PROFIT-ons en!

Transcription

PROFIT-ons en!
PROFIT-ons en!
Quand Machiavel (1) rencontre Don Juan (2) et Dorian Gray (3)
dans une multinationale américaine des années 90 ça donne :
PROFIT.
Jim Profit (Adrian Pasdar) est le héros en col blanc de cette
série co-réalisée par David Greenwalt et John McNamarra par
la chaîne FOX. Malgré toutes ces séries qui déboulent sur le
marché un petit retour sur cette perle d’une seule saison
sortie en 96 n’est pas fortuit.
Une série en costards d’époque
Après quelques images on ne peut que mesurer l’ampleur de
l’évolution du monde du travail, évolution visible à l’œil nu.
Ce n’était « que » 16 ans plus tôt et pourtant en matière de
style et d’accessoires tout semble trop grand, trop gros, trop
large si bien que parfois on a l’impression de regarder un
film d’époque. Ça ne brûle pas la cornée mais les cravates
bariolées irritent tout de même un peu. Les costumes de ces
messieurs, les tailleurs de ces dames sont extra-larges et
donnent des silhouettes cocasses aux jeunes requins
présomptueux qui les portent.
Quant aux vilains (très) gros ordinateurs sans navigateur, ils
ne laissent guère présager la bureautique actuelle. Diantre
pas d’Internet et une 3D assez folklo, ça fait drôle ! Même la
déco des bureaux de Gracen & Gracen pourtant supposés être une
société parmi les plus high-tech et grand luxe, prêtent à
sourire. Alors quand, au plus fort du suspense, un jingle
musical de type vieux rock est lancé à plein tube, là c’est
bon on rigole. On rigole mais on est tout de même
ostensiblement fasciné car les problématiques soulevées par le
personnage principal, elles, n’ont pas pris une ride.
Un précurseur charismatique
Psychopathe ambitieux et séducteur
hypnotique, Jim Profit est le pilier de
la série. Il est motivé, intelligent et
il ne compte pas ses heures. Il pourra
l’écrire sur son CV. Mais s’il devait
énoncer des défauts il aurait bien trop
le choix…
Un lien de parenté ténu fait de lui le père ou a minima « le
tonton » de bons nombres de personnages au panthéon des séries
cultes.
– Un regard acéré sur le monde du travail et les intrigues de
bureau.
Don Draper (Mad Men 2007), as-tu changé de costume !?
– Une éthique très personnelle, faites de malversations,
chantages, extorsions, intimidations, viles manipulations.
Tony Soprano, serait-ce donc toi (The Sopranos 1999) ?
– Une double vie bien huilée. D’un côté un employé de bureau
serviable et de l’autre un homme capable de tuer de sang froid
son propre père.
Dexter Morgan (Dexter 2006), n’as-tu donc rien inventé !?
Trop pour l’époque
Jim Profit est un prédateur de la plus vieille espèce, pas
un Tricératops, un Tyrannosaure Rex. Il incarne le capitalisme
dans sa forme la plus féroce et perverse. Il a les dents qui
raient le parquet (et arrachent la moquette) et cache un passé
plus que sombre. En ce sens il est repoussant. Il est amoral
et mu par sa recherche de vengeance et de pouvoir, mâchoire
serrée, bien décidé, il a un but et n’en démordra pas.
Lors des premières diffusions TV,
Est-ce l’aspect capitaliste extrême qui troubla ?
Sont-ce les rapports incestueux avec sa mère qui
choquèrent ?
Est-ce que le téléspectateur s’est tristement reconnu
dans le personnage avant de le rejeter ?
Nul ne le saura jamais.
Mais, un mythe toujours vivace 16 ans plus tard est
intriguant, n’est-ce pas ?
(1) Nicolas Machiavel est un penseur italien de la
Renaissance, philosophe et auteur notamment de l’ouvrage Le
prince qui regroupe des théories sur la guerre.
(2) Don Juan, célèbre personnage de Molière inspiré à
l’origine du Don Juan de Tirso de Molina de 1630.
(3) Dorian Gray, personnage principal du roman Le Portrait de
Dorian Gray d’Oscar Wilde, publié en 1890.
Distribution
Adrian Pasdar : Jim Profit
Lisa Zane : Joanne Meltzer
Sherman Augustus : Jeffrey Sykes
Lisa Blount : Roberta « Bobbi » Stokowski
Lisa Darr : Gail Koner
Keith Szarabajka : Charles Henry « Chaz » Gracen
Jack Gwaltney : Pete Gracen
Allison Hossack : Nora Gracen
Scott Paulin : Jack WaltersGracen
Jennifer Hetrick : Elizabeth Gracen Walters
Don S. Davis : l’ancien Shériff
Merci à Olivier T. pour cette découverte.