Voyage au bout du patchwork

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Voyage au bout du patchwork
Voyage au bout du patchwork
Couvre-lits d’excellente qualité en patchwork
Après quelques semaines passées à l’atelier, il
était indispensable d’aller visiter les groupes de
femmes du projet Patchwork. Nous connaissions
les produits, nous les avions manipulés, pliés, dépliés, vendus. Nous connaissions l’intransigeance
des clientes, l’excitation des expositions ventes, et
surtout le regard sondeur des femmes de l’atelier à
notre retour de ces ventes. Mais il nous fallait voir
où étaient faits les produits de l’artisanat : Duc
Linh. Ainsi nous allions découvrir le pays de cô1
Chin, de cô Lieu et de cô Phuong, et rencontrer les
petites mains du Patchwork.
Autorisation administrative en poche, nous voilà
partis, Julien, cô Chin et moi pour 4h de trajet depuis Ho Chi Minh Ville. Bus bondé (2 places pour trois) mais ambiance joyeuse, l’organisateur du bus est un petit bonhomme survolté à la mine joviale. Alors que nous nous éloignons d’Ho Chi Minh et de son architecture dense, notre organisateur hèle les éventuels passagers qui attendent le bus pour Duc
Linh. Il saute du bus en marche, cours, gesticule, monte sur le toit pour accrocher un vélo
alors que le bus roule toujours, sors les passagers par les fenêtres, bref un artiste ! ! !
Après quatre heures de bus, les rizières et la végétation s’intensifient. La route se détériore, le chauffeur semble connaître chaque nid de « ptérodactyle » que compte la route.
Nous approchons de Duc Linh et le bus commence à se désemplir. Cô Chin fait signe à
l’organisateur de stopper le bus car elle doit laisser des produits pour une femme du
groupe. Et hop voilà, l’organisateur qui catapulte un sac d’ouate servant à matelasser les
couettes ! L’ouate heureusement bien protégée dans de la cellophane, atterrit dans la
terre devant un petit commerce. Pas le temps d’attendre, nous voilà repartis aussitôt.
Enfin nous voilà en terre promise, nous descendons du bus. Les villageois nous observent
amusés. Sourire aux lèvres et un peu déboussolés… Julien et moi suivons cô Chin. Elle
appelle deux Xe Om (moto taxis). A trois sur la moto, nous sommes conduits au bureau
local de Viêt Nam Plus, nous rencontrons cô Ly.
Cô Ly supervise les projets de la communauté de Duc
Hanh et notamment le projet d’artisanat. Parlant anglais,
elle nous chaperonnera pour ce court séjour. Elle nous
emmène aussitôt chez cô Lieu. Nous découvrons le premier groupe de femmes, le plus nombreux. Au bout d’un
chemin de terre, la maison de cô Lieu est une petite baraque simple, juxtaposée à une petite porcherie. Des poules
passent la tête par les portes-fenêtres d’un air déconcerté
par l’étrange activité qui règne à l’intérieur. Il est environ
18h et les femmes font des heures supplémentaires pour que l’on puisse les voir travailler.
1
Cô : madame.
Les patchworks déployés au sol, les petites mains s’activent autour. Nous retrouvons les
sourires de cô Lieu et de Chi Hung, la fille de Lieu, que nous avions déjà rencontrées à
l’atelier. Voilà où sont fabriqués les patchworks ! Nous reconnaissons immédiatement les
commandes passées rue Le Van Sy. Chacun a rôle bien défini : la découpe, le dessin,
l’assemblage, le matelassage, la broderie… le travail se fait surtout au sol, il faut pouvoir
étaler le patchwork. Chi Hung supervise chaque activité d’un œil d’expert. Les dessins
sont faits à la main levée… quelle dextérité ! L’ambiance est plutôt joyeuse : travailler autour du même ouvrage délie les langues, les
plaisanteries fusent et certaines se laissent à
raconter un peu de leur vie. Nous apprenons
ainsi qu’une femme a fait adopter son enfant il y
a quelques années de cela car elle ne pouvait
s’en occuper. Elle nous montre les photos de
son enfant qu’elle conserve précieusement. Elle
espère que les parents adoptifs viendront lui
rendre visite prochainement avec son enfant.
Il se fait tard, il est temps pour les femmes de
retourner chez elle pour s’occuper de leur famille… mais certaines emportent du travail pour fignoler tranquillement à la maison. La
pluie tombe tambour battant et voilà le patchwork emballé et saucissonné sur le portebagages du vélo. Nous demandons si cela arrive souvent qu’une femme emporte du travail à la maison, on nous répond que c’est exceptionnel parce que c’est Noël ! ! C’est vrai
que les commandes ne manquent pas à l’atelier.
Le lendemain, nous visitons les deux autres groupes d’artisanat : celui de cô Chin et celui
de cô Phuong. Nous y trouvons d’autres histoires personnelles mais toujours cet enthousiasme et cette convivialité que nous avions perçus chez cô Lieu. Nous sommes invités à
déjeuner chez cô Phuong où nous dégustons un excellent Lau (fondue Viêtnamienne). Cô
Phuong avec sa joie de vivre nous fait visiter sa maison et nous présente sa famille. Nous
rencontrons le mari de cô Phuong entrain de dessiner de nouveaux designs de patchworks. Cette fonction semble lui plaire, et il est étonnant d’imaginer que cet homme paisible et souriant ait pu être violent2. La maison reflète toute la fantaisie et la créativité de
cô Phuong, tissus colorés, essais de patchworks suspendus... N’ayant plus de cochon, cô
Phuong a même réaménagé avec goût ses box
de porcheries en bureau et espace de jeux pour
ses enfants ! ! C’est avec les rires de cô Phuong
et de ses enfants que nous achevons cette visite
à Duc Linh. Enfin ! Nous avons vu le berceau du
Patchwork de Viêt Nam Plus. Nous rentrons
donc à Hô Chi Minh avec l’espoir de revenir un
jour, enchanté par les sourires de Duc Linh. Cô
Phuong nous accompagne cette fois-ci pour le
retour, chargée de précieux trésors.
Julien, Chin et Bernard
21 mars 2004
2
Voir le témoignage n°17 « Le cadeau de Noël de Madame Phuong.
2
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