). De même, dans le cadre des études initiées sur les forces avancées XL, elle est d’ores et déjà prise en compte et est développée par une EVTA au sein du 501e - 503e R.C.C. Dans le contexte actuel de gestion contrainte de nos effectifs, ces VBL pourraient être placés en complément de nos PAD à raison de 6 véhicules par escadron (2 pour chaque peloton XL). Les métiers des personnels des GAD (à 0/1/6) autoriseraient l’armement en double qualification des escouades (à 0/1/5) sans trop de difficultés. Cette gestion de parc et de personnels permettrait, en outre, de disposer par GE d’une ressource de 24 VBL (en incluant le PER) qui faciliterait la mise sur pied d’un EBL à 3 pelotons voire 4 pelotons ou les 2 pelotons VBL d’un ERIAD, diminuant d’autant la pression sur l’EEI rattaché au RC 80. Tenant compte de la réalité de la DTO des matériels et de la disponibilité des personnels, un escadron LECLERC pourrait donc engager sur sa propre structure sans atomisation, ni perception fastidieuse de matériels : - 1 escadron classique à 3 pelotons XL avec son PAD (l’actuel), - 1 escadron à 2 pelotons XL/VBL/GAD (type module forces avancées) - 1 escadron blindé à 3 pelotons XL/VBL (type missions majeures ou MiCUB). Ces aménagements (actuellement sous enveloppe constante en personnel) demanderaient donc la mise en place de : - 18 VBL par GE 40 - 36 VBL par RC 80 soit 144 VBL (ou PVP…) pour la sous-fonction blindée (4 brigades). HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 La solution la plus pertinente et adéquate reste cependant la création en organisation d’une cellule investigation au sein de chaque peloton XL. La sousfonction blindée peut-elle se le permettre ? La structure d’une unité élémentaire "XL/VBL" se rapprocherait de celle des escadrons X10 RC et ERC 90 de par son articulation et ses capacités. Elle faciliterait la projection des GE 40 sur des matériels blindés autres que les XL (ERC 90 en particulier) en optimisant la PREPA.OPS en métropole tout en limitant l’atomisation des unités élémentaires. Les MCO s’en trouveraient allégées car les unités XL, ainsi préparées à agir sur des modes opératoires et des structures similaires aux unités "roues - canons", ne marqueraient leur effort que sur le tir canon (niveau 2) conjuguée à une courte "reconversion" essentiellement technique (pilotage et entretien AEB/TEB). Ces délais de MCO notoirement simplifiés et réduits, la programmation des activités opérationnelles du RC 80 y trouverait une nouvelle souplesse conjuguée à des délais de projection compatibles avec les impératifs opérationnels de la FAT. Concomitamment, la création d’escadrons XL/VBL permettrait de disposer de davantage de créneaux dédiés à l’instruction et l’entraînement dans le premier métier au cours du deuxième quadrimestre de PREPA.OPS (éradication des fastidieux "recyclages" sur matériels de substitution). Cette période est d’autant plus importante qu’elle est en partie dédiée au Tribune Libre contrôle national de tir d’un des deux "niveau 3" prévu par la nouvelle politique de tir de l’ABC du cycle à 32 mois. Si une décision de projeter un escadron XL sur ses matériels organiques était actée, ce dernier pourrait alors relever un escadron X10 RC ou ERC 90 sans obligation pour le théâtre de ré-articuler ou redéfinir les missions et les zones d’action. Cet apport de VBL permettrait, en outre, un affichage de cohérence opérationnelle pour la fonction blindée et simplifierait les relèves sur les théâtres en ne bouleversant pas les TUEM à chaque rotation de brigade. En outre, cette lisibilité des structures faciliterait l’approche "interarmes" pour les autres fonctions à l’instar de l’action entreprise par les fantassins qui se rassemblent autour d’un "noyau dur" pour leurs compagnies de combat. Le chef interarmes doit être actuellement capable d’appréhender les aptitudes des escadrons XL, X10 RC, ERC 90, EBL, ERIAD pour remplir des missions souvent similaires ; tâches pour le moins ardues… La mise en place de VBL au sein des GE 40 doit permettre, tout en respectant la gradation de l’emploi des blindés, de répondre aux besoins des opérations extérieures en exploitant et rationalisant au mieux les aptitudes de toutes les unités de l’ABC. Colonel H. Temporel (6e BLB) Chef du GE 501 de juin 2002 à août 2004 activités >>DREX/Recherche Le livre Counterinsurgency Warfare, Theory and Practice, a été écrit en 1964 par un ancien Saint-Cyrien, David Galula, qui a forgé sa connaissance des guerres révolutionnaires et insurrections en Chine entre 1945 et 1948 et en Algérie entre 1956 et 1958. Ce texte réédité en 2005 aux Etats-Unis et lu avec attention par les militaires de l’armée de terre américaine et les Marines, mérite d’être étudié, particulièrement dans le contexte actuel de la guérilla en Irak. Il définit clairement l’essence de la guerre révolutionnaire, les conditions transcendantales(au sens Kantien) d’une insurrection armée réussie et la doctrine militaire qu’il juge la plus appropriée pour y répondre. Il traite aussi bien des problèmes de commandement que d’opérations politiques et psychologiques. Son schéma opérationnel prône d’abord une expulsion des forces insurrectionnelles puis le développement d’unités statiques (qui protègent et contrôlent le terrain reconquis), le contact et le contrôle des populations. En outre, il préconise la destruction des cellules politiques ennemies et leur remplacement par une structure politique issue d’élections libres. Ces élections doivent porter au pouvoir des dirigeants qu’il convient de mettre à l’épreuve avant de leur confier la construction de partis politiques légitimes auprès de la population et oeuvrant à la stabilisation du pays concerné. Professeur Stephen Duso-Bauduin, enseignant-chercheur, Bureau recherche 29 30 Actualités diverses activités >>DREX/Recherche Conférences Jeudi du CHEAR Amphi Lacoste 12h30 à 13h30 • Le 18 mai La guerre du XXe siècle et la reconnaissance du fait psychiatrique. par Laurent HENNINGER • Le 8 juin Les relations entre l’économie et la défense. par Patrick OLLIER IRIS • Les 9 et 10 mai La place de la France dans le monde. GEOSTRATÉGIE • Le 11 mai Crispations communautaires, guerres civiles, terrorisme : vers un choc de civilisation. par Michel ROCARD • Les 29 et 30 mai Gestion des risques en Méditerranée : points de vue des pays du Maghreb et perspectives de coopération régional. Bureau recherche HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Activités CESAT/CSEM Common Action 06 : 4 officiers du CSEM en Autriche u 13 au 24 février 2006, une délégation de 4 officiers de la 119e promotion du CSEM a participé à l’exercice Common Action 06 en Autriche au sein de la Landesverteidigungsakademie (Académie nationale de défense), première expérience du genre dans ce pays. Cette activité a permis d’effectuer un cycle complet d’élaboration des ordres, puis de conduire la manœuvre d’une brigade dans une opération de coercition de forces. La première semaine d’exercice s’est déroulée au rythme du decision making process (DMP) autrichien, non seulement en compagnie des officiers du cours d’état-major, mais aussi avec les futurs commandants de bataillon. Le CO de brigade a conduit deux séquences de jeu comme les stagiaires du CSEM en effectuent à Compiègne sur Janus. D Du point de vue tactique, on peut noter trois différences majeures entre le DMP autrichien et la MEDO française : l’approche de l’ennemi, seule une most likely intent lui étant attribuée ; la notion d’effet majeur, inexistante chez les Autrichiens qui, pour décrire leur idée de manœuvre, dressent plutôt une liste de tâches permettant de remplir leur mission ; la notion de réserve, indispensable dans l’esprit autrichien car elle permet de conserver toujours un pion de manœuvre, étant entendu que cette réserve n’a pas de mission particulière tant qu’elle n’est pas engagée. Parallèlement, les points suivants se sont montrés très positifs dans le fonctionnement du CO : utilisation assidue de l’anglais comme langue de travail ; méthode du wargaming, essentielle pour la coordination des unités car méticuleusement rapportée au cadre espace-temps de la manœuvre ami/ennemi ; pragmatisme et ponctualité dans la production des ordres ; intégration véritable des appuis, et notamment de l’artillerie. Du point de vue du commandement, il convient de souligner la conception autrichienne de la place du chef. Au cours de l’exercice, le général commandait en effet sa brigade à partir d’un M109 aménagé en PC tactique, au plus près du cœur de l’action. Cette position lui a permis, au cours de certaines phases clés, de bien sentir le terrain et la pression exercée sur ses unités. Une telle position est un juste équilibre à trouver, et pourrait comporter, dans la conception française, un risque : celui d’être privé du recul nécessaire pour apprécier la situation dans son ensemble. Dès lors, le S3 de la brigade pourrait se trouver confiné dans un rôle de suivi à distance de la situation, et l’état-major perdre sa force de proposition. En Autriche comme en France, le commandement dépend de la personnalité et de l’implication personnelle du chef. Au cours de cet exercice, l’aspect multinational a été clairement recherché par la Landesverteidigungsakademie. En pleine transformation, l’armée autrichienne semble ainsi vouloir évoluer plus nettement du concept de neutralité vers celui de solidarité. CSEM HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 Actualités diverses Information sur la revue Doctrine activités Des nouveaux numéros disponibles bientôt Le numéro 08 de Doctrine "La performance logistique" vient d’être diffusé dans ses 2 versions française et anglaise (US) et il est d’ores et déjà disponible sur les sites Internet et Intranet du CDEF. De plus, la version anglaise (US) du numéro spécial consacré à la 2e Rencontre du CDEF du 5 octobre 2005 "Armées : faire campagne en ville" sera bientôt disponible sous le titre "Armed Forces : Engagements within Cities". Sujets traités dans les prochains numéros prévus en 2006 Dans les numéros normaux : • N° 09 (en juin) : Menace et renseignement >>Actualités Grandes unités Rappel : Héraclès a ouvert depuis un an une rubrique "Actualités Grandes unités", destinée aux EMF et aux brigades qui souhaitent faire connaître une de leurs activités majeure ou exceptionnelle. Que ces GU en profitent ! Nous attendons leurs articles (courts : 1 000 à 1 300 caractères pour le 20 des mois pairs. • N° 10 (en septembre) : La simulation : de la doctrine à l’engagement des forces • N° 11 (en décembre) : L’interopérabilité Dans le 2e numéro spécial de l’année : • N° 2006/02 (en octobre) : RETEX du commandement des OPEX par des officiers généraux français Un plus pour l’échange des idées et la liberté d’expression Compte tenu des nombreux articles intéressants qui nous sont envoyés et qui, souvent, ne sont pas publiés dans la revue d’études générales Doctrine parce qu’ils ne traitent pas du sujet développé dans le numéro du trimestre ou dans la lettre d’information et d’échange de la communauté doctrinale Héraclès parce qu’ils sont trop longs, le CDEF a décidé dorénavant de partager la rubrique Libres réflexions de Doctrine en deux parties, la première, habituelle, avec les articles concernant directement le dossier du trimestre et une deuxième, nouvelle, regroupant des articles français ou étrangers qui traitent bien sûr d’emploi des forces. Les articles plus courts continueront d’être publiés prioritairement dans Héraclès qui paraît tous les deux mois. Cette mesure sera déjà appliquée dans le numéro 09. >>Actualités Ecoles De même, les directions des études et de la prospective des écoles d’application (ainsi que les centres d’étude) peuvent profiter de la rubrique "Actualités Ecoles" de Héraclès pour parler de leurs activités et réflexions. Elles sont invitées à nous faire parvenir des brèves sur celles-ci. Compte tenu de la place disponible dans nos colonnes, une seule brève (d’une longueur de 1 000 à 1 300 caractères - traitant bien sûr d’une activité doctrinale) est normalement publiée par école. 31 Actualités diverses 32 HÉRACLÈS N°15 MAI-JUIN 2006 VOTRE AVIS SUR HÉRACLÈS AVERTISSEMENT à lire avant de remplir le questionnaire d’évaluation de Héraclès Un rappel sur la conception actuelle de votre lettre d’information et d’échange Héraclès L’esprit de Héraclès H éraclès, La lettre d’information et d’échange de la communauté doctrinale est à usage interne de l’armée de terre française, car elle est destinée aux états-majors et aux unités des forces terrestres, et surtout en leur sein, à ceux qui appliquent la doctrine sur le terrain, notamment par le biais du processus d’élaboration des ordres, à savoir les officiers d’état-major des grandes unités et des régiments. Elle intéresse cependant les armées de terre alliées ou amies, notamment francophones. Diffusée tous les 2 mois en 7 600 exemplaires comprenant généralement vingt à trente pages, en version française uniquement, la lettre Héraclès se veut une publication "papier" facile à lire, dont le but est de faire connaître aux forces terrestres leur propre doctrine, en leur demandant de montrer comment les GU et les formations de tout type l’appliquent en opération ou en exercice. Les GU (brigades, mais aussi EMF) sont donc sollicitées à tour de rôle pour participer à la préparation d’un numéro de Héraclès. Sa forme mprimé en noir sur du papier bleu (jaune pour les numéros spéciaux), Héraclès ne comprend pour l’instant aucune illustration (photo ou schéma) pour en faciliter la réalisation, hormis l’insigne du CDEF en première page et maintenant celui de la grande unité pilote du numéro en 3e page. Conçu pour une lecture "verticale", elle présente 2 types de textes différents, avec d’abord, dans une grande colonne (partie principale de la page), après l’éditorial en 1re page, une série d’articles, fournis par une GU pilote du numéro, le CDEF et des auteurs extérieurs, et répartis normalement en 5 rubriques (Actualités, RETEX, Réflexions, Etudes en cours et Tribune libre). Ensuite, dans la petite colonne (à gauche ou à droite selon la page), figurent les activités du CDEF et de ses divisions sous forme de brèves. I La répartition des textes dans les rubriques de la grande colonne s’efforce de mettre en valeur les articles de la GU pilote qui profite de Héraclès pour parler de ses activités sur le terrain et montrer sa spécificité. Aussi le CDEF souhaite-t-il pour l’instant ne pas trop limiter le nombre d’articles des grandes unités sollicitées, même si cela amène une variation permanente du nombre de pages de Héraclès, sous réserve cependant que ces articles ou “brèves” restent en nombre et longueur raisonnables, et traitent bien sûr exclusivement de l’application de la doctrine d’emploi sur le terrain, en opération comme en exercice. LE QUESTIONNAIRE JOINT À CE NUMÉRO 15 DE HÉRACLÈS EST À RENVOYER AU CDEF AVANT LE 1er JUILLET