Hors la loi
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Hors la loi
Titre Hors-La-Loi de Régis Duqué (2010) Editions Lansman. Prix Sony Labou Tansi 2012 Présentation de biographiede Régis Duqué l'auteur Ses œuvres dans le domaine des arts de la scène : 2006 Modèles vivants ; 2007 Les bords de mer ; 2007 La cathédrale ; 2005 Hors-la-loi ; 2001 Dans le noir ; 1998 Compelotage ou se faire mettre en scène ; 2009 Les héros Il est lauréat des Prix de la critique 2011, dans la catégorie «auteur» et lauréat du prix Sony Labou Tansi 2012. Cadre spatioDans une ville imaginaire de l'Ouest américain appelée Bodie temporel représentative de n'importe quelle ville du far west. Le temps est indéterminé, imaginaire, il nous ramène à l'époque de la conquête de l'ouest et à l’enfance. Espace/temps du mythe et de l’enfance Résumé L’Histoire puisse sa source dans tous les récits, films de la conquête de l'ouest américain. Monsieur Ripley veut quitter Boston, il rêve d'aventures et brûle de connaître l’Ouest, celui des lectures de son enfance. Il part avec William Blake, pour mettre de l’ordre dans la ville de Bodie. Ils vont rencontrer Frank, le caïd local, Lulu qui travaille à l’étage du saloon, et Pearl, l’institutrice du coin... Bref, tous les ingrédients du western classique sont présents. Mais confrontés à la réalité de l’aventure que va-t-il rester du mythe ? Structure Un western (moderne) en trois parties (arriver, attendre, partir), un prologue, vingt et une scènes (non numérotées). Alternances de scènes d’intérieur (la prison...) et de scènes d’extérieur (les abords de la ville) ; alternances de répliques courtes et de longues tirades ; confrontation des personnages par couples/deux, et alternances de duel et de duo. Seule la dernière scène les met tous en présence. Chronologie brisée par les références au passé et en même temps progression logique de l’histoire. Thématiques Cette parodie de western questionne avec humour et férocité les représentations et les rêves de l'enfance. C’est aussi une remise en cause de la notion de héros et de ses valeurs. Elle propose des questionnements sur l’amour, la loi, la règle, la transgression et une déconstruction du mythe moderne du western comme modèle social et moral. Ce texte propose aussi une réflexion sur le théâtre comme jeu (de rôle, de mots...) Personnages William Blake, le shérif, le bon, celui qui est du côté de la loi, incorruptible, cultivé (il lit Phèdre). Il ne doute pas un instant du bien fondé de la loi Frank, le Hors-la-loi, le méchant. Grand séducteur, assez bavard. Lulu la « fille » du saloon qui cherche l’amour. Pearl, l’institutrice, rêveuse, romantique, elle cherche le grand amour elle aussi. Amoureuse de William Blake, elle est la rivale de Lulu. 1 PREAC « Ecritures Francophones et Théâtre » - 2014 Monsieur Ripley, le naïf, un peu nigaud. Il veut vivre de grandes aventures mais tremble comme une feuille à la moindre action Langue Langage moderne et familier voire violent parfois comme il sied aux personnages de ces contrées sauvages et aux mœurs rudes mais ils ne sont pas pour autant dépourvus de délicatesse, de sentiments. Echanges de répliques courtes qui alternent avec de longues tirades narratives. Jeux sur le langage, les mots fusent comme des balles ; joutes verbales au rythme rapide comme on a la gâchette facile. Éléments scéniques Voir : atelier. On imagine assez facilement les costumes et attitudes des personnages ; les lieux sont évidents mais ces archétypes laissent une très grande liberté d’adaptation. Niveau de difficulté Facile et amusant. Texte plein d'humour et de références connues au western et à ses stéréotypes facilement repérables. 2 PREAC « Ecritures Francophones et Théâtre » - 2014 Extraits significatifs A table au saloon. Le soir est tombé. William Blake est en train de manger. Frank : Salut. William Blake : Salut. Frank : Ca va ? William Blake : Ca va. Frank: C’est bon? William Blake: Ca va. ……( longue tirade de Frank)… William Blake : Tu me casses les couilles, Frank. Ferme un peu ta gueule et laisse moi manger. Frank : Fais attention, étranger, si je cause, c’est une ruse pour ne pas être violent. J’essaye de te convaincre gentiment mais si tu es rétif à la psychologie, je pourrai devenir un peu plus nerveux. William Blake : Je ne viens pas toucher aux filles, elles ne m’intéressent pas, ferme ta gueule et laisse-moi manger. (Franck sort une arme et la dépose sur la table) Frank : je n’ai peut-être pas été assez didactique. (William Blake sort un revolver à son tour) William Blake : Arrête de faire le mariolle et indique-moi plutôt le bureau du shérif. Frank : le bureau du shérif ? William Blake : Le bureau du shérif. Franck : Ah ah ah ah....Tu sais pourquoi je ris? William Blake : Pourquoi tu ris ? Frank : Je ris parce qu’il n’y a pas de sheriff à Bodie, étranger. Il n’y a pas de loi, ici. Pas de modèle, pas de convenances, pas d’interdit. Pas de regard désapprobateur parce que tu ne serais pas comme on voudrait que tu sois. Rien ni personne pour nous dire comment faire. Ici on fait ce qu’on veut. Il n’y a pas de shérif à Bodie, il n’y en a plus depuis longtemps. William Blake : Je ne cherche pas le shérif, je cherche son bureau. Frank : Eh ! Eh, t’es qui toi ? pourquoi t’es ici ? William Blake : Je suis ici parce que la civilisation avance. Et quand la civilisation avance, la barbarie recule. Quand on arrivera à la côte, on la balancera à la flotte. Et elle ira nourrir les poissons. Parce que le nouveau shérif c’est moi, connard. Et je t’arrête. Dans dix jours, dix juges viendront te dire bonjour, et toute la ville fera une grande fête pour célébrer ton jugement. Passe ces menottes autour de tes poignets et montre-moi le bureau du shérif, on va enlever les poussières, te faire un petit coin douillet et attendre les juges. Car le nouveau shérif c’est moi, connard, et je viens de sonner la fin de la récréation. (fin de la récréation) Liens 3 PREAC « Ecritures Francophones et Théâtre » - 2014