Anatomie de l`Administration publique libanaise :

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Anatomie de l`Administration publique libanaise :
Anatomie de l’Administration publique libanaise :
Merci Fayol, mais il faut avancer
L’économie libanaise est morose. La dette publique et les charges des fonctionnaires
alourdissent de plus en plus le déficit budgétaire. Deux solutions sont alors envisagées : la
réforme administrative et ensuite la privatisation. Identifions donc, loin de toute considération
politique, les problèmes de cette Administration improductive et inefficace. Ses effectifs sont
énormes : sur un total de quatre millions de Libanais, 16 750 sont fonctionnaires et 38 834 sont
enseignants et employés d’Administration. Malgré sa taille, cette Administration souffre d’un
taux de vacance de 58%. La guerre et le clientélisme, les principaux accusés, constituent la
facette superficielle et partielle du problème. En effet, la raison d’être de cette désuétude
administrative n’est autre que l’organisation, la structure et les lois appliquées. La « loi des
Fonctionnaires », datant de 1959, gère l’Administration à « la Fayol » (1841 – 1925). C'est-àdire que la rationalisation de l’organisation passe par le biais d’une structure hiérarchique
verticale. En d’autres termes, l’organisation se résume à un processus de standardisation des
opérations et des compétences. Le résultat étant : un dysfonctionnement administratif dont les
symptômes sont :
- une lenteur des procédures administratives et par conséquent un retard dans le
processus décisionnel parce que l’organisation est gérée par un modèle de gestion
universel imprégné par le respect aveugle de l’hiérarchie ;
- la dimension humaine est négligée et l’autorité est un enjeu de pouvoir du supérieur.
Ainsi, l’organisation malade, mettant de côté la compétence et le mérite, se transforme
en théâtre de regroupements défendant les intérêts particuliers aux dépens de l’intérêt
général. D’où, une déresponsabilisation, une absence de plan de carrière et enfin une
démotivation du personnel, devenant improductif ;
- la lourdeur structurelle et l’absence de flexibilité sont aggravées par le « courttermisme » et le manque de visibilité. D’où l’adoption d’une planification partielle
sans considération des structures, tâches et des besoins de chaque Administration,
mais visant seulement la réduction des charges administratives.
Résultats : une inertie organisationnelle et par conséquent la destruction de l’image de
l’Administration aux yeux des citoyens. Le recours à la réforme administrative est ainsi justifié.
Mais comment y parvenir ?
Les solutions doivent être modernes et à longue haleine. Elles consistent en une revue des
nouvelles théories des organisations adaptées au contexte libanais et visant l’implication et la
motivation du capital humain public. Les étapes de la réforme doivent être les suivantes : étude
du dossier de chaque fonctionnaire, planification et élaboration d’un système complet
d’apprentissage et de formation et application d’une gestion temporaire par projet et par équipe
compétente. On parviendra ainsi à responsabiliser les fonctionnaires en les incitant à abandonner
l’idée destructrice de l’emploi à vie. Cette anatomie administrative consiste alors à paver le long
chemin épineux de la réforme afin d’aboutir à l’innovation, la flexibilité, la modernisation et la
construction d’une image de marque et d’une identité administratives.
Une question se pose alors : la Fonction Publique réussira-t-elle seule cette réforme ou bien fautil faire intervenir le secteur privé ?
Ghalia Hamamy, spécialiste en gestion et dynamique des organisations – CRED – ESA.

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