Moteurs diesels. Les gaz d`échappement

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Moteurs diesels. Les gaz d`échappement
a ttention ! DANGER !
actu réglementation
Moteurs diesels
Les gaz d’échappement
classés cancérogènes
© Philippe Castano pour l’INRS
La décision prise en
juin dernier par le
Centre international de
recherche sur le cancer
(CIRC) de classer les
gaz d’échappement
des moteurs diesels
comme cancérogènes
certains pour l’homme
(groupe 1) vient
rappeler la nécessité de
réduire les expositions
aux fumées de
diesel, notamment
en environnement
professionnel.
D
’après l’enquête Sumer
2003, les émissions
diesel constituent la
plus fréquente des expositions à un cancérogène sur les
lieux de travail. À l’heure où
les experts internationaux du
CIRC, l’agence pour le cancer
de l’Organisation mondiale de
la santé, viennent d’annoncer
16
Travail & Sécurité –
­­ Septembre 2012
le classement des gaz émis par
les moteurs diesels comme
cancérogènes certains pour
l’homme (groupe 1), la problématique de réduction des
expositions professionnelles
est à nouveau posée pour plus
de 700 000 salariés. Selon les
experts, les données scientifiques sont « sans appel » : il
est établi qu’une exposition
aux émissions des moteurs
diesel est associée à un risque
accru de cancer du poumon.
Un certain nombre d’éléments
laissent également penser à
une « association positive »
avec le cancer de la vessie. En
1988, le CIRC avait déjà classé
les émissions de moteurs diesels parmi les cancérogènes
probables pour l’homme
(groupe 2A).
Lors de la journée d’information technique sur le thème
« Émissions diesel et santé
au travail », organisée à Paris
le 19 juin 2012 par l’INRS et
la Cramif, les préventeurs ont
rappelé que les polluants produits par les moteurs diesels
comprennent des gaz (oxyde
d’azote, monoxyde de carbone, hydrocarbures, dioxydes
de soufre, aldéhydes…) et des
particules fines carbonées,
sur lesquelles sont adsorbés
divers composés, dont des
hydrocarbures aromatiques
polycycliques (HAP), des aérosols acides, des sulfates et des
oxydes métalliques. Au travail,
les expositions quotidiennes,
qui peuvent être nombreuses,
concernent notamment les travaux souterrains ou en espace
confiné. Dans le BTP, la maîtrise
de l’exposition des salariés aux
engins de chantier est une
préoccupation essentielle. « Le
recours aux filtres à particules,
dont le principe est de piéger les
particules sur un média filtrant,
apparaît aujourd’hui comme la
meilleure technologie permettant de réduire l’émission des
engins », indique Jean-Pierre
Depay, contrôleur de sécurité à
la Cramif.
Premiers retours
d’expériences
Dès 2007, la Cramif et l’INRS
ont cherché à évaluer les
performances initiales et le
maintien dans le temps des
technologies disponibles avec
des filtres à particules installés sur des engins de chantier.
Les essais ont mis en évidence,
grâce à ces systèmes, une
diminution d’un facteur au
moins égal à 100 de l’émission
de particules, quelle que soit
leur taille. Ils ont également
démontré l’efficacité spécifique des filtres à régénération
active avec ajout d’additif dans
le carburant pour les engins
non routiers. Un guide à l’intention des entreprises est désormais disponible (1), afin de les
aider dans le choix de la technologie et dans la démarche
d’installation de filtres à particules sur les engins de chantier.
Un travail qu’il est nécessaire
d’entreprendre en impliquant
des fabricants de filtres et des
constructeurs d’engins, afin
que soient prises en compte
les contraintes inhérentes à la
mise en œuvre des différents
systèmes.
Venus témoigner lors de cette
journée, certains fabricants
et constructeurs disposent
aujourd’hui de retours d’expériences leur permettant d’attester des améliorations en
matière de réduction des émissions de particules des moteurs
et de leur consommation. Si la
nouvelle classification du CIRC
pourrait amener à poser le problème en d’autres termes, elle
n'a pas valeur réglementaire.
Favorisé par une politique fiscale avantageuse, le diesel
s’est fortement développé en
France. Il équipe plus de 60 %
du parc automobile à l’heure
actuelle. En l’absence de classification réglementaire CLP
des fumées de diesel, la substitution, première mesure de
prévention vis-à-vis des agents
cancérogènes, pourrait être
favorisée si les travaux exposant aux fumées de diesel
étaient inclus, comme pour
l'aldéhyde formique, dans les
activités cancérogènes. Un
débat qu’il faudrait tenir afin
d'amener l'État et les constructeurs à s'interroger, notamment en matière de choix des
carburants.
1. Guide pour le choix et l’installation
d’un filtre à particules sur les engins
de chantier, Cramif, DTE 222. Disponible
sur www.cramif.fr, rubrique Risques
professionnels.
Grégory Brasseur