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Janvier 2011 • Police mutualité
ÉDITO ///
L’œuvre de Pagnol
me ramène aux dérives
de notre contrat social.
L
‘œuvre de Marcel Pagnol, L’Eau des collines (composée de Jean de Florette
et de Manon des sources) a mis en lumière les dégâts produits par l’absence de solidarité
et l’égoïsme. L’histoire se passe dans un village provençal au début du siècle dernier.
Jean de Florette y exploite une terre riche de la source abondante qui l’irrigue,
au bénéfice de sa famille (son épouse et sa fille Manon) ; mais des spéculateurs prêts à tout
la convoitent. Ils détournent le cours d’eau. Jean s’épuise à entretenir ses cultures et le drame
se joue. Au cœur même d’une population passive, qui se retrouve privée de l’eau vitale…
/// Tandis que déficits publics et dettes souveraines alimentent le débat, ce miroir me ramène
aux dérives de notre contrat social.
/// À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le Conseil national de la Résistance a forgé
un véritable pacte économique et social. L’organisation de la société en a découlé.
La République y a retrouvé ses lettres de noblesse.
/// Les services publics ont été instaurés, l’accès à l’instruction et à la culture libéré, le droit au
travail et au repos réaffirmé. Un plan complet de sécurité sociale a conforté cette organisation
en portant l’ambition « d’assurer à tous les citoyens des moyens d’existence dans tous les cas
où ils seraient dans l’incapacité de se les procurer par le travail ». Ainsi, la population a pu
s’élever dans la dignité, la sécurité et l’espoir d’une vie pleinement humaine.
/// L’œuvre collective s’est déployée, abreuvée par une source qui l’a généreusement
irriguée…, comme dans l’histoire de Pagnol. Pour y parvenir, citoyens, employeurs et salariés
s’acquittaient des cotisations sociales et de l’impôt. Ils alimentaient tous les besoins. Le bien-être
de la population était assuré.
/// Mais, comme dans l’histoire de Pagnol, l’œuvre fut convoitée… la source détournée !
Depuis quelques années déjà, le réservoir, jadis suffisant, sert d’autres intérêts.
/// Mondialisation des échanges, fuites de capitaux, délocalisations d’emplois, services publics
onéreux, vieillissement de la population…, tout est prétexte pour servir la cause marchande
et détourner la source originelle.
/// Alors, pour éviter le drame qui s’annonce, associations, coopératives et mutuelles
s’exténuent à compenser le désengagement progressif de la collectivité.
La Mutuelle Générale de la Police n’hésite pas à absorber les déremboursements, les transferts
et les taxes qui, sans elle, pèseraient sur les adhérents et leurs familles. Mais je garde l’espoir
de voir la population prendre conscience de cette absolue nécessité de retrouver la source…
et, à l’image de Manon dans l’histoire, de la rétablir vers son cours originel.
LE PRÉSIDENT
Jean-Marc Tomasi
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