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RDA une épuration allemande
vail universitaire, permet de bien saisir les mul-
La RDA en procès, 1949-2004
tiples facettes de cette épuration qui a donné lieu
de Guillaume Mouralis
à l’ouverture de 110000 enquêtes et à quelques
dizaines de milliers de licenciements, mais à peu
Fayard, 430 p., 26 €
de procès spectaculaires à quelques exceptions
près comme celui d’Erich Honecker, l’ancien chef
de la RDA.
Un élément psychologiquement étonnant : en
dépit de l’ouverture des archives de la Stasi, le
nombre de victimes portant plainte contre leur
ancien persécuteur est resté tout à fait marginal.
Une victoire posthume de la formule: « Du passé
faisons table rase »?
C
omment juger les crimes commis par les
régimes communistes, par ceux qui ont été
leurs hommes de main ou leurs dirigeants? La
question s’est posée dans la plupart des pays de
l’Est après la chute du communisme, avec à
chaque fois une réponse dictée par les conditions
historiques locales et les spécificités nationales.
La fracture tchétchène
Souvenirs d’un général
sur la guerre de Tchétchénie
de Guennadiï Trochev
(En russe, édition Vremia, Moscou, 2008)
Le cas de la RDA est particulièrement intéressant:
la dénazification opérée en RFA à l’issue de la
deuxième guerre mondiale pouvait servir de base
V
étéran des deux conflits en Tchétchénie, le
général Trochev publie ses carnets de guerre.
pour une opération de même nature, appliquée
Un témoignage à prendre avec les précautions
cette fois aux structures du parti communiste.
d’usage et même plus, mais pas inintéressant,
L’ouvrage de Guillaume Mouralis, issu d’un tra-
venant d’un des plus hauts responsables militaires
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russes sur le terrain: quelques éclaircissements sur
un peu longues (sur l’oligarque déchu Boris
les rapports entre militaires russes et leaders poli-
Berezovsky et sur Vladimir Poutine), l’absence de
tiques pendant la première guerre de Tchétchénie
source directe dans les milieux d’affaires russes et
et sur les rapports de Trochev avec le leader indé-
étrangers à Moscou et Londres et le recours trop
pendantiste Aslan Maskhadov. On aurait souhaité
fréquent à des sources de deuxième main. Ainsi,
les commentaires de Maskhadov sur Trochev,
pourquoi citer des propos extraits de livres parus
mais le leader tchétchène a été tué par les forces
en Grande-Bretagne et en Russie de journalistes
russes au cours de la seconde guerre de
comme Alexeï Venediktov ou encore Valery
Tchétchénie…
Paniouchkine, alors qu’il est facile de les interroger directement à Moscou?
Roman Abramovitch,
football, pétrole et pouvoir
Yeltsin: A Life
de Alban Traquet
de Timothy J. Colton
Éditions du Toucan, 2008, 258 p., 17 €
Basic books, 2008, 640 p., 35 $
A
lban Traquet a fait un point sur l’ascension
fulgurante de Roman Abramovitch, l’un des
uelle image garder de Boris Eltsine? Celle du
Q
président d’un pays livré à lui-même qui a
hommes les plus riches de Russie, l’un de ceux
laissé une poignée d’oligarques s’emparer des
qui, grâce au président Boris Eltsine et à son
richesses du pays? Celle d’un amateur de boissons
entourage, a pu s’emparer d’une partie des
alcoolisées qui n’a pas été capable de mettre la
richesses nationales dans la période troublée de
Russie sur la voie de la démocratie et a transmis le
l’après-communisme.
pouvoir à Vladimir Poutine?
En refermant ce livre, qui donne des détails inté-
La biographie de Timothy J. Colton est loin d’être
ressants sur la partie sportive des activités
aussi négative. Professeur à Harvard, spécialiste de
d’Abramovitch, mais n’apporte pas de révélation
la Russie, il a interrogé de nombreuses personna-
sur les nombreuses zones d’ombre du milliar-
lités de premier plan de la vie publique en Russie
daire, le lecteur a quelques regrets: des digressions
des dernières années, y compris Boris Eltsine.
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Colton rappelle à juste titre la détermination de
Eltsine qui en 1987, devant le comité central du
parti, lance un appel pour des réformes démocratiques et la fin de l’adulation du secrétaire général
du parti (qui était à l’époque Mikhaïl
Gorbatchev). Il est juste de souligner que cela
n’était pas à l’époque le discours de tout le monde
en Union soviétique!
Cette biographie n’hésite pas à prendre le contre-
Quelques observations intéressantes, des
pied d’idées largement acceptées chez les spécia-
réflexions pertinentes et quelques détails savou-
listes de l’URSS et de la Russie. Colton défend ainsi
reux sur les manières d’Enver et de ses hauts
la thèse selon laquelle Eltsine ne pouvait faire
fonctionnaires, mais le lecteur reste sur sa faim.
autrement que lancer une thérapie de choc pour
Reste l’image de ce goûter avec Enver Hoxha et
transformer l’économie de planification et de
sa terrible épouse Nexhmije avec pour thème de
pénurie en économie de marché, toute approche
conversation le voyage en URSS d’André Gide et
plus mesurée étant vouée à l’échec en raison de la
les vertus du camarade Staline, jamais remises
faiblesse de l’État russe à l’époque.
en question par ce couple infernal.
Colton manifeste sans doute une indulgence coupable à l’égard de Boris Eltsine, refusant contre
toute évidence d’admettre l’ampleur de la corruption et la multiplication des « affaires » sous le
règne du premier président de Russie.
From Soviet to Putin and Back
The Dominance of energy in Today’s Russia
de Michael J. Economides
et Donna Maria D'Aleo
Energy Tribune Publishing, 464 p., 27,95 $
Le médecin et le dictateur
de Yves Pouliquen
Édition Odile Jacob, 175 p., 23 €
É
minent chirurgien, chef du service d’ophtalmologie de l’Hôtel-Dieu à Paris, Yves
Pouliquen a reçu dans son service pendant des
années des étudiants albanais, des proches du
régime d’Enver Hoxha et des membres du gouvernement de Tirana. Il raconte dans ce petit
livre comment il a été amené à soigner d’abord
à distance, puis à rencontrer à Tirana en 1979 le
dictateur albanais.
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n guide utile pour tout savoir, ou presque,
U
sur le développement de l’industrie pétro-
lière russe, depuis Alexandre II jusqu’à Poutine
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en passant par la longue période soviétique, et
guère d’espoir à court terme et les charmes du
sur son importance dans la politique de
« paradis des travailleurs » étaient vantés par
Moscou.
des compagnons de route très écoutés : le
Beaucoup d’informations sur le rôle et le poids
chanteur Paul Robeson, l’écrivain George
du pétrole dans la politique étrangère russe, les
Bernard Shaw, ou des journalistes comme le
rapports difficiles et parfois franchement
chef du bureau du New York Times à Moscou,
conflictuels avec les investisseurs étrangers…
Walter Duranty.
La lecture de ce livre est encore plus d’actualité
Au milieu des années trente, près de 15 000
après le conflit du mois d’août entre la Russie et
Américains vivaient en Union soviétique. La
la Géorgie, d’où le contexte pétrolier n’était pas
plupart d’entre eux ont été rapidement privés
absent, avec les accusations géorgiennes de
de leur passeport américain par les autorités.
bombardement par les Russes de deux objectifs
Nombre d’entre eux ont été arrêtés pendant
stratégiques dans l’acheminement des hydro-
les grandes purges staliniennes, accusés d’es-
carbures: l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan et le
pionnage et envoyés dans les camps.
port de Poti, site clef pour le transport de
pétrole en provenance de la Caspienne, qui se
trouve près de l'oléoduc Bakou-Soupsa et du
terminal pétrolier de Soupsa.
The Forsaken
From the Great Depression to the Gulags,
Hope and Betrayal in Stalin’s Russia
de Tim Tzouliadis
Little Brown, 480 p., 20 £
En utilisant des archives déclassifiées, Tim
Tzouliadis met en lumière le refus de l’ambassade américaine à Moscou de venir en aide à
endant la Grande Dépression des années
P
ces citoyens américains, aussi bien à ceux qui
trente, des milliers d’Américains ont choisi
souhaitaient retrouver leur patrie d’origine
d’émigrer en Union soviétique pour échapper
qu’à ceux qui étaient détenus dans les camps.
au chômage qui touchait alors quelque 25
Pourquoi cette attitude criminelle ? Pour ne
pour cent de la population aux États-Unis.
pas entraver les relations de Washington avec
Communistes convaincus ou tout simplement
Moscou et par hostilité envers ces Américains
agriculteurs, ingénieurs et employés au chô-
qui avaient un jour choisi l’URSS.
mage, tous espéraient trouver dans l’URSS sta-
À quand une étude comparative sur l’attitude
linienne une vie meilleure, un emploi et des
des gouvernements occidentaux et de leurs
conditions de vie dignes. La terrible situation
ambassades dans la défense de leurs citoyens
économique d’alors aux États-Unis ne laissait
retenus en URSS ?
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A History
of Communism told through
communist jokes
de Hammer & Tickle
Ben Lewis, Weidenfeld & Nicolson, 354 p., 14,99 £
vie austère en Union soviétique… Ses sources
sont nombreuses : des anonymes, le dissident
Vladimir Boukovsky, Lech Walesa, des artistes
hongrois ou est-allemands…
Pour illustrer les risques de la pratique de l’humour en pays communiste, l’auteur cite cette histoire en forme d’interrogation: « Qui a construit
le canal de la Mer blanche? » (l’un des grands
chantiers du Goulag) – « La rive gauche a été
construite par ceux qui racontaient des histoires
et la rive droite par ceux qui les écoutaient ».
De nombreuses blagues qui concernaient les
anciens dirigeants soviétiques ont été revues et
corrigées et prennent maintenant Vladimir
Poutine pour héros, témoignant d’une certaine
persistance:
« Staline apparaît en rêve à Poutine et s’adresse
à lui:
en Lewis a rassemblé de nombreuses his-
B
- J’ai deux conseils: tue tes adversaires et repeins
toires drôles de l’époque soviétique, celles
le Kremlin en bleu.
qu’on se racontait dans les cuisines entre amis,
- Pourquoi en bleu? demande Poutine… ».
celles que les journalistes étrangers aimaient
citer pour illustrer avec humour un article sur la
Vous avez manqué
Histoire & Liberté
Nicolas Miletitch
et pouvez le commander à :
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(n° 35, été-automne 2008)
ou par courrier à :
consacré à Cuba
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www.souvarine.fr
Bibliothèque d’Histoire sociale
4, avenue Benoît-Frachon
92023 Nanterre Cedex
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