Atelier d`écriture en compagnie de Jérôme Ferrari le jeudi 14 mars

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Atelier d`écriture en compagnie de Jérôme Ferrari le jeudi 14 mars
Atelier d’écriture en compagnie de Jérôme Ferrari le jeudi 14 mars.
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« Où j’ai laissé mon âme »
Dans ce paysage maintenant devenu presque désertique d’homme,
je pleure. Je pleure comme un enfant à que l’on vient de séparer
de sa mère. Je pleure comme si je n’avais jamais pleuré. Tant de
souffrance, tant de peine, tant de haine que j’éprouve pour ce lieu
qui fut auparavant mon paradis et qui est devenu maintenant
l’enfer. L’enfer que l’église représentait sur ses tympans, l’enfer
dont les flammes sont d’une grandeur grandiose. Je pleure, car ce
lieu a volé mon âme. Ce lieu qui me faisait rêver, qui me
transportait au septième ciel et qui tout d’un coup est devenu un
cauchemar insupportable dans lequel je vis. C’est comme une
roche qui a bloqué et qui continue de bloquer l’élan de bonheur
que prenait ma vie. Ce lieu vulgaire et vulnérable, ce lieu c’est ici.
C’est Gwadalvira.
Seconde B Alaka Moulikatou
• Où j’ai laissé mon âme
"Il était une fois, dans les chaînes de montagnes bétonnées au fin
fond de New York, un chirurgien qui se faisait chier. François
recevait des hippopodames et parvenait à travers un processus
liporégulateur qu'il avait mis au point, de cisailler la silhouette du
client. Il passait donc ses journées à découper des femmes en
rondelles. Après des années d'expérience, il en est arrivé à
conclure que la femme, l'homme aussi d'ailleurs, est composé à la
façon d'un kebab: de viande et de graisse. Il avait tellement manié
de Rubens et son ennui était tel, que son cerveau avait ramolli et
avait fini par ressembler à du pudding. Ce n'est que plus tard qu'il
avait découvert, que la froideur de la salle d'opérations avait
comme arraché son âme au scalpel."
De Jean-Sol Partre.
• « Où j’ai laissé mon âme.»
Quand je me suis réveillée, je me trouvais dans une pièce que je
ne connaissais pas. Une pièce blanche, froide, vide. Assise sur
une chaise au milieu de cette pièce, je me sentais désespérément
heureuse. J’avais l’habitude de cette solitude, de ce froid, de ce
trou où personne ne pouvait ni m’entendre, ni me voir ; mais ce
vide ne pouvait que m’apaiser de plus en plus. J’étais seule. Oui,
seule, ce mot raisonnant dans ma tête comme un rythme indéfini
d’une chanson s’écrivant sur les murs d’une paroisse,
m’angoissais, mais me réjouissais d’un autre côté. Cet apaisement
me faisait le plus grand bien, c’est comme si être seule était une
échappatoire, comme si mon âme me criait : «Je suis en vie ».
Cet endroit est celui où j’ai laissé mon âme.
Elisabeth Bourgeois. 2de A
• Où j’ai laissé mon âme
Il était, là, assis immobile sous le soleil, les yeux clos. Tout était
calme et silencieux, comme chaque midi au village.
« Ya lhadj, vous pensez à quoi ? » demanda le jeune épicier. Le
vieillard ouvrit lentement les yeux, s’éclaircit la voix et lui répondit :
« Blady mon enfant, Blady l’Algérie ». Il regardait au loin et ne
disait mot. Le jeune épicier, lui, se plaignait de sa femme et ses
enfants. Mais le vieux n’entendait rien.
« On m’a arraché de mon pays comme une fleur de son
jardin ». Le jeune ne comprit pas pourquoi il se rappelait de son
pays ce jour-là. Le vieillard se retourna et débuta son histoire.
- Écoute-moi mon enfant, il y a 50 ans, à la même date
qu’aujourd’hui Dzair obtint son indépendance. C’était un 5
juillet.
- Ah comme le stade 5 juillet ? interrompit l’épicier
- Eh Eh, … alors que moi j’étais ici, assis à ne rien faire, mes
frères et mes sœurs prirent de leurs mains leur indépendance.
Tous les algériens étaient dehors, dans les rues se réjouissant
de leur liberté. Je ne sais pas si elle m’en veut toujours,
j’aurais tout donné pour partager ce bonheur. Les hommes
dansaient, les femmes chantaient et les enfants étaient
euphoriques. Et nos couleurs revirent le jour et reprirent leur
place au ciel, Blady… »
BOUCHELAGHEM NEILA, Seconde A