FICHE DE TRAVAIL : la littérature du XVIe LA LITTERATURE DU

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FICHE DE TRAVAIL : la littérature du XVIe LA LITTERATURE DU
FICHE DE TRAVAIL : la littérature du XVIe
LA LITTERATURE DU XVI
ème
SIECLE : SIECLE DE L’HUMANISME
QUELQUES RAPPELS HISTORIQUES :
les citadins de la renaissance ont le désir de s’informer de manière plus
concrète : géographie, technique, commerce. Ils souhaitent que leurs
enfants acquièrent une instruction utile. Partout se développe les
collèges, parmi eux, le Collège des lecteurs royaux (le futur Collège de
France). L’Écrivain va trouver des lieux où rencontrer d’autres écrivains
et former des « écoles comme au collège de Coqueret d’où sont sortis les
futurs champions de la Pléiade.
Mais le plus grand bouleversement culturel est la diffusion du livre.
L’imprimerie, inventée par Gutenberg en 1448, s’implante en France dès
1470, à Paris et surtout à Lyon. Le petit format (le in octavo) se répand.
La Renaissance voit apparaître le poète-courtisan (le roi attire à la cour
de France les artistes, tels Léonard de Vinci, le peintre Primatice).
L’Italien Baldassare Castiglione rédige le manuel de savoir-vivre
aristocratique : Le Courtisan (1528).
Surnommé « Le père des lettres », François 1er permet à l’homme de lettres
de bien vivre. Il assure un bénéfice religieux à Ronsard et Rabelais, une
pension à Marot, une charge de la maison royale à Budé. L’écrivain soumis
au mécénat jouit d’un rang privilégié parmi les courtisans et contribue à
influencer le goût royal, donc national. Ils n’hésitent pas à s’engager
dans certains débats d’idée : contre l’intolérance (Marot, Montaigne),
contre la corruption des clercs (Rabelais), contre les protestants
(Ronsard), contre les catholiques (d’Aubigné).
Il reste que le modèle culturel dominant est l’Antiquité.
1.
CLEMENT
MAROT, un esprit nouveau
Il est le seul à vraiment s’imposer en réussissant à faire la synthèse
des traditions (son père Jean Marot, est un grand rhétoriqueur) et en
1
devenant l’initiateur d’un ton vraiment neuf. Auteur
traditionnelles come le rondeau, la ballade ou l’ode, il est
créateur, dit-on, du sonnet.
d’œuvres
aussi le
On retient de l’œuvre de Marot :
Ø Une poésie personnelle lyrique, où le poète exprime ses sentiments et
montre un sens de la confidence remarquable. Cette sensibilité naïve
se manifeste notamment dans les « Eglogues » où il conte son
enfance.
Ø Une poésie satirique. Marot a eu maille à partir avec toutes les
institutions de son temps. Suspecté pour ses idées favorables à la
Réforme, poursuivi pour ses divers « péchés mortels » (traductions
de textes sacré ; non respect du jeûne du carême). Marot a dû
souvent s’exiler. Son ami et éditeur Etienne Dolet, sera brûlé pour
hérésie en 1546. Dans son poème L’Enfer (1526), Marot se livre à
une violente critique de la justice de son temps.
Ø Une poésie de courtisan. Vivant dans les faveurs du prince, il ne
cesse de quémander et de plaire, tantôt pour se tirer d’un mauvais
pas, tantôt pour refaire une fortune dilapidée. Marot a su profiter
de la protection de François 1er, de sa sœur Marguerite de Navarre ou
de Renée de France, fille de Louis XI (favorable aux protestants).
Dans l’épître Au Roi, pour avoir dérobé (1532), Marot se plaint
d’avoir été dévalisé par son valet ; elle fit sourire François 1er
qui accorda cent écus au poète sas ressources.
Ø Une poésie de traducteur. En bon humaniste, Marot, malgré des
condamnations ou avertissements répétés, voulu traduire les Psaumes.
L e tribunal ecclésiastique de la Sorbonne trouvait impie de mettre
les textes sacrés à la disposition du public et y voyait un esprit
« protestant ».
L’exil en Italie (1534) et en Suisse, auprès de Calvin (1542), est
surtout dû à ces travaux de traduction – qui servent de l’époque
de livres de prière pour l’église réformée.
Marot impose des strophes et des poèmes à formes fixes :
o Les strophes :
- Le sizain, généralement en octosyllabes, suit la rime AABCCB
- Le huitain, divisé en deux quatrains, suit la rime ABABBCBC
- Le dizain, en décasyllabes ou octosyllabes, suit la rime
ABABBCCDCD
2
o Les poèmes à forme fixe :
- La ballade : trois huitains et quatre quatrains
- Le rondeau : trois strophes (AABBA AAB AABBA) ; à chaque fin de
strophe, on répète les premiers mots du début du poème.
- Le sonnet, d’origine italienne, Marot l’introduit en France où
il aura un immense succès ; deux quatrains, deux tercets (ABBA
ABBA CCD EED ou EDE)
Marot inventeur du blason :
Marot est l’initiateur d’un jeu littéraire : le blason. A l’origine de
« blasonner » consiste à détailler les armoiries d’un écu (d’une famille
ou d’une ville, par exemple)
Marot s’amuse à l’appliquer à un élément anatomique : l’œil, le
« tétin », le sourcil, le nombril...
Exilé à Ferrare, en Italie auprès de Renée de France, Marot écrit le blason
du beau tétin (1535).
L’idée lui vint alors de lancer un concours auprès de tous les poètes, et
de collecter les envois de ses amis ou rivaux. Ce sera Maurice Scève qui
remportera la palme de ce concours improvisé, avec le Blason du sourcil.
Le genre a dégénéré, chantant les parties moins pudiques du corps féminin
On trouve également les contre-blasons qui se moquent des laideurs du corps
humain.
Marot eut beau s’en plaindre : Arrière ! mots qui sonnent salement /
Parlons aussi des membres seulement / Que l’on peut voir sans honte
découverts / Et des honteux ne souillons pas nos vers...
2. CALVIN
Initiateur français du protestantisme dont il a écrit les textes de
références en 1541 ; il appartient à l’institution religieuse.
Né en 1509 à Noyon, en Picardie. Les 500 ans de sa naissance ont été fêtés
cette année 2009.
3. RABELAIS (ou le « prince des conteurs »)
Son père le destinait à être musicien (1494?- 1553), Rabelais commença sa
vie comme moine (franciscain, puis bénédictin), s’initia aux écrivains de
l’antiquité et acquis une immense culture. Quittant l’habit de moine en
1530, il se tourne vers la médecine et entame un œuvre littéraire originale
et puissante.
3
Rabelais est un esprit contestataire et inventif. Ses livres se moquent de
la guerre, des puissants, de la hiérarchie de l’église, de l’éducation
pratiquée au Moyen âge... Ses héros Gargantua ou Pantagruel cherchent le
bonheur des hommes, discutent de la meilleure organisation économique
possible, modifient les lois. Sa religion enfin, est inspirée par
l’évangélisme qui prône le retour au texte
et au message du Christ,
l’abandon des dogmes et des superstitions inutiles, la distance face à la
papauté, le refus de l’hypocrisie, etc. L’œuvre de Rabelais est, à ce
titre, une œuvre « à message ».
Pour vulgariser ses idées, Rabelais choisit le grossissement (géants,
situations énormes ou absurdes) ; il en résulte une force comique qui
ridiculisent les comportements humains et donne à réfléchir.
Cette méthode reflète aussi, tout simplement, une imagination débridée et
une fantaisie illimitée. Rabelais ne recule devant aucune folie ni aucune
grossièreté pour faire rire son lecteur.
Il laisse exulter la joie de vivre, celle du corps, des appétits humains
les plus crus.
Une œuvre touffue :
Encouragé par le goût de ses contemporains pour les contes paillards et
pour les chroniques. Rabelais fait paraître à Lyon, en août 1532 son
Pantagruel, roi des Dipsodes. Il le signe avec une anagramme de son nom,
Alcofribas Nasier
Pantagruel (1532) : Panurge (= »bon à tout »), (chapitres XXIII-fin),
Pantagruel entre en guerre
pour défendre son pays Utopie, il
triomphe de ses ennemis et affronte en duel le géant Loup Garou,
blessé à la tête, il est guéri par Epistèmon. Pantagruel abrite son
armée sous sa langue. Le dernier chapitre ( XXXIV) promet une
continuation et dénonce à l’avance les théologiens qui vont
condamnés le livre.
Censuré par la Sorbonne, Rabelais choisit l’attaque. Il publie, avec
la protection de la Cour, Gargantua à Lyon en 1534.
Gargantua (1534) : ce livre est une mise en cause encore plus nette
de ceux qui refusent l’esprit nouveau. Le prologue de Gargantua sart
de mode d’emploi : Rabelais invite le lecteur à saisir, derrière les
apparences et le rire le sens caché et profond du texte.
Certes, Mieux est de ris que de larmes écrire, /Pour ce que rire est
le propre de l’homme, mais le livre est comme une boîte peinte audessus de figures joyeuses et frivoles dans laquelle on réserve de
fine drogues et autres choses précieuses. Lire, c’est ronger l’os,
pour en tirer la substantifique moelle.
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§ I- XIII : Naissance et enfance de Gargantua
§ XIV- XXIV : L’éducation de Gargantua placé sous la responsabilité
du maître Ponocratès qui lui donne une éducation complète, concrète,
épanouissante
§ XXV-LI : La guerre picrocholine. Le père de Gargantua, Grandgousier
est attaqué par le seigneur Picrochole, à la suite d’une querelle
entre vignerons et «
fouaciers » (fabricants de galettes).Les
combats font rage ; s’y distingue le moine Jean des Entommeures qui
défend les vignes de son monastère.
§ LII-LVII : L’abbaye de Thélème. Le couvent de Frère Jean est une
sorte de cour où l’élite vit dans la culture et les bonnes mœurs,
avec pour seule règle : Fais ce que tu voudras
Du fait des allusions très directes qu’il contient, Gargantua est
également censuré.
À la suite des placards (des affiches pour les idées réformées
placardées sur la porte de la chambre du roi) François 1er commence à
persécuter les protestants. Rabelais par prudence sans doute,
n’écrit plus pendant onze ans. Protégé par le cardinal Jean du
Bellay, il achève ses études de médecines et se fait oublier.
Le tiers livre (1546) : est assez différent des premières œuvres
§I : Pantagruel a conquis la Dipsodie et reproche à Panurge de
dilapider ses revenus.
§II : Panurge se demande s’il doit se marier et consulte tout le
monde : une Sybille (femme-devin de l’Antiquité), un muet, un poète,
un oculiste, un donneur d’horoscopes, Frère Jean, des théologiens,
médecins, philosophe...en vain. Panurge n’arrive pas à se décider !
§III : Finalement Panurge et Pantagruel s’embarquent pour un long
voyage, afin de recevoir l’oracle de la dive bouteille, suivant le
conseil du fou Triboulet.
Réfugié à Metz (hors du royaume), Rabelais voit les tensions
religieuses augmenter et le Tiers Livre paraît l’année même où
l’éditeur Etienne Dolet est brûlé pour hérésie.
Le Quart livre (1548-1552) : Un des derniers ouvrages de Rabelais,
confus et loufoque, qui dénonce les fanatiques de tous bords et
chanter la vie naturelle qui enfanta Beauté et Harmonie.
Le cinquième livre (1564) ; il prolonge le
posthume dont l’authenticité est discutée
Ces deux derniers livres racontent la suite des
et de ses amis. Ils s’apparentent à des
imaginaires. Au gré de la navigation, on aborde
(satire des gens de loi), des Macréons, des
Quart Livre, livre
aventures de Panurge
récits de voyages
l’île des Chicanous
Tapinois, où le roi
5
Carême-Prenant se bat contre les Andouilles alliés de Mardi-Gras,
etc. Mais l’on finit par deux îles ennemies : celle des
« Papefigues » (les protestants) et celle des « Papimanes » (les
catholiques). On les quitte toutes deux sans regret pour arriver
enfin au royaume de maître Gaster (l’estomac), symbole de la vraie
vie et du plaisir. Le Cinquième Livre donne une impression de chaos
burlesque : Rome devient une Isle sonnante où chantent et
s’engraissent les oiseaux inutiles ; la philosophie est ridiculisée
sous la forme de la Quinte Essence où l’on controverse vainement. On
arrive enfin à l’oracle de la Dive bouteille, qui ne dit qu’un mot,
Trinch (« vois ! ») ; enivre-toi de vin, mais plus encore de sciences
et de découvertes.
Le comique de Rabelais prolonge l’esprit de carnaval, les fêtes
primitives, où toutes les valeurs s’inversent, se mêlent ou se
renversent.
Humanisme, amour de la nature, fantaisie, comique et inventions
verbales caractérise cet auteur.
3. Marguerite de Navarre
Marguerite d’Angoulême (ou de Valois) est très attachée au roi, son frère.
Attachement qui explique le rôle qu’elle a pu jouer auprès de lui comme
protectrice des poètes, des humanistes, des novateurs.
Sensible, pondérée, rayonnante d’intelligence et de bonté, elle a
accueilli dans sa cour de Nérac, en particulier, les plus fins esprits de
son temps.
Passionnée par les débats religieux - elle comprend les principes
réformateurs, est séduite par l’évangélisme et est favorable à la
conciliation - et sœur de François 1er, sa position devient intenable.
Retirée dans son royaume de Navarre, elle se consacre à son recueil de
contes, L’Heptaméron Ce recueil imite, en sept jours (du grec « hepta »),
les dix journées du Décaméron de l’Italien Boccace (1313-1375). Chacun
des « devisants » donnent son récit pour authentique : nous avons juré de
dire la vérité.
6
Le recueil montre les métamorphoses du sentiment : courtois ou sauvage,
candide ou calculateur, platonique ou grivois. Ainsi, Marguerite de Navarre
refuse le point de vue unique, et fait dialoguer des contradictions, image
de la vie réelles, où l’on s’aime pour le meilleur et pour le pire.
Un excellent témoignage sur les mentalités de l’époque.
4. BONAVENTURE DES PERIERS
Après avoir mené une vie vagabonde et difficile, il rencontre le cercle
lyonnais, puis fait la connaissance de Marguerite de Navarre. Il partage
charge honorifique de « valet de chambre » avec Marot. Auprès de la reine
qui rédige son Heptaméron, il compose ses Nouvelles récréations et joyeux
devis (publication posthume, en 1558). Il renoue avec la tradition orale.
La Fontaine lui emprunte l’histoire de Perrette et le pot au lait. Mais
c’est Nodier qui le fera redécouvrir.
Le recueil eut beaucoup de succès
pendant tout le XVIème. A la suite
d’Erasme, Bonaventure Des Périers interroge les manies humaines et les
duperies sociales, sans trop se prendre au sérieux – les anecdotes sont
brèves et drôles. Comme
Rabelais, il jongle avec les mots et les
dialectes, et son écriture est le reflet de la liberté humaniste, pleine
d’ironie et de gaité.
5. LE FOYER LITTERAIRE LYONNAIS
La ville de Lyon important lieu d’échange entre l’Italie et Paris sert de
plaque tournante pour le commerce, organise quatre grandes foires
internationales chaque année. Les banquiers italiens puis flamands s’y
sont installés. Cette intense activité économique permet aussi la
circulation des idées, d’autant que Lyon se trouve à la croisée des
chemins : l’esprit réformé souffle de Genève, les traditions des
troubadours du pays d’oc sont tout proches, les idées esthétiques ou
philosophiques de l’Italie remontent la vallée du Rhône.
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Mais surtout, Lyon est la capitale de l’imprimerie. Citons deux illustres
éditeurs ; Etienne Dolet (éditeurs de Rabelais et Marot) et Tournes
(éditeurs de Marguerite de Navarre, Maurice Scève, Pernette du Guillet)
Ø
MAURICE SCEVE
Nourri de culture gréco-latine, fasciné parles idées néo-platoniciennes, il
affirme avoir découvert le tombeau de la Laure de Pétrarque (dans son
Canzoniere, Pétrarque raconte son « coup de foudre pour une dame
mystérieuse, Laure, rencontrée le 6 avril 1327 à Avignon), dans une
chapelle d’Avignon, Cette trouvaille, fort suspecte.lui semble être un
signe de sa vocation et il entre en poésie comme d’autres entent en
religion.
L’œuvre principale de Maurice Scève est Délie, objet de plus haute vertu
(1554). Ce recueil complexe, composé de 449 dizains, en vers décasyllabes,
qui suivent tous les rimes ABABBCCDCD, n’est pas une histoire continue et
cohérente, mais la quête et tourmentée d’un anxieux vers la perfection et
un au-delà dont la femme aimée est l’image. On s’accorde à considérer que
Délie n’est autre que Pernette du Guillet dont Scève s’éprit vers 1536.
Délie est surtout l’anagramme de « L’idée ». Scève cherche l’accession à
l’amour idéal, lequel exige des souffrances. Délie prend souvent la forme
de Diane-Hécate déesse « triple » de la chasse (qui fait errer et se
refuse) et de la nuit (mystérieuse, froide et cruelle)
La poésie de Scève exprime donc une douleur nécessaire à une jouissance
supérieure. Des poètes comme Mallarmé ou Valéry admireront surtout la forme
très contraignante du « carré » scévien (10 vers :10 syllabes).
Ø
LOUISE LABE
Louise Labé est la plus grande poétesse de la Renaissance, file d‘artisan
cordier (d’où son surnom de « belle cordelière »)
Ses œuvres présentent un double aspect : d’une part un « féminisme » qui
invite les femmes à participer à l’essor humaniste de la Renaissance, à
regarder un peu au-dessus de leurs quenouilles et de leurs fuseaux, à
refuser d’être « femme-objet » ; d’autre part, une forte sensualité,
revendiquant par ses poèmes l’ardeur des amours charnels.
Tant de franchise attira sur elle des jugements sévères, notamment ceux de
Calvin.
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6. La PLEIADE
C’est dans un contexte très favorable que va évoluer la génération des
années 1530. En effet à la mort de François 1er, en 1547, le pays est
pacifié.
La Génération de la Pléiade rejette les formes poétiques du Moyen Age et
réclame l’imitation de l’Antiquité, l’imitation des anciens, (parmi eux
Pétrarque)
Ronsard et ses amis proposent en réponse à l’Art poétique de Thomas
Sébillet (qui défendait l’art de Marot), un manifeste : la Défense et
Illustration de la langue française (1549). Il est signé par Du Bellay.
Tout l’art poétique va viser à déceler et cultiver la force et la beauté
du français, tout en le réanimant et en le diversifiant : il faut exploiter
toutes les théories qui rendront à notre langue « lumière », « énergie »,
« âme » et « ardeur ».
La Pléiade est un groupe de jeunes poètes impatients et doués qui placèrent
leur ambition dans la volonté d’ « illustrer » la « langue française ». L
a Pléiade, regroupés autour de Ronsard, n’est pas vraiment une école, mais
un groupe d’amis (qui s’était d’abord intitulé « la Brigade »). Le nom
de la Pléiade est emprunté à une constellation à sept étoiles. Les sept
poètes sont : Ronsard, du Bellay, Pontus de Tyard, Baïf, Peletier, Belleau,
Jodelle. Ils se sont initiés aux trésors de la littérature grecque et
latine, ont vécu dans une sorte de compagnonnage. Le mouvement n’aura
jamais de règles rigides.
Ø
RONSARD ou « le prince des poètes » (1524-1585)
De son vivant, il fut salué comme une sorte de poète officiel, et il a
beaucoup travaillé sur commande : hymnes, discours, essais épiques,
traduction des Anciens, textes polémiques contre les Réformés, etc.
Mais parallèlement, il rompt avec cette austère production pour se
consacrer aux amours.
Ronsard ne place pas sa vie sentimentale sous le signe d’un amour unique
et exclusif (contrairement à Pétrarque, Scève, ou du Bellay dans Olive)
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Il choisit de développer le thème littéraire de l’amour sous toutes ses
faces, à travers plusieurs figures de femmes ; Cassandre, Hélène, Marie
La critique littéraire les a identifiés, mais Ronsard a lui-même opéré des
changements de nom et de classements au cours des éditions successives.
Les identifications possibles :
v
Cassandre
Fille du banquier Salviati, mariée à un seigneur du Vendômois, elle eut
pour nièce Diane Salviati, aimée d’Agrippa d’Aubigné, et pour lointain
descendant Alfred de Musset.
v
Marie
Sans doute Marie Dupin, une jeune fille de milieu modeste rencontrée à
Bourgueil, en Anjou, ou bien Marie de Clèves maîtresse du roi Henri III,
morte très jeune.
v
Hélène
Demoiselle d’honneur de Catherine de Médicis, Hélène de Surgères est
restée inconsolable à la mort de son fiancé.
Quelques poèmes :
-
Les Odes Pindariques (inspirées de Thébain de Pindare)
Les odes Horatiennes (inspirées d’Horace ; épicurien
comme lui, il goûtait la nature, le bon vin, les douceurs de l’amour
et de l’amitié)
ü
Les Amours de Cassandre (1552)
ü
Les Amours de Marie (1555-1556)
ü
Les Sonnets ^pour Hélène (1578)
« Mignonne allons voir si la rose... » pour Cassandre
« Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle... » pour Hélène
-
-
Les Odes Anacréontiques
-
La Franciade (une épopée, qui s’est révélée un échec)
10
Ø
DU BELLAY (1522-1560)
On retiendra de lui, le recueil Olive, très influencé par Pétrarque qui
avait chanté dans ses Sonnets et ses Canzones son amour pour Laure de
Noves, un amour sincère et douloureux. Chez du Bellay l’amour est vécu
comme une ascension vers un idéal de pureté.
L’Olive provoqua une telle vogue pétrarquiste que les poètes de la Pléiade
finirent par s’en moquer. Au maniérisme et à la préciosité, ils opposèrent
une inspiration plus personnelle et plus fraîche.
Du Bellay revient d’autant plus facilement à la poésie personnelle que le
sort semble l’accabler : sa santé est mauvaise et il devient sourd ; un
séjour à Rome est perçu comme un exil.
Il compose alors, les Antiquités de Rome (1558), Et les Regrets
« Heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage »
7. GARNIER (1544-1590)
Comme Jodelle (auteur de Cléopâtre captive), il est l’auteur de tragédies.
Auteur, notamment des Juives.
8. LA LITTERATURE ENGAGEE : AGRPPA D’AUBIGNE (1552-1630)
Ecrivain, Calviniste ardent.
Il est l’auteur d’une épopée les Tragiques où il prend partie pour la
Réforme.
« Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée »
9. MONTAIGNE (1533-1592)
Il est l’auteur des Essais (1580, 1ère édition ; 1595, 2ème édition
(posthume)
11
Montaigne fonde son analyse sur l’expérimentation (essais).Autrement dit
les Essais, par le sujet et la forme, expriment un monde inconstant. Ce
motif éminemment baroque montre un homme à la recherche de son identité, et
qui raconte la curieuse agitation universelle.
Les Essais dénoncent les déguisements et les feintes de la société ;
mais comment ne pas devenir soi-même un hypocrite et un moraliste
trompeur ?
Le choix de Montaigne est littéraire : l’écriture va se fondre avec la
personne et elle va se réaliser dans un dialogue perpétuel avec les livres
et les événements. Montaigne refuse de se corriger ou de se relire. A la
rigueur, il ajoute. Mais l’œuvre est condamnée, dans son principe, à
l’inachèvement et au rebondissement perpétuel, seules marques authentiques
de la vérité d’une vie L’essai passe du coq à l’âne au gré des
incidents, dévié par telle émotion, telle lecture, tel décor, tel hasard.
« C’est une épineuse entreprise de suivre allure si vagabonde que celle de
notre esprit »
Quelques grands thèmes
Ø
Ø
L’art de parler de soi
Les images diverses de la vie humaine
L’auteur y développe une sagesse emprunte de stoïcisme et de scepticisme
Malgré son scepticisme, Montaigne n’est pas un désespéré. Il n’attend pas
non plus de solution miracle ou de salut. Il accepte l’humaine condition,
s’attachant à l’homme concret, ordinaire, profane.
La conséquence de cet intérêt pour l’homme « naturel »est une attitude
dynamique : s’essayer à tout, s’ouvrir à tous. Ainsi Montaigne est un
grand voyageur. Ce qui compte c’est l’échange humain. On doit donc y
disposer l’enfant intelligemment, au lieu de lui « bourrer le crâne » de
connaissances inutiles, il faut la préparer à « fréquenter le monde »,
former un être loyal, sportif à l’esprit critique et ouvert.
« Une tête bien faite plutôt qu’une tête bien pleine »
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