suisse suisse - Midnight Sun Gallery
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12 SUISSE SUISSE LE MATIN SAMEDI 6 FÉVRIER 2016 13 SAMEDI 6 FÉVRIER 2016 LE MATIN LA BEAUTÉ SAISIE DANS LE FROID PHOTOGRAPHIE Surgis du blanc, les animaux polaires figés par l’objectif de Vincent Munier deviennent des estampes. Des images sublimes qui appellent à préserver la nature. il aime plus que tout se perdre dans les déserts glacés, ce n’est pas par masochisme. Le photographe animalier Vincent Munier aime ces contrées hostiles où, pourtant, des espèces résistent et S’ survivent. Pour trouver le loup blanc, que personne n’avait plus immortalisé depuis 25 ans, il n’hésite pas à partir seul, des semaines, avec un traîneau, sur les pistes de ses proies. C’est autant une traque de la beauté sauvage qu’une recherche personnelle sur lui-même. De ce travail de plusieurs années, la plupart du temps en solitaire, il en a tiré un livre, «Arctique». Mais sa plus récente expédition l’a emmené à l’opposé du globe, en Antarctique. «J’ai été invité dans le cadre du projet Wild-Touch, du réalisateur de «La marche de l’empereur», Luc Jacquet.» L’idée était de donner carte blanche, c’est le cas de le dire, à des photographes et réalisateurs pour mettre en avant le manchot empereur. La curiosité des manchots Pas évident, pour le solitaire vosgien Vincent Munier de se retrouver trois mois avec une équipe d’une dizaine de personnes et des scientifiques dans «ARCTIQUE» Ed. Kobalann Expo «Arctique/Antarctique», Galerie Midnight Sun, à Morges (VD), jusqu’au 12 mars Photos Vincent Munier, Yvain Genevay PHOQUE BARBU Malgré son nom, c’est la moustache de cet animal de l’Arctique que Vincent Munier prend en gros plan. L’une de ses rares photos où le blanc ne domine pas. g Comme ils ne sont OURS POLAIRES C’est le seul animal que Vincent Munier n’a pas approché directe ment. Les photos sont prises depuis un bateau, car le risque d’attaque est trop grand. pas chassés, ces animaux se laissent approcher» Vincent Munier, photographe la base de terre Adélie. «Mais j’ai inversé mes horaires, partant la nuit à la rencontre des manchots.» Et, contrairement à l’Arctique, pas besoin de traquer ces animaux. «Je ne m’éloignais pas à plus de 5 km de la base. Quand ils me voyaient arriver, debout comme eux, ils s’approchaient, curieux, mais pas effrayés, car ils ne sont pas chassés.» La difficulté n’était donc pas dans l’approche, mais dans la beauté de l’image. «Contrairement à d’autres brèves rencontres, ici j’avais tout le temps et me trouvais au milieu d’eux. Il fallait donc trouver des angles différents. J’adorais les moments de tempête, car ils disparaissaient presque dans le blanc. Ce qui m’a le plus touché chez eux, c’est leur solidarité, leur manière de se regrouper pour se protéger du froid.» Des dangers pèsent sur la nature, dont le réchauffement climatique. Mais Vincent Munier n’est ni un scientifique ni un photojournaliste. «Je n’aime pas photographier les drames ou les dégâts causés par l’homme. Je cherche à montrer la beauté du monde, dans l’espoir qu’elle sensibilise les gens.» Ses photos, en tout cas, sont appréciées et se vendent cher. «C’est, avec les livres, ma seule façon de financer mes expéditions. Les gens qui les achètent sont donc un peu mes mécènes.» ● MICHEL PRALONG [email protected] MANCHOTS EMPEREURS Passant des heures au milieu d’eux, le photographe privilégiait les moments de tempête, qui les faisaient ressortir tels des fantômes.