Londres Santorin Aller

L’été c’est fait pour lire, et il faut accepter de se laisser surprendre par certains ouvrages qui hors des chemins
battus, nous emmènent au grand large au pays de l’imagination totale…
C’est exactement ce qui vient de m’arriver avec la lecture de Londres Santorin, aller-retour de Raphaël
Drommelschlager, une magnifique bande dessinée.
Après avoir dévoré son ouvrage, je suis resté sans
voix, et habité par une question fondamentale : comment
vous en parler, vous dire tout le bien que je pense de cet
opus et cela, sans détruire le suspense extraordinaire
construit avec talent par l’auteur ?
Tom Katz est un romancier londonien. Sa femme, Anna,
est morte et Tom a du mal à survivre à sa disparition.
« Depuis qu’elle a disparu en mer, ma vie est devenue
sans reliefs, sans couleurs ».
Si peu de couleurs dans cette vie que Raphaël dessine
les planches sans couleurs, seule Anna est en couleur,
quand le pauvre Tom a l’illusion de la voir chez lui… une
sorte d’obsession…
Pour sortir de cette spirale infernale du deuil
impossible, Tom prend la direction de Santorin, une île
grecque, pour la durée des vacances.
Il compte sur ce dépaysement pour oublier Anna, écrire
un nouveau roman et repartir dans la vie du bon pied…
Tout n’est pas si simple, bien sûr !
L’auteur, traumatisé profondément, va créer une situation artificielle – fictionnelle diraient certains comme il s’agit
d’un romancier – en inventant une femme, Miss Brown, héroïne de son futur manuscrit, mais qui vient perturber la
vie quotidienne des touristes… Et voilà que cette pseudo femme, cette héroïne, interfère dans la vie de l’auteur…
Cette bande dessinée est de toute beauté,
elle est parfaitement bien construite et la
lecture en devient presque oppressante tant
elle nous plonge dans une réalité
impossible ou dans un imaginaire réaliste – à
vous de choisir – car chacun sait bien qu’une
créature artistique ne peut pas vivre et
contraindre l’auteur/créateur à quoi que ce
soit…
C’est aussi un album extraordinaire d’un point de vue graphique, même si l’auteur avait déjà joué de cette façon
dans son titre précédant Paris-New York, New York-Paris. Tout participe à la narration : le texte, le dessin, les
couleurs, les espaces vides, les non-dits… Je vous l’avoue bien simplement, j’ai été encore plus surpris, bluffé par
cette narration graphique et coloriée, par ce scénario fou et étonnant… et tous ces rebondissements !
1/2
Quand je repense à sa 1ère série, Les 4 princes de Ganahan, histoire que j’avais trouvée sympathique et plaisante,
j’avoue que le chemin parcouru est vertigineux et que nous sommes maintenant en face d’un auteur qui a trouvé son
chemin, qui a atteint la maturité narrative que chaque lecteur est en droit d’attendre de ceux qui veulent les faire
rêver…
Comme l’univers de Londres Santorin, aller-retour est estival, je ne peux que vous rappeler que l’été c’est fait pour
lire, même de la bande dessinée !
Michel Bonnet
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Londres Santorin, aller-retour - Raphaël Drommelschlager Editions Casterman ISBN : 9782203033405
2/2