s Une nouvelle réglementation pour les accueils
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La lettre des directeurs de centres de loisirs Francas ➜ numéro 5 ➜ Oct./déc. 2006 Une nouvelle réglementation pour les accueils A vec les nouveaux textes parus, l’Etat confirme son rôle protecteur vis-à-vis des enfants accueillis à l’occasion des vacances scolaires et des loisirs. Il impose aux organisateurs et aux équipes d’encadrement un cadre de règles et de normes dont la fonction est d’assurer la protection physique et morale des enfants, et de donner ainsi aux familles les garanties qu’elles sont en droit d’attendre. Tradition française, héritage culturel, sur lesquels l’organisation matérielle et pédagogique des séjours en Centre de Vacances et de Loisirs se construit depuis des décennies. Si ces textes n’amènent sur le fond que peu de changements, certaines dispositions sont empreintes de la volonté de renforcer encore la sécurité des enfants vis-à-vis des questions de mœurs. Le traitement par les médias des affaires de pédophilie n’est sans doute pas étranger à cette forme de pression qui entoure toute activité relative à l’accueil d’enfants. Il n’est donc pas surprenant que les auteurs des textes aient cherché à prendre des précautions supplémentaires. Ce qui explique que toutes les activités, dès lors qu’elles comportent une nuitée, doivent faire l’objet d’une déclaration spécifique. Le caractère éducatif des séjours est confirmé, il est posé comme indissociable du cadre protecteur, et nous ne pouvons que nous en réjouir. En quelques années, au fil des textes parus, la responsabilité de la personne morale organisatrice s’est plus clairement affirmée et précisée dans plusieurs domaines : cadre matériel, projet éducatif, information des familles. Cela peut être lu comme un renforcement des obligations qui pèsent sur les organisateurs sans dire pour autant que les équipes d’animation soient déchargées de leurs prérogatives. A ce propos, il est important que les directeurs de séjour établissent un protocole clair de relations avec le représentant de l’organisateur légal, afin de recueillir toutes les consignes et de connaître avec précision la latitude qui est la leur. Un travail préalable à l’organisation des séjours s’impose donc et doit donner lieu à des actes formalisés. A l’évidence, ce dialogue doit être maintenu durant tout le séjour. Les principales évolutions La création de nouvelles catégories, accompagnée d’un changement de dénomination (le centre de loisirs devient par exemple l’accueil de loisirs), constitue l’évolution majeure. Il faut également retenir la constitution d’une nouvelle forme d’accueil pour les adolescents de quatorze ans et plus. Celle-ci doit permettre le développement de propositions en direction de cette tranche d’âge. Contrairement à ce qui était autorisé par le passé, les activités camping en centres de loisirs devront faire l’objet d’une déclaration spécifique dès la première nuit. Cela est susceptible de contrarier les initiatives d’organisation de mini-camps à la semaine qui faisaient partie intégrante du programme de certains centres de loisirs. Enfin, l'absence de la notion de projet pédagogique dans les textes surprend. Bien au-delà de l’acte formel, le projet pédagogique est le résultat d’un travail collectif, porteur de sens, guide de l’action quotidienne, ciment de l’équipe. Il importe que nous sachions, au-delà des vicissitudes des textes réglementaires, continuer à faire vivre et à promouvoir cette notion tellement elle est liée à notre ambition éducative. © Xavier Renoux Entre Entre nous nous NUMÉRO SPÉCIAL RÉGLEMENTATION Le dossier traité dans ce numéro d’agrandir ! un autre regard sur les centres de loisirs, vise à la bonne connaissance et la bonne appropriation de cette nouvelle réglementation. Que chacun s’en empare et puisse assurer l’exercice de ses responsabilités en toute connaissance. ● Alain Favier, Délégué Général Adjoint des Francas 1 n° 5 - Oct./déc. 2006 Des questions… et des réponses Sont abordées ici les principales évolutions réglementaires relatives aux accueils de loisirs. Sans être exhaustive, cette rubrique est complétée par les recommandations aux organisateurs en page quatre. J Architecture de la réglementation usqu’à la loi DDOSEC (Diverses Dispositions d’Ordre Social, Educatif et Culturel) 2001-624 du 17 juillet 2001, la protection des mineurs hébergés hors du domicile parental était régie par le décret de 1960. Seuls les centres et placements de vacances étaient soumis à déclaration, les centres de loisirs entrant dans une procédure d’habilitation. Cette loi et les différents décrets en Conseil d’Etat (2002) et arrêtés d’application (2003) ont été modifiés par l’ordonnance du 1er septembre 2005 et le décret 2006-923 du 26 juillet 2006. La protection des mineurs accueillis hors du domicile parental est réglementée par : – Le code de l’action sociale et des familles dans sa partie législative : articles L. 227-4 à L. 227-12, et dans sa partie réglementaire R. 227-1 à R. 227-30 qui constitue le cœur de la réglementation. – Le code de l’éducation : article L. 113-1 relatif à l’âge de scolarisation. – Le code de la santé publique : articles L. 2324-10 à L. 2324-15 relatifs aux établissements d’accueil des enfants de moins de six ans. – Le code du sport : articles L. 212-1 à L. 212-8, relatifs à l'encadrement des activités physiques et sportives. La nouvelle réglementation crée trois catégories d’accueil : avec hébergement, sans hébergement et accueil de scoutisme. Le seuil minimum a été ramené à sept mineurs pour les accueils collectifs. Les organisateurs de centres de loisirs sont concernés par trois types d’accueil : les accueils de loisirs qui se substituent dans la dénomination aux centres de loisirs, les accueils de jeunes créés à cette occasion (voir question ci-après), et les séjours courts qui, dans l’approche du ministère, ont vocation à donner un cadre réglementaire aux mini-camps. L’accueil de jeunes est un accueil sans hébergement d’adolescents de plus de 14 ans. Il doit accueillir de 7 à 40 mineurs pendant 14 jours au moins pour être déclaré. Cette nouvelle réglementation est applicable au 1er septembre 2006. Un premier arrêté d’application relatif aux séjours spécifiques est paru au Journal Officiel du 9 septembre 2006. Deux autres arrêtés relatifs aux modalités de déclaration des accueils et des locaux hébergeant des mineurs devraient paraître rapidement pour permettre l’application complète du texte. Plusieurs autres arrêtés devraient venir préciser l’application de ce texte. Nous précisons ci-après l’objet du texte et les articles du code qui seront ainsi énoncés. – Concernant le suivi sanitaire, liste des renseignements d’ordre médical et conditions d’organisation du suivi : articles R. 227-7 et R 227-9. – Concernant les activités physiques et sportives, aménagement des espaces, matériel, équipement et encadrement : articles R. 227-10 et R. 227-13 – Concernant l’encadrement, liste des qualifications, liste des agents de la fonction publique, conditions d’aménagement des fonctions de direction, exigence de qualification professionnelle, listes des titres et diplômes étrangers et constitution du dossier d’équivalence : articles R. 227-12, R. 227-14, R. 227- 17, R. 227-21 et R. 227-22. – Concernant la communication du projet éducatif aux représentants légaux des mineurs : article R. 227-26. ● n° 5 - Oct./déc. 2006 2 Quelles sont les différentes catégories d’accueil ? Qu’est-ce qu’un accueil de jeunes ? L’accueil de jeunes est un accueil sans hébergement d’adolescents de plus de 14 ans. Il doit accueillir de 7 à 40 mineurs pendant 14 jours au moins pour être déclaré. Cet accueil répond à un besoin particulier explicité dans le projet éducatif. Les conditions d’encadrement sont précisées dans une convention entre l’organisateur et la DDJS, (Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports) a minima un animateur qualifié ou un directeur qualifié si l’accueil se déroule sur plusieurs sites. Faut-il déclarer les mini-camps ? Oui il le faut, puisque les accueils avec hébergement sont déclarés dès la première nuit. De ce point de vue, même les veillées d’une nuit doivent être notifiées comme séjours courts. Pour les minis-camps deux solutions sont possibles : les déclarer comme séjours courts s’ils durent de une à trois nuits, l’encadrement étant celui de l’accueil de loisirs, le mini-camp étant considéré comme © Xavier Renoux un élément accessoire de celui-ci. Pour plus de trois nuits, c’est le cadre du séjour de vacances qui s’applique et rend obligatoire la présence d’un directeur. Y a-t-il des temps d’accueil exclus de la réglementation ? Quatre conditions sont nécessaires pour entrer dans le champ réglementaire : au moins sept mineurs, au moins quatorze jours consécutifs ou non sur une même année, une durée minimale de deux heures par journée de fonctionnement, une diversité d'activités organisées. Dès lors que les accueils répondent aux quatre conditions ci-dessus, ils doivent être déclarés. Pour les loisirs quotidiens, il faut prendre en compte l'intégralité des temps périscolaires sur une journée, en référence au projet éducatif. Pour les moins de six ans, qui est l’autorité compétente ? La nouvelle réglementation clarifie les champs de compétences respectifs des conseils généraux et de l’État au regard de la formulation retenue dans l’article L. 227-4 : « La protection des mineurs, dès leur inscription dans un établissement scolaire… est confiée au représentant de l’État dans le département. » C’est une approche pragmatique qui a prévalu, en ne fixant pas un âge déterminé, mais en renvoyant à la situation de l’enfant par rapport à sa scolarité. La mise en œuvre n’apparaît pas poser problème pour les accueils de loisirs quotidiens complémentaires à l’école du fait de la proximité. Pour les périodes de vacances, l’organisateur devra vérifier la situation d’inscription scolaire des enfants. Quels locaux doivent être déclarés ? Les locaux hébergeant des mineurs doivent faire l’objet d’une déclaration préalable. L’article R. 227-1 précise que c’est la personne assurant la gestion des locaux qui doit faire une déclaration préalable. Un arrêté à paraître prochainement fixera les modalités et les contenus de cette déclaration. Il convient de s’assurer que tout local hébergeant des mineurs a bien été déclaré, notamment ceux utilisés pour des hébergements ponctuels. Qui peut diriger ? La nouvelle réglementation rajoute les agents de la fonction publique, dans le cadre de leur mission, relevant des corps ou des cadres d’emploi dont la liste sera fixé Les locaux hébergeant des mineurs doivent faire l’objet d’une déclaration préalable. […] Il convient de s’assurer que tout local hébergeant des mineurs a bien été déclaré, notamment ceux utilisés pour des hébergements ponctuels. par arrêté. L’article R. 227-14 prévoit par ailleurs un aménagement de la fonction de direction, à titre exceptionnel, pour une durée limitée, dans des conditions qui seront également précisées par arrêté. Dans ce même article, un autre arrêté déterminera les seuils relatifs au nombre de mineurs et à la durée des accueils de loisirs qui nécessiteront une qualification professionnelle du directeur. Quelles sont les obligations concernant le suivi sanitaire des mineurs accueillis ? L’admission d’un mineur dans un accueil est soumise à la production d’un document attestant des vaccinations obligatoires et de renseignements d’ordre médical dont la liste sera précisée par arrêté. Un arrêté précisera également les conditions du suivi sanitaire par une personne désignée par le directeur de l’accueil. Quand la nouvelle réglementation est-elle applicable ? Dès le 1er septembre 2006. Toutefois, les déclarations effectuées par les centres de loisirs dans l’ancien cadre réglementaire, avant cette date, produiront effet jusqu’à la veille de la prochaine rentrée scolaire. Il convient également d’attendre la parution des différents arrêtés (cf. architecture de la réglementation) pour l’application intégrale de ce nouveau cadre réglementaire. ● 3 n° 5 - Oct./déc. 2006 Quelques recommandations aux organisateurs jours avant le départ. Ou alors, poursuivre l’organisation de camp de quatre nuits. Le mini-camp entre alors dans le cadre réglementaire des séjours de vacances avec toutes les contraintes d’encadrement propres à ce type d’accueil, concernant notamment la fonction de direction. Ces choix ne seront pas sans conséquence en terme d’organisation, d’activités donc de budget. Cette difficulté doit être portée auprès des directions départementales, tout comme la Fédération la porte auprès du ministère en faisant notamment valoir que cette mesure aura pour conséquence de restreindre le départ pour un grand nombre d’enfants et d’adolescents ne pouvant pas aller en vacances. Sur ce point, il est par ailleurs nécessaire de travailler avec les caisses d’allocations familiales afin que les systèmes d’aide développés sur fonds propres par celles-ci, soient compatibles avec les nouvelles normes réglementaires. D’autres difficultés apparaîtront certainement lors de la mise en œuvre de la nouvelle réglementation. N’hésitez pas à nous les transmettre sur www.francas.asso.fr pour que nous alimentions notre dialogue avec le ministère. ● Séjour court L’une des évolutions a un impact direct sur le projet développé par l’organisateur et les activités mises en œuvre : celle relative à la création d’une catégorie d’accueil avec hébergement de une à trois nuits, le séjour court. Cette mesure impacte directement les minis-camps d’une semaine, de quatre nuits, que ne manquent pas d’organiser un grand nombre de centres de loisirs de notre réseau. Deux possibilités s’offrent aux organisateurs pour continuer à réaliser ces activités. La première, rentrer dans le cadre réglementaire des séjours courts en limitant le camp à trois nuits. Le séjour est alors un élément accessoire du centre de loisirs, l’encadrement est le même et la déclaration doit être faite huit un autre regard sur les centres de loisirs – la lettre des directeurs de centres de loisirs Francas – N° 5 – Octobre/décembre 2006 – Trimestriel – N° ISSN 1778-9885 – Directeur de la publication : Philippe Deplanque – Responsable de la lettre : Didier Jacquemain ([email protected]) – Animatrice de la rédaction : Nadia Astruc ([email protected]) – Ont contribué à ce numéro : Patrice Arnoux, Alain Favier, Didier Jacquemain, Cristophe Louis, Claude Thiriet – Maquette : – Impression : Paton Imprimeur – 71, av. du Maréchal Leclerc – 10120 Saint-André-les-Vergers – Les Francas : 10-14, rue Tolain – 75980 Paris Cedex 20 – Tél : 01 44 64 21 53 – Fax : 01 44 64 21 11 – www.francas.asso.fr Ce supplément accompagne la lettre loisirs éducatifs & territoires et est distribué aux organisateurs locaux d’activités. n° 5 - Oct./déc. 2006 4 © Xavier Renoux L e projet d’arrêté relatif à la déclaration des accueils prévoit une déclaration sur l’honneur de l’organisateur, de connaître les dispositions réglementaires. Cette mesure nouvelle rappelle à la personne morale organisatrice une obligation de moyens pour prouver, tant pour elle que pour l’équipe qui va diriger et animer l’accueil, la connaissance de la réglementation. Concernant les obligations réglementaires, il apparaît nécessaire d’insister sur quelquesunes d’entre elles. Ainsi, le troisième alinéa de l’article L. 227-5 indique : « Les personnes organisant l’accueil des mineurs… sont tenues d’informer les responsables légaux des mineurs concernés de leur intérêt à souscrire un contrat d’assurance de personnes… » Au-delà de l’obligation d’assurance de l’organisateur, l’obligation précisée ici est une obligation d’information des parents ou responsable des mineurs accueillis. Il en est de même de l’information relative au projet éducatif ; un arrêté précisera les modalités de cette information. Par ailleurs, comme mentionné en pages 2 et 3, les séjours avec hébergement sont déclarés dès la première nuit, tous les locaux hébergeant des mineurs devant être déclarés préalablement. Ces deux mesures conjuguées auront un impact direct sur les veillées organisées par les centres de loisirs durant les vacances. Celles-ci devront être déclarées huit jours avant, les locaux dans lesquels seront hébergés les mineurs à l’occasion de celles-ci devant eux, être déclarés deux mois avant. La parution d’une nouvelle réglementation constitue une évolution importante du cadre d’accueil des mineurs dans nos activités. S’il convient, bien entendu de l’appliquer dans son intégralité, il faut également percevoir les évolutions qui peuvent nécessiter une vigilance renforcée pour l’organisation des activités et la mise en œuvre du projet. Au-delà des réflexions, commentaires, explications, analyses figurant dans les pages précédentes, nous souhaitons insister sur certains points dont il faut s’emparer le plus rapidement possible. En modifiant la dénomination des structures et en créant de nouvelles formes d’accueil, le concept de centres de loisirs s’installe dans l’histoire mais restera, sans aucun doute, la référence pour les organisateurs qui demain mettront en place des accueils de loisirs, des accueils de jeunes et des séjours courts. Le centre de loisirs restera également la référence des enfants et de leurs familles.