Dossier presse Tout contre Léo – Terra Incognita

1
Dossier presse Tout contre Léo – Terra Incognita
Jean-Claude Collot, La lettre du spectacle, Spécial off
Le sujet, un enfant de dix ans qui apprend que son grand frère a le sida, est
bourré de pièges que Stéphane Fiévet a évité en faisant un spectacle alerte et
joyeux. Il s'appuie sur un beau texte littéraire et une scénographie inventive. Je
me suis régalé. C'est en plus un petit spectacle qui peut se balader facilement…
La Provence – mercredi 26 juillet 2000 - Aurore Laurent
La bouleversante histoire de "Tout contre Léo"
Apprendre que Léo, son grand frère chéri, va mourir du sida et faire semblant de
l'ignorer, voilà qui est difficile pour P'tit Marcel, 10 ans. Ce premier roman de
Christophe Honoré nous livre la peur, l'incompréhension et la révolte d'un enfant
face à la maladie et à la mort. Sans morale, cette pièce laisse le champ libre aux
réflexions enfantines et innocentes mais non dénuées de tendresse, à travers ses
jeux, ses instants de solitude, ses moments quotidiens. On a envie de pleurer, de
rire en voyant cette interprétation magnifique, rythmée par des sons de cloches,
cet humour empreint d'émotion vraie. Et la vie continue mais P'tit Marcel
n'oubliera pas Léo.
Aurore Laurent
Zoé Lin, L'Humanité
Quand j'avais dix ans…
Chronique. Christian Ruché se glisse dans la peau d'un enfant confronté
au monde des adultes. Et du secret.
Marcel, dit P'tit Marcel, a tout juste dix ans. Dernier d'une grande fratrie, Tristan,
vingt et un ans, Léo, dix-neuf ans, et Pierrot, dix-sept ans, il fait figure de Petit
Poucet : vif, malin, blagueur, débrouillard. Un môme bien dans ses baskets avec
ses histoires de cours de récré qui sentent la bagarre et les chamallows, les
histoires de filles à la vanille et de gars au chocolat. Tout bascule le jour où il
surprend sa famille qui tient conseil dans le salon. Léo a le sida. Surtout, ne rien
révéler au benjamin.
Histoire d'une chronique familiale, Tout contre Léo est d'abord une pièce sur le
tabou, le poids du secret et le non-dit. L'écriture de Christophe Honoré, jeune
auteur d'une trentaine d'années, est d'une rare intelligence. Le ton est juste,
évitant la surenchère dans le pathos, le rythme est soutenu, alerte. La
construction narrative s'articule autour du long monologue intérieur d'un petit
garçon de dix ans qui fait une entrée précipitée dans le monde des adultes.
Mettre en scène et interpréter ce texte était plus que périlleux. Stéphane Fiévet
et Maija Junno signent une mise en scène d'une étonnante fluidité qui contraste
avec l'intensité du propos, réalisant un travail d'une rigueur qui fait la part belle
Dossier presse Tout contre Léo de Christophe Honoré – Compagnie Terra Incognita – droits réservés.
2
au texte. On ne peut que saluer la performance de Christian Ruché, acteur à
l'énergie intérieure époustouflante, qui s'empare à bras le corps et le cœur de ce
personnage. Rien de plus difficile, que de donner à entendre ces mots d'enfant
qui butent contre le monde des adultes tels les papillons viennent brûler leurs
ailes aux lumières de la nuit. Entre fragilité et vitalité, entre rêve et réalité, le jeu
de Christian Ruché est un bel exercice de style en la matière. Seul, debout sur la
scène plongée dans le noir, il tourne autour d'une porte qui bascule parfois pour
évoquer la table des repas de famille, sa chambre ou celle d'un petit hôtel d'où il
aperçoit le Génie de la Bastille. Il est Petit Marcel, le père, la mère, ses frangins,
Mémère et même son copain Yvan, complice de ses quatre cents coups. Tout
repose sur une gestuelle parfaitement maîtrisée et sur la voix, modulée au grés
des différentes interprétations. On est dans le registre de l'émotion continue,
loin de toute grandiloquence. Un manipulateur dans l'ombre (Michel Thuillier)
ponctue le propos par des apparitions furtives et opportunes. Un spectacle où la
violence de la réalité n'empêche ni le rêve ni le rire.
H. K., Politis
Adapter un premier roman pour la scène n'est jamais évident. Ce court récit,
déchirant d'humanité et de justesse, est composé par Christophe Honoré, un
écrivain de trente ans, bourré de talent (il vient de signer La Douceur, une autre
histoire sur l'enfance), dont l'écriture, précise et percutante, se prête très bien à
la scène. Comment faire semblant de ne pas entendre que son frère Léo est
malade du sida. P'tit Marcel, dix ans, va au bout de cette gageure, sauve les
meubles de la famille, colmate les brèches du désespoir. Le comédien Christian
Ruché interprète le monologue dans une scénographie sobrissime qui joue
ingénieusement de la manipulation d'objets. Un beau moment de théâtre.
La Marseillaise, 19 juillet 2000, (extrait)
Chronique d'une journée presque ordinaire
C'est la vocation du théâtre que de représenter l'infinité des "choses humaines"
comme dirait Aragon. Marcel est un petit garçon comme les autres, dans une
famille comme les autres. Jusqu'au jour où tout va basculer, lorsque par
accident, il va apprendre que son grand frère Léo est atteint du sida. Dans la tête
de celui qu'on appelle Pti Marcel, un grand désordre va s'installer et tant de
questions vont se bousculer.
Comment comprendre quand on a 10 ans que le frère adoré, beau et protecteur
va souffrir et sûrement mourir ? C'est pas un sujet pour les enfants disent les
parents, et puis la honte, le malaise. Alors Marcel devra se débrouiller tout seul
face à cette épreuve et la force vitale de l'enfance permettra de la surmonter. Il
fallait tout le tact de Stéphane Fiévet et de Maija Junno pour restituer sur les
planches le beau texte de Christophe Honoré. Il fallait toute la délicatesse de
Christian Ruché pour nous rendre sensibles les réflexions du petit garçon. Aux
antipodes du mélodrame et de la sensiblerie, la Compagnie Terra Incognita fait
œuvre d'utilité publique.
Dossier presse Tout contre Léo de Christophe Honoré – Compagnie Terra Incognita – droits réservés.
3
Micheline Servin, Les Cahiers de l'ORCCA, Janvier / Mars 2000, (extrait)
(…) A l'origine de ce monologue qui aborde sans ambages des données de la vie
courante est un roman de Christophe Honoré, un de ces auteurs, peu nombreux,
qui tiennent leurs jeunes lecteurs pour des êtres responsables et informés. (…)
L'idée est de proposer le théâtre mental et ludiquement concret d'un gamin
déluré que Christina Ruché joue avec cette justesse des acteurs qui savent créer
un enfant, peut-être même désenfouir l'enfant qui persiste en chacun. Evitant le
piège de gros trait et de la caricature, il fait oublier son âge : un personnage
existe, drôlement touchant, qui s'adresse au public, souvent pris à témoin. (…)
Pierre Challier, La Nouvelle République des Pyrénées, 14 mars 2001,
(extrait)
"Léo de hurlements"
UN THEATRE JEUNE PUBLIC QUI CRIE JUSTE
C'est un soir comme les autres pour P'tit Marcel. Sauf qu'à l'heure du bisou,
comme il descend de sa chambre, il entend un drôle de silence dans la cuisine.
Papa et maman qui sanglotent. Et son grand frère adoré, Léo, disant soudain
qu'il a 19 ans et que c'est trop jeune pour crever du Sida…
Mais à cette première bombe reçue en pleine gueule s'en ajoute une seconde.
Encore pire pour le gosse. La conjuration du silence immédiatement ourdie par
les grands. A 10 ans "P'tit Marcel ne doit rien savoir". Trop petit pour
comprendre…
Le non-dit imposé… La vraie violence pour lui. Celle qui transforme le choc en
traumatisme. Celle qui va ruiner son quotidien comme la famille continue à faire
semblant. Léo va mourir mais tout va très bien, P'tit Marcel, parce que les grands
pensent que tu ne sais pas…
Alors comme son univers s'effondre, P'tit Marcel se révolte. Avec un hurlement
d'autant plus douloureux qu'il ne peut pas sortir.
Indicibles les raisons de sa colère d'enfant ne pardonnant pas la veulerie des
grands. Inexplicables au copain Yvan ses caillasses jetées comme des appels au
secours dans les baies vitrées…
Mots crus, durs… mais des mots vrais pour dénoncer des vrais maux. Le secret
qui conduit au mensonge. Le non-dit à la violence…Toute la force du texte de
Christophe Honoré, adapté ici par la Compagnie Terra Incognita et fortement
porté par Christian Ruché, qui vous scotche dans le fauteuil avec ce formidable
monologue. (…)
Terrible de justesse tant cet enfant, parlant à d'autres enfants, avec ses mots de
récré, fait mouche et surtout ne prend pas les gamins pour des bébés. Parce
qu'ils ne sont jamais trop petit pour comprendre, pour peu qu'on veuille, qu'on
sache leur expliquer. Bref qu'on fasse confiance à leur intelligence. Ce qu'a fait ici
la Fol Jeune Public. Chapeau.
Dossier presse Tout contre Léo de Christophe Honoré – Compagnie Terra Incognita – droits réservés.
4
Jean-Ph. Faure, Agora Pièces, (extrait)
Voici une réalisation théâtrale bien étrange, qui laisse songeur : un texte au
départ de Christophe Honoré, redoutable d'efficacité et de science de mimétisme,
c'est à dire de la reconstitution minutieuse d'un univers particulier, celui d'un
garçonnet de dix ans. Cet univers est censé être vu de l'intérieur. Mais c'est là
qu'il faut s'y prendre à deux fois, y regarder de plus près. Car le fait de réaliser
un monologue en faisant parler le petit Marcel à la première personne est un
procédé délicat, avec risque de fausses pistes où s'égarer en chemin.
Déroulement scénique et partis pris dramaturgiques nous placent en situation de
voyeur, voyeur du monde au travers des yeux de P'tit Marcel. Mais voilà
l'extrême habilité de l'auteur est de ne pas s'être totalement fondu dans cet
univers : des tas de tournures qu'emploie le petit Marcel ne sont pas "de son
âge", relèvent d'un parler adulte. (…) Le principe du texte est de faire passer le
monde par le petit trou d'aiguille de la psychologie de l'âge visé, le tout étant de
gérer les inévitables distorsions, de savoir habillement les escamoter et c'est le
cas.
(…) Le jeu sur un espace fortement restreint, souligné par un éclairage intimiste
symbolise le monde en modèle réduit de l'enfant dans la tête duquel nous
sommes invités à nous transporter. Des mains apparaissent dans des castelets
placés à l'arrière plan, produisant des bruits divers, renforcent la sensation
d'irréalité et de percée dans l'onirique et l'improbable. L'ambiance est celle de la
confidence, comme un confessionnal dont le public est partenaire, le ton est
même parfois celui du chuchotement. La prestation de Christian Ruché est
stupéfiante, rendant la transposition parfaitement crédible. Un portique à
transformations, avec une surface à bascule translucide constitue un élément
simple dans le paysage mais qui fait merveille, servant à l'occasion de surface
de projection pour des ombres chinoises (matérialisant le dédoublement en cas
de dialogues). (…)
Réaction du public.
Marcel est le petit frère de Léo, il a dix ans, et comme tous les enfants, il a peur
du noir. Une nuit, avant d'aller se coucher, le petit Marcel va dans la cuisine pour
avoir son bisou du soir, mais il surprend ses parents dans une discussion où il est
question de Léo et d'une maladie qu'il aurait contractée ... Léo est donc
séropositif, il a le sida, ce n'est pas important paraît-il de savoir comment cela lui
est arrivé, mais quand vat-il mourir? Il n'a que dix neuf ans! Léo, est un
révolutionnaire, un réactionnaire, c'est le papa qui le dit, mais que pourrait
comprendre un enfant haut comme dix pommes sur les véritables conséquences
qu'engendre une telle maladie ? Pour Marcel, Léo c'est le plus beau, c'est celui
avec lequel il va s'identifier ... P'tit Marcel dit qu'il a des douleurs à la poitrine, lui
aussi est malade et demande un peu d'attention ...Marcel semble vouloir pleurer
avec raison, mais il ne veut pas croire que son frère est sur le point de mourir.
Que se passe-t-il dans la tête d'un enfant dans ces cas là ? Marcel est seul avec
son secret, il ne dit pas qu'il est au courant, mais il fait toutes les bêtises pour se
Dossier presse Tout contre Léo de Christophe Honoré – Compagnie Terra Incognita – droits réservés.
5
faire remarquer. Le personnage de p'tit Marcel qui n'a que dix ans est interprété
par un homme qui doit bien avoir un demi-siècle, et pas un instant cet écart ne
m'a dérangé car j'avais, au delà du texte, qui est important, le sentiment de
revivre mon enfance ...Yahia MESBAH
Dossier presse Tout contre Léo de Christophe Honoré – Compagnie Terra Incognita – droits réservés.