Mark Lilla États-Unis
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Mark Lilla États-Unis
Religion et société : les nouvelles conflictualités L’auteur Zoom Mark Lilla est philosophe et professeur à l’Université de Columbia. Spécialiste de la théologie politique, le thème général de son œuvre est l’héritage controversé des Lumières en matière de politique et de religion. Le Dieu mort-né, considéré comme l’un des cent meilleurs livres parus l’année de sa publication aux États-Unis par la New York Times Book Review, met en avant la contradiction que représente le triomphe du fondamentalisme religieux dans une modernité occidentale sécularisée. Le Dieu mort-né (Seuil, 2010). Traduit de l’anglais par JeanPierre Ricard. L’œuvre En français : Le Dieu mort-né (Seuil, 2010). Traduit de l’anglais par JeanPierre Ricard. © Elena Seibert Mark Lilla États-Unis Non traduits : The Reckless Mind : Intellectuals and Politics (New York Review Books, 2001) The Legacy of Isaiah Berlin, ouvrage collectif (New York Review Books, 2001) New French Thought : Political Philosophy, anthologie, introduction par M. Lilla (Princeton University Press, 1994) G.B. Vico : The Making of an Anti-Modern (Harvard University Press, 1994) The Public Face of Architecture : Civic Culture and Public Spaces, avec Nathan Glazer (Free Press, 1987) On croyait que la modernité occidentale était parvenue à faire triompher à l’échelle planétaire son modèle et que le politique était définitivement entré dans l’ère séculière. Et voilà que les passions religieuses et les fondamentalismes occupent à nouveau le devant de la scène : contre toute attente, la théologie politique est à l’ordre du jour. Inquiétant retournement qui souligne la fragilité de notre monde et nous reconduit à l’histoire d’un débat, celui qui opposa religion et politique durant près de quatre siècles en Occident. Mark Lilla en fait ici l’archéologie et montre que la tentation théologico-politique, qui semblait avoir succombé aux assauts de Hobbes, de Rousseau, de Kant ou de Hegel, fit en réalité preuve de grandes capacités de résistance. Aujourd’hui, plus que jamais, il importe de comprendre que la modernité ne procède d’aucune nécessité et que, à la considérer comme naturelle, nous laissons la voie ouverte à la théologie politique. La presse « Ce livre provocateur doit être applaudi pour avoir rendu justice à la difficulté que l’homme a eu à réconcilier ses aspirations transcendantales avec son bien-être. » Rebecca Newberger Goldstein, The New York Times Book Review « Lilla a un don pour exprimer ses idées de manière limpide et chacun de ses essais est une véritable illumination, une révélation. » Sunil Khilnani, The New York Times Book Review Villa Gillet - 25 rue Chazière - 69004 Lyon - France - Tel : 00 33 (0)4 78 27 02 48 - Fax : 00 33 (0)4 72 00 93 00 - www.villagillet.net /1 The Reckless Mind : Intellectuals and Politics (New York Review Books, 2001) (NON TRADUIT) The Legacy of Isaiah Berlin, ouvrage collectif (New York Review Books, 2001) (NON TRADUIT) New French Thought : Political Philosophy, anthologie, introduction par M. Lilla (Princeton University Press, 1994) (NON TRADUIT) G.B. Vico : The Making of an Anti-Modern (Harvard University Press, 1994) (NON TRADUIT) L’histoire européenne du siècle passé est pleine d’exemples de philosophes, écrivains et juristes qui, citoyens de sociétés démocratiques, communistes ou fascistes, ont soutenu et justifié des principes totalitaires et des régimes terrifiants. Mais comment des intellectuels, dont le devoir supposé est d’être vigilants face aux démons de la tyrannie, peuvent-ils trahir les idéaux de liberté et d’un droit d’enquête indépendante ? Comment peuvent-ils adopter une position qui, implicitement ou non, approuve l’oppression et la souffrance humaine à une si grande échelle ? À l’automne 1998, un an après la mort du penseur juif britannique d’origine russe Isaiah Berlin, le New York Institute for Humanities organisa une conférence afin d’estimer et de réfléchir à son héritage intellectuel. Les spécialistes qui y participaient consacrèrent leur attention à la question du pluralisme, qui pour Berlin était l’élément central des valeurs libérales. Cette croyance en le pluralisme était au cœur de ses écrits philosophiques aussi bien que de ses études sur la politique contemporaine et sur l’histoire des idées. Les exposés réunis dans ce volume s’attachent surtout à trois aspects du concept de pluralisme tel que l’entendait Berlin. Aileen Kelly, Mark Lilla et Steven Lukes relatent le développement et les conséquences de sa distinction entre les « hérissons », ces penseurs qui ont une théorie unique et unifiée de l’action et de l’histoire humaines et les « renards », qui croient en une multiplicité et résistent à l’impulsion d’assujettir l’humanité à une vision universelle. Ronald Dworkin, Bernard Williams, Thomas Nagel et Charles Taylor examinent comment le libéralisme peut être soutenu malgré l’idée de Berlin selon laquelle des valeurs également légitimes telles que la liberté et l’égalité peuvent être absolument incompatibles. Avishai Margalit, Richard Wollheim, Michael Walzer et Robert Silvers discutent le plaidoyer de Berlin en faveur de l’État d’Israël et ses espoirs de l’entrevoir comme un endroit où les valeurs souvent opposées de libéralisme et de nationalisme pourraient trouver une résolution harmonieuse. The Legacy of Isaiah Berlin inclut non seulement les contributions des invités mais aussi la retranscription des échanges entre eux et avec le public de chaque session. Les deux journées de discussion conservées ici démontrent comment la pensée vive et pertinente d’Isaiah Berlin continue de nourrir les débats sociaux et politiques actuels. Les quinze dernières années en France ont vu se développer de nouvelles et remarquables recherches en philosophie politique. Cette anthologie fait connaître pour la première fois en langue anglaise les essais de quelques-uns des meilleurs jeunes penseurs politiques français écrivant aujourd’hui, parmi lesquels Marcel Gauchet, Pierre Manent, Luc Ferry et Alain Renaut. Ces essais ont pour objet principal la démocratie libérale : sa nature, son développement, ses problèmes, sa légitimité fondamentale. Bien que ces thèmes soient familiers aux lecteurs américains et anglais, l’approche française – qui est profondément historique et enracinée dans la tradition de la philosophie européenne – est assez différente de nos usages. L’érudit napolitain Giovanni Battista Vico est considéré comme le premier philosophe de l’histoire moderne, un jugement que lui vaut surtout son obscur chef-d’œuvre, La science nouvelle (connu en France sous le titre de Principes de la philosophie de l’histoire). Dans son essai, Mark Lilla complique encore ce portrait en faisant de Vico l’un des plus troublants penseurs anti-modernes. Fouillant les tout premiers écrits de Vico, souvent négligés, sur la métaphysique et la jurisprudence, Lilla révèle les profondes réserves du philosophe quant à la pensée moderne et montre comment sa philosophie de l’histoire a germé de ses doutes les plus tenaces. Certains de ses ouvrages non traduits, dont Universal Rights (1720-1722), traité sur la loi naturelle, révèlent chez Vico une pensée profondément politique et théologique qui, au scepticisme corrupteur de la vie moderne, opposait la légitimité des traditions d’une Rome idéalisée. Vico blâmait explicitement les fondateurs de la philosophie moderne pour leur scepticisme, Descartes en particulier. Replacée dans le contexte de sa critique du scepticisme, la « nouvelle science » de l’histoire de Vico apparaît sous un jour nouveau. Bien que moderne dans sa forme, on peut la voir ici pour ce qu’elle était : une justification pessimiste de l’autorité divine contre la liberté et la raison qui caractérisent l’âge moderne. Cette introduction au personnage de Vico rétablit tous les éléments de ses théories sur l’autorité, la politique et la religion civile dans leur juste rapport à sa théorie de l’histoire. À ce titre, elle soulève des interrogations sur le développement ultérieur de la tradition anti-moderne en se penchant sur les sciences historiques et sociales de notre époque. À travers les portraits et trajectoires de Martin Heidegger, Carl Schmitt, Walter Benjamin, Alexandre Kojève, Michel Foucault et Jacques Derrida, Mark Lilla démontre comment ces penseurs, tous leurrés par les idéologies et les bouleversements de leurs temps, ont préféré fermer les yeux sur l’autoritarisme, la brutalité et l’état de terreur. Il montre ainsi comment les intellectuels débordés par leurs passions peuvent être conduits à frayer une sphère politique qu’ils comprennent à peine. Ce qui a des conséquences capitales dans nos vies politique et intellectuelle. Également dans ce recueil, une série d’articles revus de critiques français sur la société libérale (Lévi-Strauss, Foucault, Bourdieu) et de classiques libéraux européens (Kant, Constant, Tocqueville). Les perpétuelles controverses sur la nature de l’ère moderne et le rôle qu’y joue la religion tiennent une place centrale à travers tout le recueil. Enfin, l’ouvrage inclut un débat sur les fondements des droits de l’homme et sur la nature de l’ordre politique libéral. Et la partie conclusive présente quelques-uns des nouveaux ouvrages sociologiques sur l’individualisme moderne, ses plaisirs et ses insatisfactions. L’introduction de Mark Lilla fournit le contexte historique de ce renouveau de la pensée politique française en matière de libéralisme et offre une analyse de ce que les lecteurs américains et anglais peuvent apprendre de ces réflexions. Villa Gillet - 25 rue Chazière - 69004 Lyon - France - Tel : 00 33 (0)4 78 27 02 48 - Fax : 00 33 (0)4 72 00 93 00 - www.villagillet.net /2