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2013
TYPISCH FRANZÖSISCH!
LA 2CV
TOUT UN MYTHE
LITTÉRATURE : ALBERT CAMUS, L’HUMANISTE
LANGUE : LES MOTS COMPOSÉS
SOMMAIRE NOVEMBRE 2013
Alle gesprochenen Texte befinden sich in diesem Booklet, von dem für Abonnenten auch eine
PDF-Ausgabe unter www.ecoute.de/nos-produits/audio erhältlich ist.
01. Introduction
02. Au programme ce mois-ci
0:45
1:05
Polar
15. Résumé des épisodes précédents
1:22
16. Laborabit in æternum, troisième épisode 4:44
Reportage
03. Qui suis-je ?
04. La « deudeuche », toute une histoire !
05. Discussion autour de la « deudeuche »
2:02
3:11
1:09
Société
17. Les Français sont trop gourmands !
18. L’émission gourmande de TV5
19. La France et ses vins : interview
1:05
1:46
4:16
Actualité
06. Quelques news de France
3:36
Langue
20. Le pluriel des mots composés
2:43
Cinéma
21. La Religieuse, de Guillaume Nicloux
22. Extrait du film La Religieuse
1:06
2:16
Compréhension orale
23. Dialogue : au bureau de tabac
1:22
Société
24. Les Gitanes et les Gauloises
1:42
Portrait
07. Biographie d’Albert Camus
08. Extraits de la tribune de Camus
09. Biographie d’Albert Camus (suite)
10. Albert Camus, philosophe ?
11. Extrait des Justes, pièce de théâtre
d’Albert Camus
2:02
0:54
1:39
2:39
3:43
Compréhension orale
12. Extrait de L’homme qui voulait être
heureux, de Laurent Gounelle
13. Questions de compréhension
2:11
0:59
25. Au revoir
0:45
Littérature
14. Le prix Goncourt, tout un rituel !
2:16
Chanson
26. Les Gauloises bleues, d’Yves Simon
2:58
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n 01. Introduction
Bonjour ! Jean-Yves au micro ! C’est un plaisir de
vous retrouver pour de nouvelles aventures en ce
mois de novembre 2013 !
Bonjour à tous ! Un plaisir qui va nous réchauffer le
cœur, car ça y est, hein, les premiers froids sont arrivés…
Ah oui, et c’est parti pour quelques mois maintenant.
Allez ! On lance tout de suite le programme !
Ah ben ça alors ! Tu nous dis même pas bonjour !
Ah ! Pardon ! Oui évidemment, salut à tout le monde,
Jean-Yves, Isabelle, Enrico, et à vous tous qui nous
écoutez si fidèlement !
Bonjour Jean-Paul !
Bon d’accord, j’ai oublié de dire bonjour, mais c’est
pris dans le feu de l’action ! N’en faites pas trop tout
de même !
n 02. Au programme ce mois-ci
Et donc au programme…
Les Français sont-ils gourmands ? C’est la question
que nous nous poserons. J’en vois déjà deux dont
les yeux brillent rien qu’à l’idée de parler de bons
petits plats ! Et dans la foulée, puisqu’il n’y a pas de
bon repas sans bon vin, nous suivrons une petite initiation à l’œnologie, la science qui se rapporte au
vin, avec notre spécialiste maison, Christian Eidenschenck.
Albert Camus aurait eu cent ans en novembre. Nous
en profiterons pour nous rafraîchir un peu la mémoire sur cet écrivain et philosophe, qui a laissé une
œuvre considérable. Et je vous interpréterai avec
Jean-Yves un court passage d’une de ses pièces de
théâtre les plus célèbres : Les Justes.
Nous resterons dans le domaine littéraire avec le
prix Goncourt, qui est décerné chaque année dans
les premiers jours de novembre.
Et bien évidemment, nous retrouverons nos news,
nos exercices de compréhension, notre polar québécois, notre film et notre chanson du mois.
C’est parti !
REPORTAGE
n 03. Qui suis-je ?
Voici un son bien agréable à l’oreille de tous les passionnés de ce moyen de locomotion devenu mythique qui sent bon la France tranquille, la France
bucolique qui prend son temps et fait fi des diktats
de la technologie. Un son qui est le premier indice
de notre « Qui suis-je ? ». Car en effet, c’est une prelancer - beginnen mit
fidèlement - treu
dans le feu de l’action im Eifer des Gefechts
en faire trop - übertreiben
être gourmand,e - ein
Schlemmer sein
briller - leuchten
le plat - das Gericht
dans la foulée - gleich im
Anschluss
l’œnologie (f) - die
Weinkunde
rafraîchir - auffrischen
l’œuvre (f) - das Werk
considérable - beachtlich
interpréter - spielen,
sprechen
la pièce de théâtre - das
Theaterstück
Les Justes - Die
Gerechten
décerner - verleihen
c’est parti - jetzt geht’s
los
le moyen de locomotion das Fortbewegungsmittel
sentir bon qc - nach etw.
duften
bucolique - ländlich
faire fi de qc - etw. verschmähen
3
mière pour notre devinette, Isabelle sera aujourd’hui
la voix d’un objet…
Un objet ? Sympa !
Un objet, oui, mais un objet culte !
Bon, si c’est un objet culte… Je dois refaire le
« teuf-teuf », là ? Ou c’est bon ?
Non, non, ça va aller. Enrico, tu peux envoyer le
« teuf-teuf » ?
Voilà, voilà !
J’ai 65 ans, mais dès mon plus jeune âge, ce bruit
bizarre, un peu souffreteux, était celui de ma respiration. Et pourtant, cela ne m’a jamais empêchée
d’avaler les kilomètres sans éprouver la moindre fatigue. Pourtant, je ne paye pas de mine avec mes
deux gros yeux globuleux qui me font ressembler à
un crapaud. C’est d’ailleurs un des surnoms affectueux qui m’est attribué : le crapaud. En réalité, je
ressemble plus à un carrosse qu’à un crapaud, avec
mes ailes amples et rondes. Un carrosse qui serait
tiré par deux chevaux, si vous voyez vaguement ce
que je veux dire… Vedette du quotidien mais
aussi star de cinéma – on m’a vue me faire tailler
en pièces dans un film avec Bourvil et Louis de
Funès –, j’ai été le véhicule des ouvriers comme des
agriculteurs, des étudiants comme des postiers, et
même des nonnes. Et j’allais par monts et par vaux
aussi agile sur les sentiers que vaillante sur les
routes. On m’a même croisée sur les dunes du Sahara où ma légèreté et ma robustesse faisaient merveille. Bonne à tout faire qu’ils disaient dans une publicité. Oui, mais une bonne à tout faire devenue une
auto de légende, ne vous en déplaise… Une légende
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en cinq millions d’exemplaires. Alors ? Teuf, teuf,
teuf… Je suis ? Je suis ?
n 04. La « deudeuche », toute une histoire !
Il s’agissait bien sûr de la 2CV Citroën ! La 2CV
– die Ente pour les Allemands – la « deux-pattes », la
« deuche », la « deudeuche » ou encore la
« dodoche » pour les Français… Des surnoms bien
sympathiques qui résument parfaitement la relation
particulière que des générations de conducteurs ont
entretenue avec cette voiture pas comme les autres,
qui a vu le jour en 1948, et a été fabriquée jus-
la devinette - das Rätsel
teuf-teuf - Töfftöff
souffreteux,se - kränklich
avaler - herunterreißen
ne pas payer de mine nach nichts aussehen
les yeux (m/pl) globuleux die Glupschaugen
le crapaud - die Kröte
le surnom - der
Spitzname
affectueux,se - liebevoll
le carrosse - die Kutsche
l’aile (f) - der Flügel
ample - weit
la vedette - der Star
le quotidien - der Alltag
tailler en pièces - zu
Schrott fahren
l’ouvrier (m) - der Arbeiter
l’agriculteur (m) - der
Bauer
le postier - der Briefträger
par monts et par vaux über Stock und Stein
le sentier - der Pfad
vaillant,e - tapfer
faire merveille - Wunder
wirken
la publicité - die Werbung
la bonne à tout faire das Mädchen für alles
ne vous en déplaise - ob
es Ihnen gefällt oder nicht
la 2CV - die Ente
la patte - die Pfote
le conducteur - der
Fahrer
pas comme les autres außergewöhnlich
voir le jour - das Licht der
Welt erblicken
qu’en 1990. Une voiture que l’on comparait à sa
naissance à une boîte de conserve, mais qui fait aujourd’hui partie du patrimoine mondial de l’automobile avec d’autres voitures populaires comme la
Coccinelle de Volkswagen, la Fiat 500 ou encore
l’Austin Mini Cooper. En 42 ans de production, la 2CV
a bien sûr évolué tout en restant fidèle à son aspect
original. Exclusivement livrée dans une version grise
dans ses jeunes années, la 2CV a pris des couleurs
avec le temps : le bleu tout d’abord qui apparaît discrètement dans les années 50, puis le blanc et le
vert pâle dans les années 60, enfin le rouge, le vert,
l’orange, et le jaune dans les années 70, pour finir
avec les modèles en séries limitées des années 80.
En particulier, la Charleston bicolore rouge et noire a
été immortalisée par la femme du Premier ministre
de François Mitterrand, Laurent Fabius, venue chercher son époux à Matignon avec ce véhicule pour le
moins inattendu ! Une autre apparition surprenante
de la 2CV : dans Rien que pour vos yeux, James
Bond, le célèbre agent secret interprété dans cet
épisode par Roger Moore, échappe à ses poursuivants au volant d’une 2CV jaune citron. La scène de
poursuite tourne bien sûr à l’avantage de la « deudeuche » qui, une fois de plus, marque les esprits par
sa robustesse et sa maniabilité. La 2CV sera pendant
quarante ans la voiture de toutes les occasions et de
tous les terrains, comme le rappelle une publicité
des années 60 : « Sans risque, sans fatigue, dans la
boue, dans le sable, dans l’eau, à travers gués et à
travers champs, elle passe partout, elle vous conduit
partout, la 2CV Citroën. » La 2CV symbolisera aussi
la liberté et la résistance, par rapport aux automobiles sans âme qui ont aujourd’hui envahi le marché.
Elle a rapproché le baba cool du Premier ministre
dans une même passion. Une passion qui ne s’est
pas éteinte avec l’arrêt de la production, bien au
contraire. Une multitude de fan-clubs ont vu le jour.
On y partage son amour pour la « deudeuche », on y
parle mécanique, on échange les bons plans pour
trouver des pièces rares ou des occasions mirobolantes. Et même si la 2CV dont vous êtes l’heureux
la boîte de conserve - die
Konservendose
le patrimoine - das Erbe
la Coccinelle - der Käfer
évoluer - sich weiterentwickeln
l’aspect (m) - das
Aussehen
pâle - blassbicolore - zweifarbig
immortaliser - unsterblich
machen
l’époux (m) - der Gatte
pour le moins - gelinde
gesagt
inattendu,e - unerwartet
Rien que pour vos yeux In tödlicher Mission
(Originaltitel: For Your Eyes
Only)
le poursuivant - der
Verfolger
le volant - das Lenkrad
tourner à l’avantage de sich zu Gunsten wenden
von
marquer les esprits einen bleibenden Eindruck
hinterlassen
la maniabilité - die
Wendigkeit
l’occasion (f) - der Anlass
la boue - der Schlamm
le sable - der Sand
le gué - die Furt
le champ - das Feld
la résistance - der
Widerstand
sans âme - seelenlos
envahir - überfluten
rapprocher - näherbringen
le baba cool (fam.) - der
Alternativler
s’éteindre - hier: enden
bien au contraire - ganz
im Gegenteil
la multitude - die Vielzahl
la pièce - das (Ersatz)Teil
l’occasion (f) - das
Schnäppchen
mirobolant,e - großartig
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propriétaire n’est qu’une épave rouillée et cassée en
deux, il y a une solution : pour 12 000 euros et après
des centaines d’heures de restauration, certains garages spécialisés comme 2CV-Passion-2-pattes
vous livreront un véhicule flambant neuf comme s’il
sortait de l’usine. En matière de « deudeuche », la
passion n’a pas de prix !
n 05. Discussion autour de la « deudeuche »
Arrête Jean-Yves, tu me fais souffrir, là ! Tu vas me
faire regretter d’avoir mis à la casse ma « deudeuche » jaune Hélios achetée en 1977 ! En fait, la
même que celle de James Bond, sans les impacts
de balles bien sûr !
– Ah bon ? Tu as eu une 2CV ?
– Oui, oui, j’ai eu une 2CV. Enfin, je l’adorais. C’était
vraiment… Ça a été, je crois, ma voiture préférée,
de toutes les voitures que j’ai eues. Et donc j’adorais
tracer au volant de cette voiture, le capot à l’avant,
très large.
– Tu la décapotais aussi, non ?
– Ah ben oui, bien sûr, oui, oui. C’était…
– Ma tante, elle en avait une qui était vert pomme,
et on lui collait, tu sais, on lui avait collé des autocollants devant en forme d’yeux…
– Ha oui !
– … qui louchaient avec des cils.
– C’était à la mode à un moment.
– Ouais, dans les années 70.
– Vous savez que dans la 2CV, avant qu’elle ne soit
créée, ils ont fait faire des tests à la voiture : elle devait pouvoir transporter des œufs dans le coffre et
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rouler dans un champ, sans qu’aucun œuf ne se
casse.
– Et alors ?
– Ben, ça marchait !
– C’est dingue !
– Ben oui, ça marchait. Elle avait une suspension incroyable.
– Ouais, c’est vrai.
– Quand il y avait de la neige, tu pouvais être sûr que
c’était la seule voiture qui réussissait à monter les
pentes. Elle était incroyable.
– Ha, c’est génial quand même, hein… Nostalgie,
quand tu nous tiens !
Bon, en tout cas, ça me donne très envie de m’en offrir une nouvelle… Pour ne rien vous cacher, ça me
le propriétaire - der
Eigentümer
l’épave (f) - das
(Auto)Wrack
rouillé,e - verrostet
le garage - die Werkstatt
flambant neuf,neuve (funkel)nagelneu
en matière de… - was …
betrifft
souffrir - leiden
regretter - bereuen
mettre à la casse - zum
Verschrotten geben
l’impact (m) - das Loch
la balle - die Kugel
tracer (fam.) - rasen
le capot - die Motorhaube
décapoter - das Verdeck
zurückklappen
l’autocollant (m) - der
Aufkleber
loucher - schielen
le cil - die Wimper
le coffre - der Kofferraum
rouler - fahren
dingue (fam.) - verrückt
la suspension - die
Federung
la pente - die Steigung
donner très envie de große Lust machen auf
s’offrir - sich kaufen
ça me titille (fam.) - das
juckt mich
titille depuis que je me suis penché sur le sujet pour
Écoute. Je crois que je vais craquer !
application iPhone et iPad ! Chaque année, il se vend
près de 100 000 boîtes de ce sympathique jeu.
Accent aigu 11/13, p. 2
ACTUALITÉ
n 06. Quelques news de France
Les news !
Mont-Blanc
Il va encore falloir réviser nos manuels scolaires.
Alors que le Mont-Blanc mesurait, il y a deux ans,
4 810,90 m, de nouvelles mesures révélées montrent
qu’il a perdu 45 cm. Les écoliers devront désormais
apprendre par cœur que le plus haut sommet d’Europe culmine très précisément à 4 810,45 m ! Les
géomètres qui ont participé en septembre à la cinquième opération de mesure de la montagne ne font
pas de lien entre son rapetissement et les conséquences du réchauffement climatique. Même si la
météo influence évidemment l’état du Mont-Blanc.
En mesurant la calotte glaciaire, les experts ont ainsi
découvert que le volume de neige au-dessus de
4 800 m avait diminué depuis deux ans, passant de
24 062 m3 à 21 626 m3, en raison de faibles chutes
de poudreuse au sommet.
Un cochon lucratif
Le plus vieux jeu de société toujours commercialisé
est français ! Le Cochon qui rit a été créé il y a
80 ans à Lyon par l’épicier Joseph Michel. Inspiré
d’un jeu de bistrot, il doit son succès à son extrême
simplicité : assembler les pièces d’un cochon à
coups de dés. Autrefois en bois, le cochon est aujourd’hui en plastique, voire virtuel : il a en effet son
Monnaies locales
Le succès du Chiemgauer allemand, utilisé par plus
de 600 entreprises en Bavière, a donné des idées à
certaines communes françaises. Depuis trois ans en
effet, des monnaies locales circulent dans l’Hexagone : « Pêche » à Montreuil, « Muse » à Angers, « Luciole » en Ardèche, « Sol-Violette » à Toulouse… La
se pencher sur - sich
befassen mit
craquer (fam.) - schwach
werden
le jeu de société - das
Gesellschaftsspiel
commercialisé,e - verkauft
l’épicier (m) - der
réviser - korrigieren
Lebensmittelhändler
le manuel scolaire - das
le jeu de bistrot - das
Schulbuch
Kneipenspiel
révélé,e - hier: veröffentdevoir à - verdanken
licht
assembler - zusammendésormais - von nun an
setzen
par cœur - auswendig
à coups de dés - durch
le sommet - der Gipfel
Würfeln
culminer à... - liegen bei ... voire - oder sogar
faire un lien - einen
il se vend - verkauft
Zusammenhang herstellen werden
le rapetissement - das
Niedrigerwerden
la monnaie - die Währung
la météo (météorologie) - l’entreprise (f) - das
hier: das Wetter
Unternehmen
la calotte glaciaire - die
donner des idées à Eiskappe
inspirieren
la chute de poudreuse circuler - in Umlauf sein
der Schneefall
l’Hexagone (m) Frankreich
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France en compte une vingtaine. Le but de ces monnaies complémentaires de l’euro est avant tout de
soutenir l’économie locale. Elles permettent d’acheter son pain, de régler un service, de payer des fournisseurs locaux voire une partie de salaire. Une
façon de remettre l’argent à sa juste place, c’est-àdire au cœur de l’économie réelle. En France, les
monnaies locales ont cependant un impact encore
faible. Mais chaque ville rêve déjà d’avoir la sienne.
Prochaine sur la liste : Nantes et sa « SoNantes ».
Accent aigu 11/13, p. 2
Le Tiger Woods de la pétanque !
Il est un peu le « Tiger Woods de la pétanque ». Vu
son palmarès, Dylan Rocher soutient sans problème
la comparaison avec la star du golf. Multiple champion de France et d’Europe, triple vainqueur du Mondial La Marseillaise (le plus grand tournoi de pétanque), champion du monde en titre, il a de plus été
sacré cet été aux Jeux mondiaux – une compétition
réservée aux sports non olympiques – à Cali, en Colombie. Le bouliste prodige a de qui tenir, son père
ayant lui-même été champion du monde de pétanque en 2005. Initié à ce « sport » à l’âge de 3 ans,
Dylan a fait son premier championnat trois ans plus
tard ! Originaire de la Sarthe, le jeune homme, qui vit
et travaille aujourd’hui à Draguignan, est très populaire. À bientôt 22 ans, il contribue d’ailleurs à moderniser l’image de ce jeu dans lequel il a sans
doute encore de beaux jours devant lui. À condition
de ne pas perdre la boule, bien sûr !
Écoute 11/13, p. 6
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PORTRAIT
n 07. Biographie d’Albert Camus
Le 7 novembre 2013, Albert Camus aurait eu
100 ans. Nous ne pouvions donc pas laisser passer
l’occasion de revenir, précisément en ce mois de novembre, sur la vie et l’œuvre de cet écrivain et philosophe français qui a marqué la littérature du
XXe siècle…
Albert Camus est né en 1913 à Mondovi, en Algérie
française. Un an plus tard, la Première Guerre mondiale éclate. Son père est envoyé au front dès les
premières semaines du conflit. Gravement touché à
la bataille de la Marne, il meurt peu de temps après
des suites de ses blessures. Camus ne connaîtra
donc jamais son père. Il est élevé par sa mère et sa
la vingtaine - etwa 20
complémentaire de zusätzlich zu
régler - bezahlen
le fournisseur - der
Lieferant
le salaire - der Lohn
l’impact (m) - hier: die
Bedeutung
la pétanque - das
Boulespiel
le palmarès - die
Erfolgsbilanz
soutenir - standhalten
le tournoi - das Turnier
en titre - amtierend
être sacré,e - den 1. Platz
machen
le bouliste - der
Boulespieler
prodige - Wunderavoir de qui tenir - sein
Talent nicht von ungefähr
haben
la Sarthe - Departement
in der Region Pays-de-la
Loire
perdre la boule (fam.) die Kugel verlieren; den
Kopf verlieren
marquer - prägen
naître - geboren werden
la Première Guerre mondiale - der Erste Weltkrieg
éclater - ausbrechen
touché,e - getroffen
la bataille - die Schlacht
élever - aufziehen
grand-mère qui vivent très modestement à Alger où
elles ont déménagé après la mort du père.
Un oncle anarchiste et cultivé, un instituteur dévoué,
qui lui donne gratuitement des leçons particulières,
aident Camus à s’extraire de ce milieu défavorisé.
Après avoir obtenu une bourse d’études, Camus est
admis au lycée Bugeaud d’Alger. Il y découvre Nietzsche et y pratique le football, un sport qui tiendra
toujours une grande place dans sa vie. Il dira même :
« Ce que je sais de la morale, c’est au football que
je le dois. » Mais au lycée, Camus ressent aussi, à
son désavantage, la cruauté des inégalités sociales
et la honte de sa pauvreté. Ce sentiment marquera
son œuvre.
Camus passe avec succès son baccalauréat et
s’oriente vers des études de philosophie. Mais des
problèmes de santé (un début de tuberculose) l’empêchent de se présenter à l’agrégation. Il se tourne
alors vers le journalisme. Un journalisme de combat.
C’est d’ailleurs à Combat, le journal des grandes
plumes – Jean-Paul Sartre, André Malraux, Raymond Aron y ont signé des articles –, que Camus
sera engagé, avant d’en prendre la direction
en 1944. C’est encore dans Combat que Camus
écrira sa fameuse tribune dénonçant l’usage de
l’arme atomique deux jours après le largage d’une
bombe sur Hiroshima. Extraits.
n 08. Extraits de la tribune de Camus
« Le monde est ce qu’il est, c’est-à-dire peu de
chose. C’est ce que chacun sait depuis hier grâce
au formidable concert que la radio, les journaux, les
agences d’information viennent de déclencher au
sujet de la bombe atomique. On nous apprend, en
effet, au milieu d’une foule de commentaires enthousiastes que n’importe quelle ville d’importance
moyenne peut être totalement rasée par une bombe
de la grosseur d’un ballon de football. […]
En attendant, il est permis de penser qu’il y a
quelque indécence à célébrer ainsi une découverte,
qui se met d’abord au service de la plus formidable
modestement bescheiden
déménager - umziehen
l’instituteur (m) - der
(Grundschul)Lehrer
dévoué,e - aufopferungsvoll
la leçon particulière - die
Privatstunde
s’extraire de - hier:
entkommen
le milieu défavorisé - das
sozial schwache Milieu
la bourse d’études - das
Stipendium
admettre - aufnehmen
le lycée - entspr. der
10. bis 12. Klasse des
deutschen Gymnasiums
devoir à - verdanken
ressentir - merken,
verspüren
à son désavantage - zu
seinen Ungunsten
la cruauté - die
Grausamkeit
l’inégalité (f) - die
Ungleichheit
la honte - die Scham
le baccalauréat - das
Abitur
l’agrégation (f) - das
Staatsexamen
le combat - der Kampf
les grandes plumes
(f/pl) - die großen Autoren
la plume - die Feder
la direction - die Leitung
la tribune - die Kolumne
dénoncer - anprangern
l’arme (f) atomique - die
Atomwaffe
le largage - der Abwurf
déclencher un concert viel Aufheben(s) machen
une foule - eine Menge
d’importance moyenne mittelgroß
raser - dem Erdboden
gleichmachen
l’indécence (f) - die
Anstößigkeit
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rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles. […]
Déjà, on ne respirait pas facilement dans un monde
torturé. Voici qu’une angoisse nouvelle nous est proposée, qui a toutes les chances d’être définitive. On
offre sans doute à l’humanité sa dernière chance. »
Le-Petit-Villeblevin, dans l’Yonne, vers 14 heures,
Gallimard perd soudain le contrôle de son véhicule
qui s’encastre dans un platane. Camus décède sur
le coup. Il repose dans le cimetière de Lourmarin, un
ravissant village situé dans le département du Vaucluse, en Provence, où il possédait une maison.
n 09. Biographie d’Albert Camus (suite)
Certainement marqué par la mort de son père, par
la pauvreté dans laquelle sa mère a dû l’élever, Camus luttera toute sa vie pour la paix, et contre toutes
les injustices, contre tous les types d’oppression des
peuples, contre tout ce qu’il estime indigne de l’humanité. Se tenant éloigné des partis politiques – il
n’est resté qu’un an au parti communiste –, il agira
constamment en franc-tireur. Cette attitude lui sera
reprochée, notamment par Jean-Paul Sartre.
En 1957, Albert Camus est pressenti pour le prix Nobel de littérature. Peu enclin aux honneurs, il hésite
à le recevoir. Avec sa modestie habituelle, il pense
que le prix devrait revenir à André Malraux. Finalement, il accepte, se rend en Suède en train, car il
craint l’avion, et dédie son prix à l’instituteur qui
l’avait jadis aidé à obtenir une bourse.
Le 4 janvier 1960, Albert Camus rentre sur Paris à
bord d’une splendide Facel Vega conduite par son
éditeur Michel Gallimard. Camus avait prévu de rentrer en train. Il avait même acheté un billet. Mais Gallimard insiste pour le ramener. Alors que le bolide
roule « tranquillement, à vitesse raisonnable, sur une
route rectiligne et large de neuf mètres, sans trafic
et avec une bonne visibilité », à hauteur du lieu-dit
n 10. Albert Camus, philosophe ?
Les livres d’Albert Camus comptent parmi les œuvres littéraires les plus lues, aussi bien en France
qu’en dehors de nos frontières. La Peste, La Chute
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la rage de destruction die Zerstörungswut
faire preuve de - an den
Tag legen
torturé,e - geplagt
l’angoisse (f) - die Angst
lutter - kämpfen
l’injustice (f) - die
Ungerechtigkeit
l’oppression (f) - die
Unterdrückung
indigne - unwürdig
se tenir éloigné,e - sich
distanzieren
le franc-tireur - der
Einzelkämpfer
reprocher - vorwerfen
pressentir qn - an jn
herantreten
enclin à - tendierend zu
les honneurs (m/pl) - die
Ehrungen
hésiter à - zögern
la Suède - Schweden
craindre - sich fürchten
vor
dédier à - widmen
jadis - damals
splendide - prächtig
l’éditeur (m) - der Verleger
le billet - die Fahrkarte
le bolide - der Rennwagen
raisonnable angemessen
large - breit
le trafic - der Verkehr
le lieu-dit - die Stelle
s’encastrer dans un
platane - gegen eine
Platane fahren
décéder sur le coup - auf
der Stelle tot sein
le cimetière - der Friedhof
ravissant,e - entzückend
compter parmi - zählen
zu
la frontière - die Grenze
ou encore L’Étranger – best-seller en édition de
poche – l’ont imposé dans le paysage intellectuel
français et sont régulièrement au programme des
lycées. Camus est également l’auteur d’une correspondance volumineuse, d’essais philosophiques
– L’Homme révolté –, de pièces de théâtre et de
chroniques, de carnets.
Camus, lui-même, ne se prétendait pas philosophe,
mais parlait de lui comme d’un artiste : « Pourquoi
suis-je un artiste et non un philosophe ? C’est que
je pense selon les mots et non selon les idées »,
disait-il à ce sujet. Il est pourtant à l’origine de la
philosophie de l’absurde. Quand Camus parle de
l’absurde, il parle en fait de l’absurdité de la condition humaine : l’homme cherche un sens au monde,
à son existence sur Terre, à ses actions. Or, le monde
n’a pas de sens. Il est indifférent à notre condition.
L’absurde découle de la confrontation entre la quête
de sens de l’homme et le non-sens de la vie.
Camus ne se contente pas d’observer cet état de
fait. Après avoir exclu les tentatives d’évasion à ce
sentiment d’absurde par le recours à la religion ou
par le suicide, il propose trois réactions possibles. La
révolte, la liberté, et la passion. La révolte, c’est
d’accepter le non-sens de la vie sans le fuir. La liberté découle de cette prise de conscience – nous
sommes délivrés de la quête éperdue du sens, nous
pouvons vivre désormais chaque moment, chaque
expérience pour ce qu’ils valent au moment où nous
les vivons. Et puisque nous vivons ces moments et
ces expériences sans entraves, nous pouvons les vivre avec passion.
Camus ne se voyait pas comme un philosophe, on
l’a dit. Pourtant, les critiques de Sartre qui le traitait
de « philosophe pour classe terminale » et de « provincial » ont dû beaucoup l’affecter. Méprisé par l’intelligentsia sous la coupe du philosophe de SaintGermain-des-Prés, Jean-Paul Sartre, Camus ne s’est
jamais senti du sérail. Mais tandis qu’on commence
aujourd’hui à remettre Sartre en question, Camus
est réhabilité, notamment par des philosophes
comme Michel Onfray. La classe politique, tous azimuts, tente également de le récupérer. Il a même été
en édition de poche - als
Taschenbuch
imposer - bekannt
machen
le carnet - hier: das
Tagebuch
se prétendre - von sich
behaupten
la condition humaine die Situation des
Menschen
le sens - der Sinn
or - nun aber
indifférent,e - gleichgültig
découler de - sich
ergeben aus
la quête de - die Suche
nach
le non-sens - die
Sinnlosigkeit
se contenter de - sich
damit begnügen
la tentative - der Versuch
l’évasion (f) - die
Realitätsflucht
le recours - das
Zurückgreifen
la prise de conscience das Bewusstwerden
délivrer de - befreien,
retten
éperdu,e - verzweifelt
l’entrave (f) - das
Hindernis
traiter de - nennen
affecter qn - jm nahegehen
méprisé,e - verachtet
sous la coupe de - unter
der Fuchtel von
se sentir du sérail - sich
zum engsten Kreis
zugehörig fühlen
remettre en question infrage stellen
tous azimuts - uneingeschränkt
11
question de le mettre au Panthéon, ce qui, pour cet
« homme révolté » qui fuyait les honneurs, serait un
comble.
Pour clore ce chapitre Albert Camus, nous allons
vous donner un aperçu d’une de ses pièces les plus
connues, Les Justes, en en interprétant un court extrait pour vous.
n 11. Extrait des Justes, pièce de théâtre
d’Albert Camus
L’action des Justes se situe à Moscou en 1905. Un
groupe de socialistes révolutionnaires projette d’assassiner le grand-duc Serge, qui gouverne la ville en
despote. Kaliayev lancera la bombe. Mais, au moment crucial, il aperçoit des enfants chez le grandduc, et renonce à l’attentat. La seconde tentative est
la bonne. Le grand-duc est tué. Kaliayev est arrêté
et condamné à mort après avoir refusé de livrer le
nom de ses camarades. Il est pendu.
Nous sommes au cinquième acte de la pièce. C’est
la nuit de l’exécution de Kaliayev. Annenkov et Dora,
les compagnons de Kaliayev, reçoivent la confirmation de sa mort par pendaison.
– Yanek n’a pas trahi.
– Orlov a pu voir ?
– Oui.
– Assieds-toi. Raconte.
– À quoi bon ?
– Raconte tout. J’ai le droit de savoir. J’exige que tu
racontes. Dans le détail.
– Je ne saurai pas. Et puis, maintenant, il faut partir.
– Non, tu parleras. Quand l’a-t-on prévenu ?
12
– À dix heures du soir.
– Quand l’a-t-on pendu ?
– À deux heures du matin.
– Et pendant quatre heures, il a attendu ?
– Oui, sans un mot. Et puis tout s’est précipité. Maintenant, c’est fini.
– Quatre heures sans parler ? Attends un peu. Comment était-il habillé ? Avait-il sa pelisse ?
– Non. Il était tout en noir, sans pardessus. Et il avait
un feutre noir.
– Quel temps faisait-il ?
– La nuit noire. La neige était sale. Et puis la pluie l’a
changée en une boue gluante.
– Il tremblait ?
– Non.
– Orlov a-t-il rencontré son regard ?
– Non.
– Que regardait-il ?
– Tout le monde, a dit Orlov, sans rien voir.
– Après ? Après !
être un comble - der
Gipfel sein
clore - beenden
l’aperçu (m) - hier: die
Kostprobe
projeter - vorhaben
assassiner - ermorden
le grand-duc - der
Großherzog
crucial,e - entscheidend
arrêter - festnehmen
condamner à mort - zum
Tode verurteilen
pendre - erhängen
trahir - verraten
exiger - verlangen
prévenir - benachrichtigen
se précipiter - sich überstürzen
la pelisse - der Gehpelz
le pardessus - der
Überzieher
le feutre - der Filzhut
la boue - der Matsch
gluant,e - schmierig
trembler - zittern
– Laisse, Dora.
– Non, je veux savoir. Sa mort du moins est à moi.
– On lui a lu le jugement.
– Que faisait-il pendant ce temps-là ?
– Rien. Une fois seulement, il a secoué sa jambe
pour enlever un peu de boue qui tachait sa chaussure.
– Un peu de boue ? Après, Stepan, après !
– Le père Florenski est venu lui présenter le crucifix.
Il a refusé de l’embrasser. Et il a déclaré : « Je vous
ai déjà dit que j’en ai fini avec la vie et que je suis
en règle avec la mort. »
– Comment était sa voix ?
– La même exactement. Moins la fièvre et l’impatience que vous lui connaissez.
– Avait-il l’air heureux ? Ho oui, oui, j’en suis sûre, il
avait l’air heureux. Car ce serait trop injuste qu’ayant
refusé d’être heureux dans la vie pour mieux se préparer au sacrifice, il n’ait pas reçu le bonheur en
même temps que la mort. Il était heureux et il a marché calmement à la potence, n’est-ce pas ?
– Il a marché. On chantait sur le fleuve en contrebas,
avec un accordéon. Des chiens ont aboyé à ce moment.
– C’est alors qu’il est monté…
– Il est monté. Il s’est enfoncé dans la nuit. On a vu
vaguement le linceul dont le bourreau l’a recouvert
tout entier.
– Et puis, et puis…
– Des bruits sourds.
– Des bruits sourds. Yanek ! Et ensuite… Ensuite, te
dis-je. Parle, Stepan. Ensuite ?
– Un bruit terrible.
– Un bruit terrible ! Il a suffi d’un bruit terrible et le
voilà retourné à la joie de l’enfance. Vous souvenezvous de son rire ? Il riait sans raison parfois. Comme
il était jeune ! Il doit rire maintenant. Il doit rire, la
face contre la terre.
Si vous désirez en savoir un peu plus sur Albert Camus, je vous recommande le livre de l’acteur français Francis Huster qui a beaucoup joué Camus, notamment La Peste : Albert Camus, un combat pour
la gloire, aux éditions Le Passeur. Et l’ouvrage du
philosophe Michel Onfray : L’Ordre libertaire, aux éditions Flammarion.
COMPRÉHENSION ORALE
n 12. Extrait de L’homme qui voulait être heureux, de Laurent Gounelle
En place pour notre premier exercice de compréhension. Il est tiré du roman de Laurent Gounelle,
L’homme qui voulait être heureux. En vacances à
être à qn - jm gehören
le jugement - das Urteil
secouer - schütteln
tacher - beflecken
être en règle avec im Reinen sein mit
le sacrifice - das Opfer
la potence - der Galgen
en contrebas - weiter
unten
aboyer - bellen
s’enfoncer - eintauchen
le linceul - das
Leichentuch
le bourreau - der Henker
sourd,e - dumpf
la face contre la terre mit dem Gesicht zur Erde
la gloire - der Ruhm
les éditions (f/pl) - der
Verlag
l’ouvrage (m) - das Buch
13
Bali, un homme consulte un guérisseur réputé. Le
diagnostic du vieux sage tombe : « Vous êtes en parfaite santé, mais vous n’êtes pas heureux. »
L’homme, qui est aussi le narrateur du roman, part
alors pour une haletante aventure à la découverte de
lui-même. Écoutez bien le passage lu par JeanYves. Jean-Paul vous posera une série de questions,
après l’extrait, auxquelles vous devrez répondre par
vrai ou faux. Les réponses sont dans le livret d’accompagnement.
Je ne voulais pas quitter Bali sans l’avoir rencontré.
Je ne sais pas pourquoi. Je n’étais pas malade ; j’ai
même toujours été en excellente santé. Je m’étais
renseigné sur ses honoraires car, mon séjour touchant à sa fin, mon portefeuille était quasiment vide.
Les gens qui le connaissaient m’avaient répondu :
« Tu donnes ce que tu veux, tu le lui glisses dans une
petite boîte posée sur l’étagère. » Bon, cela m’avait
rassuré, même si j’angoissais un peu à l’idée de
laisser un tout petit billet à quelqu’un qui avait,
disait-on, soigné le Premier ministre du Japon. Ce
fut difficile de trouver sa maison perdue dans un petit village à quelques kilomètres d’Ubud, au centre
de l’île. J’avais imaginé une maison assez luxueuse,
comme on en voit parfois à Bali, avec des bassins
couverts de fleurs de lotus. En fait de maison, c’était
une succession de campans, sortes de maisonnettes
sans murs qui communiquent les unes avec les autres. À l’image du jardin, ils étaient d’une grande
simplicité. Une jeune femme vint à ma rencontre,
enroulée dans son sarong, ses cheveux noirs relevés
en chignon.
14
– Bonjour, que voulez-vous ? me demanda-t-elle
dans un anglais approximatif.
Mon mètre quatre-vingt-dix et mes cheveux blonds
laissaient peu d’ambiguïté sur mes origines occidentales.
– Je viens voir monsieur… euh… maître… Samtyang.
– Il va venir, m’informa-t-elle avant de disparaître
entre les arbustes.
Je restai un peu bête, debout, en attendant que Son
Excellence daigne venir accueillir l’humble visiteur
que j’étais.
Écoute plus 11/13, p. 23
consulter - aufsuchen
le guérisseur - der Heiler
réputé,e - bekannt
le sage - der Weise
le narrateur - der Erzähler
haletant,e - hier: atemlos,
fesselnd
le livret d’accompagnement - das Begleitbooklet
se renseigner - sich
erkundigen
les honoraires (m/pl) das Honorar
toucher à sa fin - zu Ende
gehen
glisser - hier: stecken
rassurer - beruhigen
angoisser - Angst
bekommen
soigner - behandeln
le bassin - das
Wasserbecken
en fait de - anstelle von
la succession - die Reihe
la maisonnette - das
Häuschen
communiquer ineinander übergehen
relevé,e en chignon - zu
einem Knoten
hochgesteckt
approximatif,ve gebrochen
l’ambiguïté (f) - der
Zweifel
occidental,e - westlich
l’arbuste (m) - der Busch
rester debout - stehen
bleiben
daigner - geruhen
accueillir - empfangen
humble - bescheiden
n 13. Questions de compréhension
Voici maintenant les questions.
vrai | faux
1. Samtyang habite une
maison luxueuse.
2. Sa maison se trouve au centre
du village d’Ubud.
3. Samtyang a soigné le Premier
ministre du Japon.
4. Les honoraires de Samtyang
sont très élevés.
5. La jeune femme connaît le visiteur.
6. Elle parle parfaitement l’anglais.
7. Elle a de longs cheveux blonds.
8. Samtyang va venir s’occuper
du visiteur.
❏
❏
❏
❏
❏
❏
❏
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❏
❏
❏
❏
❏
❏
❏
Écoute plus 11/13, p. 17
Réponses : 1. faux ; 2. faux ; 3. vrai ; 4. faux ; 5. faux ;
6. faux ; 7. faux ; 8. vrai.
D’après L’homme qui voulait être heureux de Laurent Gounelle, aux éditions Anne Carrière. Ce roman
est également disponible dans une traduction allemande : Der Mann, der glücklich sein wollte, aux
éditions Goldmann.
LITTÉRATURE
n 14. Le prix Goncourt, tout un rituel !
Il est décerné tous les ans dans les premiers jours
de novembre, c’est le prix littéraire français le plus
prestigieux et le plus convoité.
C’est le Goncourt, bien sûr !
Le rêve de tout écrivain et l’assurance d’un nombre
de vente conséquent – 100 000 exemplaires en
moyenne, mais jusqu’à 700 000 pour L’Amant, de
Marguerite Duras, en 1984.
À l’heure où le marché du livre doit préparer sa mutation numérique pour survivre, et tandis que les
Français lisent de moins en moins de livres, le rituel
du prix Goncourt continue d’être couvert par la
presse comme un événement incontournable de la
vie française.
Le rituel est toujours le même : images en boucle
aux informations télévisées des dix membres du jury
confortablement attablés dans le salon Goncourt du
restaurant Drouant à Paris. Décor : une table ronde
placée sous un lustre étincelant, une nappe blanche,
de la vaisselle délicate, des fleurs. On s’intéresse
bien sûr aussi au menu : gibier, truffes, foie gras,
élevé,e - hoch
disponible - erhältlich
décerner - verleihen
prestigieux,se angesehen
convoité,e - begehrt
l’assurance (f) - die
Garantie
L’Amant (m) - Der
Liebhaber
la mutation - der Umstieg
numérique - digital
qc est couvert,e - über
etw. wird berichtet
l’événement (m) - das
Ereignis
incontournable unumgänglich
en boucle - in
Dauerschleife
les informations (f/pl)
télévisées - die
Fernsehnachrichten
le lustre - der
Kronleuchter
étincelant,e - funkelnd
la nappe - das Tischtuch
la vaisselle - das Geschirr
le gibier - das Wild
le foie gras - die
Stopfleber
15
perdreau, tarte Tatin et fromages fins sont au programme. Enfin vient l’heure de l’annonce tant attendue. Devant une horde de journalistes massés à
l’entrée de l’établissement, le nom du gagnant est
enfin révélé. Puis viennent les images du lauréat qui,
s’étant frayé un passage dans la cohue jusqu’à l’entrée du Drouant, rejoint dans le crépitement des
flashs le mythique salon où l’attendent les félicitations des jurés.
Qui succédera cette année à Marcel Proust, André
Malraux, Julien Gracq, Simone de Beauvoir ou encore Michel Houellebecq ? Vous le saurez le 4 novembre.
Laborabit in æternum, de Paul Ruban.
Le mystère s’épaissit au Québec et les cadavres
s’accumulent… Isabelle vous résume les deux épisodes précédents de ce polar à vous faire dresser
les cheveux sur la tête !
POLAR
n 15. Résumé des épisodes précédents
Alice, notre héroïne, est chargée des enquêtes criminelles à la Gendarmerie royale du Canada. Tandis
qu’elle s’apprête à fêter son cinquième anniversaire
de mariage en amoureux avec son mari, elle reçoit
un coup de fil de son collègue, Dupuis, qui l’avertit
qu’un homme, un sculpteur, vient d’être retrouvé
mort à l’intérieur d’une statue de glace représentant
un dragon. L’autopsie du malheureux ne révèle rien
d’autre qu’un tatouage au poignet, un soleil noirci
qu’accompagne une mystérieuse inscription en latin
16
Laborabit in æternum – travailler pour l’éternité. Le
lendemain, Alice et Dupuis sont informés qu’un autre
meurtre vient d’être commis. Un boulanger a été retrouvé mort dans son four à pain… Étrangement, il
porte le même tatouage au poignet que le sculpteur
de glace. Très vite, la police fait le rapprochement
avec d’autres morts survenues dans tout le pays. Ils
ont en commun d’être morts de leur propre main sur
le perdreau - das junge
Rebhuhn
la tarte Tatin Apfelkuchenspezialität
massé,e - gedrängt
le lauréat - der Preisträger
se frayer un passage sich einen Weg bahnen
la cohue - das Gewühl
le crépitement des flashs das Blitzlichtgewitter
mythique - legendär
les félicitations (f/pl) - die
Glückwünsche
les jurés (m/pl) - die
Preisrichter
succéder à - folgen auf
Laborabit in æternum er wird ewig arbeiten
s’épaissir - sich verdichten
s’accumuler - sich häufen
précédent,e - vorangegangen
faire dresser les cheveux
sur la tête à qn - jm die
Haare zu Berge stehen
lassen
l’héroïne (f) - die Heldin
chargé,e de - zuständig
für
l’enquête (f) - die
Ermittlung
la Gendarmerie royale du
Canada (GRC) - die
berittene königliche
kanadische Polizei
s’apprêter à faire qc - im
Begriff sein etw. zu tun
l’anniversaire (m) de
mariage - der
Hochzeitstag
le coup de fil - der
Telefonanruf
avertir - benachrichtigen
le dragon - der Drache
révéler - erkennen lassen
le tatouage - die
Tätowierung
le poignet - das
Handgelenk
le meurtre - der Mord
commettre - begehen,
verüben
faire le rapprochement einen Zusammenhang herstellen
en commun - gemeinsam
le lieu de leur travail… et d’être marqués au poignet
du fameux tatouage. Les enquêteurs soupçonnent
qu’une secte est à l’origine de ce suicide collectif,
mais les preuves manquent. Cependant, une jeune
patineuse, qui a tenté de se trancher la gorge avec
ses patins, a été retrouvée en vie. Ils se précipitent
à son chevet pour l’interroger.
n 16. Laborabit in æternum, troisième épisode
Bip… bip… bip… Seul le cardiogramme émettait
un bruit aigu et constant lorsqu’Alice et le sergent
Dupuis, accompagnés d’une infirmière de l’hôpital,
entrèrent dans la chambre de la jeune patineuse. Julie venait de reprendre conscience. Elle entrouvrit les
yeux à l’approche des visiteurs.
« Bonjour ma grande, dit Alice avant de se présenter.
On aimerait te poser quelques questions, c’est
tout. »
La patiente leva lentement ses yeux d’opale vers les
gendarmes qui se tenaient à présent à son chevet.
En voyant sa gorge enveloppée de bandages, Alice
posa instinctivement sa main sur la sienne. Un tube
intraveineux était planté dans le bras de la jeune
femme, en plein cœur du tatouage représentant un
soleil noir que portaient toutes les personnes s’étant
donné la mort la veille. Alice attrapa une chaise et
s’approcha de nouveau du lit.
« Dis-moi, qui est derrière tout ça ? », demanda-telle en effleurant le soleil sur la peau de la jeune
femme.
« Julie ne pourra pas vous répondre, intervint l’infirmière. Ses cordes vocales ont été touchées
lorsqu’elle s’est… blessée.
– Mais sa main fonctionne toujours, non ? »
Sans même attendre la réponse à sa question, la
gendarme tendit un calepin et un stylo à Julie, que
cette dernière repoussa d’un revers de la main.
« Julie, s’il te plaît, il faut que tu coopères !, lança le
sergent Dupuis en haussant le ton. Tu es la seule qui
puisses nous aider. »
Julie fixa longuement le sergent du regard, avant de
poser enfin le stylo sur la page blanche du calepin.
Elle hésita un instant puis écrivit d’une main tremblante : « MAIS JE L’AIME. »
« Qui ça, Julie ? », demanda Alice.
« LE MAÎTRE », écrivit-elle de nouveau.
« Le maître de la secte ? »
Julie cligna des yeux en signe d’approbation. Alice
soupçonner - vermuten
la preuve - der Beweis
la patineuse - die
Schlittschuhläuferin
se trancher la gorge sich die Kehle durchschneiden
le chevet - das
(Kranken)Bett
le cardiogramme - das
EKG
reprendre conscience das Bewusstsein wiedererlangen
se tenir - da sein,
stehen
le tube intraveineux - der
intravenöse Zugang
attraper - heranziehen
effleurer - flüchtig
berühren
les cordes (f/pl) vocales die Stimmbänder
toucher - hier:
beschädigen
repousser - wegstoßen
d’un revers de la main mit dem Handrücken
hausser le ton - die
Stimme heben
cligner - blinzeln
l’approbation (f) - die
Zustimmung
17
s’accouda sur le bord du lit puis s’approcha de la
jeune femme pour lui murmurer à l’oreille :
« Où peut-on le trouver ? »
Cette fois, la jeune femme ferma les yeux, les sanglots au bord des lèvres. Puis, après un long moment, elle griffonna hâtivement une adresse sur le
carnet : « 947 RUE RIOPELLE. »
« Là, on commence à faire des progrès, ‘sti! », s’exclama le sergent Dupuis en se tordant la moustache
d’un air satisfait.
L’adresse était celle d’une maison banale, située
dans une petite banlieue de la ville de Québec où il
ne se passait jamais rien.
« Je ne vois pas comment un monstre pourrait bien
vivre ici… », dit le sergent Dupuis en écrasant un
mégot de cigarette sur la tête d’un nain de jardin qui
faisait la sentinelle devant la porte de la maison.
« Au contraire, c’est une bonne cachette… », répondit Alice en dégainant un pistolet caché sous son aisselle. Elle sonna à la porte, une fois, deux fois, marqua une pause et força l’accès d’un coup de pied
sec. Les gendarmes avancèrent dans le hall d’entrée, leur arme pointée devant eux. D’un signe de la
main, Alice et son collègue décidèrent d’explorer les
différentes pièces de la maison. Alors que le sergent
se mettait à parcourir la cuisine et les chambres à
coucher, Alice descendit lentement les marches menant au sous-sol. Ses tempes battaient la chamade.
Son pistolet glissait entre ses mains devenues
moites.
« Y’a quelqu’un ? », cria-t-elle. Mais elle n’entendit
que le son de sa voix effrayée. Sa peur semblait
18
pourtant infondée : seuls quelques jouets cassés, un
vélo stationnaire, une vieille télévision et une bibliothèque occupaient la pièce. Mais en s’approchant de
cette dernière qui couvrait le mur du fond, Alice perçut quelque chose de très étrange…
Toutes les étagères du meuble étaient remplies de
centaines d’exemplaires d’un même livre. Un livre à
reliure rouge, portant pour titre L’Ordre sacré de
l’éternel labeur. Un soleil et une phrase en latin inscrite en lettres dorées ornaient la couverture : laborabit in æternum. Ce même soleil, cette même
phrase… Alice rangea son arme et tendit son bras
pour sortir un livre de l’étagère. Soudain, la bibliothèque tourna rapidement sur son axe et éjecta la
gendarme de l’autre côté du mur. Alice se trouvait à
s’accouder - sich
aufstützen
le sanglot - der
Schluchzer
griffonner - hinkrakeln
hâtivement - hastig
’sti - etwa: na also
se tordre - zwirbeln
banal,e - schlicht
écraser - ausdrücken
le mégot - die Kippe
faire la sentinelle wachen
dégainer - ziehen
l’aisselle (f) - die Achsel
marquer une pause kurz innehalten
forcer l’accès (m) - die
Tür aufbrechen
le coup de pied - der Tritt
sec,sèche - kräftig
pointé,e - ausgestreckt
parcourir - gehen in
la tempe - die Schläfe
battre la chamade pochen
moite - feucht
le son - der Klang
le vélo stationnaire - der
Hometrainer
percevoir - entdecken
la reliure - der Einband
le labeur - die Arbeit
orner - schmücken
tourner sur son axe sich um die eigene Achse
drehen
éjecter - hinauswerfen
présent à l’entrée d’un long tunnel lugubre, illuminé
par quelques flambeaux. À peine avait-elle retrouvé
ses esprits qu’elle aperçut une ombre sur le mur tout
près d’elle. Elle s’apprêta à crier lorsqu’elle sentit
une main glaciale se plaquer contre sa bouche.
Écoute 11/13, p. 64 et 65
SOCIÉTÉ
n 17. Les Français sont trop gourmands !
Évidemment, ça s’arrête toujours au meilleur moment… Il va encore falloir attendre le mois prochain
avant de savoir à qui appartient cette main qui empêche Alice de crier !
C’est un peu le principe du feuilleton, on s’arrête
toujours au moment où l’histoire atteint son paroxysme. Mais attends un peu : le mois prochain,
avec le quatrième épisode, tu auras enfin la clé de
l’énigme. Bon, j’espère que l’impatience ne te noue
pas le ventre. Ou du moins, qu’elle ne te coupe pas
l’appétit…
Non ! Tu m’invites à dîner ?
Presque… On va maintenant parler un peu de gourmandise et de vin…
Ah !
Oui, il commence à faire froid. C’est le moment de
se mitonner de bons petits plats…
Le gourmand !
Ah ben, je suis comme tous les Français, moi, hein !
Je suis gourmand.
Quand même, il n’y a pas que les Français qui sont
gourmands !
Non, mais chez les Français, ça fait vraiment partie
des gènes. Il suffit de regarder leurs yeux pétiller
quand ils parlent cuisine pour le constater. Déjà entre nous, non ? Dès qu’on le peut, on parle recettes,
produits, tout le monde a quelque chose à raconter,
à partager. Un souvenir, une expérience… Je dois
dire qu’une telle passion, je ne l’ai rencontrée qu’en
France, pas vous ?
n 18. L’émission gourmande de TV5
Il y a une émission formidable que je conseille à tous
nos amis francophones de regarder. C’est facile, elle
passe sur TV5, vous savez, cette chaîne internationale de télévision francophone.
Ah oui ! Carte postale gourmande de Jean-Luc Petitrenaud.
C’est ça… En fait, elle s’appelle maintenant Les Escapades de Petitrenaud. Mais elle est toujours aussi
« gourmande » ! Pour moi, cette émission est comlugubre - düster
le flambeau - die Fackel
retrouver ses esprits
(m/pl) - wieder zu sich
kommen
s’apprêter - im Begriff
sein
glacial,e - eisig
se plaquer contre pressen auf
le feuilleton - der
Fortsetzungsroman
le paroxysme - der
Höhepunkt
la clé - der Schlüssel
l’énigme (f) - das Rätsel
nouer le ventre - auf den
Magen schlagen
couper l’appétit (m) - den
Appetit verderben
mitonner - zubereiten
pétiller - funkeln
la recette - das Rezept
l’émission (f) - die
Sendung
la chaîne de télévision –
der Fernsehkanal
l’escapade (f) - der
Ausflug
19
plètement représentative de la gourmandise à la
française.
La gourmandise à la française ? Explique !
L’animateur de l’émission – Jean-Luc Petitrenaud,
donc – nous emmène dans une région ou une ville
de France. Là, il rencontre des cuisiniers, des vignerons, bien sûr, mais aussi des agriculteurs, des boulangers, des maraîchers, des gens qui font du fromage…
Je confirme : je suis gourmande ! J’ai déjà l’eau qui
me vient à la bouche.
Euh, moi aussi !
Le concept, ce n’est pas tellement de mettre en valeur les grands cuisiniers étoilés, les recettes compliquées qu’on n’arrive jamais à faire, mais les produits du terroir dont la France regorge, cuisinés avec
simplicité. On va sur les marchés, on va à la criée…
L’endroit où l’on vend les poissons en gros au retour
de la pêche.
Exactement, et au fil des émissions, on découvre
l’incroyable diversité des produits français, la façon
de les accommoder. Un petit plat pour le dimanche
midi, un casse-croûte succulent pour partir en randonnée, un petit-déjeuner rustique de chasseur,
comment réussir un plat merveilleux avec deux
pommes de terre et un navet… Cette émission est
parfaitement adaptée à la gourmandise des Français
qui s’enflamment sur un jambon, un fromage, une
sorte de tomate, et qui peuvent en parler des
heures ! En fait, les Français vivent la gastronomie
de façon très naturelle, pas du tout guindée. C’est
dans nos gènes !
20
Dans notre sang…
C’est une particularité nationale !
Et le vin ? Ça aussi c’est une particularité nationale !
Et puis, pas de bon repas sans bon vin…
n 19. La France et ses vins : interview
Pour ce qui est du vin, je préfère laisser la parole à
Christian Eidenschenck, notre spécialiste maison de
la gastronomie qui est aussi un fin œnologue. Je l’ai
rencontré pour lui poser deux-trois questions. Pour
commencer, je voulais savoir si la France est autant
le pays du vin qu’elle est celui de la bonne chère…
– Dire que la France est le pays du vin semble aujourd’hui un peu présomptueux. Il y a d’excellents
l’animateur (m) - der
Moderator
le vigneron - der Winzer
le maraîcher - der
Gemüsegärtner
avoir l’eau qui vient à la
bouche - das Wasser läuft
einem im Mund zusammen
mettre en valeur - zur
Geltung bringen
le cuisinier étoilé - der
Sternekoch
du terroir - regional
regorger de - in Hülle und
Fülle haben
la criée - die
Fischversteigerung
vendre en gros - hier: in
großen Mengen verkaufen
la pêche - der Fischfang
au fil de - im Laufe
la diversité - die Vielfalt
accommoder - zubereiten
le casse-croûte - die
Brotzeit
succulent,e - schmackhaft
partir en randonnée wandern gehen
le chasseur - der Jäger
le navet - die Rübe
s’enflammer - sich
begeistern
guindé,e - gestelzt
la particularité - die
Besonderheit
la bonne chère - das gute
Essen
présomptueux,se anmaßend
vins italiens, espagnols, le marché s’est ouvert, le
monde entier produit des bons vins. Mais c’est un
pays du vin tout à fait particulier parce que très tôt,
en France, on a eu une vinification de grande qualité,
une grande recherche, fût-ce l’importance du chêne,
fût-ce les sélections des cépages. Et donc la France,
c’est un pays de vin, mais… peut-être le pays d’origine de la vinification moderne, parce qu’aujourd’hui
encore, les grands vins argentins et californiens, qui
souvent sont aussi bons que des très grands bordeaux, sont issus de cépages qui ont été développés
en France, le cabernet, le syrah, et de méthodes de
vinification qui ont vu le jour en France.
Cabernet, syrah… Les noms des vins sont très évocateurs. Ils évoquent des régions – le Bordelais, la
Bourgogne, l’Alsace, le Val-de-Loire ou le Rhône –
mais aussi des paysages. Quand on boit du vin, il y
a une relation très intime qui s’établit avec le sol sur
lequel la vigne a poussé.
– On va par exemple avoir des émotions sur des vins
avec lesquels on a un rapport sentimental. Si j’ai
goûté au paysage doucement valloné du Sud de la
Bourgogne, je vais forcément trouver un mercurey
ou un gevrey tout à fait sympathiques. Si j’ai aimé
sentir la proximité de l’Atlantique, je vais apprécier
peut-être un médoc. Et si les collines sous-vosgiennes avec leur climat méditerranéen m’ont
charmé, je vais certainement être d’autant plus ouvert à un vin d’Alsace.
Le vin nous fait voyager… Et ce voyage commence
au fond d’un verre. C’est là qu’on découvre ses
arômes de framboise, de violette, d’amande, de ca-
ramel, de réglisse, de lierre ou encore de cuir ou de
silex. L’œnologue accompli reconnaît ces arômes qui
lui indiquent la provenance du vin, son âge. Puis il
en observe la consistance.
– Évidemment la robe est tout à fait intéressante :
la clarté d’une part, les différentes nuances de rouge
jusqu’au rouge violacé, la couleur qui peut tirer vers
le brun, pour certains très vieux vins. Ensuite évidemment, la belle image de ce vin qui tourne dans
le verre, qu’on fait un peu chalouper dans le verre.
Ce vin qui aura touché les parois du verre, qui va retourner… qui va tomber dans le verre, les larmes du
vin – qu’on appelle aussi les jambes du vin – qui…
ces espèces de traces translucides qui restent à l’inla vinification - die
Weinbereitung
la recherche - die
Forschung
fût-ce… fût-ce… - sei
es … sei es …
le chêne - die Eiche
le cépage - die Rebsorte
être issu,e de - entstehen
aus
évocateur - Erinnerungen
wachrufend
le sol - der Boden
la vigne - der Wein
forcément - zwangsläufig
la proximité - die Nähe
apprécier - schätzen
les collines (f/pl) sousvosgiennes - die unteren
Vogesen-Hügel
la framboise - die
Himbeere
la violette - das Veilchen
l’amande (f) - die Mandel
la réglisse - die Lakritze
le lierre - der Efeu
le cuir - das Leder
le silex - der Feuerstein
accompli,e - erfahren
la robe - die Farbe
violacé,e - ins Violette
gehend
chalouper - hier: schwenken
la paroi du verre - der
Glasrand
les larmes (f/pl) ou les
jambes (f/pl) du vin - die
Tränen bzw. Kirchenfenster
des Weines
la trace - die Spur
translucide - durchscheinend
21
térieur des parois du verre, qui indiquent la teneur
en sucre résiduel ou en alcool. Puis ensuite, évidemment, les odeurs du vin, le « nez ». On ne parle pas
de couleur du vin, on parle de robe ; on ne parle pas
d’odeur de vin, on parle de nez. Donc là, pour apprécier le vin, fût-ce le nez ou le goût qu’on appelle la
« bouche », je crois qu’il faut simplement faire
confiance à ces associations d’idées. Il faut vraiment
se plonger dans ses sens, fermer les yeux, se détendre et jouer un jeu très simple, tiens : « À quoi cela
me fait-il penser ? »
Eh bien pour ma part, cela m’a fait penser à un bon
gigot doré avec des flageolets tendres et quelques
tomates gorgées de jus de cuisson ! D’ailleurs, aussitôt l’entretien avec Christian terminé, on s’est mis
à parler casseroles ! On y a finalement passé la soirée. Bon, eh bien je crois qu’on aura compris que les
Français sont de sacrés gourmands… Si vous en
doutiez encore !
LANGUE
n 20. Le pluriel des mots composés
Passons au point grammaire !
Aujourd’hui, le pluriel des noms composés.
Je me demande toujours où il faut mettre le « s »,
pas vous ? Un vrai casse-tête !
Eh bien voilà justement les règles à observer pour
éviter la migraine, mon cher Jean-Yves ! Écoute
bien…
Je suis tout ouïe, ma chère Isabelle !
Très bien. Si le nom est composé d’un verbe et d’un
substantif, seul le substantif s’accorde.
22
Des ouvre-boîtes, des couvre-lits, des tire-bouchons… Boîte, lit, bouchon sont au pluriel.
Mais dans certains cas, le substantif est au pluriel
alors que le nom composé est au singulier.
Un sèche-cheveux. Cheveux prend la marque du
pluriel. Il n’y a certes qu’un seul sèche-cheveux,
mais plusieurs cheveux à sécher… Tout s’explique !
Alors finalement, il suffit de réfléchir un peu pour
trouver le bon accord.
Exactement ! Et d’ailleurs, dans d’autres cas, à l’inverse de ce que nous venons de voir, le substantif ne
s’accorde pas, même si le nom composé est au pluriel.
Des réveille-matin, des gratte-ciel. Matin et ciel resla teneur - der Gehalt
le sucre résiduel - der
Restzucker
l’odeur (f) - der Geruch
le goût - der Geschmack
se plonger - versinken
les sens (m/pl) - die Sinne
se détendre - sich entspannen
le gigot - die Keule
doré,e - goldbraun
le flageolet - Varietät der
Zwergbohne
tendre - zart
gorgé,e de - strotzend vor
le jus de cuisson - der
beim Garen entstehende
Saft
la casserole - der Topf
sacré,e - verdammt
douter - zweifeln
le casse-tête - das
Kopfzerbrechen
tout ouïe - ganz Ohr
s’accorder - angeglichen
werden
l’ouvre-boîte (m) - der
Dosenöffner
le couvre-lit - die
Tagesdecke
le tire-bouchon - der
Korkenzieher
le sèche-cheveux - der
Haartrockner
à l’inverse de - im
Gegensatz zu
le réveille-matin - der
Wecker
le gratte-ciel - der
Wolkenkratzer
tent au singulier. On considère, plus ou moins logiquement d’ailleurs, qu’un gratte-ciel ne gratte qu’un
seul ciel à la fois.
Et pour le réveille-matin, c’est quoi l’explication logique ?
Eh bien, on sous-entend que le réveille-matin est un
réveil pour le matin.
Ah ? Oui, d’accord, ça se tient… Mais il faut quand
même beaucoup sous-entendre !
Tu vas voir, les autres cas ne prêtent pas tellement
à confusion. Par exemple, dans le cas où le nom est
composé de deux verbes, le nom composé reste invariable.
Des savoir-vivre. Savoir et vivre sont des verbes, ils
restent donc au singulier.
Et si le nom est composé d’un adverbe et d’un substantif, seul ce dernier s’accorde.
Des arrière-boutiques. Boutiques prend un « s », naturellement.
Enfin, si le nom est composé d’une préposition et
d’un substantif, ce dernier s’accorde en général.
Des avant-goûts, des avant-premières. Goût et première sont au pluriel.
Toutefois, comme j’ai bien pris soin de dire « en général »…
Tu vas nous dire l’exception qui confirme la règle !
Non ?
Ben oui, il en faut toujours une, sinon ça ne serait
pas de la grammaire française ! Eh bien, cette exception, c’est « des après-midi ». Midi reste au singulier parce qu’on sous-entend « après l’heure de
midi ». Bon, pas de panique ! Si vous êtes un peu
perdu avec cette règle, souvenez-vous simplement
que, d’une manière générale, les noms et les adjectifs formant un mot composé ont tendance à s’accorder, tandis que les verbes et les adverbes restent
invariables.
CINÉMA
n 21. La Religieuse, de Guillaume Nicloux
Au programme ce mois-ci, La Religieuse de Guillaume Nicloux.
Nous sommes au XVIIIe siècle. Suzanne, 16 ans, se
voit contrainte par sa famille d’entrer au couvent.
Celle-ci, sous prétexte de problèmes financiers, souhaite en réalité faire oublier cette enfant conçue hors
mariage. Mais la jeune fille, pourtant sage et pieuse,
n’a qu’une chose en tête : fuir. Fuir le lieu clos et
morne qu’est le cloître. Fuir les décisions contradictoires et arbitraires des mères supérieures successives auxquelles elle est confrontée. Peu à peu et
sous-entendre - damit
meinen
prêter à confusion verwirrend sein
invariable - unveränderlich
l’arrière-boutique (f) - das
Hinterzimmer
l’avant-goût (m) - der
Vorgeschmack
prendre soin de - darauf
achten
l’exception (f) - die
Ausnahme
confirmer la règle - die
Regel bestätigen
La Religieuse - Die Nonne
se voir contraint,e gezwungen werden
le couvent - das Kloster
sous prétexte de - unter
dem Vorwand
hors mariage - unehelich
pieux,se - fromm
clos,e - geschlossen
morne - trist
arbitraire - willkürlich
la mère supérieure - die
Äbtissin
23
sans jamais se détourner de la foi, Suzanne incarne
malgré elle une rebelle. Une position qui va lui coûter
cher… Adaptée à l’écran par Guillaume Nicloux
d’après le roman La Religieuse de Diderot, l’histoire
fictive de Suzanne donne à réfléchir sur les bienfaits
d’une doctrine transmise en lieu clos, l’aliénation
qu’elle peut entraîner, et le prix de la liberté…
Thèmes plus que jamais d’actualité.
Écoute 11/13, p. 9
Écoutons un court extrait de La Religieuse.
n 22. Extrait du film La Religieuse
– Est-il vraiment nécessaire que je m’enferme dans
un couvent ?
– Votre naissance est la seule faute que j’aie commise.
– Aide-moi à l’expier.
– Tu resteras un an de plus.
– Je devais sortir au mois d’avril, nous sommes au
mois de novembre.
– Tes parents se sont dépouillés pour tes sœurs.
– Ils veulent m’enterrer ici…
– Vous enterrer… Sachez qu’aucune demoiselle
n’est jamais devenue religieuse contre son gré.
– Marie-Suzanne Simonin, promettez-vous à Dieu
chasteté, pauvreté et obéissance ?
– Non, mon père. Dieu a refusé que je mente.
– Tu es bien orgueilleuse…
– Mais c’est quoi cette mélancolie ?
– Ne pas avoir la vocation.
– Qui est-ce ?
24
– Sœur Christine, notre nouvelle mère.
– Vous avez dérobé à l’économat de quoi écrire ?
– Déshabillez-la. Entièrement.
– Ils m’humilient. J’ai l’impression qu’ils en veulent
à ma vie.
– Tenez ! Cachez ça !
– De quoi s’agit-il ?
– Un mémoire pour sortir du couvent.
– La procédure pour l’annulation de vos vœux est en
cours.
– Ainsi sœur Suzanne, vous voulez nous quitter ?
– Je veux sortir d’ici ! Je veux sortir d’ici !!
– Mes sœurs, je vous invite à implorer la miséricorde
de Dieu, sur une religieuse qui l’a abandonné.
– Pourquoi ne vous confessez-vous pas ?
– Parce qu’on me l’interdit.
– Vous êtes indigne de vos fonctions.
– Avez-vous fait bon voyage mon enfant ?
se détourner de - sich
abwenden von
malgré elle - ohne es zu
wollen
adapté,e à l’écran - verfilmt
transmis,e - vermittelt
l’aliénation (f) - die
Entfremdung
commettre - begehen
expier - sühnen
se dépouiller - sein ganzes Hab und Gut hingeben
enterrer - begraben
contre son gré - widerwillig
la chasteté - die
Keuschheit
l’obéissance (f) - der
Gehorsam
mentir - lügen
orgueilleux,se - hochmütig
la vocation - die Berufung
dérober - stehlen
l’économat (m) - das
Verwaltungsbüro
humilier - demütigen
le mémoire (schriftliches) Gesuch
la procédure - das
Verfahren
le vœu - das Gelübde
– Oui ma mère.
– Tant mieux.
– Ça se sent que vous ne m’aimez pas.
– Si, je vous aime.
– Non.
– Dites-moi ce qu’il faut que je fasse pour vous le
prouver.
– Refusez ces invitations, comme si elles venaient
de Satan.
– Non !
– Aidez-moi !
– Mon Dieu !
La Religieuse de Guillaume Nicloux. À partir du
31 octobre sur vos écrans en Allemagne.
COMPRÉHENSION ORALE
n 23. Dialogue : au bureau de tabac
Notre deuxième texte de compréhension nous entraîne dans un bureau de tabac.
Le bureau de tabac (on dit aussi un tabac) n’est pas
seulement un endroit où l’on vend du tabac, mais
aussi, très souvent, des journaux, des magazines,
des timbres et des grilles de loto. La plupart des bureaux de tabac sont aussi des bars-tabacs : on y
trouve alors quelques tables et un comptoir.
– Bonjour, monsieur.
– Bonjour, je cherche des cartes de vœux.
– Juste derrière vous dans le présentoir. Nous en
avons en boîtes de 10 ou 20 cartes avec les enveloppes assorties…
– Il ne m’en faut que quelques-unes, je préférerais
les acheter à la pièce.
– Alors regardez dans le fond du magasin avec les
cartes postales et les cartes pour les occasions spéciales…
– Voilà, j’ai choisi. Est-ce que vous avez aussi des
journaux allemands ?
– Oui, tous les journaux étrangers sont disposés à
droite des quotidiens français.
– Très bien, alors je prends le Süddeutsche Zeitung.
Et est-ce que le magazine Écoute de novembre est
déjà paru ?
– Non, pas encore. Nous devrions le recevoir à la fin
de la semaine. Vous voulez que je vous en mette un
de côté ?
– Volontiers.
– Il vous faut autre chose ?
– Oui, un paquet de Gitanes avec filtre, s’il vous plaît.
– Tenez… Ce sera tout ?
– Oui, merci.
– Ça fera 20,60 euros, s’il vous plaît.
– Voilà, au revoir.
– Au revoir monsieur, bonne journée !
Écoute Plus 11/13, p. 22
sur vos écrans - im Kino
le bureau de tabac - der
Tabakladen
le timbre - die Briefmarke
la grille de loto - der
Lottoschein
le comptoir - die Theke
la carte de vœux - die
Glückwunschkarte
le présentoir - der
Verkaufsständer
assorti,e - passend
à la pièce - einzeln
dans le fond de - im
hinteren Teil von
être disposé,e - stehen
le quotidien - die
Tageszeitung
paraître - erscheinen
mettre de côté - zurücklegen
volontiers - gerne
tenez - hier bitte
25
SOCIÉTÉ
n 24. Les Gitanes et les Gauloises
Ha les Gitanes ! Tu fumes des Gitanes ? Eh bien moi,
je ne suis pas fumeur, mais j’ai des tas de souvenirs
de Gitanes. Mon père fumait des Gitanes, mon
grand-père aussi. C’était vraiment la cigarette des
hommes, des vrais. Et puis, il y avait aussi le facteur
qui fumait des Gitanes maïs. Le tabac était enroulé
dans un papier jaune pâle. C’était la cigarette des
ouvriers, des agriculteurs. Elle sentait très fort et
laissait une odeur un peu âcre dans le sillage de
ceux qui la fumaient.
Fumer des Gitanes, c’est un peu faire partie d’un
club. Comme fumer des Gauloises d’ailleurs. Ce sont
les deux marques de cigarettes les plus célèbres en
France, les plus mythiques.
En effet, les Gauloises et les Gitanes ont réconforté
les poilus dans les tranchées de la Première Guerre
mondiale, elles ont embrumé les cafés littéraires de
Montparnasse et de Saint-Germain-des-Prés, ou accompagné l’artisan, l’ouvrier, dans son travail. Et
puis elles ont toutes deux été immortalisées par des
chansons, dans des romans, des films… Ça paraît
un peu anecdotique de le dire, mais Albert Camus,
Jacques Prévert, Serge Gainsbourg ou Jacques Brel
fumaient ostensiblement des Gitanes, tandis que Léo
Ferré, Jean-Paul Sartre ou Renaud préféraient la
Gauloise. À l’époque où l’on pouvait encore s’afficher
clope au bec en public – ça se faisait même à la télévision –, la pensée des écrivains et des philosophes se cherchait dans de magnifiques volutes de
fumée blanche.
26
Et puis, les paquets de Gitanes et de Gauloises
étaient particulièrement beaux. Ils n’ont pas tellement changé d’ailleurs. Un bel emballage, ça aide
sûrement à créer les mythes. Oui, sans doute… Le
paquet bleu roi des Gitanes avec, justement, sa gitane stylisée en train de danser, le flamenco peutêtre. Le paquet en papier des Gauloises Caporal
bleuté ou légèrement violet, estampillé sur le devant
d’un casque gaulois finement dessiné.
n 25. Au revoir
Nous allons nous séparer avec une chanson qui s’intitule justement Les Gauloises bleues. Elle a été
écrite en 1972 par un jeune homme romantique,
Yves Simon, qui est devenu écrivain par la suite. Une
guitare, une mélodie très folk, une voix suave… Il
des tas de - jede Menge
le facteur - der Briefträger
laisser une odeur dans le
sillage de qn - eine
Duftwolke hinterlassen
le sillage - das Kielwasser
âcre - herb
réconforter - trösten
le poilu - französischer
Frontkämpfer im Ersten
Weltkrieg
la tranchée - der Graben
embrumer - in Qualm
hüllen
l’artisan (m) - der
Handwerker
ostensiblement ostentativ
s’afficher en public - sich
in der Öffentlichkeit sehen
lassen
(la) clope au bec (fam.) die Kippe im Mund
les volutes (f/pl) de
fumée - die
Rauchschwaden
l’emballage (m) - die
Verpackung
bleu roi - königsblau
la gitane - die Zigeunerin
bleuté,e - bläulich
estampillé,e de versehen mit
le casque - der Helm
gaulois,e - gallisch
suave - lieblich
faisait craquer toutes les filles ! Et la chanson a fait
un… tabac, si j’ose dire !
Je vous souhaite à tous un très beau mois de novembre. À la prochaine !
On se retrouve en décembre… Ouh là là ! Le temps
passe vite, si vite ! Déjà la fin de l’année ! Pouh…
Oui, le temps passe vite… Et je me fais déjà une joie
de vous retrouver pour un programme de décembre
particulièrement festif auquel nous pensons déjà. Au
revoir à tous ! Prenez soin de vous !
CHANSON
n 26. Les Gauloises bleues, d’Yves Simon
On fumait des Gauloises bleues
Les beaux jours
On fumait des Gauloises bleues
Qu’on coupait souvent en deux
Les beaux jours
Les petites femmes de Paris montaient sur nos
balcons
Voir si les fleurs du mal poussaient encore en cette
saison
Au café du Bas de laine
Parfois je voyais Verlaine
Les beaux jours
Et Rimbaud qui voyageait au-dessus des printemps
Nous disait du haut de ses nuages d’où venait
le vent
Oh les beaux jours !
Oh les beaux jours !
Dylan cultivait sa terre
Quelque part en Angleterre
Les beaux jours
Jefferson Airplane s’installait à la présidence
Car les anciens rois du monde venaient d’interdire
la danse
Plus de boutiques à music-hall
Au boulevard du rock’n’roll
Les beaux jours
Le temps a passé et court-circuité les amplis
Bruno maintenant joue de l’accordéon dans les rues
de Clichy
Oh les beaux jours !
Oh les beaux jours !
Boris inventait le jazz
Tous les soirs au bal des Laze
Les beaux jours
Et sa trompinette mettait le feu aux lampions
Duke Ellington arrivait juste à temps pour la révolution
On fumait des Gauloises bleues
Qu’on coupait souvent en deux
Les beaux jours
Les petites femmes de Paris montaient sur nos
balcons
Voir si les fleurs du mal poussaient encore en cette
saison
faire un tabac (fam.) einen Riesenerfolg haben
oser - wagen
se faire une joie de - sich
freuen auf
prenez soin de vous passen Sie auf sich auf
cout-circuiter - hier: ausschalten
l’ampli(ficateur, m) - der
Verstärker
la trompinette - kleine
Trompete
27
Jean-Paul Dumas-Grillet
Isabelle Kutter
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