Pris au piège - Ecole Sainte Famille
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Pris au piège - Ecole Sainte Famille
Chapitre 1 Chapitre 1 En ce beau jour d’automne de l’année 1350, quatre pèlerins marchaient sur le chemin qui marquait la limite du Comté de Chaudefour, sans dire un mot. A leur allure, on comprenait tout de suite que c’était des pèlerins. Ils en portaient l’habit : un chaperon et une cape beige qui allait jusqu’à leurs pieds. Par-dessus leurs capuches, leurs têtes portaient un chapeau décoré d’une coquille st Jacques. Ils s’appuyaient sur des longs bâtons qui les aidaient à marcher. Le premier s’appelait Jean. C’était le plus gros des quatre. Malgré un sac qui paraissait lourd, il marchait la tête haute, bien droit sur ses jambes. Il semblait plein d’énergie et son ventre rebondi laissait penser qu’il aimait la nourriture. Sa carrure était impressionnante et ses épaules supportaient un cou si large qu’il rappelait celui des bœufs quand il tirent une charrue. Une impression de puissance se dégageait de l’homme. Derrière lui, marchant, l’un à coté de l’autre, suivaient deux autres hommes. 1 Chapitre 1 L’un d’entre eux s’appelait Henri. Il était chauve et avait des besicles épaisses. Cela lui donnait l’air intelligent. Son ami, Arthur, était petit. Il avait les cheveux noirs et très bien coiffés. Quant à Charles qui fermait la marche, il aimait rigoler. *** A droite du sentier, une ronce colorée embellissait la lisière de la forêt. Dix pas, plus loin, en s’enfonçant dans la forêt, de majestueux chênes au feuillage coloré se dressaient parmi les grands bouleaux aux troncs blancs et aux feuilles jaunes. Plus loin, de grands arbres marron clair s’élevaient très haut dans les airs. C’était des hêtres. A gauche du chemin, un joli ruisseau se jetait dans une petite cascade qui rejoignait un nouveau cours d’eau. Les champignons et la mousse sentaient la terre brune. Dans un sapin, à côté d’un petit buis, les branches s’alourdissaient de nombreuses pommes de pin. Un petit écureuil grignotait son gland à moitié biscornu. De grands arbres recouverts de feuilles orange abritaient la rivière de leurs branches basses. Au milieu, le large sentier, dont les bas-côtés étaient couverts de feuilles mortes, traversait la forêt en serpentant. Il présentait un aspect boueux et de grandes ornières creusaient le chemin, le rendant 2 Chapitre 1 impraticable par endroits. Une odeur de champignon et de châtaignes flottait dans les airs en chatouillant les narines des pèlerins. « Tu es à la traîne Arthur. Ça ne va pas trop? demanda Jean. — Non, mais, dans quelques mois, je pense que ça va être dur! grogna Arthur. — Que veux-tu dire? — Bah, quand on passera les Pyrénées pour aller à Compostelle, répéta Arthur, ce sera sûrement difficile! — Oh ! Ça me rappelle ce gars qu’on a croisé hier à l’abbaye où nous avons dormi. Qu’est-ce qu’il racontait comme bêtises ! s’exclama Henri. — Oui. Il était bien prétentieux ! confirma Charles. D’ailleurs, il a fini par se faire renvoyer de l’église! — Oui ! On a bien ri, en effet, mais cela ne doit pas nous faire oublier notre mission… — Au fait, ce n’est pas trop lourd, dans ton sac? demanda Henri en s’adressant à Charles. — Non, pas trop lourd. Mais tu devrais être plus discret quand tu parles de ce sac ! On pourrait nous entendre, Henri! … — Tu as raison, répondit Henri en baissant la voix. Il vaudrait mieux être moins bavards. 3 Chapitre 1 — Je commence à m’inquiéter pour ce soir ! dit Jean, changeant brusquement de conversation. Où allons nous nous arrêter pour dormir ? — Nous trouverons bien une église ! répondit Arthur. — Oh, j’ai faim ! On peut s’arrêter pour manger? demanda Jean en écoutant son ventre gargouiller. — Oui tu as raison, il est midi. Répondit Arthur en marchant la tête haute. — Ici il y a des pierres plates. Nous pourrions nous y arrêter pour préparer notre repas, proposa Jean. — Moi je veux bien faire le feu avec Charles. Proposa Henri en se grattant la tête. Et vous, vous pouvez ramasser des châtaignes et des champignons. — Je préfère faire la cueillette ! s’écria Charles. » Et les quatre pèlerins firent donc halte. Ils commencèrent à s’affairer pour préparer leur repas. Dans les sous bois, Charles et Jean étaient occupés à la recherche de nourriture. « Tu n’as pas oublié le jambon, Jean ? demanda Charles en se penchant pour ramasser un gros cèpe. — Je n’aurais pas pu égarer cette cuisse de cochon répondit l’autre. » 4 Chapitre 1 Vingt minutes plus tard, Jean, Arthur et Charles arrivaient avec de délicieux champignons et châtaignes. « A table ! » dit Henri en les voyant arriver avec plein de bonnes choses. Après avoir fait cuire tout cela dans le feu qu’Henri avait préparé, ils s’installèrent sur les pierres plates et mangèrent. «Mmm. C’est succulent ! Je veux bien en reprendre. » dit Jean en faisant des ronds sur son ventre. Pendant qu’ils mangeaient tranquillement leur jambon et leurs champignons autour du feu qui pétillait, Charles prit la parole : « Comme il est long ce voyage! — Et on n’est pas encore arrivé ! Il nous reste de longs mois de marche avant d’être à Compostelle ! ajouta Jean. — Et dire qu’il y en a qui font le voyage sur les genoux ! murmura Arthur, rêveur. — Ça ne fait qu’un mois qu’on est parti et j’en ai déjà marre de manger des champignons et des châtaignes tous les midis ! s’énerva Jean. — Ne t’inquiète pas, on mangera mieux ce soir dans un monastère, continua Henri. » 5 Chapitre 1 Pendant qu’Henri parlait, Jean rêvait de la nourriture qu’il mangerait le soir : deux gros jambons roses, des œufs bien cuits, douze grosses tomates, quatre pêches juteuses. « Et on dormira aussi mieux ce soir ! » s’exclama Henri. Et Jean se mit à rêver d’un bon lit douillet. Au Moyen Age, les pèlerins étaient, en effet, des personnes protégées. Ils étaient accueillis dans les abbayes, les monastères ou les simples églises. On les nourrissait et on les logeait pour la nuit. Le voyage était difficile et long, car il fallait franchir les Pyrénées, en particulier au col de St Jean Pied de Port. Plusieurs routes partant de France arrivaient à St Jacques de Compostelle : l’une partait de Paris, depuis Notre Dame, une autre partait de l’église de Vézelay, une troisième commençait au Puy en Velay, dans le Massif Central. Et enfin, un dernier chemin partait d’Arles, dans le sud de la France. Les quatre pèlerins qui cheminaient dans la forêt de Chaudefour venaient de plus loin. Il comptaient rejoindre la route de Paris. 6 Chapitre 1 Après le repas, Arthur proposa de faire la sieste. Henri était d’accord mais à condition que quelqu’un fasse le guet. « Qui pourrait faire le guet ? Demanda Arthur, en terminant ses fruits des bois. — Moi, dit Jean. Je finis mon jambon. — Moi j’aimerais bien dormir, mais ne vous inquiétez pas, le bruit ne me gêne pas, dit Arthur. — Eh bien moi, je veux du calme ! termina Henri. — Ça ne gêne personne que Jean mange pendant que l’on dort ? demanda Charles. — Si moi, coupa Henri. Je n’aime pas le bruit ! Donc essaie de ne pas en faire. — D’accord, dit Jean. Je vous promets que je ne dirai pas un mot » Et jean alla s’asseoir sur un gros rocher, près du feu, pour terminer son repas, pendant que les trois autres s’endormaient sous un arbre. En quelques instants, Arthur, Henri et Charles dormaient paisiblement, pendant que Jean finissait de manger. Autour d’eux, le silence s’installa. On n’entendait plus que des ronflements très légers car ils étaient cachés par le bruit du vent. 7 Chapitre 2 Chapitre 2 Derrière une grande colline parsemée d’arbres se trouvait le petit village de Ponthieu. Ce dernier comptait environ une quarantaine d’habitations regroupées autour d’une belle église romane. Ses habitants vivaient des jours heureux, sous la protection du sieur Clotaire du Castel dont on apercevait d’ailleurs le château. Les maisons construites en pierres jaunies par le temps étaient chaleureuses. Des animaux vivaient en liberté dans les ruelles pavées. Quelques poules étaient à la recherche de grains de blé, des corbeaux postés sur les toits se lançaient des cris et des pigeons entraient et sortaient sans cesse des nichoirs du pigeonnier qui se trouvait tout près de la sortie du village. Un peu sur les hauteurs se trouvait la fauconnerie. Un jeune homme d’une quinzaine d’années terminait de se préparer à la chasse un faucon. A en voir le soleil dans le ciel, il devait être presque midi. Le faucon se 8 Chapitre 2 posa sur le gant en cuir du garçon. Ce dernier se leva et se dirigea alors vers une porte sombre. Il l’ouvrit et se trouva devant deux escaliers en pierre : l’un montait tandis que l’autre descendait. Il s’engouffra dans celui qui montait. *** Cela faisait maintenant presque deux ans et demi que Geoffroy vivait dans cette fauconnerie. Accusé à tort par le fils du Comte de Chaudefour de l’avoir blessé, Geoffroy avait eu la chance d’être secouru par son ami Enguerrand. Ce dernier avait alors réussi à prouver l’innocence du jeune garçon et à le sortir de l’horrible cachot où il était emprisonné. Après cette mésaventure, Geoffroy ne pouvait plus vivre auprès du Comte, même si Ysengrin allait regretter son jeune écuyer. Enguerrand, maître fauconnier, l’avait alors pris sous son aile et l’avait formé à son métier. Depuis, Geoffroy s’occupait de la fauconnerie. Geoffroy était orphelin. Son père avait été tué lors de la bataille de Crécy en 1346. Sa mère, elle, avait succombé à la terrible peste noire. Enguerrand était désormais sa seule famille… 9 Chapitre 3 Enguerrand montait rapidement les escaliers en pierre de la fauconnerie. C’était un homme d’une cinquantaine d’années grand et musclé. Ses yeux d’un bleu étincelant brillaient à la lumière du soleil. Ses cheveux longs et bruns lui tombaient sur les épaules. Il arriva devant une petite porte de bois poussiéreuse qu’il ouvrit. « Bonjour, Geoffroy, s’écria-t-il de sa voix forte. Es-tu prêt pour partir à la chasse ? — Oui, répondit-il, j’ai préparé le faucon. Veux-tu manger un peu avant de partir ? — Volontiers, dit Enguerrand en s’asseyant. » Sur la table étaient posées deux tranches de pain et une petite motte de beurre. Enguerrand prit une tranche, la beurra à l’aide de son couteau et la mangea d’une bouchée. Geoffroy prit l’autre tranche et l’engloutit d’un seul coup. « Bon, on peut y aller maintenant, s’exclama l’homme. » Geoffroy ouvrit la porte qui laissa échapper un grincement sonore. Ils descendirent jusqu’à une petite cour. Le soleil les éblouit et les obligea à fermer les yeux 10 Chapitre 2 quelques secondes. Le sourire d’Enguerrand s’éclaircit aussitôt. « Regarde, Geoffroy, rien de tel que de partir à la chasse sous ce soleil merveilleux. — C’est vrai, approuva le jeune homme. — Bien, maintenant, préparons nos montures, dit enfin Enguerrand. » Ils firent quelques pas puis arrivèrent devant l’écurie. Geoffroy savait très bien monter à cheval. Très jeune, il avait été entraîné à l’équitation par un chevalier du Comte Ysengrin de Chaudefour, Jean de Fontignac. Il se dirigea vers le box d’un magnifique étalon d’un noir brillant. Il caressa affectueusement le cheval qui hennit en signe d’affection. Quand à Enguerrand, il marcha lentement jusqu’à son cheval qui était de couleur blanche. Ils traversèrent le village où se tenait un petit marché. Les paysans du coin venaient y vendre leurs œufs, leurs légumes et quelques animaux. Des artisans étaient aussi présents. Certains vendaient des paniers en osier, d’autres des chaises ou des tabourets… Tout le monde criait, chacun vantait sa marchandise. Geoffroy rencontra un de ses amis, le jeune Arthur, qui partait nettoyer avec son père et ses oncles les 11 Chapitre 3 douves du château du sieur Clotaire du Castel. Cela faisait des nombreuses corvées que les paysans devaient à leur seigneur… *** Dès la sortie du village, le paysage était ravissant. De magnifiques conifères plantés depuis des années poussaient sur les hauteurs des collines. Des minces ruisseaux dansaient parmi les arbres. Le soleil était rayonnant. L’immense château du seigneur Clotaire du Castel dominait les environs. Il datait de la fin du Xème siècle, à l’époque des premiers Capétiens. Il possédait le plus grand donjon de la région. Les remparts, même s’ils avaient une bonne épaisseur, étaient cependant un peu abîmés. De larges douves entouraient l’édifice. L’eau était noire à cause de la vase. Aucun poisson ne pouvait y survivre. D’ailleurs, un groupe d’hommes était en train de les nettoyer. Les hourds venaient d’être réparés car le bois semblait neuf. Sur le chemin de ronde, des soldats faisaient le guet car on se méfiait des soldats anglais. Le pont-levis était cependant abaissé. Clotaire du Castel avait une puissante armée composée d’une vingtaine d’arbalétriers et d’une trentaine de chevaliers. 12 Chapitre 2 Geoffroy et Enguerrand traversèrent une lande. Au loin, ils aperçurent des paysans qui travaillaient dans un champ. *** Le maître fauconnier et son jeune ami arrivèrent devant le champ de luzerne où travaillaient trois paysans. Ils étaient occupés à faucher de la luzerne. Le premier était très gros et rougeaud. Son nez était énorme et ses vêtements déchirés. Le second était sec et maigre. Il avait une verrue sur son nez crochu. Le troisième qui avait l’air grognon était de petite taille mais trapu. C’est d’ailleurs lui qui se mit à crier à l’encontre de Geoffroy et d’Enguerrand. *** « Eh, vous ne pouvez pas aller sur les sentiers comme tout le monde ! hurla le paysan. — Ce chemin est le plus rapide pour aller à la forêt, expliqua Enguerrand. — Et alors, c’est un champ, que je sache ! répliqua le paysan. — Ce champ est la propriété du sieur Clotaire du Castel, il n’est donc pas à vous ! Nous avons le droit de chasser 13 Chapitre 3 et donc de passer où bon nous semble ! rétorqua le fauconnier. — Et qui laboure les champs du sieur Clotaire ? Qui se lève à des heures impossibles pour aller travailler ? questionna le paysan. Nous, c’est nous ! continua-t-il. Et vous, que faites vous pendant ce temps ? Vous vous levez quand vous en avez envie, pendant que d’autres travaillent ! — Sachez, mon cher, que chacun a ses occupations, s’exclama Enguerrand. — Mais, oui ! Mais, oui, Allez donc à vos occupations et laissez nous nous échiner le dos dans ce champ de luzerne ! — Nous ne vous ferons pas perdre votre temps plus longtemps. Adieu, termina Enguerrand. » Le fauconnier et Geoffroy reprirent leur chemin, sous le regard noir des paysans. « Il n’avait peut-être pas tout à fait tort, risqua Geoffroy. — Oui, tu as raison… La prochaine fois, nous passerons par le sentier, répondit Enguerrand. » *** 14 Chapitre 2 Ils arrivèrent à l’orée de la forêt. « Geoffroy, observons-bien les alentours et essayons de trouver un endroit propice pour notre chasse. Tiens, regarde là-bas. Cet endroit me paraît pas mal du tout ! — D’accord, répondit joyeusement Geoffroy. » Et ils s’avancèrent vers l’endroit désigné. « Bon, récapitulons, dit Enguerrand. Aujourd’hui, on change les rôles. Moi, je vais essayer de te rabattre le gibier. Je m’enfonce un peu dans la forêt et j’essaie de débusquer des perdrix ou des lièvres. Toi, tu restes en dehors de la forêt et tu lâches le faucon dès qu’un animal sort de la forêt. — J’ai compris, dit Geoffroy, fier et heureux que son ami lui laisse le meilleur rôle. — Allez, j’y vais. Bonne chance ! » Et Enguerrand s’engouffra dans la forêt. 15 Chapitre 3 Chapitre 3 Jean mourait de faim. Pourtant, il avait déjà mangé beaucoup de jambon. Alors, il rechercha quelques restes de champignons, dans le fond de la gamelle qui était encore près du feu. Il en restait encore quelquesuns. Il les mangea, avec beaucoup de pain. Il se releva le ventre plein. Qu’il était agréable de se détendre après un bon repas ! Il regarda un très joli oiseau se poser sur une branche. Il était si beau que Jean lui donna des miettes de pain… Et pourtant, quand il s’agissait de nourriture, Jean n’était pas des plus partageurs ! L’oiseau s’approcha de plus en plus de lui et il était prêt à manger les miettes de pain, dans la gamelle posée juste à côté de Jean, quand soudain, il s’envola à tire d’ailes. 16 Chapitre 3 Jean était étonné. Alors, il se retourna pour voir ce qui avait effrayé l’animal. Et tout d’un coup, ce fut le noir complet ! Il ressentit une douleur énorme sur son crâne. Jean s’exclama : « Mais qu’est ce qui se passe ? Je ….» Il finit par reprendre ses esprits et comprit qu’il avait un sac sur la tête. C’est pour cela qu’il ne voyait que du noir ! En écoutant autour de lui, Jean entendit des cris, des gens qui se débattaient, des grognements d’animaux. Il reçut des coups, comme si on venait de jeter quelqu’un contre lui. Il comprit soudain ce qui se passait : on l’avait attaqué et on avait capturé aussi ses camarades. Maintenant, on était en train de les rassembler entre eux. « C’est vous mes amis ? pleura Jean, toujours plongé dans le noir. — Oui c’est nous Jean ! répondirent en cœur ses amis pèlerins. » 17 Chapitre 3 Serrés les uns contre les autres, ils sentaient qu’ils étaient maintenus par des bras forts et vigoureux. Leurs bras étaient liés. « Il faut trouver une solution ! dit Henri en s’inquiétant. — Nous voilà faits prisonniers ! soupira Arthur. — Mais non ! s’exclama Jean. Je suis sûr qu’il y a une solution. N’est-ce pas Charles ? — Chut ! Je prie ! dit Charles. — Arrête de prier ! Ça ne nous mènera à rien ! s’énerva Henri en râlant. — Oh ! Quand sortirons-nous de cette histoire ? se lamentait encore Arthur. D’un seul coup, Jean, Arthur, Charles et Henri entendirent des bruits de sabots et de chevaux. Alors, les pèlerins sentirent qu’ils n’étaient plus maintenus. Toujours, avec leurs sacs sur la tête, ils entendirent le bruit des pas de leurs assaillants s’éloigner. Le mystérieux cavalier dont le cheval avait fait les bruits de sabots cria : « A l’attaque ! ». « Mais que se passe t- il ? demanda Charles. — Aucune idée ! Mais écoutez ! répondit Henri. — On entend des bruits d’épée ! déclara Charles. Il y a certainement un combat ! — Mais, au fait, moi je ne suis pas attaché ! déclara Jean. 18 Chapitre 3 — Tu ne pouvais pas le dire plus tôt ! dit Arthur. — Bah quoi ? se révolta Jean. — Assez de bavardages comme ça déclara Henri. Jean, délivre nous ! » Alors, Jean enleva son sac, et vit la bataille. Tous les assaillants les avaient laissés pour se battre contre un cavalier dans les buissons voisins. Jean redoubla de rapidité. Il sortit son couteau et scia les liens. Au bout de quelques minutes, tout le monde fut délivré. Arthur murmura : « Filons, vite ! ». *** Cela faisait maintenant plus d’une demi-heure qu’Enguerrand était dans la forêt et Geoffroy commençait à s’impatienter. Soudain, une perdrix surgit du bois. Geoffroy lâcha son faucon qui se précipita sur la perdrix. Le rapace était beau, il avait une tête fine et un regard perçant. Son ventre était de couleur ivoire parsemé de petites tâches noires. Ses pattes puissantes étaient jaunes et ses serres acérées de couleur dorée. 19 Chapitre 3 Ses ailes étaient magnifiques, longues et de couleur noire. Le faucon rapporta la perdrix qu’il avait tuée d’un coup sec. « Enguerrand, Enguerrand, j’ai une perdrix ! » cria de joie Geoffroy. Mais personne ne lui répondit. « Enguerrand ? Enguerrand ? » cria Geoffroy en direction de la forêt. Comme personne ne répondait, Geoffroy s’engouffra alors dans la forêt à la recherche de son ami. Il se remit à crier : « Enguerrand ! Enguerrand ! ». Mais toujours rien… Au bout d’un temps qui lui parut interminable, Geoffroy n’avait toujours pas retrouvé le fauconnier. Il fallait se rendre à l’évidence : Enguerrand avait disparu ! 20 Chapitre 4 Chapitre 4 Après un instant de réflexion, Geoffroy décida de continuer ses recherches : pour le moment, il n’y avait rien d’autre à faire. « Pourquoi ne revient-il pas ? Peut-il être blessé par un sanglier ? Allons voir plus loin ! », se dit-il . Il courut sur l’herbe fraîche du matin pour aller sur le sentier qui traversait le bois. C’était d’ailleurs le seul chemin pour se rendre au milieu de la forêt. « Enguerrand, Enguerrand, Enguerrand ! » cria t-il encore une bonne dizaine de fois. 21 Chapitre 4 Mais Enguerrand ne répondit pas. Il continua donc à marcher sur la route couverte de feuilles sèches. Il se baissait souvent pour trouver des indices. Geoffroy soulevait les feuilles, mais, rien ! Le temps passa et, tout à coup, il vit quelque chose briller. Il se demanda ce que ça pouvait être. Il souleva encore les feuilles et il découvrit une épée couverte de sang . « Pourquoi cette épée est-elle là ? se dit-il plein d’inquiétude. Ce n’est pas celle d’Enguerrand ! » Et il continua ses recherches autour de la trouvaille qu’il venait de faire. Il vit des traces de cheval. « Pourquoi ces traces de sabots ? se dit-il. Bizarre ! On dirait qu’ il s’est passé quelque chose ici. Une bagarre peut-être ? Il faut que j’en sois certain. Il me faut plus d’informations pour retrouver mon ami. » En regardant autour de lui, il s’aperçut que le sol avait été piétiné. « Mais que s’est-il passé ? Je commence à beaucoup m’inquiéter pour mon ami Enguerrand ! » se dit Geoffroy tout en le cherchant. 22 Chapitre 4 Il s’enfonça plus loin dans la forêt. En cherchant Enguerrand, il arriva dans une clairière de taille moyenne. Il releva la tête et vit un liquide rouge. En regardant de plus près, il vit que c’était des gouttes de sang. « Tiens! C’est peut être un indice. Je vais les suivre. Elles me mèneront bien quelque part ! » pensa t-il en essayant de se rassurer. Pas à pas, il arriva dans une plus petite clairière. Les gouttes s’arrêtaient là, près d’un cheval blessé au flanc. Il reconnut tout de suite la monture d’Enguerrand. « Où est ton maître ? » demanda Geoffroy au cheval. Le cheval lui répondit par un hennissement et en lui montrant la cape d’Enguerrand en lambeaux d’un mouvement de la tête. Les indices étaient maintenant trop nombreux. Il y avait eu une bagarre, c’était sûr ! *** Geffroy entendit des voix qu’il connaissait. 23 Chapitre 4 « Mais ce sont les voix des paysans qu’on a croisé dans les prés, à l’entrée de la forêt ! », se dit-il. Geoffroy arriva en courant devant le groupe d’hommes. Chaque personne était très occupée à travailler. L’un d’entre eux avait remarqué la présence de Geoffroy. Il le salua tout en continuant à retirer les ronces. Deux autres défrichaient. Un quatrième coupait des branches. Des gens ramassaient des feuilles à coté du chemin. Le reste des hommes élaguaient des arbres, pendant que les derniers brûlaient les branches coupées. Le plus fort d’entre eux attira l’attention de Geoffroy : ses grands yeux vert kaki brillaient de mille feux. Il était assez âgé. Le vieux avait une grande barbe. Une frange blonde lui cachait la vue. Geoffroy le regarda de plus près. A coté de sa frange, une blessure encore fraîche pleine de sang rouge foncé coulait vers le bas. Soudain, il le reconnut. C’était l’homme avec qui Enguerrand, avait eu une dispute, quelques temps plus tôt, en arrivant près de la forêt. Ses habits étaient laids. Son pourpoint était marron et il portait des bottes en cuir. Dans son sac, il possédait des cisailles qui servaient à couper des haies. 24 Chapitre 4 Geoffroy se tourna vers le plus proche des paysans. Il était en train de travailler. Geoffroy l’interrompit . « Bonjour ! lança-t-il. — Bonjour ! répondit le paysan. Que me veux-tu ? — Je ne retrouve plus mon ami fauconnier. Je me demandais si vous ne l’aviez pas vu, dit Geoffroy. — Non je ne l’ai pas vu ! répondit le paysan. Mais, tu sais, nous, on a peur de rencontrer les soldats anglais et ce fameux guérisseur un peu sorcier qui se promène avec des animaux moitié dressés, moitié sauvages, soupira le paysan. Alors, on ne s’enfonce pas trop loin dans la forêt. — Je comprends, mais les Anglais n’ont pas l’habitude de se cacher dans les bois. Ils préfèrent tendre leurs embuscades le long des routes. — Oui mais il reste le guérisseur. Il vient très souvent se promener dans la forêt, dit le paysan. — Je vois. C’est vrai qu’il n’est pas très rassurant. Donc vous n’avez pas vu Enguerrand ? répondit Geoffroy — Non. On ne l’a pas vu ! dit le paysan — Bon, merci. Je dois partir. — Tu ne restes pas pour m’aider ? demanda le paysan, un peu moqueur. — Non. Il faut que je retrouve mon ami. » 25 Chapitre 4 En s’éloignant, Geoffroy leva la tête et son regard croisa celui du paysan à la balafre qui travaillait un peu plus loin. Soudain un détail le frappa : la blessure qu’il avait au visage n’était pas là, quand il l’avait croisé en arrivant à la chasse. Et si c’était Enguerrand qui lui avait faite ! Puisque le cheval avait été retrouvé à quelques pas d’ici, cette idée n’était peut-être pas mauvaise ! Comme ils s’étaient disputés le matin, ils s’étaient peutêtre battus ensemble en se retrouvant par hasard. Geoffroy devait découvrir comment il s’était blessé. Le plus simple était d’aller lui demander...Mais ça faisait un peut indiscret et, de toute façon, si c’était bien ce qui s’était passé et qu’il avait fait quelque chose à Enguerrand , il ne le dirait pas et mentirait. Mais finalement Geoffroy se dit que ce n’était pas comme si il voulait la lune, alors, il s’approcha de l’homme et demanda : « Qu’est-ce que c’est que cette blessure ? — Où ça ? demanda le paysan qui avait l’air très étonné. Geoffroy se demandait si elle avait eu lieu pendant un combat face à Enguerrand. — Alors ? Cette blessure, là, sur ton front ! insista-t-il. — Mais de quoi tu te mêles ! Petit chenapan ! 26 Chapitre 4 — C’est bon je vais partir. — Il vaut mieux pour toi ! » Geoffroy alla donc plus loin, près des autres paysans et demanda à l’un d’eux. « Votre ami, là-bas, comment s’est il fait cette blessure ? — Ça lui rappelle de mauvais souvenirs, tu sais. Je t’ai vu lui en parler. Ça n’a pas du lui plaire. Il n’est pas commode ! Tu vois, tout à l’heure, il a voulu abattre un arbre quand, tout un coup, ça lui est tombé dessus. Et ça lui a fait très mal. — C’est donc ça qui l’a blessé. Merci pour ces renseignements. J’espère qu’on se reverra. » Geoffroy s’éloigna en réfléchissant : « Ça n’est pas en se battant avec Enguerrand qu’il s’est blessé. Voilà une piste à éliminer. Ça n’avance pas ! » se dit-il. Alors qu’il était encore plongé dans ses pensées, une jeune fille, sans doute celle d’un des paysans qui 27 Chapitre 4 défrichaient, arriva avec un joli panier d’osier rempli de quatre pains et d’un petit jambon. De longs cheveux souples et tressés pendaient de sa tête arrondie. Derrière sa mèche de cheveux, apparaissaient des yeux en amande et surtout brillants qui lui donnaient un air joyeux. Sa bouche souriante donnait à son visage un air chaleureux et son nez, tout comme ses oreilles, était petit et rond. Son corps svelte reposait sur ses grandes jambes minces et ses bras étaient fins. En la voyant arriver, les hommes posèrent leurs outils et se rassemblèrent autour d’elle. Elle dit : « Le Sieur Clotaire du Castel, vous envoie ce bon jambon et ces miches de pain pour vous réconforter. Il y a même une bouteille du bon vin de sa vigne » Il y eut un « ah ! » de satisfaction et tous s’installèrent pendant que la jeune fille leur distribuait la nourriture. 28 Chapitre 4 Les paysans se mirent à manger tranquillement et la fille qui avait apporté le repas vint couper la conversation des paysans : « Bon je vais partir, maintenant que vous êtes servis. — Au revoir ! répondit un homme. — Et fais attention sur le chemin ! Il y a des Anglais qui se promènent ! continua un autre homme. — Oui je vais faire attention ! Mais en fait, à l’aller, je n’ai rencontré que des moines de l’abbaye. Geoffroy qui s’était un peu éloigné, entendit la jeune fille et en l’entendant parler ainsi, intervint. — Fillette attends ! Tu sais ce que faisaient des moines de l’abbaye dans la forêt ? demanda-t-il. — Non je ne sais pas » Et elle repartit chez elle. Geoffroy la regarda s’en aller. 29 Chapitre 5 Chapitre 5 A la sortie de la forêt, du côté de la mare au basilic, les pèlerins couraient à toutes enjambées. Le sol était boueux à cause des nombreuses pluies qui étaient tombées sur le royaume. Jean trébucha et tomba dans la boue. Il commença à s'enfoncer! «Eh ! Les gars! Venez m'aider !» Les autres pèlerins s'arrêtèrent. Ils le sortirent de la boue avec beaucoup de difficultés : à force de manger des sangliers, Jean pesait un sacré poids ! Soudain, ils entendirent un bruit ! Le temps pressait : une bête aux poils longs et aux canines acérées approchait à grande vitesse ! Trop tard ! L’animal était déjà en train de mordre la cheville de Jean! Ce dernier hurla. On entendit alors comme un sifflement lointain. La bête s’arrêta de mordre et 30 Chapitre 5 redressa ses oreilles. Aussi vite qu’elle avait surgi des fourrés, elle repartit s’engouffrer dans la forêt. Jean perdait beaucoup de sang, les autres pèlerins l'aidèrent à se relever. «Allez, tiens bon! lui dit Henri!» *** Toujours en fuite, les pèlerins couraient à perdre haleine, espérant trouver un refuge. A un moment, ils s'arrêtèrent, tout essoufflés. Henri dit: : « Espérons que l'on trouve un refuge bientôt, Jean saigne de plus en plus et on dirait que la plaie s'aggrave. » Les pèlerins se remirent à marcher. Au bout de quelques instants, ils virent des chevaux qui galopaient. Ils se mirent à crier. Les cavaliers entendirent leurs cris et s’approchèrent d’eux. Ils étaient cinq et parmi eux se trouvait le Comte Ysengrin de Chaudefour. Jean prit la parole: « Messire, pouvez-vous nous protéger? — Pourquoi donc, répondit le Comte. Que se passe-t31 Chapitre 5 il ?» Les pèlerins expliquèrent la situation. Henri prit la parole : « Nous sommes quatre pauvres pèlerins. Nous allons à saint Jacques de Compostelle et voilà déjà deux semaines que nous sommes partis de chez nous. Tout à l’heure, alors que nous étions fatigués, nous nous sommes allongés pour faire la sieste. Et soudain, nous n'avons vu que du noir ! Ensuite nous avons compris que quelqu'un nous avait mis un sac sur la tête. Puis, on a commencé à nous ligoter. Nous avions affaire à des brigands ! » Jean se tenait la cheville… « Et puis, il y a eu comme un miracle ! Nous avons entendu des cris et nous avons compris que les brigands se battaient entre eux, ou que quelqu’un d’autre arrivait pour nous sauver… Nous n’avons pas cherché à comprendre. On a réussi à se libérer de nos liens et nous avons pris nos jambes à notre cou ! » Le Comte Ysengrin observait les pèlerins, un peu surpris… 32 Chapitre 5 « Et puis, une bête sauvage, un loup ou un chien sauvage nous a attaqués. Enfin… a attaqué Jean. » Ce dernier montra sa blessure. « Il faut nous aider, messire ! Nous vous demandons la protection ! — Bien, bien, j'ai compris, c'est une drôle d'histoire, répondit le Comte. Vous monterez derrière les cavaliers, dit-il en s'adressant aux pèlerins, je vous emmène au château du Sieur de Castel. Là-bas, vous trouverez secours et assistance. » Les chevaliers qui accompagnaient le Comte aidèrent alors les pèlerins à monter sur les chevaux puis le Comte Ysengrin fit avancer la cadence. « Cela ne vous dérange pas, j'espère, dit l'un des pèlerins, de nous emmener ? — Bien sûr que non, lui répondit le Comte, je m'y rendais justement avec mes gardes car les Anglais nous harcèlent en ce moment… J'ai décidé de préparer des armées avec tous mes vassaux pour se débarrasser de ces ingrats. Faisons une pause, les chevaux commencent à ralentir. » Pendant que le Comte se reposait, deux des 33 Chapitre 5 pèlerins, Jean et Charles, s'isolèrent. « Tu n'as rien dit, j'espère, au sujet de… bref, tu sais de quoi je veux parler ? demanda Jean en se tenant la jambe. — Non, non, ne t'inquiète pas, ils ne se doutent de rien ! lui répondit Charles. » Puis ils se remirent en route vers le château du Sieur du Castel. Un peu plus loin, on aperçut le château. Ce dernier était immense et possédait de hautes murailles. Du haut des remparts, une dizaine de gardes surveillait ce qui se passait au loin. Un soldat reconnut le Comte Ysengrin et donna des ordres. Le pont-levis s’abaissa… 34 Chapitre 6 Chapitre 6 Comme son enquête n’avançait pas beaucoup, Geoffroy décida de retourner sur les lieux où Enguerrand avait disparu. « Peut-être que je n’ai pas fait attention à tout, j’ai peut être raté un indice… » Il emprunta le petit sentier qui menait à la forêt. Sur le chemin, il vit, au loin, des cochons sauvages qui recherchaient des glands sous un chêne centenaire. Un peu plus loin, il aperçut un hérisson qui fouinait dans les feuilles mortes. Il faisait beau ce jour-là et les températures étaient douces. Geoffroy reconnut l'endroit où il s’était posté en attendant qu’Enguerrand rabatte le gibier. Le jeune homme eut un frisson, mais ce n'était pas à cause du 35 Chapitre 6 vent. Il s'engouffra dans la forêt ... Geoffroy entendit des battements d'ailes: il sursauta. Des perdrix s’envolaient.... Il retrouva les traces de pas du cheval d’Enguerrand. A cet endroit, la terre humide les avait conservées. Il les reconnut facilement car au milieu de chaque fer se trouvait l’emblème du Comte de Chaudefour. Les traces s’arrêtèrent au bout de quelques mètres car le sol était alors recouvert de feuilles mortes et de mousses. Il souleva des feuilles avec un bâton. Au bout de quelques minutes, il découvrit d’autres traces de chevaux, plus anciennes. Il les examina de plus près… « Peut-être des cavaliers anglais ? se demanda-til ». Il se souvint alors que les Anglais n’avaient pas la même technique pour mettre les fers de leurs chevaux. Un maréchal-ferrant lui avait appris à reconnaître des fers montés par des Anglais. Les traces que Geoffroy avait sous les yeux n’étaient pas celles de cavaliers étrangers… « Ce ne sont pas les Anglais, se dit-il ». Il continua pendant un temps de fouiller le sol… Il s’arrêta sur d’autres traces qui n’étaient pas celles de chevaux. 36 Chapitre 6 « Tiens, se dit-il, on dirait les traces d’un chien… ou d’un loup… » Etonné, Geoffroy continua ses recherches, à quatre pattes. Au bout de quelques instants, il resta cloué sur place. Puis il se releva, une idée en tête… *** Il se souvint des paroles des paysans à propos d’un guérisseur qui habitait dans la forêt. Les paysans le décrivaient comme quelqu'un dont il fallait se méfier, car dans sa cabane qui se trouvait en plein milieu de la forêt, on disait que le vieil homme faisait des expériences bizarres. Des fumées d’une couleur étrange en sortaient parfois. On disait aussi qu’il avait réussi à dresser des loups… Après quelques minutes de réflexion, Geoffroy se dit qu’il n’avait pas beaucoup de choix. Il s'enfonça alors dans l'immense forêt. Le jeune homme regardait souvent autour de lui, l'air angoissé. A cette époque, la forêt était synonyme de peurs et d’angoisses, on ne s’y aventurait guère. Il se demandait où Enguerrand avait bien pu passer... Il observait les arbres qui semblaient avoir des écorchures un peu partout sur leurs écorces. Par 37 Chapitre 6 endroit, de la sève s'en écoulait. Geoffroy entendit soudain un bruit, puis un corbeau jaillit de nulle part. Il passa tout près d’un arbre très vieux, aux branches énormes. Soudain, il entendit l'arbre craquer et il eut juste le temps de passer avant que l'arbre ne s'écroule derrière lui. Geoffroy continua son chemin sans relâche. Il était impatient mais aussi un peu inquiet de rencontrer ce guérisseur. Il se sentait seul dans cette profonde forêt… Soudain, au détour d’un buisson, il aperçut une cabane sombre et délabrée, entourée d’herbes hautes. Il s’en approcha tout doucement… Alors qu’il n’était qu’à quelques mètres de la cabane, deux énormes loups se jetèrent sur lui. Heureusement pour Geoffroy, les animaux étaient attachés par une solide corde. L'un des loups était effroyable, il était gris avec des longs poils et des yeux impressionnants. Ses crocs étaient aiguisés et dangereux. L’autre loup était noir et semblait encore plus terrible. Malgré les hurlements des loups, Geoffroy s’approcha de la porte de la cabane. Il s’aperçut qu’un des loups était blessé, à la joue gauche. Au coin de la cabane se trouvait une cage avec des pigeons 38 Chapitre 6 voyageurs. La porte s’ouvrit brutalement. Un grand homme apparut, vêtu d'un haut en laine avec un trou sur la manche gauche. Il portait un pantalon couvert de poussière. *** Le guérisseur s'approcha de Geoffroy mais celui-ci reprit ses distances car sa tenue était vraiment effrayante. « Je ne vais pas te mordre, dit le guérisseur d’une voix lugubre. — Bonjour, vous êtes bien le guérisseur ? — Qui veux-tu que je sois ? Un prince charmant ? répondit l’homme en se mettant à rire et en montrant des dents pourries… Je suis Calabosse. Et toi, qui es-tu pour oser venir me déranger ? — Je suis Geoffroy Durayère. J’ai travaillé pour le Comte Ysengrin de Chaudefour, autrefois. Mon ami Enguerrand de la Bosse a disparu et je venais vous demander si vous l’aviez vu… — Je ne vois personne ici, allez fiche le camp ! Tu me déranges ! — Juste une question, monsieur… Vous connaissez Enguerrand ? 39 Chapitre 6 — Enguerrand, dis-tu…. Ah, oui, je m’en souviens, maintenant… Il est fauconnier, n’est-ce pas ? — Oui, c’est ça, répondit Geoffroy. — Taisez-vous, les loups! hurla le guérisseur. Il est venu me voir une première fois, il y a longtemps… Ses faucons étaient malades. Je les ai guéris. Bon, maintenant, ça suffit, j’ai des choses à faire… Laisse-moi tranquille, maintenant. — Et vos loups, ils sont toujours attachés ? — Pourquoi me poses-tu cette question ? Tu veux que je les détache ? répondit le guérisseur soudain menaçant. — Non, surtout pas… Mais se sont-ils échappés ces jours-ci ? — Ils ne quittent jamais cette cabane… Tu as vu leur corde ? — Oui, répondit Geoffroy… — Va-t-en maintenant, ou je coupe cette corde ! » *** Geoffroy s’éloigna alors… Le guérisseur retourna dans sa cabane en refermant violemment la lourde porte en bois… « Pas commode, ce guérisseur ! Mais bon, il ne m’a rien appris sur la disparition Enguerrand. Et puis ici, pas de place pour un cheval... » se dit Geoffroy en observant 40 Chapitre 6 l’endroit Il poussa un profond soupir: « Bon, maintenant je ne sais pas où aller. Que pourrais-je faire? Retourner sur mes pas, là où Enguerrand a disparu?... Non, ça ne servirait à rien... » Soudain, Geoffroy entendit des grognements. Il se retourna et vit les deux loups du guérisseur qui montraient férocement les crocs. Pris de panique, il se dépêcha de quitter la cabane du guérisseur en courant. Lorsqu'il fut arrivé sur le chemin gadoueux de la forêt, il réfléchit plus sérieusement : « Le guérisseur connaissait Enguerrand puisqu’il a soigné ses faucons. Enguerrand a dû le remercier, sans aucun doute… Pourquoi le guérisseur aurait-il voulu faire disparaître mon ami ? Je ne vois pas de raison… Pourtant, je suis presque sûr que les traces que j’ai vues étaient celles d’un loup… ». Geoffroy continua de marcher à l’ombre des arbres qui cachaient le soleil avec leurs épaisses branches… Le temps avait passé sans que Geoffroy ne s’en rende vraiment compte et le jour commençait déjà à baisser. Il fallait se dépêcher . Mais les chaussures de Geoffroy étaient trempées et boueuses; cela l'empêchait 41 Chapitre 6 fortement de marcher correctement. Un peu plus tard, il arriva devant un panneau poussiéreux qui devait être là depuis au moins dix longues années. Il y était marqué: Abbaye Saint Antoine : 34 pieds. Il se souvint alors d'Amélie, la fille d’un des paysans qui lui avait dit avoir croisé des moines dans la forêt. Il avait trouvé étrange d’ailleurs cette histoire de moines. .. D’habitude, ces derniers restent enfermés dans leur abbaye… Mais, bon, ils avaient peut être croisé Enguerrand. « Bon, puisque l’abbaye est par là, demain, j’irai rencontrer ces moines… Ils pourront peut-être m'en dire plus sur cette mystérieuse disparition..." Geoffroy laissa donc le chemin qui menait au monastère à sa droite et se dirigea vers la fauconnerie où il habitait désormais. 42 Chapitre 7 Chapitre 7 Le jour se levait… Geoffroy se réveilla aux premières lueurs de l’aube, l’air toujours très inquiet pour son ami Enguerrand, mais aussi très fatigué de sa journée précédente. Pour mieux se réveiller, il s’aspergea le visage avec de l’eau du seau qui était à côté de ses pieds. Il avait passé une nuit seul dans la chaumière d’Enguerrand. Il alla chercher, dans un gros coffre, une grosse miche de pain. Il la mit sur la grande et large table de chêne. Puis, il alla chercher le beurre dans le gardemanger. Il le posa et en tartina une énorme tranche de pain qu’il mangea. En l’avalant, il se rappela qu’il avait décidé d’aller à l’abbaye pour avoir des informations sur les moines de 43 Chapitre 7 la forêt. Quand il eut fini son petit déjeuner, il sortit, en claquant la porte et en se dirigeant vers l’abbaye. *** A mesure qu’il s’approchait de l’abbaye, les arbres de la forêt devenaient plus rares et bientôt, il se retrouva dans une vaste clairière. Devant lui, se dressait un ensemble de bâtiments de taille moyenne, entouré d’un grand mur épais recouvert de lierre. Près d’une grande porte, une cloche tombait du mur. C’était là que vivaient une dizaine de moines dont la vie faite de prières, de méditation et du travail de la terre s’écoulait paisiblement. Le bâtiment le plus grand et le plus joli était la chapelle. Ses pierres, taillées dans des blocs blancs, faisaient belle impression. Le toit semblait être en tuiles arrondies. En levant la tête, Geoffroy aperçut un beau faucon tournoyant autour du clocher en poussant des cris stridents. « Quel superbe rapace ! » se dit-il 44 Chapitre 7 Geoffroy passa à droite d’un bel arbre qui ressemblait à un châtaignier. Peu à peu, il s’approcha de la porte en bois. Parvenu devant elle, il signaler son arrivée. sonna la cloche pour Un moine lui ouvrit. Il avait un visage à l’expression sévère. Il portait un chaperon. Son visage ovale et son nez pointu laissaient sans voix. Avec ses grandes oreilles, on aurait dit un éléphant. Et son gros ventre gras ressemblait à celui d’un rhinocéros. Ses longs bras pendaient comme des élastiques. Ses jambes restaient très molles. Ses gestes étaient très mous. Son regard méchant et si bizarre énervait Geoffroy. Un sourire apparut sur son visage ce qu’il lui donna soudain l’air plus sympathique . — Je vous en prie, Monsieur, entrez ! dit le moine. Geoffroy avança donc et passa la porte de l’enceinte de l’abbaye. Il se retrouva dans une vaste 45 Chapitre 7 cour ou il y avait des arbres alignés et bien fleuris. Un grand potager qui paraissait bien entretenu et rempli de gros légumes, se trouvait dans un coin, à côté d’un petit buisson, au soleil. L’herbe était bien coupée. Il y poussait plein de fleurs. A droite, une chapelle supportait plein de fenêtres avec beaucoup de couleurs et de dessins de Jésus. On voyait sa grande porte en bois massif avec des gros clous noirs. Le toit était beau avec ses tuiles de couleur marron. Sur le mur, du lierre montait jusqu’à celui-ci. Devant Geoffroy, au fond du jardin, on pouvait voir un grand mur en briques avec dessus, du lierre. Le mur était assez épais. Il comportait deux portes. L’une d’elles menait au logis et l’autre, plus à droite, conduisait au cloître. Quand on voulait passer sous une porte, il fallait un peu se baisser car elles étaient petites. Dépassant de la partie gauche du mur, on voyait le logis. Il avait deux étages. Dehors, on pouvait entendre des animaux : des poussins, des poules, des coqs, des 46 Chapitre 7 cochons et des moutons. Geoffroy sentit une odeur de tarte : « Mm ça sent bon. J’aimerais bien en manger une part mais ça serait trop demander !» pensa-t-il. « Que voulez-vous ? demanda le moine — Eh bien, je cherche mon ami Enguerrand ! Hier, on m’a dit que des moines de l’abbaye se promenaient dans la forêt. — Oui c’est normal, en ce moment c’est la saison des champignons. Donc, nous allons les chercher pour notre repas le soir — Mais pourtant, en ce moment, vous êtes bien tous à l’abbaye ? — Oui, aujourd’hui, nous avons prévu d’aller cueillir des champignons. Mais nous n’y sommes pas encore allés puisque vous êtes arrivé. Nous allions partir. — Si vous voulez y aller, je peux vous laisser et revenir plus tard. Je ne voulais pas vous déranger, dit Geoffroy. — Non vous ne nous dérangez pas, au contraire, dit le moine. — De toute façon j’allais partir, répondit Geoffroy. 47 Chapitre 7 « Donc, c’était sans doute vrai ce que la fille des paysans m’avait raconté. Il n’y a pas à s’en faire. Encore une piste qui s’échappe », se dit Geoffroy tout bas. — Que dites-vous mon frère ? demanda le moine — Primo je ne suis pas ton frère ! Deusio je parlais tout seul, répondit Geoffroy, un peu énervé. Et il pressa le pas vers la sortie. — Eh ! Bien c’était très bien cette balade, mais il faut que je rentre chez moi, annonça-t-il au moine qui l’accompagnait — Oui mon frère. Je comprends. Moi aussi j’ai du travail. Au revoir et merci. » Et Geoffroy s’éloigna de l’abbaye tout en réfléchissant à ce qu’il allait faire maintenant. Plus loin, il s’assit sur une souche. Tout en réfléchissant, son regard se perdait dans le vague en direction de l’abbaye. Perdu dans ses pensées, il vit un moine sortir par la porte de l’enceinte extérieure. Il avait une barbe mais pas de moustache. Il portait à la main, un panier d’osier qui semblait lourd. 48 Chapitre 7 « Tiens, il doit partir aux champignons ! » se dit Geoffroy. Un nuage de mouches tournait autour de la tête du moine. A cette époque de l’année , on était, en effet souvent embêté par ces bestioles. « Il ne doit pas sentir la rose, celui-là ! » se dit le jeune fauconnier en voyant les insectes voltigeant autour de lui. Puis, il se leva et retourna en direction de la forêt. 49 Chapitre 7 Chapitre 8 Soudainement, Enguerrand se réveilla. Ses yeux ne voyaient rien mais il entendait toutes sortes de petits bruits qui faisaient peur : comme des petits piétinements autour de lui, des bruits de gouttes d’eau qui tombaient à côté. Dans ce noir, il faisait froid. Enguerrand était tellement enragé qu’il commença à crier : « Libérez-moi ! » Mais rien ne se passa… Puis, il était tellement fatigué qu’il s’assit. Il chercha, à tâtons, ce qu’il pouvait y avoir dans cette pièce. Mais il n’alla pas bien loin parce qu’il était gêné 50 Chapitre 8 par ses liens. Une grosse chaîne le maintenait attaché au mur. Près de la porte, il trouva une gamelle. L’odeur qui en sortait ne donnait pas envie, mais il dévora ce qui s’y trouvait car il était affamé. La pièce sentait une odeur forte de moisissure. Quand il fut rassasié, il laissa ce qui restait de nourriture au fond de la gamelle et continua sa découverte de la pièce à tâtons. Elle était faite de toutes sortes de pierres : des petites , des grandes, des dures. Et tout d’un coup , il marcha sur une flaque. Cela confirma que la pièce était humide. Quelque chose lui mordit le bout du pied et Enguerrand se dit que cet endroit était maudit. Il se mit à penser à Geoffroy. Tout en réfléchissant, Enguerrand se remit à manger le reste de la nourriture. « Depuis quand suis-je dans le noir complet avec des gamelles pleines de nourriture ? Se disait- il, en touchant sans le vouloir le récipient. Et comment suis-je arrivé dans cette endroit sombre ? se répétait-il continuellement. Où suis-je ? Qui est-ce qui est caché derrière tout cela ? » 51 Chapitre 8 Beaucoup de questions se bousculaient dans sa tête. « Je me souviens juste d’avoir eu un coup sur la caboche. Ça me fait d’ailleurs encore mal ! Quand je me suis réveillé, il faisait tellement noir que je ne voyais plus ni le jour ni la nuit. » Puis, continuant à réfléchir, il se dit : « En supposant qu’ils me donnent à manger une fois par jour, je peux penser que ça fait environ quarantehuit heures que je suis là, puisque j’ai eu deux repas. » Il écouta attentivement les petits tapotements sur le sol. Par moment , des petits « scouics » et des grattements retentissaient. Il comprit alors que ses compagnons étaient des rats. « Des rats ? se demanda t-il, mais qu’est ce que des rats viennent faire ici ? » Il réfléchit un long moment à sa question. Ce n’était pas les rats qui étaient des intrus mais c’était lui ! Il essaya de se souvenir de quelque chose, mais à 52 Chapitre 8 part sa douleur persistante à la tête, aucun indice, aucun souvenir ne lui revenaient. Il appela encore : « Il y a quelqu’un ? » …Mais hélas personne ne lui répondit. Les mêmes questions lui tournaient dans la tête : « Que faisait-il ici ? Pourquoi l’avait on emprisonné ? Etait il seul ? Oui, sinon quelqu’un aurait répondu à ses cris. Alors, qui venait lui donner à manger ? Sans doute ceux qui l’avaient emprisonné ici. » Tout en réfléchissant , il se mit à fredonner un air. Mais, il n’arrivait pas à mettre des paroles sur celui-ci. « Je l’ai sans doute entendu dans mon sommeil. » pensa Enguerrand. Il se rendit alors compte que cet air qui lui trottait dans la tête, depuis un moment, il le connaissait parfaitement. Mais d’où venait-il ? « L’ai-je vraiment entendu ? » se demanda Enguerrand. Et, il commença à sombrer dans le sommeil… 53 Chapitre 8 Chapitre 9 Le soleil rayonnait. Geoffroy, tout en marchant, réfléchissait à son enquête... Il n'avait que très peu d'indices et commençait à désespérer. Allait-il pouvoir retrouver son ami? Soudain, il eut une idée. Non loin de là se trouvait le château du Sieur Clotaire du Castel, un puissant vassal du Comte Ysengrin de Chaudefour. Peut-être que Clotaire du Castel pourrait l'aider... Il était sa dernière chance. Il sortit alors un vieux papier jauni de sa poche où y étaient griffonné des lettres et un plan de la forêt à peine visible. « Alors, le château de Clotaire... C'est par là ! s'écria-til. » Il se mit à avancer rapidement en évitant les branches des sapins qui lui fouettaient le visage. 54 Chapitre 9 Lorsqu'il sortit de la forêt, le soleil lui fit mal aux yeux. Mais il y avait quelque chose de bien plus impressionnant. Le château du Sieur Clotaire du Castel se dressait devant lui. Autour de celui-ci s'étendaient de magnifiques champs de blé dorés qui brillaient au soleil. Le donjon était la plus haute tour du château. Il devait faire environ vingt mètres de haut et les murailles qui l'entouraient étaient épaisses. Des gardes surveillaient l'entrée et les moindres recoins du château. Geoffroy marcha tranquillement jusqu'à l'entrée en admirant cet étonnant paysage. Lorsqu'il arriva devant le pont-levis, il remarqua les deux gardes qui parlaient entre eux: « Bonjour Messieurs, leur dit-il. Je suis Geoffroy Durayère. Je viens voir le Sieur Clotaire. Est-il ici? Les deux gardes, coupés de leur discussion, se retournèrent brusquement: — Oui, il est dans l'donjon mais nous n'faisons pas entrer les étrangers, grogna le premier. — Allez! Partez! s'écria le second en agitant les bras. — Ecoutez Messieurs, répliqua Geoffroy. Mon ami a disparu et... — Bon, attendez-moi Geoffroy Du...Dugruyère, ou je ne sais plus quoi, coupa-t-il. J'vais aller en parler au Sieur Clotaire. » 55 Chapitre 9 Le premier garde descendit du chemin de ronde et disparut. Geoffroy s'assit dans l'herbe et attendit le retour du garde. « Ils ne sont pas très aimables ces deux là, pensa-t-il. » Cinq minutes plus tard, le garde revint essoufflé: « Mademoiselle Eléonore, la servante du Sieur Clotaire, va v'nir vous chercher, dit-il, le souffle court. — Merci beaucoup. répondit Geoffroy, soulagé. » ll faisait de plus en plus chaud mais, heureusement, Mademoiselle Eléonore arriva. Le pont s'abaissa et la jeune fille apparut. Elle lui dit: « Monsieur Geoffroy? Le Sieur Clotaire vous attend. Suivez-moi, je vous prie. » Geoffroy remercia les deux gardes et pénétra à l'intérieur du château. Mademoiselle Eléonore avait de longs cheveux bruns tenus en un chignon. Son visage était fin et son sourire accueillant. Elle portait un tablier usé et des sabots abîmés. Geoffroy suivit la servante à travers le château. Ils passèrent par la cour où travaillaient de nombreux domestiques. Après cette petite visite du château, l'imposant donjon du Sieur Clotaire se dressa devant eux. Mademoiselle Eléonore poussa la porte avec beaucoup de difficulté et ils entrèrent dans cette immense tour. A l'intérieur du 56 Chapitre 9 donjon tous les murs étaient en pierre. Seules quelques fenêtres bien minces et quelques bougies éclairaient une sombre salle. "Nous voici au premier étage, murmura Mademoiselle Eléonore. Le Sieur Clotaire du Castel se trouve au troisième. Suivez-moi." La jeune fille et Geoffroy se dirigèrent vers l'escalier du donjon. Celui-ci était en colimaçon, mais il était très étroit. Au deuxième étage, Mademoiselle Eléonore expliqua à Geoffroy qu'ils se trouvaient dans la salle à manger. C'était une salle chaleureuse avec une très longue table et une cheminée. Ils s'engagèrent dans le dernier escalier et arrivèrent au troisième étage. Le Sieur Clotaire l'attendait. Il était assis dans un confortable siège. Sieur Clotaire se leva: « Qui êtes-vous jeune homme? interrogea Clotaire. — Je suis Geoffroy Durayère, répondit-il. J'ai longtemps été au service du Comte Ysengrin. J'étais son écuyer. — Ah, oui! C'est vous qui avez eu des problèmes avec Pierre-Louis... — Oui, oui c'est un mauvais souvenir, répondit Geoffroy en soupirant. » Ysengrin, qui était parti voir ses chevaux, revint, essoufflé. Lorsqu'il découvrit son ancien écuyer il s'écria : 57 Chapitre 9 « Geoffroy! Comme tu as grandi et comme tu es devenu fort ! Un véritable homme! s'exclama-t-il. — Merci, répondit timidement Geoffroy, ça faisait si longtemps que l'on ne s'était pas vus. — Alors, qu’est-ce qui t’amène par ici? demanda Ysengrin. Le Sieur Clotaire, intéressé par cette discussion, se rapprocha légèrement: — Eh, bien...en fait, c'est Enguerrand.... il a disparu, leur répondit-il. — Enguerrand? Mon fauconnier?...il a disparu? s'inquiéta le Comte. — Oui...Dans la forêt… Nous étions en train de chasser. Enguerrand est entré dans la forêt pour rabattre le gibier. Moi, je me tenais prêt à lâcher le faucon… Mais j’ai attendu longtemps… Comme Enguerrand ne revenait pas, je suis entré à mon tour dans la forêt… Mais je n’ai retrouvé aucune trace de mon ami…Je l’ai cherché, en vain. Je ne l'ai pas trouvé. Mais, il a dû se passer quelque chose, j’ai découvert une épée à l’endroit où il a disparu… Et des traces de chevaux…. Et aussi celles d’un gros chien ou d’un loup… J’ai rencontré des paysans qui défrichaient, mais ils n’avaient rien vu. Je suis même allé voir un guérisseur et même des 58 Chapitre 9 moines dans une abbaye… Mais, c’est pareil : je n’ai aucune piste. Je ne sais pas ce qui est arrivé à Enguerrand…Voilà pourquoi je suis venu vous voir…. — Tu t'es déjà bien débrouillé pour l'instant, mais tu as besoin de notre aide! s'exclama Ysengrin. — Oui, nous allons t'aider, continua Clotaire. — Je vois que je ne suis pas venu ici pour rien! plaisanta Geoffroy. — Tiens, j’y pense… J’ai recueilli des pèlerins qui ont été attaqués dans la forêt…, murmura Clotaire, songeur. Peut-être pourront-ils nous apprendre quelque chose ? Je ne sais pas s’ils savent quelque chose sur cette mystérieuse disparition mais nous pourrions peut être aller les interroger... — Allons-y ! s'exclama Geoffroy. » *** Ils sortirent du donjon et entrèrent dans une autre tour du château. Ils arrivèrent devant une lourde porte. Geoffroy hésita puis se décida et l'ouvrit. Il y avait ensuite un escalier qui arrivait sur une plus petite porte. Ysengrin frappa. « Entrez, dit Henri, l'un des pèlerins, d'une voix méfiante. » 59 Chapitre 9 A l'intérieur de la pièce se trouvaient les quatre pèlerins. Dans un coin se trouvaient deux lits côte à côte et une petite cheminée. Il y avait également, à l'autre bout de la pièce deux armoires dont une qui était enchaînée et cadenassée. « Pourquoi cette armoire est-elle cadenassée ? se demanda Geoffroy tout en essayant de l'ouvrir. — Non !!! cria Jean. — Excusez-le, il est un peu tendu et fatigué, avec sa jambe, le défendit Pierre. — Oui et puis, avoua Arthur, et puis cette armoire, elle est, euh........ — Elle est ? questionna Geoffroy. — Euh, euh, elle est comme ça....depuis, depuis...euh....depuis notre arrivée !! — Bon très bien déclara Ysengrin d'un air peu convaincu. Revenons un peu sur ce qui vous est arrivé dans la forêt. Pourquoi d’après vous avez-vous été attaqués ? — Nous avons très peu d'argent, pas .de... bijoux....dit Henri en n'arrêtant pas de jeter des regards à ses camarades. On se demande vraiment pourquoi ils nous ont attaqués... — Oui, c'est... étonnant... Ils se sont peut-être trompés de personnes...Heureusement qu'on a nous a sauvés! continua Jean en baissant les yeux. 60 Chapitre 9 — Et vous avez vu la personne qui vous a aidés? demanda Geoffroy. — Non, nous avions une cagoule sur la tête. Mais il semblait fort. Il se battait comme un diable. — Bon, rien de plus? demanda Ysengrin. — Non messire, on vous a ... tout dit, dit Jean. On attend un jour ou deux que ma blessure guérisse et on repartira. — Et cette blessure, il paraît que c'est un loup qui aurait pu vous me mordre? — Oui, c'est ce que m'a dit la personne qui est venue me soigner.... — Bon, reposez-vous, répondit Geoffroy. A plus tard. » En sortant, Geoffroy demanda à Ysengrin ce qu'ils pensaient de cette discussion avec les pèlerins. « Il y a quelque chose de bizarre... Comme s'ils ne nous disaient pas tout... — Et cet homme qui les a aidés, vous ne pensez pas qu'il pourrait s'agir d'Enguerrand ? demanda Geoffroy. — Oui, je commence à le croire. En tout cas, le connaissant, je pense qu'il n'aurait pas hésiter une seconde à venir au secours de ces pèlerins, continua Ysengrin. — Il aurait alors été enlevé par ces brigands... 61 Chapitre 9 — On ne sait pas grand chose d'eux... si ce n'est qu'ils ont un ou plusieurs loups dressés... — Et ils n'ont certainement pas attaqué les pèlerins sans raison...Que cherchaient-ils? Je n'y comprends rien... Qu'est-il arrivé à Enguerrand ? — Hélas, si je pouvais vous répondre..., répondit le Comte.» Geoffroy et Ysengrin retournèrent dans le donjon où ils retrouvèrent le Sieur Clotaire. Soudain, un garde entra dans la pièce. « Monseigneur, un paysan demande à s'entretenir avec vous, il dit qu'il s'appelle Martin. — Dites-lui de venir, lui répondit le Sieur Clotaire. — Bonjour, je....on m'a remis cette missive pour vous... C'est un moine qui me l'a donnée. Il m'a dit que c'était urgent... Alors, voilà... — Merci bien, mon brave, vous pouvez disposer..." Clotaire déroula le parchemin. La stupeur apparut sur son visage. Il montra le message aux deux autres: 62 Chapitre 9 Geoffroy balbutia : Que signifie ceci ? — Il n'y a plus de doute maintenant, répondit le Comte. Notre ami Enguerrand est bien prisonnier des brigands qui ont attaqué nos pèlerins... — Mais de quel reliquaire parlent-ils? — Allons poser la question à ces pèlerins qui se sont bien moqués de nous! dit le Comte en se levant brusquement..." *** Au même moment, sur la tour de guet du donjon, un pigeon voyageur qui semblait venir de la forêt se posa sur un mâchicoulis. Un soldat barbu d'une trentaine d'années accourut pour le récupérer. Il décrocha de la patte droite de l'animal un parchemin jauni par le temps. Le soldat ouvrit le parchemin et découvrit un message adressé au sieur Clotaire. Il demanda à un autre garde d'aller tout de suite apporter la missive au sieur Clotaire. Le soldat entra dans le donjon et monta à toute vitesse les marches qui conduisait à la pièce où se trouvait le seigneur du château. Il frappa à la porte. « Qui est là? dit Clotaire. 63 Chapitre 9 — Seigneur, vous avez reçu un message, par un pigeon voyageur... — Entrez, ordonna Clotaire." Ce dernier était tout seul dans la pièce où seuls quelques tapis décoraient les murs en pierre. « Voilà la missive, dit le garde en tendant le parchemin. — Merci, vous pouvez vous retirer... » Clotaire du Castel déroula le parchemin et put lire: « Des loup dans une grotte maintenant ? Mais quelle histoire! Je n'y comprends rien... Allons vite prévenir Geoffroy et Ysengrin. » 64 Chapitre 9 Chapitre 10 « Ce n'est pas possible, ils se moquent de nous ! se fâcha Geoffroy. Les pèlerins ont avec eux un reliquaire dont ils nous ont rien dit! — C'est vrai, ils nous ont menti! répondit le Comte. — Allons les voir, ces menteurs ! insista Geoffroy" Geoffroy et le Comte descendirent une par une les marches de l'escalier du donjon puis arrivèrent la tour où ils retrouvèrent les pèlerins qui étaient en train de chuchoter entre eux. « Qu’est ce que c'est que ces bobards! dit Geoffroy en se fâchant. — Quoi, quels bobards? répondirent les pèlerins un peu gênés. 65 Chapitre 10 — Arrêtez encore de mentir, nous savons que vous nous cachez la vérité ! — Quelle vérité ? — Et ça, ça veut dire quoi ? intervint le Comte en leur montrant le parchemin qu’un paysan avait apporté au Sieur Clotaire… » Les pèlerins se regardaient entre eux… Jean prit la parole : « Bon, on ne devait pas le dire mais la situation devient compliquée… Nous avons un reliquaire d’une très grande valeur… — Un reliquaire ? coupa Geoffroy. — Oui, les restes de Saint Martin dans un coffre en or et rubis…. Nous devions apporter ce reliquaire à Saint Jacques de Compostelle. C’est notre évêque qui nous l’avait demandé…On devait le faire discrètement, car ce reliquaire est d’une valeur inestimable…. Quelqu’un a dû être mis au courant et voilà pourquoi on a été attaqués… expliqua Henri. — Et où est-il ce reliquaire ? demanda le Comte. — Là, dans l’armoire, répondit Jean. En sécurité…. Heureusement que quelqu’un est venu nous aider lors de l’attaque… Sinon, ce reliquaire ne serait plus là…. — Et cette personne qui est venue vous sauver, c’est Enguerrand. Il va falloir maintenant aller à son secours, continua le Comte… » 66 Chapitre 10 *** Le Comte Ysengrin, le Sieur Clotaire et Geoffroy étaient dans le Donjon et discutaient de ce que les pèlerins venaient de leur apprendre… Au bout de quelques instants, Geoffroy se leva brusquement et il prit la parole : « Ca y est! Je sais où se trouve Enguerrand! — Comment ça ? demanda le Comte Ysengrin. — J’ai une idée...Voilà… » … *** Geoffroy et le Sieur Clotaire étaient en train de préparer leurs chevaux. Une servante arriva avec un gros paquet. « Enfilez ceci, Sieur Clotaire ». Geoffoy lui tendit un parfait déguisement de moine. 67 Chapitre 10 Geoffroy enfila lui aussi son habit de moine. « Allons-y ! dit-il » Ils grimpèrent sur leurs chevaux. Les gardes descendirent le pont-levis. Les deux hommes s’élancèrent vers la forêt. Au bout d’une heure, ils arrivèrent devant l’abbaye où Geoffroy était déjà allé. Ils cachèrent leurs chevaux derrière des arbres. Puis ils frappèrent à la lourde porte en bois de l’abbaye. « Que voulez-vous? demanda un moine qui venait d'ouvrir brusquement la porte. — Bonjour, pourriez-vous nous héberger pour cette nuit ? Nous avons besoin d’un peu de repos… demanda Geoffroy qui s’était un peu caché le visage. Le moine sembla hésiter… — Non, désolé, il n'y a plus de place, nous avons déjà du monde…répondit-il assez froidement. — Mais, nous ne savons pas où aller… , insista le Sieur du Castel. Nous n’avons pas besoin de grand-chose. Une cellule nous suffira pour tous les deux. » 68 Chapitre 10 Le moine n’avait pas d’autre solution que d’accepter. Les abbayes devaient l’hospitalité aux voyageurs, surtout lorsque ces derniers étaient des moines. « Bon d'accord, entrez, dit le moine. Je vais vous conduire dans votre chambre." Le Sieur du Castel et Geoffroy entrèrent ainsi dans l'abbaye. *** Quelques heures plus tard, alors que la nuit était tombée, Geoffroy et Clotaire préparaient leur plan dans leur cellule. Geoffroy, sans faire de bruit, à pas de velours , sortit dans le couloir. Tout le monde semblait dormir. Il fit un signe à Clotaire en lui disant que c'était bon. Ils commencèrent alors à s’aventurer dans l'abbaye. Ils ouvrirent de nombreuses portes, à la recherche d’Enguerrand. Aucune trace… Ils arrivèrent alors dans le bureau de l’abbé. Soudain, Geoffroy glissa sur un tapis. Il faillit tomber mais Clotaire le retint. Le tapis venait de dégager une sorte de trappe. Ils l’examinèrent puis ils décidèrent de l'ouvrir. A l’intérieur, ils découvrirent un escalier qui descendait dans le noir complet. Tout doucement, sans faire de 69 Chapitre 10 bruit, ils descendirent et décrochèrent une torche qu’ils allumèrent. « Quelque chose me dit qu’Enguerrand est prisonnier par ici, chuchota Geoffroy. — Oui, allons-y, lui répondit Clotaire… » Ils étaient sous l’abbaye. Un long couloir était devant eux. Les murs en pierre étaient humides. Ils avancèrent avec précaution. Ils arrivèrent devant une vieille porte en bois. « Qui va là ? » hurla quelqu’un à l’autre bout du couloir. Geoffroy et Clotaire se retournèrent. Deux moines impressionnants les fixaient. Ils tenaient de lourds gourdins. « Et vous, qui êtes-vous vraiment ? De véritables moines ? dit Geoffroy. — Toi, tu poses trop de questions, répondit l’un des moines en s’avançant, menaçant. » Trois autres moines arrivaient de l’autre côté du couloir… Geoffroy et Clotaire étaient cernés. Ils sortirent alors leurs épées qu’ils avaient cachées sous leurs vêtements… Une terrible bagarre s’engagea 70 Chapitre 10 alors… Les moines reculèrent un instant quand ils virent les épées mais ils décrochèrent des lances qui étaient accrochées au mur. Geoffroy désarma un premier moine et en blessa un second. Clotaire, lui, était attaqué par les trois derniers moines. Il reçut un coup au visage et tomba. Geoffroy prit un flambeau et le lança au visage du moine qui venait de blesser son ami. Mais les deux autres s’approchaient de lui et le moine qui était blessé lui fit un croche-pattes. Geoffroy fut déséquilibré et tomba à la renverse. C’est alors qu’une puissante voix retentit : « Arrêtez ! Jetez vos armes ! — Ysengrin ! cria Geoffroy. » Le Comte en effet venait d’arriver, avec une bonne dizaine de gardes. « Vous arrivez à temps », lui dit Geoffroy.» Quelques secondes plus tard, les faux moines étaient tous ligotés… *** Geoffroy enfonça la porte en bois. Quelques planches cassèrent et la porte put alors s’ouvrir. Au fond de la pièce, il découvrit Enguerrand, attaché par une lourde chaîne. Un bâillon l’empêchait de parler… 71 Chapitre 10 Geoffroy libéra son ami… « Ah, Geoffroy, mon ami, c'est toi ! Je suis tellement content de te retrouver, lui dit Enguerrand, soulagé… « Tu n’es pas blessé ? « Non, j’ai juste été attaché… Mais où sommes-nous ? « Dans une abbaye..., répondit Geoffroy. « Ah, je m’en doutais… J’entendais parfois comme des prières, des chants…. « Les prières des vrais moines, intervint Ysengrin…. Nous avons délivré les véritables moines de cette abbaye qui avaient été eux aussi emprisonnés par ces brigands… ils se trouvaient dans une autre pièce, au bout de ce couloir… » Geoffroy aperçut en effet les visages de ces moines qui avaient été capturés… *** Enguerrand s’adressa à son jeune ami… « L'autre jour, quand nous sommes partis chasser, je me suis enfoncé dans la forêt et c'est là que j'ai aperçu les brigands : ils venaient de ligoter des pèlerins et ils commençaient à fouiller leurs sacs. C'est alors que, sans réfléchir, j'ai attaqué. Le combat fut rapide : je me suis fait assommer par derrière et quand je me suis réveillé, 72 Chapitre 10 j'étais dans cette étroite pièce sombre … Mais comment as-tu fait pour me retrouver ? — Eh bien, deux indices m'ont aidé, expliqua Geoffroy. Je suis venu une première fois dans cette abbaye, quand je te recherchais…. En quittant les lieux, j’ai aperçu un moine qui quittait l’abbaye avec un panier. On m’avait dit alors que les moines allaient dans la forêt chercher des champignons. Sur le coup, je n’ai donc pas trop fait attention à lui. Mais, en réfléchissant un peu et en revoyant la scène, je me suis dit que quelque chose ne collait pas. En effet, le panier semblait déjà bien lourd, comme s’il était rempli. Pourquoi partir chercher des champignons avec un panier déjà rempli ? Et puis, il y avait des mouches qui tournaient autour de ce panier. Or, les champignons n'attirent généralement pas les mouches… Qu’est-ce qui attire les mouches ? La viande, bien sûr… Alors, quand le Sieur Clotaire a été informé que des loups avaient été trouvés dans une grotte, j’ai fait le lien. Ce moine avec son panier allait sans doute nourrir les loups… Ce moine n’était donc pas un véritable moine, mais l’un des brigands qui avaient agressé les pèlerins… L’un d’entre eux avait été blessé par un loup… — Je comprends mieux maintenant pourquoi tu soupçonnais ces moines… Mais comment as-tu compris que j’étais prisonnier dans cette abbaye ? 73 Chapitre 10 — Tu te souviens de ce faucon que tu as essayé de dresser pendant des mois ? — Oui, je n’ai jamais réussi avec lui… Une belle bête, pourtant… Mais, il n’en faisait qu’à sa tête… — Oui, et tu l’as relâché… Mais il revenait parfois voler au-dessus de toi, tu t’en souviens ? — Oui, je me suis souvent demandé pourquoi… — Je pense qu’il était en fait attaché à toi… Sais-tu que ce faucon, je l’ai revu ? Il tournait en rond au-dessus de cette abbaye ! C’est à ce moment là que j’ai compris, mais un peu plus tard, que tu devais être prisonnier ici… — Eh, bien Geoffroy, tu es vraiment très fort ! Incroyable !... » Et les deux amis se jetèrent dans les bras l’un de l’autre… « Une partie de chasse, demain matin ? proposa Ysengrin en souriant. » Enguerrand et Geoffroy se regardèrent en rigolant. « Ah, non, merci … pas tout de suite ! » Fin 74 Chapitre 10 75 Chapitre 10 Les auteurs de ce roman : Classe des CM2 de l’école Saint Etienne de SUCE-SUR-ERDRE Noëmie AUDIN Alice BECQUARD Léa BERTRAIS Lara BONDUELLE Juline BUROT Alice CHIFFOLEAU Benjamin CLARET Thomas COTTINEAU Raphaël DABAT Louis DEZELUS Baptiste EMERIAU Blanche ESNEAU Louis GIBEY Edward GROOM Pierre HENNEBEL Maxime HENNEBEL Vincent JAHAN Anthony LE BRETON Adrien LECHEVAL Marie MAUDUIT Elise PIGEON Raphaël PÏNEAU Matthias POTIRON Lucas ROUHI Alexandra SIRE et leur enseignant Christian HERBERT Classe des CM1 de l’école Sainte Famille de VERTOU, BEAUTOUR Leslie AUDREN de KERDREL Emeline BONNAL Clémence PETIT Benjamin BORGNE Jean-Baptiste CHOBLET Mélissa CHUPIN Louise-Marie CORBEAU Laura CRESTIN Gabin DANIEL Arthur DAVID Elise DOUILLARD Raphaël ERAUD Jeanne FORGET Audrey GABORY et leur enseignant Bruno JEAN VICTOR 76 Perick GARBE Mélina GAUGUET Ninon GINER Benjamin GUIBERT Tom HAUDOIRE Gwendal JOUHANNET Théo LE CHEVILLER Victor MICHEL Inès OULBANI William PAROIS Marine PROVOST Alan QUENTEL Germain RIMBEAU