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11 2013 TYPISCH FRANZÖSISCH! LA 2CV TOUT UN MYTHE LITTÉRATURE : ALBERT CAMUS, L’HUMANISTE LANGUE : LES MOTS COMPOSÉS SOMMAIRE NOVEMBRE 2013 Alle gesprochenen Texte befinden sich in diesem Booklet, von dem für Abonnenten auch eine PDF-Ausgabe unter www.ecoute.de/nos-produits/audio erhältlich ist. 01. Introduction 02. Au programme ce mois-ci 0:45 1:05 Polar 15. Résumé des épisodes précédents 1:22 16. Laborabit in æternum, troisième épisode 4:44 Reportage 03. Qui suis-je ? 04. La « deudeuche », toute une histoire ! 05. Discussion autour de la « deudeuche » 2:02 3:11 1:09 Société 17. Les Français sont trop gourmands ! 18. L’émission gourmande de TV5 19. La France et ses vins : interview 1:05 1:46 4:16 Actualité 06. Quelques news de France 3:36 Langue 20. Le pluriel des mots composés 2:43 Cinéma 21. La Religieuse, de Guillaume Nicloux 22. Extrait du film La Religieuse 1:06 2:16 Compréhension orale 23. Dialogue : au bureau de tabac 1:22 Société 24. Les Gitanes et les Gauloises 1:42 Portrait 07. Biographie d’Albert Camus 08. Extraits de la tribune de Camus 09. Biographie d’Albert Camus (suite) 10. Albert Camus, philosophe ? 11. Extrait des Justes, pièce de théâtre d’Albert Camus 2:02 0:54 1:39 2:39 3:43 Compréhension orale 12. Extrait de L’homme qui voulait être heureux, de Laurent Gounelle 13. Questions de compréhension 2:11 0:59 25. Au revoir 0:45 Littérature 14. Le prix Goncourt, tout un rituel ! 2:16 Chanson 26. Les Gauloises bleues, d’Yves Simon 2:58 2 n 01. Introduction Bonjour ! Jean-Yves au micro ! C’est un plaisir de vous retrouver pour de nouvelles aventures en ce mois de novembre 2013 ! Bonjour à tous ! Un plaisir qui va nous réchauffer le cœur, car ça y est, hein, les premiers froids sont arrivés… Ah oui, et c’est parti pour quelques mois maintenant. Allez ! On lance tout de suite le programme ! Ah ben ça alors ! Tu nous dis même pas bonjour ! Ah ! Pardon ! Oui évidemment, salut à tout le monde, Jean-Yves, Isabelle, Enrico, et à vous tous qui nous écoutez si fidèlement ! Bonjour Jean-Paul ! Bon d’accord, j’ai oublié de dire bonjour, mais c’est pris dans le feu de l’action ! N’en faites pas trop tout de même ! n 02. Au programme ce mois-ci Et donc au programme… Les Français sont-ils gourmands ? C’est la question que nous nous poserons. J’en vois déjà deux dont les yeux brillent rien qu’à l’idée de parler de bons petits plats ! Et dans la foulée, puisqu’il n’y a pas de bon repas sans bon vin, nous suivrons une petite initiation à l’œnologie, la science qui se rapporte au vin, avec notre spécialiste maison, Christian Eidenschenck. Albert Camus aurait eu cent ans en novembre. Nous en profiterons pour nous rafraîchir un peu la mémoire sur cet écrivain et philosophe, qui a laissé une œuvre considérable. Et je vous interpréterai avec Jean-Yves un court passage d’une de ses pièces de théâtre les plus célèbres : Les Justes. Nous resterons dans le domaine littéraire avec le prix Goncourt, qui est décerné chaque année dans les premiers jours de novembre. Et bien évidemment, nous retrouverons nos news, nos exercices de compréhension, notre polar québécois, notre film et notre chanson du mois. C’est parti ! REPORTAGE n 03. Qui suis-je ? Voici un son bien agréable à l’oreille de tous les passionnés de ce moyen de locomotion devenu mythique qui sent bon la France tranquille, la France bucolique qui prend son temps et fait fi des diktats de la technologie. Un son qui est le premier indice de notre « Qui suis-je ? ». Car en effet, c’est une prelancer - beginnen mit fidèlement - treu dans le feu de l’action im Eifer des Gefechts en faire trop - übertreiben être gourmand,e - ein Schlemmer sein briller - leuchten le plat - das Gericht dans la foulée - gleich im Anschluss l’œnologie (f) - die Weinkunde rafraîchir - auffrischen l’œuvre (f) - das Werk considérable - beachtlich interpréter - spielen, sprechen la pièce de théâtre - das Theaterstück Les Justes - Die Gerechten décerner - verleihen c’est parti - jetzt geht’s los le moyen de locomotion das Fortbewegungsmittel sentir bon qc - nach etw. duften bucolique - ländlich faire fi de qc - etw. verschmähen 3 mière pour notre devinette, Isabelle sera aujourd’hui la voix d’un objet… Un objet ? Sympa ! Un objet, oui, mais un objet culte ! Bon, si c’est un objet culte… Je dois refaire le « teuf-teuf », là ? Ou c’est bon ? Non, non, ça va aller. Enrico, tu peux envoyer le « teuf-teuf » ? Voilà, voilà ! J’ai 65 ans, mais dès mon plus jeune âge, ce bruit bizarre, un peu souffreteux, était celui de ma respiration. Et pourtant, cela ne m’a jamais empêchée d’avaler les kilomètres sans éprouver la moindre fatigue. Pourtant, je ne paye pas de mine avec mes deux gros yeux globuleux qui me font ressembler à un crapaud. C’est d’ailleurs un des surnoms affectueux qui m’est attribué : le crapaud. En réalité, je ressemble plus à un carrosse qu’à un crapaud, avec mes ailes amples et rondes. Un carrosse qui serait tiré par deux chevaux, si vous voyez vaguement ce que je veux dire… Vedette du quotidien mais aussi star de cinéma – on m’a vue me faire tailler en pièces dans un film avec Bourvil et Louis de Funès –, j’ai été le véhicule des ouvriers comme des agriculteurs, des étudiants comme des postiers, et même des nonnes. Et j’allais par monts et par vaux aussi agile sur les sentiers que vaillante sur les routes. On m’a même croisée sur les dunes du Sahara où ma légèreté et ma robustesse faisaient merveille. Bonne à tout faire qu’ils disaient dans une publicité. Oui, mais une bonne à tout faire devenue une auto de légende, ne vous en déplaise… Une légende 4 en cinq millions d’exemplaires. Alors ? Teuf, teuf, teuf… Je suis ? Je suis ? n 04. La « deudeuche », toute une histoire ! Il s’agissait bien sûr de la 2CV Citroën ! La 2CV – die Ente pour les Allemands – la « deux-pattes », la « deuche », la « deudeuche » ou encore la « dodoche » pour les Français… Des surnoms bien sympathiques qui résument parfaitement la relation particulière que des générations de conducteurs ont entretenue avec cette voiture pas comme les autres, qui a vu le jour en 1948, et a été fabriquée jus- la devinette - das Rätsel teuf-teuf - Töfftöff souffreteux,se - kränklich avaler - herunterreißen ne pas payer de mine nach nichts aussehen les yeux (m/pl) globuleux die Glupschaugen le crapaud - die Kröte le surnom - der Spitzname affectueux,se - liebevoll le carrosse - die Kutsche l’aile (f) - der Flügel ample - weit la vedette - der Star le quotidien - der Alltag tailler en pièces - zu Schrott fahren l’ouvrier (m) - der Arbeiter l’agriculteur (m) - der Bauer le postier - der Briefträger par monts et par vaux über Stock und Stein le sentier - der Pfad vaillant,e - tapfer faire merveille - Wunder wirken la publicité - die Werbung la bonne à tout faire das Mädchen für alles ne vous en déplaise - ob es Ihnen gefällt oder nicht la 2CV - die Ente la patte - die Pfote le conducteur - der Fahrer pas comme les autres außergewöhnlich voir le jour - das Licht der Welt erblicken qu’en 1990. Une voiture que l’on comparait à sa naissance à une boîte de conserve, mais qui fait aujourd’hui partie du patrimoine mondial de l’automobile avec d’autres voitures populaires comme la Coccinelle de Volkswagen, la Fiat 500 ou encore l’Austin Mini Cooper. En 42 ans de production, la 2CV a bien sûr évolué tout en restant fidèle à son aspect original. Exclusivement livrée dans une version grise dans ses jeunes années, la 2CV a pris des couleurs avec le temps : le bleu tout d’abord qui apparaît discrètement dans les années 50, puis le blanc et le vert pâle dans les années 60, enfin le rouge, le vert, l’orange, et le jaune dans les années 70, pour finir avec les modèles en séries limitées des années 80. En particulier, la Charleston bicolore rouge et noire a été immortalisée par la femme du Premier ministre de François Mitterrand, Laurent Fabius, venue chercher son époux à Matignon avec ce véhicule pour le moins inattendu ! Une autre apparition surprenante de la 2CV : dans Rien que pour vos yeux, James Bond, le célèbre agent secret interprété dans cet épisode par Roger Moore, échappe à ses poursuivants au volant d’une 2CV jaune citron. La scène de poursuite tourne bien sûr à l’avantage de la « deudeuche » qui, une fois de plus, marque les esprits par sa robustesse et sa maniabilité. La 2CV sera pendant quarante ans la voiture de toutes les occasions et de tous les terrains, comme le rappelle une publicité des années 60 : « Sans risque, sans fatigue, dans la boue, dans le sable, dans l’eau, à travers gués et à travers champs, elle passe partout, elle vous conduit partout, la 2CV Citroën. » La 2CV symbolisera aussi la liberté et la résistance, par rapport aux automobiles sans âme qui ont aujourd’hui envahi le marché. Elle a rapproché le baba cool du Premier ministre dans une même passion. Une passion qui ne s’est pas éteinte avec l’arrêt de la production, bien au contraire. Une multitude de fan-clubs ont vu le jour. On y partage son amour pour la « deudeuche », on y parle mécanique, on échange les bons plans pour trouver des pièces rares ou des occasions mirobolantes. Et même si la 2CV dont vous êtes l’heureux la boîte de conserve - die Konservendose le patrimoine - das Erbe la Coccinelle - der Käfer évoluer - sich weiterentwickeln l’aspect (m) - das Aussehen pâle - blassbicolore - zweifarbig immortaliser - unsterblich machen l’époux (m) - der Gatte pour le moins - gelinde gesagt inattendu,e - unerwartet Rien que pour vos yeux In tödlicher Mission (Originaltitel: For Your Eyes Only) le poursuivant - der Verfolger le volant - das Lenkrad tourner à l’avantage de sich zu Gunsten wenden von marquer les esprits einen bleibenden Eindruck hinterlassen la maniabilité - die Wendigkeit l’occasion (f) - der Anlass la boue - der Schlamm le sable - der Sand le gué - die Furt le champ - das Feld la résistance - der Widerstand sans âme - seelenlos envahir - überfluten rapprocher - näherbringen le baba cool (fam.) - der Alternativler s’éteindre - hier: enden bien au contraire - ganz im Gegenteil la multitude - die Vielzahl la pièce - das (Ersatz)Teil l’occasion (f) - das Schnäppchen mirobolant,e - großartig 5 propriétaire n’est qu’une épave rouillée et cassée en deux, il y a une solution : pour 12 000 euros et après des centaines d’heures de restauration, certains garages spécialisés comme 2CV-Passion-2-pattes vous livreront un véhicule flambant neuf comme s’il sortait de l’usine. En matière de « deudeuche », la passion n’a pas de prix ! n 05. Discussion autour de la « deudeuche » Arrête Jean-Yves, tu me fais souffrir, là ! Tu vas me faire regretter d’avoir mis à la casse ma « deudeuche » jaune Hélios achetée en 1977 ! En fait, la même que celle de James Bond, sans les impacts de balles bien sûr ! – Ah bon ? Tu as eu une 2CV ? – Oui, oui, j’ai eu une 2CV. Enfin, je l’adorais. C’était vraiment… Ça a été, je crois, ma voiture préférée, de toutes les voitures que j’ai eues. Et donc j’adorais tracer au volant de cette voiture, le capot à l’avant, très large. – Tu la décapotais aussi, non ? – Ah ben oui, bien sûr, oui, oui. C’était… – Ma tante, elle en avait une qui était vert pomme, et on lui collait, tu sais, on lui avait collé des autocollants devant en forme d’yeux… – Ha oui ! – … qui louchaient avec des cils. – C’était à la mode à un moment. – Ouais, dans les années 70. – Vous savez que dans la 2CV, avant qu’elle ne soit créée, ils ont fait faire des tests à la voiture : elle devait pouvoir transporter des œufs dans le coffre et 6 rouler dans un champ, sans qu’aucun œuf ne se casse. – Et alors ? – Ben, ça marchait ! – C’est dingue ! – Ben oui, ça marchait. Elle avait une suspension incroyable. – Ouais, c’est vrai. – Quand il y avait de la neige, tu pouvais être sûr que c’était la seule voiture qui réussissait à monter les pentes. Elle était incroyable. – Ha, c’est génial quand même, hein… Nostalgie, quand tu nous tiens ! Bon, en tout cas, ça me donne très envie de m’en offrir une nouvelle… Pour ne rien vous cacher, ça me le propriétaire - der Eigentümer l’épave (f) - das (Auto)Wrack rouillé,e - verrostet le garage - die Werkstatt flambant neuf,neuve (funkel)nagelneu en matière de… - was … betrifft souffrir - leiden regretter - bereuen mettre à la casse - zum Verschrotten geben l’impact (m) - das Loch la balle - die Kugel tracer (fam.) - rasen le capot - die Motorhaube décapoter - das Verdeck zurückklappen l’autocollant (m) - der Aufkleber loucher - schielen le cil - die Wimper le coffre - der Kofferraum rouler - fahren dingue (fam.) - verrückt la suspension - die Federung la pente - die Steigung donner très envie de große Lust machen auf s’offrir - sich kaufen ça me titille (fam.) - das juckt mich titille depuis que je me suis penché sur le sujet pour Écoute. Je crois que je vais craquer ! application iPhone et iPad ! Chaque année, il se vend près de 100 000 boîtes de ce sympathique jeu. Accent aigu 11/13, p. 2 ACTUALITÉ n 06. Quelques news de France Les news ! Mont-Blanc Il va encore falloir réviser nos manuels scolaires. Alors que le Mont-Blanc mesurait, il y a deux ans, 4 810,90 m, de nouvelles mesures révélées montrent qu’il a perdu 45 cm. Les écoliers devront désormais apprendre par cœur que le plus haut sommet d’Europe culmine très précisément à 4 810,45 m ! Les géomètres qui ont participé en septembre à la cinquième opération de mesure de la montagne ne font pas de lien entre son rapetissement et les conséquences du réchauffement climatique. Même si la météo influence évidemment l’état du Mont-Blanc. En mesurant la calotte glaciaire, les experts ont ainsi découvert que le volume de neige au-dessus de 4 800 m avait diminué depuis deux ans, passant de 24 062 m3 à 21 626 m3, en raison de faibles chutes de poudreuse au sommet. Un cochon lucratif Le plus vieux jeu de société toujours commercialisé est français ! Le Cochon qui rit a été créé il y a 80 ans à Lyon par l’épicier Joseph Michel. Inspiré d’un jeu de bistrot, il doit son succès à son extrême simplicité : assembler les pièces d’un cochon à coups de dés. Autrefois en bois, le cochon est aujourd’hui en plastique, voire virtuel : il a en effet son Monnaies locales Le succès du Chiemgauer allemand, utilisé par plus de 600 entreprises en Bavière, a donné des idées à certaines communes françaises. Depuis trois ans en effet, des monnaies locales circulent dans l’Hexagone : « Pêche » à Montreuil, « Muse » à Angers, « Luciole » en Ardèche, « Sol-Violette » à Toulouse… La se pencher sur - sich befassen mit craquer (fam.) - schwach werden le jeu de société - das Gesellschaftsspiel commercialisé,e - verkauft l’épicier (m) - der réviser - korrigieren Lebensmittelhändler le manuel scolaire - das le jeu de bistrot - das Schulbuch Kneipenspiel révélé,e - hier: veröffentdevoir à - verdanken licht assembler - zusammendésormais - von nun an setzen par cœur - auswendig à coups de dés - durch le sommet - der Gipfel Würfeln culminer à... - liegen bei ... voire - oder sogar faire un lien - einen il se vend - verkauft Zusammenhang herstellen werden le rapetissement - das Niedrigerwerden la monnaie - die Währung la météo (météorologie) - l’entreprise (f) - das hier: das Wetter Unternehmen la calotte glaciaire - die donner des idées à Eiskappe inspirieren la chute de poudreuse circuler - in Umlauf sein der Schneefall l’Hexagone (m) Frankreich 7 France en compte une vingtaine. Le but de ces monnaies complémentaires de l’euro est avant tout de soutenir l’économie locale. Elles permettent d’acheter son pain, de régler un service, de payer des fournisseurs locaux voire une partie de salaire. Une façon de remettre l’argent à sa juste place, c’est-àdire au cœur de l’économie réelle. En France, les monnaies locales ont cependant un impact encore faible. Mais chaque ville rêve déjà d’avoir la sienne. Prochaine sur la liste : Nantes et sa « SoNantes ». Accent aigu 11/13, p. 2 Le Tiger Woods de la pétanque ! Il est un peu le « Tiger Woods de la pétanque ». Vu son palmarès, Dylan Rocher soutient sans problème la comparaison avec la star du golf. Multiple champion de France et d’Europe, triple vainqueur du Mondial La Marseillaise (le plus grand tournoi de pétanque), champion du monde en titre, il a de plus été sacré cet été aux Jeux mondiaux – une compétition réservée aux sports non olympiques – à Cali, en Colombie. Le bouliste prodige a de qui tenir, son père ayant lui-même été champion du monde de pétanque en 2005. Initié à ce « sport » à l’âge de 3 ans, Dylan a fait son premier championnat trois ans plus tard ! Originaire de la Sarthe, le jeune homme, qui vit et travaille aujourd’hui à Draguignan, est très populaire. À bientôt 22 ans, il contribue d’ailleurs à moderniser l’image de ce jeu dans lequel il a sans doute encore de beaux jours devant lui. À condition de ne pas perdre la boule, bien sûr ! Écoute 11/13, p. 6 8 PORTRAIT n 07. Biographie d’Albert Camus Le 7 novembre 2013, Albert Camus aurait eu 100 ans. Nous ne pouvions donc pas laisser passer l’occasion de revenir, précisément en ce mois de novembre, sur la vie et l’œuvre de cet écrivain et philosophe français qui a marqué la littérature du XXe siècle… Albert Camus est né en 1913 à Mondovi, en Algérie française. Un an plus tard, la Première Guerre mondiale éclate. Son père est envoyé au front dès les premières semaines du conflit. Gravement touché à la bataille de la Marne, il meurt peu de temps après des suites de ses blessures. Camus ne connaîtra donc jamais son père. Il est élevé par sa mère et sa la vingtaine - etwa 20 complémentaire de zusätzlich zu régler - bezahlen le fournisseur - der Lieferant le salaire - der Lohn l’impact (m) - hier: die Bedeutung la pétanque - das Boulespiel le palmarès - die Erfolgsbilanz soutenir - standhalten le tournoi - das Turnier en titre - amtierend être sacré,e - den 1. Platz machen le bouliste - der Boulespieler prodige - Wunderavoir de qui tenir - sein Talent nicht von ungefähr haben la Sarthe - Departement in der Region Pays-de-la Loire perdre la boule (fam.) die Kugel verlieren; den Kopf verlieren marquer - prägen naître - geboren werden la Première Guerre mondiale - der Erste Weltkrieg éclater - ausbrechen touché,e - getroffen la bataille - die Schlacht élever - aufziehen grand-mère qui vivent très modestement à Alger où elles ont déménagé après la mort du père. Un oncle anarchiste et cultivé, un instituteur dévoué, qui lui donne gratuitement des leçons particulières, aident Camus à s’extraire de ce milieu défavorisé. Après avoir obtenu une bourse d’études, Camus est admis au lycée Bugeaud d’Alger. Il y découvre Nietzsche et y pratique le football, un sport qui tiendra toujours une grande place dans sa vie. Il dira même : « Ce que je sais de la morale, c’est au football que je le dois. » Mais au lycée, Camus ressent aussi, à son désavantage, la cruauté des inégalités sociales et la honte de sa pauvreté. Ce sentiment marquera son œuvre. Camus passe avec succès son baccalauréat et s’oriente vers des études de philosophie. Mais des problèmes de santé (un début de tuberculose) l’empêchent de se présenter à l’agrégation. Il se tourne alors vers le journalisme. Un journalisme de combat. C’est d’ailleurs à Combat, le journal des grandes plumes – Jean-Paul Sartre, André Malraux, Raymond Aron y ont signé des articles –, que Camus sera engagé, avant d’en prendre la direction en 1944. C’est encore dans Combat que Camus écrira sa fameuse tribune dénonçant l’usage de l’arme atomique deux jours après le largage d’une bombe sur Hiroshima. Extraits. n 08. Extraits de la tribune de Camus « Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce au formidable concert que la radio, les journaux, les agences d’information viennent de déclencher au sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes que n’importe quelle ville d’importance moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d’un ballon de football. […] En attendant, il est permis de penser qu’il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte, qui se met d’abord au service de la plus formidable modestement bescheiden déménager - umziehen l’instituteur (m) - der (Grundschul)Lehrer dévoué,e - aufopferungsvoll la leçon particulière - die Privatstunde s’extraire de - hier: entkommen le milieu défavorisé - das sozial schwache Milieu la bourse d’études - das Stipendium admettre - aufnehmen le lycée - entspr. der 10. bis 12. Klasse des deutschen Gymnasiums devoir à - verdanken ressentir - merken, verspüren à son désavantage - zu seinen Ungunsten la cruauté - die Grausamkeit l’inégalité (f) - die Ungleichheit la honte - die Scham le baccalauréat - das Abitur l’agrégation (f) - das Staatsexamen le combat - der Kampf les grandes plumes (f/pl) - die großen Autoren la plume - die Feder la direction - die Leitung la tribune - die Kolumne dénoncer - anprangern l’arme (f) atomique - die Atomwaffe le largage - der Abwurf déclencher un concert viel Aufheben(s) machen une foule - eine Menge d’importance moyenne mittelgroß raser - dem Erdboden gleichmachen l’indécence (f) - die Anstößigkeit 9 rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. […] Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde torturé. Voici qu’une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d’être définitive. On offre sans doute à l’humanité sa dernière chance. » Le-Petit-Villeblevin, dans l’Yonne, vers 14 heures, Gallimard perd soudain le contrôle de son véhicule qui s’encastre dans un platane. Camus décède sur le coup. Il repose dans le cimetière de Lourmarin, un ravissant village situé dans le département du Vaucluse, en Provence, où il possédait une maison. n 09. Biographie d’Albert Camus (suite) Certainement marqué par la mort de son père, par la pauvreté dans laquelle sa mère a dû l’élever, Camus luttera toute sa vie pour la paix, et contre toutes les injustices, contre tous les types d’oppression des peuples, contre tout ce qu’il estime indigne de l’humanité. Se tenant éloigné des partis politiques – il n’est resté qu’un an au parti communiste –, il agira constamment en franc-tireur. Cette attitude lui sera reprochée, notamment par Jean-Paul Sartre. En 1957, Albert Camus est pressenti pour le prix Nobel de littérature. Peu enclin aux honneurs, il hésite à le recevoir. Avec sa modestie habituelle, il pense que le prix devrait revenir à André Malraux. Finalement, il accepte, se rend en Suède en train, car il craint l’avion, et dédie son prix à l’instituteur qui l’avait jadis aidé à obtenir une bourse. Le 4 janvier 1960, Albert Camus rentre sur Paris à bord d’une splendide Facel Vega conduite par son éditeur Michel Gallimard. Camus avait prévu de rentrer en train. Il avait même acheté un billet. Mais Gallimard insiste pour le ramener. Alors que le bolide roule « tranquillement, à vitesse raisonnable, sur une route rectiligne et large de neuf mètres, sans trafic et avec une bonne visibilité », à hauteur du lieu-dit n 10. Albert Camus, philosophe ? Les livres d’Albert Camus comptent parmi les œuvres littéraires les plus lues, aussi bien en France qu’en dehors de nos frontières. La Peste, La Chute 10 la rage de destruction die Zerstörungswut faire preuve de - an den Tag legen torturé,e - geplagt l’angoisse (f) - die Angst lutter - kämpfen l’injustice (f) - die Ungerechtigkeit l’oppression (f) - die Unterdrückung indigne - unwürdig se tenir éloigné,e - sich distanzieren le franc-tireur - der Einzelkämpfer reprocher - vorwerfen pressentir qn - an jn herantreten enclin à - tendierend zu les honneurs (m/pl) - die Ehrungen hésiter à - zögern la Suède - Schweden craindre - sich fürchten vor dédier à - widmen jadis - damals splendide - prächtig l’éditeur (m) - der Verleger le billet - die Fahrkarte le bolide - der Rennwagen raisonnable angemessen large - breit le trafic - der Verkehr le lieu-dit - die Stelle s’encastrer dans un platane - gegen eine Platane fahren décéder sur le coup - auf der Stelle tot sein le cimetière - der Friedhof ravissant,e - entzückend compter parmi - zählen zu la frontière - die Grenze ou encore L’Étranger – best-seller en édition de poche – l’ont imposé dans le paysage intellectuel français et sont régulièrement au programme des lycées. Camus est également l’auteur d’une correspondance volumineuse, d’essais philosophiques – L’Homme révolté –, de pièces de théâtre et de chroniques, de carnets. Camus, lui-même, ne se prétendait pas philosophe, mais parlait de lui comme d’un artiste : « Pourquoi suis-je un artiste et non un philosophe ? C’est que je pense selon les mots et non selon les idées », disait-il à ce sujet. Il est pourtant à l’origine de la philosophie de l’absurde. Quand Camus parle de l’absurde, il parle en fait de l’absurdité de la condition humaine : l’homme cherche un sens au monde, à son existence sur Terre, à ses actions. Or, le monde n’a pas de sens. Il est indifférent à notre condition. L’absurde découle de la confrontation entre la quête de sens de l’homme et le non-sens de la vie. Camus ne se contente pas d’observer cet état de fait. Après avoir exclu les tentatives d’évasion à ce sentiment d’absurde par le recours à la religion ou par le suicide, il propose trois réactions possibles. La révolte, la liberté, et la passion. La révolte, c’est d’accepter le non-sens de la vie sans le fuir. La liberté découle de cette prise de conscience – nous sommes délivrés de la quête éperdue du sens, nous pouvons vivre désormais chaque moment, chaque expérience pour ce qu’ils valent au moment où nous les vivons. Et puisque nous vivons ces moments et ces expériences sans entraves, nous pouvons les vivre avec passion. Camus ne se voyait pas comme un philosophe, on l’a dit. Pourtant, les critiques de Sartre qui le traitait de « philosophe pour classe terminale » et de « provincial » ont dû beaucoup l’affecter. Méprisé par l’intelligentsia sous la coupe du philosophe de SaintGermain-des-Prés, Jean-Paul Sartre, Camus ne s’est jamais senti du sérail. Mais tandis qu’on commence aujourd’hui à remettre Sartre en question, Camus est réhabilité, notamment par des philosophes comme Michel Onfray. La classe politique, tous azimuts, tente également de le récupérer. Il a même été en édition de poche - als Taschenbuch imposer - bekannt machen le carnet - hier: das Tagebuch se prétendre - von sich behaupten la condition humaine die Situation des Menschen le sens - der Sinn or - nun aber indifférent,e - gleichgültig découler de - sich ergeben aus la quête de - die Suche nach le non-sens - die Sinnlosigkeit se contenter de - sich damit begnügen la tentative - der Versuch l’évasion (f) - die Realitätsflucht le recours - das Zurückgreifen la prise de conscience das Bewusstwerden délivrer de - befreien, retten éperdu,e - verzweifelt l’entrave (f) - das Hindernis traiter de - nennen affecter qn - jm nahegehen méprisé,e - verachtet sous la coupe de - unter der Fuchtel von se sentir du sérail - sich zum engsten Kreis zugehörig fühlen remettre en question infrage stellen tous azimuts - uneingeschränkt 11 question de le mettre au Panthéon, ce qui, pour cet « homme révolté » qui fuyait les honneurs, serait un comble. Pour clore ce chapitre Albert Camus, nous allons vous donner un aperçu d’une de ses pièces les plus connues, Les Justes, en en interprétant un court extrait pour vous. n 11. Extrait des Justes, pièce de théâtre d’Albert Camus L’action des Justes se situe à Moscou en 1905. Un groupe de socialistes révolutionnaires projette d’assassiner le grand-duc Serge, qui gouverne la ville en despote. Kaliayev lancera la bombe. Mais, au moment crucial, il aperçoit des enfants chez le grandduc, et renonce à l’attentat. La seconde tentative est la bonne. Le grand-duc est tué. Kaliayev est arrêté et condamné à mort après avoir refusé de livrer le nom de ses camarades. Il est pendu. Nous sommes au cinquième acte de la pièce. C’est la nuit de l’exécution de Kaliayev. Annenkov et Dora, les compagnons de Kaliayev, reçoivent la confirmation de sa mort par pendaison. – Yanek n’a pas trahi. – Orlov a pu voir ? – Oui. – Assieds-toi. Raconte. – À quoi bon ? – Raconte tout. J’ai le droit de savoir. J’exige que tu racontes. Dans le détail. – Je ne saurai pas. Et puis, maintenant, il faut partir. – Non, tu parleras. Quand l’a-t-on prévenu ? 12 – À dix heures du soir. – Quand l’a-t-on pendu ? – À deux heures du matin. – Et pendant quatre heures, il a attendu ? – Oui, sans un mot. Et puis tout s’est précipité. Maintenant, c’est fini. – Quatre heures sans parler ? Attends un peu. Comment était-il habillé ? Avait-il sa pelisse ? – Non. Il était tout en noir, sans pardessus. Et il avait un feutre noir. – Quel temps faisait-il ? – La nuit noire. La neige était sale. Et puis la pluie l’a changée en une boue gluante. – Il tremblait ? – Non. – Orlov a-t-il rencontré son regard ? – Non. – Que regardait-il ? – Tout le monde, a dit Orlov, sans rien voir. – Après ? Après ! être un comble - der Gipfel sein clore - beenden l’aperçu (m) - hier: die Kostprobe projeter - vorhaben assassiner - ermorden le grand-duc - der Großherzog crucial,e - entscheidend arrêter - festnehmen condamner à mort - zum Tode verurteilen pendre - erhängen trahir - verraten exiger - verlangen prévenir - benachrichtigen se précipiter - sich überstürzen la pelisse - der Gehpelz le pardessus - der Überzieher le feutre - der Filzhut la boue - der Matsch gluant,e - schmierig trembler - zittern – Laisse, Dora. – Non, je veux savoir. Sa mort du moins est à moi. – On lui a lu le jugement. – Que faisait-il pendant ce temps-là ? – Rien. Une fois seulement, il a secoué sa jambe pour enlever un peu de boue qui tachait sa chaussure. – Un peu de boue ? Après, Stepan, après ! – Le père Florenski est venu lui présenter le crucifix. Il a refusé de l’embrasser. Et il a déclaré : « Je vous ai déjà dit que j’en ai fini avec la vie et que je suis en règle avec la mort. » – Comment était sa voix ? – La même exactement. Moins la fièvre et l’impatience que vous lui connaissez. – Avait-il l’air heureux ? Ho oui, oui, j’en suis sûre, il avait l’air heureux. Car ce serait trop injuste qu’ayant refusé d’être heureux dans la vie pour mieux se préparer au sacrifice, il n’ait pas reçu le bonheur en même temps que la mort. Il était heureux et il a marché calmement à la potence, n’est-ce pas ? – Il a marché. On chantait sur le fleuve en contrebas, avec un accordéon. Des chiens ont aboyé à ce moment. – C’est alors qu’il est monté… – Il est monté. Il s’est enfoncé dans la nuit. On a vu vaguement le linceul dont le bourreau l’a recouvert tout entier. – Et puis, et puis… – Des bruits sourds. – Des bruits sourds. Yanek ! Et ensuite… Ensuite, te dis-je. Parle, Stepan. Ensuite ? – Un bruit terrible. – Un bruit terrible ! Il a suffi d’un bruit terrible et le voilà retourné à la joie de l’enfance. Vous souvenezvous de son rire ? Il riait sans raison parfois. Comme il était jeune ! Il doit rire maintenant. Il doit rire, la face contre la terre. Si vous désirez en savoir un peu plus sur Albert Camus, je vous recommande le livre de l’acteur français Francis Huster qui a beaucoup joué Camus, notamment La Peste : Albert Camus, un combat pour la gloire, aux éditions Le Passeur. Et l’ouvrage du philosophe Michel Onfray : L’Ordre libertaire, aux éditions Flammarion. COMPRÉHENSION ORALE n 12. Extrait de L’homme qui voulait être heureux, de Laurent Gounelle En place pour notre premier exercice de compréhension. Il est tiré du roman de Laurent Gounelle, L’homme qui voulait être heureux. En vacances à être à qn - jm gehören le jugement - das Urteil secouer - schütteln tacher - beflecken être en règle avec im Reinen sein mit le sacrifice - das Opfer la potence - der Galgen en contrebas - weiter unten aboyer - bellen s’enfoncer - eintauchen le linceul - das Leichentuch le bourreau - der Henker sourd,e - dumpf la face contre la terre mit dem Gesicht zur Erde la gloire - der Ruhm les éditions (f/pl) - der Verlag l’ouvrage (m) - das Buch 13 Bali, un homme consulte un guérisseur réputé. Le diagnostic du vieux sage tombe : « Vous êtes en parfaite santé, mais vous n’êtes pas heureux. » L’homme, qui est aussi le narrateur du roman, part alors pour une haletante aventure à la découverte de lui-même. Écoutez bien le passage lu par JeanYves. Jean-Paul vous posera une série de questions, après l’extrait, auxquelles vous devrez répondre par vrai ou faux. Les réponses sont dans le livret d’accompagnement. Je ne voulais pas quitter Bali sans l’avoir rencontré. Je ne sais pas pourquoi. Je n’étais pas malade ; j’ai même toujours été en excellente santé. Je m’étais renseigné sur ses honoraires car, mon séjour touchant à sa fin, mon portefeuille était quasiment vide. Les gens qui le connaissaient m’avaient répondu : « Tu donnes ce que tu veux, tu le lui glisses dans une petite boîte posée sur l’étagère. » Bon, cela m’avait rassuré, même si j’angoissais un peu à l’idée de laisser un tout petit billet à quelqu’un qui avait, disait-on, soigné le Premier ministre du Japon. Ce fut difficile de trouver sa maison perdue dans un petit village à quelques kilomètres d’Ubud, au centre de l’île. J’avais imaginé une maison assez luxueuse, comme on en voit parfois à Bali, avec des bassins couverts de fleurs de lotus. En fait de maison, c’était une succession de campans, sortes de maisonnettes sans murs qui communiquent les unes avec les autres. À l’image du jardin, ils étaient d’une grande simplicité. Une jeune femme vint à ma rencontre, enroulée dans son sarong, ses cheveux noirs relevés en chignon. 14 – Bonjour, que voulez-vous ? me demanda-t-elle dans un anglais approximatif. Mon mètre quatre-vingt-dix et mes cheveux blonds laissaient peu d’ambiguïté sur mes origines occidentales. – Je viens voir monsieur… euh… maître… Samtyang. – Il va venir, m’informa-t-elle avant de disparaître entre les arbustes. Je restai un peu bête, debout, en attendant que Son Excellence daigne venir accueillir l’humble visiteur que j’étais. Écoute plus 11/13, p. 23 consulter - aufsuchen le guérisseur - der Heiler réputé,e - bekannt le sage - der Weise le narrateur - der Erzähler haletant,e - hier: atemlos, fesselnd le livret d’accompagnement - das Begleitbooklet se renseigner - sich erkundigen les honoraires (m/pl) das Honorar toucher à sa fin - zu Ende gehen glisser - hier: stecken rassurer - beruhigen angoisser - Angst bekommen soigner - behandeln le bassin - das Wasserbecken en fait de - anstelle von la succession - die Reihe la maisonnette - das Häuschen communiquer ineinander übergehen relevé,e en chignon - zu einem Knoten hochgesteckt approximatif,ve gebrochen l’ambiguïté (f) - der Zweifel occidental,e - westlich l’arbuste (m) - der Busch rester debout - stehen bleiben daigner - geruhen accueillir - empfangen humble - bescheiden n 13. Questions de compréhension Voici maintenant les questions. vrai | faux 1. Samtyang habite une maison luxueuse. 2. Sa maison se trouve au centre du village d’Ubud. 3. Samtyang a soigné le Premier ministre du Japon. 4. Les honoraires de Samtyang sont très élevés. 5. La jeune femme connaît le visiteur. 6. Elle parle parfaitement l’anglais. 7. Elle a de longs cheveux blonds. 8. Samtyang va venir s’occuper du visiteur. ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ ❏ Écoute plus 11/13, p. 17 Réponses : 1. faux ; 2. faux ; 3. vrai ; 4. faux ; 5. faux ; 6. faux ; 7. faux ; 8. vrai. D’après L’homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle, aux éditions Anne Carrière. Ce roman est également disponible dans une traduction allemande : Der Mann, der glücklich sein wollte, aux éditions Goldmann. LITTÉRATURE n 14. Le prix Goncourt, tout un rituel ! Il est décerné tous les ans dans les premiers jours de novembre, c’est le prix littéraire français le plus prestigieux et le plus convoité. C’est le Goncourt, bien sûr ! Le rêve de tout écrivain et l’assurance d’un nombre de vente conséquent – 100 000 exemplaires en moyenne, mais jusqu’à 700 000 pour L’Amant, de Marguerite Duras, en 1984. À l’heure où le marché du livre doit préparer sa mutation numérique pour survivre, et tandis que les Français lisent de moins en moins de livres, le rituel du prix Goncourt continue d’être couvert par la presse comme un événement incontournable de la vie française. Le rituel est toujours le même : images en boucle aux informations télévisées des dix membres du jury confortablement attablés dans le salon Goncourt du restaurant Drouant à Paris. Décor : une table ronde placée sous un lustre étincelant, une nappe blanche, de la vaisselle délicate, des fleurs. On s’intéresse bien sûr aussi au menu : gibier, truffes, foie gras, élevé,e - hoch disponible - erhältlich décerner - verleihen prestigieux,se angesehen convoité,e - begehrt l’assurance (f) - die Garantie L’Amant (m) - Der Liebhaber la mutation - der Umstieg numérique - digital qc est couvert,e - über etw. wird berichtet l’événement (m) - das Ereignis incontournable unumgänglich en boucle - in Dauerschleife les informations (f/pl) télévisées - die Fernsehnachrichten le lustre - der Kronleuchter étincelant,e - funkelnd la nappe - das Tischtuch la vaisselle - das Geschirr le gibier - das Wild le foie gras - die Stopfleber 15 perdreau, tarte Tatin et fromages fins sont au programme. Enfin vient l’heure de l’annonce tant attendue. Devant une horde de journalistes massés à l’entrée de l’établissement, le nom du gagnant est enfin révélé. Puis viennent les images du lauréat qui, s’étant frayé un passage dans la cohue jusqu’à l’entrée du Drouant, rejoint dans le crépitement des flashs le mythique salon où l’attendent les félicitations des jurés. Qui succédera cette année à Marcel Proust, André Malraux, Julien Gracq, Simone de Beauvoir ou encore Michel Houellebecq ? Vous le saurez le 4 novembre. Laborabit in æternum, de Paul Ruban. Le mystère s’épaissit au Québec et les cadavres s’accumulent… Isabelle vous résume les deux épisodes précédents de ce polar à vous faire dresser les cheveux sur la tête ! POLAR n 15. Résumé des épisodes précédents Alice, notre héroïne, est chargée des enquêtes criminelles à la Gendarmerie royale du Canada. Tandis qu’elle s’apprête à fêter son cinquième anniversaire de mariage en amoureux avec son mari, elle reçoit un coup de fil de son collègue, Dupuis, qui l’avertit qu’un homme, un sculpteur, vient d’être retrouvé mort à l’intérieur d’une statue de glace représentant un dragon. L’autopsie du malheureux ne révèle rien d’autre qu’un tatouage au poignet, un soleil noirci qu’accompagne une mystérieuse inscription en latin 16 Laborabit in æternum – travailler pour l’éternité. Le lendemain, Alice et Dupuis sont informés qu’un autre meurtre vient d’être commis. Un boulanger a été retrouvé mort dans son four à pain… Étrangement, il porte le même tatouage au poignet que le sculpteur de glace. Très vite, la police fait le rapprochement avec d’autres morts survenues dans tout le pays. Ils ont en commun d’être morts de leur propre main sur le perdreau - das junge Rebhuhn la tarte Tatin Apfelkuchenspezialität massé,e - gedrängt le lauréat - der Preisträger se frayer un passage sich einen Weg bahnen la cohue - das Gewühl le crépitement des flashs das Blitzlichtgewitter mythique - legendär les félicitations (f/pl) - die Glückwünsche les jurés (m/pl) - die Preisrichter succéder à - folgen auf Laborabit in æternum er wird ewig arbeiten s’épaissir - sich verdichten s’accumuler - sich häufen précédent,e - vorangegangen faire dresser les cheveux sur la tête à qn - jm die Haare zu Berge stehen lassen l’héroïne (f) - die Heldin chargé,e de - zuständig für l’enquête (f) - die Ermittlung la Gendarmerie royale du Canada (GRC) - die berittene königliche kanadische Polizei s’apprêter à faire qc - im Begriff sein etw. zu tun l’anniversaire (m) de mariage - der Hochzeitstag le coup de fil - der Telefonanruf avertir - benachrichtigen le dragon - der Drache révéler - erkennen lassen le tatouage - die Tätowierung le poignet - das Handgelenk le meurtre - der Mord commettre - begehen, verüben faire le rapprochement einen Zusammenhang herstellen en commun - gemeinsam le lieu de leur travail… et d’être marqués au poignet du fameux tatouage. Les enquêteurs soupçonnent qu’une secte est à l’origine de ce suicide collectif, mais les preuves manquent. Cependant, une jeune patineuse, qui a tenté de se trancher la gorge avec ses patins, a été retrouvée en vie. Ils se précipitent à son chevet pour l’interroger. n 16. Laborabit in æternum, troisième épisode Bip… bip… bip… Seul le cardiogramme émettait un bruit aigu et constant lorsqu’Alice et le sergent Dupuis, accompagnés d’une infirmière de l’hôpital, entrèrent dans la chambre de la jeune patineuse. Julie venait de reprendre conscience. Elle entrouvrit les yeux à l’approche des visiteurs. « Bonjour ma grande, dit Alice avant de se présenter. On aimerait te poser quelques questions, c’est tout. » La patiente leva lentement ses yeux d’opale vers les gendarmes qui se tenaient à présent à son chevet. En voyant sa gorge enveloppée de bandages, Alice posa instinctivement sa main sur la sienne. Un tube intraveineux était planté dans le bras de la jeune femme, en plein cœur du tatouage représentant un soleil noir que portaient toutes les personnes s’étant donné la mort la veille. Alice attrapa une chaise et s’approcha de nouveau du lit. « Dis-moi, qui est derrière tout ça ? », demanda-telle en effleurant le soleil sur la peau de la jeune femme. « Julie ne pourra pas vous répondre, intervint l’infirmière. Ses cordes vocales ont été touchées lorsqu’elle s’est… blessée. – Mais sa main fonctionne toujours, non ? » Sans même attendre la réponse à sa question, la gendarme tendit un calepin et un stylo à Julie, que cette dernière repoussa d’un revers de la main. « Julie, s’il te plaît, il faut que tu coopères !, lança le sergent Dupuis en haussant le ton. Tu es la seule qui puisses nous aider. » Julie fixa longuement le sergent du regard, avant de poser enfin le stylo sur la page blanche du calepin. Elle hésita un instant puis écrivit d’une main tremblante : « MAIS JE L’AIME. » « Qui ça, Julie ? », demanda Alice. « LE MAÎTRE », écrivit-elle de nouveau. « Le maître de la secte ? » Julie cligna des yeux en signe d’approbation. Alice soupçonner - vermuten la preuve - der Beweis la patineuse - die Schlittschuhläuferin se trancher la gorge sich die Kehle durchschneiden le chevet - das (Kranken)Bett le cardiogramme - das EKG reprendre conscience das Bewusstsein wiedererlangen se tenir - da sein, stehen le tube intraveineux - der intravenöse Zugang attraper - heranziehen effleurer - flüchtig berühren les cordes (f/pl) vocales die Stimmbänder toucher - hier: beschädigen repousser - wegstoßen d’un revers de la main mit dem Handrücken hausser le ton - die Stimme heben cligner - blinzeln l’approbation (f) - die Zustimmung 17 s’accouda sur le bord du lit puis s’approcha de la jeune femme pour lui murmurer à l’oreille : « Où peut-on le trouver ? » Cette fois, la jeune femme ferma les yeux, les sanglots au bord des lèvres. Puis, après un long moment, elle griffonna hâtivement une adresse sur le carnet : « 947 RUE RIOPELLE. » « Là, on commence à faire des progrès, ‘sti! », s’exclama le sergent Dupuis en se tordant la moustache d’un air satisfait. L’adresse était celle d’une maison banale, située dans une petite banlieue de la ville de Québec où il ne se passait jamais rien. « Je ne vois pas comment un monstre pourrait bien vivre ici… », dit le sergent Dupuis en écrasant un mégot de cigarette sur la tête d’un nain de jardin qui faisait la sentinelle devant la porte de la maison. « Au contraire, c’est une bonne cachette… », répondit Alice en dégainant un pistolet caché sous son aisselle. Elle sonna à la porte, une fois, deux fois, marqua une pause et força l’accès d’un coup de pied sec. Les gendarmes avancèrent dans le hall d’entrée, leur arme pointée devant eux. D’un signe de la main, Alice et son collègue décidèrent d’explorer les différentes pièces de la maison. Alors que le sergent se mettait à parcourir la cuisine et les chambres à coucher, Alice descendit lentement les marches menant au sous-sol. Ses tempes battaient la chamade. Son pistolet glissait entre ses mains devenues moites. « Y’a quelqu’un ? », cria-t-elle. Mais elle n’entendit que le son de sa voix effrayée. Sa peur semblait 18 pourtant infondée : seuls quelques jouets cassés, un vélo stationnaire, une vieille télévision et une bibliothèque occupaient la pièce. Mais en s’approchant de cette dernière qui couvrait le mur du fond, Alice perçut quelque chose de très étrange… Toutes les étagères du meuble étaient remplies de centaines d’exemplaires d’un même livre. Un livre à reliure rouge, portant pour titre L’Ordre sacré de l’éternel labeur. Un soleil et une phrase en latin inscrite en lettres dorées ornaient la couverture : laborabit in æternum. Ce même soleil, cette même phrase… Alice rangea son arme et tendit son bras pour sortir un livre de l’étagère. Soudain, la bibliothèque tourna rapidement sur son axe et éjecta la gendarme de l’autre côté du mur. Alice se trouvait à s’accouder - sich aufstützen le sanglot - der Schluchzer griffonner - hinkrakeln hâtivement - hastig ’sti - etwa: na also se tordre - zwirbeln banal,e - schlicht écraser - ausdrücken le mégot - die Kippe faire la sentinelle wachen dégainer - ziehen l’aisselle (f) - die Achsel marquer une pause kurz innehalten forcer l’accès (m) - die Tür aufbrechen le coup de pied - der Tritt sec,sèche - kräftig pointé,e - ausgestreckt parcourir - gehen in la tempe - die Schläfe battre la chamade pochen moite - feucht le son - der Klang le vélo stationnaire - der Hometrainer percevoir - entdecken la reliure - der Einband le labeur - die Arbeit orner - schmücken tourner sur son axe sich um die eigene Achse drehen éjecter - hinauswerfen présent à l’entrée d’un long tunnel lugubre, illuminé par quelques flambeaux. À peine avait-elle retrouvé ses esprits qu’elle aperçut une ombre sur le mur tout près d’elle. Elle s’apprêta à crier lorsqu’elle sentit une main glaciale se plaquer contre sa bouche. Écoute 11/13, p. 64 et 65 SOCIÉTÉ n 17. Les Français sont trop gourmands ! Évidemment, ça s’arrête toujours au meilleur moment… Il va encore falloir attendre le mois prochain avant de savoir à qui appartient cette main qui empêche Alice de crier ! C’est un peu le principe du feuilleton, on s’arrête toujours au moment où l’histoire atteint son paroxysme. Mais attends un peu : le mois prochain, avec le quatrième épisode, tu auras enfin la clé de l’énigme. Bon, j’espère que l’impatience ne te noue pas le ventre. Ou du moins, qu’elle ne te coupe pas l’appétit… Non ! Tu m’invites à dîner ? Presque… On va maintenant parler un peu de gourmandise et de vin… Ah ! Oui, il commence à faire froid. C’est le moment de se mitonner de bons petits plats… Le gourmand ! Ah ben, je suis comme tous les Français, moi, hein ! Je suis gourmand. Quand même, il n’y a pas que les Français qui sont gourmands ! Non, mais chez les Français, ça fait vraiment partie des gènes. Il suffit de regarder leurs yeux pétiller quand ils parlent cuisine pour le constater. Déjà entre nous, non ? Dès qu’on le peut, on parle recettes, produits, tout le monde a quelque chose à raconter, à partager. Un souvenir, une expérience… Je dois dire qu’une telle passion, je ne l’ai rencontrée qu’en France, pas vous ? n 18. L’émission gourmande de TV5 Il y a une émission formidable que je conseille à tous nos amis francophones de regarder. C’est facile, elle passe sur TV5, vous savez, cette chaîne internationale de télévision francophone. Ah oui ! Carte postale gourmande de Jean-Luc Petitrenaud. C’est ça… En fait, elle s’appelle maintenant Les Escapades de Petitrenaud. Mais elle est toujours aussi « gourmande » ! Pour moi, cette émission est comlugubre - düster le flambeau - die Fackel retrouver ses esprits (m/pl) - wieder zu sich kommen s’apprêter - im Begriff sein glacial,e - eisig se plaquer contre pressen auf le feuilleton - der Fortsetzungsroman le paroxysme - der Höhepunkt la clé - der Schlüssel l’énigme (f) - das Rätsel nouer le ventre - auf den Magen schlagen couper l’appétit (m) - den Appetit verderben mitonner - zubereiten pétiller - funkeln la recette - das Rezept l’émission (f) - die Sendung la chaîne de télévision – der Fernsehkanal l’escapade (f) - der Ausflug 19 plètement représentative de la gourmandise à la française. La gourmandise à la française ? Explique ! L’animateur de l’émission – Jean-Luc Petitrenaud, donc – nous emmène dans une région ou une ville de France. Là, il rencontre des cuisiniers, des vignerons, bien sûr, mais aussi des agriculteurs, des boulangers, des maraîchers, des gens qui font du fromage… Je confirme : je suis gourmande ! J’ai déjà l’eau qui me vient à la bouche. Euh, moi aussi ! Le concept, ce n’est pas tellement de mettre en valeur les grands cuisiniers étoilés, les recettes compliquées qu’on n’arrive jamais à faire, mais les produits du terroir dont la France regorge, cuisinés avec simplicité. On va sur les marchés, on va à la criée… L’endroit où l’on vend les poissons en gros au retour de la pêche. Exactement, et au fil des émissions, on découvre l’incroyable diversité des produits français, la façon de les accommoder. Un petit plat pour le dimanche midi, un casse-croûte succulent pour partir en randonnée, un petit-déjeuner rustique de chasseur, comment réussir un plat merveilleux avec deux pommes de terre et un navet… Cette émission est parfaitement adaptée à la gourmandise des Français qui s’enflamment sur un jambon, un fromage, une sorte de tomate, et qui peuvent en parler des heures ! En fait, les Français vivent la gastronomie de façon très naturelle, pas du tout guindée. C’est dans nos gènes ! 20 Dans notre sang… C’est une particularité nationale ! Et le vin ? Ça aussi c’est une particularité nationale ! Et puis, pas de bon repas sans bon vin… n 19. La France et ses vins : interview Pour ce qui est du vin, je préfère laisser la parole à Christian Eidenschenck, notre spécialiste maison de la gastronomie qui est aussi un fin œnologue. Je l’ai rencontré pour lui poser deux-trois questions. Pour commencer, je voulais savoir si la France est autant le pays du vin qu’elle est celui de la bonne chère… – Dire que la France est le pays du vin semble aujourd’hui un peu présomptueux. Il y a d’excellents l’animateur (m) - der Moderator le vigneron - der Winzer le maraîcher - der Gemüsegärtner avoir l’eau qui vient à la bouche - das Wasser läuft einem im Mund zusammen mettre en valeur - zur Geltung bringen le cuisinier étoilé - der Sternekoch du terroir - regional regorger de - in Hülle und Fülle haben la criée - die Fischversteigerung vendre en gros - hier: in großen Mengen verkaufen la pêche - der Fischfang au fil de - im Laufe la diversité - die Vielfalt accommoder - zubereiten le casse-croûte - die Brotzeit succulent,e - schmackhaft partir en randonnée wandern gehen le chasseur - der Jäger le navet - die Rübe s’enflammer - sich begeistern guindé,e - gestelzt la particularité - die Besonderheit la bonne chère - das gute Essen présomptueux,se anmaßend vins italiens, espagnols, le marché s’est ouvert, le monde entier produit des bons vins. Mais c’est un pays du vin tout à fait particulier parce que très tôt, en France, on a eu une vinification de grande qualité, une grande recherche, fût-ce l’importance du chêne, fût-ce les sélections des cépages. Et donc la France, c’est un pays de vin, mais… peut-être le pays d’origine de la vinification moderne, parce qu’aujourd’hui encore, les grands vins argentins et californiens, qui souvent sont aussi bons que des très grands bordeaux, sont issus de cépages qui ont été développés en France, le cabernet, le syrah, et de méthodes de vinification qui ont vu le jour en France. Cabernet, syrah… Les noms des vins sont très évocateurs. Ils évoquent des régions – le Bordelais, la Bourgogne, l’Alsace, le Val-de-Loire ou le Rhône – mais aussi des paysages. Quand on boit du vin, il y a une relation très intime qui s’établit avec le sol sur lequel la vigne a poussé. – On va par exemple avoir des émotions sur des vins avec lesquels on a un rapport sentimental. Si j’ai goûté au paysage doucement valloné du Sud de la Bourgogne, je vais forcément trouver un mercurey ou un gevrey tout à fait sympathiques. Si j’ai aimé sentir la proximité de l’Atlantique, je vais apprécier peut-être un médoc. Et si les collines sous-vosgiennes avec leur climat méditerranéen m’ont charmé, je vais certainement être d’autant plus ouvert à un vin d’Alsace. Le vin nous fait voyager… Et ce voyage commence au fond d’un verre. C’est là qu’on découvre ses arômes de framboise, de violette, d’amande, de ca- ramel, de réglisse, de lierre ou encore de cuir ou de silex. L’œnologue accompli reconnaît ces arômes qui lui indiquent la provenance du vin, son âge. Puis il en observe la consistance. – Évidemment la robe est tout à fait intéressante : la clarté d’une part, les différentes nuances de rouge jusqu’au rouge violacé, la couleur qui peut tirer vers le brun, pour certains très vieux vins. Ensuite évidemment, la belle image de ce vin qui tourne dans le verre, qu’on fait un peu chalouper dans le verre. Ce vin qui aura touché les parois du verre, qui va retourner… qui va tomber dans le verre, les larmes du vin – qu’on appelle aussi les jambes du vin – qui… ces espèces de traces translucides qui restent à l’inla vinification - die Weinbereitung la recherche - die Forschung fût-ce… fût-ce… - sei es … sei es … le chêne - die Eiche le cépage - die Rebsorte être issu,e de - entstehen aus évocateur - Erinnerungen wachrufend le sol - der Boden la vigne - der Wein forcément - zwangsläufig la proximité - die Nähe apprécier - schätzen les collines (f/pl) sousvosgiennes - die unteren Vogesen-Hügel la framboise - die Himbeere la violette - das Veilchen l’amande (f) - die Mandel la réglisse - die Lakritze le lierre - der Efeu le cuir - das Leder le silex - der Feuerstein accompli,e - erfahren la robe - die Farbe violacé,e - ins Violette gehend chalouper - hier: schwenken la paroi du verre - der Glasrand les larmes (f/pl) ou les jambes (f/pl) du vin - die Tränen bzw. Kirchenfenster des Weines la trace - die Spur translucide - durchscheinend 21 térieur des parois du verre, qui indiquent la teneur en sucre résiduel ou en alcool. Puis ensuite, évidemment, les odeurs du vin, le « nez ». On ne parle pas de couleur du vin, on parle de robe ; on ne parle pas d’odeur de vin, on parle de nez. Donc là, pour apprécier le vin, fût-ce le nez ou le goût qu’on appelle la « bouche », je crois qu’il faut simplement faire confiance à ces associations d’idées. Il faut vraiment se plonger dans ses sens, fermer les yeux, se détendre et jouer un jeu très simple, tiens : « À quoi cela me fait-il penser ? » Eh bien pour ma part, cela m’a fait penser à un bon gigot doré avec des flageolets tendres et quelques tomates gorgées de jus de cuisson ! D’ailleurs, aussitôt l’entretien avec Christian terminé, on s’est mis à parler casseroles ! On y a finalement passé la soirée. Bon, eh bien je crois qu’on aura compris que les Français sont de sacrés gourmands… Si vous en doutiez encore ! LANGUE n 20. Le pluriel des mots composés Passons au point grammaire ! Aujourd’hui, le pluriel des noms composés. Je me demande toujours où il faut mettre le « s », pas vous ? Un vrai casse-tête ! Eh bien voilà justement les règles à observer pour éviter la migraine, mon cher Jean-Yves ! Écoute bien… Je suis tout ouïe, ma chère Isabelle ! Très bien. Si le nom est composé d’un verbe et d’un substantif, seul le substantif s’accorde. 22 Des ouvre-boîtes, des couvre-lits, des tire-bouchons… Boîte, lit, bouchon sont au pluriel. Mais dans certains cas, le substantif est au pluriel alors que le nom composé est au singulier. Un sèche-cheveux. Cheveux prend la marque du pluriel. Il n’y a certes qu’un seul sèche-cheveux, mais plusieurs cheveux à sécher… Tout s’explique ! Alors finalement, il suffit de réfléchir un peu pour trouver le bon accord. Exactement ! Et d’ailleurs, dans d’autres cas, à l’inverse de ce que nous venons de voir, le substantif ne s’accorde pas, même si le nom composé est au pluriel. Des réveille-matin, des gratte-ciel. Matin et ciel resla teneur - der Gehalt le sucre résiduel - der Restzucker l’odeur (f) - der Geruch le goût - der Geschmack se plonger - versinken les sens (m/pl) - die Sinne se détendre - sich entspannen le gigot - die Keule doré,e - goldbraun le flageolet - Varietät der Zwergbohne tendre - zart gorgé,e de - strotzend vor le jus de cuisson - der beim Garen entstehende Saft la casserole - der Topf sacré,e - verdammt douter - zweifeln le casse-tête - das Kopfzerbrechen tout ouïe - ganz Ohr s’accorder - angeglichen werden l’ouvre-boîte (m) - der Dosenöffner le couvre-lit - die Tagesdecke le tire-bouchon - der Korkenzieher le sèche-cheveux - der Haartrockner à l’inverse de - im Gegensatz zu le réveille-matin - der Wecker le gratte-ciel - der Wolkenkratzer tent au singulier. On considère, plus ou moins logiquement d’ailleurs, qu’un gratte-ciel ne gratte qu’un seul ciel à la fois. Et pour le réveille-matin, c’est quoi l’explication logique ? Eh bien, on sous-entend que le réveille-matin est un réveil pour le matin. Ah ? Oui, d’accord, ça se tient… Mais il faut quand même beaucoup sous-entendre ! Tu vas voir, les autres cas ne prêtent pas tellement à confusion. Par exemple, dans le cas où le nom est composé de deux verbes, le nom composé reste invariable. Des savoir-vivre. Savoir et vivre sont des verbes, ils restent donc au singulier. Et si le nom est composé d’un adverbe et d’un substantif, seul ce dernier s’accorde. Des arrière-boutiques. Boutiques prend un « s », naturellement. Enfin, si le nom est composé d’une préposition et d’un substantif, ce dernier s’accorde en général. Des avant-goûts, des avant-premières. Goût et première sont au pluriel. Toutefois, comme j’ai bien pris soin de dire « en général »… Tu vas nous dire l’exception qui confirme la règle ! Non ? Ben oui, il en faut toujours une, sinon ça ne serait pas de la grammaire française ! Eh bien, cette exception, c’est « des après-midi ». Midi reste au singulier parce qu’on sous-entend « après l’heure de midi ». Bon, pas de panique ! Si vous êtes un peu perdu avec cette règle, souvenez-vous simplement que, d’une manière générale, les noms et les adjectifs formant un mot composé ont tendance à s’accorder, tandis que les verbes et les adverbes restent invariables. CINÉMA n 21. La Religieuse, de Guillaume Nicloux Au programme ce mois-ci, La Religieuse de Guillaume Nicloux. Nous sommes au XVIIIe siècle. Suzanne, 16 ans, se voit contrainte par sa famille d’entrer au couvent. Celle-ci, sous prétexte de problèmes financiers, souhaite en réalité faire oublier cette enfant conçue hors mariage. Mais la jeune fille, pourtant sage et pieuse, n’a qu’une chose en tête : fuir. Fuir le lieu clos et morne qu’est le cloître. Fuir les décisions contradictoires et arbitraires des mères supérieures successives auxquelles elle est confrontée. Peu à peu et sous-entendre - damit meinen prêter à confusion verwirrend sein invariable - unveränderlich l’arrière-boutique (f) - das Hinterzimmer l’avant-goût (m) - der Vorgeschmack prendre soin de - darauf achten l’exception (f) - die Ausnahme confirmer la règle - die Regel bestätigen La Religieuse - Die Nonne se voir contraint,e gezwungen werden le couvent - das Kloster sous prétexte de - unter dem Vorwand hors mariage - unehelich pieux,se - fromm clos,e - geschlossen morne - trist arbitraire - willkürlich la mère supérieure - die Äbtissin 23 sans jamais se détourner de la foi, Suzanne incarne malgré elle une rebelle. Une position qui va lui coûter cher… Adaptée à l’écran par Guillaume Nicloux d’après le roman La Religieuse de Diderot, l’histoire fictive de Suzanne donne à réfléchir sur les bienfaits d’une doctrine transmise en lieu clos, l’aliénation qu’elle peut entraîner, et le prix de la liberté… Thèmes plus que jamais d’actualité. Écoute 11/13, p. 9 Écoutons un court extrait de La Religieuse. n 22. Extrait du film La Religieuse – Est-il vraiment nécessaire que je m’enferme dans un couvent ? – Votre naissance est la seule faute que j’aie commise. – Aide-moi à l’expier. – Tu resteras un an de plus. – Je devais sortir au mois d’avril, nous sommes au mois de novembre. – Tes parents se sont dépouillés pour tes sœurs. – Ils veulent m’enterrer ici… – Vous enterrer… Sachez qu’aucune demoiselle n’est jamais devenue religieuse contre son gré. – Marie-Suzanne Simonin, promettez-vous à Dieu chasteté, pauvreté et obéissance ? – Non, mon père. Dieu a refusé que je mente. – Tu es bien orgueilleuse… – Mais c’est quoi cette mélancolie ? – Ne pas avoir la vocation. – Qui est-ce ? 24 – Sœur Christine, notre nouvelle mère. – Vous avez dérobé à l’économat de quoi écrire ? – Déshabillez-la. Entièrement. – Ils m’humilient. J’ai l’impression qu’ils en veulent à ma vie. – Tenez ! Cachez ça ! – De quoi s’agit-il ? – Un mémoire pour sortir du couvent. – La procédure pour l’annulation de vos vœux est en cours. – Ainsi sœur Suzanne, vous voulez nous quitter ? – Je veux sortir d’ici ! Je veux sortir d’ici !! – Mes sœurs, je vous invite à implorer la miséricorde de Dieu, sur une religieuse qui l’a abandonné. – Pourquoi ne vous confessez-vous pas ? – Parce qu’on me l’interdit. – Vous êtes indigne de vos fonctions. – Avez-vous fait bon voyage mon enfant ? se détourner de - sich abwenden von malgré elle - ohne es zu wollen adapté,e à l’écran - verfilmt transmis,e - vermittelt l’aliénation (f) - die Entfremdung commettre - begehen expier - sühnen se dépouiller - sein ganzes Hab und Gut hingeben enterrer - begraben contre son gré - widerwillig la chasteté - die Keuschheit l’obéissance (f) - der Gehorsam mentir - lügen orgueilleux,se - hochmütig la vocation - die Berufung dérober - stehlen l’économat (m) - das Verwaltungsbüro humilier - demütigen le mémoire (schriftliches) Gesuch la procédure - das Verfahren le vœu - das Gelübde – Oui ma mère. – Tant mieux. – Ça se sent que vous ne m’aimez pas. – Si, je vous aime. – Non. – Dites-moi ce qu’il faut que je fasse pour vous le prouver. – Refusez ces invitations, comme si elles venaient de Satan. – Non ! – Aidez-moi ! – Mon Dieu ! La Religieuse de Guillaume Nicloux. À partir du 31 octobre sur vos écrans en Allemagne. COMPRÉHENSION ORALE n 23. Dialogue : au bureau de tabac Notre deuxième texte de compréhension nous entraîne dans un bureau de tabac. Le bureau de tabac (on dit aussi un tabac) n’est pas seulement un endroit où l’on vend du tabac, mais aussi, très souvent, des journaux, des magazines, des timbres et des grilles de loto. La plupart des bureaux de tabac sont aussi des bars-tabacs : on y trouve alors quelques tables et un comptoir. – Bonjour, monsieur. – Bonjour, je cherche des cartes de vœux. – Juste derrière vous dans le présentoir. Nous en avons en boîtes de 10 ou 20 cartes avec les enveloppes assorties… – Il ne m’en faut que quelques-unes, je préférerais les acheter à la pièce. – Alors regardez dans le fond du magasin avec les cartes postales et les cartes pour les occasions spéciales… – Voilà, j’ai choisi. Est-ce que vous avez aussi des journaux allemands ? – Oui, tous les journaux étrangers sont disposés à droite des quotidiens français. – Très bien, alors je prends le Süddeutsche Zeitung. Et est-ce que le magazine Écoute de novembre est déjà paru ? – Non, pas encore. Nous devrions le recevoir à la fin de la semaine. Vous voulez que je vous en mette un de côté ? – Volontiers. – Il vous faut autre chose ? – Oui, un paquet de Gitanes avec filtre, s’il vous plaît. – Tenez… Ce sera tout ? – Oui, merci. – Ça fera 20,60 euros, s’il vous plaît. – Voilà, au revoir. – Au revoir monsieur, bonne journée ! Écoute Plus 11/13, p. 22 sur vos écrans - im Kino le bureau de tabac - der Tabakladen le timbre - die Briefmarke la grille de loto - der Lottoschein le comptoir - die Theke la carte de vœux - die Glückwunschkarte le présentoir - der Verkaufsständer assorti,e - passend à la pièce - einzeln dans le fond de - im hinteren Teil von être disposé,e - stehen le quotidien - die Tageszeitung paraître - erscheinen mettre de côté - zurücklegen volontiers - gerne tenez - hier bitte 25 SOCIÉTÉ n 24. Les Gitanes et les Gauloises Ha les Gitanes ! Tu fumes des Gitanes ? Eh bien moi, je ne suis pas fumeur, mais j’ai des tas de souvenirs de Gitanes. Mon père fumait des Gitanes, mon grand-père aussi. C’était vraiment la cigarette des hommes, des vrais. Et puis, il y avait aussi le facteur qui fumait des Gitanes maïs. Le tabac était enroulé dans un papier jaune pâle. C’était la cigarette des ouvriers, des agriculteurs. Elle sentait très fort et laissait une odeur un peu âcre dans le sillage de ceux qui la fumaient. Fumer des Gitanes, c’est un peu faire partie d’un club. Comme fumer des Gauloises d’ailleurs. Ce sont les deux marques de cigarettes les plus célèbres en France, les plus mythiques. En effet, les Gauloises et les Gitanes ont réconforté les poilus dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, elles ont embrumé les cafés littéraires de Montparnasse et de Saint-Germain-des-Prés, ou accompagné l’artisan, l’ouvrier, dans son travail. Et puis elles ont toutes deux été immortalisées par des chansons, dans des romans, des films… Ça paraît un peu anecdotique de le dire, mais Albert Camus, Jacques Prévert, Serge Gainsbourg ou Jacques Brel fumaient ostensiblement des Gitanes, tandis que Léo Ferré, Jean-Paul Sartre ou Renaud préféraient la Gauloise. À l’époque où l’on pouvait encore s’afficher clope au bec en public – ça se faisait même à la télévision –, la pensée des écrivains et des philosophes se cherchait dans de magnifiques volutes de fumée blanche. 26 Et puis, les paquets de Gitanes et de Gauloises étaient particulièrement beaux. Ils n’ont pas tellement changé d’ailleurs. Un bel emballage, ça aide sûrement à créer les mythes. Oui, sans doute… Le paquet bleu roi des Gitanes avec, justement, sa gitane stylisée en train de danser, le flamenco peutêtre. Le paquet en papier des Gauloises Caporal bleuté ou légèrement violet, estampillé sur le devant d’un casque gaulois finement dessiné. n 25. Au revoir Nous allons nous séparer avec une chanson qui s’intitule justement Les Gauloises bleues. Elle a été écrite en 1972 par un jeune homme romantique, Yves Simon, qui est devenu écrivain par la suite. Une guitare, une mélodie très folk, une voix suave… Il des tas de - jede Menge le facteur - der Briefträger laisser une odeur dans le sillage de qn - eine Duftwolke hinterlassen le sillage - das Kielwasser âcre - herb réconforter - trösten le poilu - französischer Frontkämpfer im Ersten Weltkrieg la tranchée - der Graben embrumer - in Qualm hüllen l’artisan (m) - der Handwerker ostensiblement ostentativ s’afficher en public - sich in der Öffentlichkeit sehen lassen (la) clope au bec (fam.) die Kippe im Mund les volutes (f/pl) de fumée - die Rauchschwaden l’emballage (m) - die Verpackung bleu roi - königsblau la gitane - die Zigeunerin bleuté,e - bläulich estampillé,e de versehen mit le casque - der Helm gaulois,e - gallisch suave - lieblich faisait craquer toutes les filles ! Et la chanson a fait un… tabac, si j’ose dire ! Je vous souhaite à tous un très beau mois de novembre. À la prochaine ! On se retrouve en décembre… Ouh là là ! Le temps passe vite, si vite ! Déjà la fin de l’année ! Pouh… Oui, le temps passe vite… Et je me fais déjà une joie de vous retrouver pour un programme de décembre particulièrement festif auquel nous pensons déjà. Au revoir à tous ! Prenez soin de vous ! CHANSON n 26. Les Gauloises bleues, d’Yves Simon On fumait des Gauloises bleues Les beaux jours On fumait des Gauloises bleues Qu’on coupait souvent en deux Les beaux jours Les petites femmes de Paris montaient sur nos balcons Voir si les fleurs du mal poussaient encore en cette saison Au café du Bas de laine Parfois je voyais Verlaine Les beaux jours Et Rimbaud qui voyageait au-dessus des printemps Nous disait du haut de ses nuages d’où venait le vent Oh les beaux jours ! Oh les beaux jours ! Dylan cultivait sa terre Quelque part en Angleterre Les beaux jours Jefferson Airplane s’installait à la présidence Car les anciens rois du monde venaient d’interdire la danse Plus de boutiques à music-hall Au boulevard du rock’n’roll Les beaux jours Le temps a passé et court-circuité les amplis Bruno maintenant joue de l’accordéon dans les rues de Clichy Oh les beaux jours ! Oh les beaux jours ! Boris inventait le jazz Tous les soirs au bal des Laze Les beaux jours Et sa trompinette mettait le feu aux lampions Duke Ellington arrivait juste à temps pour la révolution On fumait des Gauloises bleues Qu’on coupait souvent en deux Les beaux jours Les petites femmes de Paris montaient sur nos balcons Voir si les fleurs du mal poussaient encore en cette saison faire un tabac (fam.) einen Riesenerfolg haben oser - wagen se faire une joie de - sich freuen auf prenez soin de vous passen Sie auf sich auf cout-circuiter - hier: ausschalten l’ampli(ficateur, m) - der Verstärker la trompinette - kleine Trompete 27 Jean-Paul Dumas-Grillet Isabelle Kutter Impressum Spotlight Verlag GmbH Fraunhoferstraße 22 82152 Planegg/München Deutschland Telefon: +49 (0) 89/8 56 81-0 Fax: +49 (0) 89/8 56 81-105 Internet: www.ecoute.de E-Mail Kundenservice: [email protected] Amtsgericht München HRB 179611 Umsatzsteueridentifikationsnummer: DE 265 973 410 Geschäftsführer: Dr. Wolfgang Stock, Markus Schunk Herausgeber: Dr. Wolfgang Stock Chefredakteur: Jean-Yves de Groote Jean-Yves de Groote Geschäftsführende Redakteurin/CvD: Ingrid Sturm Verantwortliche Redakteurin: Fanny Grandclément Buch und Regie: Jean-Paul Dumas-Grillet Sprecher: Isabelle Kutter, Jean-Yves de Groote, Jean-Paul Dumas-Grillet Gestaltung: two8 grafikdesign Titelfoto: © Thinkstock Produktion: Dorle Matussek Vertriebsleitung: Monika Wohlgemuth Anzeigenleitung: Axel Zettler Produktion und Ton: Studio/Tonmeister: mischwerk, enrico coromines Litho: HWM, 82152 Planegg Druck und Vervielfältigung: kdg mediatech AG, 6652 Elbigenalp 91, Österreich Alle Urheber- und Leistungsschutzrechte vorbehalten. 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