La promesse de l`aube, Romain Gary.

Transcription

La promesse de l`aube, Romain Gary.
La promesse de l’aube, Romain Gary.
L’auteur
Romain Kacew dit Romain Gary (1914-1980) est né en Russie, est élevé par sa mère et arrive à Nice à
quatorze ans. Naturalisé français en 1935, il s’engage dans les Forces aériennes libres en 1940 et
sera Compagnon de la Libération. Il publie quatre romans sous le pseudonyme d’Emile Ajar et, sous
le nom de Romain Gary, de nombreux récits dont le roman autobiographique La promesse de l’aube, en
hommage à sa mère.
Le texte :
Récit autobiographique
auteur = narrateur = personnage principal
dualité du je : adulte / enfant
présent d’énonciation : « je ne puis décrire », « tout ce que je sais »
Parodie d’une scène de rencontre
Récit d’une scène de rencontre considérée de façon très sérieuse pendant l’enfance mais racontée
avec un ton décalé et moqueur (mais attendri) à l’âge adulte.
✶Emploi des temps d’un récit au passé :
Imparfait (description) : « je tombais amoureux », « C’était une brune »
Passé simple (actions brèves): « je fus tout entier aspiré », « mon martyre commença »
✶Le lieu de la rencontre :
On attendrait un lieu poétique. On a un terrain vague :
« Je l’ai vue apparaître devant moi dans le dépôt de bois, à l’endroit où commençaient les
orties »
✶Les personnages :
On attendrait des adultes. On a des enfants décrits comme des adultes avec un ton décalé :
« Elle avait huit ans », « J’avais déjà près de neuf ans »(= périphrase : il n’avait donc, lui
aussi, que huit ans)
«C’était une brune aux yeux clairs, admirablement faite, vêtue d’une robe blanche », « Valentine
n’était pas femme à se laisser impressionner »
« Et elle tenait une balle à la main »
✶L’amoureux
Il se présente comme un guerrier prêt à accomplir des exploits pour sa belle :
« ayant ainsi, du premier coup, épuisé, pour ainsi dire, mes munitions, j’essuyai mes larmes et,
capitulant sans conditions » (métaphore de l’amoureux comparé à un guerrier)
« je levai les yeux vers la lumière pour la subjuguer »
On s’attendrait à ce qu’il en sorte grandi, victorieux. On a un amoureux affaibli, ridicule :
«jusqu’à ce que mon visage ruisselât de larmes »
« mes jambes devinrent molles, mon cœur se mit à sauter avec une telle violence que ma vue se
troubla. »
✶ L’échange de regards
On attendrait un échange de regard évocateur. On a :
« Je restai là, les yeux levés vers le soleil, jusqu’à ce que mon visage ruisselât de larmes » ,
« Les yeux me sortaient de la tête, tout devenait feu et flamme autour de moi », « Valentine ne
m’accordait même pas un regard »
✶Le cadeau
On attendrait un présent qui impressionnerait et séduirait la femme à conquérir (des fleurs, un
bijou..). On a :
« Je lui tendis les trois pommes vertes que je venais de voler dans le verger. »
✶La non réciprocité des sentiments
On attendrait des sentiments partagés. On se retrouve face à la non-réciprocité des sentiments. Ceux
du narrateur sont décrits avec exagération, ceux de Valentine sont inexistants.
« Je fus tout entier aspiré par une passion violente, totale, qui m’empoisonna complètement
l’existence et faillit même me coûter la vie », « Absolument résolu à la séduire immédiatement et
pour toujours, de façon qu’il n’y eût plus jamais de place pour un autre homme dans sa
vie »(hyperboles)
« Mais Valentine n’était pas femme à se laisser impressionner », « continua à jouer avec sa balle,
sans paraître le moins du monde intéressée »
Avec une simple parole, elle le rabaisse plus bas que terre, annule toute sa parade amoureuse et lui
fait comprendre que tout ne commence que maintenant. Il a un rival et elle exige d’eux une forme de
duel dont elle sera la récompense : « Janek a mangé pour moi toute sa collection de timbres-poste. »
La vision de la femme.
Elle est présentée comme un objet de désir. Elle est inaccessible, cruelle, intransigeante.
Elle exige des exploits de ses prétendants qui doivent être prêts à tout pour elle. (cf amour
courtois)
« Janek a mangé pour moi toute sa collection de timbres-poste »