Professeur : Marc Paré GUIDE POUR LES ÉTUDES DE MOTS

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Professeur : Marc Paré GUIDE POUR LES ÉTUDES DE MOTS
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Professeur : Marc Paré
GUIDE POUR LES ÉTUDES DE MOTS
Remarques : L’idéal pour les études de mots est d’utiliser une concordance en ligne,
comme celles avec les numéros Strong’s disponibles sur www.lueur.org ou
www.biblegateway.com ou www.e-sword.net. Si vous utilisez une concordance papier,
assurez-vous d’utiliser la traduction sur laquelle est basée votre concordance pour
déterminer plus facilement quel mot chercher dans la concordance. Pour faire une étude
de mot, vous devez absolument utiliser une concordance hébraïque ou grecque ou alors
une concordance basée sur l’hébreu ou le grec comme celle de Cochrane ou celle de
Strong’s, soit une concordance qui rapporte les occurrences du mot dans la langue
originale (hébreu ou grec). Il ne faut surtout pas utiliser une concordance qui se contente
de rapporter les occurrences des mots dans la traduction française (peu importe le mot
grec ou hébreu derrière). Évidemment, un programme informatique du genre Accordance
ou Bible Works est aussi tout à fait approprié s’il est basé sur les récurrences du mot
hébreu ou grec.
Démarche :
Note : la démarche suivante est proposée pour une étude de mot sommaire faite à l’aide
de la concordance Cochrane. Si vous utilisez une autre concordance (hébraïque, grecque
ou Strong’s, par exemple), la démarche est similaire mais doit être adaptée selon la
marche à suivre expliquée dans votre concordance.
1. Déterminez les mots jugés importants pour la compréhension de la péricope à partir de
votre analyse structurelle ou des questions que vous vous posez en lisant le texte.
Privilégiez l’étude des mots clés, comme les mots qui sont répétés à quelques reprises
dans le passage (ou dans le livre qui contient le passage) ou encore les mots qui
véhiculent des concepts centraux au passage ou au livre que étudié, ou encore des mots
dont le sens n’est pas clair.
2. Recherchez dans Concordance de la Bible 2e édition (Cochrane) ou l’équivalent
(comme Strong’s) le mot tel qu’il apparaît dans le texte de la traduction sur laquelle se
base la concordance. Pour Cochrane, il s’agit de la traduction Louis Segond, édition de
Genève (1979).
3. Dans la liste des versets où apparaît le mot (tel qu’utilisé dans la traduction Segond),
repérez le verset où votre mot apparaît. Notez le numéro inscrit à côté du verset. Il s’agit
d’un code représentant le mot hébreu ou grec utilisé dans ce verset.
En enrichissement (optionnel) : pour aller plus loin, regardez les numéros avant et après :
il est possible que des mots de la même famille (verbes, noms, participes) soient
repérables. Si les numéros avant et après sont traduits pratiquement par les mêmes mots
que votre mot, il peut être intéressant d’étudier aussi ces mots, donc d’appliquer les
étapes suivantes à ces autres mots (numéros).
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4. Recherchez dans Concordance des mots hébreux et grecs de la Bible (toujours de
Cochrane) le numéro que vous avez trouvé à l’étape 3. Cela vous donne une liste de
toutes les occurrences dans l’Ancien Testament OU dans le Nouveau Testament du mot
hébreu ou grec qui est derrière la traduction. Ces occurrences sont regroupées sous les
différents mots français (ou anglais) utilisés par la Bible qui sert de référence à la
concordance pour traduire le mot hébreu ou grec, puis placées en ordre « canonique » (c.à.-d. dans l’ordre des livres bibliques adopté par la Bible qui sert de référence à la
concordance). Assurez-vous que le verset que vous étudiez est inclus dans la liste sous ce
numéro. Si ce n’est pas le cas, vous avez fait une erreur.
5. À partir de votre liste de versets, examinez comment le mot est utilisé d’abord dans le
contexte immédiat du passage et dans l’ensemble du livre, puis dans le corpus biblique
dans lequel se trouve votre livre (par exemple les Évangiles, la littérature prophétique,
etc.), et enfin dans tout l’Ancien Testament OU le Nouveau Testament. Pour comprendre
le contexte, prenez le temps de lire au moins le verset précédent et le verset suivant le
verset où votre mot apparaît et le titre attribué par votre traduction au passage dans lequel
le verset apparaît. Si la liste des versets est très longue (plus d’une cinquantaine par
exemple), vous pouvez choisir des versets représentatifs (quelques versets par livre
biblique, par exemple) en favorisant les occurrences dans le livre étudié ou le corpus dont
fait partie votre livre. Assurez-vous aussi de lire quelques versets sous chacun des
différents mots français utilisés pour traduire le mot grec ou hébreu (pour mieux saisir
son champ sémantique, soit les possibilités de sens). Notez la distribution du mot dans le
Testament. Combien de fois est-il utilisé dans le livre biblique étudié par rapport au
Testament ? Le mot apparaît-il surtout dans un type de littérature ou un corpus biblique
(épîtres, livres prophétiques) ou dans un genre littéraire particulier (comme la poésie ou
les textes législatifs) ? A-t-il souvent le même sens dans un contexte (ou dans un corpus
biblique) plutôt que dans un autre, ou dans le livre étudié plutôt qu’ailleurs ?
6. Est-ce que l’utilisation du mot en dehors du passage éclaire son sens dans votre
péricope ? Parmi les différents sens possibles du mot (champ sémantique), lequel semble
être le sens le plus approprié pour votre passage ? Faites l’exercice de remplacer dans
votre passage le mot français choisi par la traduction par chacune des autres possibilités
(donc chacun des différents mots français utilisés pour traduire le mot hébreu ou grec).
Un de ces mots français vous semble-t-il aussi valable, voire meilleur que celui choisi par
la traduction ? On doit se rappeler que le sens le plus commun du mot pour un certain
auteur, c’est-à-dire le sens attribué à ce mot par cet auteur la plupart du temps est le sens
habituel qu’a ce mot pour l’auteur, même si le reste du Testament peut souvent utiliser le
mot de façon différente. Ceci ne veut pas dire que le mot ne peut pas prendre un autre
sens que le sens commun qu’a ce mot pour l’auteur, seulement que l’auteur peut avoir
une préférence pour un sens particulier.
Précision : Il ne faut pas voir dans l’occurrence d’un mot dans un texte tous les sens
possibles du mot, bien qu’il soit possible que plus d’un sens soit présent dans une même
occurrence (Osborne, Hermeneutical Spiral, p. 74). En analysant l’utilisation du mot, on
cherche à comprendre les différents sens possibles qu’il peut prendre (champ sémantique)
dans la langue originale pour le différencier du champ sémantique (possibilités de sens)
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qu’on attribue au mot français utilisé pour le traduire. On veut saisir les nuances, en
particulier les nuances propres à ce mot par rapport à d’autres mots dont le sens est
proche du mot étudié (voir *Étapes supplémentaires). Ceci fait, on peut tenter de mieux
comprendre les possibilités offertes au lecteur pour le sens du mot dans le passage étudié,
sans être entièrement dépendants du choix du traducteur. Ce type d’étude de mot n’est
donc PAS une étude sur l’origine (étymologie) ou la racine du mot, ce qui peut être
obtenu par d’autres outils (notamment le lexique).
9. (les étapes 7 et 8 étant optionnelles) Rapportez vos résultats et illustrez à l’aide
d’exemples, donc à partir de versets où le mot hébreu ou grec apparaît et où le sens est
évident. Dans votre travail final rapportant les résultats de votre réflexion en une ou deux
pages, concentrez-vous sur l’explication de vos trouvailles. Ne reproduisez pas dans le
document tout le travail que vous avez fait mais faites ressortir vos conclusions. Quel
impact a votre étude de mots dans la compréhension du passage et de son message
central ? Expliquez les sens possibles du mot dans le Testament et le sens que doit
prendre votre mot dans le passage. Expliquez pourquoi vous avez choisi ce sens plutôt
qu’un autre, par exemple à l’aide du contexte littéraire (péricope, partie du livre, livre,
corpus biblique du même auteur).
10. Joignez à votre travail les photocopies que vous avez faites à partir de la concordance
et des dictionnaires bibliques ou autres.
*Étapes supplémentaires (7 et 8) qui ne SONT PAS nécessaires pour le travail exégétique
mais qui sont utiles pour faire des études de mot plus approfondies :
7. Retournez dans Concordance de la Bible 2e édition (Cochrane), le premier livre où
vous avez trouvé pour le mot français une liste de codes, qui sont des mots hébreux ou
grecs qui peuvent être traduits par ce mot français (il est possible que votre mot que vous
avez étudié soit le seul qui soit traduit par ce mot français, mais cela est rare). Étudiez ces
autres mots hébreux ou grecs en appliquant à nouveau les étapes 4 à 6 à ces mots. Vous
pouvez aussi appliquer cette démarche en reprenant la liste des différents mots hébreux
ou grecs qui peuvent être traduits par chacun des différents mots français que vous avez
trouvés à l’étape 4 (les différents mots français qui sont utilisés pour traduire le mot
hébreu ou grec qui vous intéresse). Cette dernière étape peut s’avérer plus exigeante
puisqu’un grand nombre de mots et d’occurrences peuvent être générées.
Y a-t-il des différences importantes dans l’utilisation de ces mots par rapport à
l’utilisation du mot que vous avez choisi d’étudier au départ ? Pensez-vous que
l’utilisation par l’auteur du mot hébreu ou grec qu’il a choisi plutôt qu’un des autres mots
hébreux ou grecs que vous venez de découvrir à cette étape a une certaine importance ?
Le livre que vous étudiez utilise-t-il ces autres mots ailleurs ? Y a-t-il une nuance entre
ces mots dans votre livre ? Dans son corpus biblique ?
8. Consultez des commentaires bibliques au passage étudié (ou alors un lexique biblique
ou un dictionnaire analytique de l’hébreu ou du grec**) pour voir si des explications
concernant votre mot vous éclairent davantage. Vous pouvez aussi consulter un
dictionnaire biblique, en reconnaissant toutefois que dans ce dernier cas, le dictionnaire
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ne discute pas nécessairement du même mot grec ou hébreu que celui apparaissant dans
votre passage.
**Note importante : avec le grec, seul l’apprentissage de l’alphabet grec (très simple)
est suffisant pour utiliser un dictionnaire analytique ou un lexique alors qu’avec l’hébreu
il est beaucoup plus difficile d’utiliser ces outils sans connaître la langue (à l’exception
des logiciels, où un simple clic suffit). Il vaut donc la peine de consulter un ouvrage
(même un dictionnaire français) pour obtenir l’alphabet grec et consulter ces outils. Cela
ne remplace évidemment pas l’apprentissage de la langue, mais on peut au moins glâner
quelques éléments dans divers outils très utiles.