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DR LE QUOTIDIEN DE L'ÉCONOMIE // LUNDI 14 DÉCEMBRE 2015 // LESECHOS.FR Laforte mobilisation metleFNenéchec L’ESSENTIEL LE FISC VEUT TAXER LES REVENUS « COLLABORATIFS » Les députés obligent les platesformes comme Airbnb à indiquer à leurs membres les revenus qu’ils doivent déclarer. // P. 6 SECOND MANDAT INCERTAIN POUR LA PATRONNE DE LA CGC l Le parti de Marine Le Pen n’a conquis aucune région lors du second tour des régionales. l La gauche limite les dégâts en conservant au moins six régions. La fédération de l’énergie, dont dépend Carole Couvert, a refusé de la présenter pour un nouveau mandat. Mais l’histoire n’est pas terminée pour autant. // P. 6 A rrivé en tête à l’issue du premier tour des élections régionales, le Front national est sorti largement défait du second tour ce dimanche. Le parti d’extrêmedroiten’aconquisaucunerégionetseslistesontété partout largement devancées par celles de la droite et de la gauche.Saprésidente,MarineLePen,aétésèchementbattue QUAND VEOLIA JOUE LES MAÎTRES D’ÉCOLE Depuis vingt ans, le groupe de services à l’environnement prépare des jeunes à des diplômes nationaux. // L’ENQUÊTE P. 16 parXavierBertrand(58%contre42%,selonlesestimationsà 20 heures) en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, grâce notamment au retrait de la liste PS. Même scénario en Paca, où sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, a aussi été distancée par Christian Estrosi (53,5 % contre 46,5 %). Florian Philippot échoue également, et de loin, dans le Grand Est. Dans les autresrégions,lagaucheaplutôtbienrésistédanslestriangulaires, malgré l’impopularité de l’exécutif, puisqu’elle conserverait au moins six régions, selon les estimations au moment du bouclage de cette édition. Endifficulté à l’issue du premier tour, la droite a gagné au moins cinq régions, dont deux avec l’appui de la gauche. Un résultat sans gloire. // PAGES 2 ET 3 Des réactionsfavorables partoutdans lemonde Lessept grandsacquis d’untextequi devraitfairedate Pierre Radanne : « Beaucoup de chosesmanquent encore» SATISFECIT C’est une première, l’accord sur le climat a été approuvé par 195 pays. Il a été unanimement salué, par les Etats industrialisés (Etats-Unis, Allemagne, etc.) comme par les Etats émergents et en développement (Inde…). Un succès pour la diplomatie française. // PAGE 8 RÉVISION Outre l’objectif de limitation du réchauffement « bien en deçà de 2 degrés », un mécanisme de révision des engagements des Etats est pris. Un premier bilan aura lieu en 2023. Plus de 100 milliards de dollars par an devront être fléchés vers les pays en développement. // PAGE 9 INTERVIEW Leconseillerdespaysfrancophonespourleclimat estime que l’accord de Paris enclenche une « dynamique », mais que « des travaux supplémentaires seront nécessaires », notamment sur le volet financier. // PAGE 10 Climat :un accord,des questions ENTREPRISES & MARCHÉS « L’URGENCE EST ÉCONOMIQUE ET SOCIALE » Bernard Spitz, président de l’Association française de l’assurance, décrypte l’actualité politique, économique et sociale. // L’ENTRETIEN DU LUNDI P. 20 DUPONT-DOW CHEMICAL : NOUVEAU GÉANT DE LA CHIMIE MISE EN ŒUVRE L’accord historique conclu samedi est politiquement contraignant à défaut de l’être sur un plan purement juridique. Un premier bilan est prévu en 2023. L e n o u ve l e n s e m b l e p è s e r a 130 milliards de dollars et a vocation à se scinder en trois entités indépendantes, qui seront cotées en Bourse. // P. 24 À QUOI RESSEMBLE L’ÉLITE DES BANQUES FRANÇAISES Corps à part dans le monde de la banque, les inspecteurs généraux forment un vivier de futurs cadres dirigeants. Leur sélection est drastique. // P. 33 Alain Jocard/AFP « Star Wars » La machine de guerre de Disney // PP. 28-29 Tops et flops de l’année 2015 « Les Echos Business » Kazuhiro Nogi / AFP // SUPPLÉMENT DE 10 PAGES Carlos Ghosn, le patron de Nissan-Renault, a salué un « accord solide ». Photo Kazuhiro Nogi / AFP Grant Thornton, groupe leader d’Audit et de Conseil, en France et dans le monde accompagne les organisations dynamiques afin de les aider à libérer leur potentiel de croissance. www.grant-thornton.fr Renault-Nissan etl’Etat signentunepaixfragile L’accord technique, teinté de méfiance, donne des garanties aux deux parties. AUTOMOBILE Le compromis final entre l’Etat français et l’Alliance ISSN0153.4831 NUMÉRO 22086 107e ANNÉE 38 PAGES Antilles-Réunion 3 €. Guyane 3,90 €. Belgique 2,60 €. Espagne 3.30 €. Grande-Bretagne 2£60. Grèce 2,90 €. Italie 3.30 € Luxembourg 2,80 €. Maroc 24 DH. Niger 2.600 CFA Suisse 4,60 FS. Tunisie 3.300 TNM. Zone CFA 2.200 CFA. Renault-Nissan, présenté vendredi, a été salué par toutes les parties. Le soulagement est logique, tant le compromis n’avait rien d’évident. Pour résoudre la crise, les parties ont choisi un accord juridique qui renforce l’Etat français tout en donnant des garanties à Renault et à son allié Nissan. Il ne s’attaque pas cependant à la gouvernance de l’Alliance, qui a justement cristallisé le conflit, ce qui incite les observateurs à n’y voir qu’une solution d’attente. // PAGES 22-23, L’ÉDITORIAL DE DAVID BARROUX PAGE 12 ET « CRIBLE » PAGE 38 ET L’ÉDITORIAL D’ÉTIENNE LEFEBVRE PAGE 12 Wall Street sefaitpeuravant la réunionde la Réserve fédérale JOAILLERIE – PARIS MARCHÉS Les marchés finan- NOUVELLE COLLECTION PYTHON 332 RUE SAINT-HONORÉ PARIS +33 1 42 96 47 20 ciers ont connu une journée noire vendredi, pénalisés par le nouveau décrochage des cours du pétrole et les difficultés des obligations risquées américaines. A Wall Street, l’indice Dow Jones a abandonné 1,76 %, alors que la Bourse de Paris chutait de 1,84 %. La réunion de la Réserve fédérale mercredi met sous pression tous les actifs risqués – actions, obligations spéculatives, matières premières –, compte tenu des anticipations d’unrelèvementdestauxd’intérêt. Il s’agirait du premier relèvement aux Etats-Unis depuis 2006 et, pour les marchés, cela ouvrirait une période d’incertitudes après huit années de crise etuneéconomiesousperfusion monétaire. Les investisseurs redoutent que le retrait des liquidités par la Réserve fédérale génère des réactions en chaîne sur tous les marchés. Un des plus fragiles d’entre eux, celui des obligations à risque, a déjà commencé à connaître des difficultés qui pourraient s’étendre à d’autres. // PAGE 32 02 // FRANCE RÉGIONALES LaFrance qui ditnon Au premier comme au second tour, les électeurs ont voté « contre ». LE FAIT DU JOUR POLITIQUE Cécile Cornudet L ’histoire se répète. Des scores en hausse pour le Front national au premier tour, mais pas de victoire au second. Le rejet qu’inspire le parti de Marine Le Pen reste majoritaire dans le pays et pousse les électeurs à se mobiliser in fine lorsque le risque apparaît. Ils ne l’avaient pas fait au premier tour des élections régionales le 6 décembre, malgré les sondages, ils l’ont fait massivement ce dimanche, avec des hausses de participation d’un niveau inédit pour un second tour depuis l’élection présidentielle de 2002 qui avait vu la qualification de Jean-Marie Le Pen. La mobilisation des électeurs a notamment été très forte dans les régions où le « risque » FN était important, le Nord-Pas-deCalais-Picardie, l’Est et Paca. Le scénario est exactement le même qu’aux élections départementales de 2014. La France a dit non au FN. Le PS et Les Républicains peuvent souffler, ils ont été écoutés. A ceci près que le score du premier tour ressemblait lui aussi à un « non », mais cette fois à l’encontre des deux partis de gouvernement que sont le PS et LR. Le Front national y avait atteint des scores sans précédent, avec 28 % au niveau national, devant Les Républicains et le Parti socialiste, l’abstention avait touché un électeur sur deux. Un mois après les attentats ayant frappé Paris, les électeurs n’avaient voulu donner de quitus ni à l’un ni à l’autre. Ainsi va le pays, englué dans le chômage, fragilisé par les attentats, tétanisé par la crise des migrants, un pays qui bouge encore politiquement, mais juste pour dire non. Qui ne sait plus se mobiliser qu’en contre. Pour dire son « ras-le-bol » (vote FN) ou, au contraire, pour repousser l’extrême droite lorsqu’elle se fait trop pressante (vote PS et LR). Deux France du « non » se font face, antagonistes, qu’aucun projet mobilisateur ne semble susceptible de réconcilier. La seconde a gagné, se réjouissent très prudemment les partis de gouvernement. Sauf que le « non » de la première va trouver un nouveau carburant dans cet énième barrage. C’est un « complot du système », une action « antidémocratique de l’UMPS », dit déjà Marine Le Pen, avec en ligne de mire la présidentielle de 2017. Le choc des deux France risque d’y être redoutable, plus violent et plus serré encore. A moins qu’il ne se trouve des responsables politiques pour donner un lendemain à ces scrutins frontaux, pour redonner envie, recréer du positif, des projets, susciter de l’adhésion, du « pour », au delà des promesses d’aujourd’hui. Enfin ! [email protected] Lundi 14 décembre 2015 Les Echos SPÉCIAL ÉLECTIONS RÉGIONALES 2015 3 LeFrontnational mis en échec, gauche etdroite aucoude-à-coude l Au second tour de scrutin, l’extrême droite n’est pas parvenue à remporter une seule région. l La gauche a limité les dégâts en remportant au moins six régions. Pierre-Alain Furbury [email protected] Le premier tour avait été marqué par une percée historique du Front national. Le second a surtout illustré la difficulté persistante de l’extrême droite à transformer l’essai. Le parti de Marine Le Pen, qui avait viré en tête dans six régions de métropole et avait pu se maintenir dans la totalité d’entre elles, n’est pas parvenu à arracher, ce dimanche, la moindre région, en dépit du rejet des partis traditionnels, impuissants à résoudre la crise économique, et du climat provoqué par les attentats. De quoi se poserenvictimedu« système »etde l’« UMPS », même s’il a « triplé », selon le FN, le nombre de ses conseillers régionaux. Dénonçant un « régime à l’agonie », Marine Le Pen a célébré la « montée inexorable du courant national », promettant que « rien ne pourra l’arrêter ». Bien qu’elle ait recueilli plus de 40 % des voix une semaine plus tôt, la présidente du Front national a échoué à la porte du pouvoir en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Tout comme Marion Maréchal-Le Pen en Provence-Alpes-Côte d’Azur, victime, elle aussi, du retrait des candidats socialistes et du report sur la droite d’une partie des voix de la gauche. Victime aussi, d’un fort regain de la participation (estimée entre 57,5 à 59,5 %, contre 47,2 % au premier tour et 51,2 % au second tour en 2010). Même issue, en triangulaire cette fois, en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne (où le candidat socialiste avait refusé, malgré les injonctions du PS, de retirer sa liste), en Midi-PyrénéesLanguedoc-Roussillon et en Bourgogne-Franche-Comté, où le parti caressait de sérieux espoirs de conquête. « Il y a eu une mobilisation forte pour faire barrage au FN », résume Yves-Marie Cann, le directeur des études politiques de l’institut Elabe, faisant le « parallèle avec la présidentielle de 2002 ». Après un premier tour décevant pour elle, la droite, qui ne dirigeait depuis 2010 qu’une seule et unique région (l’Alsace) rééquilibre certes un peu le jeu. Mais elle est très loin Xavier Bertrand, Christian Estrosi et Philippe Richert sont sortis victorieux face à une forte représentation du Front national. Photos François Nascimbeni/AFP ; Valery Hache/AFP ; Frederick Florin/AFP « Aucun soulagement, aucun triomphalisme, aucun message de victoire. Le danger de l’extrême droite n’est pas écarté. » MANUEL VALLS Premier ministre d’infliger au pouvoir la défaite cinglante dont rêvait Nicolas Sarkozy à seize mois de la présidentielle. Elle fait au mieux comme la gauche, le sort de l’Ile-de-France était encore tangent à l’heure du bouclage de cette édition. Les Républicains et leurs alliés remportent cinq ou six régions (contre six pour la gauche). Le PS limite la casse Grâce aux voix des électeurs de gauche, Xavier Bertrand devient le nouveau président de Nord-Pas-de-Calais-Picardie (il réalise le meilleur scoredetouslescandidatsdesecond tour) et Christian Estrosi, celui de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Laurent Wauquiez l’emporte en Auvergne-Rhône-Alpes, Bruno Retailleau dans les Pays-de-la-Loire etPhilippeRichertdansleGrandEst. A l’issue du second tout, le PS était quasi certain de gagner dans trois régions : la Bretagne (JeanYves Le Drian est sans surprise le porte-drapeau de la gauche le mieux élu), Aquitaine-LimousinPoitou-Charentes (avec Alain Rousset), les deux régions où le PS avait viré en tête, et Midi-PyrénéesLanguedoc-Roussillon (avec Carole Delga). Mais le parti majoritaire fait mieux et peut ainsi se targuer, « sur le fil du rasoir » (dit Yves-Marie Cann), de limiter la casse, avec des victoires de justesse dans plusieurs régions clefs. Le poids du FN au détriment de la droite lui permet ainsi de l’emporter dans plusieurs régions supplémentaires : la Bour- gogne-Franche-Comté(avecMarieGuite Dufay, présidente sortante de Franche-Comté) ou le Centre-Valde-Loire (avec François Bonneau), deux régions où les socialistes avaient pourtant terminé troisième au premier tour. Un mois tout juste après les attentats, François Hollande et Manuel Valls sont parvenus à échapperàlalourdedéfaiteannoncée. Le Premier ministre, qui avait appelé à faire barrage à l’extrême droite, qualifiée de « supercherie », s’est défendu de tout « soulagement » ou « triomphalisme ». « Le danger [de l’extrême droite] n’est pas écarté », a-t-il insisté, promettant notamment d’« agir sans relâche plus vite, pour obtenir plus de résultats ». n Unsérieux reverspourMarine Le Pen La présidente du Front national a essuyé un très fort tir de barrage dans sa région. Xavier Bertrand remporte un succès important. Isabelle Ficek [email protected] « Quoi qu’il arrive, je serai candidate à la présidentielle de 2017 ! » Toute la semaine dernière, Marine Le Pen a tenté coûte que coûte de montrer que le résultat de dimanche soir n’aurait pas d’impact sur sa marche vers la présidentielle de 2017. La présidente du FN voulait enjamber le second tour, qui s’annonçait nettement plus ardu que le premier pour son parti, et en particulier pour elle, dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, avec le retrait de la liste PS et l’appel de la gauche à voter pour Xavier Bertrand, le candidat des Républicains. De fait, le tir de barrage a bien fonctionné puisque Marine Le Pen a échoué dans sa région, avec seulement 42,3 % des voix selon les estimations d’OpinionWay, contre 57,7 % pour Xavier Bertrand. Et son parti, selon les estimations, ne 42,3 % devait in fine gagner aucune région, même dans les triangulaires. C’est évidemment, pour la présidente du parti d’extrême droite, un sérieux revers personnel et symbolique. Cet échec montre, malgré l’entreprise de dédiabolisation de Marine Le Pen, que celle-ci suscite encore un très large rejet chez les Français. Un rejet qui mobilise donc efficacement dans les urnes. Ce revers montre aussi que Marine Le Pen « a encore un petit problème avec le pouvoir », estime le politologue Pascal Perrineau. Lorsque l’enjeu est fort – la porter à la tête d’un exécutif fait encore hésiter. Rejet sur les idées, rejet sur la personne, manque de crédibilité, autant d’épines dans le pied de la dirigeante frontiste pour 2017. DES VOIX Le score obtenu par Marine Le Pen dans le Nord-Pas-deCalais-Picardie contre le candidat républicain Xavier Bertrand, qui atteint 57,7 % des voix. Sans région, sans alliance Et puis cet échec « empêche de corroborer la mythologie du rouleau compresseur du Front national, d’un Front national derrière Marine Le Pen que rien ne peut arrêter et qu’elle essaie de faire valider à chaque scrutin », souligne Gilles Ivaldi, chercheur du CNRS à Nice. Entre les Marine Le Pen suscite encore un très large rejet chez les Français. Photo Sipa deux tours, Marine Le Pen, certes seule contre tous, aura aussi échoué à aller chercher des réserves de voix chezlesabstentionnistesoudansles autres partis. Son score aura ainsi progressédemoinsde2pointsentre le 6 décembre et dimanche soir. Malgré sa puissance électorale de premier tour, Marine Le Pen et son parti n’arrivent pas, seuls, à élargir leur audience pour le deuxième. Reste que ce revers de second tour, comme lors des départementales de mars, ne préjuge absolument pas de la suite. « Depuis 2010, Marine Le Pen bénéficie d’une vraie dynamique, elle améliore ses scores et reste le leader incontesté du Front national », remarque Gilles Ivaldi. « Les ressorts qui nourrissent le vote FN – économique, social, identitaire, le terrorisme – sont tellement profonds que ce n’est pas un échec qui pourra l’arrêter », estimait Pascal Perrineau à la veille du second tour. Alors certes, comme lors du second tour des départementales, la déconvenue pour Marine Le Pen est très forte. Sans région, elle est privée del’argumentde« bonnegestion »et de « crédibilité » qu’elle voulait mettreenavantd’icià2017.Sansalliance, elle se heurte encore au plafond de verre du second tour. Mais Marine Le Pen aura tout de même réussi, derrière son parti et son nom, à être en tête au premier tour, à éliminer la gauche de deux grandes régions et à fairetremblerladroitedansdenombreuses autres. Bref, à déployer un fortpouvoirdenuisance.Riennedit, surtout si rien ne change d’ici à 2017, qu’il sera plus faible au premier tour de la présidentielle. D’autant que Marine Le Pen ne manquera pas de déployer la rhétorique populiste sur les « magouilles du système » pour barrer la route du FN. Pour Xavier Bertrand, c’est en revanche un succès clef, qui va lui donner un poids important à droite. n Danse Myles Thatcher et Alexeï Ratmansky 04 // FRANCE Lundi 14 décembre 2015 Les Echos RÉGIONALES 3 SPÉCIAL ÉLECTIONS RÉGIONALES 2015 Une victoirede prestige pour LaurentWauquiezen Auvergne-Rhône-Alpes PacaMarion MaréchalLe Pen en échecface àChristian Estrosi L L Thizerry Zoccolan/AFP a passe de trois pour Laurent Wauquiez (photo). Après un siège de député en 2004 et la mairie du Puy-en-Velay en 2008, il a emporté un troisième scrutin majeur. Selon une estimation d’OpinionWay, il a devancé de près de 5 points son adversaire socialiste, Jean-Jack Queyranne, président sortant de la région Rhône-Alpes, avec 41,2 % des suffrages, et prendra la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes le 4 janvier. Laurent Wauquiez voit valider la ligne qu’il a adoptée tout au long de cette campagne. A quarante ans, le secrétaire général Les Républicains renforce son influence au sein du parti de Nicolas Sarkozy dans la perspective de la présidentielle de 2017 et s’affirme comme le leader d’une ligne décomplexée qui n’hésite pas à fustiger les dérives de l’assistanat et le mariage pour tous. Après avoir étouffé les velléités de candidature de l’ancien commissaire européen, Michel Barnier, il s’était employé à faire l’union de la droite et du centre en convainquant les responsables régionaux de l’UDI et du Modem de faire liste commune dès le premier tour. Sans se détourner de son credo, en annonçant par exemple qu’il supprimerait la carte de réduction dans les TER pour les demandeurs d’emploi qui auraient refusé une formation. Après les attentats, il avait renoué avec des accents sécuritaires et prôné la création d’un « bouclier sécurité » pour financer la vidéoprotection dans les gares, les TER, les lycées et les communes qui le souhaitent, ainsi qu’un fonds de dotation pour la sécurisation des sites industriels Seveso, particulièrement nombreux dans la région. A la tête de la nouvelle région Auvergne-RhôneAlpes, Laurent Wauquiez entend faire preuve d’exemplarité et adopter une charte éthique pour les conseillers régionaux. Il veut insuffler une nouvelle méthode de gestion avec des indicateurs de résultats. Il devra également prendre la mesure des relations avec le président socialiste de la Métropole de Lyon, Gérard Collomb, qu’il a ménagé tout au long de sa campagne. — Vincent Charbonnier e sacrifice de la liste socialiste a payé. Au terme d’une campagne de « résistant » qui a rallié la gauche la plus hostile à sa candidature, la tête de liste de la droite et du centre, Christian Estrosi a finalement remporté le duel pour la présidence de la région Provence-AlpesCôte d’Azur face à sa rivale frontiste, Marion Maréchal-Le Pen (photo), en s’adjugeant 53,5 % des suffrages contre 46,5 %, selon les premières estimations OpinionWay. Un écart important. En vieux briscard de la politique, l’ancien ministre de l’Industrie de Nicolas Sarkozy a su décrocher les soutiens les plus symboliques – comme Patrick Mennucci et Charles Berling – pour faire basculer l’opinion en sa faveur, malgré sa personnalité clivante. Proche de l’ancien maire de Nice Jacques Médecin, celui que ses détracteurs qualifient de « motodidacte », en référence à sa carrière de pilote de Grand Prix moto pour laquelle il a abandonné le lycée, est l’un des tenants de l’aile droite de l’UMP. « Ses positions ont rallié les voix Les Républicains déçues par une certaine gauchisation de la droite », pense le sociologue Raphaël Liogier. Pour gouverner la septième région de France dans un hémicycle repeint en bleu, le maire de Nice devra se montrer ouvert s’il ne veut pas trahir la gauche qui a contribué à le faire gagner et sa promesse d’incarner « le gaullisme social » face à « l’identité sécuritaire ». « On en prend pour six ans de jeu politicien stérile pour le développement de la région », juge un observateur. Avant même d’être élu, Christian Estrosi a concédé à la gauche deux « welcome bonus » : « Il n’y aura pas d’audit financier », a-t-il annoncé lors du dernier duel télévisé. Et la Villa Méditerranée, incarnant pendant sa campagne « le caprice abyssal de la majorité sortante » de gauche, qui devait être vendue pour servir au désendettement, pourrait finalement trouver une nouvelle affectation. — Paul Molga Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine Philippe Richert barrela routeà Florian Philippot Aquitaine-Limousin-PoitouCharentes Alain Rousset gardefacilement la régionau PS P ari gagné pour Alain Rousset (photo), le président sortant de l’Aquitaine, qui va présider la plus grande région de France avec une Aquitaine désormais mariée avec le Limousin et Poitou-Charentes. Il l’emporte finalement assez nettement avec 44,7 %, selon les premières estimations de TNS Sofres, devant Virginie Calmels (34 %), la candidate de la droite et du centre, et Jacques Colombier, le candidat FN (21,3 %). Un succès personnel pour Alain Rousset, élu sans interruption depuis 1998 et qui avait fait de son bilan, avec une région peu endettée, attractive et une politique d’aide aux entreprises, son principal argument de campagne. Son programme consistant à dupliquer cette politique à l’échelle de la nouvelle région. C’est pourtant sur ce bilan et notamment l’économie, que Virginie Calmels, ancienne patronne d’Endemol et adjointe d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux depuis un an et demi, avait choisi de tirer à boulets rouges en dénonçant « le système Rousset ». La tête de liste de la droite promettait dans son business plan de faire des économies, de soutenir le commerce et l’artisanat, et d’arrêter le coûteux projet de ligne ferroviaire Oloron-Canfranc entre la France et l’Espagne. Sa défaite constitue aussi un revers pour Alain Juppé. Si Alain Rousset a paru parfois déstabilisé par le punch de sa concurrente, il a finalement profité de la dynamique du premier tour. Il a aussi bénéficié de solides réserves de voix. D’abord celle des écologistes, avec lesquels il a fait alliance après le premier tour, puis probablement celle du Front de gauche, même si cette liste n’a pas franchi, de très peu, la barre des 5 %. D’autant que la principale pomme de discorde avec ses alliés écologistes, la poursuite de la LGV au sud de Bordeaux vers Toulouse et l’Espagne, reste un projet bien lointain. Farouche partisan de la décentralisation, ne perdant jamais une occasion de dénoncer le jacobinisme de l’Etat, Alain Rousset va gérer une région de 5,8 millions d’habitants tout en continuant de rêver à un portefeuille ministériel. — Frank Niedercorn Jean-Christophe Verhaegen/AFP P hilippe Richert arrive largement en tête dans la région AlsaceChampagne-Ardenne-Lorraine (Acal), avec 46,4 % des voix, selon OpinionWay. Malgré un sérieux handicap de voix au premier tour, le candidat LR-UDIModem a réussi une spectaculaire remontée. Et du coup rattrapé un Florian Philippot (FN, photo) sûr de sa victoire jusqu’au bout, mais dont le score (36,9 %) n’a quasiment pas bougé par rapport au premier tour. Quant à Jean-Pierre Masseret, qui a maintenu sa liste contre vents et marées, bravant la direction nationale du PS, il reste lui aussi bloqué à 16,7 %. Au final, Philippe Richert aura bénéficié d’un excellent report de voix des écologistes de Sandrine Bélier, du Front de gauche, des régionalistes et même de quelques socialistes qui ont suivi l’appel de Manuel Valls à voter en faveur de l’Alsacien. « Au soir du premier tour, on était catastrophé, certains n’y croyaient plus, mais une incroyable dynamique s’est levée en quelques jours », commente un proche de Philippe Richert. Discret, travailleur, mais peu connu en dehors des départements rhénans, et ce bien qu’il fût ministre dans le dernier gouvernement Fillon, le président sortant de la région Alsace s’est révélé plus charismatique lors des débats d’entre-deuxtours. Surtout face à un Florian Philippot habitué des plateaux de télévision, mais qui s’est à de nombreuses reprises fait tacler à propos de ses imprécisions et des incohérences de son programme. « Philippe avait mangé du lion, jamais je ne l’avais vu comme cela », sourit un député strasbourgeois de son camp. De plus, le candidat de la droite a largement profité du réveil des abstentionnistes, le taux de participation ayant bondi de 12 points, à 60 %, selon la préfecture de Strasbourg. Et l’éviction très médiatisée de Nadine Morano, une décision que Philippe Richert a imposée à Nicolas Sarkozy, a incontestablement renforcé la crédibilité et l’image de « sagesse » de cet ancien sénateur, qui était, depuis 2010, l’unique président de droite d’un conseil régional. — Christian Lienhardt ` SUR LE WEB Pascal Pavani/AFP Retrouvez tous les •résultats et nos analyses sur lesechos.fr • La carte interactive des résultats commune par commune est sur lesechos.fr Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées La gaucheunie emmenéepar Delgaécarte leFN Ugo Amez/Sipa E n Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, l’ancienne secrétaire d’Etat PS au Commerce et à l’Artisanat Carole Delga (photo) a rassemblé les électeurs de gauche, dispersés sur six listes au premier tour. Elle l’a emporté très largement avec 45,5 % des voix, selon une estimation d’OpinionWay à 20 heures, doublant presque son score du premier tour et devançant nettement le vice-président du FN, Louis Aliot (33,2 %). Le politologue Dominique Reynié, qui avait choisi de maintenir la liste de droite, n’a atteint que 21,3 %. Le FN triple son score de 2010 sur cette terre de gauche. Face à la division de la gauche et à la montée du FN, Carole Delga a mené une campagne de terrain, prenant soin de ne pas attaquer ses concurrents de gauche, qui ne l’ont pas ménagée. Dès le lendemain du premier tour, elle a fusionné sa liste (24,4 %) avec celle EELV-Front de gauche (10,3 %) de Gérard Onesta. Elle a aussi bénéficié de bons reports de voix de la liste du maire divers gauche de Montpellier, Philippe Saurel (5 %). Ancienne fonctionnaire territoriale, maire de Martres-Tolosane (Haute-Garonne) de 2008 à 2014, vice-présidente de Midi-Pyrénées en 2010, puis députée en 2012, Carole Delga aura besoin de toute sa force de conviction pour diriger cette grande région de 5,7 millions d’habitants, car ce scrutin apporte deux nouveautés. La première est que les socialistes n’ont plus la majorité absolue et devront négocier avec leurs partenaires. Or les écologistes s’opposent au projet de ligne ferroviaire à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et aux barrages hydrauliques comme celui de Sivens. La seconde nouveauté est la fusion de deux régions disparates, l’une boostée par l’aéronautique, l’autre à dominante touristique et frappée par le chômage (14 %). Alors que les élus languedociens se sont battus contre la fusion, le nouvel exécutif basé à Toulouse devra rassurer Montpellier, qui perd son rang de capitale régionale. L’ancien président du Languedoc-Roussillon, Damien Alary (PS), devrait d’ailleurs devenir président délégué. — Laurent Marcaillou Claude Paris/AP Les résultatsdanscinq régionstests Les décisions qui comptent se prennent avec les informations qui comptent. BUSINESS STORY Y / CULTURE / STYLE / ...ET MOI Le PDG de Numéricable-SFR en 1963 Prêt immobilier Qui a droit aux profits des assurancesemprunteur ? UNDI 8 JUIN 2015 // SUPPLÉMENT GRATUIT AU NUMÉRO 21953 | ISSN 0.153.4831 | NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT BUSINESS.LESECHOS.FR DNCA Value Europe // « LES ÉCHOS » PATRIMOINE PP. 35 À 37 DANS LA TÊTE DE PATRICK DRAHI Shutterstock www.dncafinance.com L'homme qui voulait devenir un géant L’ESSENTIEL LES SACS PLASTIQUES HORS LA LOI À COMPTER DE 2016 CINÉMA Martin Scorsese, l'affranchi d'Hollywood REPORTAGE Marjordomes à l'anglaise pour riches chinois Le projet de loi sur la biodiversité va prohiber dès 2016 la mise à disposition de sacs plastiques fins dans les rayons fruits et légumes des magasins. // P. 5 WASHINGTON PRÊT À SANCTIONNER MOSCOU Les Etats-Unis ont préparé des mesures contre la Russie si elle ne calme pas le jeu en Ukraine orientale. Bruxelles est plus circonspecte. // P. 7 « VENISEGATE » : LE RÉVEIL DES VIEUX DÉMONS ITALIENS Le chantier des digues entourant Venise est devenu le symbole de la corruption qui gangrène une partie de la classe politique italienne. // L’ENQUÊTE P. 13 ENTREPRISES & MARCHÉS PHILIPPE WAHL VEUT TRANSFORMER LA POSTE LE QUOTIDIEN DE L'ÉCONOMIE // VENDREDI 27 ET SAMEDI 28 JUIN 2014 // LESECHOS.FR Pourdiriger,inspirez-vous Impôts : ce que paient dessociétésfamiliales les géants du CAC 40 OrGANIsAtION // l l Vivarte, McDonald’s, Zodiac et tant d’autres traersent des turbuUne facture de 33 milliards d’euros pour les 40 plus grands groupes français. lences faute Le taux d’impôt est au plus haut depuis 2007, au niveau mondial. d’avoir stabilisé la gouvernance ou pensé à long terme, contrairement aux groupes familiaux. Marie-Sophie Ramspacher F lexibilité financière, frugalité, partnership, etc., les vertus des entreprises familiales ne sont pas toutes transposables aux entreprises dites impersonnelles ». « Celles-ci vraient pourtant s’en inspirer après oir abusé du management par la seule gestion des coûts », suggère Alain Bloch, cofondateur d’HEC amily Business. Analyse des cinq principaux commandements qui font (participation, intéressement…). Quant aux frais de fonctionnement, ils sont rigoureusement encadrés. 3 Développer une culture de solidité financière et de cash Dans ce modèle, l’évaluation des risques encourus prime toujours sur la recherche de rentabilité: « Dès que l’objectif de pérennisation conjointe de l’entreprise et de son contrôle est menacé, cette double contrainte prend le pas sur le couple rendement-risque », décrit Philippe Foulquier, directeur du pôle de recherche analyse financière et comptabilité à l’Edhec. Ce qui conduit notamment les entreprises familiales à privilégier un endettement structurellement inférieur avec un ratio dettes – capitaux propres de 32 % contre 78 % pour les non-familiales. « Cette culture des fonds propres et du haut de bilan permet notamment d’encaisser les phases de bas de cycles et d’éloigner le risque de défaillance », complète Philippe Vailhen. « Perçu par certains actionnaires comme un manque à gagner, ce capital dormant offre des marges de manœuvre confortables », remarque Philippe Foulquier. Playmobil, par exemple, n’a jamais emprunté un euro pour financer son développement. Le cash généré lui indé- acquisition est vue aussi comme une fragilisation potentielle », analyse Philippe Foulquier. Pour s’internationaliser, Thuasne a donc choisi des implantations directes : « Se doter de structures qui vivent et analysent le marché est essentiel. Construire à l’international, ce n’est pas juste additionner des chiffres d’affaires », argumente son PDG Elizabeth Ducottet, qui a procédé essentiellement par autofinancement. « Des emprunts ont été contractés mais sans céder à une ingénierie financière élaborée. » Historiquement, Auchan a aussi privilégié la croissance organique, tout en misant sur les partenariats externes. L’an dernier, la SALM (cuisines Schmidt) s’est lancée en Chine à travers une coentreprise : l’investissement de 35 millions d’euros a été financé à moitié par son partenaire. Malin ! 4 À LIRE La stratégie du propriétaire » DeuilsurFacebook LA CHrONIQue de Laurent Guez C’est un triste journal intime que le monde peut lire sur Internet. Le 6 mai dernier, une brillante dirigeante d’entreprise américaine perdait son mari, mort accidentellement dans la salle de sport d’un hôtel mexicain, où il passait quelques jours de vacances en famille. Anéantie, la jeune veuve racontait, sur son compte Facebook, le choc qu’elle était en train de vivre. Elle, c’est Sheryl Sandberg, la numéro deux de Facebook. Et son époux défunt, Dave Goldberg, lui aussi une star de la Silicon Valley. Il n’est pas banal, pour un dirigeant d’entreprise, de s’épancher ainsi sur sa vie privée, de décrire le désespoir dans lequel l’a plongé la disparition de l’amour de sa vie. Mercredi dernier, au terme du mois de deuil prévu par la loi juive, elle postait d’ailleurs un nouveau message : « J’ai vécu trente ans ces trente derniers jours. Je suis trente ans plus triste. Et je me sens trente ans plus sage », écritelle. Son texte, qui évoque, entre autres, la justesse ou l’inutilité des paroles de réconfort prononcés par les proches, se révèle profond et digne… bien qu’ouvert à des millions d’internautes. Dès sa publication, les « amis » ou abonnés de la directrice des opérations de Facebook n’ont pas tardé à s’exprimer. Vendredi, soit à peine deux jours après sa rédaction, le « statut » de Sheryl Sandberg avait déjà suscité plus de 800.000 « likes » (une forme de condoléances, convenons-en, tout à fait ridicule). Le texte de la dirigeante fait déjà l’objet de plus de 62.000 commentaires, dont un, amical et tendre, déposé par son propre patron, Mark Zuckerberg. Ce deuil partagé avec le monde entier par une femme considérée l’ des plus puissantes de la planète Dans une interview aux « Echos », le PDG du groupe public détaille son plan pour multiplier par trois le résultat d’exploitation d’ici à 2020. // P. 16 *Ipsos Business Elite 2014 1ÈRE MARQUE EN FRANCE DES DÉCIDEURS DU BUSINESS* 06 // FRANCE Lundi 14 décembre 2015 Les Echos Les revenusde l’économie collaborative taxés aupremier euro l Les députés ont voté l’obligation pour les sites Internet de type Airbnb d’informer leurs membres des sommes qu’ils doivent déclarer aux impôts. L’abattement de 5.000 euros proposé par le Sénat n’a pas été retenu. FISCALITÉ Ingrid Feuerstein [email protected] Les utilisateurs de plates-formes collaboratives ne pourront plus dire qu’ils ne savaient pas. Les députés ont voté vendredi soir un amendement au budget 2016 visant à obliger les sites Internet de type Airbnb ou Drivy à informer leurs membres des sommes qu’ils doivent déclarer aux impôts. Objectif : faire en sorte que les contribuables déclarent les revenus qu’ils tirent de l’économie collaborative, ce qui est rarement le cas aujourd’hui. Cette mesure doit « assurer une meilleure application du droit fiscal et social », a défendu le ministre de Finances, Michel Sapin, devant les députés. Un moyen également de combler un « trou dans la raquette fiscale », comme l’avait dit le secrétaire d’Etat au Budget, Christian Eckert. Un trou qui s’agrandit rapidement, étant donné la rapidité à laquelle se développe l’économie du partage. Concrètement, les plates-formes devront, dans un premier temps, informer leurs membres des conditions d’imposition de leurs revenus. En janvier de chaque année, elles devront par ailleurs fournir un relevé des revenus de l’année écoulée. Celles qui ne respecteront pas cette obligation se verront infliger une amende de 10.000 euros (par entreprise). Aujourd’hui, ces revenus sont déjà imposables mais rares sont les contribuables qui les déclarent. Distinguer les particuliers des professionnels Les députés ont repris une disposition votée au Sénat, tout en la modifiant sensiblement. Les sénateurs avaient ainsi prévu une franchise de 5.000 euros, en dessous de laquelle les revenus ne seraient pas fiscalisés. Avec pour intention de distinguer les particuliers qui arrondissent leurs fins de mois des professionnels qui en ont fait une activité à part entière. Bercy consi- dérait que cet abattement n’était pas constitutionnel et présentait un risque de rupture d’égalité devant l’impôt. Par exemple, un particulier louant son appartement à l’année verrait ses bénéfices fonciers taxés au premier euro, tandis que celui utilisant Airbnb ne s e r a i t i m p o s é q u’a u - d e l à d e 5.000 euros. « Le texte du Sénat prévoyait qu’un organisme central transmette les données directement à l’administration fiscale », a par ailleurs signalé la rapporteure du budget, ValérieRabault(PS).Laproposition du gouvernement diffère donc sensiblement, puisque ce sont les utilisateurseux-mêmesquidéclareront leurs revenus. Cette mesure pourrait n’être qu’une première étape avant la création d’un régime fiscal et social spécifique à l’économie collaborative. Le député Pascal Terrasse, qui travaille sur ce sujet, devrait rendre ses conclusions avant la fin 2015. Ce qui pourrait alimenter des dispositions dans la loi Macron 2, attendue pour début 2016. n Aujourd’hui, les revenus tirés des sites de location entre particuliers sont déjà imposables, mais rares sont les contribuables qui les déclarent. Photo Merlin Meuris/Stag/Reporters-RÉA Ceque les députés ont changédansleprojet debudget pour 2016 L’Assemblée a achevé vendredi l’examen du texte en deuxième lecture. Le vote solennel est prévu jeudi matin. • LA TAXE SUR LES TRANSACTIONS FINANCIÈRES RÉTABLIE La taxe sur les transactions financières sera bien élargie aux opérations « intraday » (dénouées dans la même journée). Introduit par amendement en première lecture, puis supprimé par le Sénat, cet élargissement a été rétabli lors du retour du projet de loi à l’Assemblée nationale. Le ministre des Finances, Michel Sapin, s’y est dit favorable. Néanmoins, s’il n’y a pas d’accord sur cette taxe au niveau européen en 2016, le gouvernement s’est déclaré prêt à revenir en arrière dans le budget 2017. « Je ne crois pas à une taxe financière large dans un seul pays », a-t-il déclaré dans l’hémicycle. Dix pays européens se sont entendus la semaine dernière sur une assiette commune à cette taxe. Mais il n’y a pas eu d’accord sur le taux. « Je souhaite que cela soit arrêté mi-2016 pour respecter la date de cet amendement », a ajouté Michel Sapin. En revanche, les amendements visant à affecter en partie cette taxe à l’aide au développement n’ont pas été adoptés. en bref Etat d’urgence : le Conseil d’Etat transmet au Conseil constitutionnel ASSIGNATIONS — Le Conseil d’Etat a demandé vendredi au Conseil constitutionnel de se prononcer sur le régime des assignations à résidence dans le cadre de l’état d’urgence. Il a également validé sept d’entre elles, décidées contre des militants écologistes sur fond de COP21 et qui ont pris fin samedi. Le Conseil constitutionnel devra dire si l’article de la loi de 1955 qui fonde le pouvoir d’assignation à résidence du ministre de l’Intérieur est conforme à la Constitution. En attendant que cette question prioritaire de constitutionnalité soit examinée, le Conseil d’Etat a aussi demandé aux tribunaux administratifs d’exercer un contrôle plus étroit, via les procédures de référé, c’est-à-dire d’urgence. Six des sept personnes ayant saisi le Conseil d’Etat avaient vu leurs demandes de levée des assignations à résidence rejetées sans même une audience publique par les tribunaux administratifs. LES ECHOS n PUBLISHING Concepteur des communications éditoriales de votre marque Les Echos Publishing développent pour les cabinets d’avocats, des magazines et sites internet dédiés à leurs clients professionnels www.lesechos-publishing.fr Un service proposé par Les Echos Solutions •DESUPPRESSION LA « TAXE TAMPON » Labaisseà5,5 %dutauxdeTVAsur les protections hygiéniques féminines, jusque-là de 20 %, a été adoptée. Le ministre des Finances s’en est remis au vote des députés pour la suppression de ce qui a été surnommé la « taxe tampon », « une manière d’être favorable » à cet amendement porté par la rapporteure du budget, Valérie Rabault (PS). « Il faudra que ça se répercute sur les prix », a insisté le ministre. Bercy, qui était contre l’amendement lors de son examen en première lecture, craint qu’une partie de la baisse de TVA soit captée par les fabricants et distributeurs. Le coût de la mesure a été estimé à environ 55 millions d’euros par les services de Bercy. DE SURSIS POUR •LEPAS SURAMORTISSEMENT Le suramortissement, mesure de soutien à l’investissement, ne sera pas prolongé, du moins pour l’instant. Le Sénat avait prorogé jusqu’à fin 2016 ce dispositif permettant aux entreprises de majorer temporairement de 40 % les amortissements pour les investissements industriels. L’Assemblée est revenue sur cet article en raison de son coût (380 millions d’euros). Le suramortissement devrait donc prendre fin en avril prochain, sauf si Bercy décide entre-temps de le prolonger. « Je pense qu’il ne faut pas du tout exclure cela. L’idée était de donner un temps limité pour avoir un effet d’entraînement », a indiqué le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, la semaine dernière. UNE CSG DÉGRESSIVE •POUR LES BAS SALAIRES La balle est désormais dans le camp du Conseil constitutionnel. Les députés ont voté l’amendement déposé par l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault et cosigné par 160 députés PS qui vise à verser une partie de la future prime d’activité sous forme de baisse de la CSG pour les salaires inférieurs à 1,3 SMIC à compter du 1er janvier 2017. Cet amendement avait été introduit et voté par les députés à l’issue d’un long débat lors de la première lecture, mais le Sénat, où la droite est majoritaire, l’avait supprimé.Commeill’avaitfaitlorsdela première lecture, le ministre des Finances, Michel Sapin, a exprimé des réserves sur le texte, notamment sur sa constitutionnalité, et s’en est remis au vote des députés. « Il ne me semble pas assuré » que le Conseil constitutionnel valide le texte, a souligné Dominique Lefebvre, vice-président (PS) de la commission des Finances de l’Assemblée.— I. F. et F. S. Secondmandat compromis pour la présidentede la CGC SOCIAL La fédération de l’énergie, dont elle est issue, refuse de présenter Carole Couvert. Le congrès du syndicat de l’encadrement est prévu en juin prochain. Leïla de Comarmond [email protected] La réunion, ce lundi, du comité directeur de la CGC, où siègent tous les numéros un de fédération de la centrale de l’encadrement, était programmée de longue date. Mais les hasards du calendrier vont modifier le climat de ce rendezvous a priori sans grand relief. La confédération doit de nouveaudésignersonéquipedirigeante en juin, lors de son 36e congrès. Ses statuts prévoient que tout candidat doit être présenté par sa fédération d’origine. Or Carole Couvert, qui achève son premier mandat de présidente, n’a pas réussi à obtenir l’aval de la sienne. Jeudi, le conseil national de sa fédération des industries électriques et gazières (son parlement) a refusé de l’investir pour postuler à un second mandat. Le prédécesseur de Carole Couvert, Bernard Van Craeynest, avait failli connaître la même mésaventure avec la métallurgie. Le divorce pourrait cette fois-ci être définitif car il a été acté par un vote lors duquel Carole Couvert n’a recueilli que 40 % des voix. Si elle n’a pas l’aval de sa fédération d’origine, la présidente de la CGC peut compter sur plusieurs poids lourds de la confédération. Une déclaration de soutien de 14 fédérations qui pèseraient 61 % de la centrale a été diffusée. « Vous ne pouvez pas voter toutes les décisionsconfédéralesetensuitecritiquer la politique confédérale », considère Régis Dos Santos, le numéro un de la fédération des banques. « Carole Couvert a obtenu un mandat confédéral en 2013, elle n’est plus la propriété de sa fédération », estime-t-il. Mais celle-ci apparaît en très mauvaise posture. L’hypothèse d’un nouveau vote est d’autant moins probable que la fédération de l’énergie a plébiscité jeudi un autre desesélusàladirectionnationale confédérale. Alexandre Grillat a obtenu plus de 85 % des voix non pas pour un poste précis mais pour le bureau confédéral en général, donc éventuellement la présidence. « Les mutations que connaît notre pays appellent une CFE-CGC forte, c’est pour cela que j’ai souhaité continuer à œuvrer au bureau national pour un projet de rassemblement », se contente d’expliquer celui qui est aujourd’hui secrétaire national au logement à la confédération. Changement des statuts Carole Couvert a reçu le soutien de 14 fédérations. Photo Jacques Demarthon/AFP Parmi les ripostes possibles figure un changement dans les statuts de la CGC permettant aux sortants de s’affranchir de leur fédération d’origine. A priori, la présidente dispose d’une majorité suffisante pour convoquer l’assemblée générale extraordinaire ad hoc. Mais il lui faudrait obtenir une majorité des deux tiers surlamodificationelle-même.« On ne change pas les règles du jeu en cours de partie, même si elle est compliquée, et pas à quelques mois d’un congrès. Ce ne serait pas recevable par les gens de chez moi », explique Gabriel Artero, le numéro un de la métallurgie. Un autre scénario évoqué est le changement de fédération d’affiliation pour Carole Couvert. Son employeur d’origine, Engie, n’a pas forcément intérêt à se mettre à dos la fédération CGC de l’énergie. La période qui s’ouvre s’annonce tourmentée. n ABONNEZ-VOUS MAINTENANT AUX ECHOS. abonnement-lesechos.fr 08 // Lundi 14 décembre 2015 Les Echos MONDE en chiffres ÉTATS-UNIS : REDRESSEMENT SURPRISE DES PRIX À LA PRODUCTION 100.000 SURSAUT INATTENDU DE L’INDUSTRIE EN CHINE En novembre, la production industrielle chinoise a augmenté de 6,2 % sur un an, sa plus forte croissance en cinq mois, selon des données officielles publiées samedi. Ce chiffre semble indiquer que les nombreuses mesures prises par Pékin de soutien à la croissance ont peut-être commencé à produire leurs effets. Les prix à la production aux Etats-Unis se sont redressés en novembre après trois mois d’affilée dans le rouge, a révélé vendredi le département du Travail. En données CVS, l’indice des prix à la production a gagné 0,3 % par rapport à octobre, alors que les analystes prévoyaient un nouveau recul. Sur un an, ils ont reculé de 1,1 %. LE NOMBRE DE MIGRANTS ARRIVÉS EN NOVEMBRE Le nombre de migrants arrivés illégalement en Grèce a beaucoup diminué en novembre, avec moins de 100.000 personnes enregistrées, soit deux fois moins qu’en octobre, selon l’agence de coordination Frontex. SPÉCIAL COP21 Climat : un accordhistorique, une miseen œuvre à hautsrisques l L’option la plus ambitieuse pour limiter le réchauffement a prévalu à Paris. l Un succès de la diplomatie française, qui devra être confirmé dans les faits. Un accord « historique ». L’adjectif a été repris par nombre de chefs d’Etat ce week-end, après que Laurent Fabius, muni de son marteau de président de la COP21, a frappé son pupitre et annoncé, samedi à 19 h 30 : « L’accord de Paris pour le climat est adopté. » Une déclaration suivie d’une standing ovation pour celui qui n’aura guère ménagé ses efforts dans la dernière ligne droite (lire récit page 10). Paris n’aura pas failli à la tradition des COP, qui veut que cette grand-messe de la diplomatie climatique ne s’achève quasiment jamaissuruntexteadoptéentemps et en heure. Si l’accouchement de la troisième et dernière copie aura été douloureux, quasiment toutes les parties prenantes – ONG, fédérations d’entreprises, Etats – ont considéré qu’il s’agissait du meilleur compromis possible entre le niveau d’ambition recherché et les intérêts nationaux de 195 pays. François Hollande avait, samedi matin, mis la pression sur tous les acteurs : « La France vous conjure d’adopterlepremieraccorduniversel de l’histoire sur le climat. Le texte est à la fois ambitieux et réaliste. » Par ambition, il faut notamment entendre le fait de s’engager à limi- « La France et sa diplomatie peuvent être fières » « Le monde regarde et marche enfin dans la même direction », s’est félicité Nicolas Hulot, l’envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète. Cette COP21 est aussi à marquer d’une pierre blanche pour les relations internationales françaises, qui n’avaient pas eu depuis longtemps un tel défi à relever. « La France et sa diplomatie peuvent être fières du travail accompli », a même salué l’ancien Premier ministre François Fillon (Les Républicains). Les ONG sont plus mesurées. « Cet accord est un point de départ, mais il est insuffisant pour enrayer la crise climatique actuelle. Aucun engagement n’a été pris par les Etats qui puisse nous assurer que l’objectif de 1,5 degré pourra être atteint », estime Alix Mazounie, du Réseau Action Climat (RAC). De fait, les engagements actuels conduisent à un réchauffement d’environ 3 degrés et devront donc être révisés. De même, la fixation d’un prix du carbone attendra. « Les gouvernements ont posé les bases d’une action ambitieuse de lutte contre le changement climatique, mais les mesures doivent être immédiates », souligne-t-on au WWF. Les responsables politiques conviennent aussi que, au-delà des objectifs ambitieux établis à Paris, tout va dépendre de la suite. « Le problème n’est pas résolu grâce à l’accord de Paris, mais ce dernier établitlecadredurabledontlemonde abesoinpourrésoudrela criseclimatique », estime le président américain, Barack Obama. « L’avenir seul confirmera si l’accord de Paris est historique, conclut Nicolas Hulot. Tout dépendra des moyens mis en œuvre pour réaliser les engagements de tous les Etats. » — J. C. et R. H. ( L’éditorial d’Etienne Lefebvre Page 12 Il a dit AFP ter le réchauffement climatique « bien en deçà des 2 degrés et de poursuivre les efforts pour atteindre 1,5 degré ». A quoi s’ajoute la perspective de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et de revoir tous les cinq ans les plans de contribution nationaux afférents. Autre avancée, « il reconnaît la notion de justice climatique », a pointé LaurentFabius(cequiapermisleralliement de l’Inde). Les 100 milliards de dollars d’aide des pays riches aux nations les plus pauvres sont reconnus comme étant un plancher qui devra être relevé au plus tard en 2025 (lire page 9). ENVIRONNEMENT « Nous sommes satisfaits de cet accord. Nous pensons qu’il est équilibré et que nos intérêts sont pris en compte. » GURDIAL SINGH NIJAR Porte-parole du groupe des pays en développement 1,5 DEGRÉ À ATTEINDRE SI POSSIBLE Même si beaucoup de pays étaient opposés à la mention de ce chiffre dans l’accord de Paris, la présidence française a réussi à intégrer cet objectif ambitieux. Muni de son marteau de président de la COP21, Laurent Fabius a frappé son pupitre et annoncé, samedi à 19 h 30 : « L’accord de Paris pour le climat est adopté. » Photo François Guillot/AFP « Noussommesdansunaccordsurleclimatpolitiquementcontraignant » Propos recueillis par Joël Cossardeaux [email protected] et Richard Hiault [email protected] Sipa L’accord de Paris est-il à la hauteur des enjeux ? Il ne faut pas l’aborder de façon statique. Cet accord est important dans plusieurs dimensions. Premièrement, c’est un texte élaboré par l’ensemble des pays de l’humanité. Cela ne s’est jamais vu. C’est considérable. Il fixe des ambitions de réduction de gaz à effet de serre surlelongtermeet,decefait,établit un cap clair. Il faut regarder l’accord de Paris de manière dynamique, même si on peut lui reprocher certains manques. Que ce soit sur le prix du carbone, sur la gestion des forêts, sur l’agriculture, l’accès à l’eau ou encore la partie consacrée à l’énergie. Des travaux supplémentaires seront nécessaires. Mais nous avons désormais un chemin qui s’étend de 2015 à 2050 avec des cycles de renégociation tous les cinq ans, avec des règles de transparence et de confiance qui sont à construire. Il va nécessiter des moyens financiers. Si l’équilibre est faible au niveau financier, l’accord envoie un message très clair au monde industriel, financier et de l’énergie. Nous sommes dans une mutation de notre mode de déve- INTERVIEW PIERRE RADANNE Conseiller des pays francophones pour le climat loppement. Nous allons vers un monde sobre en carbone. Il lance un appel aux collectivités locales, aux entreprises, aux banques à se mettre au travail. Maintenant, il va falloir voir commenttoutcelavasemettreenplace. L’accord de Paris enclenche un long processusetfixelescalendriers.Par exemple, c’est en 2018 que les pays développés ont leur prochain rendez-vous. C’est cette visibilité et cette dynamique qui font la force de cet accord universel. Mais il n’a pas de caractère contraignant… Nousnesommescertespasdansun accord juridiquement contraignant puisqu’il ne contient pas de système de sanctions. Mais c’est un accord que je qualifierais de politiquement contraignant. La Chine a-t-elle bien joué le jeu des négociations ? La Chine est très différente par rapport à Copenhague. Depuis 2009, sa richesse a doublé. Elle est devenue la première puissance industrielle mondiale. Elle prend aujourd’hui sa place dans le concert des nations. Non pour des raisons de politique étrangère, mais pour des raisons de politique interne. La Chine est brutalement confrontée au phénomène de pollution de l’air. Récemment, Pékin a connu le plus haut niveau de pollution jamais atteint dans une ville. Les autorités chinoi- ses savent qu’elles vont devoir abandonner leur modèle de développement axé sur le charbon. Pékin s’est mis dans la position du pays qui fait le plus d’efforts. Il l’a clairement signifié lors de cette COP21. Il a été un centre de gravité sans lequel la France n’aurait jamais pu pousser les autres Etats à l’accord. La Chine a joué un rôle stabilisateur. L’Europe a semblé un peu en retrait, non ? L’Union européenne, c’est net, a jouédanslapréparationetlesnégociations un rôle mineur. C’est un souci. Il y a un blocage assez fort du côté de la Pologne. L’Union est en grande difficulté. Elle va devoir définir très vite, probablement au Conseil de mars prochain, la répartition entre les vingt-huit pays de son objectif de réduction de 40% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. La contribution de la France devrait être de l’ordre de 50 %. Là, pour le coup, il y a un problème français. Il y a tout de même eu une loi sur la transition énergétique ? Oui, mais il va falloir reprendre la copie et l’étendre aux questions agricole et forestière, notamment, qui n’ont pas été traitées. Ça ne s’annonce pas simple. A commencerpourl’Unioneuropéenne,quiva devoir répartir les efforts entre les Etats membres. Quand la France connaîtra la part qui lui est dévolue dans l’objectif global de réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre, il lui faudra revoir sa propre politique pour se mettre dans la feuille de route. Or je constate que ce paquet européen n’a donné lieu à aucune information de l’opinion publique, à aucun débat avec les citoyens. Aucune force économique et sociale n’a été associée. Tout a été fait d’en haut. La préparation de la contribution du Sénégal a été bien plus participative que la nôtre. Tout ça parce que le Conseil européen a été incapable de décider avant la conférence de Paris de la répartition. C’est une panne politique majeure au sein de l’Union européenne. Il va falloir reprendre tout. Au-delà de la conférence de Paris, on n’a pas fini de parler du climat dans les mois qui viennent. Quels sont les enjeux de la prochaine COP à Marrakech ? Nous avons une loi-cadre à Paris. Il va falloir produire les décrets d’application. Il y a encore beaucoup de choses qui manquent. Prenez le chapitre de l’accord sur les pertes et dommages. Quel pays y a droit ? Comment va fonctionner le système d’assurance ? Quels types dedégâtssontcouvertsounelesont pas quand une catastrophe sur- vient ? On a trois COP devant nous – 2016, 2017 et probablement 2018 – pour écrire les petites lignes du contrat. Il faudra préciser la question du financement, mais aussi le contenudescontributions.Lespays ont eu à peine plus de six mois pour les établir. On a demandé au Burkina Faso et au Mali de faire de la prospective à quinze ans. Or c’est un exercice qu’ils n’ont jamais fait dans leur histoire. Donc les copies qu’ils ont rendues ne peuvent être « On a trois COP devant nous, 2016, 2017 et probablement 2018, pour écrire les petites lignes du contrat. » considérées que comme provisoires. En outre, pour avoir accès à l’argent, ces pays vont devoir transformer leurs listes de projets ou d’intentions en dossiers de demande de financement, incluant la description détaillée de l’investissement.Lespaysendéveloppement ont plusieurs années devant eux avant la mise en œuvre de l’accord de Paris, en 2020, pour eux. Il y a un énorme travail à réaliser. Surtout pour les Européens, dont la contribution tient en 4 pages et demie. n MONDE // 09 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 3 Les7acquisdel’accorddeParis qui devraientfaire date S’il est trop tôt pour le qualifier d’historique, l’accord de Paris est ambitieux sur plusieurs points. • SUR L’AMBITION L’objet de l’accord de Paris est de « maintenir la hausse de la température moyenne globale bien en deçà de 2 degrés par rapport au niveau de l’ère préindustrielle » et de « poursuivre les efforts pour limiter la hausse de température à 1,5 degré ». « Cet accord sera mis en œuvre pour refléter l’équité et le principe de responsabilités communes mais différenciées à la lumière des circonstances nationales différentes. » • SUR LES ENGAGEMENTS Les pays « se donnent le but d’atteindre un pic d’émissions de gaz à effet de serre aussi rapidement que possible, reconnaissant que ce pic mettra plus de temps à être atteint pour les pays en développement ». « Ils devront ensuite réduire leurs émissions en fonction de l’évolution des connaissances scientifiques. De sorte d’atteindre l’équilibre entre les massesdegazàeffetdeserre(GES)émises par les activités humaines et les masses stockées par les puits de carbone (forêts, océans) dans la deuxième moitié du siècle. Chaque pays devra fournirtouslescinqansdesinformations sur son plan de contribution nationale de réduction de ses émissions de GES. » LA REVUE •DESSUROBJECTIFS Afin d’évaluer les progrès de la mise en œuvre de l’accord de Paris, un premier bilan général doit intervenir en 2023 et ensuite tous les cinq ans. Ce cycle de révision est toutefois susceptible de modifications décidées dans le cadre de COP ultérieures. Les plans élaborés par les moins développés et les petits Etats insulaires pourront tenir compte des circonstances exceptionnelles qui leur sont propres. • SUR LA TRANSPARENCE Chaque pays, selon ses capacités et ses moyens, va devoir fournir « régulièrement » un inventaire national de ses émissions de GES liées aux activités humaines et par source, des informations qui permettront de mesurer les progrès accomplis dans le cadre de leur engagement national (INDCs). Une aide doit être fournie dans ce cadre aux pays en développement. • SUR LES FINANCEMENTS Les pays développés doivent fournir des ressources financières pour venir en aide aux pays en développement à des fins d’adaptation et d’atténuation face au changement climatique. Les grands pays émergents sont encouragés à en faire autant sur une base volontaire. Les paysdéveloppésdevraientresterles chefs de file de la mobilisation de la finance climatique, via un large éventail d’instruments et de canaux. Cette mobilisation des finances climatiques devrait s’inscrire à la hausse. Ce surcroît de ressources devra être réparti de manière équilibrée entre l’atténuation et l’adaptation. Les pays développés doivent communiquer tous les deux ans des informations qualitatives et quantitatives. LES PERTES •ETSUR DOMMAGES Les pays reconnaissent l’importance d’éviter, de minimiser et de traiter les pertes et les dommages associés aux effets du changement climatique, y compris pour des événements extrêmes et étalés dans le temps. Pour ce faire, l’accord mentionne notamment la mise en place de systèmes d’alerte précoce et un mécanisme de provision pour assurer les dommages liés à des catastrophes naturelles extrêmes. LA PORTÉE •DESUR L’ACCORD L’accord donnera lieu soit à une ratification par les Parlements nationaux, soit à une simple acceptationouapprobationdugouvernement. « Il sera ouvert à la signature au siège de Nations unies à New York du 22 avril 2016 jusqu’au 21 avril 2017 ». « Cet accord devra entrer en vigueur le 30e jour suivant la date à laquelle au moins 55 pays, qui comptent pour au moins 55 % des émis- sions totales de gaz à effet de serre », l’auront approuvé, ratifié ou accepté (mais pas avant le 1er janvier 2020). LES DÉCISIONS •HORS ACCORD Il est demandé aux pays dont les contributions nationales de réduction des émissions courent jusqu’en 2030 de les actualiser d’ici à 2020, et ce tous les cinq ans. Ceux dont les plans courent jusqu’en 2025 sont pressés de le faire d’ici à 2020. Sur l’aide à l’adaptation et à l’atténuation des pays pauvres face au changement climatique, les pays riches devront, avant 2025, « établir un nouvel objectif collectif quantifié à partir du plancher de 100 milliards de dollars par an ». La COP « reconnaît le rôle important des incitations à la réduction des émissions », dont « la tarification du carbone ». Les pays riches sont pressés de relever leur aide pour atteindre les 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour l’adaptation et l’atténuation. Ils devront y accroître « significativement » les crédits à l’adaptation. Un « dialogue facilitateur » se tiendra en 2018 pour évaluer les contributions nationales de réduction des émissions ( I N D C s) . A l a m ê m e d a t e , l e GIEC rendra un rapport sur les impacts d’un réchauffement de 1,5 degré. — J. C. et R. H. Selon l’accord, chaque pays, selon ses moyens, va devoir fournir « régulièrement » un inventaire national de ses émissions de gaz à effet de serre. Photo Dimitar Dilkoff/AFP 10 // MONDE Lundi 14 décembre 2015 Les Echos 3 SPÉCIAL COP21 DÉCRYPTAGE // Le pragmatisme l’emporte pour tenir les objectifs. L’accord fait le pari de la confiance et de la transparence Joël Cossardeaux [email protected] L ’accord de Paris ne met le couteau sous la gorge à aucun pays et c’est bien ce qui le différencie d’autres traités internationaux dont le non-respect se paie par de lourdes sanctions. Ici pas d’amendes, et encore moins de mesures de rétorsion. Le protocole de Kyoto en prévoyait, mais cela n’a jamais rien donné. Pour être efficace et tenir son principal objectif – être « bien en deçà de 2 degrés » de réchauffement –l’accordadoptésamediapris un autre parti, celui de la transparence. Plus qu’un devoir, une obligation à laquelle chaque pays aura à se plier en soumettant régulièrement ses objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre (GES) à des grilles de renseignements et d’analyses communément partagés et compréhensibles par tous. « C’est l’environnement global des objectifs qui est légalement contraignant, pas lesobjectifseneux-mêmes »,n’acessé d’expliquer au Bourget Todd Stern, l’envoyé spécial des Etats-Unis sur le changement climatique. Pragmatisme anglo-saxon Samedi, c’est cette vision anglosaxonne, fortement empreinte de pragmatisme, qui l’a emporté. Une approche bien éloignée de celle qui prévalait jusqu’ici, assez marquée du droit romain. « La France s’est Les Etats-Unis (ici, le secrétaire d’Etat, John Kerry) ont failli tout faire capoter en refusant d’inscrire les 100 milliards d’aides aux pays en développement. Photo Tiziana Fabi/AFP longtemps accrochée à cette conceptiondanslesCOP »,noteunobservateur des négociations. C’en est fini. Les contributions nationales pour réduire les émissions de GES ont changé la donne. Des engagements dont on aurait pu penser qu’ils feraient peu d’émules, étant purement volontaires. Or, c’est le contraire qui s’est produit. Pas moins de 185 pays ont rendu leur copie. Elles l’ont fait en conscience par rapport au défi climatique, et en confiance par rapport à la communauté internationale. C’est cette confiance que l’accord de Paris vient sceller et qu’il va falloir consolider. Car mis à part elle, rien pour l’instant ne garantit que les engagements annoncés seront tenus et revus à la hausse. Les rendez-vous fixés – 2020 pour les pays développés – sont jugés trop lointains par les ONG. En outre, cette confiance permettra-t-elled’élargirlabasedes contributions prévues déterminées au niveau national (INDC) aux émissions dues aux transports maritime et aérien ? Rien ne le dit. La méfiance entre le Nord et le Sud peut ressurgir à la moindre occasion. On l’a bien vu vendredi au Bourget où le refus des Etats-Unis d’inscrireles100milliardsdedollars d’aide aux pays en développement a failli tout faire capoter. Le projet d’accord s’est retrouvé totalement déséquilibré en défaveur des pays du sud qui pouvaient s’estimer mal payés de retour par rapport à leurs INDC. La présidence française de la COP21 aura eu toutes les peines à rétablir le balancier. Elle y sera parvenue, notamment en employant le « shall » au lieu du « should », c’està-dire en faisant passer du mode conditionnel au mode affirmatif, nombre de dispositions favorables aux pays du Sud. La référence au « 1,5 degré », réclamée par les pays les plus vulnérables, aura aussi permis de stabiliser le texte. n Arnold Newman, Picasso’s Eye, 2 juin 1954 © A.Newman/Getty Images ©Succession Picasso 2015 - Conception graphique : studiolwa.com L’EXPOSITION ANNIVERSAIRE www.museepicassoparis.fr MÉCÈNE PRINCIPAL Ruée des journalistes à la sortie de Laurent Fabius de la conférence, samedi. Photo Laurent Cipriani/AP/Sipa Les trois folles journées qui ont failli faire chavirer la COP21 Jusqu’à la dernière minute, la conférence sur le climat a frôlé l’échec. Jeudi 10 décembre. Il est 8 heures quand la nouvelle tombe. Les négociations ont duré toute la nuit avant de s’interrompre vers 5 heures. Laurent Fabius, qui préside la COP21, a dormi une heure et demie dans son bureau du hall 3 du centre des expositions du Bourget. Puis, il a fait le point avec un de ses « ambassadeurs », Manuel Pulgar-Vidal, le ministre de l’Environnement du Pérou, avec lequel il a noué des liens d’amitié et de confiance l’an dernier lorsqu’il occupait le même poste à la COP de Lima. C’est au tour, ensuite, de Nicolas Hulot, envoyé spécial de l’Elysée pour la protection de la planète, d’être reçu. L’heure est grave. La mécanique des négociations se grippe. La publication en début d’après-midi d’une deuxième version de l’accord de Paris est de plus en plus hypothétique.C’estlabasedel’accordfinalpromis par Laurent Fabius vendredi 18 heures, heure précise, qui vacille. Ilest10heuresdanslagrandesalle de presse. Des centaines de journalistes ont l’index sur la souris, prêts à cliquersurles« webcasts »dusitede l’ONU, qui transmet en direct les moindres séances et conférences de presse de la COP21. La rumeur d’un texte à prendre ou à laisser, présenté par sa présidence, se met à circuler. Pas très longtemps. La nouvelle tombe sur les écrans qu’une énième réunion de négociations est convoquée pour 15 heures. Tout le monde s’interroge. Quand le texte définitif En réalité, ces longues heures ne font que mettre en relief des divergences persistantes. sera-t-il enfin publié ? Il faudra attendre 19 heures pour apprendre qu’une deuxième proposition d’accord sera sur la table à 21 heures. Cette fois, le délai est tenu. Laurent Fabius annonce à la tribune de la salle plénière Seine que le texte va être distribué pour être étudié par les délégations en deux heures et demie chrono. A 23 h 30 tapantes, les négociations reprennent. Auparavant,c’estunprésidentdelaCOP21 auxtraitstirésetauxyeuxrougisqui s’est exprimé devant les caméras et les micros, Place des Vosges, le plateau réservé aux points-presse. A l’encroire,l’affaireestdanslesac :« Il reste à faire les derniers mètres. » Erreur ! Cette nouvelle nuit blanche a ravivé de vieilles crispations. Les Etats-Unis s’emportent contre les pays en développement. Les puissancespétrolières,Arabiesaoudite et Venezuela en tête, reviennent à la charge avec leurs 2 degrés de réchauffement. Les Russes s’y mettent et les rejoignent. Ça bloque ! « Si ça continue, ce ne seront plus des scientifiques qui se pencheront sur le climat mais des archéologues… », ironise le représentant de la Barbade, petit Etat insulaire des Caraïbes. Les propos sont rapportés par le député belge Jean-Marc Nollet, sur son compte Twitter. Pendant toute la durée de la nuit, il a posté de multiples messages, racontant minute par minute les débats. Le délégué européen veut réintroduire les émissions liées au transport aérien dans le texte de l’accord ? Quelques instants plus tard, son homologue de Singapour fait un tir de barrage. Les délégués ergotent sur les termes demandant de remplacer un « invite » par un « décide ». Les Russes, eux, refusent le passage du texte faisantréférenceà1,5degré,cariln’y aurait aucune étude scientifique qui, à ce stade, le revendique. A propos de température, on apprendra par la bande que celle de deux salles de négociation était plutôt fraîche dans la nuit de mardi à mercredi. Le chauffage avait été coupé trop tôt. Pour quelle raison ? Mystère. Mais, rétrospectivement, cette chute de mercure n’a pas fait un drame à la présidence. « Cela aurait pu pousser les négociateurs à accélérer ! » raille un de ses représentants. En réalité, ces longues heures ne font que mettre en relief des divergences persistantes. Les efforts de la France Laurent Fabius réalise qu’il sera hors délai. Vendredi matin, dès 6 h 30, il fait annoncer que « le projet d’accord final est repoussé à samedi matin ». Dans son bureau, le président de la COP21 en informe Ban Ki-moon. Le secrétaire général des Nations unies salue un travail « presque surhumain ». L’ambassadrice sud-africaine, Nozipho Mxakato-Diseko, découvre de la « tension, mais aussi de la placidité chez Laurent Fabius ». « Il fait des miracles », s’enflamme une déléguée sud-américaine. Certes, mais le texte n’avance guère. Vendredi 11 décembre. Bis repetita. Les dissensions se creusent. Coup de théâtre en fin de journée. Les 100 milliards de dollars d’aide promis aux pays pauvres à Copenhague en 2009 ont disparu du projet d’accord. « Un coup des EtatsUnis », lance un ancien délégué. Washington motive sa décision sur le fait qu’un maintien de ce chiffre dans l’accord les obligera à présenter le texte devant le Congrès. Avec le risque qu’il soit rejeté par une Chambre à majorité républicaine bien peu encline à faire un cadeau à Barack Obama avant son départ. Avec ce coup de Jarnac, les esprits s’échauffent. La COP frôle la catastrophe et l’échec total. Mais Laurent Fabius tient bon. « Moi, je vais leur présenter un texte qui est le plus ambitieux et le plus équilibré qu’il soit possible », jure-t-il vendredi soir. A 19 heures, c’est reparti pour un tour. Une troisième nuit de négociations, faite de réunions bilatérales tous azimuts, se profile. Et il est 5 heures quand Laurent Fabius, exténué, s’accorde enfin un break réparateur. « Les pays en développement ont hurlé toute la nuit contre les Etats-Unis », s’affole un observateur. La présidence française décide alors de s’activer, seule dans son coin, pourrédigerunetroisièmemouture du texte qu’elle annonce vouloir présenter samedi dans la matinée. Un A la surprise générale, le chef de l’Etat en personne, François Hollande, fait son retour au Bourget. temps prévue à 9 heures, cette présentation est repoussée à 11 h 30, annoncelaprésidencefrançaise,qui prépare un coup politique pour forcer le destin. Elle rédige un texte fort ambitieux quant à la limitation du réchauffement climatique. Le choix se porte sur « bien en deçà de 2 degrés », avec une référence explicite à « 1,5 degré » à atteindre pour satisfairelespaysendéveloppement furieux du coup de Jarnac américain.Et,àlasurprisegénérale,lechef de l’Etat en personne, François Hollande, fait son retour au Bourget. Il vient épauler son ministre des Affaires étrangères pour tenter de faire pencher la balance en faveur de l’adoption de l’accord. Comme de coutume, il est en retard. En l’attendant,lesecrétaired’Etat,JohnKerry, discute, souriant avec le ministre de l’Environnement indien, Prakash Javadekar. Enfin, le chef de l’Etat fait son entrée, une demi-heure plus tard, suivi de Laurent Fabius, du secrétairegénéraldesNationsunies, Ban Ki-moon, et de Ségolène Royal. A la tribune, le discours de Laurent Fabius se veut grave : « Ce texte, le nôtre, constitue le meilleur équilibre possible qui permettra à chaque groupe de pays de rentrer chez soi la tête haute et avec des acquis évidents. » La voix étranglée de fatigue ou véritablement trop ému en pensant à tous les pionniers de la lutte contre le changement climatique, il réussit à déclencher un tonnerre d’applaudissements pour son homologue péruvien, Manuel Pulgar-Vidal. François Hollande, lui, au nom de la France, conjure l’assemblée d’adopter le premier accord universel de l’histoire du climat. « A quoi aurait servi tout ce travail s’il ne débouchait pas », plaide-t-il. La manœuvre fonctionne. Après avoir pris connaissance des dispositions du texte, qui est traduit en six langues,lesdélégués,réunisenplénière dès 19 heures, adoptent une demiheure après le document. L’accord de Paris est scellé… — J. C. et R. H. MONDE // 11 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 Le rendez-vous d’Angela Merkel avec les frondeurs de son parti l L’Union chrétienne-démocrate (CDU) tient ce lundi son congrès à Karlsruhe. l La chancelière allemande veut défendre sa politique de réfugiés, critiquée dans le parti. EUROPE Thibaut Madelin [email protected] — Correspondant à Berlin Trois jours après son rival socialdémocrate (SPD) Sigmar Gabriel, qui a été réélu à la tête de son parti avec un score sanction de 74,3 %, c’est à Angela Merkel d’affronter les frondeursdesonparti.L’Unionchrétienne-démocrate (CDU) tient ce lundi son congrès à Karlsruhe, dans le sud de l’Allemagne. Un rendezvous périlleux pour la chancelière, critiquée pour sa politique d’asile. Commepourlevice-chancelier,à qui la base de son parti reproche de renier les valeurs traditionnelles de gauche, par exemple en défendant l’accord de libre-échange avec les Etats-Unis, les plus conservateurs de la CDU reprochent à Angela Merkel de renier les valeurs traditionnelles de droite en accueillant plus de 1 million de réfugiés cette année en Allemagne. Ils demandent une limite nationale. Pour Angela Merkel, cela ne serait possible qu’au prix d’une fermeture des frontières allemandes, qui courent sur 3.000 kilomètres. Un scénario impensable. « Je travaille à une réduction du nombre [des migrants arrivant en Allema- gne] mais c’est illusoire de croire que le problème des réfugiés peut être résolu à la frontière germano-autrichienne, a-t-elle déclaré samedi. Les grands mouvements de réfugiés ne peuvent être résolus que par une coopération internationale. » Repli sur soi Depuis un mois, elle mène un ballet diplomatique pour convaincre, d’une part, la Turquie de juguler le flux de réfugiés syriens vers l’Europe et, d’autre part, ses voisins d’accepter unsystèmederépartitionderéfugiés dans l’Union européenne (UE) moyennant l’instauration de frontières extérieures étanches. Mais si Ankara semble vouloir donner des gages, les pays européens traînent des pieds.« Le problème est que cette alternativebaséesurl’Europen’estpas possible actuellement, juge Werner Weidenfeld, professeur de sciences politiques à l’université de Munich. Laquestionstratégiquedel’Allemagne intervient au moment où l’Europe sombre dans une crise de sens. » De Paris à Varsovie, l’UE vit une vague sans précédent de repli sur soi. « Personne ne croit plus à cette solution européenne »,reconnaîtundirigeant. Mais pour Angela Merkel, dont l’autorité s’érode pour la première fois après dix ans à la tête de l’Allemagne, hors de question de se désavouer. Elle invoque les valeurs chré- tiennes de son parti et la solidarité des Allemands à l’égard des demandeurs d’asile. Les plus réservés, qui représentent une majorité de la population, n’ont qu’à bien se tenir. « Je ne veux entendre personne me dire “nous sommes débordés”, lance un chrétien-démocrate. J’aimerais au contraire que les gens prennent plus de responsabilités et se retroussent les manches. Pourquoi certains élus locaux font leur boulot super bien, sans vague, et d’autres pas ? » Falk Ulbrich pourrait se sentir visé. Le conseiller municipal CDU d’Einsiedelorganisetouslesmercredis une marche silencieuse dans sa commune de Saxe pour protester contre le projet du Land d’y établir un foyer d’accueil de demandeurs d’asile dans un ancien centre d’apprentissage. « Notre commune compte 3.600 habitants et, du jour au lendemain, on nous impose un foyer de 500 réfugiés », dit l’élu local, qui évoque des problèmes sanitaires et En Inde, Shinzo Abe a validé la vente d’un premier Shinkansen. Et, surtout, signé avec Narendra Modi un partenariat nucléaire historique. Yann Rousseau [email protected] — Correspondant à Tokyo GE Hitachi est aussi sur les rangs pour un gros contrat dans le pays qui se propose de construire une quarantaine de réacteurs d’ici à 2032, mais a déjà commencé la négociation de centrales avec les concurrentsdesJaponais,etnotamment avec Areva. En acceptant un accord bilatéral, Shinzo Abe espère que les futures centrales encore en discussion ne seront pas confiées auxgroupesnucléairessud-coréens et chinois qui sont de plus en plus présents à l’international. Ce même sentiment d’urgence stratégiqueetéconomiqueapoussé Tokyo, qui s’est récemment vu « chiper » par la Chine, dans des a démenti, dimanche, les informations de la presse britannique selon lesquelles le Premier ministre, David Cameron, serait prêt à reculer sur une de ses principales revendications pour maintenir son pays dans l’Union européenne et éviter ainsi un « Brexit ». Pas moins de trois journaux, « The Sunday Times », « The Telegraph » et « The Independent on Sunday », affirment pourtant en une que David Cameron va rétropédaler sur son projet de priver les citoyens européens d’allocations sociales pendant leurs quatre premières années de séjour au Royaume-Uni, afin de mieux maîtriser les flux d’immigration. conditions rocambolesques, un grand contrat ferroviaire en Indonésie, à proposer la vente d’un premiertrainàgrandevitesse enInde à des conditions présentées comme « très souples » par Narendra Modi. SonsecrétaireauxAffairesétrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a assuré que Tokyo allait financer 80 %des 15 milliardsdedollars de la construction d’une ligne de Shinkansen de 505 kilomètres reliant Bombay à Ahmedabad, capitale du Gujarat, Etat dont est issu Narendra Modi. Le « prêt » préférentiel japonais sera étalé sur cinquante ans avec un taux d’intérêt de 0,1 % et un moratoire de quinze ans. Sicettenouvelle« souplesse »permet à Shinzo Abe de ramener d’importants contrats d’Inde, elle lui permet également de sécuriser le soutien de l’Inde dans son effort d’endiguementdesprétentionsterritoriales chinoises. Dimanche, les deuxpaysontainsi,pourlapremière fois, appelé ensemble les puissances de la région à éviter les provocations en mer de Chine méridionale. Pékin, qui s’est approprié brutalement des dizaines d’îlots dans la zone, n’était pas formellement nommé mais aura compris le message. n de sécurité incendie du bâtiment. Il s’inquiète pour l’Allemagne. « Nos capacités d’accueil sont limitées, tout comme nos capacités d’intégration », jugeFalkUlbrich,quinesesent« pas vraiment entendu » par son parti. Steffi Barthold n’a pas le même problème. La conseillère municipale sociale-démocrated’Einsiedelareçu vendredi, au congrès du SPD, un bouquet de fleurs de Sigmar Gabriel qui l’a félicitée pour son combat « contre les nazis de sa ville ». n ment grec a trouvé un accord vendredi soir avec le quartet représentant les créanciers – Commission européenne, BCE, Mécanisme européen de stabilité et FMI – permettant a i n s i l e d é b l o c a g e d ’u n e nouvelle tranche de prêts de 1 milliard d’euros. « Nous a v o n s u n a c c o rd p o u r c e cycle », a affirmé Georges Stathákis, le ministre de l’Economie et du Développement, en sortant d’une réunion avec les représentants des créanciers. ANNLEGALWK SOCIETES Paris sous le numéro 488 748 195 et la société COFEG. La société sera immatriculée au RCS de Paris. Pour avis. 11986648W – LE PUBLICATEUR LEGAL 11986717 – LA VIE JUDICIAIRE 75 • PARIS Une quarantaine de réacteurs DÉMENTI — Downing Street DÉBLOCAGE — Le gouverne- Pour Angela Merkel, il est hors de question de se désavouer. Photo Rainer Unkel/RÉA ASIE précisés –, les deux exécutifs ont défini les bases d’un accord qui va permettre aux géants japonais du nucléaire civil d’enfin entrer sur le marchéindien.Jusqu’icibloquépar l’absence d’entente entre les deux pays, le groupe américain Westinghouse, contrôlé par Toshiba, pourrait finaliser, dès 2016, la vente du réacteur AP1000 à des électriciens indiens, qui ont besoin de capacités de production pour réduire les pénuries de courant. Brexit : Cameron ne recule pas Grèce : accord pour 1 milliard Tokyo et Delhi unis face à Pékin En mai 1998, les autorités japonaises avaient été parmi les premières et les plus virulentes à condamner les essais nucléaires ordonnés par le parti nationaliste hindou (BJP) tout juste arrivé au pouvoir en Inde. Tokyo avait même suspendu ses relations diplomatiques avec Delhi. Pour une nation traumatisée par l’arme nucléaire et devenue une grande militante d’un désarmement nucléaire total, ces tirs étaient une provocation intolérable. Dix-sept ans plus tard, l’Inde refuse toujours de ratifier le traité de nonprolifération et n’a jamais formellement déclaré qu’elle s’interdisait tout nouvel essai nucléaire. Pourtant, le Japon a totalement réévalué son intransigeance et accepté, ce week-end, de signer un partenariat nucléaire historique avec l’Inde. Pour Tokyo, les priorités stratégiques ont changé. Et la fracassante montée en puissance de la Chine justifie des aménagements drastiques, selon le Premier ministre, Shinzo Abe, qui s’inquiète pour l’influence de sa nation, sa sécurité etsesintérêtscommerciaux.Devant le Premier ministre indien, Narendra Modi, qu’il présente désormais comme un ami intime, le chef du gouvernement nippon a ainsi validé plusieurs accords, encore inenvisageables au début des années 2010. S’ils n’ont pas complètement finalisé leur pacte nucléaire civil – des détails techniques devant être en bref Aux termes d’un acte SSP à Paris du 7/12/2015, il a été constitué une société en nom collectif : Dénomination sociale : SNC ONYX 1 Siège social : 18 quai de la Râpée, 75012 Paris Capital social : 5.000 € Objet social (résumé) : La société a pour objet dans tous pays l’acquisition, l’exploitation commerciale directe ou indirecte, la location directe ou indirecte, la mise à disposition, la maintenance, la vente de tous matériels, biens mobiliers et immobiliers, la location de tous types de véhicules, de navires ou d’aéronefs, et toute prestation de service en rapport avec les activités de la société. Durée : 20 ans. Gérant : Le premier gérant est la société COFEG, société par actions simplifiée au capital de 41.400 euros, dont le siège social est à Paris 12ème, 18, quai de la Rapée, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Paris sous le numéro 302 205 455. Associés : la société COFIBRED 8 SAS, dont le siège social est à Paris 12ème, 18, quai de la Rapée, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Paris sous le numéro 488 748 195 et la société COFEG. La société sera immatriculée au RCS de Paris. Pour avis. 11986652W – LE PUBLICATEUR LEGAL Aux termes d’un acte SSP à Paris du 7/12/2015, il a été constitué une société en nom collectif : Dénomination sociale : SNC ONYX 2 Siège social : 18 quai de la Rapée, 75012 Paris Capital social : 5.000 € Objet social (résumé) : La société a pour objet dans tous pays l’acquisition, l’exploitation commerciale directe ou indirecte, la location directe ou indirecte, la mise à disposition, la maintenance, la vente de tous matériels, biens mobiliers et immobiliers, la location de tous types de véhicules, de navires ou d’aéronefs, et toute prestation de service en rapport avec les activités de la société. Durée : 20 ans. Gérant : Le premier gérant est la société COFEG, société par actions simplifiée au capital de 41.400 euros, dont le siège social est à Paris 12ème, 18, quai de la Rapée, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Paris sous le numéro 302 205 455. Associés : la société COFIBRED 8 SAS, dont le siège social est à Paris 12ème, 18, quai de la Rapée, immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de AUCLERIS Société civile au capital de 58.840.730 € Siège social : 98, rue de Miromesnil - 75008 PARIS 449 262 831 RCS PARIS Avis de dissolution Aux termes d’une délibération en date du 23 novembre 2015, l’Assemblée des associés de AUCLERIS, sus-désignée, société absorbée, a décidé : - d’approuver le projet de fusion établi le 3 juillet 2015 avec SABAROTS, société absorbante, société civile au capital de 41.600.000 €, ayant son siège social à Paris (75009), 6, avenue du Coq, 380 157 651 RCS PARIS, aux termes duquel AUCLERIS a transmis à SABAROTS la totalité de son patrimoine, moyennant la création par la société absorbante de 13.676.494 parts de 10 € nominal, entièrement libérées ; - que par le seul fait et à partir de la réalisation définitive de l’augmentation du capital de la société absorbante destinée à rémunérer la transmission du patrimoine de la société absorbée, AUCLERIS se trouve dissoute de plein droit, sans liquidation. La fusion et la dissolution de AUCLERIS sont devenues définitives le 23 novembre 2015, ainsi qu’il résulte des décisions de l’assemblée générale extraordinaire de SABAROTS en date du 23 novembre 2015. Pour avis, le représentant légal. 11986747 – LA VIE JUDICIAIRE ALMAREEN Société civile au capital de 58.840.730 € Siège social : 6, avenue du Coq - 75009 PARIS 449 262 641 RCS PARIS Avis de dissolution Aux termes d’une délibération en date du 23 novembre 2015, l’Assemblée des associés de ALMAREEN, sus-désignée, société absorbée, a décidé : - d’approuver le projet de fusion établi le 3 juillet 2015 avec SABAROTS, société absorbante, société civile au capital de 41.600.000 €, ayant son siège social à Paris (75009), 6, avenue du Coq, 380 157 651 RCS PARIS, aux termes duquel ALMAREEN a transmis à SABAROTS la totalité de son patrimoine, moyennant la création par la société absorbante de 13.676.494 parts de 10 € nominal, entièrement libérées ; - que par le seul fait et à partir de la réalisation définitive de l’augmentation du capital de la société absorbante destinée à rémunérer la transmission du patrimoine de la société absorbée, ALMAREEN se trouve dissoute de plein droit, sans liquidation. La fusion et la dissolution de ALMAREEN sont devenues définitives le 23 novembre 2015, ainsi qu’il résulte des décisions de l’assemblée générale extraordinaire de SABAROTS en date du 23 novembre 2015. Pour avis, le représentant légal. 11986715 – LA VIE JUDICIAIRE SABAROTS Société civile au capital de 41.600.000 € Siège social : 6, avenue du Coq - 75009 PARIS 380 157 651 RCS PARIS Avis de fusion Suivant délibération en date du 23 novembre 2015, l’Assemblée générale des associés de SABAROTS, sus-désignée, a: - approuvé le projet de fusion établi le 3 juillet 2015 : aux termes duquel ALMAREEN, société civile au capital de 58.840.730 €, ayant son siège social à PARIS (75009), 6, avenue du Coq, 449 262 641 RCS PARIS, et AUCLERIS, société civile au capital de 58.840.730 €, ayant son siège social à PARIS (75008), 98, rue de Miromesnil, 449 262 831 RCS PARIS, ont fait apport à titre de fusion à SABAROTS de la totalité de leur patrimoine, l’évaluation du patrimoine ainsi transmis et sa rémunération ; ce projet de fusion ayant été préalablement approuvé par l’assemblée des associés des sociétés ALMAREEN et AUCLERIS, sociétés absorbées ; - décidé d’augmenter le capital de SABAROTS d’une somme de 273.529.880 € par la création de 27.352.988 parts sociales de 10 € nominal entièrement libérées ; le montant de la prime de fusion s’élevant 429.987.214 €. L’article 7 des statuts a été modifié en conséquence : Nouvelle mention : Capital social : 315.129.880 € ; - décidé d’étendre l’objet social aux opérations d’acquisition sous toutes formes d’intérêts et participations dans toutes sociétés ou entreprises, ainsi qu’à la gestion de ces participations et intérêts. En conséquence, l’article 2 des statuts a été modifié. Pour avis, le représentant légal. 12 // Lundi 14 décembre 2015 Les Echos idées&débats SOMMAIRE Le Billet de Favilla Le Regard sur le monde Le Point de vue Art et culture Science Sous l’écume, l’euro Europe-Etats-Unis : le début d’une nouvelle alliance ? L’incroyable gruyère fiscal français « Roméo et Juliette », des amants ravageurs au Français Quand l’homme s’inspire de la nature LES ÉDITORIAUX DES « ÉCHOS » LaCOP21commence aujourd’hui « Le verre est aux trois quarts plein », a résumé l’écologiste Pascal Canfin. Après quinze jours d’âpres négociations, on peut discuter à l’infini des avancées de l’accord de Paris, de ses impasses, de ses imprécisions. Mais une chose est sûre : le texte approuvé ce week-end marque un tournant dans la prise en compte du changement climatique (plus aucun Etat Par Etienne n’est dans le déni) et des moyens à mobiliser Lefebvre pour limiter le réchauffement de la planète. Par son contenu d’abord. La plupart des cases L’accord qui étaient jugées indispensables ont été de Paris cochées : la nécessité de cantonner la hausse est un point de la température « bien en deçà de 2 degrés », les 100 milliards de dollars par an d’aide aux de départ, pays en développement qui sont désormais pas un point considérés comme un « plancher », l’objectif de zéro émission carbone pour la deuxième d’arrivée. moitié du siècle (via un équilibre entre les émissions liées aux activités humaines et celles absorbées par les puits de carbone), la différenciation des responsabilités et des engagements entre pays industrialisés et pays en développement, etc. Il figure aussi, et c’est sans doute le point le plus essentiel, des mécanismes de révision et de surveillance des engagements des Etats. Car on peut tenir les plus beaux discours et se fixer des objectifs sympathiques, si tout s’arrête une fois les installations du Bourget repliées, rien ne changera. La COP21 innove avec des clauses de revoyure tous les cinq ans, sur la base des actions qui auront été entreprises (ou pas). Il est regrettable que le premier bilan ne soit prévu qu’en 2023, mais c’était le prix d’une acceptation universelle de l’accord. Cela accroît en tout cas la nécessité pour l’ensemble des acteurs, politiques et économiques, de continuer de se mobiliser au quotidien autour des enjeux climatiques, et pas seulement lors de ces grand-messes. Il y a des raisons d’y croire. Le fourmillement de solutions techniques et de projets économiques poussés par des collectivités et des entreprises au cours des quinze derniers jours a constitué un autre tournant de cette COP21. Il a montré que la lutte pour la préservation du climat pouvait ouvrir des perspectives de croissance durable et de développement, et non plus seulement être synonyme de ralentissement économique. Mais il manque un chaînon essentiel pour accélérer cette transition : la fixation d’un prix du carbone, que ce soit par le biais d’une taxation ou de droits à émission. Pour orienter au mieux les investissements, l’impulsion politique est certes nécessaire, mais rien ne vaut l’incitation économique et la puissance des mécanismes de marché. Rendre l’économie carbonée de plus en plus chère, partout dans le monde, devra être un objectif central des prochains sommets climat. Sinon, les objectifs de Paris resteront lettre morte. ( Lire nos informations Pages 8 à 10 Renault :regarderdevant Par David Barroux Pour arriver à bon port, il importe plus de regarder devant soi que d’avoir les yeux braqués sur son rétroviseur. Au lendemain de la signature d’une paix des braves entre Renault-Nissan et l’Etat, français, qui est également le premier actionnaire de l’ex-Régie, il importe plus de préparer l’avenir que de jeter de l’huile sur le feu en pointant la perte de temps qu’aura constitué ce bras de fer. On ne peut toutefois s’empêcher de penser que, par son activisme, Emmanuel Macron a contribué à multiplier les sources de tensions là où il y en avait peu : jamais depuis le début du siècle les frictions n’auront été aussi fortes entre Renault et Nissan, entre Français et Japonais et entre Carlos Ghosn et les pouvoirs publics. La confiance, qui reste le plus efficace et le moins coûteux des moteurs, a cédé la place à la défiance. Le tandem Renault-Nissan risque d’en faire les frais. Surtout, en croyant bien faire, l’Etat a, en fait, joué contre les intérêts de la France. Chacun se doute que, dans les années qui viennent, l’automobile vivra au rythme des fusions et des acquisitions. Dans un métier qui se mondialise, l’émergence de nouveaux acteurs et le déclin d’autres provoqueront une redistribution des cartes capitalistiques. Pour gagner les batailles qui s’annoncent, il faudra à la fois être plus performant que ses concurrents et mieux valorisé en Bourse, dans la mesure où la croissance externe se nourrit souvent de titres. En voulant peser sur Renault, l’Etat, dont la compétence et la ligne varient de façon imprévisible au jeu des alternances politiques, a fragilisé la firme au losange. Renault a gaspillé de l’énergie sur un sujet secondaire, n’a pas réglé certains sujets tabous (comme l’évolution de la gouvernance de l’Alliance) et sa valorisation boursière va souffrir de l’interventionnisme public, qui rebute bien des investisseurs. L’intérêt de la France est que Renault soit fort, pas que l’Etat soit fort dans Renault. ( Lire nos informations Page 22 Hervé Pinel pour « Les Echos » Faut-il revenirsur la mobilité desmagistratsspécialisés? Par Valérie de Senneville — Grand reporter La question est revenue avec insistance après les attentats du 13 novembre : est-il pertinent d’envoyer un juge antiterroriste traiter des divorces à Lille, en plein cataclysme sécuritaire? On a vu sur tous les plateaux de télévision, dans de nombreux journaux, Marc Trévidic apporter son expertise de juge antiterroriste dans la période troublée post-Bataclan. Sauf que Marc Trévidic n’est plus juge antiterroriste. Depuis septembre 2015, il est premier vice-président au tribunal de grandeinstancedeLille.Ceuxquine connaissent pas les règles de mobilité interne à la magistrature s’étonnent : comment peut-on passer aussi facilement d’une spécialité à une autre ? Les compétences de monsieur Trévidic ne seraient-elles pasmieuxutiliséesàParisqu’àLille? L’incompréhension est légitime : on ne peut à la fois reprocher aux juges leur manque de spécialisation et les faire bouger dès qu’ils ont une certaine exp érience dans un domaine,« alorsque,enface,avocats, enquêteurs, services sont de plus en plus investis. C’est important de bien les connaître et de savoir comment ils fonctionnent pour ne pas être de simples béni-oui-oui », remarque Marc Trévidic. D’autant plus que cette règle de mobilité décennale vaut pour tous les juges « spécialisés » : juges d’instruction, juges des enfants, juges d’application des peines… Bref, les juges dont les dossiers font, le plus souvent, la une des journaux. Ainsi Guillaume Daïeff, juge d’instruction au pôle financier de Paris,va-t-ilsansdoutedevoir« bouger » avant d’avoir clos les grands dossiers de fraude fiscale dont il s’occupeavecSergeTournaire(UBS) ouCharlotteBilger(HSBC).Dansces dossiers, la justice traque depuis cinq ans les pratiques douteuses des banques et a infligé une caution record de 1,1 milliard d’euros à la L’ANALYSE DE LA RÉDACTION Les juges spécialisés chargés des dossiers les plus sensibles doivent quitter leurs fonctions au bout de dix ans. C’est le cas de ceux qui sont chargés de l’antiterrorisme, mais aussi de ceux qui sont chargés des plus gros dossiers financiers. De quoi rallonger encore les procédures. D Les points à retenir Est-il légitime d’envoyer un •juge antiterroriste chevronné traiter des divorces à Lille en pleine crise sécuritaire au nom de la « mobilité interne » de la magistrature ? S’il est largement admis que « nul n’est propriétaire de ses dossiers » et s’il est vrai qu’un changement de mains peut débloquer une affaire, il peut être aussi contreproductif de se priver d’une compétence spécialisée, reconnue au niveau national. • banqueUBSAG.RogerLeLoire,son collègue qui a instruit le dossier de l’UIMMetaencoreenchargelessuites de l’affaire Bettencourt, devra également quitter la rue des Italiens pour prendre un autre poste. A la section antiterroriste, d’autres juges vont devoir partir avant août 2019… De quoi rallonger encore les procédures. Car dans ces dossiers complexes et délicats, chaque piste est analysée. Pas sûr que les successeurs suivent les mêmes que ceux qu’ils remplacent. Certains proposent donc d’autoriser une prorogation de deux ans pour permettre le passage de témoin. Expérience… ou regard neuf Mais pas plus, car on se souvient encore de la polémique née autour de la mobilité de Marie-Odile Bertella-Geffroy, juge d’instruction emblématiquedupôlesantéautribunalde grande instance de Paris. Chargée du tentaculaire dossier de l’amiante, la pasionaria des victimes s’était battue bec et ongles pour ne pas quitter lepôle…etgardersondossier,qu’elle couvait depuis plus de quinze ans. Elle avait écrit au chef de l’Etat, à la garde des Sceaux… Las, elle avait dû abandonner ses chers dossiers… « Nul n’est propriétaire de ses dossiers », remarque, cinglante, une de ses collègues à l’instruction. La règle de la mobilité obligatoire a justement été installée pour éviter une telle appropriation, insiste-t-on à la chancellerie. C’est le but de la loi du 25 juin 2001 sur le statut des magistrats,dontelleestissue.« Cetterèglea été instaurée pour répondre au problème posé par l’insuffisante mobilité de certains magistrats, qui pouvait entraîner une personnalisation des fonctions, une routine et un risque pour l’indépendance et l’impartialité, en raison d’une insertion trop forte dans l’environnement local », théorise-t-on à la chancellerie. De fait, plus personne aujourd’hui ne conteste vraiment la mobilité. Mais on ne sait plus trop si c’est par habitude – tout le monde doit le faire – ou par réelle conviction de son efficacité. Le Conseil supérieur de la magistrature, quand on l’interroge, n’a tout simplement « pas d’opinion » et « respecte la règle ». Même les syndicats de magistrats lesplusopposésontfaitcontremauvaise fortune bon cœur. « Je ne suis pas sûr que rester trente ans dans le même cabinet soit une bonne chose. Il y a toujours un moment où l’on doit se remettre en question », remarque Françoise Martres, la présidente du Syndicat de la magistrature. Et l’Union syndicale des magistrats, si elle reste opposée « par principe » à la mobilité « au nom de l’inamovibilité des magistrats », convient que « ce n’est plus vraiment un problème ». Marc Trévidic lui-même reconnaît qu’un regard neuf peut sortir un dossierdel’ornière. C’estd’ailleursce qu’ilafaiten2006quandilestrevenu à la galerie Saint-Eloi, qui abrite la section « antiterro » au palais de justice de Paris. Il a repris un à un les dossiers de son prédécesseur, JeanLouis Bruguière. Très vite, alors, les dossiers des moines de Tibhirine ou de l’attentat de Karachi, qui avait coûté la vie à onze employés de la direction des constructions navales de Cherbourg au Pakistan, avaient fait un bond en avant. Mais Marc Trévidic regrette que la chancellerie ne cherche pas à « organiser l’après. On pourrait par exemple garder la matière mais faire autre chose (président de cour d’assises “terro” par exemple) ». Car, fait-il remarquer, il y a une différence entre les juges spécialisés. Certains, en effet (c’était son cas), exercent dans des juridictions à compétence nationale : terrorisme, crime contre l’humanité. « Donc, quand on fait notre mobilité, on est obligé d’abandonner notre compétence nationale, ce qui n’est pas le cas, par exemple, d’unjuged’instructionspécialisédans les affaires financières, qui peut aller exercer la même fonction dans une autrejuridiction. »Ceuxdelaruedes Italiens apprécieront… n IDEES & DEBATS // 13 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 SUR LE CERCLE LES ÉCHOS PARADOXE NUMÉRIQUE Pourquoi la révolution numérique n’entraînet-elle pas de gains de productivité ? Les experts sont divisés. http://po.st/UFeuIr LE LIVRE DU JOUR DANS LA PRESSE ÉTRANGÈRE La marchandisation de l’enseignement « All You Need Is Love » LE PROPOS L’argent inonde de plus en plus le monde de l’éducation, de la maternelle au cycle supérieur. Ce livre montre à quel point l’image que l’on peut encore se faire aujourd’hui d’un enseignement fondé sur l’égalité des chances et la gratuité, s’est effrité à grande vitesse ces dernières années. Entre pression du chômage, baisse du financement par l’Etat et « dynamitage » des diplômes par la construction européenne, tous les moyens des parents sont bons pour arriver à leurs fins pour leurs enfants et les orienter vers les meilleures études. La carte scolaire leur offre la possibilité, moyennant quelques artifices, de choisir ce qu’ils considèrent comme les meilleurs établissements. Le développement des organismes de soutien scolaire, ceux des séjours linguistiques, le « tout sauf la fac » après le bac, et bien sûr l’envolée des frais de scolarité, sont les symptômes, parmi d’autres, de cette marchandisation de l’enseignement. L’AUTEUR Professeur agrégé de sciences économiques et sociales, Arnaud Parienty a connu deux mondes : celui des ZEP et celui d’un lycée prestigieux d’un quartier chic parisien. — Réjane Reibaud School Business par Arnaud Parienty, Editions La Découverte 2015, 239 pages, 17 euros. En 1967, les Beatles chantaient « All •YouNeedIsLove »enfaisantprécéderce tube de quelques notes de « La Marseillaise ». Aujourd’hui, l’amour n’a pas totalement disparu de la planète. Et n’est pas limité à des sites de rencontres sur Internet. Si l’on en croit le « Wall Street Journal », Lisdoonvarna, petite cité balnéaire de la côte occidentale de l’Irlande, dans le comté de Clare, pourrait être la capitale de l’amour. Chaque automne, elle accueille un festival de rencontres entre célibataires. Cette année, quelque 60.000personnesontenvahilacité.Pendant six semaines, ce village de 700 habitants est le théâtre de concerts, de dancings pour tous ceux qui espèrent y trouver l’âme sœur. Ce festival, créé au XIXe siècle, est devenu une importante source de revenus. Le maître de cérémonie, Willie Daly, est considéré comme le dernier marieur traditionnel en Irlande. Son slogan : « Il y a toujours des chaussures, même pour de vieilles chaussettes. » Pourtant,iln’yapasd’InternetàLisdoonvarna. Seulement des feuilles serrées dans un cahier tenu par M. Daly au MatchmakerPub(« lepubdumarieur ») avec, comme formule à l’entrée : « L’amourestdansl’air. »Fortd’uneexpérience de cinquante ans, M. Daly estime que, cette année, quelques milliers de personnessortirontensembleaprèsleur rencontre et que plus d’une centaine de couples se marieront. « Les sites de rencontres sur Internet, c’est du temps perdu. Je préfère rencontrer directement des personnes », affirme une femme de cinquante-huit ans, qui espère faire la rencontre de sa vie au pub du marieur. Mais il est peu probable qu’en écrivant « All You Need Is Love » John Lennon ait penséàcetteagencematrimonialeparticulière dans un pub irlandais. —J. H.-R. LE BILLET DE FAVILLA opinions LA NATURE CONTRE-ATTAQUE L’exploitation sans retenue de la nature par l’homme finit par se retourner contre lui. http://po.st/rCjAY5 Europe-Etats-Unis : le début d’une nouvelle alliance ? Frappés de la même manière par la double menace terroriste et populiste, les deux continents, qui avaient tendance à s’éloigner depuis la disparition de l’ennemi commun soviétique, sont contraints de se rapprocher. LE REGARD SUR LE MONDE de Dominique Moïsi A u lendemain de la chute du mur de Berlin, de nombreux analystes s’interrogeaient. Sans le ciment constitué par la menace soviétique, le monde occidental allait-il se diviser entre un Occident américain et un Occident européen ? Autrement dit, l’océan Atlantique qui nous sépare était-il condamné à s’élargir, au moins métaphoriquement ? Si l’Europe cessait d’être la première ligne de défense des Etats-Unis face à une URSS en pleine décomposition, elle perdaitsonimportancestratégiqueaux yeux de Washington. L’Amérique allait pouvoir consacrer tous ses efforts à des enjeux plus importants pour elle : le Moyen-Orientetl’Asie.Cetéloignement progressif des Etats-Unis de l’Europe n’était pas seulement la résultante de la disparition d’une menace extérieure unificatrice. Il s’expliquait aussi par des considérations démographiques et culturelles avec le poids grandissant des Hispaniques et des Asiatiques au sein de la société américaine. Dans ses critiques souvent vives de l’Union européenne, tout comme dans ses déclarations d’amour sincères à Paris au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, les Etats-Unis traduisent à l’égard de l’Europe des émotions qui sont toujours fortes et qui ne sont pas seulement le produit d’un passé mais d’un présent commun. En effet, que nous le souhaitions ou non, pour le meilleur comme pour le pire, « nous » sommes des deux côtés de l’Atlantique plus que jamais dans le même bateau. D’autant plus que nous semblons vulnérables face à des menaces qui apparaissent plus internes qu’externes. Aujourd’hui, devant la montée des populismes en Europe et aux EtatsUnis et face à la menace terroriste après les attaques sur Paris et San Bernardino, l’Atlantique semble se rétrécir de nouveau. Sans que nous ayons pleinement pris la mesure peut-être de ce que cela signifie. Car ce qui est attaqué simultanément des deux côtés de l’Atlantique, de l’intérieur comme de l’extérieur, c’est ce que nous sommes : des sociétés démocratiques, libres, tolérantes et ouvertes. Il ne faut certes pas faire l’amalgame entre populisme et terrorisme, même si le premier se sert avec cynisme et habileté du second. Ni Donald Trump ni Marine Le Pen n’arriveront un jour au pouvoir suprême. Mais Américains et Européens doivent s’atteler à la défense de leurs démocraties. La menace terroriste est globale et touche tous les continents de l’Asie à l’Afrique. Comment les Etats-Unis ne seraient-ils pas à nouveau affectés, en dépit des mesures qu’ils ont mis en place avec succès après le 11m Septebre 2001 ? Il existe certes des différences significatives entre San Bernardino et Paris.Mêmesila« main-d’œuvre »était essentiellement « locale », les attentats de Paris avaient été directement planifiés par Daech. En Californie, par Sous l’écume, l’euro Les marchés financiers sont un peu comme les milieux politiques. A force de réagir aux moindres rumeurs, ils signent leur éloignement de la société réelle. Ainsi, tout récemment, sous le coup d’une dépêche erronée évoquant un statu quo dans l’action de la Banque centrale européenne (BCE), puis de l’annonce contraire par son président d’une hausse de 0,2 à 0,3 % » du taux d’intérêt négatif sur les excès de liquidités déposés chez elle par les banques et de la prolongation de son programme d’achats d’actifs. Toutes ces mesures tendent bien à plafonner le cours de l’euro, mais les marchés ont été frustrés. Ces mesures étaient « moins pires » qu’ils ne l’avaient craint, mais moins généreuses qu’ils n’en rêvaient, comme des drogués qui n’en finissent pas d’enchaîner les piqûres. D’où l’effet d’écume qui en est résulté, qui a fait monter l’euro alors que, sur le fond, il baisse. Car le fond, c’est que l’euro a rejoint récemment son plus bas niveau depuis 2003, à 1,05 euro pour 1 dollar, et que tout indique qu’il s’achemine vers la parité avec la monnaie américaine. Les perspectives d’une prochaine hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale ne font au reste qu’accentuer la probabilité de cette prévision. Or elle est en ligne avec la stratégie méthodique appliquée depuis quelques années par la BCE dont la mission, rappelons-le, est de maintenir l’inflation européenne autour de 2 % l’an, niveau jugé adapté à ses structures et ses besoins. Comme la croissance européenne reste molle et que son inflation est proche de zéro, on comprend que Mario Draghi ait jugé bon de lui injecter un peu d’adrénaline monétaire. Les milieux économiques ne peuvent que se réjouir d’une dépréciation de l’euro de nature à stimuler leurs exportations, et le léger renchérissement des importations qui en résulte apporte un zeste d’inflation bienvenu pour servir l’objectif conjoncturel. Au total, Draghi aura opportunément surmonté les réticences des orthodoxes de l’euro fort, il n’aura pas écarté tout risque de « bulle » mais placé l’euro à sa vraie place et maintenu ouvert l’espace d’action pour les gouvernements et les entreprises. C’est à eux d’en tirer parti, surtout en France. En signe de solidarité avec les attentats de Paris, le 13 novembre, la tour du One World Trade Center a revêtu les couleurs du drapeau français. Photo Louis Lanzano/AFP contre, le lien était beaucoup plus indirect. Les terroristes étaient tout au plus inspirés par Daech. Mais au-delà d’un terrorisme qui correspond à la face la plus noire de la mondialisation et vise tout le monde de manière indiscriminée, Américains et Européens se trouvent spécifiquement unis face à la montée des populismes en leur sein. En effet, des deux côtés de l’Atlantique, les populismes se nourrissent du même rejet des élites en place, de la même perte de confiance dans les institutions existantes, du même accroissement des inégalités au sein de leurs sociétés respectives et, plus encore, de la même culture de peur. Des deux côtés de l’Atlantique, on retrouve ainsi la même colère qui dépasse les traditionnelles divisions gauche-droite, le même affrontement entre les forces qui acceptent le changement, l’ouverture à l’autre, les identités multiples et celles qui, au contraire, parce qu’elles ont peur et se sentent exclues par les transformations du monde, s’enferment dans des schémas simplificateurs. Il s’agit pour les leaders de ces partispopulistes,deDonaldTrumpaux Etats-Unis à Victor Orban en Hongrie, enpassantparMarineLePenenFrance de polariser le débat. Il y a les EtatsUniens et les musulmans… comme si les Américains de confession musulmaneneseconsidéraientpasavanttout dans leur immense majorité comme des Américains, de même que les Hongrois ou les Français et les autres. Certes, il existe des différences considérables entre Marine Le Pen et Donald Trump, au moins sur le plan tactique. La première cherche à normaliser son parti et à se présenter comme une alternative légitime à la droite classique tout en adoptant un programme économique et social très proche de l’extrême gauche. Le second, au contraire, en multipliant les outrances, en allant toujours plus loin dans la provocation, semble ne se soucier que de l’impact médiatique de ses déclarations, calculant que « plus c’est gros, plus cela passe ». Les deux constituent clairement une menace qu’il ne faut ni sous-estimer, ni surestimer. Soyons clairs, sans l’apport d’événements exceptionnels – comme de nouveaux attentats terroristes sur unetrèsgrandeéchelleauxEtats-Uniset en France – ni Donald Trump ni Marine Le Pen, n’arriveront un jour à la MaisonBlanche ou à l’Elysée. Certes plus Donald Trump dérape verbalement, plus sa popularité semble progresser au sein de l’électorat républicain. Mais, ce faisant, il s’isole également de la majorité de l’opinion publique américaine. En ce qui concerne Marine Le Pen le danger qu’elle représente en France paraîtcertesplusgrand.Maisdanstoute l’Europe, de l’Espagne, où le soutien à Podemos décline de manière significative, jusqu’à la Grèce, sans oublier la Grande-Bretagne ou même l’Italie, les partis populistes sont très loin d’arriver au pouvoir. Pourpeuquesescitoyensaillentvoter et que ses politiques prennent enfin leurs responsabilités, l’Europe n’est pas condamnée à se dissoudre dans l’acide du populisme. Aux Etats-Unis, le danger est davantage la paralysie du système. Mais, là encore, les élites classiques doivent et peuvent se ressaisir. Dominique Moïsi, professeur au King’s College de Londres, est conseiller spécial à l’Ifri. 14 // IDEES & DEBATS Lundi 14 décembre 2015 Les Echos art&culture LES ARTICLES LES PLUS LUS CE WEEK-END SUR LESECHOS.FR 1. Régionales 2015 : les résultats du second tour 2. COP21 : l’accord de Paris pour le climat est accepté 3. Google présente son ordinateur quantique, 100 millions de fois plus rapide qu’un ordinateur classique 4. Le test tech : iPad Pro VS Surface Pro 4 5. Pourquoi le FN pourrait ne pas gagner de région LE POINT DE VUE de Jean-Philippe Delsol L a fiscalité française est pire qu’un gruyère. Les recettes fiscales nettes de l’Etat prévues pour 2016 sont de 286 milliards d’euros, dont 72,3 pour l’impôt sur le revenu, 32,9 pour l’impôt sur les sociétés et 144,7 pour la TVA. Ces recettes sont calculées après déduction des remboursements et des dégrèvements qui représentent près de 100 milliards dont 11,8 milliards de niches fiscales liées à des politiques publiques (une partie du Cice, le crédit impôt recherche…) et près de 12 milliards de remboursements et dégrèvements d’impôts locaux. Par ailleurs, l’Etat supporte le coût de ce qu’il appelle les « dépenses fiscales », évalué à 83,4 milliards en 2016. Au total, 449 dépenses fiscales sont recensées pour 2016. Le tome II annexé au projet de loi de finances les détaille en précisant la norme de référence à laquelle chacune déroge. Il faut y ajouter 75 mesures retenues comme des modalités de calcul de l’impôt et qui ne sont pas considérées comme des régimes fiscaux dérogatoires poursuivant des finalités spécifiques mais comme des mesures participant à l’économie et aux mécanismes mêmes des impôts auxquels elles se rapportent. A ce titre, elles ne sont pas recensées dans les dépenses fiscales. Elles sont pourtant bien des niches et représentent au total 23,9 milliards dans le budget 2016 dont environ 16 milliards au titre de l’impôt sur le revenu. Enfin et en dépit des promesses de transparence du ministre du Budget en LE POINT DE VUE de Roberto Azevêdo L a Conférence des Nations unies surleschangementsclimatiques à Paris a marqué le début d’une nouvelle ère dans la coopération multilatérale sur les changements climatiques. Les individus et la communauté internationale, y compris l’OMC, ont un défi commun : créer un élan pour combattre les changements climatiques. Le monde a besoin du commerce. Même s’il est souvent lié aux émissions de carbone, le commerce peut contribuer à rendre la production plus efficiente, à améliorer la sécurité alimentaire et, surtout, son rôle a été clef pour aider à atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement qui consiste à réduire de moitié l’extrême pauvreté. Il est aussi présent dans plusieursObjectifsdedéveloppementdurable convenus à l’ONU en septembre. Nous devons faire du commerce un allié dans la lutte contre les changements climatiques. Cela en créant un cercle vertueux des politiques commerciales et environnementales, pour promouvoirlaproductionetlaconsommation durables tout en favorisant la croissance et le développement. Depuis la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiquesen1992etlacréationdel’OMC il y a vingt ans, le débat sur le thème « commerce et environnement » s’est profondément transformé. Les courants d’échanges internationaux ont augmenté de manière spectaculaire, l’économie verte a été intégrée dans les modèles économiques et l’investissement dans les énergies renouvelables a été placé au centre des préoccupations. L’incroyable gruyère fiscal français 2013, certaines dépenses restent opaques et notamment le coût du quotient conjugal et de la déduction de 10 % sur salaires et pensions. Ces dépenses semblent devoir être globalement chiffrées au titre de l’impôt sur le revenu à 16 milliards d’euros, mais c’est peut-être plus. Et puis il y a les niches sociales. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale en recense 132, chiffrées pour 2016 à 42,6 milliards d’euros, mais le rapport de l’Inspection des finances renduenjuin2015noteque57nichesne font pas l’objet d’un chiffrage et le mon- Le total des niches fiscales et sociales représente 83,5 % des recettes nettes de l’Etat. Il est temps de se poser des questions sur la cohérence et l’injustice de notre politique fiscale. tant est donc sans doute sensiblement supérieur. Et c’est compter sans les mesures de troc dont l’Etat use pour ne pas prendre en compte le montant de certaines opérations budgétaires, comme la compensation des charges du Cice faite par le budget de l’Etat à celui de la Sécurité sociale. Au total, ce sont sans doute pas moins de 700 niches qui existent et représentent au moins 195 milliards d’euros dont plus des trois quarts à titre fiscal. Sachant qu’après prélèvement au profit des collectivités locales et de l’Union européenne, les recettes nettes de l’Etat seraient en 2016 de 233 milliards d’euros, cela signifie que les niches fiscales et sociales représentent 83,5 % des recettes nettes propres de l’Etat. C’est énorme et déraisonnable. Il est temps de se poser des questions sur la cohérence et l’injustice de notre politique budgétaire faite de taux d’imposition excessifs et de centaines de petits ou grands avantages pour venir les atténuer au gré des lobbies et des élections. Ce système pollue la vie économique en entravant la liberté et en attentant à la propriété de tous. Face à cette réalité, l’institution d’un impôt proportionnel sur les revenus prendtoutsonsens.Ensupprimanttoutes les niches en dehors du quotient familial et conjugal et de la déduction des dons, un impôt au taux de 2 % par part jusqu’à 8.000 euros et de 15 % audelà permettrait de couvrir largement les recettes actuelles de l’impôt progressif et spoliateur sur le revenu et dégagerait des recettes supplémentaires permettant de supprimer l’ISF et autres petites taxes nuisibles et finalement coûteuses. Il en serait de même avec un taux unique d’impôt sur les bénéfices dessociétésautauxde25 %,lamoyenne en Europe. Nous devons promouvoir la production et la consommation durables. Il faut améliorer l’efficacité environnementale des transports. de 9 %. Un accord sur les biens environnementaux contribuerait à diffuser des technologies de pointe, comme celles qu’a identifiées le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, à un coût beaucoup plus bas, tout en stimulant l’innovation et en renforçantl’économievertedanslemonde. Deuxièmement, nous pouvons renforcer l’efficacité du commerce. Dans le commerce mondial, les émissions de carbone sont souvent dues au transport. Même si 80 % des volumes d’échanges utilisent le transport mari- Philippe Chevilley [email protected] THÉÂTRE toire dans une Italie du Sud de l’entre-deux-guerres de William Shakespeare écrasée de soleil – un saut « Roméo et Juliette » Mise en scène : Eric Ruf dans l’espace-temps qui n’avaient pas été à l’affiche Paris, Comédie-Française n’effraie pas trop le public de la Comédie-Française (01 44 58 15 15), « tradi » – l’administrateur depuis 1954. Preuve que jusqu’au 30 mai. 2 h 45. a choisi de faire briller toucette pièce mythique n’est tes les facettes de l’œuvre pas si facile à appréhender – avec ses rebonshakespearienne, à partir de la traduction dissements, ses changements d’humeur et hors d’âge de François-Victor Hugo – heuses personnages équivoques. En cette fin reusementdépoussiéréesurleplateau.Pasd’année 2015, Eric Ruf relève le gant, monsant subtilement de la comédie grinçante trant que la Maison de Molière sait tout (parfoismusicale)audramesanglant,ilmet aussi bien être la maison de Shakespeare. en valeur chaque rôle. Les parents Capulet Pour réussir son pari, l’administrateur (Didier Sandre, Danièle Lebrun) et La nourdu Français devait au préalable trouver le rice (Claude Mathieu) flirtent allègrement couple d’amants idoine, en puisant dans le avec le vaudeville absurde. Serge Bagdassavivier de la troupe. Son choix s’avère très rian (Frère Laurent) et Bakary Sangaré juste. Jérémy Lopez et Suliane Brahim ont (Frère Jean) distillent avec bonheur un la jeunesse de leur rôle, une technique chaud-froid tragicomique… imparable et une personnalité peu commune. Le premier est terrien, bouillant, Balcon vertigineux chaleureux avec un côté fragile qui le rend Le décor de grandes murailles conçu par Ruf d’emblée attachant. La seconde dégage une peut sembler un peu écrasant, mais s’avère grâce infinie, une énergie et une insolence efficace – notamment dans la scène du balsans pareille dans la gravité comme dans la con,vertigineuse,oùJuliettesetientenéquililégèreté. Tous deux forment un duo ravabre sur une corniche. Autre morceau de brageur d’amants absolus et rebelles, provovoure : le final dans le caveau, où l’héroïne est quant le rire et l’émotion des spectateurs. suspendue parmi les morts, en habit d’appaLeur vivacité est le moteur de la mise en rat (superbe travail de Christian Lacroix). scène d’Eric Ruf, qui s’emploie à raconter Eric Ruf ne révolutionne pas « Roméo et vite et bien cette folle histoire de haine et Juliette ». Il lui rend juste sa jeunesse. Faire d’amour entre les deux familles rivales des (re)vivre le répertoire est bien la mission Capulet et des Montaigu. Transposant l’hispremière de la Comédie-Française. n Roméo et Juliette Jean-Philippe Delsol est avocat, président de l’Institut de recherches économiques et fiscales (Iref). Faire du commerce mondial un atout pour le climat Les normes et les règlements techniques en matière environnementale sont devenus plus strictes. Comment permettre à la politique commerciale de jouer pleinement son rôle ? Premièrement, nous devons rendre les biens et les services environnementaux moins chers et plus accessibles, pour favoriser la transition vers une économie sobre en carbone. Dans certains pays, les droits d’importation visant des produits comme les chauffeeau solaires s’élèvent à plus de 20 %, bien au-dessus du droit moyen, qui est « Roméo et Juliette », des amants ravageurs au Français time – le mode de transport dont le niveau d’émissions est le plus bas –, nous pouvons mieux faire. L’Organisation maritime internationale et l’Organisation de l’aviation civile internationale cherchent une solution mondiale aux émissions des secteurs maritime et aérien. Nous devrions appuyer ces efforts. En simplifiant les formalités douanières, par exemple, nous pouvons réduire certaines émissions imputables aux transports et réduire l’énergie nécessaire pour garder au frais les produits périssables lorsqu’ils sont en attente à la frontière. C’est justement l’objectif de l’accord de l’OMC sur la facilitationdeséchangesquifavoriseraégalement la croissance des entreprises en réduisant les coûts du commerce de plusde14 %enmoyenneetpluspourles payslespluspauvres.Chaquebienenvironnemental est associé à une chaîne de valeur dense englobant d’autres fournisseurs de biens et de services. Une éolienne, par exemple, est constituée de plus de 8.000 pièces. Réduire le temps nécessaire pour le transport transfrontalier de ces pièces diminuerait les coûts, rendant les technologies respectueuses de l’environnement plus accessibles. La communauté internationale est confrontée à un défi historique. Nous devons faire en sorte de lier les programmes d’action dans les domaines du commerce, du développement et de l’environnement. J’ai bon espoir que nous relèverons ce défi. Roberto Azevêdo est directeur général de l’OMC. Eric Ruf redonne sa jeunesse à « Roméo et Juliette ». Justement, Jérémy Lopez et Suliane Brahim ont l’âge et la fougue de leur rôle. Photo Pascal Victor/ArtComArt Norma entre chambre etautel au Théâtre desChamps-Elysées Stéphane Braunschweig OPÉRA nition plus nette des pern’est certes pas le premier à Norma sonnages, un cadrage plus vouloir signifier les deux de Vincenzo Bellini serré des caractères. mondes, public et privé, Dir. : R. Frizza, Norma et Adalgise, toutes entre lesquels évolue la prêM. S. : S. Braunschweig, deux (mal) fagotées de la tresse gauloise Norma : la Paris, TCE, 01 49 52 50 50, même tunique bleue semguide spirituelle de ses jusqu’au 20 déc. 3 heures. blent interchangeables. Et compatriotes asservis par pourquoi demander à les Romains aime un proNorma de faire sa première consul ennemi, Pollion, avec qui elle a eu apparition les mains dans les poches de son deux enfants. Dans sa mise en scène de large manteau comme si elle se rendait au l’opéra en deux actes de Bellini (1831) au café ? Comment dans ces conditions croire Théâtre des Champs-Elysées, le directeur à sa majesté et à sa dimension tragique ? du théâtre de la Colline choisit de représenHeureusement, le rôle-titre trouve en ter ce double jeu – cette « double vie » – Maria Agresta une interprète convaincue comme il dit, dans un lieu unique et clos, un au souffle long et au chant subtilement bunker qui cache les résistants gaulois, nuancé même si son « Casta Diva » manque mais ne pourra pas protéger le secret. Adalun peu d’assurance. C’est à se demander si gise, autre prêtresse dont est désormais l’Adalgise de Sonia Ganassi, d’une formidaépris Pollion, se confie à Norma, qui, après ble intensité, partagée entre le devoir et un accès de jalousie et de fureur, décide de l’amour, ne lui a pas volé la vedette. Le Polse sacrifier sur le bûcher. lion de Marco Berti restera en revanche désespérément klaxonné et presque touLe sacré et l’intime jours trop bas. S’il veille à la continuité du Le metteur en scène, qui signe aussi les récit et au galbe des phrasés, le chef décors comme à son habitude, circonscrit d’orchestre Riccardo Frizza aurait pu faire donc l’action dans la grisaille de la prison davantage rougeoyer les braises du drame. bétonnée qui laissera cependant apparaî— Philippe Venturini tre, par un mécanisme pivotant, le lit conjugal surmonté d’une tenture rouge : sont ainsi réunis en un même espace l’autel et la chambre, le sacré et l’intime. Sans être révoLa critique de « La Cerisaie » de lutionnaire, le procédé se tient, mais cette Tchekhov, mise en scène par tg STAN observation du huis clos aurait sans doute au Théâtre de la Colline (Festival mérité un regard plus scrutateur, une défid’automne) sur lesechos.fr/week-end a IDEES & DEBATS // 15 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 SUR LE WEB FORÊTS EN FUMÉE Les incendies de forêt en Indonésie ont généré plus de CO2 cette année que la production industrielle totale du Royaume-Uni ou de l’Allemagne en 2013, révèle Copernicus. http://prn.to/1M4IuPe BigBrain &Big Data LA CHRONIQUE de Yehezkel Ben-Ari 300 sciences EN FINIR AVEC EBOLA C’est le nombre de volontaires que souhaite recruter l’Inserm pour tester un vaccin contre le virus Ebola. Depuis 2014, celui-ci a fait plus de 28.000 victimes. http://bit.ly/1l7XKG2 BIOLOGIE // Voir le vivant comme un grand laboratoire de R&D dans lequel puiser des innovations : c’est la philosophie du biomimétisme, un courant de pensée qui suscite de plus en plus d’intérêt. Quand l’hommes’inspire dela nature L ’engouement pour le cerveau serait-il une maladie contagieuse ? Les Européens ont englouti 1 milliard d’euros dans un projet destiné à comprendre le fonctionnement du cerveau humain et guérir les maladies neurologiques et psychiatriques... rien de moins ! Les Américains leur ont emboîté le pas, suivis de près par les Australiens, les Sud-Coréens et les Japonais. Le point commun de ces projets est qu’ils sont centrés sur les techniques, non sur les concepts. Ainsi, le projet européen (Human Brain Project) combine-t-il en réalité deux programmes, l’un centré sur le calcul haute performance et le Big Data, l’autre sur le cerveau. Ce qui aboutit à un ensemble difforme qui regroupe des neurologues, des modélisateurs, des spécialistes de l’analyse de données, etc., avec l’espoir qu’il suffit de mettre autour d’une même table des experts d’horizons différents pour comprendre comment la pensée s’élabore, comment la mémoire opère, comment les maladies du cerveau apparaissent... Cette vision cadre bien avec l’ascendant pris par la technologie et la programmation sur la recherche. La science dorénavant suit la technologie, elle ne la précède pas. Bien entendu, investir dans des projets scientifiques est une bonne chose car, à terme, le retour sur investissement est positif. Reste que ce retour sur investissement est autrement plus grand quand on finance des chercheurs qui prennent des risques en explorant de nouvelles pistes, lesquelles, par définition, ne peuvent être ni prévues ni programmées. Nous savons depuis des lustres que le nombre d’articles ou de brevets produits est fonction directe des sommes investies, mais la vraie innovation se fait toujours en dehors des sentiers battus. Il eût été plus judicieux de distribuer 1 million d’euros à un millier d’équipes ayant chacune un projet audacieux, mais circonscrit. Certes, une partie d’entre eux n’auraient rien donné, mais la petite fraction de travaux innovants aurait largement compensé ces pertes et permis d’effectuer de vrais sauts qualitatifs. Mais cela ne cadre pas avec la vogue actuelle des « grands projets » et la volonté de retour sur investissement garanti. A l’heure du toujours plus vite, ce n’est sans doute qu’une lubie de chercheur senior ! Yehezkel Ben-Ari, neurobiologiste, est directeur émérite à l’Inserm. Merveille de la nature, la raie manta ondule comme un tapis pour se déplacer dans l’eau. L’hydrolienne développée par EEL et testée à l’Ifremer s’en inspire pour transformer en électricité l’énergie cinétique ainsi créée. Photos : Shutterstock, DR Yann Verdo [email protected] I l y a soixante ans, l’homme a inventé le photovoltaïque : c’est bien. Il y 2,5 milliards d’années, la nature a inventé la photosynthèse : c’est mieux. Pourquoi nos ingénieurs ne se sont-ils pas inspirés des feuilles – qui transforment elles aussi des photons (lumière) en électrons (électricité) – pour mettre au pointleurspanneauxsolaires ?Pourquoiont-ilschoisi comme matière première principale des cellules le silicium, élément certes abondant et non toxique, mais dont le travail de purification à haute température engendre d’importantes quantités de gaz carbonique, au lieu de miser sur le carbone de la chlorophylle ? Telle est l’une des nombreuses questions qu’examine le passionnant essai de l’agronome et biologiste Gauthier Chapelle, « Le Vivant comme modèle » (Albin Michel), consacré au biomimétisme, ce courant de pensée initié dans les années 1990 par la scientifique américaine Janine Benyus, fondatrice du Biomimicry Institute (Institut de biomimétique). Objet d’un colloque qui se déroulera les 16 et 17 décembre à Senlis, sous le patronage du Muséum national d’histoire naturelle et du ministère de l’Eco- o A lors que la COP21 a mobilisé, deux semaines durant, les délégations des pays du monde entier dans le but de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, un nouvel outil de diagnostic a fait son apparition sur Internet : le Global Carbon Atlas. Développé par les équipes françaises du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, enrichi des données d’une trentaine d’autres labos, cet atlas livre une première conclusion plutôt rassurante. Les émissions globales de CO2 n’ont en effet augmenté que de 0,6 % l’an dernier, après une croissance annuelle moyenne de 2,4 % entre 2004 et 2013. Les données montrent néanmoins qu’après 36 milliards de tonnes de CO2 émises en 2014, la quantité de ce gaz dans l’atmosphère atteint désormais 400 parties par million (ppm), un niveau inégalé depuis 800.000 ans. Les principaux responsables des émissions l’an dernier ont été la Chine (27 %), les Etats-Unis (15 %), l’Union européenne (10 %) et l’Inde (7 %). Selon les équipes des universités d’East Anglia et de Stanford impliquées dans le Global Carbon Project et dont les travaux ont été publiés dans la revue « Nature Climate Change », les émissions pourraient diminuer en 2015. — Y. V. ` www.globalcarbonatlas.org Durer en tant qu’espèce La filière photovoltaïque, si prisée des écologistes, est un cas d’école. Nos panneaux au silicium dans la composition desquels entrent quantité d’autres matériaux difficiles à extraire, voire pour certains en voie d’épuisement (indium, platine), doivent fonctionner à plein régime pendant un an pour rembourser l’énergie nécessaire à leur fabrication. Leur durée de vie étant de vingt à trente ans, cela donne un « taux de retour énergétique » (TRE) de 20 à 30. Les feuilles de certai- L’hydrolienne-raie manta Des fibres optiques 100 % naturelles es poissons à hélice sont rares ! » Point n’est besoin d’avoir suivi de longues études d’ichtyologie pour faire ce constat. Mais il fallait toute l’inventivité d’un Jean-Baptiste Drevet, entrepreneur en série formé au CNAM, pour en tirer matière à une innovation de rupture susceptible, si elle recevait un soutien suffisant de la part des investisseurs, de révolutionner un secteur potentiellement appelé à un bel avenir en ces temps de nécessaire transition vers une économie décarbonée : la production d’électricité à partir des courants marins. Une espèce de tapis ondulant dans un bassin, voilà comment se présente l’hydrolienne conçue par cet inventeur bio-inspiré. Ce n’est pas un hasard si elle ressemble tant à une raie manta. Comme tous les autres poissons, mais de façon encore plus évidente qu’eux, la raie manta ondule pour se déplacer dans l’eau. La membrane de l’hydrolienne EEL de Jean-Baptiste Drevet fait la même chose pour convertir l’énergie cinétique d’un fluide en électricité. Ce qui la distingue radicalement des hydroliennes classiques à turbine, c’est-à-dire à hélice. En s’appuyant sur l’« invention » patiemment mise au point par la nature au fil des centaines de millions d’années de l’évolution, Jean-Baptiste Drevet laisse ses concurrents loin derrière lui sur le plan technique. Outre qu’elle nécessite pour fonctionner moins de hauteur d’eau, ce qui permet de la déployer dans des mers aux fonds peu inclinés (Manche, mer du Nord) ou près des côtes, son hydrolienne-raie manta atteint son maximum d’efficacité avec un courant de 2 mètres par seconde… moitié moins que pour les hydroliennes classiques ! n ombien, parmi nos ingénieurs en télécommunications ou nos spécialistes d’Internet, savent que des fibres optiques toutes faites, 100 % naturelles, les attendent depuis la nuit des temps au fond des océans ? Apparues il y a 635 millions d’années, les éponges sont le plus vieux et le plus primitif des animaux. Mais aussi l’un des plus high-tech, au moins pour quelquesunes des 10.000 espèces d’éponges recensées. Chez certaines, les spicules, ces structures solides qui leur servent de squelette, sont constituées de verre. Ces « éponges de verre » que l’on trouve notamment sur les fonds antarctiques sont capables de synthétiser le silice à basse, voire très basse température, jusqu’à – 1,8 °C. Un exploit quand on sait que nous autres humains avons besoin de températures très élevées (et, donc, de grandes quantités d’énergie) pour fabriquer ces filaments de silice que sont les fibres optiques… L’absence de défauts inhérents à toute production à haute température confère aux spicules des qualités optiques supérieures à celles de nos fibres artificielles. Elles se révèlent aussi, du fait de leur structure géométrique redoutablement complexe, plus flexibles et plus résistantes. Depuis qu’a été découverte la silicatéine, nom de l’enzyme permettant aux éponges de verre de condenser le peu de silice présent dans l’eau de mer, des projets de recherche ont été montés pour essayer d’en tirer parti. L’an dernier, l’un des pionniers de la recherche sur les éponges, le Pr Werner Müller, de l’université de Mayence, a annoncé avoir synthétisé des fils de silice capables de conduire la lumière en utilisant des silicatéines modifiées. n LA PUBLICATION Le GlobalCarbon Atlas, nouveau baromètre des émissionsde CO2 logie, le biomimétisme part de l’idée simple que la nature, depuis 3,8 milliards d’années que sont apparus nos ancêtres bactéries, a développé un grand nombre de procédés, mis au point et perfectionné plus d’une stupéfiante invention dont nous ferions bien de nous inspirer. Car, s’ils ont finalement été sélectionnés par cet inégalable laboratoire de recherche et développement qu’est l’évolution, c’est que ces inventions et procédés sont plus performants et surtout plus durables que d’autres. En se les (ré-)appropriant, Homo sapiens maximise ses chances de ne pas se faire balayer de la surface de la Terre dans un avenir plus ou moins proche par l’implacable loi de la sélection naturelle. L C nes plantes tropicales affichent des TRE voisins, avec cette différence que leurs molécules ont été synthétisées à température ambiante, sans autres matières premières de base que du gaz carbonique et de l’eau. DelatechnologieSharklet,s’inspirantdelapeaudes requins pour couvrir les murs des hôpitaux d’un revêtement n’offrant pas de prise aux microbes, à l’électronique organique et aux « ordinateurs à ADN », le remarquable ouvrage de Gauthier Chapelle fourmille d’exemples illustrant les trois niveaux selon lesquels peuvent être classées les innovations inspirées du vivant : celles qui relèvent de la forme, celles qui relèvent des matériaux et des procédés et, enfin, le biomimétisme écosystémique, qui fait porter l’accent sur les interactions entre écosystèmes (lire ci-dessous). Tous ces exemples sont reliés par un objectif commun, qui constitue une vraie philosophie de la vie : imiter la nature pour refaire corps avec elle, après avoir cru que nous pouvions nous en affranchir. Comme le dit avec force Gauthier Chapelle, « il nous faut collectivement nous réapproprier cette évidence que nous ne formons pas une espèce isolée, “au-dessus” ou “en dehors” des autres. Si nous persistons dans cette croyancefausse,nousnedureronspaslongtempsentant qu’espèce. » n Management etchampignons E t si les gourous du management prêtaient à leur tour l’oreille aux enseignements de la nature ? La vie dans les entreprises n’en serait-elle pas tout à la fois plus agréable et plus féconde – pour éviter de dire plus productive ? C’est la conviction de Frédéric Laloux, ex-associé de McKinsey, dont le livre « Reinventing Organizations », paru en 2014, a déjà été vendu à plus de 50.000 exemplaires. L’auteur y analyse les caractéristiques d’entreprises d’un nouveau genre, aux antipodes des organisations pyramidales et centralisées qui ont fait les beaux jours du XXe siècle. A l’instar de Morning Star, leader américain de la transformation de tomates et parangon de ce modèle alternatif, ou du spécialiste des équipements outdoor Patagonia. Totalement décentralisées et « plates » (dépourvues de hiérarchie), ces entreprises alternatives, adeptes du « self management », ont un fonctionnement qui semble directement inspiré des « Principes du vivant » énoncés par Biomimicry 3.8, l’organisme fondé par Janine Benyus : « construire de bas en haut », « s’autoorganiser », « renforcer sa résilience grâce à la redondance », « combiner [ces] composants modulaires et imbriqués » que sont les différentes équipes collaborant ensemble à un « instant t », etc. Pour Gauthier Chapelle, l’archétype de ces entreprises bio-inspirées, très prisées des jeunes générations, est cette merveille du vivant que sont les champignons mycorhiziens vivant en symbiose avec les arbres grâce à leur immense réseau de filaments entrelacés aux racines et radicelles, le mycélium. « Il n’existe pas d’écosystèmes centralisés, écrit-il. Et s’il y en a eu, ils n’ont pas survécu. » n 16 // Lundi 14 décembre 2015 Les Echos enquête Le campus de Veolia, à Jouy-leMoutier, dispose de nombreux ateliers (simulateur de conduite d’un train, formation à la soudure, mécanique automobile, apprentissage des métiers liés à l’entretien). Photos Ludovic/RÉA ; Hamilton/RÉA Quand Veolia joue les maîtres d’école FORMATION // Depuis vingt ans, le groupe de services à l’environnement prépare des jeunes à des diplômes nationaux, afin de disposer d’une main-d’œuvre formée à ses besoins. Nathalie Silbert [email protected] C D Les points à retenir Le campus Veolia à Jouy•le-Moutier propose une palette très large de formations : CAP, BTS, bac pro, licence et master professionnel. Il accueille cette année 452 « alternants » – dont 80 % d’apprentis – et près de 10.000 stagiaires en formation continue. Cette politique permet au groupe de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée sur des métiers pointus et imprégnée de sa culture. L’objectif de Veolia est de réaliser trois quarts de ses recrutements en France dans ses six centres de formation hexagonaux. • • • ’est le lieu de prédilection des dirigeants politiques pour faire des annonces en faveur de l’emploi des jeunes. Le centre de formation professionnelle de Veolia à Jouy-le-Moutier, dans le Val-d’Oise, a tour à tour vu défiler Jacques Chirac (2005), Nicolas Sarkozy (2009) et Manuel Valls en début d’année, à l’occasion des vingt ans du site. L’endroit est certes plaisant : installés en lisière de forêt sur 24 hectares,desbâtimentsmodernesabritentdessalles de travail, deux auditoriums mais aussi 275 chambres individuelles, un gymnase, une salle de fitness ; en surplomb, le château d’Ecancourt, élégante bâtisse du XIXe siècle, reconvertieenespacededétenteavecsacafétéria et ses salles de jeux, domine le lieu. Mais, surtout, le site est jugé exemplaire par les politiques de tout bord qui clament depuis des années – sans beaucoup de résultat – leur volonté de développer l’apprentissage pour lutter contre le chômage de masse, notamment des jeunes non qualifiés. La palette couverte par le leader mondial des services à l’environnement est étendue : cette année, 452 « alternants » – dont 80 % d’apprentis–croisent9.990« stagiaires »en formation continue. La plupart d’entre eux vivent sur place les semaines où ils ne sont pas en entreprise. Ils sont là au minimum pour neuf mois, au plus pour trois ans, le temps de préparer un des multiples diplômes que propose Veolia, autour de ses métiers :l’eau,lapropreté, letransportetles services à l’énergie. Pour les uns, il s’agit de décrocher un certificat d’aptitude professionnelle (CAP), de constructeur en canalisations des travaux publics par exemple – l’un des huit CAP préparés sur place –, d’autres visent un des sept bac professionnels ou encore un BTS. Le site accueille aussi des salariés venus com- pléterleurformationavecunelicenceouun master professionnel. Labellisé centre de formation d’apprentis (CFA), le campus de Jouy-le-Moutier délivre des diplômes de l’Education nationale. Et ici le taux de réussite aux examens atteint 95 %. Pour Veolia, dont l’effectif est composé aux trois quarts de cols bleus, l’enjeu est de disposer de la main-d’œuvre qualifiée et adaptée à la réalité du terrain que le système éducatif ne lui fournit pas. Peu glamour, mal rémunérés, les métiers de ripeur ou d’agents d’assainissement ne font pas rêver, et le groupe peine à pourvoir certains postes… A l’origine du projet, l’ancien PDG du groupe, Henri Proglio, se souvient : « Ma conviction étaitqu’ilfallaitmettredel’oxygènedansnotre système de recrutement et redonner un sens à la réinsertion sociale en ouvrant des perspectives aux jeunes. C’était une formidable opportunité de créer un projet d’entreprise en même temps qu’un projet de vie pour les personnes concernées. » Son successeur, Antoine Frérot, a repris le flambeau sur ce dossier. Suivre les mutations des métiers Grâce à cette politique, Veolia peut disposer rapidement d’une main-d’œuvre qualifiée sur des métiers pointus et imprégnée de ses valeurs. Chaque année, 10 % des formations sont renouvelées afin de suivre les mutations des métiers. « Tous nos programmes sont marquésdusceaudelacultureVeolia »,insiste Isabelle Quainon, la directrice de la formation et du développement des compétences. L’image de l’entreprise est en jeu. Car, en contact direct avec le client final, les techniciens en sont de facto la vitrine. Pour attirer des recrues, le centre de Jouyle-Moutier a noué des partenariats avec un réseau de « prescripteurs » (Pôle emploi, missions locales, maison de l’emploi, etc.), quil’aideàsefaireconnaîtreauprèsdepopulations en difficulté : jeunes dotés du bac mais sans travail, « décrocheurs » sortis du système scolaire en 3e ou en seconde, qui enchaînent les petits boulots et cherchent de la stabilité. Le bouche-à-oreille fonctionne aussi. Kevin* a eu vent des CAP proposés par VeoliapendantsonservicemilitaireàlaMartinique ; Fabien* a, de son côté, été conseillé par son cousin, salarié du groupe. Convaincredesjeunesâgésdevingt-deux ouvingt-troisans,pourlaplupartdéscolarisés, de s’insérer dans un cycle de formation exige de la pédagogie. La priorité : leur redonner confiance en leurs perspectives. Isabelle Quainon peut en témoigner : « On leur explique qu’ils exerceront un métier lié à l’environnement, ce qui est gratifiant. » Mais le déclic vient souvent de l’idée de pouvoir décrocher un diplôme reconnu au niveau national… Une vraie fierté pour des jeunes souvent issus de banlieues défavorisées. Aujourd’hui, les demandes pour entrer à Jouy-leMoutier sont deuxoutrois foissupérieures au nombre de places disponibles. La motivationestuncritèredéterminant.Elève en CAP d’« agent d’assainissement » – un « Tout ce qui rapproche l’apprentissage du monde professionnel est positif. Car on sait que l’un des défauts d’attractivité du système pour les employeurs et les apprentis tient à la déconnection entre le contenu des formations et les pratiques en entreprise. » MARC FERRACCI Professeur à l’université Panthéon-Assas type de poste difficile à pourvoir –, Baptiste* se réjouit à l’idée de travailler dans un « secteur en expansion ». Fatou* espère trouver plus facilement un emploi. « Auparavant, j’avais passé un CAP de plombier. On me proposait de l’intérim, jamais de CDI », dit-il. A l’issue du cursus, deux tiers des « alternants » décrochent un CDI chez Veolia. Les autres poursuivent leurs études ou ne veulent pas rester. Il arrive aussi que la multinationale n’ait pas de poste à proposer. Sur le plan pratique, l’entreprise passe un contrat en alternance avec le jeune, qui pendant tout son cursus est suivi par un tuteur. Ceux qui préparent un CAP passent entre la moitié et les deux tiers du temps en entreprise. Le reste en classe. Les formateurs sont issus du groupe. Un mode de pédagogie apprécié. « On apprend mieux, car on peut mettre en pratique ce que l’on apprend », estime Romain*, 23 ans, qui prépare un bac pro en maintenance des équipements industriels. Comme toujours en alternance, son contrat prévoit une rémunération : 1.000 euros net par mois. La direction de Veolia admet que cette politique représente un investissement élevé : le budget de fonctionnement de tous les campus en France est évalué à 50 millions d’euros. Au coût des formations s’ajoute la prise en charge de l’hébergement et des repas des « alternants ». En tant que CFA, la société peut certes collecter la taxe d’apprentissage pour se financer. Mais cela ne couvre qu’une partie des charges. « On vendaussidelaformationcontinueàd’autres entreprises, ce qui participe à l’économie de cette activité », indique Jean-Marie Lambert, le directeur des ressources humaines du groupe. Au-delà, Veolia a aussi ouvert son centre à des intérimaires envoyés par Adecco, le numéro un mondial du travail temporaire,quis’estlancédansl’alternance. Le retour sur investissement n’est pas quantifiable. Mais le groupe estime y gagner : la qualité de ses prestations est garantie et son personnel est non seulement qualifié mais fidèle. « 80 % des alternants recrutés par l’entreprise y sont toujours trois ans plus tard », constate Isa- belle Quainon. « Les évolutions de carrière des jeunes passés par nos centres sont en général très positives : ils connaissent bien l’entreprise et certains n’hésitent pas à suivre d’autres formations pour évoluer. » Deux directeurs régionaux sont ainsi issus de l’apprentissage… Cettepolitiqueestd’ailleursbienreçuepar les syndicats de Veolia : « On a une vision plutôt positive de cette activité », commente FrankLeroux,delaCGT. Al’imagedeVeolia, une poignée de grandes entreprises françaises (EDF, La Poste…) ont créé leur propre CFA, afin de recruter plus facilement des salariés formés à leurs besoins. En 2014, La Poste a ainsi formé 2.000 jeunes aux métiers de facteur, guichetier, etc., via ses cinq CFA. « En moyenne, 50 % de nos apprentis intègrent La Poste », indique Yves Arnaudo, directeur du développement RH. Mais, globalement, le modèle mis en place par Veolia a été peu reproduit. « Il faut beaucoup d’efforts et d’énergie ! » reconnaît Henri Proglio. Il faut négocier avec l’Education nationale, obtenir l’agrément du conseil régional, condition sine qua non pour pouvoir collecter la taxe d’apprentissage – ce qui ne va pas toujours de soi –, former des tuteurs… Pour Benoît Martinot, ancien délégué à l’emploi et à la formation professionnelle,cemodèleconvient« auxgrandesentreprises qui recrutent beaucoup de jeunes mais peinent à trouver des profils adaptés. Il suppose aussi d’investir et de mener une politique de ressources humaines sur le long terme ». Si, ces dernières années, beaucoup de sociétésont lancé leurpropreécole,lamajorité (Renault, Sodexo, Système U, Vinci…) a opté pour une formule moins ambitieuse : celle du centre de formation délivrant des certificats de qualification professionnelle (CQP). Un titre reconnu par la branche professionnelle, mais qui « procure des compétences plus spécifiques à un métier précis qu’unCAP »,relèveMarcFerraci,professeur à l’université Panthéon-Assas. Renforcer le professionnalisme Ainsi, Carrefour France accueille chaque année 4.500 jeunes en contrat de professionnalisation préparant un CQP d’employé de commerce, d’animateur de rayon et 1.000apprentis.L’enjeu :renforcerleprofessionnalisme sur tous les métiers pour un meilleurserviceauxclients.« Aprèslesuccès du CQP boucher, nous réfléchissons à élargir la palette des CQP à tous les métiers de bouche », précise Marie-Hélène Mimeau, directrice de la formation et du développement des talents. « Tout ce qui rapproche l’apprentissage du monde professionnel est positif. Car on sait que l’un des défauts d’attractivité du système pour les employeurs et les apprentis tient à la déconnexion entre le contenu des formations et les pratiques en entreprise », note Marc Ferracci. Au Medef, on salue d’ailleurs ces initiatives. « Nous encourageons la création d’organismesinternesàl’entreprise,maiscela supposequecelle-ciaitunevisibilitésurlelong terme. Ce qui est devenu plus compliqué dans le contexte économique actuel », indique Alain Druelles, directeur de la formation. C’est le bémol : l’apprentissage est exposé aux aléas de la conjoncture économique et aux changements de stratégie de l’entreprise. Après le désengagement de Veolia des métiers du transport et de l’énergie en France, les centres de formation de La Ciotat et de Romorantin sont menacés de fermeture. Pour l’entreprise, ces sites n’en restent pas moins une pierre angulaire de la politique de ressources humaines. Son objectifestqueles655« alternants »formés à Jouy-le-Moutier et dans les cinq autres centres du groupe sur le territoire national couvrent les trois quarts des recrutements en France. Une réponse « gagnantgagnant » pour l’entreprise et pour les jeunes confrontés à un chômage endémique, une des plaies de la société française. * Les prénoms ont été changés. Lundi 14 décembre 2015 Les Echos , Budget de l’Etat 2014 : 370,5 milliards d’euros // PIB 2014 : 2.132,4 milliards d’euros (à prix courants) // Plafond Sécurité sociale : 3.170 euros/mois à partir du 01-01-2015 // SMIC horaire : 9,61 euros à partir du 01-01-2015 // Capitalisation boursière de Paris : 1.438 milliards d’euros (au 30-06-2015) // Indice des prix (base 100 en 1998) : 128,57 en mai 2015 // Taux de base bancaire : 6,60 % à partir du 15-10-2001 // Taux de chômage (BIT) : 10 % au 1er trimestre 2015 // Dette publique : 2.089,4 milliards d’euros (fin du 1er trimestre 2015) Les chiffres de l’économie EN FRANCE À L’ÉTRANGER SÉCURITÉ 70 BADGES RETIRÉS À ADP POUR RADICALISATION LIBYE ITALIENS ET AMÉRICAINS POUR UN GOUVERNEMENT LIBYEN D’UNION NATIONALE Le PDG d’Aéroports de Paris, Augustin de Romanet, a indiqué dimanche que « près de 70 badges » d’agents sur les 85.000 qui travaillent dans les zones les plus sécurisées de Roissy et d’Orly avaient été retirés à leurs porteurs depuis les attentats. Ces retraits sont dûs à « des phénomènes de radicalisation » et à des « comportements inquiétants », selon le PDG d’ADP, invité du « Grand Rendez-vous » Europe 1/« Le Monde »/iTélé. Un destroyer russe a dû recourir à des armes à feu, dimanche, pour éviter une collision avec un bateau de pêche turc en mer Egée, qui s’est approché à moins de 600 mètres du bâtiment de guerre, a affirmé la Russie. Cet incident intervient alors qu’Ankara et Moscou traversent leur pire crise diplomatique depuis la guerre froide. Fin novembre, l’aviation turque a abattu un Soukhoï russe près de la frontière syrienne. BRÉSIL LA DESTITUTION DE DILMA ROUSSEFF MOBILISE PEU Une femme, Salima bint Hazab Al Otaibi, a obtenu pour la toute première fois un mandat électif en Arabie saoudite, en remportant au conseil municipal de La Mecque un siège lors des élections municipales de samedi. Ce scrutin était le premier auquel les femmes pouvaient participer et être candidates, avancée de taille dans un royaume où elles n’ont pas le droit de conduire et dépendent de leur mari ou d’un parent masculin. ALPINISME CHUTE MORTELLE D’UNE ALPINISTE DANS LES PYRÉNÉES AFP Photo : AFP Une alpiniste amateur de 65 ans a succombé à ses blessures après avoir fait une chute de 300 mètres dans les Pyrénéessamedimatin.Troispersonnesqui progressaientàl’aidedecramponsetde piolets au sommet de la Pahule, au-dessus de la station de ski de Gavarnie, qui n’est pas encore ouverte au public, ont dévissé, ont indiqué à l’AFP les services de secours de Pierrefitte-Nestalas (Hautes-Pyrénées). Les deux autres personnes sont légèrement blessées. Quelque 3.000 Brésiliens ont défilé dans le calme dimanche dans le centre de Brasilia pour réclamer la destitution de la présidente, Dilma Rousseff. Cette mobilisation est nettement en dessous des prévisions de la police, qui tablait sur une foule de 60.000 personnes. Des mouvements d’opposition ont organisé des manifestations dans tout le pays qui serviront de thermomètre pour mesurer l’insatisfaction populaire. BRAQUAGE MAIGRE BUTIN POUR DES BRAQUEURS À VILLEURBANNE BURUNDI LES AFFRONTEMENTS FONT PRÈS DE 90 MORTS Deux individus sont repartis samedi d’un supermarché de Villeurbanne (Rhône) avec des rouleaux de pièces de 1 et 2 centimes. Le préjudice atteint seulement quelques centaines d’euros. Les deux malfrats encagoulés et armés d’une arme de poing ont fait irruption dans la matinée au Carrefour Contact de la ville et ont menacé les employés. Les deux hommes sont toujours en fuite. Les affrontements de vendredi à Bujumbura, la capitale du Burundi, ont fait près de 90 morts, dont quatre soldats et quatre policiers, selon le porte-parole de l’armée. Il s’agit des violences les plus graves depuis la tentative de coup d’Etat de mai dernier. A New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l ’u n a n im i t é u n e r é s o l u t i o n q u i appelle toutes les parties au Burundi à engager des négociations et n’exclut pas des sanctions à terme. FOOTBALL EURO 2016 : TIRAGE AU SORT CLÉMENT POUR LA FRANCE O rg a n i s a t r i c e d u c h a m p i o n n a t d’Europe de football l’année prochaine, la France a bénéficié d’un tirage au sort favorable pour le premier tour de la compétition. Elle affrontera la Roumanie, l’Albanie et la Suisse. La France ouvrira le tournoi le 10 juin face à la Roumanie. « Cela aurait pu être pire », a commenté le sélectionneur français Didier Deschamps. Pour la première fois, le tournoi accueillera 24 équipes. En Arabiesaoudite, la première femmeélue MER ÉGÉE UN DESTROYER RUSSE TIRE SUR UN BATEAU TURC AFP Le sélectionneur de l’équipe de France de football a indiqué partager la position de Noël Le Graët, président à la Fédération française de football, écartant des Bleus Karim Benzema tant que son dossier judiciaire n’évoluerait pas dans l’affaire du chantage à la « sextape ». « Aujourd’hui, il n’est pas sélectionnable, je ne sais pas ce qui va se passer dans six mois », a déclaré Deschamps. LA PHOTO DU JOUR L’Italie et les Etats-Unis présidaient dimanche à Rome une conférence internationale pour pousser les principales factions politiques émergeant du chaos libyen à appliquer rapidement un accord négocié difficilement sous l’égide de l’ONU. Les puissances occidentales souhaitent qu’un gouvernement d’union reprenne le pays en main pour tenter de contrer le développement de l’organisation Etat islamique (EI). FOOTBALL DESCHAMPS D’ACCORD POUR EXCLURE BENZEMA DE L’ÉQUIPE DE FRANCE // 17 CENTRAFRIQUE LA NOUVELLE CONSTITUTION AUX URNES Les électeurs étaient appelés dimanche à se prononcer sur la nouvelle Constitution. Deux semaines avant les élections générales du 27 décembre. En même temps que le scrutin, de violents affrontements ont eu lieu dans l’enclave musulmane de Bangui faisant deux morts, en marge de cette élection. Des tirs à l’arme lourde ont été entendus. ON EN PARLE À NEW YORK Aux Etats-Unis, lesrépublicains cherchent un planB Les propos et la popularité de Donald Trump embarrassent le Grand Old Party. l’Ecosse,desvoixsesontélevées pour désapprouver ses propos. Le milliardaire a été contraint, également, d’annuler son voyage en Israël. Aux EtatsUnis, sa proposition a été rejetée par 57 % d’Américains mais reste approuvée par quatre républicains sur dix. Michel De Grandi [email protected] L es républicains américains ont décidément bien du mal à se mettre en ordre de marche avant les primaires de leur parti. DonaldTrump,favoridansla course pour l’investiture, n’est pas étranger à cette confusion. Ses nombreuses prises de position à l’emporte-pièce créent un malaise de plus en plus perceptible dans les rangs du Parti conservateur. Sa récente proposition de fermer temporairement les frontières aux musulmans a soulevé un tollé. Une manifestation a été organisée à New York tandis que, de l’Iran à l’Arabiesaouditeenpassantpar AUJOURD’HUI 10 12 14 Brest Caen Rouen 11 Tours 14 Poitiers 14 Limoges 18 Bayonne 15 Brive avec Reims 9 9 9 Strasbourg 10 15 Perpignan Retrouvez la meilleure info météo sur TV - MOBILES - INTERNET 10/19 8/10 13/15 13 Grenoble 14 10/14 10/13 MERCREDI 11/14 13/18 15 Nice 14 Montpellier MARDI 6/16 14 Lyon 15 Avignon 15 Toulouse 5/13 10/14 Belfort Dijon 15 ClermontFerrand 6/12 10 Metz 12 11 Nancy Troyes 11 Bourges Grand Old Party envisage cette « brokered convention ». « Si c’est exact, chaque électeur qui souhaite le changement doit savoir qu’il sera trahi. Je ne l’accepterai pas », a déclaré le neurochirurgien à la retraite dansuncommuniqué.BenCarson, qui n’appartient pas à la classe politique traditionnelle, est, avec Donald Trump, l’une des surprises de cette campagne puisqu’il pointe, lui aussi, dans les premières places des intentions de vote des électeurs républicains derrière Donald Trump. Le neurochirurgien ne plaisante pas. Si le parti envisage bien ce scénario, a-t-il encore déclaré, « je vous assure que Donald Trump ne sera pas le seul à quitter le parti. » n LA MÉTÉO 7 Lille 9 Amiens Paris 11 Orleans 14 Nantes Bordeaux Face au succès que rencontre ce candidat atypique dans certaines couches de l’électorat et du fait de l’éparpillement des candidatures – 14 au total –, le Parti républicain envisage de plus en plus sérieusement un plan B. Cela afin d’éviter de se retrouver dansuneimpasselorsdesaconvention nationale, prévue du 18 au 21 juillet à Cleveland (Ohio). 11 13 Rennes 16 Eviter l’impasse Dans l’hypothèse où aucun candidat ne serait parvenu à obtenir, pendant les primaires, le nombre requis de délégués pour l’emporter, le Grand Old Party pourrait mettre sur pied une « brokered convention ». Elle ferait alors fi des primaires dans chaque Etat et permettrait de nouer des accords entre candidats. Autrefois courante, cette configuration ne s’est plus présentée dans l’histoire politique américaine depuis plus de soixante ans. Alors que le projet n’en est qu’au stade de la discussion, Ben Carson, autre candidat à l’investiture du Parti républicain, a menacé, vendredi, de se présenter en tant qu’indépendant s’il se confirme que le 11/16 11/14 Marseille 16 Bastia 16 Ajaccio 10/14 13/16 10/16 12/18 10/16 JEUDI lachainemeteo.com AILLEURS AMSTERDAM CE JOUR 6/8 MARDI 5/9 MERCREDI 11/13 ATHÈNES 9/15 9/14 8/13 BERLIN BRUXELLES 2/5 6/8 2/5 7/10 2/7 11/14 DUBAI 21/26 22/26 22/23 FRANCFORT 7/9 4/8 7/12 HONGKONG 20/23 17/21 14/18 ISTANBUL LONDRES 9/12 8/9 9/12 10/12 8/10 14/15 MADRID 9/11 7/14 6/16 MILAN 6/7 4/10 6/11 MOSCOU -3/-1 -3/-1 -5/-2 NEW YORK RIO DE JANEIRO 14/17 28/29 12/16 28/30 7/12 28/30 SAN FRANCISCO 10/13 8/14 7/12 SHANGHAI 8/11 7/11 3/7 SINGAPOUR 27/29 27/29 27/30 SYDNEY 18/30 20/32 20/27 TOKYO 11/13 10/14 11/16 TORONTO 11/15 -2/4 6/10 -1/8 2/6 3/10 ZURICH Lundi 14 décembre 2015 www.lesechos.fr La réunion de la Fed mercredi et le repli du pétrole ont provoqué des turbulences sur tous les marchés. // P.32 DEVISES EUR/GBP 0,723 EUR/JPY 1,3298 EUR/CHF 1,0811 GBP/USD 1,5211 USD/JPY 1,2089 USD/CHF 0,9832 TAUX EONIA -0,235 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,125 OAT 10 ANS 0,8134 T-BONDS 10 ANS 2,2393 L’ENTRETIEN DU LUNDI ASSURANCE DERNIÈRE HEURE Bernard Spitz, président de l’Association française de l’assurance. // P. 20 Tourisme : Voyages-sncf.com va faire alliance avec Airbnb Valéry Hache/ AFP INDUSTRIE & SERVICES FOOTBALL Michel Platini menacé d’une lourde sanction par la Fifa. // P. 21 RENAULT-NISSAN Un accord défensif qui laisse les questions de fond en suspens. Le site va inciter ses clients à s’inscrire sur la plate-forme pour louer leur logement pendant leurs déplacements. Fabienne Schmitt [email protected] et Romain Gueugneau [email protected] Objectif : encourager les voyages, en montrant que ceux-ci peuvent aussi être une source de revenus. Lionel Steinmann [email protected] // PP. 22 ET 23, L’ÉDITORIAL DE DAVID BARROUX P. 12 ET « CRIBLE » P. 38 SPORT AUTOMOBILE Le monde de la Formule 1 cherche à baisser ses coûts. // P. 23 CHIMIE DuPont et Dow Chemical créent un nouveau géant de la chimie. // P. 24 LUXE Kering fait monter en puissance son pôle lunettes. // P. 26 HIGH-TECH & MÉDIAS CINÉMA France Télévisions et les producteurs se mettent d’accord sur le partage des droits. // P. 27 STAR WARS La nouvelle trilogie, ultime machine de guerre de Disney. // PP. 28 ET 29 DR PME & RÉGIONS CARROSSERIE Durisotti rebondit grâce au camion recyclable. // P. 30 La SNCF ne va pas se faire que des amis dans le monde de l’hôtellerie. Voyagessncf.com, sa vitrine commerciale en ligne, a en effet noué un partenariat avec Airbnb, la bête noire du secteur, afin d’inciter ses clients à s’inscrire sur la plate-forme de location d’appartements entre particuliers. Cette collaboration sera officialisée mardi, mais de nombreux clients de Voyagessncf.com ont déjà été sollicités par mail. Ces propositions ne sont pas envoyées au hasard : elles font directement référence, dès le titre, à une commande de billets récemment passée sur le site et à un déplacement imminent. « Paul, votre voyage pour Grenoble vous fait gagner de l’argent », affirme Voyagessncf.com. Comment ? En louant votre logement, si celui-ci est libre durant votre absence, sur la plate-forme Airbnb. Et afin d’encourager les indécis, le site promet un bonus : dès qu’une première location aura été effectuée, « Voyages-sncf.com et Airbnb vous offrent un billet aller-retour pour une prochaine escapade en France » sous la forme d’un bon de voyage. Dans l’affaire, l’intérêt d’Airbnb est évident. La plate-forme américaine va gagner en crédibilité. Elle devrait de surcroît enrichir ses listings avec de nouveaux membres, qui ont d’autant plus de chances de devenir actifs que leur logement sera sans doute vacant dans les jours à venir. Et la perspective d’un futur trajet en TGV gratuit, financé par la start-up américaine, pourrait convaincre certains indécis de mettre leur bien en location. LaSNCF,desoncôté,chercheàdoperson activité. Elle n’a pas d’intérêt financier direct dans ce partenariat : selon une Avec la caution de la SNCF, la start-up de l’économie collaborative devrait encore élargir sa clientèle. Photo Andrew Harrer/Bloomberg source proche du dossier, elle ne sera pas rémunérée pour les clients de Voyagessncf.com qui s’inscriront chez Airbnb. Mais elle y trouvera son compte si les voyageurs finissent par se dire qu’en prenant en compte le revenu complémentaire apporté par Airbnb, cela ne coûte finalement pas si cher de se déplacer en TGV. La voiture aussi Cette alliance avec la plate-forme vient compléter la stratégie mise en place pour gommer la perception que le TGV est devenu cher. Avec, d’un côté, un renforcement des offres à petits prix et low cost (Ouigo notamment). Et, de l’autre, ces suggestions afin de compenser tout ou partie du prix du billet grâce à l’économie collaborative. Cette logique sera déclinée avec Oui- Car,unejeunepoussedédiéeàlalocationde voiture entre particuliers, contrôlée par la SNCF depuis juin 2015, et dont Voyagessncf.com va assurer la promotion selon le mêmeprincipe.Aprèsunephasedetest,ces deux partenariats devraient être lancés définitivement à la rentrée 2016. Les représentants des hôteliers, eux, vont sans doute grincer des dents devant la publicité faite par la SNCF à Airbnb, qu’ils accusent de déstabiliser leur marché, et dont ils réclament un meilleur encadrement. Ils devraient être en partie entendus par le gouvernement, qui a décidé de taxer dès le premier euro les revenus tirés de l’économie collaborative. ( Lire nos informations Page 6 MIDI-PYRÉNÉES Latécoère va ouvrir une usine au Maroc. // P. 31 Wall Street se fait peur à l’approche d’une réunion décisive de la Fed. // P. 32 BANQUE LES ÉCHOS BUSINESS CARNET // P. 37 SUR DANS « LA CHRONIQUE BOURSE » À 12H ET 17H30 DU LUNDI AU VENDREDI TDF, Towercast et Itas TIM, qui diffusent les chaînes de télévision, ont obtenu gain de cause. Depuis des mois, ils réclamaient une indemnisation pour rupture de contrats, après la décision du gouvernement de transférer des fréquences audiovisuelles vers les télécoms. Ils viennent de l’obtenir. Selon nos informations, un amendement du gouvernement à la loi de finances a été voté vendredi après-midi. Il prévoit d’attribuer à TDF, Towercast et Itas TIM la somme de 68 millions d’euros. C’est moins que ce que les diffuseurs espéraient : ils tablaient sur 100 à 150 millions. Mais plus que ce qui leur avait été proposé au départ, c’est-à-dire 36 millions. Concrètement, ces crédits vont être inscrits dans le budget de l’ANFR (Agence nationale des fréquences) qui se monte désormais à 95 millions, contre 63 millions jusqu’ici. Le fait est qu’avec le transfert des fréquences audiovisuelles aux télécoms (les fréquences de la « bande 700 », attribuées récemment), un diffuseur comme TDF (qui détient 70 % du marché) peut perdre jusqu’à 25 % de son Le transfert des fréquences audiovisuelles aux télécoms va se traduire par l’introduction d’une nouvelle norme pour la télévision, le MPEG4. chiffre d’affaires sur les contrats conclus avec les chaînes de télévision. Certaines estimations faisaient aussi état d’une perte de plus de 10 % de ses revenus pour Itas Tim. Voilà pourquoi TDF et ses concurrents réclamaient une compensation pour le préjudice lié à ces ruptures de contrats. Ecran noir FINANCE & MARCHÉS MARCHÉS Radiographie de l’inspection générale, l’élite de la banque. // P. 33 Télévision : l’Etat versera 68 millions aux diffuseurs de la TNT Trouver en quelques jours un dirigeant ou expert pour une mission en France ou à l’international. Accompagner un projet Redresser une entité Transformer une activité Remplacer un manager Certains redoutaient, ces dernières semaines, que les téléviseurs des Français se transforment en écrans noirs. Car le transfert de cette bande de fréquencesaudiovisuellesauxtélécomsva se traduire par l’introduction d’une nouvelle norme pour la télévision, le MPEG4. Et pour certains foyers, cela signifie qu’ils vont devoir changer de téléviseur ou acheter un décodeur à partir d’avril 2016. Or ces évolutions mobilisent plusieurs acteurs. N’ayant aucune garantie d’être indemnisés, certains diffuseurs pratiquaient la politique de la chaise vide aux réunions censées préparer ces changements. Ils menaçaient aussi d’action en justice qui auraient eu pour effet de retarder tout le processus. Désormais, le débat est clos. La loi de finances doit encore repasser au Sénat la semaine prochaine, mais il y a peu de risque que le texte évolue sur ce point. Reste désormais à bien informer les Français sur le changement de norme télévisuelle. Pour cela, le budget de l’ANFR prévoit 27 millions à la fois pour lancer une vaste campagne de communication et pour accompagner les téléspectateurs. n shutterstock Nouveau plongeon des cours du pétrole 20 // Lundi 14 décembre 2015 Les Echos l’entretien du lundi « L’urgence n’est pas que sécuritaire, elle est aussi économique et sociale » Lætitia Duarte BERNARD SPITZ Président de l’Association française de l’assurance Propos recueillis par Ninon Renaud, Laurent Thévenin et Guillaume Maujean Ces élections régionales resteront marquées par la percée du Front national. Quelle analyse en faitesvous, quelles leçons en tirez-vous ? Elles resteront à coup sûr comme un moment particulier de notre vie publique, qui s’inscrit dans un contexte lui-même inédit. Jamais l’Europe n’a eu à faire face à autant d’éléments de fragmentation simultanés :menaceterroriste,crisedesmigrants, chômagedemasse,fragilisationdel’exécutif allemand, explosion de Schengen… Quelles valeurs communes avons-nous aujourd’hui avec la Hongrie ? Ajoutons la montée des mouvements indépendantistes comme en Catalogne, l’épée de Damoclès du Brexit ; et, plus généralement, la montée des populismes, en France comme ailleurs. Quels liens faites-vous entre tous ces événements ? Incompréhension. Manque de cohérence. Et surtout perte de confiance en l’Europe. Tout le monde a encore en tête les innombrables réunions, week-end, et nuits blanches pour sauver la Grèce de la faillite. La crise des migrants est loin d’avoir suscité autant l’urgence. Et pourtant, elle est infiniment plus préoccupante aux yeux des Européens. Plusieurs sommets y ont été consacrés… Oui, mais jamais avec autant d’intensité. Et d’ailleurs, avec un piètre résultat. Le message reçu par l’opinion est donc négatif : l’Europe s’occupe de l’euro mais pas des Européens. Après ce rendez-vous raté sur l’essentiel, le devoir de protection des citoyens, comment s’étonner que la population penche pour le repli sur soi ? C’est un problème de leadership européen… C’est vrai ! Moquant déjà cette absence de leadership, Kissinger avait dit il y a bien longtemps que les Etats-Unis ne savaient pas quel numéro de téléphone appeler. Eh bien, aujourd’hui, les Européens non plus… Or l’Europe devrait peser plus que jamais pour nous permettre de répondre aux défis économiques de la mondialisation et aux exigences de sécurité. L’absence de l’Europe, c’est la principale raison de la percée du FN ? C’en est une parmi d’autres. La question sécuritaire et le fait migratoire ont toujours été au centre des messages du FN et ils ont dominé la campagne. Autre raison, l’économie, avec ce cocktail détonant de fiscalité et de chômage, singulièrement celui des jeunes, qui a préparé le terrain, quand bien mêmeleprogrammeéconomiqueduFNne résiste pas à l’analyse. Troisième raison, le besoin de renouvellement : tout le monde sent qu’il est temps de changer de logiciel, qu’une autre offre politique est nécessaire. Si un tiers des jeunes ont voté Front national, c’est aussi parce qu’ils ne se voient représentés nulle part. Tandis que le FN compte parmi ses membres les benjamins de l’Assemblée nationale et du Sénat… Il est temps de changer de logiciel. Une autre offre politique est nécessaire. La première priorité, c’est d’être constant et lisible en confirmant les mesures en faveur de la compétitivité. Le titre de votre dernier ouvrage s’intitule, précisément, « On achève bien les jeunes »… …car nous avons effectivement sacrifié notre jeunesse. Par négligence, en faisant d’elle la variable d’ajustement de réformes toujours repoussées. Regardons l’écart avec l’Allemagne, qui est à 5 % de chômage total et 7 % pour les jeunes ; nous en sommes, nous, respectivementà11et25 % !Ilyabienunepréférence française pour le chômage… des jeunes. La durée moyenne croissante du chômage est aussi préoccupante : 568 jours, plus d’un an et demi. C’est le signe que beaucoupdechômeurssortentdel’employabilité. D’où peut venir la réponse ? En France, on ne la voit guère, d’où ce sentiment d’anxiété et de défiance, synonyme de crise : un mot qui, étymologiquement, nous vientdugrec« krisis »,quisignifiel’instantde la décision. Nous y voilà. L’urgence n’est pas que sécuritaire, elle est aussi économique et sociale. Et en Europe ? Même constat. On a besoin d’une dynamique franco-allemande, que nous allons encourager pour notre part au Medef en prenantdesinitiativesaveclesorganisations d’employeurs allemandes. Les entreprises sont un pilier de stabilité sur lequel les resp onsables publics doivent p ouvoir s’appuyer. Mais il ne faut pas non plus tout attendredel’Europe.Lapolitiquemonétaire de la BCE, même ultra-accommodante, ne remplace pas la gouvernance nécessaire pour que les économies de la zone euro convergent davantage. Elle ne fera pas non plus les réformes à la place des Etats européens. A eux de prendre leurs responsabilités. Quelles doivent être les priorités de l’exécutif en France ? La ligne de fracture est nette entre les perspectives de croissance du Royaume-Uni, de l’Espagne, du Portugal, des pays qui ont fait des réformes, et les autres, dont la France. A mon sens, la première priorité – et aussi la plus accessible – c’est d’être constant et lisible en confirmant les mesures en faveur de la compétitivité. Cela passe par des choses simples : ouvrir, stabiliser, simplifier pour retrouver la confiance. Car c’est de confiance, plus encore que de financements, que nous avons besoin pour encourager les investisseurs. Ce que propose Emmanuel Macron sur les retraites supplémentaires professionnelles, d’assouplir le cadre prudentiel de ces quelque 150 milliards de « fonds de pension à la française », est une bonne chose ; comme la modernisation attendue des contrats d’assurance-vie Eurocroissance qui permettra de mieux financer l’économie productive. Ouvrir donc, mais aussi stabiliser l’acquis : rien n’est pire que de remettre en doute les engagements publics tels le Cice ou de créer sans cesse de nouvelles taxes : sur les grands magasins, le gazole, la protection juridique, sans parler de cette funeste idée de CSG progressive. Bref, ne touchons plus à l’impôt. La droite comme la gauche ont voulu la taxe sur les transactions financières… En effet. L’une des mesures les plus unanimement contestées dans les milieux économiques est aussi l’une des rares qui aura fait consensus chez les politiques : voilà qui en dit long sur le fossé qui existe entre ces deux univers. Le mandat de François Hollande s’achève dans dix-huit mois : ce laps de temps peut-il lui permettre d’inverser la tendance ? Oui, s’il pousse la logique de la réforme et de la simplification administrative qui restent descombats.« Lessismore »,disaitMiesvan derRohe.Voilàquidevraitinspirerlaconfec- D Son parcours en 1959, Bernard Spitz est diplômé •deNél’Institut d’études politiques de Paris et de l’Essec, et ancien élève de l’ENA. Conseiller au cabinet de Michel Rocard •à Matignon entre 1988 et 1991, puis directeur à la direction générale de Canal+, il a notamment dirigé la stratégie de Vivendi Universal entre 2000 et 2004. Président de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) depuis octobre 2008 et de l’Association française de l’assurance (AFA), il préside aussi le pôle International et Europe du Medef. • D Son actualité Membre des Gracques, il est l’auteur •cette année de « On achève bien les jeunes » (Grasset). l’occasion de la COP21 et à l’initiative •deAl’AFA, une vingtaine de fédérations européennes et internationales d'assureurs et de réassureurs ont lancé un « Appel pour le climat ». L’AFA a validé la semaine dernière le projet de statuts de la future fédération unique de l’assurance, qui sera opérationnelle le 1er juillet 2016. • tion des lois et règlements. Au chapitre des réformes structurelles, je mettrais en avant le marché du travail, dont le cadre obsolète pénalise l’emploi ; et l’éducation, notamment pour remédier à l’échec de l’apprentissagequidevraitêtrelaclefcontrelechômage des jeunes. Pour des raisons culturelles, on néglige les métiers manuels, ce qui est paradoxal dans un pays dont les marques de luxe célèbrent chaque jour la qualité de nos artisans du « fait main ». Il y a aussi que, chez nous, les entreprises sont hors du système éducatif, alors qu’elles sont au cœur du dispositif outre-Rhin. En Allemagne, elles offrent des formations en phase avec leurs besoins actuels et futurs. Et ça marche ! Rassurer apparaît difficile dans un monde où se multiplient les risques aussi aléatoires que le terrorisme… Oui, le climat est anxiogène. La crise économique y a sa part. Le terrorisme aussi, puisque c’est sa finalité. Mais les peurs prospèrent sur l’idée fausse que le progrès d’une société repose sur le risque zéro, alors qu’au contraire la prise de risque est au cœur de la dynamique du progrès. Le « principe de précaution » entraîne un déni de responsabilité et l’application de l’axiome selon lequel « la voiture qui reste au garage n’a pas d’accident ». C’est vrai, mais elle ne nous mène pas loin ! D’une manière générale, nous avons, nous, assureurs, un rôle essentiel à jouer car notre métier est d’anticiper, mesurer et gérer le risque pour protéger au mieux les personnes. Ne contribuez-vous pas à entretenir la peur quand vous annoncez que les catastrophes naturelles vont coûter deux fois plus cher d’ici à 2040 ? Ce n’est pas une prévision. C’est une projection qui doit nous pousser à agir. Si rien ne changeait, effectivement, le coût des aléas naturels pourrait quasi doubler à 92 milliards d’euros sur les vingt-cinq prochaines années. D’où nos propositions concrètes : systématiser l’adoption de plans de prévention des risques littoraux puisque, sur 300 communes fortement exposées à la submersion marine, seules une soixantaine en disposent ; ou, autre exemple, face au péril sécheresse, imposer une étude géologique avant la délivrance d’un permis de construire. La COP21, dont les assureurs sont des partenaires engagés, doit nous conduire à moderniser notre régime des catastrophes naturelles dès 2016, dans l’intérêt de tous. Au-delà, il est essentiel de sensibiliser davantage les jeunes dès l’école à la prévention. On voit hélas, lors de catastrophes naturelles, que trop de pertes humaines sont consécutives à de mauvais réflexes. Vous allez créer une fédération unique de l’assurance. Le secteur avait-il du mal à se faire entendre ? C’est un projet magnifique, dont j’ai rêvé, comme tous mes prédécesseurs. Avec Pascal Demurger, le président du Groupement des entreprises mutuelles d’assurance, nous avons estimé que le moment était venu, et travaillé depuis plus d’un an en ce sens. La future Fédération française de l’assurance permettra à l’assurance française de parler d’une seule voix, à Paris comme à Bruxelles. Un atout essentiel pour notre secteur, au moment où il s’engage avec succès dans l’internationalisation et l’adaptation au numérique. n // 21 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 INDUSTRIE &SERVICES MichelPlatini menacé d’une lourdesanction par laFifa l Un porte-parole a jugé « certaine » une suspension de plusieurs années. l L’ancien numéro 10 devrait s’en remettre au Tribunal arbitral du sport. à suivre vendredi soir, Michel Platini a réagi et dénoncé « fermement ces pratiques qui mettent au grand jour le simulacre de procédure dont il est l’objet depuis des semaines ». SPORT Jacques Demarthon/AFP Christophe Palierse [email protected] Une nouvelle gare à Paris TRANSPORT — La SNCF a mis en service, dimanche, dans le 19e arrondissement une nouvelle gare, baptisée Rosa Parks, sur la ligne E du RER. Située à proximité de la porte d’Aubervilliers, elle doit contribuer à désenclaver un quartier encore mal desservi, et devrait accueillir à terme 85.000 voyageurs par jour, dont 13.000 aux heures de pointe. Les travaux ont duré cinq ans et coûté 130 millions d’euros, dont la moitié a été payée par la Région Ile-deFrance. L’inauguration officielle, décalée pour cause d’état d’urgence et d’élections régionales, aura lieu l’an prochain. La vente de Pininfarina à Mahindra serait imminente AUTOMOBILE — Le constructeur automobile indien Mahindra & Mahindra est sur le point de signer un accord portant sur le rachat du designer italien Pininfarina, a rapporté vendredi l’agence Reuters. Les deux parties seraient tombées d’accord après des mois de négociations et une annonce officielle pourrait intervenir dès la semaine prochaine. Pininfarina, qui a construit sa renommée en dessinant les lignes de modèles Ferrari, Maserati, Rolls-Royce ou encore Cadillac, est en perte depuis des années. SERVICES — Selon « Le Monde », les quatre acteurs historiques du marché du titre restaurant (Edenred, Sodexo, groupe Up et Natixis) font l’objet d’une plainte déposée devant l’Autorité de la concurrence par Resto Flash, l’un des nouveaux entrants sur ce secteur. Les quatre sociétés sont soupçonnées de s’être concertées pour casser les prix auprès des entreprises clientes, et augmenter les commissions appliquées aux restaurateurs. L’Autorité devrait rendre sa décision au printemps prochain. AstraZeneca prêt à se renforcer dans le cancer Gaelle Lucas — Correspondante à Madrid rat chinois Fosun, propriétaire notamment du Club Med, a indiqué vendredi que son président Guo Guangchang(photo),quiavait« disparu » mercredi (nos éditions des 11 et 12 décembre), « assiste actuellement » lajustice chinoise dans« certaines enquêtes ». Il « devrait continueràprendrepartauxdécisionssur les sujets majeurs de l’entreprise avec des moyens appropriés ». Fosun, dontlesopérations« restentnormales », a suspendu sa cotation à la Bourse de Hong Kong. PHARMACIE — Le britannique AstraZeneca serait, selon le « Wall Street Journal », sur le point de racheter pour 5 milliards de dollars la société Acerta Pharma. Spécialisée en cancérologie, domaine où AstraZeneca souhaite se renforcer, son attrait principal est l’acabrutinib, un produit qui a donné de très bons résultats en phases I et II dans le traitement de la leucemie. En mai dernier, AbbVie avait racheté un produit équivalent, déjà commercialisé, pour 21 milliards de dollars. DR Eric Piermont/AFP CONGLOMÉRAT — Le conglomé- DR Fosun donne des nouvelles de son patron Le club catalan table sur le développement de la marque à l’international. PÉTROLE — ExxonMobil s’est choisi Darren Woods, responsable du raffinage, comme futur président, pour succéder à Rex Tillerson mettant un terme à la concurrence qui l’opposait au directeur de la production, Jack Williams. Entré dans le groupe en 1992, cet ingénieur électricien de cinquante ans, originaire du Kansas, est le plus jeune des 13 membres du conseil d’administration. Il prendra ses fonctions d’ici à mars 2017. Soutien de l’UEFA Le patron de l’UEFA, qui a reçu – à nouveau – le soutien de son organisation, devrait voir son avenir se jouer en dernier ressort au Tribunal arbitral du sport (TAS). Selon toute vraisemblance, le TAS serait en effet saisi en cas de sanction de la chambre de jugement, confirmée par la commission de recours de la Fifa. Certes, le TAS a maintenu vendredi dernier la suspension provisoire de Michel Platini de toutes ses fonctions dans le football, mais il n’a pas jugé sur le fond. En outre, le tribunal a considéré que le maintien de cette sanction « n’était pas susceptible de causer un dommage irréparable » dans la mesure où la Fifa s’est engagée à ce que la chambre de jugement rende sa décision sur le fond le 5 janvier 2016 au plus tard, terme de sa suspension provisoire. En outre, le TAS a observé que sa levée n’aurait pas garanti à Michel Platini la validation de sa candidature pour l’élection présidentielle de la Fifa, prévue le 26 février. n Le président de l’UEFA, Michel Platini. Photo Valéry Hache/AFP LeBarça vise1milliard derevenus en2020 L’Autorité de la concurrence enquête sur le marché des titres restaurant ExxonMobil a choisi son futur dirigeant Michel Platini aura-t-il droit à un traitement intègre par la chambre de jugement de la commission éthique de la Fifa ? La question se pose abruptement alors que, selon « L’Equipe », cette dernière doit examiner son cas le 18 décembre et faire part de sa décision le 21. Le porte-parole de la commission éthique de la Fifa, Andreas Bantel, a en effet instruit un quasi-procès en place publique du président suspendu provisoirement de l’UEFA dans un entretien accordé vendredi à l’édition électronique du quotidien sportif. Le porte-parole a ainsi assuré que « la question de la corruption est bien fondée ». Mieux, « en supposant que l’argument de corruption ne soit pas accepté », Andreas Bantel a affirmé que « Platini sera certainement suspendu pour plusieurs années », après avoir égrené « plusieurs autres délits contre la loi pénale (suisse, NDLR), comme le conflit d’intérêts, la gestion déloyale ou la falsification des comptes ». Dans un communiqué publié Les ambitions du président du FC Barcelone ne se limitent pas aux performances sportives. Josep María Bartomeu, réélu à la tête du Barça en juillet, veut se distinguer aussi sur le plan financier. « Nous voulons être le premier club à atteindre 1 milliard d’euros de revenus », a-t-il affirmé vendredi dans une interview au « Financial Times ». Soit plus du double des revenus générés en 2014, selon Deloitte. Cette course au chiffre d’affaires doit permettre au club catalan de rivaliser avec les grands clubs anglais, qui profitent de droits télévisés record. Si Josep María Bartomeu assure que le FC Barcelone dispose de ressources suffisantes pour éviter que ses stars Messi ou Neymar soient débauchées, il s’inquiète en revanche du départ de certains jeunes talents de sa pépinière de joueurs. Pour faire face, le club, qui appartient à ses 153.000 « socios », veut renforcer sa marque à l’international. Il va ouvrir des bureaux à São Paulo, New York et Shanghai, outre celui qu’il a déjà à Hong Kong. L’agrandissement du stade du Camp Nou de 97.000 à 105.000 places va également permettre d’augmenter les recettes. Par ailleurs, le Barça, qui est en discussion avec son sponsor Qatar Airways pour prolonger son contrat, renonce à apposer le nom de l’Unicef sur son maillot: «Nous sommes en compétition avec des clubs qui appartiennent à de grandes corporations ou à des multimillionnaires avec d’énormes ressources. Il serait utopique de retourner avec l’Unicef », s’est-il justifié. Plus d’information sur lesechos.fr Actionnaires de Montupet, apportez vos titres à l’OPA amicale initiée par Linamar Offre Publique d’Achat amicale visant les actions de Montupet initiée par Linamar soutenue par le conseil d’administration et les actionnaires historiques de Montupet Prix de l’Offre 71,53 € par action Ouverture de l’Offre jeudi 10 décembre 2015 Prime de 26,7 % par rapport à la moyenne pondérée par les volumes des 30 derniers jours de bourse par rapport au cours de clôture du 14 octobre 2015. Un projet de croissance mondial L’alliance de deux expertises internationalement reconnues L’usinage de finition de Linamar et la fonderie de Montupet Les modalités de l’Offre figurent dans la note d’information et la note en réponse ayant reçu respectivement les visas n°15-618 et n°15-619 de l’AMF du 8/12/15 qui sont disponibles sur le site internet de l’AMF (www.amf-france.org). La note d’information et le document relatif aux autres informations de Linamar GmbH (LG) et Linamar Forging Holding GmbH (LFHG) sont disponibles sur le site internet de Pour Linamar Corporation (www.linamar.com) et des copies papiers peuvent être obtenues sans frais auprès de Deutsche Bank, 23-25 av. F. Roosevelt 75008 Paris et de Natixis, 47 quai d’Austerlitz 75013 Paris. La note en réponse et le document relatif aux autres informations de Montupet S.A sont également disponibles sur le site internet de Montupet S.A (www.montupet.fr) et des copies papiers peuvent être obtenues sans frais au siège social de la société, 202 quai de Clichy 92110 Clichy. Ce communiqué a été préparé à des fins d’information uniquement. Il ne constitue pas une offre au public et n’est pas destiné à être diffusé dans les pays autres que la France. La diffusion de ce communiqué, l’Offre et son acceptation, peuvent, dans certains pays, faire l’objet d’une réglementation spécifique. En conséquence, les personnes en possession du présent communiqué sont tenues de se renseigner sur les restrictions locales éventuellement applicables et de s’y conformer. LG, LFHG et Linamar Corporation déclinent toute responsabilité en cas de violation par toute personne des règles locales qui lui sont applicables. plus d’informations : 22 // INDUSTRIE & SERVICES Lundi 14 décembre 2015 Les Echos AUTOMOBILE Renault-Nissan : unaccord défensifqui laisse lesquestions de fondensuspens l L’accord signé vendredi renforce l’Etat français tout en donnant des garanties à Renault et à son allié Nissan. l Teinté de défiance réciproque, il ne s’attaque pas à la gouvernance de l’Alliance, qui a justement cristallisé le conflit. Pourunpeu,ilss’embrasseraient.Le compromis final entre l’Etat français et l’Alliance Renault-Nissan, présenté vendredi, a été salué par toutes les parties. Une « conclusion positive », salue Bercy dans un communiqué, tandis que Carlos Ghosn, le patron de Renault-Nissan, a salué un « accord solide », et qu’Hiroto Saikawa, le négociateur de Nissan, s’est dit « très satisfait par cet aboutissement ». Sans compter que les conseils d’administration de Renault et de Nissan, qui se tenaient au même moment, ont tous deux ratifié l’accord « à l’unanimité ». Le soulagement est logique, tant le compromis n’avait rien d’évident. Depuis la montée surprise, en avril, de l’Etat au capital de Renault (à 19,7 %, contre 15 % jusqu’à présent), destinée à s’assurer de l’attribution de droits de vote double, l’exécutif et l’alliance franco-japonaise se sont livrés à un bras de fer sans répit, riche en coups de bluff et intimidations publiques. Pour résoudre la crise,lespartiesontchoisiunaccord juridique très technique, qui ressemble davantage à une ligne Maginot plutôt qu’à une entente cordiale (lire ci-contre). Chacun peut certes avancer sa satisfaction. En premier lieu, l’Etat, qui sort renforcé en conservant ses droits de vote double – et donc sa minorité de blocage – sur les sujets stratégiques. Mais, pour satisfaire Renault et Nissan, il les limite sur les décisions opérationnelles. Restequeledétaildesmesuresmontre à quel point chacun se méfie de l’autre. Exemple, la clause qui permet à l’Etat de récupérer ses droits de vote double sur tous les sujets en cas d’action hostile de Nissan. L’essentiel est préservé Mais l’accord fait aussi émerger pour la première fois depuis seize ans une certaine méfiance entre Renault et Nissan. Outre la clause de remontée du groupe japonais au capital de son allié français, il n’est pas neutre que le constructeur nippon obtienne que son premier actionnaire (43,4 % du capital) n’interfèrepassurunesériedesujets (nomination, révocation, rémunération des membres de son conseil, résolution d’un actionnaire sur laquelle Nissan se sera opposé). Certes, les parties ont préservé l’essentiel : l’alliance industrielle entre Renault et Nissan. Une opportunité pour le groupe français, qui profite des dividendes de son allié et Les points clefs Accord contractuel entre Renault et l’Etat : l’Etat dispose de droits de vote double – et donc d’une minorité de blocage – pour les sujets stratégiques (fusion, dividende...). Mais son influence sera limitée entre 17,9 et 20 % – en fonction du quorum de l’assemblée – pour les décisions ordinaires. Amendement du Rama (accord-cadre) entre Renault et Nissan : le constructeur français s’abstiendra de toute interférence chez Nissan sur les points suivants : nomination, révocation et rémunération des membres du conseil, résolutions non approuvées par Nissan. Clauses de non-respect : Si Renault devient majoritaire en sièges au conseil de Nissan, celui-ci pourra monter au capital de Renault – ce qui, à partir de 25 % du capital, fera tomber les droits de vote du français. A l’inverse, si Nissan modifie ou viole le Rama, ou récupère des droits de vote, l’Etat retrouve des droits de vote double sur tous les sujets. de ses synergies, même si certains dans l’Hexagone jugeront que le français ne s’est pas développé aussi bien qu’il aurait pu ces dernières années. Mais est-on si sûr que « l’épisode ne laissera pas de traces » comme le pense Carlos Ghosn ? En huit mois, la crise de confiance a éclaté au grand jour. Côté Etat, Emmanuel Macron pointait les « agendas cachés » et les « conflits d’intérêts » de Carlos Ghosn, chargé à la fois de défendre les intérêts de Renault et ceux de Nissan. « Carlos Ghosn est PDG, pas actionnaire », recadrait publiquement le ministre. Côté Renault, on convoquait pas moins de quatre conseils extraordinairesdepuisavril,etlesadministrateurs indépendants n’hésitaient pas à prendre ouvertement position contre l’Etat. Quant à Nissan, il allait jusqu’à menacer de rééquilibrer l’Alliance et de dénoncer le Rama, l’accord-cadre qui lie depuis 2002 les deux constructeurs. Signe de l’ambiance, l’accord, qui avait été ficeléparlesnégociateursjeudidans la nuit, a failli capoter pendant le conseil de vendredi du fait de divergences entre Carlos Ghosn et Emmanuel Macron sur le plafond chiffré des droits de vote de l’Etat. Ce quasi-statu quo teinté de méfiance est-il une solution durable ? Soumis à un Etat influent et imprévisible, assis sur deux groupes auxculturestrèsdifférentes,etultradépendant d’un Carlos Ghosn qui n’est pas éternel, le tandem francojaponais est d’un équilibre très fragile. Et la destination finale de l’aréopage franco-japonais reste toujours inconnue. Certains veulent croire que le conflit de ces derniers mois pourrait servir de déclic pour cimenter l’Alliance dans une fusion totale, à la faveur d’un changement politique, et pérenniser ainsi les structures. D’autres, au contraire, jugent qu’il l’éloigne. « On n’est pas prêt » pour une fusion, a tranché vendredi Carlos Ghosn, qui s’irrite des accusations en France de « nissanisation » de Renault et, à l’inverse au Japon, de celles de « renaultisation » de Nissan… Lire l’éditorial de ( David Barroux page 12 et « Crible » page 38 Plusieurs négociateurs Destinscroisés dansl’auto Avant tout juridique, l’accord a monopolisé trois cabinets d’avocats extérieurs : Sullivan & Cromwell pour Renault, Latham & Watkins pour Nissan, et Darrois pour l’Etat. Outre Carlos Ghosn, la négociation a été pilotée chez Renault par Mouna Sepehri – la directrice juridique du constructeur français – et chez Nissan par Hiroto Saikawa et Greg Kelly, deux membres du conseil d’administration du groupe japonais. Ils avaient en face d’eux, côté Bercy, l’Agence des participations de l’Etat (avec son patron Martin Vial, épaulé par Aymeric Ducrocq) et le cabinet d’Emmanuel Macron. Depuis 1999, Renault et Nissan ont tissé des liens de plus en plus forts. Aller plus loin est difficile. Revenir en arrière, impensable. Unexercicede haute voltigepour CarlosGhosn U n vrai exercice de funambule. PDG à la fois de Renault et de Nissan, Carlos Ghosn se devait, pendant les huit mois de crise, de préserver à la fois les intérêts du constructeur français et ceux de son allié japonais, sans pour autant se fâcher totalement avec l’Etat français, son premier actionnaire. Pour ses défenseurs, l’homme a joué pleinement son rôle de protecteur d’un tandem francojaponais fragilisé par le « pyromane » Emmanuel Macron. En imposant ses droits de vote double, l’Etat aurait rompu l’équilibre d’une alliance performante, basée sur la confiance entre les partenaires. Bien que détenant 43,4 % de Nissan, Renault n’a jamais exercé à fond ses droits(administrateurs chez Nissan, nomination dans le management), et ne consolide pas les comptes de ANALYSE Maxime Amiot son allié. D’où le mérite de Carlos Ghosn d’être parvenu à raisonner le géant japonais, contributeur clef aux résultats de Renault, qui, irrité par l’Etat, aurait pu dénoncer l’accord-cadre qui le lie à son allié français. Pour ses opposants, cette vision deschosesestenpartiefactice.Composé de cadres dirigeants placés sous sa responsabilité, le conseil d’administration de Nissan est sous le contrôle du patron franco-brésilien. Et ce serait surtout pour éviter d’être taxé de conflit d’intérêts que le double PDG aurait mandaté son numéro deux chez Nissan, Hiroto Saikawa, pour mener les discus- sions. En donnant ainsi un visage autonome à Nissan, Carlos Ghosn aurait joué un jeu risqué, laissant entendrequelesdeuxconstructeurs avaient des intérêts divergents – Nissan demandait une baisse des droits de Renault dans le Rama –, alors même que le double PDG est garant de l’intérêt social des deux acteurs. Au fond, c’est la gouvernance actuelle qui pose question. Celle-ci repose avant tout sur Carlos Ghosn, seul patron suffisamment légitime pour diriger à la fois Renault et surtout Nissan – qu’il a redressé en 2000. L’homme s’est rendu si incontournable qu’il pourrait rester à la présidence de Renault jusqu’en 2022. Ce statut à part, qui lui permet de batailler avec son premier actionnaire,l’Etatfrançais,CarlosGhosnle fonde sur les solides résultats de l’Alliance, mais aussi dans l’accord- cadre (Rama) qui régit le tandem franco-japonais.Ultraconfidentiel,il accorde au directoire de l’Alliance – baptisé RNBV, présidé par Carlos Ghosn et basé à Amsterdam – un vrai pouvoir stratégique autonome, grignotant en partie les prérogatives des conseils de Renault et Nissan. Imaginé en 2002, avant que celui-ci ne devienne PDG de Renault, cet accord n’avait pas forcément prévu que les deux groupes aient le même patron. Il précise ainsi que ce soit le PDG de Renault qui ait le dernier motsurlesdécisionsdeRNBV.Mais, dès lors qu’il est aussi le patron de Nissan, au nom de qui Carlos Ghosn prend-il les décisions ? Pour lever toute ambiguïté, le double PDG sera désormais de plus en plus attendu sur sa capacité à permettre à l’Alliance de lui survivre, en préservant l’intérêt des deux groupes. n Julien Dupont-Calbo [email protected] Seize ans de vie à deux, cela forge des liens inextricables. Attelés depuis le tournant du siècle, Renault et Nissan se sont lentement imbriqués. Ont-ils pour autant atteint un point de non-retour ? En attendant une hypothétique et lointaine fusion, le tandem franco-japonais a déjà franchi un certain nombre d’étapes. Des achats en commun auprès des équipementiers depuis 2001, du partage d’usines (en Russie, au Brésil, au Maroc, en Afrique du Sud, en Inde, au Mexique, et même à Flins, en France…), le déploiement depuis deux ans de plates-formes communes de conception (la « démarche CMF », pour Common Module Family), qui doivent équiper 70 % des modèles des deux groupes d’ici à 2020. Ou encore de précieux investissements de R&D mutualisés… La liste est longue et la somme de ces synergies devrait permettre d’économiser au total plus de 4 milliards l’an prochain, assurait récemment l’Alliance. Mais, à vrai dire, ce sont plutôt les épreuves communes traversées qui ont façonné l’attelage. En 1999, les équipes de Renault, emmenées par Carlos Ghosn, avaient remis en piste Nissan, alors en très fâcheuse posture. Dix ans plus tard, les rôles sont inversés. Les dividendes versés par le japonais, des milliards d’euros, permettent à Renault d’éviter le pire lors de la crise économique européenne. Au sortir de celle-ci, en 2010, les deux groupes décident de densifier leur pilotage commun, avec la création d’une structure mutualisée de gouver- Kazuriho Nogi/AFP Maxime Amiot [email protected] Le patron de l’Alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn. nance, l’Alliance Renault-Nissan. Depuis l’an dernier, les postes clefs n’y sont d’ailleurs plus doublés. Et les groupes sont chapeautés, tout en haut de leurs pyramides respectives, par les mêmes responsables technologie, ressources humaines, production, logistique ou achats. Dès lors, la gestion du duo est devenue plus sensible avec le partage concret des prérogatives entre les équipes, comme le prouve l’affolante complexité de l’accord qui vient d’être trouvé avec l’Etat français. Côté hexagonal, certains s’inquiètent ces derniers temps de voir partir au Japon certaines fonctions clefs. Charge à Carlos Ghosn de trouver un équilibre politique satisfaisant toutes les parties et efficace pour le business. Une gageure nécessaire : dans un univers automobile qui voit arriver de nouveaux concurrents et qui réclame toujours plus d’investissements, les deux constructeurs ont tout à gagner à rester arrimés l’un à l’autre. Même Nissan, pourtant deux fois plus imposant que son partenaire français, serait sans doute un peu faible s’il se retrouvait tout seul. n INDUSTRIE & SERVICES // 23 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 Le coupde poker d’Emmanuel Macron Le ministre de l’Economie a fait du bras de fer avec Renault le symbole de sa vision du rôle de l’Etat actionnaire. La partie aurait pu plus mal tourner pour Emmanuel Macron. Depuis huit mois, le ministredel’Economiejouaitun pokermenteursansfinavecCarlos Ghosn, le patron de Renault, de Nissan et de l’Allia nce Renault-Nissan. Vendredi, il a quitté la table avec ce qu’il était venu chercher : des droits de vote double, soit la réassurance du poids de la France au sein de Renault. « Le principal dans une alliance, c’est la confiance », martèle depuis avril Carlos Ghosn, commepoursoulignerencorele risque fou pris, à ses yeux, par Emmanuel Macron au printemps dernier. Pour faire appliquer la loi Florange, l’Etat était cavalièrement monté au capital de Renault. En s’opposant à la manœuvre, Carlos Ghosn entre dans son jeu. A l’époque, Emmanuel Macron cherchait un moyen de donner le change à gauche et de concrétiser sa nouvelle doctrine de l’Etat actionnaire – actionnaire de long terme,toujours,maisplusactif… Pour le ministre, Renault fait donc figure de parfaite victime expiatoire : son PDG, Carlos Ghosn, donne peu de signes d’allégeance, se montre peu disert quand il s’agit d’aborder le futur de l’alliance franco-japonaise, et ce alors que Renault ne pèsepastrèslourdenfacedeNissan. Mettre au pas le Losange, c’est faire de la politique industrielleetmasquerlapertedefleurons nationaux comme Alcatel, Lafarge ou Alstom. « Macron est en campagne », s’agace-t-on dans le camp d’en face. Un jeu de dupes L’ancien de chez Rothschild est plutôt comme un poisson dans l’eau.Lebluffetlesnégociations à couteaux tirés, il connaît. Carlos Ghosn affirme que Nissan et les Japonais, inquiets des manœuvres de l’Etat, veulent rééquilibrer l’Alliance au détriment de Renault ? Emmanuel Macron ne tremble pas et abat ses cartes, tardant à revendre comme prévu les 5 % de Renault acquis en avril. La chute du cours de l’action est une excuse toute trouvée, et l’énarque sait combien Carlos Ghosn abhorre la présence de l’Etat à son capital. A dire vrai, tout cela n’était qu’un jeu de dupes. Aucune des parties ne pouvait se permettre de briser cette union si précieuse pour Renault. En forçant la main de Carlo s Ghosn, Emmanuel Macron s’est offert une petite victoire, tout en ménageant la possibilité pour l’Etat de conserver un certain poids chez Renault en cas de baisse de sa participation. — J. D.-C. Le mondede laFormule 1 chercheà baisserses coûts Le diesel n’est pas menacé dans l’automobile SPORT AUTOMOBILE Le patron de la FIA, Jean Todt, attend les propositions des motoristes à la mi-janvier. Denis Fainsilber [email protected] Régulateur-législateur du sport automobile en général et de la Formule 1 en particulier, la Fédération internationale de l’automobile (FIA), présidée par le Français Jean Todt, est en pleine réflexion pour contribuer à améliorer le modèle économique du célèbre championnat des monoplaces. Mais ce travail ne pourra se faire en vase clos. « Les constructeurs de moteurs se sont engagés à me faire des propositions pour le 15 janvier prochain », annonce Jean Todt aux « Echos », « Ils sont déjà en train d’étudier commentréduireleprixdesmoteurseten garantir l’accès pour les écuries. Si leurs propositions ne sont pas recevables, on avisera. » Les éléments techniques étant d’ores et déjà figés pour la saison 2016, qui reprendra dès le 20 mars à Melbourne (Australie) – on rajoutera juste des décibels sur les F1 actuelles pour le spectacle dans les tribunes –, le travail d’amélioration portera surtout sur l’horizon 20172018. Car le précédent changement Jean Todt veut améliorer le modèle économique de l’épreuve reine du sport automobile pour l’horizon 2017-2018. Photo Ronny Hartmann/AFP de motorisation dicté par la FIA à partir du calendrier 2014 (les voitures ont troqué leurs blocs V8 pour des V6 à haut degré d’hybridation) livre à ce stade un bilan fort mitigé. « Le côté positif, c’est que les moteurs actuels 6 cylindres et de 1,6 litre de cylindrée avec récupération d’énergie délivrent une puissance équivalente aux précédents, avec une consommationinférieurede40%àpleinrégime», analyse l’ancien patron de l’écurie Ferrari. « Mais, côté négatif, il y a le coût trop important pour les équipes privées, plus élevé qu’avant. Notamment parce que les constructeurs ont décidé de faire participer leurs clients aux coûts de développement. » Autre faille, selon lui, l’accès aux moteurs: «Le règlement n’impose pas aux motoristes de fournir un nombre minimum d’équipes», déplore-t-il. Baisse des audiences télé Parmi les pistes d’amélioration : la standardisation des pièces, insuffisante à ce stade, une simplification des règlements et la possibilité d’introduire un moteur générique, moins élaboré techniquement et plusaccessible,quipourraitintéresser des écuries modestes. Récemment, la FIA avait bien proposé de plafonner le budget des moteurs et boîtes de vitesses à 12 millions d’euros par an et par écurie, mais Ferrariaopposéàcetteidéeundroit de veto, dont il est seul à disposer. Autre sujet de réflexion sur le plan sportif, la dernière saison ren- Spécialité essentiellement européenne, la motorisation Diesel pour les voitures particulières est-elle menacée à terme ? « Je ne le pense pas », estime Jean Todt, même avec les conséquences du scandale de tricherie chez Volkswagen. « Les progrès de ces moteurs ont été impressionnants, beaucoup d’inconvénients ont été gommés et, aujourd’hui, la balance penche plutôt en faveur de ses avantages », estime le président de la FIA. due particulièrement anesthésiante en termes de suspense par l’archidomination de Mercedes. Avec ses deux pilotes Hamilton et Rosberg, l’étoile allemande a remporté 16 victoires sur 19 Grands Prix ! Mais, en leur temps, Red Bull ou Ferrari ont eux aussi laissé leurs concurrents sur place « et la domination existe dans toute l’histoire du sport », relativise Jean Todt, indifférent aux critiques. « On a tendance à exagérer la perte d’intérêt de la Formule 1, ajoute-t-il. Les audiences télé certes en baisse ne sont pas tout, car on peut maintenant suivre la F1 sur un iPhone ou un iPad. L’intérêt pour la discipline existe toujours. » n 24 // INDUSTRIE & SERVICES Lundi 14 décembre 2015 Les Echos DuPontet DowChemicalcréent unnouveaugéant dela chimie Une quinzaine d’usines en France l Le nouvel ensemble pèsera 130 milliards de dollars en Bourse. l Il a vocation à se scinder dans les 18 à 24 mois en trois entités indépendantes cotées en Bourse. CHIMIE Anne Feitz [email protected] Le coup de tonnerre annoncé dans l’industrie chimique mondiale a bien eu lieu. Quelques jours après desfuitesdepresse(« LesEchos »du 10décembre),lesdeuxicônesaméricaines du secteur, DuPont et Dow Chemical, ont officialisé vendredi leurfusion« entreégaux ».Uneopération gigantesque, qui donnera naissanceàunmastodontedelachimie : avec 130 milliards de dollars de valorisation boursière, 90 milliards de dollars de chiffre d’affaires et 107.000 salariés, le nouveau groupe deviendra le numéro deux mondial du secteur derrière BASF. Les actionnaires de chacun des deux groupes détiendront la moitié des titres du nouvel ensemble, qui sera baptisé « DowDuPont ». « Cette transactionvachangerladonnedans notre industrie. Le conseil avait réalisé il y a une décennie que Dow était dans une impasse [...], et nous recher- chions un partenaire innovant », a commentéAndrewLeveris,PDGde Dow Chemical, qui deviendra président exécutif du nouvel ensemble. Le PDG de DuPont, Edward Breen, sera nommé directeur général. Le nouveau groupe aura ensuite vocation à se scinder en trois sociétés indép endantes cotées en Bourse, dans un délai de 18 à 24 mois après la clôture de la fusion : l’une dans la chimie des matériaux (51 milliards de dollars de chiffre d’affaires), les deux autres dans les produits de spécialité (13 milliards) et l’agrochimie (19 milliards). Importantes synergies Ce sont notamment les difficultés rencontrées dans les semences et l’agrochimie qui ont conduit les deux groupes centenaires à sceller ce mariage spectaculaire. Les discussions ont démarré dès le mois de février, menées alors par Ellen Kullman (patronne de DuPont jusqu’enoctobredernier),aindiquéEd Breen. Les chimistes souffrent des difficultés rencontrées par leurs clients agricoles, liées à la chute du La fusion pourrait permettre de dégager 3 milliards de dollars d’économies dans les vingt-quatre mois grâce aux synergies de coûts et 1 milliard de dollars grâce aux synergies de croissance. Photo David McNew/Getty Images/AFP prix des matières premières. Ils sont depuis des mois soumis à la pression d’investisseurs activistes, Nelson Peltz chez DuPont, Daniel Loeb chez Dow Chemical, qui poussaient à la cession ou la scission d’activités chez les deux géants, aujourd’hui très intégrés et très diversifiés – même si tous deux ont déjà engagé un virage vers la chimie de spécialité, à plus haute valeur ajoutée.La fusion leur permettra dans un premier temps de bénéficier d’importantes synergies. Ils estiment pouvoir gagner 3 milliards de dollars d’économies dans les vingt-quatre mois, grâce aux synergies de coûts, ainsi que 1 milliard de dollars grâce aux synergies de croissance. Ces gains s’ajouteront à ceux déjà prévus par les deux groupes, engagés par L’opérationvaobliger laconcurrenceàréagir La fusion entre Dow Chemical et DuPont devrait accélérer les rapprochements dans les semences et l’agrochimie. Catherine Ducruet [email protected] La fusion géante entre Dow Chemical et DuPont, puis leur scission en trois entreprises distinctes, sera suivie de près par tous les acteurs de la chimie, des semences et de l’agrochimie.Silerapprochementobtient le feu vert des autorités, le nouveau groupesera« unconcurrent pourles filières pétrochimie et plasturgie qui va peser très lourd. Et la chimie européenne risque d’en souffrir », estime Marc Livinec, chargé de la chimie chez Euler Hermes, cité par l’AFP. Pour Arthur D. Little, d’autres rapprochements pourraient avoir lieu dans les polymères de performance et l’agrochimie, auxquels l’Europe n’échappera pas. Au premier rang La fusion Dow Chemical-DuPont propulse en effet l’activité agrochimie des deux géants américains au premier rang de ce secteur, devant Monsanto,sachantqueDuPontétait déjà numéro deux dans les semences. Et cela, même s’ils sont contraints de céder quelques actifs pour cause de doublons de produits ou de parts de marché trop élevées. C’est donc une incitation supplémentaire pour Monsanto à revenir à la charge et à tenter de racheter Syngenta.Surtoutquelegroupesuisseestactuellement courtisé par le chinois ChemChina. Ce chimiste a fait la semaine dernièreaugroupesuisseuneoffreà 42 milliards de dollars, à comparer aux 47 milliards de Monsanto il y a troismois.Silechinoisremontaitun peu son offre, le management de Syngenta, qui avait été très critiqué pour avoir décliné la proposition de Monsanto, aurait du mal à justifier un nouveau refus. « Rester seul est unepositionintenablepourSyngenta, estime Fabrice Farigoule, analyste chez AlphaValue. En agrochimie, la tailleestunvraiatout,carellepermet des économies d’échelle au plan industriel et donne une masse critique en matière de recherche pour développer les semences. » De quoi relancer la spéculation sur une nouvelle phase de consolidation. n ailleurs dans d’importants plans de réduction des coûts. DuPont a d’ailleurs annoncé vendredi des efforts supplémentaires qui lui permettront d’économiser 700 millions de dollars dès 2016, notamment grâce à la suppression de 10 % de ses effectifs (54.000 personnes fin 2014). Ce plan le conduira à enregistrer des charges de 780 millions de dollars. DuPont emploie environ 2.000 salariés en France. Le pays est le plus gros marché du groupe bicentenaire en Europe, derrière l’Allemagne. Installé depuis 1959 dans l’Hexagone, le géant américain y dispose de neuf sites industriels, dont son centre européen de R&D dans la protection des cultures. Dow Chemical s’est implanté en France en 1959. Le chimiste américain compte 1.350 salariés dans l’Hexagone. Il y possède un centre de R&D et cinq usines servant les secteurs de l’automobile, de l’agriculture, de l’emballage ou du cosmétique. Plus de 80 % des volumes produits sont exportés. Ce mariage sera bien sûr scruté par les autorités antitrust, mais les analystes estiment que les cessions imposées seront minimes. « Le chevauchement de produits n’est pas énorme, l’attention se portera essentiellement sur les semences et l’agrochimie », a estimé Jason Miner, analyste chez Bloomberg Intelligence. De quoi attiser l’appétit des concurrents. n en bref Le Club Med a perdu 44 millions d’euros en 2014-2015 TOURISME — Le Club Méditerranée a enregistré, selon nos informations, un déficit de 44 millions d’euros sur l’exercice 2014-2015, soit dix fois plus qu’il y a un an (-9 millions). De son côté, « Challenges » fait état d’une perte de « près de 40 millions ». Interrogée par « Les Echos », la direction du Club Med ne fait pas de commentaire. Selon une source proche du dossier, le résultat avant impôts et éléments non récurrents du Club reste « nettement positif ». L’aggravation du déficit s’explique par différentes charges liées à l’OPA de Fosun. Plus d’informations sur lesechos.fr Jaguar Land Rover investit en Slovaquie Coup defroid surle rapprochement desfabricantsde chars Nexter-KMW DÉFENSE Paris a froissé Berlin avec la nomination d’un PDG de dernière heure. Anne Bauer [email protected] avec Thibaut Madelin [email protected] — Correspondant à Berlin Sérieux couacs sur le dossier Nexter-KMW. Pour le gouvernement français, qui a confirmé vendredi la nomination de Stéphane Mayer à la tête de Nexter en remplacement de Philippe Burtin, la dernière étape prévue mardi du rapprochement entre le fabricant de chars français et son concurrent allemand Krauss-Maffei Wegmann (KMW) n’est plus qu’une formalité. « Nexter Systems et KMW finaliseront leur rapprochement le 15 décembre 2015, constituant le leader européen de l’armement terrestre », ont déclaré les ministres français des Finances, de la Défense et de l’Economie. Mais,àMunich,KMWmenacede ne pas signer. Le changement de dirigeant de dernière minute passe Du côté de KMW, la nomination de dernière minute de Stéphane Mayer à la tête de Nexter passe mal. Photo Remy Gabalda /AFP mal. Le patron Frank Haun pensait coprésider le nouvel ensemble, baptiséHonosthor,avecPhilippeBurtin, dont le contrat courait jusqu’à fin 2016. Il a désormais un coéquipier qui a le profil d’un rival potentiel et qu’il ne connaît pas. A Paris, le gouvernement rejette la faute sur Philippe Burtin, qui a annoncé début novembre qu’il allait démissionner, faute d’avoir obtenu des assurances sur la durée de la coprésidence. « Il nous a fallu un mois pour chercher, auditionner et trouver le bon remplaçant, explique-t-on dans l’entourage du ministre de la Défense. Aussitôt qu’il a été connu, nous avons prévenu la partie allemande. » Nouveau retard Pour les actionnaires familiaux de KMW, il n’est pas question de finaliser l’opération sans signer les contrats des patrons et établir d’embléelepartagedesresponsabilités. Un nouveau retard pourrait potentiellementfairedéraillerleprojet franco-allemand : si les négociations devaient se poursuivre en 2016, il faudrait éventuellement refaire une « due diligence ». A Paris, on n’y croit pas et on met en avant les qualités de Stéphane Mayer, qui a fait ses preuves chez ATR puis chez Daher. « Chacun a intérêt à avoir le meilleur patron chez Nexter », plaide-t-on. On admet toutefois que cet accroc montre la fragilité d’une double présidence.PhilippeBurtinvoulaitpérenniser les statuts. N’ayant pas obtenu suffisamment de garanties, il est parti. « On part à deux, mais, ensuite, ce sera au conseil de surveillance de juger de la meilleure gouvernance », plaide un Français. Une lourde tâche pour son président, le Belge Christian Jourquin, et ses six autres membres (trois Français et trois Allemands), qui doivent se réunir mardi. Cen’estpasleseulécueilpourlanouvellesociétéde1,8milliardd’eurosde revenus et 6.500 salariés : Paris et Berlin ont certes déclaré leur intention de coopérer mais ne se sont pas mis d’accord sur la mise à jour des accords Debré-Schmidt, censés faciliter les exportations. n AUTOMOBILE — Le constructeur automobile britannique Jaguar Land Rover (JLR), appartenant à l’indien Tata Motors, va implanter sa nouvelle usine près de la ville de Nitra, dans l’ouest de la Slovaquie. D’une valeur de 1,1 milliard de livres (1,5 milliard d’euros), l’usine, qui emploiera 2.800 personnes, devrait sortir ses premiers véhicules en 2018. Sa capacité sera dans un premier temps de 150.000 véhicules par an. C’est son premier investissement de ce genre en Europe continentale où il viendra compléter les installations du Royaume-Uni, de Chine, d’Inde et du Brésil. La Slovaquie accueille déjà des usines de Volkswagen, du sud-coréen Kia Motors et de PSA Peugeot Citroën. Nouvelle séance de négociation sur le travail du dimanche DISTRIBUTION — Les négociations entre patronat et syndicats pour aboutir à un accord de branche définissant les compensations qui seront accordées aux salariés amenés à travailler le dimanche vont reprendre ce lundi. Selon « Le Monde », les représentants des enseignes ont lâché du lest : ils proposent désormais un doublement de la rémunération pour tous les dimanches travaillés, une prise en charge des frais de garde des enfants de 30 euros par dimanche et un remboursement de 60 % de la carte de transport pour les salariés concernés. Grippe aviaire : l’expédition d’oiseaux vivants interdite dans les Landes AGROALIMENTAIRE — Le gouvernement a interdit samedi l’expédition d’ « oiseaux vivants, de poussins d’un jour et d’œufs à couver » dans plus de 200 communes du département des Landes « à destination d’autres Etats membres de l’Union européenne ou de pays tiers », selon un arrêté paru au « Journal officiel ». Cette interdiction vient compléter celle du 3 décembre, qui concernait le département de la Dordogne, où sont apparus les premiers cas de grippe aviaire ces dernières semaines. A ce jour, 13 foyers d’influenza aviaire « hautement pathogène pour les volailles » ont été confirmés dans cinq départements (Dordogne, Landes, Haute-Vienne, Gers et Pyrénées-Atlantiques). 26 // INDUSTRIE & SERVICES Lundi 14 décembre 2015 Les Echos Kering faitmonter enpuissanceson pôlelunettes Il faudra débourser entre 290 et 490 euros pour une monture chez le bijoutier Pomellato. Une hausse des prix « liée à une meilleure qualité ». LUXE Le groupe a repris en direct la gestion de ses montures. Dominique Chapuis [email protected] Du jaune fluo chez Saint Laurent, des montures bio ascétate pour Brioni et des modèles pour enfants signés Stella Mc Cartney. Le pôle lunettes de Kering monte en puissance. Un an après sa création, Kering Eyewear prépare ses collections printemps-été dans la majestueuse villa Zaguri, à Padoue. C’est là que sont installés ses designers et son atelier de prototypage. Un premier lancement-test a eu lieu en juillet pour 11 de ses 22 marques. « Nous travaillions comme une start-up dans un secteur très traditionnel. Il s’agit de créer un nouveau business model, relate Roberto Vedovotto, le patron du pôle. De 5 salariés, nous sommes passés à 110 et nous serons 450 l’an prochain. » En septembre 2014, le groupe avait repris en direct design et commercialisation des produits tout en sous-traitant la production. L’activité était développée jusque-là via des licences, partagées entre 5 groupes (Luxottica, Safilo, Marchon, Marcolin, Charmant). Kering Photo Kering a profité de la fin de ces contrats pour en reprendre le contrôle. Seul Marcolin continue d’exploiter le label Balenciaga. Kering a dû payer une soulte de 90 millions à Safilo pour stopper, fin 2016, le partenariat avec Gucci. Un portefeuille de marques important Cette initiative est très observée par ses concurrents, mais aussi par les industriels italiens de la lunette. Un secteur qui emploie 16.000 salariés. Kering veut, lui, profiter d’un marché mondial en croissance. « Le tauxdemargedanscetteindustrieest estimé entre 15 % à 25 % », précise Roberto Vedovotto. Jusque-là pour un chiffre d’affaires évalué à 350 millions d’euros, le groupe percevait 50 millions de royalties. Demain, il espère faire beaucoup mieux. Mais le succès n’est pas garanti. Prada, qui avait fait une tentative en solo, a finalement confié cette activité à Luxottica. « Il s’agit d’un secteur très complexe, avec des circuits de distribution très différents, des opticiens aux grands magasins, en passant par les boutiques et le travel retail », indique-t-on chez Kering. Pourgagnersonpari,legroupede François-Henri Pinault a recruté un professionnel, avec un carnet d’adresses bien rempli. Ancien patron de Safilo, Robert Vedovotto connaît tous les secrets du métier. L’entreprise peut également compter sur un portefeuille conséquent de marques, allant du luxe au sport (Puma). Selon le groupe, les volumes devraient progresser, puisque cinq marques qui n’avaient pas de lunettes, en bénéficient désormais (Pomellato, Brioni, Boucheron, Tomas Maier et Christopher Kane). Les prix vont aussi augmenter. « Cette hausse sera d’abord liée à une meilleure qualité, beaucoup plus en ligne avec l’ADN de chacune de nos marques, grâce à la proximité avec les designers », souligne le patron. Pour Pomellato, il faudra compter entre 290 à 490 euros. La production a, elle, été répartie entre une trentaine de sous-traitants en Italie et quatre au Japon. Kering pourra faire des commandes plus réduites, ce qui n’était pas possible avec les géants de l’optique. Mais le plein envol du pôle aura lieu quand Gucci,quireprésenteplusdelamoitié des ventes de lunettes du groupe, sera géré en interne fin 2016. La production continuera ensuite d’être assurée jusqu’en 2020 par Safilo, mais comme simple fournisseur. n AccorHotelsprêtàuneautreacquisition aprèslerachatdeRafflesetSwissôtel HÔTELLERIE Le PDG du groupe n’écarte pas une autre opération, quelques jours après le rachat de trois enseignes de luxe. Christophe Palierse [email protected] Sébastien Bazin garde la main posée sur le carnet de chèques… Le PDG d’AccorHotels n’écarte pas en effet une nouvelle opération de croissance externe alors même que le champion français de l’hôtellerie vient de conclure sa plus grosse acquisition avec la reprise pour 2,6 milliards d’euros du groupe canadien FRHI qui va lui permettre de piloter les enseignes de luxe Fairmont, Raffles et Swissôtel. « Est-ce que la consolidation [dans l’hôtellerie, NDLR] va continuer ? Oui. Est-ce que AccorHotels a les moyens d’y participer ? Oui. Est-ce que AccorHotels est contraint à y participer pour se développer ? Non », a expliqué vendredi Sébastien Bazin, tout en manifestant son intérêt pour des « opportunités plus petites » que FRHI. « J’attends la prochaine [acquisition, NDLR] », a déclaré de son côté aux « Echos » le vice-président du conseil d’administration d’AccorHotels, Philippe Citerne, et de faire état de l’enthousiasme du conseil (informé de l’évolution des discus- sions, celui-ci a approuvé à l’unanimité le projet d’accord avant sa signature). Selon Philippe Citerne, Sébastien Bazin a même eu droit à une standing ovation du conseil d’administration ce vendredi — la réunion ne portait pas sur l’opération — à son retour de Toronto, où se situe le siège de FRHI. Mission de pilotage S’agissantdel’intégrationdesenseignes rachetées, le PDG d’AccorHotels a indiqué qu’une mission de pilotage a été confiée au patron de sa zone Asie-Pacifique, Michael Issenberg. Ce dernier sera en contact avec la direction de FRHI, sachant que l’acquisition effective n’interviendra pas avant « trois à six mois », le temps que les autorités en Les perspectives semblent également favorables à court et à moyen terme. Tous les clignotants sont au vert pour Elior. Le spécialiste de la restauration collective et de concessionaannoncévendrediunrésultat net part du groupe de 107 millions d’euros pour son exercice 20142015, soit une hausse de 123 % par rapport aux 48 millions enregistrés l’année précédente. Le chiffre d’affaires atteint, lui, 5,67 milliards, en augmentation de 6,2 %, « dont 3 % de croissance organique », indique le groupe. L’activité du groupe a notammentététiréeparl’international,où le chiffre d’affaires a progressé de 12,6 %surunan.Surlecréneaudela restauration collective, qui représente 73 % de l’activité, Elior a enregistré de « belles performances de croissance », selon son directeur financier Olivier Dubois, aux EtatsUnis, en Espagne et en Grande-Bretagne. Le groupe a choisi par contre de laisser reculer son chiffre d’affaires en Italie pour sortir de contrats jugés pas assez rentables. Les perspectives semblent tout aussi favorables à court et moyen terme. Arrivé en janvier dernier, le nouveau PDG Philippe Salle a lancé enseptembreunnouveauplanstratégique à horizon 2020, qui devrait porter ses premiers fruits dès l’exercice 2015-2016. Contrats significatifs Par ailleurs, le groupe entend poursuivresondéveloppementcommercial. Elior a décroché cette année plusieurs contrats significatifs avec La Poste, Safran, le musée du Vati- Elior a remporté l’appel d’offres lancé par la SNCF pour la restauration, gare du Nord à Paris. Photo Gilles Rolle/RÉA Boursinsuccombe audéliced’initié PUBLICITÉ Le groupe Bel inscrit son fromage dans « la gourmandise raffinée » en jouant les cartes de l’humour, de la sensualité et du luxe. Véronique Richebois [email protected] C’est le genre de casse auquel ne nous avait pas véritablement habitué Boursin… Ecrans partagés, atmosphère de thriller, rendez-vous secrets entre quatre membres d’un gang – dont une femme mystérieuse et sexy –, vol d’un plat en argent et d’une nappe damassée dans une église… Le tout pour découvrir, dans le dernier plan, la dégustation, en solitaire et en gourmet, d’unBoursinparlechefdugang. Tout comme il le ferait d’un grand cru. Vif, rythmé, le spot, signéparl’agenceYoung&Rubicam, est sur les écrans TV, cinéma et display depuis le 7 décembre. Assorti d’une rupture de communication qui n’est qu’apparente : « Depuis le début, intervient Sophie Maury, directrice de la marque Boursin dans legroupeBel,lefromages’esttoujours inscrit dans le registre de la gourmandise raffinée, beaucoup verte, scandée comme dans un mariage en grande pompe, que célèbrent au lointain des grandes orgues solennelles. Quant au positionnement stratégique de Boursin, le voilà lancé pour ne plus s’arrêter. Fondée sur l’humour, la saga s’appuie sur deux promesses : l’irrésistibilité et le plaisir intense, égoïste. En 1972 suit donc la création du slogan « Du pain, du vin, du Boursin. » Une tranche de baguette amoureusement découpée, une gorgée d’un bon vin. Et enfin, le Boursin voluptueusement étalé sur la mie… « Elégant et populaire, c’est toute la richesse et l’ambivalence de la proposition Boursin », résume Sophie Maury. Nouvelle signature Alors que les autres fromages concurrents continuent de r e ve n d i q u e r l e s g r a n d e s valeursdel’amitiévirileetd’une authenticité ancestrale, sur fond de bêlements de brebis Boursin sort en 1985 le film du Crooner. Le spot, qui aurait tout aussi bien être interprété par Frank Sinatra, met en scène, dans un salon élégant, un homme qui ne l’est pas moins, savourant religieusement son Boursin. Alors que son salon tombe par pans entiers, il poursuit sa dégustation comme si de charge de la concurrence se prononcent. Entre-temps, une assemblée générale extraordinaire d’AccorHotels se tiendra afin que ses actionnaires se prononcent sur l’augmentation de capital réservée. Celle-ci vise à couvrir les deux tiers du montant de la transaction, AccorHotels devant également verser 840 millions de dollars en numéraire (768 millions d’euros). En conséquence, le Qatar deviendrait le premieractionnairedugroupeavecune participation de 10,5 %, Kingdom Holding ayant une part de 5,8 %. a Plus d’informations sur lesechos.fr Eliordoublesonrésultat net etsigne ungros contrataveclaSNCF RESTAURATION marketing can en Italie ou encore l’aéroport de Los Angeles. Et il vient également de remporter l’appel d’offres lancé par la SNCF pour la restauration gare du Nord à Paris (fréquentée par 700.000 voyageurs par jour) et dans six autres gares de province, dont celle de Lille-Europe. Le contrat, d’une durée de dix ans, porte sur l’aménagement et l’exploitation de 34 espaces de restauration, dont 14 danslagareparisienne.Surladurée, il devrait générer environ 700 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Elior a montré dans cet appel d’offres une énergie et un dynamisme, notammentdansl’offredemarqueset le digital, qui témoigne du renouveau apporté par le nouveau patron », estime un cadre de l’entreprise publique. La Bourse a apprécié ces bonnes nouvelles : l’action a clôturé vendredi en hausse de 2,04 %, malgré un marché orienté à la baisse. — C. P. et L. S. Vif et rythmé, le nouveau spot de Boursin, signé par l’agence Young & Rubicam, est sur les écrans TV, cinéma et display depuis le 7 décembre. Photo Young & Rubicam plus sur le territoire du vin que ne le font les fromages ordinaires (camembert, pont-l’évêque, livarot…), qui revendiquent leur appartenance au terroir. Notre image est construite sur quelques éléments forts comme la sensualité, le glamour et l’élégance. » En somme, plus encore que sur les codes de l’œnologie, Boursin surfe sur les codes du luxe et du parfum, dans une logique de communication sensiblement identique à celle de Nespresso. Réflexion stratégique L’envie nocturne irrépressible, une rupture? Plutôt la continuité adaptée à l’époque, mais fidèleàuneréflexionstratégique amorcée le 1er octobre 1968. Ce soir-là, à 19 h 56, sur la première chaîne de l’ORTF, en noir et blanc, le téléspectateur – ils ne sont que six millions à posséder un poste de télévision – découvredansunspotbaptiséLefrigo, signé Publicis, l’acteur Jacques Duby en pyjama, taraudé par une envie nocturne. « Du Boursin, du Boursin, du Boursin », répète-t-il comme un mantra dix-huit fois en trente secondes… pour finir par le dénicher dansleréfrigérateur.Unedécou- rien n’était. « Cette idée d’écroulement autour de soi, tandis que leconsommateurcontinued’être serein, a ensuite été copiée, voire vampirisée par quantité de marques », constate Sophie Maury. Mais les fondamentaux sont posés : le Boursin présenté comme le plaisir solitaire d’un homme…etexclusivementd’un homme, jamais une femme n’étant surprise en train de chaparder une portion de Boursin. Las ! En 1991 intervient la loi Evin relative à la lutte contre l’alcoolisme. Changement de braquet : le gastronome doit se contenter de pain pour accompagner son Boursin. Nouveau changement de cap en 2007 : jusqu’ici propriété d’Unilever qui l’avait baptisé « local jewel », Boursin est racheté 400 millions d’euros par le groupe Bel. Dans la foulée de ce rachat, la marque simplifie, unifie son packaging. Et offre une cohérence supplémentaire à sa communication, gérée depuis 2011 par Team Créatif. Avec à la clef, une nouvelle signature impérieuse « Bousculez vos sens »… jusqu’à cet « “Ocean Eleven” du fromage musclé », comme le qualifie Sophie Maury. n // 27 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 HIGH-TECH &MEDIAS Robyn Beck/AFP Revirement pour Vivendi. Le français conteste la conversion en actions ordinaires des actions d’épargne de Telecom Italia, qui aurait pour effet de diluer sa part de 20,116 % dans l’opérateur. Il a décidé de s’abstenir lors du vote de la résolution mardi. Au départ, Vivendi devait pourtant la soutenir. en pixels 300 Luc Besson signe avec Amazon Vivendi veut protéger sa part dans Telecom Italia Amazon a signé un accord de distribution pluriannuel avec le studio du cinéaste français Luc Besson (photo), EuropaCorp, selon l’AFP. Il s’agit d’un accord pluriannuel de licence de contenu avec EuropaCorp, qui va faire d’Amazon Prime Video la plateforme de streaming payante exclusive pour voir les films déjà sortis en salle du studio. MILLIONS D’EUROS Le français Parrot a levé comme il l’espérait 300 millions d’euros dans le cadre d’une augmentation de capital destinée à consolider ses positions sur le marché des drones. Le montant total de la demande a dépassé les 426 millions d’euros. FranceTélévisionset lesproducteurs se mettent d’accordsur lepartage desdroits CINÉMA France TV va pouvoir augmenter sa part de production dépendante. Le groupe audiovisuel veut se développer dans la fiction. Marina Alcaraz [email protected] Ça y est. Après plusieurs semaines d’intenses négociations, France Télévisions a conclu un accord avec les principaux représentants des producteurs pour un nouveau partage des droits sur les œuvres. La part dite « dépendante » du groupe audiovisuel public, qui lui permet de produire en interne ou avec des producteurs indépendants – mais ayant davantage de droits – va ainsi passer de 5 % à 25 % sur les œuvres de fiction, d’animation ou encore documentaires. Unemesurebienplusimportante qu’iln’yparaît.Cetaccordluipermet eneffetdemieuxprotégersesdroits, de valoriser ses marques, de les exporter et donc d’avoir davantage de revenus. Le texte prend encore plusdesens,alorsquelegroupeveut lancer une plate-forme numérique dédiée aux œuvres hexagonales, une sorte de Netflix à la française. Il se rapproche ainsi de ce qui existait chez TF1 ou M6, où la part dépendante est de l’ordre de 25 %. Le rachat de Newen, producteur de « Plus belle la vie », par TF1, a « accéléré les choses », concède-t-on chez France TV. Le groupe s’indignait de voir qu’il réalisait plus de chiffre d’affaires avec Newen (environ 60-70 millions d’euros) qu’avecsafilialedeproductionMFP (autour de 20 millions d’euros en création d’œuvres patrimoniales). Toute la question est désormais de savoir comment France TV va pouvoir utiliser pleinement ses nouvelles capacités, sachant que jusqu’à présent la création interne a été très limitée. MFP devrait produire cette année seulement 3 % de la création patrimoniale du groupe, à travers, par exemple, « Cet été-là » ou « Alex Hugo ». « Nous allons surtout travailler sur des marques emblématiques », dit-on dans le groupe, qui entend se développer prioritairement dans la fiction. L’accord sous-entend à travers une clause que MFP pourrait, à terme, lancer un feuilleton quotidien. Tout un symbole. Des recrutements pourraient être effectués pour « booster » cette filiale. Garde-fous En échange de ce marché passé avec le Satev (Syndicat des agences de presse audiovisuelles), le SPFA (Syndicat des producteurs de films d’animation), le SPI (Syndicat des Presse :Alibaba s’offre le « SouthChina MorningPost » MÉDIAS La transaction pose question sur l’indépendance du titre. L’annonce du rachat du quotidien le plus connu de Hong Kong, le « South China Morning Post » (« SCMP »), par l’Alibaba du célèbre Jack Ma a suscité beaucoup de commentaires quant à l’indépendance future du titre. La transaction, dont le montantn’apasétérévélé,inclut les éditions de Hong Kong des magazines « Elle », « Cosmopolitan » ou encore « Esquire ». Depuis quelques années, le« SCMP »,quiafficheunecapitalisation boursière de 358 millions d’euros, selon les données de Thomson Reuters, s’échange entre milliardaires. Il avait été racheté en 1993 par le richissime Malaisien Robert Kuok, lequel avait alors acquis la majeure partie de la participation du magnat des médias Rupert Murdoch. L a d é m a r c h e n’e s t p a s sans rappeler le rachat du « Washington Post » par Jeff Bezos, le patron d’Amazon, géant de l’e-commerce, comme Jack Ma. Sauf que Jeff Bezos s’est offert le journal à titre personnel et que la proximité de Jack Ma avec le pouvoir chinois fait craindre une dérive progouvernementale dans les analyses économiques et financières du journal. Et ce alors que, déjà,enpolitique,ilaétécritiqué pour son parti pris en faveur du pouvoir ces dernières années. L e « S C M P » n ’e s t p a s n’importe quel journal. Rédigé en anglais et source précieuse d’informations sur la Chine pour les anglophones, c’est un quotidien qui a grandi dans un état esprit occidental et démocratique. Joe Tsai, vice-président exécutif d’Alibaba, a assuré que le journal continuerait à faire preuve d’« objectivité, d’exactitudeetd’équité ».Maisila aussi estimé que de « nombreux journalistes travaillant pour les médias occidentaux s’opposent au système de gouvernance en Chine, et cela déforme leur couverture ». « Nous, nous pensons que les choses doivent être présentées telles qu’elles sont. » Au-delà de la ligne éditoriale, l’arrivée d’un actionnaire visionnaire comme Jack Ma, qui a su innover, pourrait aussi permettre de relancer le titre. Et, peutêtre, l’aider à trouver le bon modèle dans l’univers de l’économie digitale. — F. Sc. Les chiffres clefs producteurs indépendants) et l’USPA (Union syndicale de la production audiovisuelle), France TV s’engage à maintenir son investissement dans la création d’au moins 20 % de son chiffre d’affaires, avec un minimum de 400 millions d’euros par an. Une clause qui existait déjà dans le COM (contrat d’objectifs et de moyens) qui se termine cette année. 42 MILLIONS D’EUROS Le chiffre d’affaires de MFP prévu pour 2015. 3% Toute la question est de savoir comment France TV va pouvoir utiliser pleinement ses nouvelles capacités. LA PART DE CRÉATION du groupe que produira MFP cette année. 25 % Jusqu’à présent, la création interne avait été très limitée. LA PART « DÉPENDANTE » de France Télévisions passe de 5 % à 25 % sur les œuvres de fiction, d’animation et les documentaires. Surtout, le groupe audiovisuel a accepté divers garde-fous. Ainsi, la part de MFP dans la partie dépendante de 25 % est plafonnée à 12,5 %, le reste devant être réalisé avec des producteurs indépendants, sous certaines conditions. Le montant des droits de propriété et la durée des droits ont aussi été limités. « L’idée a été de trouver des règles du jeu », indique Stéphane Le Bars, de l’USPA. Ce « new deal » doit être entériné par un décret qui pourrait intervenir dans les prochaines semaines. n 20 % France TV s’engage à maintenir son investissement dans la création d’au moins 20 % de son chiffre d’affaires. Photo Fred Carol - FTV DU CHIFFRE D’AFFAIRES de France Télévisions est consacré chaque année à la création. AVIS FINANCIERS UBS ETF Distribution semestrielle de catégorie de parts A et UA pour le 14. décembre 2015 (en date du 14. décembre 2015 et date de valeur au 16. décembre 2015) Fonds commun de placement de droit luxembourgeois ISIN Fonds Dev. Total TISD-EU LU0439729285 CS Investment Funds 2 EUR 0,07 0.00 Credit Suisse (Lux) European Dividend Plus Equity Fund -ALU1144416861 CS Investment Funds 2 EUR 0,08 0.00 Credit Suisse (Lux) European Dividend Plus Equity Fund -UALU0439730374 CS Investment Funds 2 USD 0,07 0.00 Credit Suisse (Lux) Global Dividend Plus Equity Fund -ALU1144417596 CS Investment Funds 2 USD 0,08 0.00 Credit Suisse (Lux) Global Dividend Plus Equity Fund -UALes porteurs de parts peuvent obtenir sans frais le prospectus les documents d’information clés pour l’investisseur (DICI), les derniers rapports annuels et semestriels, ainsi que les statuts de la Société au siège de la société de gestion et également consulter ces documents sur www.credit-suisse.com. www.vilmorin.info Euronext Paris - Compartiment A, SRD Un dividende net de 1,57 euro par action L’Assemblée Générale Mixte des Actionnaires de Vilmorin & Cie s’est tenue le vendredi 11 décembre 2015 à Paris, sous la présidence de Philippe AYMARD. Toutes les résolutions, à l’exception de la quatorzième (1), ont été approuvées par les Actionnaires de Vilmorin & Cie. L’Assemblée a approuvé les comptes de l’exercice 20142015 et a fixé le montant du dividende net à 1,57 euro par action. Il correspond à une hausse de près de 5 % par rapport à l’exercice précédent, compte tenu de l’attribution gratuite d’actions réalisée en janvier 2015 (2). Le taux de distribution, en nette augmentation, s’élève à 45 %, contre 37 % en 2014. La mise en paiement du dividende interviendra le 17 décembre 2015. comparables, et à une marge opérationnelle courante de même niveau qu’en 2014-2015. Celle-ci intègrera un effort de recherche estimé à plus de 225 millions d’euros. Au-delà de la faiblesse conjoncturelle des marchés grandes cultures, Vilmorin & Cie poursuivra le déploiement de sa stratégie de développement et d’innovation, dans une vision de long terme, sur des marchés extrêmement porteurs. PROCHAINES PUBLICATIONS • 07.03.2016 (3) Chiffre d’affaires et résultats semestriels 2015-2016 • 27.04.2016 (4) Chiffre d’affaires à la fin du 3e trimestre 2015-2016 CONFIRMATION DES PERSPECTIVES 2015-2016 Vilmorin & Cie a confirmé ses objectifs de chiffre d’affaires et de marge opérationnelle pour l’exercice 2015-2016. Ceux-ci correspondent à une progression comprise entre 0 et 2% du chiffre d’affaires consolidé à données (1) Délégation au Conseil d’Administration en vue de réaliser une augmentation du capital social réservée aux salariés. (2) Sur la base d’une action nouvelle pour dix actions anciennes. (3) Avant ouverture de Bourse. (4) Après clôture de Bourse. Retrouvez la présentation de l’Assemblée Générale et les résultats détaillés des votes sur www.vilmorin.info 1 N° EUROPÉEN DES SEMENCES DE BLÉ CONTACTS 2 N° MONDIAL DES SEMENCES POTAGÈRES Daniel JACQUEMOND [email protected] 3 N° NORD-AMÉRICAIN DES SEMENCES DE MAÏS DEUXIEME ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE Nous informons par la présente les actionnaires d'UBS ETF (la « Société ») qu'une assemblée générale extraordinaire s'est tenue le 11 décembre 2015 (la « 1re AGE »), mais que le quorum requis pour l'adoption des résolutions figurant à l'ordre du jour ci-dessous n'a pas été atteint. Par conséquent, une SECONDE ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE (la « 2e AGE ») des actionnaires de la Société se tiendra le 18 janvier 2016 à 10h00 au siège social de la Société, 49, avenue J.F. Kennedy, L-1855 Luxembourg, et aura le même ordre du jour que la 1re AGE, à savoir : ORDRE DU JOUR 1. Reformulation des statuts de la Société (les « Statuts ») eu égard aux changements d'ordre général relatifs, notamment, à des références obsolètes aux lois et réglementations et à la publication des avis aux actionnaires portant sur la liquidation ou la fusion de compartiments de la Société sur le site Internet de celle-ci, à l'adresse www.ubs.com/etf. En outre, modification des Statuts en vue d'autoriser l'émission d'actions nominatives uniquement, de sorte que toutes les actions au porteur seront converties en actions nominatives. 2. Reformulation des Statuts de la Société en lien avec certaines exigences relatives au consentement préalable des actionnaires. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE MIXTE APPROBATION DES COMPTES DE L’EXERCICE 2014-2015 Société d’Investissement à Capital Variable (SICAV) Siège social : 49, avenue J.F. Kennedy, L-1855 Luxembourg R.C.S. Luxembourg : n° B 83626 4 N° EUROPÉEN DES SEMENCES DE MAÏS Valérie MONSÉRAT [email protected] / Tél. + 33 (0)4 73 63 44 85 Il vous est possible d'obtenir gratuitement une copie de la version provisoire des Statuts modifiés et reformulés qui sera soumise au vote auprès du siège social de la Société, ou de la télécharger sur le site Internet www.ubs.com/etf. Sous réserve de l'adoption des résolutions lors de l'assemblée, les changements prendront effet à la date de la 2e AGE, à savoir le 18 janvier 2016. Règles de vote spécifiques lors de la 2e AGE Nous informons les actionnaires qu'aucun quorum n'est requis lors de la 2e AGE, que la décision relative au point 1 de l'ordre du jour sera prise à la majorité des 2/3 des votes exprimés par les actionnaires présents ou représentés lors de la 2e AGE et que la décision relative au point 2 de l'ordre du jour sera prise à la majorité des 75% des actions détenues par les actionnaires présents ou représentés lors de la 2e AGE. Les formulaires de procuration reçus au titre de la 1re AGE tenue le 11 décembre 2015, à moins d'être expressément révoqués, resteront valables et pourront être utilisés pour voter lors de la 2e AGE avec le même ordre du jour. Si vous ne pouvez être présent lors de l'assemblée et souhaitez vous faire représenter, veuillez retourner pour le 15 janvier 2016 au plus tard le formulaire de procuration daté et signé à State Street Bank Luxembourg S.C.A., 49, avenue J.F. Kennedy, L-1855 Luxembourg, par fax suivi d'un courrier à l'attention de Mme Zakia Aouinti, (numéro de fax : +352 46 40 10 413) ou par e-mail à l'adresse : [email protected]. Les formulaires de procuration peuvent être obtenus sur simple demande à cette même adresse. Luxembourg, 14 décembre 2015 By Order of the Board of Directors 28 // HIGH-TECH & MEDIAS Lundi 14 décembre 2015 Les Echos CINÉMA La nouvelle trilogie« StarWars », ultimemachine deguerrede Disney l Le septième opus de « Star Wars » sort sur les écrans français ce mercredi. l Disney, qui a racheté la franchise pour 4 milliards de dollars en 2013, y voit un moyen de maximiser ses profits autant que de minimiser ses risques. Attendu depuis plus de dix ans, « Le Réveil de la Force » suscite un fort engouement... Lucie Robequain [email protected] — Bureau de New York Ilfaudraitavoirpassédesmoisdans une galaxie lointaine, très lointaine, pour ignorer l’arrivée du nouveau « StarWars »surlesécransfrançais mercredi. « Le Réveil de la Force » n’est pas encore sorti qu’il a déjà explosé plusieurs records de l’histoire du cinéma : les préventes de ticketsontpermisàDisneyderécolter plus de 50 millions de dollars dans le monde, soit huit fois plus que ne l’avait fait n’importe quel film jusqu’alors. A New York, les sallesdecinémasontnombreusesà prévoir des séances à 2 heures et 5 heures du matin pour étaler le flot de spectateurs. Commercialisés depuis la fin de l’été, les produits dérivés ont envahi les rayons des supermarchés, laissant espérer jusqu’à 5 milliards de revenus pour les commerçants cette année (lire cidessous). Le fondateur de la saga, 50 Lucasfilm ; DR MILLIONS DE DOLLARS Les préventes de tickets pour « Le Réveil de la Force » ont permis à Disney de récolter plus de 50 millions de dollars dans le monde. George Lucas, « a créé une mythologie tellement puissante que, dans un recensement en 2001, la quatrième religion au Royaume-Uni était le jediisme », plaisantait récemment Barack Obama, lors d’une cérémonie à la Maison-Blanche. Le plus grand talent de George Lucas reste son sens des affaires. Les six premiers épisodes de « Star Wars » ont généré cinq fois plus d’argent dans les produits dérivés (22,7 milliards de dollars) que dans les salles (lire ci-dessous). C’est pain bénit pour Disney, qui a racheté la franchise pour 4 milliards de dollars en 2013, avec le double objectif de maximiser ses profits et de limiter la prise de risque. Attirer les fans La nouvelle trilogie « Star Wars » s’intègre ainsi parfaitement à la stratégie que Bob Iger a mise en place depuis son arrivée à la tête de Disney, il y a exactement dix ans. Son principe ? Alimenter des sagas qui sont certaines d’attirer les fans, en entretenant un catalogue de films existants. Disney se prémunit ainsi des alternances de flops et de blockbusters qui caractérisent l’industrie hollywoodienne. C’est ce qui a justifié l’achat de Pixar (« Toy Story »...) en 2006, pour le prix de 7,4 milliards de dollars. Un studio fondé par George Lucas – déjà lui ! – puis vendu à Steve Jobs six ans plus tard. Bob Iger a également racheté Produits dérivés :de 2à5 milliardsde dollars de recettesattendues surla seuleannée 2015 Grâce à une campagne orchestrée depuis septembre, les recettes tirées des produits dérivés devraient battre un nouveau record. Elsa Conesa [email protected] — Bureau de New York «Sijen’avaispasfaitdesfilms,j’aurais sans doute fabriqué des jouets », avouait George Lucas lors de la sor- tie du premier opus de « La Guerre des étoiles », il y a près de quarante ans. Le père de « Star Wars » n’imaginait alors pas que les figurines et gadgets inspirés de ses personnages généreraient in fine plus de recettes que les films eux-mêmes. Et cela ne semble pas près de s’arrêter. E n c e t t e f i n d ’a n n é e , d i f f i cile d’échapper à la folie « Star Wars»: boîtes de céréales, paquets de gâteaux, sodas, maquillage, dentifrice et même conserves de Campb ell’s S oup (lir e ci-contre)… A quelques jours de la sortie du septième épisode de la série, l’univers de la grande consommation est littéralement envahi. Toutes les marques veulent une part de ce qui promet d’être un gigantesque gâteau. Et les rayons jouets débordent de sabres laser en plastique, de masques et de robots, repoussant le reste en périphérie. S’appuyant sur une campagne orchestrée depuis trois mois avec le fameux « Force Friday », le 4 septembre, qui a marqué le coup d’envoi de la commercialisation des premiers produits dérivés,lamachineDisney a montré une fois de plus l’étendue de son savoirfaire. Après une année historique portée par le succès de « La Reine des neiges », le géant des médias semble bien parti pour battre un nouveau record avec « Le Réveil de la Force ». Les ventes de produits sous licence sont attendues entre 2 et 5 milliards de dollars sur la seule année 2015, selon les analystes. Soit une à deux fois celles que le film lui-même doit générer. Et de quoi rentabiliser en un temps record les 4 milliards investis par Disney dans Lucasfilm en 2012. « C’est difficile de donner une estimation, car il n’y a pas de précédent de cette ampleur », admet Tim Nollen, analyste chez Macquarie. Les marques récupèrent généralement de 6 à 7 % des ventes des produits sous licence, mais Disney aurait réussi à imposer un taux de les studios Marvel pour 4 milliards de dollars – un réservoir de superhéros qui permet lui aussi de générer des revenus réguliers, sans prise de risque excessive. L’investissement a déjà payé : sorti en 2012, « Avengers » est le premier film Marvel distribué par Disney. Il a rapporté1,5milliarddedollarsdans le monde, ce qui en fait le quatrième film le plus lucratif de l’histoire. L’achat de Lucasfilm est tout aussi prometteur. Le culte qui entoure « Star Wars » est tellement fort que Disney apu secontenterd’une campagne marketing plus modeste que celle des grandes productions hollywoodiennes : il a dépensé 20 millions de dollars de spots télévisés, là où la plupart des blockbusters nécessitent 30 millions de dollars. Attendu depuis plus de dix ans, « LeRéveildelaForce »susciteuntel engouement qu’il est quasi certain de dépasser les 2 milliards de recettes, assurent les experts du secteur – un exploit que seuls deux films ont réalisé jusqu’alors : « Avatar » et « Titanic ». Mais il faudrait qu’il rafle la palme de numérounpourqueDisney remporte pleinement son pari. « Au cours des quinze dernières années ont été franchis toute une série de records, qui rendent les attentes a u t o u r d e “S t a r Wars” encore plus importantes. La pression pour être le premier n’a jamais été aussi forte », explique Jessica Reif Cohen, analyste chez Bank of America. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : il y a dix ans, seuls deux films étaient parvenus à générer plus de 1 milliard de revenus, « Titanic » et « Le Seigneur des anneaux ». Une vingtaine d’autres ont franchi ce seuil au cours de la dernière décennie, dont quatre rien que cette année. Cette première semaine en salle sera décisive : il faut qu’elle soit spectaculaire pour que les Jedi aient une chance de détrôner « Avatar » et ses 2,8 milliards de recettes. Celui-ci avait connu un succès immense en Russie et en Chine, là où « Star Wars » reste encore pratiquement inconnu aujourd’hui. La première trilogie n’y a, de fait, jamais été diffusée… n ... surtout au niveau commercial. 20 %. Avec ses parcs à thème et ses chaînes de télévision payantes, le géant des médias dispose de fait d’une force de frappe sans égale pour promouvoir sa franchise. Des victimes collatérales L’industrie du jouet devrait, elle aussi, réaliser l’une de ses meilleures années depuis dix ans. En attendant,l’arrivéedesfigurinesde« Star Wars » fait des victimes collatérales chez les marchands de jouets, à quelques jours de Noël. Au premier rang desquelles les personnages des « Peanuts », remis au goût du jour à l’occasion de la sortie du film fin décembre, ou les « Tortues Ninja », best-seller l’année dernière aux Etats-Unis. « Les jouets Star Wars prennent toute la place ! » peste Jay Foreman, chez Bridge Direct, qui commercialise notamment les jeux Bob l’éponge. Pour un marchand de jouets, difficile de rêvermieuxque« StarWars » :avec ses quarante ans d’histoire et ses légions de fans, jeunes et vieux, la franchise a généré entre 20 et 30 milliards de recettes en produits dérivés depuis le premier volet en 1977… « C’est l’une des franchises qui vend le plus, reconnaît Richard Barry, responsable du merchandising chez Toys“R”Us. Disney a lourdement investi et attend le retour de son investissement. » Cette stratégie n’est cependant pas du goût de tous. « L’industrie du jouet a pris l’ascendant sur les films de Lucas, regrettait il y a quelques années Gary Kurtz, le producteur des premiers longs-métrages de la série. C’est dommage. » n La Forceest aussi avec l’actionDisney à WallStreet La puissante division télé (ESPN) est devenue un poids. Le cinéma, qui suscite d’habitude la méfiance des investisseurs, fait contrepoids. Nicolas Madelaine [email protected] Les loups de Wall Street aiment sans doute le cinéma, mais pas lorsqu’il s’agit d’investir. Le succès étant imprévisible, ils se méfient des studios, d’autant que ces derniers ont eu tendance ces dernières années à risquer de gros bouillons en misant plusieurs centaines de millions sur un seul film. Un danger qui avait même conduit Steven Spielberg à tirer la sonnette d’alarme. Mais avec « Star Wars », c’est différent. La franchise inventée par George Lucas est si bien installée dans l’inconscient collectif et si minutieusement exploitée qu’elle tire Disney vers le haut à Wall Street. Et même d’autres entreprises, comme Regal Entertainment, un exploitant de salles recommandé par le courtier Raymond James à cause de « La Guerre des étoiles ». C’est le monde à l’envers. Le bouquet de télévision ESPN, riche en contenus sportifs et qui apportera 45 % du résultat d’exploitation de Disneyen2015,pèsesurlecours,parfoisviolemmentcommecetété,lorsqu’il a avoué la perte de 3 millions d’abonnés, à 92 millions. « L’écosystèmedelatéléinquièteet,donc,ESPN tire le cours de Disney vers le bas », explique James Marsh, analyste chez Piper Jaffray. Autrefois, cette division était une source de revenus à la fois plantureux et réguliers. JP Morgan le dit clairement : dans une note récente à ses clients, il recommande l’achat de Disney en raison de « Star Wars » et en dépit d’ESPN. Le film devrait d’abord être un énorme succès au box-office. « Beaucoup d’exploitants ajoutent des séances et Disney a beaucoup de pouvoir de négociation, ce qui devrait lui permettre d’avoir plus de 60 % du prix des billets, note la banque américaine. Disney serait même en mesure d’exiger la plus grande salle des multiplexes pour au moins quatre semaines. Enfin, “Star Wars” va sortir dès le 9 janvier en Chine. » James Marsh table sur des revenus dans les salles de 600 millions de dollars aux Etats-Unis et de 1 milliard à l’international, certains analystes étant encore plus optimistes. Deux parcs à thème Wall Street est d’autant plus incitée à jouer l’effet « Star Wars » que Disney va sortir un film par an jusqu’en 2020. Surtout, « Star Wars » renforce tout l’empire Disney. « “Star Wars” stimule la demande de la branche produits de consommation et des parcs à thème », explique James Marsh. D’ici à 2020, il devrait y avoir deux parcs à thème Star Wars, un en Californie et un en Floride. On a, selon cet analyste, la recette idéale : une série de films qui en plus ne sont pas exploités qu’au box-office. Pour la banque Macquarie, citée par le « New York Times », les revenus de produits de consommation Star Wars pourraient atteindre 5 milliards de dollars en 2016. Avec « Star Wars » comme seul atout dans sa manche, Disney s’exposerait quand m ê m e a u r i s q u e d ’u n parcours boursier chahuté compte tenu de la fébrilité naturelle des marchés financiers, toujours prompts à anticip er le pire comme le meilleur. Mais Walt Disney Studios a réalisé plus de 15 milliards de dollars d’acquisi- tions dans les contenus au cours des dix dernières années. Sont entrés dans son écurie Pixar, Mar vel et Lucasfilm avec la franchise « Star Wars ». Des studios vedettes chacun dans leur domaine. « Avengers 2 », « La Reine des neiges » et « Vice-Versa » ont très bien marché cette année et les analystes voient beaucoup de titres prometteurs pour l’an prochain. Wall Street ne s’est jamais aussi bien sentie à Hollywood. n HIGH-TECH & MEDIAS // 29 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 Une sagaqui connaîtunsuccèsplanétaire depuis presquequaranteans La série de George Lucas a généré plus de 4 milliards de dollars de recettes au cinéma depuis 1977. Marina Alcaraz [email protected] Imaginer, en 1977, que « Star Wars » générerait un jour des milliards de dollars de recettes aurait relevé… de la science-fiction. Souvenezvous. Il y a près de quarante ans, George Lucas n’était encore qu’un « Padawan » (apprenti Jedi), avec seulement deux longs-métrages à son actif, dont « THX 1138 » qui est loin d’être un succès commercial. Les producteurs ne se bousculent pas pour l’aider à financer « La Guerre des étoiles ». Universal, par exemple, refuse le projet. Seule la 20th Century Fox, qui est pourtant loin d’être en forme, lui donne sa chance.Lefilmnesortaudépartque dans32salles.« Mais,trèsvite,lebouche-à-oreillefonctionne.Endépitd’un trèsfaiblemarketing,lefilmestplébiscitéparlepublic.MêmeLucasenétait étonné : il se raconte qu’il aurait vu une file de gens devant un cinéma, sans savoir que c’était pour le sien », se souvient Fabrice Labrousse, coauteur de l’ouvrage « “Star Wars” décrypté : de George Lucas à Walt Disney » (éditions Bartillat). Fin 1977, l’œuvre dépasse le récent record des « Dents de la mer », raconte « Le Monde ». Au total, le premier opus de la série (le quatrième dans la chronologie de l’histoire) générera quelque 780 millions de dollars de recettes via les ventes de tickets de cinéma, selon le site Box Office Mojo. La force « Star Wars » est lancée et ne s’arrêtera plus. Le succès accompagnera chacun des films. Même « La Menace fantôme », qui sortira en 1999, après plus de vingt ans d’absence de Dark Vador, ou plutôt d’Anakin Skywalker – le précédent opus était sorti en 1983 –, fera un tabac, avec plus de 1 milliard de recettes, entrant dans le Top 20 des films les plus « bankable » de l’histoire. Les épisodes VII et VIII de la saga sont tournés dans le studio du Buckinghamshire. La fiscalité britannique séduit Hollywood. Des sommes colossales Au total, les six épisodes de « Star Wars » ont généré plus de 4 milliards de dollars de recettes au cinéma. Et « Le Réveil de la Force » ne devrait pas déroger à la règle. Les experts s’attendent même à près de 2milliardsderecettesensalles,classant ce « Star Wars » juste derrière « Avatar » et « Titanic ». Sans compter les nombreux produits dérivés, qui génèrent des sommes encore plus colossales (lire ci-contre). A l’époque du premier « Star Wars », le modèle économique du film à gros budget mais à gros bénéfice n’est pas encore entré dans les mœurs. « “Star Wars” a contribué à faire évoluer toute la manière de penser le cinéma, qui a cherché de plus 200 MILLIONS D’EUROS Le budget estimé du « Retour de la Force ». La franchiseattire dansson orbite lesplus grandesmarques Les sept marques mondiales auxquelles s’associe « Star Wars » font de l’intrigue le cœur de leur dispositif. Au cœur de l’intrigue Mieux, pour « Star Wars », chacune de ces marques a conçu une communication cousue main. Témoin, le duel au sabre laser (rechargé avec des piles Duracell) entre un garçon blond qui n’est pas sans rappeler Anakin Skywalker et une petite fille en plus à faire des blockbusters », souligne Fabrice Labrousse. Côté budget, les coûts de production ont explosé au fur et à mesure de la réussite des films. Si le premier, « La Guerre des étoiles », a nécessité 11 millions de dollars, ce qui était déjà beaucoup pour l’époque, le dernier opus, sorti en 2005, aurait coûté environ 113 millions d’euros. Et le budget du « Réveil de Duracell s’est associé à Disney et met en scène dans l’un de ses récents spots un duel au sabre laser – rechargé avec des piles de la marque américaine. Photo Duracell Pour « Star Wars », chaque marque a conçu une communication cousue main. habillée comme l’impétueuse Rey (interprétée par Daisy Ridley). Ou encore le visuel de Covergirl, mettant en valeur un maquillage graphique – « inspiré par “Star Wars” », précise l’annonce. Enfin, dans l’un des deux spots conçus par l’agence BBDO New York, un jeune homme construit avec les moyens du bord un R2-D2 plus vrai que nature afin d’offrir des places pour le film à l’élue de son cœur. A chaque fois, le film est au cœur de l’intrigue, dans une mécanique de « brand content » très éloignée de celle des placements de produits classiques à la James Bond. En Europe, en revanche, « Star Wars » apparaît moins comme un ressort scénaristique que comme un « associé » local. C’est le cas au Royaume -Uni, avec le groupe de télévision payante Sky, propriété de Rupert Murdoch, ou avec l’opérateur de téléphonie mobile O2 qui diffuse un spot de pub où apparaissent C-3PO, R2-D2 et le nouveau droïde BB-8. Idem en France, où La Poste, qui a acquis les droits dérivés du film, fait des figurines les vedettes de l’un de ses deux spots. Et plus encore pour la marque de prêt-à-porter Celio, qui se présente clairement comme partenaire. n Les fans américains ont déboursé jusqu’à 5.000 dollars pour voir « Star Wars » en France avec deux jours d’avance « Star Wars » sort en France mercredi, deux jours avant sa sortie mondiale. Une attente insupportable pour les aficionados du film aux Etats-Unis. AirFrance et EuropaCorp Cinemas leur proposent un package comprenant le vol depuis les Etats-Unis, l’accueil sur tapis rouge avec buffet et, surtout, le visionnage du film sur écran géant dès mercredi après-midi. Pour l’occasion, les salles d’EuropaCorp à Roissy (Aéroville) seront décorées aux couleurs de « Star Wars » (avec tunnel détecteur de mouvements, comédiens en costume, gardes pour escorter, etc.). Une centaine de fans doivent faire le déplacement, pour un coût du billet variant entre 1.300 et 5.000 dollars depuis New York. D’autres compagnies ont surfé sur la vague. Ainsi, Air Caraïbes, qui fêtait le week-end dernier le 12e anniversaire de son premier vol transatlantique, décore ses avions aux couleurs de la saga. la Force » est estimé autour de 200 millions d’euros. « George Lucas a toujours cherché à être indépendant, pour éviter que des studios necherchentàmontersesfilmsàleur manière, comme cela s’est passé à ses débuts. Par exemple, il a réinvesti ses gains de “La Guerre des étoiles” pour financer la suite », rappelle Fabrice Labrousse. L’argent est le nerf de la guerre, fût-elle des étoiles. n DÉCRYPTAGE // Disney et le réalisateur J. J. Adams ont distillé les informations pour faire monter la pression. EpisodeVII, l’histoire d’unbuzz L Véronique Richebois [email protected] Vincent Collen [email protected] — Correspondant à Londres La vente des produits dérivés et les partenariats publicitaires du 7e opus de « Star Wars » devraient dépasser largement le montant des entrées en salle. Dès août, Disney a d’ailleurs offert un aperçu de ses talents de publicitaire en révélant le nom des sept marques mondiales qui participeraient à sa campagne promotionnelle. Des cosmétiques Covergirl aux piles Duracell, en passant par le constructeur automobile Fiat Chrysler, General Mills, HP, Subway et l’opérateur téléphonique Verizon… Disney balaie toute la palette des biens de grande consommation. A la façon dont Christopher Nolan s’était associé, pour sa trilogie de Batman, à quinze marques, incluant BMW, Nokia et Mountain Dew. Une manne pourles studios britanniques de Pinewood e blindé « Star Wars VII – Le réveil de la Force » dévale ses tout derniers mètres. Et devrait faucher sur sa lancée les longs-métrages qui auraient commis l’erreur de se trouver sur sa route au moment de leur sortie. Pour autant, les informations sur ce nouvel opus, réalisé par J. J. Adams, restent très parcellaires – même si des fuites savamment distillées ont dévoilé des éléments du scénario et la distribution. Comme chez Apple, dont Disney s’est largement inspiré jusque dans ses codes de communication (un buzz orchestré au millimètre et un suspense entretenu jusqu’àlasortie),lemystèreconstituela colonne vertébrale du dispositif. Les producteurs ont mis en place une stratégie cousue main sur les réseaux sociaux, à coups de teasers énigmatiques, d’images mystérieuses et de petites anecdotes. Le buzz sur la saga démarre sur Twitter le 7 mai 2014, avec la photo sibylline d’un clap de plateau de cinéma sur lequel est inscrit : « Star Wars. Episode VII. AL 40 », accompagnée d’un tweet portant la simple mention : « Bad Robot ». J. J. Adams est un habitué du genre. En 2004, pour le lancement de la série « Lost », il avait ouvert, avec sa société de production Bad Robot, lesiteWebOceanicAirlines,dunom de la compagnie aérienne victime ducrashdanslasérie,ouencoreune page fan du groupe de rock de CharliePace,l’undespersonnagesprincipaux des trois premières saisons. Et cela paie ! En avril, la diffusion d’un deuxième « trailer », révélant la présence du personnage Han S olo et des images du casque cabossé de Dark Vador, permet à la valorisation boursière de Disney de bondirde2milliardsdedollars.Une nouvelle salve est lancée lors de la San Diego Comic-Con International de juillet, la grand-messe de la BD, lorsqu’est diffusée une vidéo révé- lantlescoulissesdutournage.Avant la bande-annonce finale, spectaculaire,le20octobre :laprincesseLeia murmure que la Force l’appelle. Le suspense est à son comble. L’annonce mi-août par le patron de Disney, Bob Iger, de l’arrivée en force dans ses parcs d’attractions américains de l’univers des Jedi, ne fait qu’attiser la fièvre. Laquelle monte d’un degré quand, le 4 septembre, lors du « Force Friday », intervient la commercialisation des premiers produits dérivés. Disney distille les éléments susceptibles de nourrir le buzz, en renforçant curiosité et frustration. En parallèle, les acteurs, scénaristes et autres responsables des relations publiques doivent rester muets. Le mystère constitue la colonne vertébrale du dispositif. C’est dans ce contexte que, exaspéré, le comédien Anthony Daniels, qui incarne C-3PO, craque. En septembre, dans une interview au « Guardian », il qualifie les pratiques de Disney de méthodes « dignes du Kremlin » : « La politique de confidentialité était ridicule. Nom de dieu, ce n’est qu’un film ! Quand j’ai eu le script, il était en caractères noirs sur un fond rouge, pour rendre impossible la photocopie. J’ai eu la gueule de bois rien qu’à le lire. » Tout cela avait de quoi épargner au film une campagne de pub. Lundi, toutefois, les studios Disney ont investi 17 millions de dollars de publicité en TV sur « Le Réveil de la Force », selon l’agence iSpot.tv. Même si la somme devrait augmenter dans les jours suivant la sortie, on est loin des 30 millions de dollars investis en TV pour « Mad Max : Fury Road » ou « Mission : Impossible – Rogue Nation ». — V. R. Au Royaume-Uni, « Star Wars » est une affaire d’Etat. En 2013, c’est le ministre des Finances lui-même, George Osborne, qui fait l’annonce : le septième épisode sera tourné dans les studios Pinewood, situés à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Londres. Plusieurs sabres laser, offerts par Lucasfilm, sont conservés au ministère. L’arme mythique de « Star Wars » a été conçue dans les années 1970 par un décorateur britannique. George Osborne, un fan déclaré de la saga, les aurait bien rapportés chez lui mais la loi lui interdit d’accepter des cadeaux d’une valeur supérieure à 140 livres. Le huitième épisode sera lui aussi tourné chez Pinewood, à partir de l’an prochain. Le tournage du « Réveil de la Force» a été entouré du plus grand secret, comme tout ce qui concerne « Star Wars ». Tout juste sait-on que quinze scènes différentes des studios ont été utilisées, dont un réser- « Ce film est un nouveau chapitre dans l’histoire de la production cinématographique britannique. Que la Force soit avec nous. » GEORGE OSBORNE Ministre des Finances voir d’eau, et que Harrison Ford s’y est cassé la jambe en 2014 lorsque la porte de son vaisseau, le Faucon Millenium, s’est brutalement refermée sur lui. Le tournage s’est dérouléentremaietnovembre2014. IlapermisàPinewooddepublierun bénéfice presque triplé au cours du premier semestre de son exercice, pour un chiffre d’affaires de 38 millions de livres (53 millions d’euros). Le groupe, valorisé 245 millions de livres à la Bourse de Londres, a récemment profité d’une autre superproduction,« Spectre ».Vingtdeux des 24 James Bond ont été tournés chez Pinewood. Expansion internationale Au total, plus de 2.000 films et 800 productions pour la télévision ont utilisé les studios du Buckinghamshire depuis leur création en 1936. Après un passage à vide à la fin du siècle dernier, Pinewood a renoué avec la croissance et s’est lancé dans une ambitieuse expansion internationale. Le groupe britannique possède des studios aux Etats-Unis, au Canada, en Malaisie, en République dominicaine et en Chine. Incapables de répondre à toutes les demandes, les studios ont annoncé des investissements de 200 millions de livres permettant de doubler les capacités de tournage d’ici à quinze ans. La première phase des travaux, bouclée en juin 2016, permettra de tourner deux blockbusters de plus par an. La productrice de « Star Wars », Kathleen Kennedy, a vanté le talent des artistes britanniques pour expliquer le choix de Pinewood. Mais ce n’est pas la seule raison. Les incitations fiscales, récemment renforcées par George Osborne, sont alléchantes. Les producteurs peuvent récupérer jusqu’à 25 % de leurs coûtsdetournagesousformedecrédit d’impôt, à condition qu’au moins le quart de la production soit réalisée en Grande-Bretagne. — V. C. 30 // Lundi 14 décembre 2015 Les Echos en direct Un hôtel de luxe pour la Cité du vin AQUITAINE — Le producteur AQUITAINE — C’est l’entrepre- d’eaux minérales Ogeu, dans les Pyrénées-Atlantiques, a annoncé son intention de lancer une gamme complète de bières régionales, avec trois produits estampillés basque, béarnais et landais. Le numéro un français des eaux régionales ambitionne de prendre la même place dans les bières régionales. shutterstock PME ®IONS Ogeu se lance dans les bières régionales neur breton Jean-Paul Legendre qui construira l’hôtel de luxe, la halle commerciale dédiée aux produits régionaux ainsi que deux restaurants et l’immeuble de bureaux qui prendront place sur un terrain de 2 hectares, « l’îlot de la fourrière », à côté de la future Cité du vin qui ouvre l’an prochain à Véhicules utilitaires : Durisotti rebondit grâceau camionrecyclable l Le groupe familial a parié sur l’innovation pour poursuivre son redressement après les années de crise. l Il s’apprête à généraliser la fibre de lin dans les trois ans. Olivier Ducuing — Correspondant à Lille Les panneaux en lin seront-ils le nouveau fer de lance de Durisotti ? Le groupe familial de Sallaumines, près de Lens, spécialiste en transformation de véhicules utilitaires, a décidé d’appuyer sur l’accélérateur du développement durable, en créant un véhicule à la carrosserie 100 % recyclable. Il aura fallu quatorze mois de développementetplusieursbrevets pour mettre au point ce Polyvolume nouvelle génération, dont les flancs, le capitonnage intérieur comme le plancher sont produits sur place, en fibre de lin durcie par une résine thermoplastique recyclable. L’utilisation de ces composites de structures aluminium sans soudure permet de réduire le poids du véhicule de 140 kg et d’accroître ainsi la charge utile de 15 à 22 %. François Loor, président de Durisotti SAS, concède un surcoût pour ces matériaux mais compensé par le changement de procédé et la fabrication en interne. « Sous 36 mois, tous les composants utilisés chez nous seront en lin », assure le dirigeant. Ce virage technique s’appuie sur une très forte intégration des savoirfaire chez Durisotti. Plasturgie, tôlerie,mécanique,sérigraphie,sellerie, les 230 salariés ont des compéten- ces transverses leur permettant de modifier tous les éléments– « sauf le moteur ! »–pourcréerdesvéhicules sur mesure. Leurs clients sont aussi bien les forces de l’ordre que les urgences médicales, le transport de personnes à mobilité réduite, mais aussi beaucoup d’entreprises comme Darty ou le groupe Hilti, pour lequel il conçoit un camion de formation à la robotique avec trois ateliers embarqués. V éhicule au biocarburant, barge adaptable p o u r v o i e d ’e a u , « appli » mobile de planification des tournées… 22 projets innovants pour une « logistique durable » ont été retenus cet automne par la Ville de Paris pour être expérimentés pendant un an dans la capitale. Les enjeux sont majeurs. Un bilan sera dressé au printemps par l’Ademe et la CDC. L’entreprise familiale a pris le tournant du futur avec ses carrosseries 100 % recyclables en fibre de lin, mais elle a aussi élargi son offre aux rotors d’éolienne ou aux aménagements de magasin. Photo DR rotors d’éolienne dans son unité plasturgiste et des aménagements de magasin pour Burger King. Un nouveau plan d’investissement de 1 million d’euros doit être engagé en 2016, notamment pour intégrer une découpe laser et réinternaliser des fonctions aujourd’hui soustraitées. Le groupe, qui compte une entité à Agen et deux autres dans l’Est de la France, devrait générer 38millionsd’eurosdechiffred’affaires cette année et vise les 41 millions l’an prochain. n Lecarrossier frigorifique Lamberet accélèreavecsonchâssis ingénieux Le constructeur de véhicules isothermes se dote d’une cinquième usine. Et innove avec un nouveau châssis plus écologique. lions, dont 30 millions seront générés par la nouvelle usine de SaintEusèbe, en Saône-et-Loire, qui sera opérationnelle d’ici à mi-2016. Une nouvelle usine Vincent Charbonnier — Correspondant à Lyon Ce châssis pourrait bouleverser l’univers des livraisons. Le constructeur de véhicules isothermes Lamberet, basé à Saint-Cyr-surMenthon (Ain), a mis au point une nouvelle technologie d’essieux directeurs qui permettent d’obtenir des rayons de braquage plus courts. L’avantage : une grande maniabilité du véhicule – alors que certains pèsent jusqu’à 19 tonnes – et une durée de vie plus longue des pneus. Les gains sont aussi intéressants en termes de coût d’exploitation et de réduction de la consommation de carburant. Lamberet compte sur cette innovation pour accroître sa part de marché en France. Elle est déjà en progression de 2 points chaque année depuis cinq ans. Le constructeur a présenté d’autres nouveautés lors du Salon du transport routier Solutrans, qui La nouvelle technologie d’essieux permet une grande maniabilité du véhicule. Photo DR s’est tenu à Lyon du 17 au 21 novembre. Ainsi, la semi-remorque « ferroutable », qui permet au camion d’aller directement de la route au train. L’innovation est l’un des moteurs du groupe de 900 personnes, dont le chiffre d’affaires s’élèvera à 165 millions d’euros en fin d’annéecontre140millionsen2014. D’ici à 2020, le groupe vise 200 mil- « Il fautsurtout innoverpour mutualiser lesflux logistiques. » Propos recueillis par Marion Kindermans [email protected] L’avance consentie par les collectivités a permis à la société de prendre un virage technique remarqué. Latempêtedelacriseautomobile de 2008 puis des quatre années suivantes, aggravées par le recul de la commande publique, avaient fortement dégradé la situation de l’entreprise, alors qu’elle venait d’investir beaucoup. L’effet de ciseaux l’a conduite au redressement judiciaire en 2012 et à une forte réduction d’effectifs. Une période désormais oubliée. Appuyéparuneavanceremboursable de 1 million d’euros des collectivités, Durisotti a pu développer son véhicule recyclable mais aussi élargir son offre. Depuis deux ans, l’entreprise toujours 100 % familiale transforme par exemple des voitures de série en véhicules de sport pour Peugeot Sport et Citroën Racing. Elle fabrique aussi des 3 QUESTIONS À… CHRISTOPHE NAJDOVSKI Adjoint aux Transports à la Ville de Paris AFP CARROSSERIE Bordeaux. Un projet de pôle réceptif d’environ 75 millions d’euros financé par le groupe de BTP Legendre, qui assurera la construction des bâtiments d’une surface de 35.000 m2 pour des livraisons prévues de 2016 à 2018. C’est la société belge Interparking qui exploitera le parc de stationnement de 450 places et les services associés. Bordeaux Métropole Aménagement étudie la possibilité de transformer les silos à grains voisins en hôtel. En trois ans, 10 millions vont être investis pour aménager cet ancien bâtiment de plasturgie. L’usine, qui emploiera 150 salariés d’ici à 2020, permettra d’accroître de 100 % la production de véhicules utilitaires et de réduire les délais de fabrication. Lamberet va pouvoir spécialiser trois autres de ses unités industrielles pour 2 à 3 millions d’euros. Celle de Saint-Cyr-sur-Menthon sera dédiée aux véhicules industriels de 7 à 44 tonnes, celle de Sarreguemines (Moselle) produira des kits de panneaux de caisses frigorifiques pour l’export. La capacité de production de l’usine de sa filiale allemande Kerstner, près de Francfort, sera doublée. Ces investissements seront «entièrement autofinancés», souligne Quentin Wiedemann, directeur marketing de Lamberet. C’està-dire sans renfort financier de son actionnaire chinois, le groupe Avic. n Avecson BIL,Libner imaginel’éco-livraison Le carrossier Libner a conçu un mini-fourgon électrique logeable dans un camion classique. Son innovation fait fureur. Stéphane Frachet — Correspondant à Tours BIL pour « base intelligente logistique ». Ou comme « bonne idée Libner ! », plaisante François Libner, PDG du carrossier industriel qui a conçu, avec les designers Central Design et Design Way, ce « hub » composé d’une remorque classique dans laquelle vient se loger un véhicule électrique compact apte à transporter une palette de 800 kilos. Lorsqu’il vient se garer à proximité du point de livraison, le camion classique fait office d’entrepôt décentralisé. Le second « sert de brouette » en venant décharger les différents colis. Une innovation primée à plusieurs reprises, et pour laquelle l’entreprise a été retenue cet automne par la Ville de Paris dans ses solutions pour une logistique durable. Depuis 2013, cette PME familiale de Saint-Maixent (Deux-Sèvres) planche sur ce sujet crucial pour les transporteurs logisticiens : comment faire face à l’encombrement des villes, qui empêche les poids lourds d’entrer + 1,3 % D’IMMATRICULATIONS D’UTILITAIRES EN 2014 Leur nombre s’élève à 372.074 au total en France. Source : CCFA dans les hypercentres, tout en garantissant des livraisons nombreuses dans les délais impartis. Le fameux enjeu « du dernier kilomètre », qui, en plus de répondre aux contraintes de circulation, doit être moins polluant. Prototypes Heuliez Pour répondre à ce défi, Libner a investi 1 million d’euros dans les trois premiers prototypes de son véhicule BIL. L’entreprise a bénéficiédeprêtspublicsàl’innovationde Bpifrance et de la région PoitouCharentes. Un modèle a été testé par le logisticien allemand Schenker dans les centres-villes de La Rochelle et de Niort. Et le livreur France Boissons s’est engagé sur une trentaine d’exemplaires. La commercialisation est attendue fin 2016, après la phase de production industrielle, qui est en discussion. En effet, les premiers prototypes ont été motorisés par Heuliez. L’an passé, Libner avait tenté de mettre la main sur les chaînes de montage du constructeur de voitures électriques, à Cerizay (Deux-Sèvres),maissonoffren’avait pas été retenue. « Nous n’avons pas les capacités de devenir assembleur de véhicules », admet François Libner, dont le groupe a réalisé 37 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014 grâce à ses carrosseries et bâches pour le transport. Libner recherche, du coup, un nouveau partenaire industriel. « Plusieurs constructeurs sont intéressés », assure Christophe Troubat, directeur du projet et dirigeant de Design Way. Libner a dû renoncer à une sacrée mise en avant : invité à présentersonvéhiculeàlaCOP21au Grand Palais, à Paris, le projet a été annulé pour raisons de sécurité. n 1 Quelles sont les innovations marquantes portées par des start-up ou des entreprises qui vont être testées à Paris ? Ce ne sont pas des dispositifs révolutionnaires, mais ils améliorent le fonctionnement de la logistique. Ce sont davantage des innovations organisationnelles que techniques dont nous avons besoin. La plupart portent sur la mutualisation des flux de livraison : espaces logistiques urbains collaboratifs, partage des consignes sécurisées… Il ne suffit pas de remplacer les gros camions anciens par des fourgonnettes. Il faut mettre en place une logistique propre du dernier kilomètre. 2 En quoi réinventer cette filière est-il un enjeu majeur pour Paris ? Il s’agit de réduire l’impact environnemental de la livraison. Sur les 400.000 véhicules qui circulent chaque jour dans Paris, 100.000 transportent des marchandises. Ces livraisons représentent un quart du trafic et sont responsables d’un tiers de la pollution. Depuis dix ans, nous organisons des rencontres avec les acteurs privés (chargeurs, clients…) et la Ville. Nous avons mis en place seize groupes de travail, c’est dire l’importance du sujet. 3 Qu’en est-il des bornes de recharge pour les véhicules électriques que vous deviez déployer sur Paris ? Nous avons pris un peu de retard, mais le parc sera inauguré début 2016. Nous allons installer 60 bornes supplémentaires, équipées de trois points de recharge chacune, implantées surtout sur les aires de livraison. Le réseau sera étendu à terme sur le boulevard périphérique en direction des aéroports. On travaille aussi sur les véhicules au gaz. n PME & REGIONS // 31 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 4,8 fois inférieur à l’estimation de la Cour des comptes. « Ces anomalies faussent le bilan » et rendent « presque impossible pour la ville le contrôle de la réalité de l’exécution des prestations », écrivent les magistrats. Rainer Unkel/RÉA MILLIONS D’EUROS POUR PARIS-PLAGE Un rapport de la Cour des comptes révélé par Le Point affirme que la Mairie de Paris minore sciemment le coût de l’opération estivale ParisPlage. En 2013, le budget de 1,5 million d’euros affiché par la mairie de Bertrand Delanoë était deux à trois RHÔNE-ALPES — La Banque européenne d’investissement va apporter 65 millions d’euros pour la modernisation du Synchrotron européen de Grenoble. 21 pays doivent investir en tout 150 millions d’euros pour rénover cet appareil de 844 mètres de circonférence qui emploie 630 personnes et permet d’observer les échelles atomiques. La création d’une usine de meubles avioniques à Casablanca mécontente les salariés français. Laurent Marcaillou — Correspondant à Toulouse La création d’une usine au Maroc a entraîné la grève d’une partie minoritaire du personnel de Latécoère ces derniers jours à l’appel de la CGT. En réponse, la direction propose d’avancer les négociations sur les salaires dès janvier. Débarrassé de sa dette cette année après sa recapitalisationetl’entréedesfonds américains Apollo et Monarch qui ont pris 26,4 % du capital, le groupe toulousain d’aéronautique a annoncé son intention de construire une usine de câblage au Maroc. Ce nouvel investissement à l’étranger est mal vécu par la CGT, qui se plaint de la gestion serrée de l’effectiftoulousainde1.000salariés et du gel des salaires. Latelec, la filiale de câblage de Latécoère, ouvrira au début 2016 à Casablanca une usine de meubles avioniques (où s’insèrent les calculateurs) et de câblages d’interconnexion pour les avions A320 et A350 d’Airbus. 300 salariés en 2018 Cette unité devrait employer 300 personnes en 2018. Elle démarre dans un bâtiment en location puis Latelec construira son propre atelier d’ici à deux ans, en investissant 10 millions dans l’usine et la formation sur cinq ans. Le groupe veut répondre ainsi à la forte augmentation de la production de l’A320, qui doit passer de 44 à 60 avions par mois d’ici à 2019, et du nouveau long-courrier A350 qui montera de 2 à 10 appareils par mois d’ici à 2018. « Pour les fortes cadences, nous préférons avoir deux lieux de production en parallèle pour parer à tout défaut dans une usine », explique Hervé Schembri, directeur de la stratégie. Ween invente l’énergie à la carte avec son thermostat connecté Ween Latécoère va ouvrir une usine au Maroc MIDI-PYRÉNÉES innovateurs 65 millions d’euros pour le Synchrotron LA TECHNOLOGIE WEEN Date de création : 2014 Président fondateur : Jean-Laurent Schaub Effectif : 7 personnes Secteur : énergie Latécoère est le premier fabricant mondial de meubles avioniques et le deuxième pour les systèmes d’interconnexion. Paul Molga — Correspondant à Marseille Photo Lydie Lecarpentier/RÉA Latelec possède déjà une grande usine de câblage de 800 salariés en Tunisie et, depuis 2013, une unité de 350 salariés au Mexique. Bas coût des salaires, proximité relative des chaînes de montage d’Airbus de Toulouse et de Saint-Nazaire expliquent cette décision. La filiale de câblage conserve 700 salariés en France pour rester proche du bureau d’études et fabriquer les câbles de satellite et d’hélicoptère. Latécoère est le premier fabricant mondial de meubles avioniques et le deuxième pour les systèmes d’interconnexion. Le câblage pèse 28 % de son chiffre d’affaires de 664 millions d’euros en 2014 et se développera sur les futurs avions plus électriques. Le groupe veut produire à terme des équipements électriques. Il fabrique déjà les systèmes de caméra qui montrent l’environnement de l’avion aux passagers. Pour aller plus vite, il est prêt à acquérir des entreprises dans les systèmes d’interconnexion et les portes. Outrelecâblage,ilfabriquedesportes d’avion en République tchèque et assemble des tronçons de fuselage au Brésil. n Des thermostats connectés sont déjà commercialisés. Le cabinet d’études GFK leur promet même un avenir radieux, avec un marché mondial qu’il évalue à 3 milliards de dollars en 2018. A la tête de Ween, une start-up française qui sera récompensée d’un Innovation Award au prochain CES de Las Vegas début janvier, Jean-Laurent Schaub a sa petite idée pour y prendre une grande place. Il a imaginé une box wi-fi rendue intelligente grâce à plusieurs algorithmes qui analysent le profil thermique de la maison où elle se trouve, L’IGN cède sa filiale internationale au nantais Fit Ce groupe indépendant, spécialiste des données géographiques, gagne ainsi une marque et une force de frappe internationale. Emmanuel Guimard — Correspondant à Nantes Chacun a un jour déplié une carte IGN. Mondialement connu, l’institut public a développé d’autres activités, dont celles d’IGN France International, une filiale export œuvrant dans l’ingénierie d’information géographique avec 22 salariés pour un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. Dans le cadre d’un recentrage sur son cœur d’activité, l’IGN vient de céder sa participation majoritaire danscetteentité.C’estlegroupenantais Fit qui en détient désormais 66 % des parts. De fait, IGN FI et son acquéreur travaillaient déjà fréquemment ensemble. C’est actuellement le cas sur des projets cadastraux dans l’Haïti de l’après-séisme, en Equateur ou sur la cartographie urbaine de la capitale tchadienne N’Djamena. Avec IGN FI, Fit gagne surtout une marque internationale, une force commerciale et un quasidoublement de son activité hors de France, soit près de 20 millions d’euros. De son côté, IGN FI s’adosse à un groupe très technologique, investissant 3 millions d’euros par an en R&D dans l’analyse des données géographiques. Fit est un groupe indépendant, majoritairement détenu par ses dirigeants. « Noussommespassésd’unecentaine de salariés en 2000 à 650 aujourd’hui », mentionne son président, Eric Thalgott. Son chiffre d’affaires s’élève à 60 millions d’euros. Analyse foncière A l’origine, Fit n’était qu’un cabinet de géomètres, avant de trouver un vaste gisement de croissance dans la production et l’analyse de don- nées géographiques, puis dans la mise en place d’outils d’aide à la décision et l’analyse foncière. Par la suite, le groupe s’est engagé dans la réalisation d’infrastructures, supervisant des chantiers de tramways, d’autoroutes ou de TGV. Deux autresfilialescomplètentsessavoirfaire : Memoris, dans les systèmes d’information géographiques (SIG), et Pixelius, dans la production de données, de bases cartographiques ou la modélisation 3D. Pour Eric Thalgott, Fit a encore de belles pages à écrire avec l’émergence de l’open source, de la mutualisation des données, et des « smart cities ». « Dans ce contexte, prédit le dirigeant, la place de l’information géographique sera prépondérante. » n Aéroprotec se rapproche des avionneurs LA PME À SUIVRE AQUITAINE Effectif : 115 salariés Chiffre d’affaires : 7,7 millions Activité : traitement de surface Pierre Etcheleku — Correspondant à Bayonne Dans la filière aéronautique, c’est un passage obligé. Les pièces d’avions civils et militaires doivent passer chez un spécialiste du traitement de surface, une protection. C’est le métier d’Aéroprotec. « L’axe moteurdel’entreprise,c’estdemettre en adéquation un savoir-faire bien spécifique et le tempo de notre développement économique, résume son gérant, Thierry Haure-Mirande. Aux mains de Britanniques, Aéroprotec perdait de l’argent avant sa reprise en 2005. Nous avons donc voulu d’abord maîtriser à fond les techniques. » Quasiment toutes les opérations sefontmanuellement,quecesoient les procédés contre la corrosion, les dépôts d’argent ou le nickelage. Les ateliers sont ainsi une enfilade de postes et d’établis, avec quelques cuves. De la sorte, 1,8 million de pièces ont été traitées en 2014 et, après le contrôle non destructif – de rigueur dans un secteur comme l’aéronautique – la société garantit sa prestation trente ans. « Dès 2007, nous nous installions en Tunisie, pays où 10.000 personnes travaillent dans l’aéronautique », explique Thierry Haure-Mirande qui est aussi l’un des dirigeants du groupement d’industriels du secteur dans le pays (le Gitas). Prestation sur site Cette filiale constitue aussi une plate-forme pour accompagner les entreprises de la branche, en particulier sur les marchés francophones. Avec elle, Aéroprotec cumule 7,7 millions d’euros de ventes avec uneffectifde85salariésenFranceet 30 en Tunisie. Même stratégie avec une implantation en cours à Montréal. Le Canada, avec des constructeurs comme Canadair, Bombar- dier ou Bell, peut ouvrir des portes vers les marchés américains. Cette croissance externe passe aussi par des extensions dans l’Hexagone. Le dirigeant de cette entreprise familiale de Pau (Pyrénées-Atlantiques) tient à financer ses opérations « sansperdresonâme »avecdespartenaires ou avec les banques. Outre l’ambition d’accéder au statut d’ETI, Aéroprotec fignole un autre développement : laprestation sur site auprès des donneurs d’ordre. Ce sera toujours du traitement de surface mais en direct et après diagnostic et étude « pour ne pas être seulement un exécutant », ce qui ne l’empêchera pas de doubler en 2017 son site de Pau à 10.000 mètres carrés. n 500 préventes « Ce produit peut faire réaliser entre 25 et 28 % d’économies sur la facture de chauffage », promet Jean-Laurent Schaub, qui a déposé un brevet international pour protéger son invention, dont le prix public est fixé à 349 euros. Sur la plate-forme de crowdfunding KissKissBankBank, il a déjà réalisé 500 préventes à prix préférentiel pour l’équivalent de 42.000 euros. Mais ses objectifs sont plus ambitieux : couvrir d’ici à cinq ans entre 5 et 10 % du marché mondial du thermostat connecté. Il boucle actuellement une levée de fonds proche de 1 million d’euros pour en démarrer la commercialisation. n ElsaLys se recapitalise pour développer de nouveaux anticorps tion d’une étude de toxicologie sur des primates, le programme anti-CD 160 en ophtalmologie pourra passer au stade préclinique », explique le docteur Christine Guillen, directrice générale et cofondatrice d’ElsaLys Biotech. Jean-Marie Huron PAYS DE LA LOIRE en fonction de ses caractéristiques et de la météo locale. Grâce à ces informations, elle est capable de donner des instructions précises au thermostat auquel elle est reliée. Elle sait, par exemple, en combien de temps chauffent les pièces par vent d’Est. Cette box qui est également connectée aux smartphones des occupants, réagit aussi à leurs déplacements. S’ils quittent le domicile, le thermostat baisse proportionnellement à leur éloignement. Quand ils rentrent, il remonte jusqu’à la température de confort programmée, en calculant le temps de retour en fonction de la circulation. Maillon essentiel LA LEVÉE DE FONDS ELSALYS BIOTECH Date de création : 2013 Directrice générale : Christine Guillen Montant : 2,7 millions d’euros Effectif : 11 personnes Secteur : biotechnologies Christian Lienhardt — Correspondant à Strasbourg Conceptrice d’anticorps thérapeutiques dédiés à l’oncologie e t à l ’o p h t a l m o l o g i e , l a start-up alsacienne ElsaLys Biotech vient de finaliser la première tranche de 2,7 millions d’euros d’une levée de fonds de 5 millions d’euros en cours de bouclage. Ce financement apporté par Sofimac Partners, déjà actionnaire, par l’Institut Mérieux et par Crédit Agricole Création lui donne les moyens d’accélérer ses travaux de R&D sur trois séries d’anticorps. « Après la réalisa- Cette levée de fonds lui permettra aussi de mener à terme ses recherches sur des anticorps dédiés à l’oncologie, en particulier l’anti-Tyro3 destiné à inhiber la croissance des cellules tumorales et à stimuler les défenses immunitaires. Ce programme qui cible le traitement des tumeurs musculaires et des cancers de la vessie avait déjà bénéficié cet été d’une subvention de 1,57 million d’euros du Fonds unique interministériel (FUI). La jeune société biopharmaceutique se positionne comme un maillon essentiel entre la recherche académique et l’industrie pharmaceutique, pour sélectionner de nouveaux anticorps et les amener jusqu’aux études cliniques. Spin-off de Transgene, qui s’est recentré en 2013 sur l’immunothérapie active, mais continue de l’héberger au Parc d’innovation d’Illkirch, ElsaLys Biotech a déjà conclu plusieurs accords de licence et de collaboration, notamment avec l’Institut Curie, l’Inserm et le CNRS. n 32 // Lundi 14 décembre 2015 Les Echos FINANCE &MARCHES REMONTÉE DE L’EURO VERS 1,10 DOLLAR L’euro était en progression face au dollar vendredi, bénéficiant de la tourmente sur les marchés financiers pour flirter de nouveau avec le seuil de 1,10 dollar dans un marché toujours focalisé sur une possible hausse des taux directeurs par la Réserve fédérale américaine. La monnaie unique a terminé en hausse de 0,45 % à 1,0991 dollar. Le billet vert a perdu 0,3 %. les indices Wall Street se fait peur à l’approche d’une réunion décisive de la Fed l La réunion de la Réserve fédérale mercredi et le repli du pétrole ont provoqué des turbulences sur tous les marchés. l Deux fonds américains sur la dette risquée sont en difficulté, suscitant des craintes de contagion à d’autres segments. MARCHÉS La réunion de la Réserve fédérale (Fed) mercredi suscite déjà de fortes turbulences sur les marchés, comme en témoigne le décrochage brutal de Wall Street vendredi. L’indice Dow Jones a perdu 1,76 % et le Nasdaq 2,21 %. Le billet vert a perdu 0,3 %. Outre la chute du pétrole, l’élément déclencheur a été lasuspensiondesretraitsd’undeses fonds par la société de gestion Third Avenue. Incapable de vendre ses titres obligataires à temps et dans de bonnes conditions afin de pouvoir rendre leur argent à ses investisseurs, Third Avenue a suscité de forts remous sur le marché des obligations à haut rendement (les titres les plus risqués) sur lequel il opère. Un segment loin d’être anecdotique L’indice « haut rendement » a chuté de 2 % vendredi dans des volumes très élevés. Il est tombé à son plus bas niveau depuis juillet 2009. Les marchés redoutent que cet exemple fasse tache d’huile et que d’autres fonds soient dans cette situation. C’est déjà le cas de Stone Lion Capital, un fonds créé par des anciens de Bear Stearns, la banque qui,menacéedefaillite,futrachetée par JP Morgan en 2008. Déjà lors de cette crise, le risque de liquidité avaitcausédenombreuxdégâtsetil est aujourd’hui un motif de préoccupation supplémentaire pour la Fed. En effet, le segment des obligationsd’entrepriseàhautrendement est loin d’être anecdotique puisque, de par le monde, une entreprise sur deux est dans cette catégorie, contre 40 % en 2007, selon l’agence Standard & Poor’s. L’un des indices de référence en matière de protection contre un défaut ou « credit default swap » de la dette spéculative a bondi de 5,52 points de base, s’approchant de s o n p l u s h a u t n i ve a u d e p u i s trois ans. Dans un climat déjà tendu,plusieursacteursdemarché, et non des moindres, ont fait part de leur pessimisme. L’investisseur activiste Carl Icahn a ainsi prédit que « la débâcle ne faisait que commencer » dans un tweet vendredi. De quoi aggraver les inquiétudes sur le marché du « high yield ». Depuis quelques mois, les sorties de capitaux s’accélèrent. Le nombre de sociétés de cette catégorie de crédit faisant défaut sur leur dette s’est rapidement accru, pour atteindre cette année 102 entreprises. Et la perspective d’un relèvement des taux directeurs américains dans quelques jours diminue l’appétit pourlerisquedesmarchés.Rienque la semaine dernière, près de 3,5 milliards de dollars ont ainsi été retirés de l’ensemble des fonds « high yield » outre-Atlantique. Or le marché des junk bonds est par nature trèspeuliquide,cequicompliqueles ventes.Lesdemandescroissantesde sortie des investisseurs viennent donc augmenter la tension sur le marché, entraînant un cercle vicieux. Surtout, par contagion, celui-ci pourrait s’étendre à d’autres classes d’actifs. D’ailleurs, les difficultés du marché de la dette à haut rendement ont tendance à précéder historiquement les chutes de Wall Street. Le comportement des actions américaines, et notamment des petites valeurs, après la première hausse des taux aux EtatsUnis depuis 2006, reste une grande inconnue pour les marchés. — G. B. et N. A.-K. Laliquidité,talond’Achille des fonds obligataires Deux fonds américains d’obligations risquées sont incapables de faire face aux demandes de retrait. Guillaume Benoit [email protected] La crise de la liquidité sur le secteur de la dette des entreprises mal notées aux Etats-Unis a fait sa première victime. Vendredi, la société de gestion américaine Third Avenue a annoncé qu’elle suspendait les remboursements demandés par les porteurs de son fonds Focused Credit Fund, qui compte près de 800 millions de dollars d’encours. Il s’agit de la première situation de ce type aux Etats-Unis depuis 2008 et les difficultés ayant conduit à la faillite le fonds monétaire Primary Reserve Fund. C’est surtout un sacré coup de semonce pour le marché américain des obligations d’entreprise à haut rendement. Et ce d’autant plus qu’un autre fonds de 1,3 milliard de dollars, Stone Lion Capital, est lui aussi dans l’impossibilité de rendre aux investisseurs leur argent. Les marchés redoutent un effet de contagion. ECHOS n LES FRANCHISE & COMMERCE ASSOCIÉ Franchiseur, nous vous accompagnons dans le développement de votre réseau. Site éditorial de référence, Les Echos de la franchise vous accompagne dans le recrutement de vos franchisés et le développement de votre réseau. En savoir plus sur solutions.lesechos.fr/franchise Un service proposé par Les Echos Solutions 1 UN DÉSAMOUR DES INVESTISSEURS Depuis quelques mois en effet, dans la perspective d’une hausse des taux de la Reserve fédérale – et face à l’augmentation des défauts de paiement chez les sociétés de la catégorie spéculative (notées BB+ ou moins) –, les investisseurs se retirent en masse de cette classe d’actifs. Rien que la semaine dernière, près de 3,5 milliards de dollars ont ainsi été retirés sur l’ensemble des fonds « high yield » outreAtlantique. 2 DES CHOIX MALHEUREUX Le fonds de Third Avenue n’a pas échappé à cette tendance, d’autant qu’un certain nombre de ses paris se sont révélés désastreux. Au point que ce dernier a été « submergé par la mauvaise performance de ses 3,5 MILLIARDS DE DOLLARS ont été retirés sur l’ensemble des fonds « high yield » outreAtlantique la semaine dernière. actifs de basse qualité et en situation de “stress” sur leurs remboursements », selon un investisseur cité par Reuters. Il y a près d’un an, les encours sous gestion du fonds représentaient 2,75 milliards de dollars. Ils ont depuis fondu sous l’effet des retraits et des baisses de valorisation pour atteindre 789 millions de dollars jeudi. 3 UNE LIQUIDATION QUI PRENDRA PLUS D’UN AN Confronté à des demandes de remboursement croissantes, le fonds a dû commencer à céder des actifs pour disposer du cash nécessaire. Orlemarchédeladetted’entreprise à haut rendement est assez illiquide, ce qui signifie qu’il est difficile de vendre rapidement un grand nombre de titres. En outre, au-delà des obligations, le fonds possédait également des actions de sociétés mal notées, et des produits dérivés, qui ont encore plus de mal à trouver preneur. Plutôt que les revendre « à la casse », Third Avenue a donc préféré retarder les paiements à ses clients le temps de liquider le fonds… le moins mal possible ! Une opération qui pourrait prendre un an ou plus. n Nouveauplongeon descours dupétrole L’or noir a connu une nouvelle séance de fort recul, les marchés s’inquiétant de la surproduction et du ralentissement de la demande. Le plongeon de l’or noir paraît sans fin. Le baril de brent, référence européenne, a reculé de 4,63 %, vendredi, à 38,27 dollars. Il s’agit de son plus bas niveau depuis décembre 2008. Quant au WTI, il est passé sous les 36 dollars à 35,62 dollars, soit une baisse de 3,10 %. C’est la cinquième séance de baisse depuis la réunion de l’Opep lasemaineprécédente.Lachutedes prix vendredi s’explique en grande partie par un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) selon lequel le marché pétrolier mondial restera saturé au moins jusqu’à la fin de l’année prochaine, conséquence d’un ralentissement de la croissance de la demande (+ 1,2 million de barils par jour) et d’une nette progression de la production de l’Opep. Par ailleurs, la décision de l’Opep de maintenir son plafond de production inchangé et, donc, de ne pas intervenir pour soutenir les prixàlahausseenréduisantsaproduction fait, elle aussi, craindre une offre trop importante par rapport à la demande et pousse les prix à la baisse. Les craintes sont d’autant plus grandes que le cartel publiait jeudi un rapport dans lequel il expliquait que la production de ses membres en novembre avait été plus importante que prévu de 230.000 barils par jour à 31,7 millions de barils. La chute des cours depuis un an et demi s’explique par l’essor de la production aux EtatsUnis grâce aux hydrocarbures non conventionnels, mais aussi par l’attitude de l’Opep cherchant à maintenir sa production théorique inchangée à 30 millions de barils par jour pour préserver ses parts de marché. Controverse En outre, le Congrès américain est prêt à lever l’interdiction faite aux compagnies américaines d’exporter du pétrole, un facteur qui pourrait peser encore sur les cours de l’or noir. En effet, en contraignant les producteurs à réserver leur production au marché américain, celui-ci visait à protéger les consommateurs desbrutalesvariationsdepriximposées par l’Opep. Mais le boom du pétrole de schiste a changé la donne. La Chambre des représentants a déjà voté à deux reprises pour une levée de l’interdiction, mais le Sénat a refusé jusqu’ici d’examiner la mesure, qui reste très controversée aux Etats-Unis. Cette fois, les débats surcesujets’inscriventdanslecadre d’un accord global entre républicains et démocrates sur le budget fédéral, en négociation depuis le mois d’octobre, et qui doit aboutir dans les prochains jours. — E. C. et E. G. FINANCE & MARCHES // 33 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 Radiographiedel’inspection générale, l’élite delabanque l Les inspecteurs généraux forment un vivier des futurs cadres dirigeants. l Ils s’assurent que les risques pris par les établissements sont maîtrisés et pilotés. Société Générale dépoussière sonconcours BANQUE Véronique Chocron [email protected] C’est un corps à part dans le monde de la banque, un bataillon d’esprits bien formés, sélectionnés pour leur rigueur, vivant au rythme des missions de contrôle qui les envoient en cadence aux quatre coins du globe. Les inspecteurs généraux des banques françaises ont la tâche essentielle d’évaluer les risques des différents métiers et des filiales du groupe : le risque bancaire (les crédits et leurs contreparties), les risquesfinanciers(laliquidité,lerisque de taux…), les risques en matière de conformité (protection de la clientèle, lutte contre le blanchiment et le financementduterrorisme).Maisils doivent également contrôler la bonne gestion des ressources humainesoulastratégiededéveloppement commercial. « Uneentreprisesansrisqueestune entreprise non rentable et non pérenne. Nous devons nous assurer que les risques pris sont les bons, c’està-dire des risques maîtrisés et pilotés. L’affaire Kerviel a été vécue par toutes les banques comme un accident industriel, et nous veillons à ce qu’un tel accident ne se produise jamais », résumeMaximeCrespel,inspecteur principal chez BPCE. Dans cet établissement mutualiste, le programme d’inspection consiste en un plan pluriannuel de quatre ans au coursdesquelstouteslesactivitésdu groupe seront passées au peigne fin. Pour y parvenir, la direction de l’inspection envoie trois fois par an ses équipes sur le terrain, pour des missions de quatorze semaines, qui s’effectuent aussi bien dans une région française qu’en Asie ou aux Etats-Unis.AlaSociétéGénérale,qui possède une banque importante en Russie, des missions peuvent être diligentées en Sibérie. Des milliers de candidats Qui sont donc ces inspecteurs qui doivent,pendantlessixansquedure leur parcours, conjuguer polyvalence, rigueur, indépendance et, en matière de vie privée, une entière disponibilité ? Ils sont d’abord très jeunes. Le concours de l’inspection générale permet à des diplômés des grandes écoles d’ingénieurs ou de commerce d’entrer dans un groupe bancaire par la grande porte. Les La banque réforme son concours d’entrée à l’inspection générale, en introduisant des tests en ligne pour la prochaine promotion. épreuves – écrites, orales, individuellesetengroupe–sonttrèssélectives puisque les concours attirent chaque année des milliers de candidats, dont seuls quelques dizaines intégreront l’inspection d’une grande banque. Autre trait commun à tous les inspecteurs : leur résistance à un rythme de travail extrêmement soutenu. « Nous recrutons des étrangers ne parlant pasnécessairementfrançais,maisqui s’engagent à l’apprendre au cours de la première année ; en trois ou quatre mois,ilsmaîtrisentlalangueàl’oralet commencentàrédigerenfrançais,qui est le plus souvent la langue de travail », indique Maylis Coupet, inspecteur principal chez Société Générale.Unboninspecteurdoit,en outre, être parfaitement à l’aise à l’oral. « Nos rapports d’inspection s’adressent à la direction générale de la banque, qui est notre destinataire final. Nous formons donc nos inspecteurs à pouvoir débriefer au plus haut niveau, en langage clair et impactant », poursuit Maylis Coupet. Les lauréats ne tiendront pas tous le rythme de l’inspection, et bon nombre d’entre eux n’iront pas La Société Générale dépoussière son concours de l’inspection générale, ce sésame qui ouvre aux étudiants des grandes écoles une voie royale pour obtenir des postes prestigieux au sein de la banque. Le concours 2016, ouvert aux inscriptions jusqu’à ce lundi 14 décembre, intégrera en effet des tests en ligne. Cette pratique courante dans les programmes de recrutement des banques d’investissement anglosaxonnes, pour écrémer les candidatsparInternet,constitueunepremière pour le groupe installé à la Défense. Ces épreuves en ligne, organisées en janvier prochain, combineront des tests de logique et des tests de personnalité. Ces inspecteurs doivent conjuguer, pendant six ans, polyvalence, rigueur, indépendance et, en matière de vie privée, une entière disponibilité. au bout de ce parcours d’excellence. Mais ceux qui résisteront à la pression viendront alimenter le vivier des futurs cadres dirigeants : à la Société Générale, un quart du comité exécutif et du comité de direction sont d’anciens inspecteurs. « Les inspecteurs arrivent beaucoup plus jeunes à des postes à responsabilité. Ils gagnent une dizaine d’années par rapport à leurs collègues, souligne Maxime Crespel, inspecteur principal chez BPCE. Mais je n’aime pas le terme “élite” : la valeur que nous mettons en avant est l’humilité, car l’expertise est chez la personne auditée, et nous ne sommes pas là pour leur apprendre leur métier. » n Une formation Big Data Cette étape sera primordiale puisque l’objectif de la banque est de conserver 300 candidats à l’issue de cet examen, alors que, l’an dernier, 1.400 jeunes diplômés s’étaient inscrits au concours de l’inspection. Selon une étude, les fraudeurs représenteraient moins de 1 % des candidats. « Il s’agit là d’un premier filtrage, auquel succèdent d’autres épreuves, individuelles et collectives », souligne Maylis Coupet, inspecteur principal chez Société Générale. Après l’inspection générale, la direction des ressources humaines du groupe a le projet d’étendre cette méthode de recrutement, qui démarre par des tests en ligne, à d’autres métiers de la banque. L’inspection générale innove également en élargissant les profils recherchés. Pour certains travaux utilisant de nouvelles méthodes d’analyse de données, elle recherche désormais également des jeunes issus d’écoles d’ingénieurs, ayant suivi une formation Big Data. — V. Ch. Italie : le sauvetagede quatrebanques vireau cauchemarpourMatteo Renzi BANQUE Le sauvetage de quatre banques italiennes a pénalisé de nombreux petits épargnants. Olivier Tosseri — Correspondant à Rome Après un fonds de résolution pour sauver quatre banques – Banca Marche, Banca dell’Etruria e del Lazio, Cassa di Risparmio di Chieti et Cassa di Risparmio di Ferrara – au bord de la faillite, le gouvernement italien lancera un fonds de solidarité pour aider leurs clients ruinés. Un décret adopté en toute urgence le mois dernier lançait un plan de renflouement de 3,6 milliards d’euros évitant ainsi le premier « bail in » prévu par les nou- velles normes européennes. Il s’agissait de couvrir les frais de ce sauvetage in extremis par les trois principaux instituts bancaires du pays finançant le Fonds de résolution national, mais surtout quelque 130.000 actionnaires et environ 10.500 porteurs d’obligations subordonnées détenant 340 millions des 768 millions d’euros émis par les quatre banques. Un sacrifice nécessaire Leur sacrifice était nécessaire pour éviter la faillite, assure le Trésor italien. Il aurait permis de préserver les 12 milliards d’euros de dépôts et les obligations non subordonnées d’un million de clients des banques. L’opération de sauvetage aurait aussi mis à l’abri 7.000 emplois, 200.000 petites et moyennes entreprises qui avaient contracté des prêts ainsi que 25 milliards d’euros de financements à des privés. Des chiffres qui ne calment pas la colère des victimes les plus modestes du plan de renflouement qui ont perdu les économies de toute une vie. Le suicide d’un retraité, apprenant qu’il était ruiné, a exacerbé la tension liée à cette affaire. Pour secourir les petits épargnants lésés, le ministre de l’Economie, Piercarlo Padoan, avait même invoqué la nécessité d’une « aide humanitaire ».Elleprendra laforme d’un fonds de solidarité doté de 100 millions d’euros pour couvrir environ 30 % de leur perte. Les requêtes seront étudiées au cas par casparunarbitreindépendantpour déterminer qui, d’un point de vue social et économique, est le plus en droit d’y recourir. Une solution similaire à celle adoptée par l’Espagne lorsqu’elle avait dû sauver ses banques en 2013. L’Europe salue l’initia- tive mais met en garde contre l’utilisation de toute aide d’Etat. Ce fonds de solidarité sera donc entièrement alimenté par celui interbancaire de garantie des dépôts italiens (FITD), pour éviter de raviver la polémique entre Rome et Bruxelles. La Commission européenne et le gouvernement italien se rejettent la responsabilité de ce qui s’est passé. Jonathan Hill, commissaire à la Stabilité financière, accuse même les banquesitaliennesd’avoirvendudes produits financiers inadaptés à des personnes qui ne savaient pas ce qu’elles achetaient. « On ne peut pas l’exclure », a reconnu le ministre de l’Economie lors d’une audition devantleParlementitalien.Faceaux violentes critiques de l’opposition et à la grogne qui monte à six mois des municipales,MatteoRenziaaccepté la mise en place d’une commission d’enquêtes parlementaire. n Les banques mieux armées face au risque de surchauffe BANQUE Les régulateurs imposent un nouveau coussin de capital lié aux crédits. Sharon Wajsbrot [email protected] C’est un nouveau filet de sécurité qui doit être mis en place dans les banques françaises au cours des prochaines semaines. Prévu dans le cadre de la directiveeuropéenneCRD IV,le « coussin de fonds propres contracyclique », destiné à assurer aux banques un matelas de sécurité en cas de surchauffe de la demande de crédit, est désormais finalisé. Jeudi, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), chargé deprévenirlerisquedu« toobig to fail » en France, a validé ses principes et son niveau, suite aux propositions du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Cette nouvelle contrainte en capital s’imposera pour la première fois aux banques françaises le 1er janvier 2016, après avis de la BCE et publication au « Journal officiel ». Assurance-vie : appel à la baisse des rendements Pour le Haut Conseil de stabilité financière, qui s’est réuni jeudi, une « poursuite des ajustements » à la baisse des rendements de l’assurance-vie est « nécessaire » compte tenu de l’environnement de taux bas. Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Photo G. Rolle/RÉA Il n’y a toutefois pas de quoi s’inquiéter pour les banques françaises à ce stade. « Le Haut Conseil ne constate pas (...) de croissance excessive du crédit danslesystèmebancairefrançais qui pourrait être source de risques systémiques », précise le ministère des Finances dans un communiqué. En conséquence, l’entréeenvigueurdecematelas de fonds propres « contracycliques » devrait, pour son entrée en vigueur, engendrer une surcharge de capital extrêmement limitée, voire nulle, pour les banques françaises. Réévalué tous les trimestres par le HCSF, ce « coussin » pourrait toutefois s’épaissir à l’avenir. Limité à 2,5 % des actifs pondérés des risques présents aux bilans des banques, celui-ci pourra varier en fonction de la demande de crédit, du niveau desécartsdetauxetdesprixdes biens immobiliers. 4 À NOTER Les banques britanniques auront jusqu’en 2020 pour se doter d’un matelas supplémentaire de fonds propres susceptible d’être sollicité en cas de crise (MREL). Lesagencesde notationréhabilitées Le Comité de Bâle a révisé son approche pour le risque de crédit. Il propose de réintroduire le recours aux notations. Lesagencesdenotationpeuvent se réjouir. Le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire a fait machine arrière sur la révision du risque de crédit. En décembre 2014, il avait formulé des propositions visant à supprimer touteréférenceauxnotesdecrédit externe pour calculer la pondération de l’exposition des banques aux entreprises (ou à d’autres banques). Le Comité souhaitait internaliser la mesure du risque en se fondant sur quelques critères (ratio de fonds propres, levier financier des entreprises, chiffre d’affaires, évaluation des prêts non performants...). Il y renonce finalement, dans un document consultatif publié le 10 décembre. Un recul qui s’explique par les inquiétudes des banques elles-mêmes. Celles-ci estiment qu’éliminer complètement la référence aux notes de crédit des agences de rating n’est pas souhaitable, car le dispositif de substitution ne permetpasdemieuxmesurerla sensibilité au risque ni de pouvoir établir des comparaisons pertinentes et fiables. Le Comité de Bâle va donc réintroduire le recours aux notations de crédit externes, mais de manière non mécanique. Les notations externes serviront de « première base » pour calculer le niveau de risque pesant sur chaque actif détenu par les banques, mais cette approcheserasujetteàdes« due diligences » qui pourraient déboucher sur une pondération en risque plus élevée que ne le suppose le simple calcul à partir des notes d’agence. Le Comité a aussi proposé de revoir sa copie sur la pondération des prêts immobiliers, en faisant du ratio prêt sur valeur le principal facteur d’évaluation durisque.Laconsultationpubliquedoitserefermerle11marsau plus tard. — L. Boi. Naissance du russe Akra La nouvelle agence de notation nationale voulue par la Russie pour contrer les puissantes agences occidentales, qui, pour Moscou, défendent les intérêts géopolitiques des Occidentaux, a démarré son activité vendredi. Karl Johansson, employé d’EY (ex-Ernst & Young) depuis vingt ans, a été élu président du conseil d’administration. 34 // FINANCE & MARCHES Lundi 14 décembre 2015 Les Echos LejaponaisSomporenonce àses projets chezSCOR LA SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 2015 ASSURANCE Le premier actionnaire du réassureur français ne va finalement pas monter à 15 % du capital. La Bourse de Paris pénalisée parlepétrole Laurent Thévenin [email protected] Le suspens n’aura pas duré. Moins de quarante-huit heures après les premières fuites dans la presse, le japonais Sompo Japan Nipponkoa Holdings, premier actionnaire de SCOR, a annoncé vendredi renoncer pour l’heure à son objectif de grimper à au moins 15 % du capital du réassureur français. L’assureur japonais a ainsi décidé de « modifier » le plan dévoilé le 6 mars dernier et de « suspendre » son projet d’appliquer la méthode comptable de mise en équivalence à sa participation dans le groupe français. Ce dernier a déclaré « prendre acte » de cette décision et « la respecter pleinement ». « A la connaissance de SCOR, cette décision ne résulte pas d’une révision par Sompo des perspectives financières et commerciales de SCOR », a déclaré le cinquième réassureur mondial, qui souligne que l’assureur japonais est « un client apprécié important » pour lui. Volte-face surprenante La volte-face de Sompo est tout aussi surprenante que son entrée au capital de SCOR cette année, après le rachat de la part de 7,79 % détenue par Patinex, la société du financier suisse Martin Ebner. Le groupe nippon ne s’est pas étendu sur les raisons de cette décision de Paris a terminé •enLafortBourse recul vendredi (–1,84 %), Le siège social de SCOR rue Kléber, à Paris. Photo Gilles Rolle/RÉA prise, explique-t-il, au vu « d’une évaluation globale de la pertinence économique de l’investissement, des changements de l’environnement et d’autres facteurs ». La semaine dernière, la presse japonaise évoquait des « différences dans les stratégies » et, aussi, le fait que le cours de l’action de SCOR s’est beaucoup apprécié depuis mars, renchérissant donc le coût de l’opération. L’histoire semble en fait s’être surtout mal engagée dès le départ. Quand Sompo a fait part publiquement de ses projets en mars, le moment ne pouvait en effet pas plus mal tomber pour SCOR – qui n’était pas partie à la transaction entre l’assureur japonais et Patinex. Le réassureur était alors en Dans le bref communiqué publié vendredi, l’assureur japonais n’a pas indiqué ce qu’il comptait faire de sa participation actuelle. pleine campagne de renouvellements de contrats au Japon. Et il a aussitôt perdu deux de ses clients nippons inquiets de l’arrivée de Sompo à son tour de table et de la perspective que leur concurrent ait, à terme, un représentant au conseil d’administration. Le départ de ces deux clients de longue date aurait été vécu comme un traumatisme par le groupe dirigé par Denis Kessler, qui l’aurait fait comprendre à Sompo. Dans le bref communiqué publié vendredi, l’assureur japonais n’a pas indiqué ce qu’il comptait faire de sa participation actuelle. Le « Nikkei » avait avancé la possibilité que celui-ci revende ses titres. Pour Sompo, tout l’intérêt de l’opération initialement envisagée était en effet d’arriver à 15 % du capital afin de pouvoir consolider une partie des résultats de SCOR. A la suite de ces annonces, le titre SCOR a perdu 1,28 % vendredi à la Bourse de Paris, après avoir déjà lâché près de 7 % la veille. n Lerand sud-africain danslatourmente CHANGES La devise traverse une crise grave à l’image de la mauvaise passe de son économie. Auplusbasdesonhistoire,ladevise sud-africaine affronte une triple crise, économique, financière et politique. En deux séances, la devise sud-africaine a plongé de près de 8 % à 15,75 rands par dollar. Le limogeage du ministre des Finances la semaine passée a été très mal perçu par les marchés, dans un contexte déjà éprouvant pour l’économie sud-africaine.Aveclalivreturque,le rand sud-africain est en effet l’une des devises émergentes les plus vulnérables à une hausse des taux d’intérêt outre-Atlantique. Une perspective qui pourrait se rapprocher avec la réunion de la Réserve fédérale mercredi. Plus du tiers des obligations sud-africaines sont détenues par des investisseurs étrangers, une part élevée à l’aune des autres pays émergents. SICAV-SIF Siège social : 33, rue de Gasperich, L-5826 Hesperange RCS Luxembourg N° B 130.436 Le Conseil d’administration a décidé de verser un dividende intermédiaire à compter du 14 décembre 2015 pour toutes les actions en circulation au 30 octobre 2015 (« Date de clôture des registres »). Le présent document informe les actionnaires qu’ils auront droit, pendant toute la durée de leur investissement dans les Compartiments concernés, à un dividende à la Date de clôture des registres (ordres envoyés avant 16 h 00 CET le jour précédant la Date de clôture des registres comme indiqué dans le Document d’offre). ISIN code Compartment Coupon nr Currency Dividend LU0963670319 Global Senior Corporate Loans Fund 1 EUR 28.35 LU0963670665 Global Senior Corporate Loans Fund 1 EUR 28.35 LU1116584555 Global Senior Corporate Loans Fund 1 EUR 28.35 Sur présentation du coupon de dividende susmentionné, le dividende est payable, uniquement en espèces, auprès des bureaux de l’institution suivante : • Luxembourg : BNP Paribas Securities Services, succursale de Luxembourg. Le Fonds d’investissement alternatif BNP Paribas Flexi III est uniquement commercialisé aux investisseurs professionnels en France. BNP Paribas Flexi III n’est pas destiné aux investisseurs particuliers en France. Luxembourg, le 14 décembre 2015 Le Conseil d’administration CAPITALINVESTISSEMENT Avec Danone, Tereos, Bel et Lesaffre, le groupe soutient un fonds de 160 millions d’euros dédié au microbiome. Un fonds très courtisé Au-delà de la Réserve fédérale, le sort du rand est lié à l’évolution de la BNP PARIBAS FLEXI III Novartisinvestit dans larévolutiondes sciencesdesbactéries La société d’investissement Seventure clôture Health for Life Capital, un fonds santé d’un nouveau genre : il est dédié exclusivement à la révolution des sciences du microbiome, la rechercheautourdelaflorebactérienne, dont le déséquilibre pourrait jouer un rôle dans la maladie de Parkinson, le diabète, l’autisme ou la sclérose en plaques. Note menacée AVIS FINANCIERS terminant au plus bas depuis début octobre, déstabilisée par la dégringolade des cours du pétrole qui nourrit les craintes sur la croissance mondiale. L’ i n d i c e C A C 4 0 a p e r d u 85,50 points à 4.549,56 points, clôturant sous 4.600 points pour la première fois depuis le 2 octobre, dans un volume d’échanges nourri de 4,4 milliards d’euros. La veille, il avait perdu 0,05 %. Parmi les autres marchés européens, Francfort a cédé 2,44 % et Londres 2,22 %. Par ailleurs, l’Euro Stoxx 50 a perdu 2,04%. Du côté des valeurs françaises, le secteur pétrolier et des situation économique du pays. Celui-ci« afficheundéficitcourantet compte sur les flux de portefeuille, par nature volatiles, pour tenter de l’équilibrer. Mais si ces capitaux venaient à sortir du pays, l’impact sur le rand serait fort », explique Daragh Maher, stratège devises chez HSBC. La dégradation de la note du pays en catégorie « spéculative » (les pays les plus risqués) pourrait être un des catalyseurs de cessorties.Eneffet,danscettehypothèse, certains investisseurs seraient contraints par leur réglementation de vendre totalement leurs titres sud-africains. « L’évolution de la devise sud-africaine est de moins en moins liée au dollar et à la Réserve fédérale, mais à des considérations intérieures (économie, crédit, note du pays…) », souligne Peter Attard Montalto, économiste chez Nomura. « Compte tenu de la faiblesse de sa croissance, déficit courant et inflation élevée, le pays n’a finalement qu’un seulvéritableatout,lafaiblesse desamonnaie,quiestplusde20 %en dessous de sa moyenne de long terme », insiste John Normand, stratège chez JP Morgan. Le regain de compétitivité lié à la faiblesse du randpeutsoulagerl’économie.Seulement la faiblesse de la devise sudafricaine risque de nourrir encore davantage l’inflation, qui évolue sur un rythme annuel de 5 % à 6 %, un niveau supérieur à l’objectif de la Fragilisé par la Réserve fédérale, le rand affronte une situation économique intérieure délicate. banque centrale. Dans le même temps, le fort taux de chômage (25 %) couplé à la faiblesse de la croissance, prévue à 1,6 % en 2016, ne plaide guère pour une hausse des taux. Rare motif de satisfaction dans le contexte actuel, à la différence du rouble, très dépendant du pétrole et de sa volatilité, le rand n’est pas tributaire des cours de l’or noir, le pays exportant d’autres matières premières (minerais, métaux de base, pierres précieuses). — N. A.-K. matières premières a été une nouvelle fois sous pression, à l’image de Total (– 2,97 % à 41,80 euros), Technip (–1,96 % à 46,16 euros), Vallourec (– 4,94%à8,33euros)et ArcelorMittal (– 6,38 % à 3,60 euros). Renault a chuté (– 5,28 % à 87,84 euros). Le constructeur automobile japonais Nissan et le gouvernement sont parvenus à un «accord de stabilisation» encadrant l’influence de l’Etat frança is au sein du groupe à l’issue d’un conseil d’administration de la marque au losange. Eurofins aplongé(–9,68 %à 306,20 euros) après avoir renoncé jeudi à une augmentation de capital, via un placement accéléré d’actions nouvelles, en raison de conditions de marché « défavorables ». Elior a gagné 2,04 % à 17,75 euros, après que le groupe a annoncé avoir plus que doublé ses bénéfices au cours de son exercice 2014-2015, achevé fin septembre. La communauté scientifique juge en effet désormais qu’une hygiène trop poussée de 0 à 3 ans ou des naissances par césarienne pourraient entraîner, par exemple, des manques de « bonnes bactéries » ou une mauvaise répartition. Pour soutenir ces recherches et développer des solutions médicamenteuses ou de diagnostic alimentaire, Seventure a levé un fonds de 160 millions d’euros avec un tour de table de premier plan. Le groupe pharmaceutique suisse Novartis, Danone, le sucrier Tereos, le fabricant de levure Lesaffre ou le fromager Belontinvestiaucapitalduvéhicule piloté par Isabelle de Crémoux. Un fonds très courtisé, un seul autre véhicule existant dans le monde à cette heure, l’américain Flagship Ventures, qui a levé 537 millions de dollars.Seventureaainsidûécarter plusieurs grands noms de la pharmacie pour former son groupe d’investisseurs, tels que Pfizer ou Johnson & Johnson. Health for Life Capital a déjà investi dans une série d’entreprises pionnières dans le domaine, comme Eligo Bioscience, qui développe une nouvelle génération d’antibiotiques qui agit uniquement sur les bactéries néfastes, en épargnant les bactéries bénéfiques. Cette branche de la recherche est en expansion. Encore au stade des études cliniques, Seres Therapeutics, introduit en Bourse au Nasdaq en juin, s’est vu valorisé 700 millions de dollars. Le groupe Nestlé y a investi plus de 60 millions de francs suisses. — A. D. en bref Standard & Poor’s maintient la note de la France NOTATION — L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a maintenu vendredi la note « AA » de la dette à long terme de la France, tout en continuant d’envisager de la dégrader à moyen terme.« Nous nous attendons à ce que la France atteigne ses objectifs budgétaires en 2015, mais nous pensons qu’il existe des risques pour ses objectifs 2017 et 2018 », explique l’agence dans son communiqué. « La perspective demeure négative, car elle reflète les risques que nous observons sur la trajectoire de l’endettement, en raison d’une croissance plus basse (...) ou d’une performance budgétaire plus faible, et que les mesures de renforcement de la compétitivité pourraient être atténuées avant l’élection présidentielle de 2017 », avertit S&P. En juin, l’agence avait décidé de maintenir sa note et sa perspective négative. FINANCE & MARCHES // 35 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 euronext séAncE du 11 - 12 - 2015 CaC 40 : 4549,56 (-1,84 %) neXt 20 : 9777,31 (-1,66 %) CaC larGe 60 : 5033,43 (-1,82 %) CaC all-tradaBle : 3522,78 (-1,81 %) Date De ProroGation : 23 DécemBre CAC 40 srD suite Valeurs mnémo / info / ost isin / date détach. coupon / div accor (ac) R a fr0000120404 air liQuiDe (ai) R 06/05/15 0,48 a fr0000120073 18/05/15 2,55 a airBus GrouP (air) R nl0000235190 01/06/15 1,02 alcatel-lucent (alu) R a fr0000130007 alstom (alo) R 05/06/07 0,16 a fr0010220475 04/07/13 0,84 arcelormittal (mtp) a lu0323134006 aXa (cs) R 08/05/15 0,17 a fr0000120628 11/05/15 0,95 BnP PariBas (bnp) R a fr0000131104 BouYGues (en) R 20/05/15 1,5 a fr0000120503 28/04/15 1,6 caP-Gemini (cap) R a fr0000125338 carreFour (ca) R 18/05/15 1,2 a fr0000120172 17/06/15 0,68 creDit aGricole (aca) R a fr0000045072 Danone (bn) R 28/05/15 0,35 a fr0000120644 eDF (edf) R 07/05/15 1,5 a fr0010242511 enGie (enGi) R 20/11/15 0,57 a fr0010208488 13/10/15 0,5 essilor international (ei) R a fr0000121667 KerinG (Ker) R 19/05/15 1,02 a fr0000121485 l.V.m.H. (mc) R 28/04/15 2,5 a fr0000121014 01/12/15 1,35 laFarGeHolcim (lhn) a ch0012214059 leGranD sa (lr) R fr0010307819 A : indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : bénfice par action. PER : price earning ratio. les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année civile. les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures à 150 millions d’euros. L : valeurs de l’indice cacnext20. R : valeurs de l’indice caclarge60. G : valeurs de l’indice cacmid60. g : valeurs de l’indice cacsmall. les bénéfices par action : source facset Jcf estimates. mise en ligne intégrale des informations réglementées sur www.lesechos-comfi.fr a 02/06/15 1,1 ouv vol. nb titres 39,27 1439976 235.307.922 104,45 1379364 344.078.191 63,82 2837745 788.054.077 3,489 24351879 2.824.668.341 27,7 1185746 310.551.698 3,86 25660302 1.665.392.222 25,165 8200422 2.464.128.073 52,11 3917722 1.246.186.242 35,6 1364908 338.183.497 85,41 580518 172.175.912 26,87 3566826 738.470.794 10,415 6211963 2.639.326.957 62,3 1660250 654.951.200 13,395 3661823 1.860.008.468 16,025 7139186 2.435.285.011 115,4 701737 216.160.874 159,3 405392 126.267.570 147,5 1238338 508.124.429 46,1 439979 606.909.080 53,6 413227 266.873.440 clot + haut + bas 38,82 39,5 38,56 102,95 104,85 102,35 62,28 64,12 61,74 3,432 3,508 3,41 27,315 27,75 27,165 3,595 3,908 3,577 24,65 25,22 24,57 51,29 52,27 51 35,61 36,325 35,135 84,16 85,57 84,01 26,155 26,87 26 10,23 10,46 10,17 61,39 62,52 61,18 13,09 13,555 13,055 15,835 16,165 15,705 113,85 116,4 113,4 155,45 159,6 153,55 144,95 147,5 143,7 45,965 46,415 45,45 52,68 53,64 52,4 % Veil % mois % 52 s. - 1 -11,16 + 8,39 - 1,39 -16,27 + 4,02 - 2,96 - 6,42 + 50,73 - 1,94 - 8,48 + 23,05 - 1,51 - 6,36 - 0,53 - 6,38 -26,95 - 60,62 - 2,32 - 2,01 + 29,26 - 1,88 -10,44 + 3,72 - 0,14 + 1,63 + 19,3 - 1,79 + 3,09 + 45,1 - 2,66 -13,42 + 10,69 - 2,01 -10,03 - 4,53 - 1,57 - 4,98 + 10,79 - 2,24 -14,78 - 44,5 - 1,19 - 0,25 - 18,57 - 1,39 - 7,55 + 27,56 - 1,52 -10,38 - 2,14 - 2,06 -15,68 + 14,07 - 0,54 -13,6 % an bpa + haut an per + bas an rdt + 3,96 51,65 35,99 2,45 + 0,1 123,95 97,02 2,48 + 50,62 68,5 40,775 1,93 + 15,56 4,572 2,651 + 1,69 31,08 24,86 - 60,44 -0,6 10,63 3,351 5,21 + 28,35 26,02 18,155 3,85 + 4,12 61 43,14 2,93 + 18,78 39,24 28,385 4,49 + 41,49 90,8 57,03 1,43 + 3,38 33,245 23,545 2,6 - 4,93 14,485 9,822 3,42 + 12,75 67,74 51,73 2,44 - 42,65 24,885 12,395 4,35 - 18,5 20,08 13,8 3,16 + 22,84 125,15 88,72 0,9 - 2,54 198,5 136,75 1,61 + 9,6 176,6 123,5 0,93 70,267 43,995 - 1,81 + 20,98 - 0,53 57,61 + 24,13 40,775 2,09 Valeurs mnémo / info / ost isin / date détach. coupon / div l'oréal (or) R a fr0000120321 micHelin (ml) R 05/05/15 2,7 a fr0000121261 oranGe (ora) R 26/05/15 2,5 a fr0000133308 07/12/15 0,2 PernoD-ricarD (ri) R a fr0000120693 PeuGeot (uG) R 16/11/15 0,98 a fr0000121501 02/06/11 1,1 PuBlicis GrouPe sa (pub) R a fr0000130577 renault (rno) R 02/06/15 1,2 a fr0000131906 saFran (saf) R 13/05/15 1,9 a fr0000073272 27/04/15 0,64 saint-GoBain (sGo) R a fr0000125007 sanoFi (san) R 10/06/15 1,24 a fr0000120578 11/05/15 2,85 scHneiDer electric (su) R a fr0000121972 30/04/15 1,92 société Générale (Gle) R a fr0000130809 solVaY (solb) be0003470755 tecHniP (tec) R fr0000131708 total (fp) R 26/05/15 1,2 a 15/05/15 1,55 a 29/04/15 2 a fr0000120271 28/09/15 0,61 uniBail-roDamco (ul) fr0000124711 Valeo (fr) LR 02/07/15 4,8 a fr0000130338 Veolia enV. (vie) R 28/05/15 2,2 a fr0000124141 Vinci (dG) R 05/05/15 0,7 a fr0000125486 ViVenDi (viv) R 10/11/15 0,57 a fr0000127771 25/06/15 1 ouv vol. nb titres 155,95 653145 559.714.849 89,32 846144 186.577.936 15,105 10514704 2.648.885.383 103,15 522132 265.421.592 16,07 5793129 808.209.617 58,32 1239336 222.343.940 92 2414604 295.722.284 63,12 1468910 417.029.585 38,72 2690552 560.891.929 76,58 3896916 1.305.442.759 54,58 3282852 587.599.962 41,49 4179512 806.208.886 92 1437578 84.701.133 47,085 1288908 117.098.981 42,715 8523699 2.438.588.277 230,15 439807 98.641.614 136,9 302061 79.462.540 21,625 2156071 562.301.801 58,38 1642970 599.813.778 19,22 6443230 1.367.714.529 srD Valeurs mnémo / info / ost isin / date détach. coupon / div aB science (ab) g % Veil % mois % 52 s. - 1,25 - 9,07 + 14,07 - 2,89 - 6,97 + 18,31 - 1,36 -10,04 + 6,65 - 0,92 - 5,38 + 9,56 - 1,5 - 0,75 + 56,98 - 2,15 - 3,24 - 2,52 - 5,28 - 2,4 + 41,98 - 1,88 -12 + 22,68 - 0,44 - 2,69 + 16,94 - 0,44 - 9,22 + 1,65 - 3,18 - 6,81 - 13,54 - 2,41 - 9,49 + 11,42 + 0,09 - 5,14 - 11,95 - 1,97 - 5,17 - 4,67 - 2,97 - 9,21 - 1,81 - 1,35 - 7,95 + 10,59 - 2,65 - 4,52 + 36,61 - 2,13 - 2,74 + 46,7 - 1,66 - 5,63 + 30,27 - 0,94 - 6,65 - 6,21 % an bpa + haut an per + bas an rdt + 10,88 181,3 133,4 1,75 + 15,37 103,9 71,6 2,88 + 5,41 16,975 12,21 1,34 + 10,56 117,75 87,95 0,96 + 54,6 19,705 9,637 - 3,27 79,4 55,6 2,08 + 45,12 100,25 56,85 2,16 + 20,94 72,45 50,62 1,03 + 9,41 44,84 32,36 3,22 + 1 101,1 72,94 3,73 - 12,14 75,29 48,57 3,61 + 16,28 48,77 32,45 2,95 - 12,27 131,926 82,288 - 6,59 66,36 40,06 4,33 - 1,69 50,3 36,92 1,46 + 6,67 262 209,1 + 29,44 156,7 99,6 1,64 + 43,17 22,98 14,04 3,31 + 26,63 62,6 43,4 0,99 - 8,05 24,83 18,99 5,26 Valeurs françaIses ouv vol. nb titres B 13,78 36793 34.036.501 B 5,2 72872 fr0004040608 01/07/15 0,2 56.733.410 acantHe DeV. (acan) g c 0,45 14339 fr0000064602 17/08/15 0,27 147.125.260 aéroPorts De Paris (adp) G a 105,7 61510 fr0010340141 08/12/15 0,7 98.960.602 aFFine re (iml) g c 16,25 7666 fr0000036105 06/05/15 1 10.056.071 air France-Klm (af) G a 6,546 2196790 fr0000031122 14/07/08 0,58 300.219.278 aKKa tecHnoloGies (aKa) g B 28,8 eX-Da 13/05/14 6407 fr0004180537 02/07/15 0,5 18.434.264 alBioma (abio) g B 14,37 57183 fr0000060402 08/06/15 0,32 29.734.932 alcatel-lucent (alu) R a 3,489 24351879 fr0000130007 05/06/07 0,16 2.824.668.341 alPes (cie Des ) (cda) g B 17 7126 fr0000053324 17/03/15 0,35 24.274.151 altamir (lta) g B 10,83 23603 fr0000053837 19/05/15 0,5 36.512.301 altarea (alta) g a 173,25 1283 fr0000033219 01/07/15 10 12.515.497 alten (ate) G a 53 84511 fr0000071946 23/06/15 1 33.632.425 altran tecHnoloGies (alt) G a 12,17 394421 fr0000034639 08/05/15 0,15 175.482.554 amunDi (amun) a 45,2 142167 fr0004125920 166.791.680 anF immoBilier (anf) g B 21,79 2864 fr0000063091 10/06/15 1,1 19.009.271 aPril GrouP (apr) B 12,66 2223 fr0004037125 07/05/15 0,42 40.904.135 arcHos (JXr) g c 1,5 69583 fr0000182479 29.859.593 areVa (areva) a 6,04 15352 fr0011027143 383.204.852 arKema (aKe) L a 63,89 273006 fr0010313833 12/06/15 1,85 74.360.723 artPrice.com (prc) g c 13,02 10815 fr0000074783 6.519.983 assYstem (asY) g B 22 eX-D oP 12/03/14 7988 fr0000074148 22/06/15 0,75 22.218.216 atos oriGin (ato) LR a 77,62 358194 fr0000051732 04/06/15 0,8 103.268.231 aurea (aure) c 5,6 1173 fr0000039232 29/06/15 0,1 11.990.468 aVanQuest (avQ) g c 0,1 eX-Ds 13/05/15 398382 fr0004026714 375.222.555 aVenir telecom (avt) g c 0,09 eX-Ds 09/03/15 165145 fr0000066052 21/10/11 0,05 110.501.888 aXwaY soFtware (aXW) g B 25,2 10573 fr0011040500 01/07/15 0,4 20.568.138 Bénéteau (ben) a 13,93 36322 fr0000035164 04/02/15 0,04 82.789.840 Bic (bb) G a 152,8 43322 fr0000120966 18/05/15 2,85 48.103.405 BiomérieuX (bim) G a 106,3 32069 fr0010096479 05/06/15 1 39.453.740 Boiron (boi) g a 75,2 4859 fr0000061129 03/06/15 1,5 19.441.713 Bolloré (bol) G a 4,13 DiV 100 01/12/14 1905945 fr0000039299 08/09/15 0,02 2.892.780.534 BonDuelle (bon) g B 23,34 8087 fr0000063935 05/01/15 0,38 32.000.000 BourBon (Gbb) Gg a 12,65 60960 fr0004548873 02/06/15 1 71.606.331 Bureau Veritas (bvi) L a 18,485 871092 fr0006174348 02/06/15 0,48 442.000.000 casino (co) LR a 46,84 976126 fr0000125585 14/05/15 3,12 113.175.261 catana GrouP (catG) g c 0,7 29139 fr0010193052 24.474.903 ceGeDim (cGm) g B 31,5 5765 fr0000053506 01/07/11 1 13.997.173 ceGiD GrouP (cGd) g B 52,1 3767 fr0000124703 13/05/15 1,2 9.233.057 fr0010557264 aBc arBitraGe (abca) g clot + haut + bas 154,45 156,8 153,7 86,84 89,36 86,21 14,915 15,24 14,915 102 104,1 101,45 15,8 16,125 15,74 57,69 58,79 57,57 87,84 92,01 86,31 61,98 63,15 61,6 38,545 38,81 37,825 76,42 77,46 76,19 53,25 54,69 52,77 40,685 41,66 40,29 92,2 92,91 91,85 46,16 47,365 45,74 41,8 42,91 41,57 227,05 230,45 225,6 134,1 137,15 132,45 21,125 21,63 21,125 57,63 58,48 57,25 19,025 19,285 18,99 clot % Veil % an bpa + haut % mois + haut an per + bas % 52 s. + bas an rdt 13,55 13,78 13,35 5,13 5,2 5,08 0,46 0,46 0,44 103,9 105,75 103,9 16,1 16,4 16 6,461 6,622 6,38 28,9 29 28,74 14,01 14,64 13,88 3,432 3,508 3,41 16,8 17 16,8 10,72 10,83 10,65 173 174,5 173 52,86 53,16 52,42 12,205 12,36 12,105 44,4 45,33 43,86 21,6 21,79 21,6 12,65 12,7 12,6 1,49 1,53 1,46 6 6,05 6 62,02 63,89 61,85 12,6 13,05 12,52 22 22,05 21,8 76,9 78,25 76,67 5,54 5,6 5,54 0,09 0,1 0,09 0,09 0,09 0,08 25,56 25,6 25,14 13,545 13,99 13,5 151,5 153,05 150 105,85 107 105,45 73,5 75,66 73,02 4,063 4,13 4,036 23,23 23,4 23,04 12,655 12,9 12,4 18,24 18,485 18,21 45,615 46,905 44,86 0,7 0,71 0,69 32,19 32,32 31,5 52,07 52,15 51,72 - 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(am) a 1090 1065 5113 1090 fr0000121725 28/05/15 10 9.122.538 1063,7 Dassault sYstèmes (dsY) LR a 72,79 72,47 DiV 2 16/07/14 216845 73,32 fr0000130650 03/06/15 0,43 256.595.121 72 DericHeBourG (dbG) g B 2,599 2,643 484785 2,689 fr0000053381 25/02/14 0,06 168.082.030 2,559 c 32,99 33,15 DeVoteam (dvt) g 7587 33,25 fr0000073793 30/06/15 0,3 8.164.787 32,55 Dms (dGm) g c 0,26 0,26 120831 0,26 fr0000063224 152.990.823 0,24 DnXcorP (dnX) g c 5,38 5,36 857 5,46 fr0010436584 07/07/15 0,52 2.834.575 5,28 eDenreD (eden) LR a 17,05 16,525 1308164 17,095 fr0010908533 12/05/15 0,42 230.880.476 16,435 a 57,34 56,32 eiFFaGe (fGr) G 217342 57,34 fr0000130452 18/05/15 1,2 95.433.991 55,73 entrePose cont. (entc) g B /140612 02/04/12 0,92 5.165.408 a 26,875 25,935 32072 27,5 fr0000131757 20/05/13 1,3 26.543.218 25,45 esso (es) g B 50,03 50,12 2954 50,5 fr0000120669 08/07/13 2 12.854.578 50 a 86,27 85 euler Hermes GP (ele) G 17265 86,27 fr0004254035 02/06/15 4,4 45.342.177 84,91 eurazeo (rf) G a 61,45 60,05 eX-Da 16/05/14 77748 61,57 fr0000121121 11/05/15 1,2 72.616.477 59,88 euro DisneY (edl) g B 1,15 1,13 eX-Ds 19/01/15 81846 1,15 fr0010540740 783.364.900 1,12 euro ressources (eur) c 2,85 2,84 110539 2,85 fr0000054678 26/05/15 0,15 62.491.281 2,84 a 307,05 306,2 euroFins scientiFic (erf) G 73041 314,9 fr0000038259 29/06/15 1,12 15.204.447 303 eurosic (ersc) a 38,01 37,67 324 38,01 fr0000038200 24/04/15 2,1 29.615.386 37,4 eurotunnel (GrouPe) (Get) LR a 11,655 11,39 1305788 11,655 fr0010533075 26/05/15 0,18 550.000.000 11,38 eutelsat com. (etl) G a 27,83 27,45 816245 27,845 fr0010221234 16/11/15 1,09 226.972.338 27,395 B 93,9 93,25 FaiVeleY transPort (leY) g 22073 94,04 fr0000053142 01/10/15 0,9 14.614.152 93,05 Faurecia (eo) G a 35,53 33,525 953090 35,535 fr0000121147 01/06/15 0,35 124.819.061 33,525 FFP (ffp) g a 66,65 65 2720 66,71 fr0000064784 11/05/15 2 25.157.273 64,86 Fimalac (fim) a 76,4 75,5 1639 76,4 fr0000037947 15/06/15 2 26.920.000 74,95 Fin. oDet (odet) a 955 940 191 974,75 fr0000062234 15/06/15 1 6.585.990 940 Foncière Des réGions (fdr) G a 81,59 79,97 eX-Ds 02/03/15 60267 81,59 fr0000064578 24/04/15 4,3 66.629.732 79,88 Foncière DéV. loG. (fdl) B 7,71 7,71 1 7,71 fr0000030181 22/04/15 0,44 67.873.454 7,71 Foncière lYonnaise (flY) a 44,25 43,6 1986 44,25 fr0000033409 18/11/15 1,05 46.528.974 43,26 FromaGeries Bel (fbel) a 438 438 279 438 fr0000121857 18/05/15 6,25 6.872.335 438 Futuren (ftrn) c 0,56 0,55 n/P reGr. 65263 0,57 fr0011284991 186.040.717 0,55 GameloFt (Gft) G B 6,07 5,97 128221 6,1 fr0000079600 85.030.122 5,92 Geci international (Gecp) c /070612 fr0010204321 eramet (era) Gg fr0000079634 01/10/01 0,1 33.921.720 + 0,66 + 2,12 + 11 - 1,62 -18,85 - 64,65 - 2,11 +14,56 + 81,65 - 1,64 -13,86 + 20,24 - 0,99 - 0,28 + 15,65 + 10,82 34,6 28,9 - 48,9 7,07 2,51 + 73,08 9,35 4,82 + 11,51 195,35 135,6 + 16,77 196 154,5 + 10 + 0,79 8899,9 + 18,1 6599,98 - 1,85 - 19,08 - 8,52 17,305 - 19,19 11,88 - 0,26 + 1,62 - 0,63 160,35 + 0,49 123 - 1,71 + 0,2 - 1,14 1338 - 1,39 977,35 - 0,73 + 43,39 - 1,31 76,97 + 47,28 48,85 + 2,44 + 3,65 + 4,47 3,699 + 12,52 2,306 + 0,52 +118,96 - 3,07 34,57 +111,01 14,32 + 4 + 62,5 +4 0,3 + 44,44 0,15 - 2,01 - 70,21 -10,52 18,1 - 69,87 5,28 - 3,45 - 28,01 - 4,4 27,15 - 30,97 14,185 - 1,64 + 33,71 + 1,08 59,74 + 44,63 39,945 - 3,05 - 66,1 -17,4 94,39 - 66,81 24,51 + 0,14 + 56,92 - 8,46 70,94 + 44,06 31,1 - 1,04 - 0,75 + 2,15 106,5 + 4,04 80,61 - 2,29 + 3,16 - 9,02 68,41 + 7,58 51,25 - 0,88 + 3 - 9,6 1,42 + 0,28 1,079 + 14,52 2,9 + 29,09 1,91 - 9,68 + 44,4 - 9,18 361,65 + 49,58 206,25 - 0,87 + 0,45 + 0,72 44,5 - 0,58 36,6 - 2,15 + 6,45 - 8,95 14,57 + 8,32 10,57 - 1,22 + 2,44 - 9,91 32,71 + 3,66 25,335 - 0,9 + 94,68 - 0,69 98,5 + 86,5 47,35 - 6,09 + 8,44 - 6,17 46,305 + 11,99 25,46 - 2,62 + 30,03 - 2,26 80,1 + 32,64 48,4 - 1,5 + 20,22 - 6,91 93 + 43,13 62,95 - 1,16 + 14,63 - 1,67 1138,8 + 10,59 777 - 1,52 + 4,13 - 2,51 98,08 + 5,64 71,33 - 12,88 + 6,93 9,98 - 14,81 7 - 1,02 + 19,91 + 4,21 45,29 + 17,06 36,3 + 50 + 9,23 440 + 48,47 285 - 1,79 + 3,77 - 8,33 0,8 + 1,85 0,51 - 1,97 + 78,74 +14,37 6,55 + 79,82 2,86 2,4 2,27 1,22 4,42 0,62 6,46 11,44 0,94 0,59 0,91 11,38 5,08 2,13 3,1 5,18 2 5,28 0,43 1,58 3,97 0,97 1,04 3,08 5,3 0,11 1,43 Valeurs françaIses Valeurs mnémo / info / ouv ost vol. isin / date détach. coupon / div nb titres Gecina (Gfc) G a 112,75 53654 fr0010040865 28/04/15 4,65 63.154.908 Gemalto (Gto) L 55,09 347946 nl0000400653 26/05/15 0,36 89.007.709 GFi inFormatiQue (Gfi) g B 8,36 31480 fr0004038099 01/07/15 0,1 65.980.266 Gl eVents (Glo) g B 16,83 5551 fr0000066672 02/07/15 0,6 22.653.920 GrouPe crit (cen) g B 54,8 7511 fr0000036675 25/06/15 0,31 11.250.000 GrouPe Flo (flo) g c 2,2 1298 fr0004076891 08/07/14 0,06 40.271.427 GrouPe PartoucHe (parp) 21,91 reGr. 2906 fr0012612646 Haulotte GrouP (piG) B 13,29 22960 fr0000066755 03/06/15 0,22 31.259.734 Hermès international (rms) LRa 323,75 64996 fr0000052292 04/06/15 6,45 105.569.412 Hi-meDia (him) c 3,77 10615 fr0012821890 2.959.558 HuBwoo (hbW) g c 0,17 3954 fr0004052561 129.198.907 icaDe (icad) G a 62,6 82754 fr0000035081 05/05/15 3,73 73.942.891 iliaD (ild) LR a 214 97240 fr0004035913 23/06/15 0,39 58.598.414 imerYs (nK) G a 61,02 74797 fr0000120859 08/05/15 1,65 79.927.273 inGenico GrouP (inG) LR a 115,7 170956 fr0000125346 13/05/15 1 60.990.600 innate PHarma (iph) g B 12,92 302315 fr0010331421 53.794.764 inter ParFums (itp) g B 22,75 10291 fr0004024222 05/05/15 0,44 32.111.968 iPsen (ipn) G a 58,8 117585 fr0010259150 29/05/15 0,85 83.224.262 iPsos (ips) G a 20,505 38940 fr0000073298 01/07/15 0,75 45.336.235 JacQuet metal serVice (JcQ) g B 14,575 22223 fr0000033904 01/07/15 0,77 24.028.438 JcDecauX (dec) G a 34,89 103108 fr0000077919 18/05/15 0,5 212.170.011 KauFman & BroaD (Kof) B 27,8 168 fr0004007813 20/07/15 0,68 21.584.658 KléPierre (li) LR a 41,5 582744 fr0000121964 17/04/15 0,69 314.356.063 Korian (Kori) a 32,295 119545 fr0010386334 01/07/15 0,6 79.463.673 laGarDère (mmb) G a 26,51 285330 fr0000130213 07/05/15 0,88 131.133.286 latecoere (lat) g c 4,05 eX Ds 27/8/15 172214 fr0000032278 29/06/07 0,75 93.347.165 laurent-Perrier (lpe) B 82,5 495 fr0006864484 16/07/15 1 5.945.861 le Bélier (beli) g c 29,12 1617 fr0000072399 16/06/15 0,5 6.582.120 lectra (lss) B 11,34 16173 fr0000065484 05/05/15 0,25 30.766.198 lisi (fii) g a 24 DiV 5 12/09/14 10733 fr0000050353 05/05/15 0,37 54.023.875 m6-métroPole tV (mmt) G a 16,39 87193 fr0000053225 20/05/15 0,85 126.414.248 maisons France conF. (mfc) g B 39,4 6970 fr0004159473 09/06/15 0,65 6.937.593 manitou (mtu) g B 14,09 19042 fr0000038606 10/06/15 0,35 39.551.949 marie BrizarD w & s (mbWs) B 20 142307 fr0000060873 27/09/07 0,5 26.483.395 mauna Kea (mKea) c 3,8 1035164 fr0010609263 15.691.770 maurel & Prom (mau) G a 2,834 1396958 fr0000051070 21/06/13 0,4 121.564.203 mercialYs (merY) G a 19,835 103448 fr0010241638 07/05/15 0,88 92.049.169 mersen (mrn) g B 16,9 21300 fr0000039620 02/07/15 0,5 20.672.014 metaBolic eXPlorer (meteX) g c 2,12 212946 fr0004177046 23.261.500 montuPet sa (mon) B 71,3 42397 fr0000037046 30/06/15 1 10.782.769 natiXis (Kn) LR a 5,08 5363858 fr0000120685 22/05/15 0,34 3.128.127.765 natureX (nrX) g B 71,5 eX Ds 05/06/14 5851 fr0000054694 03/07/14 0,1 9.234.635 neoPost (neo) G a 19,72 290851 fr0000120560 04/08/15 2,1 34.562.604 netGem (ntG) g c 2,23 1854 fr0004154060 17/06/15 0,15 41.212.222 neXans (neX) G a 33,295 82469 fr0000044448 17/05/13 0,5 42.597.718 neXitY (nXi) G a 39,885 62802 fr0010112524 25/05/15 2 54.189.017 neXtraDiotV (nXtv) g B 36,97 23881 fr0010240994 26/05/15 0,48 16.368.966 nicoX (coX) B 6,517 reGr. 03/12/15 94437 fr0013018124 22.869.669 norBert Dentr. (Gnd) g a 200 294 fr0000052870 29/05/15 1,8 9.836.241 nrJ GrouP (nrG) g B 9,7 2668 fr0000121691 15/05/12 0,3 78.417.846 numericaBle-sFr (num) G 35,5 184455 fr0011594233 438.245.303 oeneo (sbt) g B 7,23 53615 fr0000052680 31/07/15 0,12 61.563.075 onXeo (onXeo) g B 3,67 77165 fr0010095596 40.552.083 orPéa (orp) G a 72 127204 fr0000184798 08/07/15 0,8 60.273.691 Parrot (parro) g B 25,45 43632 fr0004038263 12.433.663 PHarmaGest int. (pha) 24 DiV 5 04/08/15 11551 fr0012882389 15.174.125 Pierre & Vacances (vac) g B 28,52 2099 fr0000073041 19/03/12 0,7 8.821.551 Plastic omnium (pom) G a 27,13 157361 fr0000124570 08/05/15 0,37 153.576.720 rallYe (ral) a 15,7 152630 fr0000060618 27/05/15 1,83 48.778.526 recYleX sa (rX) c 1,1 19993 fr0000120388 04/07/90 0,61 24.110.982 rémY cointreau (rco) G a 65 128651 fr0000130395 05/08/15 1,53 48.735.014 reXel (rXl) G a 12,075 1357387 fr0010451203 03/06/15 0,75 301.863.978 ruBis (rui) G a 70,89 eX-Ds 21/05/15 115794 fr0000121253 08/06/15 2,05 43.118.116 clot + haut + bas 111,7 113,05 111,1 54,34 55,13 53,95 8,37 8,37 8,36 16,3 16,83 16,11 53,7 54,84 51,37 2,22 2,25 2,2 21,95 22,1 21,91 13,11 13,53 13 314,6 323,75 312,45 3,63 3,79 3,63 0,16 0,17 0,16 61,49 62,6 60,6 209,55 215,9 208,8 60,2 61,28 59,53 113,15 115,7 112,55 12,87 13,06 12,72 22,36 22,88 22,2 58,4 59,49 58,23 20,37 20,675 20,235 14 14,575 13,8 34,2 34,9 34,195 27,7 27,8 27,69 41,03 41,51 40,555 32 32,35 31,535 26,12 26,59 25,895 3,99 4,07 3,93 81,02 82,5 81 28,65 29,3 28,65 11,39 11,45 11,3 23,8 24,06 23,4 16,175 16,445 16,1 40,03 40,03 39,4 14,15 14,8 13,8 19,46 20,08 19,09 3,27 4,18 3,23 2,801 2,834 2,76 19,71 19,955 19,615 16,93 17,01 16,9 2,01 2,16 2,01 71,3 71,43 71,22 5,002 5,087 4,946 71,11 71,5 70,76 19,24 19,89 18,905 2,21 2,23 2,21 32,39 33,475 32,17 39,405 39,885 39,2 36,94 36,97 36,91 6,399 6,571 6,15 201 201,2 199,75 9,7 9,79 9,5 34,47 35,5 34,43 7,03 7,24 6,66 3,65 3,73 3,56 71,35 72,48 71 24,19 25,45 23,51 22,5 24 22,5 28,65 29,1 28,52 26,18 27,145 26,01 15,1 15,7 14,905 1,09 1,12 1,08 64,23 65,32 63,88 11,89 12,145 11,755 68,64 70,97 68,35 % Veil % an bpa % mois + haut an per % 52 s. + bas an rdt - 1,33 + 7,92 - 1,59 132,5 + 6,08 102,45 - 1,36 - 20,01 - 9,85 85,35 - 15,61 53,95 + 0,12 + 58,22 +33,92 8,45 + 56,45 5,29 1,2 - 2,75 + 3,95 - 6,32 20,7 + 5,3 15,1 3,68 - 2,01 + 43,78 + 8,27 55 + 48,14 36 0,41 + 0,91 - 11,2 -12,94 2,94 - 7,11 2,17 + 0,23 + 41,61 +20,94 22,49 + 42,53 13,1 - 1,13 + 4,8 + 1,94 18,86 + 3,55 11,8 1,68 - 2,72 + 6,72 -10,2 365,55 + 7,24 277,55 0,46 - 3,46 - 26,37 -18,24 12,3 - 26,37 0,96 - 5,88 - 5,88 - 5,88 0,2 0,13 - 1,93 - 7,39 - 4,47 85,75 - 5,4 58,7 - 1,8 + 5,46 + 7,02 237,95 + 10,96 173,05 0,19 - 2,02 - 1,33 - 3,45 73,93 + 2,47 56,85 2,74 - 2,42 + 29,64 + 0,44 129,25 + 33,73 84,78 0,88 - 0,23 + 62,91 -10,13 17,85 + 50 7,72 - 1,63 + 9,56 - 4,81 30,309 + 6,8 20,418 1,97 - 1,02 + 35,81 - 0,65 63,05 + 39,96 37,7 1,46 - 0,66 - 14,1 + 2,23 26,95 - 14,32 17,405 3,68 - 3,95 - 9,97 + 2,56 20,24 - 7,25 11,32 5,5 - 1,57 + 19,73 - 8,58 41 + 26,93 27,5 1,46 - 0,36 + 15,9 - 1,11 31,3 + 10,8 23,55 2,46 - 1,05 + 14,83 - 1,98 47,95 + 16,83 35,06 - 0,85 + 5,96 - 8,92 36,935 + 10,8 28,805 1,88 - 1,97 + 20,93 - 6,38 30,225 + 19,02 21,015 4,98 - 1,48 - 7,67 - 6,12 5,921 - 8,4 3,26 - 1,79 + 22,5 + 1,28 86 + 17,68 61,81 1,23 - 1,28 + 19,97 - 8,08 34,74 + 17,95 22,7 1,75 + 0,8 + 24,62 + 2,61 14,65 + 28,56 8,98 2,2 - 1,04 + 10,7 + 0,85 29,3 + 19,06 20,5 1,56 - 1,31 + 3,85 - 8,9 20,1 + 6,1 15,185 5,26 + 1,6 + 36,9 + 1,83 42,45 + 38,18 28,51 1,62 + 0,36 + 15,98 + 7,12 19,5 + 12,75 12,1 2,47 + 1,35 + 79,52 + 0,26 21,95 + 61,49 9,99 + 2,19 - 43,13 - 2,39 6,2 - 46,31 2,27 - 1,37 - 63,9 -12,8 8,5 - 61,42 2,64 - 0,58 + 6,92 - 1,4 24,56 + 11,99 17,975 + 0,06 - 15,85 + 1,01 26,45 - 9,56 16,2 2,95 - 6,08 - 59,48 -28,21 7,35 - 60,43 2 - 0,13 + 7,3 - 0,31 77,76 + 13,35 45,91 1,4 - 1,69 - 8,81 -14,66 7,784 - 10,05 4,807 3,2 - 0,14 + 42,22 +12,07 72 + 46,2 45,01 - 2,36 - 59,19 -16,46 54,71 - 57,99 18,905 - 0,9 + 9,41 - 5,56 2,47 + 2,31 1,75 6,79 - 3,31 + 27,49 -10,97 40,125 + 34,18 24,345 - 1,2 + 25,55 - 0,69 42,9 + 29,62 30,705 5,08 + 0,03 + 38,82 + 5,24 36,99 + 43,18 24,1 1,3 - 0,87 - 18,59 -90,62 7,965 - 90,62 5,783 - 0,1 + 64,75 - 0,96 221,6 + 75,7 119,5 0,9 + 47,19 +14,79 10,07 + 38,57 6,12 - 2,9 - 15,8 -14,61 60,01 - 8,08 34,43 - 3,03 + 45,85 + 3,38 7,42 + 44,95 4,53 1,42 - 0,55 - 30,87 - 9,65 6,67 - 33,76 3,33 - 1,08 + 37,53 - 2,34 75,3 + 37,5 49,25 1,12 - 4,99 + 55,48 -13,9 36,801 + 66,1 13,189 - 6,25 - 12,11 - 5,46 25,9 - 12,11 20,8 12,89 - 1,21 + 28,07 + 6,11 33,46 + 24,57 21,65 - 3,4 + 15,76 + 0,69 28,685 + 24,25 19,335 1,41 - 3,42 - 48,11 -10,04 37,35 - 45,68 13,705 12,12 - 41,4 -13,49 2,65 - 44,67 0,97 - 1,32 + 16,02 + 1,52 75 + 10,25 50,29 2,38 - 1,65 - 19,93 - 5,22 18,175 - 18,11 10,905 6,31 - 3,53 + 47,79 - 8,1 76,12 + 51,17 45,043 2,99 srD suite Valeurs françaIses Valeurs mnémo / info / ost isin / date détach. coupon / div saFt (saft) G ouv vol. nb titres B 27,5 62736 fr0010208165 18/05/15 0,82 27.554.393 sartorius steD. 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(schp) g B 30,29 1952 fr0000039109 09/06/15 0,95 7.857.732 seQuana (seQ) c 3,66 eX-Ds 01/07/14 93963 fr0011352590 65.183.351 sHowroomPriVé (srp) B 18 69450 fr0013006558 32.804.103 siPH (siph) g B 26,45 219 fr0000036857 20/06/14 0,98 5.060.790 soDeXo (sW) LR a 90,97 377779 fr0000121220 29/01/15 1,8 157.132.025 soitec (soi) g B 0,68 eX-Ds 26/06/14 496120 fr0004025062 231.303.320 solocal GPe (local) B 6,76 reGr. 1P30 238972 fr0012938884 somFY sa (so) a 303,05 499 fr0000120495 02/06/15 5,2 7.400.000 soPra steria GP (sop) a 106,4 17045 fr0000050809 06/07/15 1,9 20.404.973 st DuPont (dpt) g c 0,13 675140 fr0000054199 16/09/14 0 524.279.556 stentYs (stnt) g c 4,85 33878 fr0010949404 12.129.947 suez enVironnement (sev) LR a 17,72 2360878 fr0010613471 15/05/15 0,65 542.643.468 sworD GrouP (sWp) g B 24,4 7431 fr0004180578 04/05/15 1,02 9.360.965 sYnerGie (sdG) g B 25,48 9198 fr0000032658 18/06/15 0,4 24.362.000 tarKett (tKtt) g 27,15 36946 fr0004188670 06/07/15 0,38 63.722.696 tecHnicolor (tch) G a 7,104 738676 fr0010918292 20/05/15 0,05 408.430.025 telePerFormance (rcf) G a 76,11 80344 fr0000051807 19/05/15 0,92 57.201.690 tessi (tes) g B 126,3 316 fr0004529147 30/06/15 2 2.796.928 tF1 (tfi) G a 10,765 476828 fr0000054900 24/04/15 1,5 210.501.567 tHales (ho) LR a 68,99 259296 fr0000121329 09/12/15 0,35 210.856.907 tHermaDor GrouPe (thep) g B 87 4526 fr0000061111 10/04/15 3,15 4.440.310 touaX (toup) g c 11,13 2711 fr0000033003 30/12/14 0,5 5.883.773 tour eiFFel (eiff) B 52,3 oPa 07/03/14 610 fr0000036816 26/06/15 3 9.463.692 transGène (tnG) B 2,47 eX-Ds 03/03/14 39638 fr0005175080 38.545.397 triGano (tri) g B 56,45 11531 fr0005691656 13/01/15 0,7 19.336.269 uBisoFt entertainment (ubi) G a 27,065 340192 fr0000054470 111.218.465 Vallourec (vK) G a 8,681 1966359 fr0000120354 04/06/15 0,81 133.688.435 ValneVa (vla) g B 3,67 72222 fr0004056851 74.698.099 Vicat (vct) G a 55 26886 fr0000031775 14/05/15 1,5 44.900.000 Vilmorin & cie (rin) G a 70 5212 fr0000052516 16/12/14 1,65 20.833.902 VirBac (virp) g a 188,75 5968 fr0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 VranKen-PommerY m. (vrap) B 26,27 2317 fr0000062796 13/07/15 1 8.937.085 wenDel (mf) G a 104,85 82720 fr0000121204 10/06/15 2 47.934.631 zoDiac aerosPace (Zc) LR a 24,2 573216 fr0000125684 20/01/15 0,32 289.404.257 clot + haut + bas 26,94 27,67 26,8 333 336,4 328,3 57,6 57,6 57,3 33,63 34,62 33,53 91,09 91,48 90,26 30,31 30,59 30,29 3,62 3,7 3,56 18 18,5 17,63 26,06 26,89 26,05 90,16 90,99 89,07 0,67 0,69 0,66 6,452 6,776 6,452 303 308,95 300,1 105 106,4 103,95 0,14 0,15 0,13 4,73 4,87 4,62 17,33 17,9 17,33 24,3 24,4 24 25,7 25,9 25,18 26,6 27,15 26,22 7,064 7,132 6,982 75,33 76,65 74,91 125,01 127,44 125,01 10,585 10,775 10,505 67,88 69,01 67,61 86,99 87 85,63 11,13 11,3 11,11 52,13 52,31 52,13 2,44 2,49 2,43 55,12 56,66 53 26,68 27,205 26,47 8,332 8,826 8,227 3,68 3,7 3,66 54,8 55 53,85 70 70,35 69,51 185 188,75 184,1 26,16 26,4 26 103 104,9 102,5 23,61 24,29 23,325 % Veil % an bpa % mois + haut an per % 52 s. + bas an rdt - 2,04 + 7,12 - 0,66 40,59 + 10,77 23,45 3,04 - 1,26 +106,45 - 1,33 369,15 +104,17 158,7 0,39 + 0,51 + 10,92 + 0,17 64,85 + 5,88 49,5 1,39 - 1,28 + 33,48 - 7,52 37,56 + 36,6 24,2 4,16 - 0,14 + 47,95 - 2,32 97,45 + 41,12 58,01 1,58 + 0,03 + 52,31 - 3,16 36 + 45,02 19,91 3,13 - 1,9 + 37,12 + 1,12 5,3 + 34,07 2,46 + 2,16 - 7,69 19,75 - 7,69 16,62 + 0,04 - 20,98 - 1,62 42,33 - 23,06 22,51 - 0,66 + 10,94 +13,48 96,4 + 13,91 70,45 2 - 33,66 -11,84 1,08 - 68,98 0,48 - 4,53 - 20,82 -14,32 9,49 - 20,82 0,276 + 0,18 + 45,67 + 4,12 315 + 47,09 207,95 1,72 - 1,32 + 65,35 - 2,01 114,45 + 70,95 63,06 1,81 + 7,69 - 26,32 -12,5 0,22 - 30 0,13 - 2,47 - 4,25 -11,26 7,09 - 12,41 4,62 + 0,17 + 20,06 + 0,29 19,22 + 20,26 13,96 3,75 - 0,37 + 38,86 + 3,49 24,59 + 40,71 16,8 4,94 + 0,82 + 37,8 + 6,2 26,58 + 38,4 17,71 1,56 - 1,48 + 48,6 + 3,46 28,49 + 32,01 17,09 1,43 - 0,51 + 57,89 + 2,78 7,321 + 65,6 4,279 0,71 - 1,23 + 33,49 + 3,63 79,3 + 37,51 56,23 1,22 - 1,91 + 36,32 + 3,31 134,4 + 36,47 84 1,6 - 1,44 - 16,78 -12,59 17,295 - 13,73 10,505 14,17 - 1,67 + 50,86 + 0,8 71,67 + 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2,82 - 11,88 - 5,09 9,19 - 12,21 6,49 - 0,54 -13,6 70,267 43,995 - 0,67 - 0,96 - 4,8 12,76 - 2,09 9,5 +100 +100 +100 0,05 +100 0,01 - 35,63 - 4,02 14 - 41,42 6,42 - 4,07 - 9,67 -10,83 88,07 - 4,91 58,96 - 1,61 - 37,11 -15,65 52 - 37,11 29,9 - 1,87 - 52,46 -18,91 336,51 - 52,77 139,8 0,83 66,86 5,08 0,78 6,59 36 // FINANCE & MARCHES Lundi 14 décembre 2015 Les Echos euronext//taux&changes//matières premières euronexT hors srd actions françaises isin valeur ouv +ht +bs clôt écart vol fr0000076887 a.s.t. groupeg c 2,84 2,84 2,8 2,81 - 1,06 1907 fr0012333284 abivaxg b 15,22 15,24 14,67 15,09 - 0,85 1583 fr0000076861 acteosg c 1,25 1,25 1,22 1,24 - 0,8 1152 fr0000076655 actia groupg c 5,16 5,16 4,95 5,1 + 0,59 31307 be0974269012 ad capital 0,15 0,15 0,15 0,15 + 15,39 130 fr0000062978 adl partnerg c 12,69 12,69 12,55 12,55 - 1,18 480 fr0011184241 adociaG b 73,62 73,95 70,55 72,47 + 2,36 30094 fr0004152874 advenisg c 4,03 4,03 3,77 4 + 0,5 4603 fr0000053043 advini c 31 31 30,3 31 132 fr0000044612 afone c 5,08 5,15 5,02 5,1 - 1,35 396 fr0000062176 agricole crau c 85,6 fr0000062804 alpha mos c 0,8 0,8 0,78 0,78 - 2,5 6927 fr0000039216 altareit b 175,01 175,01 175,01 175,01 1 fr0011051598 amoebag c 26,7 26,97 24,31 25,31 - 5,38 18523 fr0012789667 amplitude surg.g 4,9 4,9 4,79 4,79 - 0,21 22022 fr0010481960 argang b 21,2 21,2 20,96 21,1 - 0,47 8551 fr0000063323 artea c 0,77 fr0000076952 artois a4670 4670 4670 4670 + 9,21 2 fr0011980077 ask c 1,44 1,47 1,43 1,45 + 0,69 9467 fr0010478248 atari c 0,17 0,17 0,16 0,17 334981 fr0011992700 ateme c 3,99 4,03 3,99 4,03 + 1,51 1010 fr0004042083 au femining b 24,69 25 24,1 24,26 - 1,74 1569 fr0000063737 aubayg c 16,26 16,34 15,8 15,92 - 2,03 3967 fr0000063752 audikag c 17,79 17,79 17,79 17,79 2005 fr0000061780 augros cp c 3,97 3,97 3,97 3,97 + 9,97 10 fr0000073827 aures tech.g c 64,22 64,78 64,21 64,5 + 0,45 97 fr0000072621 ausyg c 45,28 45,35 44,22 44,66 - 1,35 5779 fr0011800218 awoxg 4,46 4,48 4,45 4,47 + 0,22 1605 fr0000064123 baccarat b200 200 200 200 5 mc0000031187 bains monaco b 33 fr0000062788 barbara bui c 14,5 15,09 13,68 15,09 + 4,07 166 fr0000035370 bastide c 18,55 18,95 18,55 18,94 + 2,1 5844 fr0000074072 bigben int.g c 4,06 4,06 3,94 3,97 - 2,7 52031 fr0000062150 bleecker c 50 fr0011592104 blueg 20,59 20,59 19,9 19,9 - 1,44 4465 fr0000074254 bourse direct c 1,31 1,31 1,31 1,31 - 1,5 1133 fr0000061137 burelle sa a723,99 723,99 700,5 700,5 - 3,25 134 fr0000078958 business et dec.g c 5,84 5,84 5,45 5,64 - 4,24 7852 fr0010667147 coface a 8,919 9,02 8,9 8,951 + 0,39 158144 fr0010151589 cafomg c 8,99 8,99 8,99 8,99 1 fr0000074247 cameleon soft.g c 2,2 fr0012969095 capelli 17,2 17,21 17 17 - 0,59 1194 fr0000064156 carp.de partic. c 65,35 fr0010828137 carrefour prop. c 26,66 26,66 26,14 26,14 - 1,95 121 fr0000072894 castg c 2,99 3 2,96 3 11572 fr0000064446 catering inter.g b 16,08 16,08 15,84 15,84 - 1,49 4609 fr0010193979 cbo territoriag c 3,44 3,45 3,38 3,43 - 0,29 9193 fr0000078339 cca intern. c 4,3 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66 - 3,51 1105 fr0000045551 cr morbihan c 57,79 58 57,01 57,6 - 0,35 275 fr0000185514 cr nord france b 15,89 16,06 15,8 15,9 + 0,06 2972 fr0000044364 cr norm. seine c100,8 101,1 99,19 99,38 - 1,41 301 fr0000045528 cr paris idf b 77,65 77,8 77,22 77,22 - 0,53 755 fr0000045346 cr rhône-alpes c 157 157 156 156 - 0,06 96 fr0000045544 cr toulouse c 84,23 84,23 83,8 83,88 - 0,16 201 fr0000045304 cr tour. poitou c 81,2 81,2 80,8 80,86 - 0,42 186 fr0000050395 crosswood c 3,3 fr0007317813 cs-com. et syst.g c 2,86 2,87 2,85 2,85 1570 fr0011026749 dalet c 4,5 fr0000036774 dane-elec memoryg c 0,21 fr0010417345 dbv technologiesG b 59,96 60,48 58,55 59,13 - 0,72 34738 fr0010879056 deinove 5,27 5,32 5,05 5,15 - 0,96 13405 fr0012928612 delta plus group 43 43,51 43 43 + 0,7 2954 fr0000060840 devernois s.a. c 132 fr0000035784 digigram c 0,75 0,75 0,75 0,75 89 fr0000065260 docks pétroles a c 273 fr0000036287 duc c 1,18 fr0010099515 ecag c 14,62 14,65 14,5 14,65 - 0,68 2420 fr0000072373 egideg c 2,94 3,03 2,93 3 + 1,7 14837 fr0011466069 ekinopsg 4,69 4,69 4,56 4,57 - 2,56 34122 fr0000035719 elect. eaux mad.g c 3,73 3,73 3,73 3,73 700 fr0012650166 electro power sys. c 7,3 7,31 7,13 7,28 - 0,82 2191 fr0000031023 elect. strasbourg b104,38 104,39 104 104,05 + 0,03 227 fr0011950732 eliorG a 17,835 18,4 17,35 17,75 + 2,04 390889 fr0012435121 elisG a 15,05 15,14 14,74 14,94 - 0,93 103305 fr0004155000 emme c 5,5 5,5 5,5 5,5 - 20,06 1364 fr0004030708 encres dubuitg c 2,34 2,38 2,34 2,38 + 1,71 512 fr0011191766 eos imaging c 4,64 4,64 4,44 4,5 - 2,17 23783 fr0011471135 erytech pharmag b 24,5 24,78 23,04 23,84 - 2,81 50955 fr0004110310 esi groupg c 24,1 24,34 24,1 24,1 + 0,42 318 fr0000035743 etam dév.g b 40,35 40,35 39,9 39,9 - 0,52 160 fr0000061475 eurasia fonc inv c 0,11 fr0000075343 euromedis groupeg c 6,66 6,66 6,51 6,59 - 1,05 1145 fr0012789949 europcar groupeg a 11,45 11,45 11,1 11,2 - 1,75 122629 fr0010490920 europacorpg c 4,89 4,89 4,72 4,72 - 3,67 26629 fr0000064164 exacompta clairef. c 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0,04 0,05 0,04 0,05 + 25 6593 fr0000034431 fonciere paris siicg b 109,19 109,19 108,32 108,5 - 0,46 1932 fr0000063265 foncière r-paris c 34,97 fr0000053944 foncière volta c 3,22 3,22 3,22 3,22 + 1,9 430 fr0010588079 frey b 25,81 25,81 25,81 25,81 1 fr0000031973 fsdv c 43,7 fr0000034894 gaumont b 53 53 50,04 52,2 - 2,14 960 fr0000053035 gea c 75,6 78 75 77,8 + 2,91 435 fr0000044471 générale santé b 14,5 14,95 14,5 14,51 - 2,42 734 fr0010501692 generixg c 2,93 2,95 2,9 2,92 - 0,68 3046 fr0004163111 genfitG 33,7 33,835 32,285 32,345 - 3,45 175230 fr0011799907 genomic visiong 9,38 9,38 8,95 9,32 - 0,64 3147 fr0011790542 genticelg 6,24 6,24 6,1 6,11 - 2,08 9271 fr0000061459 gérard perrier c 36,53 36,6 36,5 36,6 + 0,19 243 fr0000065971 graines voltZ c 15 15 14,84 14,84 + 0,41 270 fr0000038036 grand marnier b5000,015000,015000,01 5000,01 1 fr0011476928 groupe fnac 52 52,12 51,49 51,5 - 0,96 64879 fr0000062671 groupe gorgég b 22,84 22,85 22,5 22,7 - 0,61 6446 fr0004010338 groupe jaj c 0,79 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us5324571083 us3453708600 abbvie agta record atmel corp. bras. ouest afr. brass. cameroun caterpillar inc. cfoa coca cola enter. darty plc diageo dupont de nemours lilly and co ford motor cy b 46,22 46,32 7,8 7,8 c b 62,88 62,89 c 46,22 7,8 1,28 1,28 25,5 25,75 64,16 64,16 71,02 71,02 1,28 24,95 63,5 71,02 62,67 59,9 46,32 + 0,22 7,8 + 0,65 2 565 62,67 + 2,74 23 1,28 25 - 1,96 63,5 - 6,22 71,02 - 0,69 346 339 80 22 708,4 125 2,56 44,78 13,14 Taux eT changes changes : cours au comptant var. veille en % var. année en % dollar us 1,095 livre sTerliNg 0,723 FraNc suisse 1,0811 couroNNe daNoise 7,4612 couroNNe Norv. 9,5507 kuNa croaTe 7,6351 couroNNe suedoise 9,3313 dollar caNadieN 1,5056 yeN JaPoNais 132,9815 dollar ausTralieN 1,5248 rouble russe 76,7265 rouPie iNdieNNe 73,7688 dollar Neo-zelaNdais 1,6345 couroNNe TcheQue 27,0187 ForiNT hoNgrois 317,94 zloTy PoloNais 4,3632 lev bulgare 1,9575 dollar hoNg-koNg 8,5187 WoN sud coreeN 1307,8205 Peso MexicaiN 19,0845 real 4,2664 dollar 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achaT veNTe a 1 mois achaT veNTe a 3 mois achaT veNTe a 6 mois achaT veNTe a 12 mois achaT veNTe principaux taux directeurs pays eur Marché obligataire Taux marchés monétaires et eurodevises cours de changes croisés cours bce 11-12-2015 1 euro en devise taux en % bce taux pret marginal 0.30 % Taux repo (refi) 0.05 % Taux DepoT -0.30 % royaume uni taux jour le jour 0.35 % Taux De base 0.50 % usa taux jour le jour 0.07 % fonDs feDeraux 0.25 % 2 ans 1.12 % 10 ans 2.24 % japon boj tokyo 0.08 % Taux jour le jour 0.20 % Taux repo (refi) 0.10 % 10 ans 0.30 % Taux de référence bons du trésor btf 5.11.15 9.12.15 31.3.16 22.6.16 14.9.16 2.10.16 taux 0,00 0,00 -0,26 -0,23 -0,29 -0,30 btan 25.2.16 25.7.16 25.2.17 25.7.17 taux prix 0,00 -2,03 -0,27 -0,29 102,49 102,84 102,44 102,09 coupon 1,78 0,95 1,39 0,38 source euroMTs cno-etrix base 100 au 31/12/1998 var. indice var. depuis rend. jour 31/12/98 en % global 1-3 aNs 3-5 aNs 5-7 aNs 7-10 aNs 10-15 aNs Plus 15 aNs eMTxi eMTxi-be 222,54 168,82 196,55 225,61 241,62 266,33 321,85 226,44 227,51 0,02 -0,01 0,02 0,02 0,03 0,04 0,02 0,02 0,03 indices de référence des emprunts à taux variables moy. mens. avr. 13 août 13 sept. 13 oct. 13 nov. 13 déc. 13 janv. 14 fév. 14 mars 14 avr. 14 mai 14 juin 14 juil. 14 août 14 sept. 14 oct. 14 nov. 14 déc. 14 fév. 15 mars 15 avr. 15 mai 15 juil. 15 août 15 sept. 15 oct. 15 nov. 15 tmm euribor 1 mois 3 mois 0,0818 0,0824 0,0805 0,0924 0,1057 0,1694 0,205 0,1601 0,1907 0,2488 0,2564 0,0775 0,0425 0,0222 0,0032 -0,0064 0,0011 -0,0387 -0,0294 -0,0474 -0,0751 -0,0977 -0,1178 -0,1206 -0,136 -0,1387 -0,1346 0,118 0,128 0,128 0,128 0,132 0,216 0,224 0,225 0,231 0,253 0,243 0,152 0,096 0,085 0,016 0,008 0,01 0,023 0,001 -0,01 -0,01 -0,049 -0,071 -0,087 -0,105 -0,116 -0,14 0,209 0,226 0,223 0,226 0,223 0,275 0,292 0,289 0,304 0,33 0,325 0,241 0,205 0,191 0,095 0,082 0,081 0,081 0,048 0,027 0,027 -0,01 -0,018 -0,028 -0,037 -0,053 -0,088 tme 1,90 2,43 2,58 2,44 2,34 2,41 2,41 2,41 2,15 2,06 1,89 1,77 1,59 1,41 1,36 1,28 1,18 0,98 0,66 0,56 0,46 0,92 1,15 1,02 1,04 0,85 0,90 122,54 68,82 96,55 125,61 141,62 166,33 221,85 126,44 127,51 source cdc ixis tmor. pub. priv. moy. eonia euribor tec hebdo 1 mois 3 mois 10 the 2,10 2,63 2,78 2,64 2,54 2,61 2,61 2,61 2,35 2,26 2,09 1,97 1,79 1,61 1,56 1,48 1,38 1,18 0,86 0,76 0,66 1,12 1,35 1,22 1,24 1,05 1,10 04-11 05-11 06-11 09-11 10-11 11-11 12-11 13-11 16-11 17-11 18-11 19-11 23-11 24-11 25-11 26-11 27-11 30-11 01-12 02-12 03-12 04-12 07-12 08-12 09-12 10-12 11-12 0,76 0,76 0,93 0,93 0,93 0,93 0,93 0,93 0,93 0,93 0,93 0,93 0,86 0,86 0,86 0,86 0,86 0,86 0,86 0,86 0,86 0,84 0,84 0,84 0,84 0,84 0,95 2,10 2,63 2,78 2,64 2,54 2,61 2,61 2,61 2,35 2,26 2,09 1,97 1,79 1,61 1,56 1,48 1,38 1,18 0,86 0,76 0,66 1,12 1,35 1,22 1,24 1,05 1,10 -0,129 -0,134 -0,13 -0,138 -0,138 -0,145 -0,139 -0,131 -0,132 -0,132 -0,138 -0,131 -0,133 -0,133 -0,138 -0,139 -0,134 -0,139 -0,138 -0,127 -0,131 -0,132 -0,138 -0,138 -0,142 -0,147 -0,235 -0,121 -0,122 -0,123 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13,92 Juil. 16 13,95 or (eN dollars Par oNce) seTTleMeNT seTTleMeNT 10/12 14,31 14,07 14,1 14,14 14,18 seTTleMeNT 11/12 déc. 15 1076,9 JaNv. 16 1076 Fév. 16 1075,7 avr. 16 1076,4 aouT 16 1077,9 platine (eN dollars Par oNce) seTTleMeNT JaNv. 16 avr. 16 Juil. 16 ocT. 16 JaNv. 17 11/12 843,7 844,1 845,5 846,5 848,4 10/12 1072,6 1071,6 1071 1071,8 1073,3 seTTleMeNT 10/12 855,3 856,6 857,9 843 0 DIAMANT Taille KCut Taille coul. kcuT kcuT kcuT kcuT d d d d pur. poids cours ct($) préc.($) iF 2ct 36858 36806 iF 1ct 19335 19388 iF 3/4ct 8796 8807 iF 1/2 c 6798 6806 + d’infos sur klpdiamonds.com MéTaux non Ferreux cuivre (girm): caThodes : 4475 a coMPTer du 11/12/ autres demi produits cuivreux : base cuivre 518,94 dePuis le 11/12 base laMiNé laiToN 1 TiTre 426,13 dePuis le 11/12 base laMiNé laiToN 70/30 434,57 dePuis le 11/12 base laMiNé laiToN 85/15 476,75 dePuis le 11/12 base laMiNé broNze 94/6 591,02 dePuis le 11/12 base laMiNé broNze 94/4 566,99 dePuis le 11/12 London MeTaL exchange 11/12 10/12 alliage d`alumin. (en $ par tonne) cash 1550-1555 1560-1570 3 Mois 1560-1570 1570-1580 vol. 13460 13460 aluminium (en $ par tonne) cash 1478-1479 1493-1494 3 Mois 1481-1481,5 1494,5-1495 vol. 2924850 2930725 cuivre (en $ par tonne) cash 4571-4572 4619-4620 3 Mois 4569-4570 4612-4612 sTocks 231925 232700 etain (en $ par tonne) cash 14425-14450 14575-14600 3 Mois 14405-14410 14600-14650 vol. 5750 5705 nickel (en $ par tonne) cash 8525-8530 8720-8725 3 Mois 8550-8560 8750-8755 vol. 399888 393228 plomb (en $ par tonne) cash 1683,5-1684 1708,5-1709 3 Mois 1689-1690 1714-1715 vol. 131750 131850 Zinc (en $ par tonne) cash 1501,5-1502 1521-1521,5 3 Mois 1519-1520 1538-1539 vol. 517050 520650 neW YorK cuivre (en cents par lb) seTTleMeNT seTTleMeNT déc. 15 JaNv. 16 Fév. 16 Mars 16 11/12 2,11 2,11 2,11 2,12 10/12 2,06 2,07 2,06 2,06 KuaLa LuMpur etain (en dollars par tonne) seTTleMeNT seTTleMeNT Jou r 11/12 14550 10/12 14480 vol 441 714 180 65752 vol MéTaux sTraTégiQues Londres (eN dollars) 11/12 10/12 antimoine 99,65% (par tonne) 5200 5200 bismuth 99,99% (par lb) 4,45 4,45 cadmium 99,95% (par lb) 0,42 0,42 cobalt (cathodes) 99,80% (par lb) 9,95 9,95 eponge de titane 99,60% (par kg) 9,4 9,4 ferro manganese (hc) (par tonne) 900 900 ferro molybdene (par kg) 12,55 12,55 germanium (par kg) 1200 1200 selenium 99,50% (par lb) 7,25 7,25 silicium (par tonne) 2050 2050 ice (eN gbP Par MWh) clôTure clôTure base JaN 16 base aPr 16 PoiNTe JaN 16 PoiNTe aPr 16 11/12 37,67 37,96 44,33 40,58 clôTure 10/12 39,95 45,95 clôTure 10/12 38,06 38,06 44,92 44,92 vol vol JaNv. 16 Fév. 16 Mars 16 avr. 16 Nov. 16 singapour gasoliNe 97 gas oil Fuel oil (180) Fuel oil (380) 59,39 47,16 184,5 200,5 56,25 48,28 186,5 198 éMission co2 nymex emissions (eN euros Par ToNNe) clôTure clôTure clôTure clôTure 10/12 36,75 38,43 39,78 40,83 45,1 11/12 8,67 clôTure 36,15 36,25 36,15 36,25 vol gaz naTureL déc. 15 JaNv. 16 Fév. 16 11/12 0 1,98 2,03 clôTure vol 10/12 2,2 2 2,06 clôTure 10/12 17,48 vol vol 8273 1019 614 172 seTTleMeNT seTTleMeNT 11/12 JaN 2016 16,48 Fev 2016 16,53 Mars 2016 16,53 10/12 16,62 16,71 16,56 10/12 61,3 63,75 64,52 10/12 14,55 14,19 13,88 13,94 14,38 41425 16647 11458 4537 869 clôTure clôTure 11/12 10/12 déc. 15 2257 2245 Mars 16 2278 2279 Mai 16 2273 2273 Juil. 16 2268 2270 sePT. 16 2261 2263 new york (eN $ Par ToNNe) vol 2261 13066 3938 3466 1458 déc. 15 Mars 16 Mai 16 Juil. 16 déc. 16 11/12 3348 3353 3347 3342 3311 10/12 3354 3356 3350 3343 3302 vol 2 12800 2712 1325 219 clôTure clôTure vol 11/12 10/12 Nov. 15 1481 1498 JaNv. 16 1499 1524 6837 Mars 16 1528 1551 8594 Mai 16 1556 1578 1751 sePT. 16 1604 1623 285 new york-arabica (en cents par lb) seTTleMeNT seTTleMeNT vol 9727 2637 déc. 15 Mars 16 Mai 16 Juil. 16 11/12 118,1 121,2 123,3 125,3 10/12 124,6 126,6 128,45 130,4 vol 12 21125 3151 1635 new york (coNT. No2 - eN ceNTs Par lb) seTTleMeNT seTTleMeNT 10/12 264,1 263,1 263,8 vol seTTleMeNT seTTleMeNT vol 11/12 10/12 JaNv. 16 11,06 11,08 Mars 16 11,33 11,35 Mai 16 11,62 11,7 avoine à chicago (eN ceNTs Par boisseau) vol seTTleMeNT seTTleMeNT Jou r 11/12 10/12 112,45 115,7 vol 112.45 364 290 4 seTTleMeNT seTTleMeNT vol 55 465 96 seTTleMeNT seTTleMeNT 11/12 112,35 112,7 115,15 vol 10/12 112,5 112,9 115,5 70 FreT MariTiMe balTic dry iNdex : 534 le 10/12//15 balTic PaNaMax iNdex : 408 le 10/12//15 balTic caPesize iNdex : 824 le 10/12//15 balTic suPraMax iNdex : 455 le 10/12//15 balTic dirTy iNTerN. TaNker :920 le 10/12//15 balTic cleaN iNTerN. TaNker :556 le 10/12//15 indices 11/12 rJ crb chicago (eN $ Par 1000 bdFT) vol 1253 2202 498 seTTleMeNT seTTleMeNT vol londres-robusta (en $ par tonne) 160 6 11/12 10/12 déc. 15 373 377 2028 Mars 16 375,25 379,25 123406 Mai 16 380,25 384,75 25605 riZ à chicago (eN ceNTs Par lb) Nov. 15 JaNv. 16 Mars 16 jus d’orange 11/12 260,8 260 261,3 seTTleMeNT seTTleMeNT 11/12 10/12 JaNv. 16 164,5 165 Mars 16 169,25 170,25 JuiN 16 174 174,25 mais à chicago (eN ceNTs Par boisseau) caFé Bois JaNv. 16 Mars 16 Mai 16 11/12 10/12 déc. 15 482,75 484,5 Mars 16 490,5 495,5 Mai 16 496,25 501 mais à paris (eN euros Par ToNNe) Prix indicatif de l'organisation internationale du café (cents us/livre) : Prix composé : 116.9 Moyenne quinze derniers jours : 205.461 new york (cont. n°2 - cents par lb) seTTleMeNT seTTleMeNT 11/12 14,58 14,22 13,94 13,99 14,43 vol 11/12 10/12 déc. 15 165 165 Mars 16 176,25 177,5 17045 Mai 16 181 181,75 6541 blé à chicago (eN ceNTs Par boisseau) vol coTon 11/12 62,27 63,71 64,49 Mars 16 Mai 16 Juil. 16 ocT. 16 Mars 17 clôTure blé de meunerie n°2 à paris (eN euros Par ToNNe) 11/12 10/12 déc. 15 256,5 266 Mars 16 232,5 237,25 Mai 16 231 235,25 blé fourrager à londres (eN £ Par ToNNe) iNdice coTlook a : 71,25, le 11/12//15 Déc. 15 Mars 16 Mai 16 clôTure seTTleMeNT seTTleMeNT clôTure powernext gas futures vol vol 4736 1953 820 148 38 cacao seTTleMeNT seTTleMeNT 10/12 clôTure Prix indicatif de l'organisation internationale du cacao (dollars/tonne) : le 09/12/ Prix indicatif : 3396,71 londres (eN £ Par ToNNe) uraniuM 11/12 clôTure 11/12 10/12 Mars 16 399,2 397,8 Mai 16 397,8 397 aouT 16 396,6 395 ocT. 16 394,8 394,1 déc. 16 396,4 396,2 new york (eN ceNTs Par lb) vol 10/12 8,67 uranium nymex (en $ par lb) 11/12 Nord da 17,05 11/12 10/12 déc. 15 363,25 358,75 JaNv. 16 343,25 363 85702 Fév. 16 352,25 372 66645 Mars 16 363 380,75 34112 JuiN 16 387,5 400 30088 new york nymex wti (eN $ Par baril) 11/12 35,62 37,25 38,57 39,48 44,01 199 159,5 powernext gas spot 11/12 10/12 Jour 37,93 39,55 JaNv. 16 37,93 39,55 163131 Fév. 16 38,32 39,91 271047 londres-gaZole (eN $ Par ToNNe) clôTure 195,5 155,5 clôTure londres-brent (eN $ Par baril) clôTure fuel Fuel oil (hs 180) Fuel oil (hs 380) sPoT céréaLes 14,32 cts/lb londres (eN dollars Par ToNNe) 333 nymex ( eN $ Par MbTu) produiTs péTroLiers clôTure sucre london daily price: déc. 15 Mars 16 éLecTriciTé 11/12 base 39,95 PoiNTe 45,95 ice futures (eN gbP Par MWh) produiTs péTroLiers rotterdam (barges - Fob) (eN $ Par ToNNe) gas oil 0.1% sul. 322 175,36 10/12 177,54 reuTers coM. 2240,53 2258,54 Moodys coM. 4750,07 4760,49 or iNdusTriel 31738 31738 lMex 2147,9 2149,1 FINANCE&MARCHÉS // 37 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 DERNIER DIVIDENDE NET EN EUROS** MONT. DATE CODE ISIN DéSIGNATION DES VALEURS VAL. UNIT DATE HORS FRAIS DE LA EN EUROS** VALOR. DERNIER DIVIDENDE NET EN EUROS** MONT. DATE CODE ISIN DéSIGNATION DES VALEURS VAL. UNIT DATE HORS FRAIS DE LA EN EUROS** VALOR. Pictet Asset Management 34, avenue de Messine 75008 Paris Tél. : 01 56 88 71 00 www.pictetfunds.fr Mirabaud Asset Management Tél. +41 58 816 20 20 www.mirabaud.com [email protected] LU0689230778 MIR. - CONV. BONDS A EUR 137,44 11/12 LU0928190510 MIR. - CONV.BONDS GLB A USD 115,39 11/12 LU0187024954 MIR. - EQ ASIA EX JAP A 169,01 11/12 LU0280430660 PICTET-CLEAN ENERGY LU0800193780 MIR. - EQ GLB EMRG MKT A USD 85,09 11/12 LU0130728842 PICTET-EASTERN EUROPE 244,32 11/12 LU1008513852 MIR. - EQ GLOBAL FOCUS A USD 102,43 11/12 LU0255798109 PICTET-EMERG LC DEBT 142,83 11/12 LU0130729220 PICTET-EMERGING MKTS 412,65 11/12 LU0128490280 PICTET-EUR BONDS 529,45 11/12 LU0128470845 PICTET-EUR CORP. BONDS 188,23 11/12 LU0167158327 PICTET-EUR SMT BONDS 133,8 LU0130731986 PICTET-EUROPEAN EQ. SEL. 581,13 11/12 LU0144509717 PICTET-EUROPEAN SUST. EQ. 229,98 11/12 LU0787970960 MIR. - EQ SPAIN A EUR DERNIER DIVIDENDE NET EN EUROS** MONT. DATE LU0301152442 ÖKOWORLD KLIMA EUR LU0061928585 ÖKOWORLD ÖKOVIS.CL. EUR 25,68 11/12 LU0636969866 MIR. - EQ SWISS SM/MID A 327,37 11/12 LU1008513340 MIR. - GLB EQ HIGH INC A USD 98,59 11/12 LU0862027272 MIR. - GLB HIGH YLD BDS A USD 107,48 11/12 LU1256186930 MIR. - GLB INV GRA BDS A EUR 100,67 11/12 LU0963986202 MIR. - GLB STRAT BOND A USD 104,16 11/12 51,67 11/12 143,93 11/12 OPTIGESTION 39, avenue Pierre 1er de Serbie 75008 PARIS Standard : +33 1 73 11 00 00 Internet : www.optigestion.com FR0010106450 OPTIGEST MONDE DI 172,81 10/12 FR0010236760 OPTIGEST EUROPE 115,05 10/12 LU0155303323 PICTET-ASIAN EQ. JAPAN 179,78 11/12 LU0090689299 PICTET-BIOTECH 738,1 11/12 72,13 11/12 CODE ISIN CLASSIFICATION VAL. UNIT DATE HORS FRAIS DE LA EN EUROS** VALOR. CLASSIFICATION DéSIGNATION DES VALEURS CLASSIFICATION CODE ISIN CLASSIFICATION sicav//fcp DéSIGNATION DES VALEURS VAL. UNIT DATE HORS FRAIS DE LA EN EUROS** VALOR. LU0128467544 PICTET-GLOBAL EMERG.DEBT 329,84 11/12 LU0168449691 PICTET-GREATER CHINA 398,38 11/12 LU0188501257 PICTET-HEALTH 245 LU0070964530 PICTET-INDIAN EQ. 383,84 11/12 LU0176900511 PICTET-JAPANESE EQ. SEL. LU0256846139 PICTET-SECURITY LU0130732364 PICTET-SMALL CAP EUR. DERNIER DIVIDENDE NET EN EUROS** MONT. DATE 11/12 13744,87 11/12 186,55 11/12 1034,78 11/12 LU0256840108 PICTET-US EQ. SEL 179,12 11/12 LU0104884860 PICTET-WATER 249,58 11/12 LU0158903558 AKTIEN DEUTSCHLAND ELM 280,3 11/12 11/12 Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DéSIGnAtIOn DES VALEURS». carnet fr AIR FRANCE-KLM Nathalie Stubler Antoine Pussiau Patrick Roux Au 1er février, Nathalie Stubler sera président-directeur général de Transavia France. Antoine Pussiau rejoint l’activité commerciale du groupe Air France-KLM en qualité de directeur général Asie-Pacifique, tandis que Patrick Roux devient directeur des alliances d’Air France-KLM. Na t h a l i e S t u b l e r, q u a r a n t e sept ans, ancienne élève de Polytechnique et de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, a occupé, entre 1992 et 2012, divers postes d’abord à Air Inter, puis à Air France dans les directions du réseau, du commercial, du développement durable, du revenue management et pricing. En 2013, elle fut, au sein d’Air France, en charge du revenue management et du réseau, avant de rejoindre Air France-KLM comme directrice de la stratégie du réseau. Depuis 2014, elle était directrice de cabinet du PDG, Alexandre de Juniac, et secrétaire du comité exécutif du groupe Air FranceKLM. Antoine Pussiau, cinquante neuf ans, ancien élève de Centrale Paris, est diplômé de l’IAE de Paris. Au sein d’Air France puis d’Air France-KLM, il fut directeur des pays andins en 1996, directeur Italie, Malte et Albanie en 1998 et directeur commercial de l’Afrique et du Moyen-Orient en 2002. Il a pris, en 2007, la direction générale Caraïbes et océan Indien, puis, en 2010, celle de l’Europe et de l’Afrique du Nord. En 2013, il était devenu PDG de Transavia France. Patrick Roux, quarante-neuf ans, est diplômé de l’Ecole nationale supérieure des télécommunications de Paris. Après avoir mené la fusion avec Air Inter, il a pris, en 1998, la direction du pricing et revenue management pour l’ensemble des vols court et moyen-courriers. Il a été nommé chef de cabinet du PDG d’Air France en 1999, puis directeur marketing monde d’Air France en 2002, responsabilités étendues, en 2008, comme directeur général marketing d’Air France-KLM. En 2010, il était devenu directeur général Amériques d’Air FranceKLM, avant d’être, en 2013, directeur général Asie Pacifique d’Air France-KLM. COMPUTACENTER Lieven Bergmans est nommé country unit director France de Computacenter. Lieven Bergmans, quarante-quatre ans, diplômé en sciences de l’informatique de l’université catholique de Louvain, en Belgique, a d’abord travaillé à Real S oft ware, CSS et Erudict. En 2000, il est entré chez Computacenter comme manager au consulting, puis est promu directeur de l’intégration d’infrastructures. En 2006, il a pris en charge la direction des opérations. Depuis 2008, il était directeur général Benelux. LAGARDÈRE Caroline Cochaux Julien Figue Jean-René Aucouturier deviennent respectivement directrice déléguée du pôle TV de Lagardère Active et présidente de Gulli, directeur délégué adjoint du pôle TV de Lagardère Active, et directeur commercial et développement du pôle TV de Lagardère Active. Caroline Cochaux, quarante et un ans, a dirigé KissMan Productions, avant de devenir, de 2006 à 2009, directrice de l’action culturelle de la FNAC. En 2011, elle a rejoint « Europe 1 » comme directrice adjointe des programmes, puis a intégré, en 2013, le pôle TV en tant que directrice des programmes des chaînes jeunesse et famille. Depuis 2014, elle était directrice générale des antennes et des programmes des chaînes de télévision de Lagardère Active. Julien Figue, trente-six ans, est titulaire d’un DESS management de la communication audiovisuelle. Ces dix dernières années, PORTRAIT visionnaires et passionnés est le fil rouge de son parcours. « Mon père était entrepreneur en bâtiment et travaux publics », lâche-t-il, sans s’attarder sur ses racines stéphanoises. Lui se dépeint plutôt comme un « opérateur ». Entré chez Flo comme directeur financier avant d’en devenir numéro un, Dominique Giraudier participe au développement de la marque, travaille à la première augmentation de capital de l’entreprise et au rachat d’Hippopotamus. par Marie-Caroline Missir – Correspondante à Lyon Dominique Giraudier metlamainàla pâtechezBocuse Lorsque Dominique Giraudier a pris possession de son bureau au Groupe Flo, c’est une photo de fin de repas avec Paul Bocuse qu’il a suspendue au mur. Deux décennies plus tard, il est le directeur général de l’institut créé par le célèbre chef. Et affiche un large sourire à l’évocation de ce souvenir : « Si l’on m’avait dit, il y a un an, que j’aurais la chance de diriger cet institut, j’aurais été le premier surpris », s’exclame Dominique Giraudier. Il y a un an justement, ce quinquagénaire à la mise soignée de cadre sup quittait le traiteur Flo sur un « désaccord de stratégie ». Quelques missions de conseil plus tard, il croise la route de Gérard Pélisson, président de l’InstitutBocuse,quilerecrute,enluiconfiantla délicate mission de succéder à Hervé Fleury, cheville ouvrière de l’institut depuis dix- il a travaillé au sein du groupe NRJ, notamment en tant que directeur des antennes, de la programmation et des acquisitions pôle TV (qui comprend NRJ 12, Chérie 25, NRJ Paris et NRJ Hits). Depuis mars dernier, il était secrétaire général des antennes du pôle TV de Lagardère Active. Jean-René Aucouturier, trenteneuf ans, diplômé de l’Ecole des cadres, fut en début de carrière, directeur marketing de « Libération ». Un poste qu’il a également occupé au sein des Editions Atlas. En 2007, il a intégré le pôle TV de Lagardère Active où il a notamment été nommé directeur adjoint à la diversification et à la distribution. Il est ensuite devenu directeur commercial France et international en charge de la diversification et de la distribution du pôle TV. Stéphne de Sakutin/AFP ENTREPRISES Fou de cuisine sept ans et incontournable figure lyonnaise. « Voila une rencontre », avec le cofondateur d’Accor,« quiadenouveauperturbémesplansde carrière. Mais j’aime bien me laisser perturber », raconte Dominique Giraudier, dont la carrière, pourtant sans accroc, a démarré, en 1981, dans la grande distribution, chez Casino. Dix ans plus tard, à la veille d’une mutation sur la côte Ouest des Etats-Unis, il accepte un déjeuner avec Jean-Paul Bucher, fondateur du Groupe Flo. Ce dernier, aujourd’hui disparu, venait de l’inviter à rejoindre la société de restauration : « Je voulais lui dire poliment que son offre ne m’intéressait pas. A la fin du déjeuner, je plaquais mon plan de carrière chez Casino pour rejoindre un chef alsacien autodidacte. » Sa fascination pour ces figures d’entrepreneurs BOYDEN Caroline Golenko rejoint Boyden France comme partner, en charge des practices financial services et executive consulting. Caroline Golenko, cinquante et un ans, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, a d’abord été assistante parlementaire. En 1988, elle a intégré Wiggins Teape Ltd. comme consultante interne, avant de rejoindre, deux ans plus tard, l’Institute of Management Ressources (IMR) en tant que consultante senior. Elle y est devenue directrice des ressources humaines et membre du comité exécutif en Europe. En 1999, elle a rejoint l’univers de l’executive search, officiant comme associée et comanaging partner dans divers cabinets. C’est au cours de ses vingt-trois ans chez Flo que ce fin gourmet, fou de cuisine, se rapproche de l’Institut Bocuse : il y recrute de jeunes talents et préside le comité RH de la prestigieuse école d’hôtellerie et de restauration. Ainsi, l’arrivée aux commandes de ce marathonien, adepte, dit-il, de la course à pied pour pouvoir « rester gourmand », ne doit rien au hasard. A présent, les deux pieds dans la maison, il aborde avec délice sa nouvelle mission. Fustigeant les réformes de la taxe d’apprentissage, des chambres de commerce et le décret encadrant les stages – « une vraie connerie », dit-il –, il prend très à cœur les enjeux de l’éducation de demain et souligne le potentiel d’emploi de la filière restauration dans les années à venir. En bon financier, Dominique Giraudier compte donc multiplier par deux les effectifs de l’école d’ici à 2020, développer les partenariats internationaux et l’offre de formation continue, accélérer la transition numérique de l’école et accueillir plus de 5 à 10% de boursiers… Un vrai menu de chef. n PSA PEUGEOT CITROËN Jean-Marc Finot prendra le 1er janvier 2016 la direction du centre d’excellence sports automobiles PSA Peugeot Citroën. Jean-Marc Finot, cinquante trois ans, ingénieur des Arts et Métiers, a débuté en 1986 chez Peugeot. Entre 2000 et jusqu’en 2004, il a dirigé le pôle synthèse et dynamique véhicule PSA, avant de prendre, l’année suivante, la direction de l’ingénierie châssis et dynamique véhicule PSA. Depuis 2012, il était directeur de la recherche, de l’innovation et des technologies avancées PSA. , Envoyez vos nominations à [email protected] ILS SONT NÉS UN 14 DÉCEMBRE Jane Birkin, chanteuse et comédienne, 69 ans. Antonin Beurrier, président de Vale NC, 45 ans. Pierre Blayau, président de la Caisse centrale de réassurance (CCR), 65 ans. Christophe Bonduelle, PDG de Bonduelle, 56 ans. Nicolas Bordas, publicitaire, 55 ans. Henri Dès, musicien, 75 ans. Maurice Mességué, herboriste, 94 ans. Michael Owen, footballeur, 36 ans. Dilma Rousseff, présidente du Brésil, 68 ans. Gérard Terrien, président de la Chambre régionale des comptes d’Ile-de-France, 61 ans. Lundi 14 décembre 2015 ` SUR LE WEB WWW.LESECHOS.FR Refroidissement climatique Le compromis entre l’Etat et Nissan est un repoussoir pour l’investisseur minoritaire. + L’INVITÉ DES ECHOS « Les Echos » AVEC LucPoyerPrésident dudirectoired’E.ONFrance LA DISPARITION DES TARIFS RÉGLEMENTÉS « Il y a une échéance très importante à la fin de l’année : toutes les PME qui sont aux tarifs vert et jaune, soit 468.000 sites, doivent en sortir. Il y a vraiment une impulsion pour que ce changement ait lieu, car si elles ne l’ont pas fait, les entreprises passeront à un tarif transitoire pendant six mois, avec une augmentation des prix de 10 à 15 %, puis à des tarifs de plus en plus dissuasifs. Nous, nous proposons des prix de marché de 10 à 15 % moins chers, et de 20 à 30 % par rapport aux tarifs transitoires. » LES OFFRES VERTES « Dans ces offres 15 % moins chères, nous proposons des offres 100 % énergies renouvelables, qui sont également compétitives. Nous sentons un vrai changement chez nos clients. Avant, le vert, c’était marginal, c’était un petit luxe. C’est désormais une offre standard, et plus d’un tiers de nos clients la choisissent. De notre côté, nous allons améliorer les offres, en développant l’achat d’électricité à des petits producteurs. » LA SCISSION D’E.ON « E.ON a fait le constat de l’existence d’un nouveau monde, centré sur les services énergétiques, à côté d’un monde conventionnel, avec les grandes centrales thermiques, la grande hydroélectricité, etc., qui reste absolument clef dans les pays émergents. Ces deux mondes doivent coexister et l’innovation ne doit pas être le monopole du nouveau monde. Dans le monde conventionnel, des technologies comme le stockage d’hydrogène vont être fondamentales. L’entité française va entièrement rejoindre Uniper, la nouvelle entité du monde conventionnel, à partir du 1er janvier et changera de nom. » Interview réalisée par Pascal Pogam Le plus important accord sur le réchauffement climatique n’a pas été conclu entre 195 pays, mais entre l’Etat français et l’Alliance Renault-Nissan. Au moins est-on certain en effet que ce dernier ne dépassera jamais le 1,5 degré de radoucissement ! A une escalade de huit mois entre le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, et le double PDG de Renault et de Nissan, Carlos Ghosn, succède une guerre froide. Si, dans sa lutte intéressée contre les droits de vote double de l’Etat actionnaire, le pilote de l’Alliance s’est fait le défenseur des autres minoritaires, le compromis installant chacun dans sa forteresse, l’un à Bercy avec la main sur la destinée de Renault, l’autre sur son Aventin japonais, est réfrigérant pour les investisseurs. L’Etat qui a conduit Areva vers une quasi-faillite et EDF vers la bretelle de sortie du CAC40, conserve une minorité de blocage effective, rédhibitoire pour les fonds anglo-saxons, sur toutes les décisions stratégiques de Renault (dividende et cessions). L’échauffement d’Emmanuel Macron s’achève par un claquage : la double question de la succession de Carlos Ghosn et de la consolidation de l’Alliance, dont son PDG est le principal ciment, reste entière. Sa position chez Nissan est sanctuarisée, tout comme sa rémunération souvent critiquée pour son absence de transparence. Aux standards de l’archipel du Soleil-Levant, l’âge du Shogun – soixante et un ans – lui offre un horizon beaucoup plus dégagé que celui des couloirs de Bercy à leur locataire. AVIS FINANCIERS BNP Paribas IP 34 Credit Suisse 27 Linamar-Montupet 21 Nokia-Alcatel Lucent 25 UBS ETF 27 Vilmorin 27 EN VUE les echos est une publication du principal associé ufipar (lvmh) présiDent-Directeur général Francis Morel Directeur général Délégué Christophe Victor Directeur Délégué Bernard Villeneuve Directeur De la réDaction Nicolas Barré Directeurs Délégués De la réDaction Dominique Seux et François Vidal réDacteurs en chef David Barroux (entreprises) Laura Berny (numérique) Daniel Fortin (magazine, opinions, innovation) Muriel Jasor (les echos business) Arnaud Le Gal (opérations spéciales) Etienne Lefebvre (france et international) Clémence Lemaistre (numérique) Guillaume Maujean (finance-marchés) Pascal Pogam (enquêtes) réDacteur en chef technique Didier Boileau Directeur De création Fabien Laborde Directrice artistique aDJointe Marion Brisson eDitorialistes Cécile Cornudet, Jacques Hubert-Rodier, Eric Le Boucher, Jean-Francis Pécresse, Jean-Marc Vittori, Sabine Delanglade, Laurent Flallo, Sylvie Ramadier (le crible) Les eChos week-end Directeur De la réDaction Henri Gibier Directeurs Délégués De la réDaction Bénédicte Epinay et Laurent Guez réDacteurs en chef Gilles Denis et Karl de Meyer Directrice artistique Cécile Texeraud sÉrIe LImITÉe Directrice Déléguée De la réDaction Bénédicte Epinay réDacteur en chef Gilles Denis Directrice artistique Louise Lebert Directrice Déléguée marketing Digital et Diffusion Sophie Gourmelen Directeur stratégie et communication Fabrice Février PUBLICITÉ Les Echosmédias tél. : 01 49 53 65 65. fax : 01 49 53 68 22 présiDent Daniel Saada Directrice générale Cécile Colomb Directrice publicité financiÈre Florence Bordiau-Hardouin Directeur commercial b to b Nicolas Danard Directrice commerciale pôle lifestYle Anne-Valérie Oesterlé serVICe ABonnemenTs les echos 4, rue de mouchy, 60438 noailles cedex tél. : 01 70 37 61 36. fax : 01 55 56 70 38 du lundi au vendredi de 9 h à 18 h ImPressIon l’imprimerie (tremblay-en-france), montpellier (midi libre), ste-marie de la réunion (rotocéan). tirage Du 11 Décembre 2015 : 158.197 exemplaires membre de oJD-Diffusion contrôle cppap : 0416 c 83015. toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957) ce numéro comporte un 3e cahier de 10 pages « les echos business » Eurofins renonce à augmenter son capital, faute d’avoir préparé le terrain. « Chassez le naturel, il revient au galop ! » Eurofins, leader mondial de la bio-analyse (aliments, médicaments et environnement), a testé le marché boursier et, faute de trouver le résultat espéré, il a immédiatement retiré son augmentation de capital, en 24 heures seulement. Malheureusement, cette célérité appréciée quand il s’agit de faire face à des drames sanitaires l’est beaucoup moins pour la psychologie boursière. La dégringolade de vendredi (–10 %), supérieure à la hausse du nombre d’actions envisagée (6,5 %), dénote la dose d’incertitude administrée par cette volte-face. Le fondateur Gilles Martin et sa famille conservent leur réputation de ne pas vouloir trop baisser leur prix pour ne pas trop diluer leur participation (42 % du capital et 59 % des droits de vote), ce qui ne saurait les faire taxer d’égoïsme, vu leur création de valeur remarquable, y compris dans la période récente (+44 % depuis le début de l’année). En revanche, le procès du déficit d’à-propos les menace car la communication financière, intensive ces derniers mois, avait mal préparé le terrain, en dévoilant un plan stratégique à la croissance externe financée sans levée de fonds. Recourir au gratin bancaire pour placer une opération (BNP Paribas, Deutsche Bank et JP Morgan) lui donnant les moyens d’aller au-delà de ces objectifs n’y a rien changé. Servir de nouvelles actions quand un cours caracole au plus haut et au milieu d’un marché sur les nerfs à cause des banques centrales, le tout à la fin de l’année boursière, a tourné au test à l’aveugle. SNCF 19 Syngenta 24 Technip 34 Total 34 Unilever 26 Universal 29 Vallourec 34 Veolia 16 Ween 31 Directeur De la publication & présiDent De la sas les echos Francis Morel edité par les echos, sas au capital de 794.240 euros rcs 582 071 437 16, rue du 4-Septembre, 75112 Paris Cedex 02 Tél. : 01 49 53 65 65. Fax : 01 49 53 68 00 www.lessechos.fr éDitrice Bérénice Lajouanie éDitrice Déléguée Capucine Marraud des Grottes Directeur Des Développements éDitoriaux Du pôle les echos Henri Gibier Testà l’aveugle L’interpellation du patron de Fosun marquera un tournant pour les investisseurs. LES ENTREPRISES CITÉES KMW 24 La Poste 29 Lagardère Active 37 Lamberet 30 Latelec 31 Libner 30 Lucasfilm 28, 29 Marvel 28 Monsanto 24 Nexter 24 Nissan 22 Pixar 28 PSA Peugeot Citroën 37 Renault 34 Renault-Nissan 22 SCOR 34 Qui connaît M. Guo ? Si le pouvoir de Pékin ne s’est jamais posé la question, il a visiblement sous-estimé la réponse. Le retentissement international de la « disparition » de Guo Guangchang, le patron du conglomérat chinois Fosun, devenu injoignable à sa descente d’un avion avant que son groupe ne finisse par confirmer qu’il « assistait les autorités dans certaines enquêtes », se conjugue de moins en moins bien avec la nouvelle « grammaire des affaires » du gouvernement, plus répressive depuis le krach boursier de l’été. Le style d’investissement du milliardaire, proche de son modèle américain Warren Buffett, et la trentaine de milliards de dollars placés en une vingtaine d’années en ont fait l’un des tycoons les plus en vue de la scène planétaire à travers ses acquisitions du Club Méditerranée, de l’assureur portugais Fidelidade, du Cirque du Soleil et ses participations cotées (Thomas Cook, Folli Follie). L’interpellation de la onzième fortune privée de l’ex-empire du Milieu, proche de la municipalité de Shanghai, sous le coup d’investigations, fait surgir le risque d’une « poutinisation » du régime rappelant de mauvais souvenirs aux investisseurs internationaux. En Bourse, un sixième de la capitalisation du conglomérat totalisant 13 milliards d’euros à Hong Kong, soit l’essentiel des 2,5 milliards d’euros d’augmentation de capital de cette année, est susceptible de s’évaporer à la reprise de cotation ce lundi si la tendance du marché gris à New York se confirme. Après les deux premières armes du « Petit Livre rouge » (un parti discipliné, une armée sous son contrôle), le président chinois Xi Jinping prépare la troisième, le « front uni des classes révolutionnaires », les 596 milliardaires du pays inclus. A Pékin, la roche Tarpéienne se rapproche du Capitole. Ladisparition a L’intégralité de l’émission sur lesechos.fr/invitedesechos 20th Century Fox 29 AccorHotels 26 Aéroprotec 31 Air France-KLM 37 Airbnb 19 Bel 26 Boyden France 37 Computacenter 37 Disney 28, 29 Dow Chemical 24 Durisotti 30 Elior 26, 34 Elsalys Biotech 31 Eurofins 34 Institut Bocuse 37 Kering 26 crible Q Nasser AlKhelaïfi uelle quinzaine ! Foot ou politique, comment choisir ? D’un côté, Marine, Marion, Claude le rebelle de Saint-Denis, Valérie, Nicolas, Xavier, Christian et les autres se sont surpassés. De l’autre, Karim, Mathieu, Sepp Blatter, Platini ont presque autant occupé les unes et les télés. Où étaient passés les migrants, la croissance ? Sur le banc de touche ? Le monde politique continue à croire au système de l’élection. Celui du sport pratique le tirage au sort, après tout, ce n’est peut-être pas plus mal. On oublie les « sextapes », la corruption, ce lundi la grande famille du foot organise la suite des réjouissances, et tire donc au sort les huitièmes de finale de la Ligue des champions. A chacun ses échéances. Nasser Al Khelaïfi, le PDG du PSG, est particulièrement attentif à ce résultat. Cette année, il y croit. Son club perd en quarts depuis trois ans mais, là, il entrevoit une possi- bilité d’échappée à condition de ne pas tomber d’entrée sur ses bêtes noires, le Bayern ou le Barça. Ce n’est pas parce que c’est bientôt Noël qu’on espère le Messi.Descendantd’unpêcheurdeperles, Nasser ne manque pas d’humour : « On n’est pas là pour faire du business », confiait-il l’an dernier au « Parisien ». Intime de l’émir du Qatar, rencontré sur un court de tennis voilà trente ans, l u i - m ê m e e n av a i t d o u z e , i l e s t aujourd’hui son ambassadeur sportif. Résultat, tout le monde l’adore, il est « l’ami » de tous, Arnaud Lagardère, Sébastien Bazin... Nicolas Sarkozy l’a invité à l’anniversaire de ses soixante ans. « Challenges » décrit Gérard Mestrallet, le patron d’Engie, faisant le pied de grue pour l’approcher. Ah, le foot, quel spectacle ! ( Lire nos informations Page 21 LUNDI 14 DÉCEMBRE 2015 // SUPPLÉMENT GRATUIT AU NUMÉRO 22086 | ISSN 0.153.4831 | NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT SPÉCIAL TOP 2015,une année FLOP trèscontrastée en revue de quelques succès et revers de l’année. En France comme à l’étranger. Les rédactions des « Echos Business » et des « Echos » A l’heure du bilan, les dirigeants d’entreprise qui se penchent sur l’année 2015 peuvent trouver matière à se réjouir. Avec Altice, les techniques d’ingénierie financière sont à leur comble. Les succès commerciaux sont enfin au rendez-vous chez Dassault et la stratégie d’AccorHotels, sous la férule de Sébastien Bazin, est dans les clous. Autres points notables : le redécollage de Latécoère et l’entrée en Bourse en fanfare d’Amundi. Enfin, en point d’orgue, la donation de Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, qui va donner progressivement 99 % de ses actions, soit 45 milliards de dollars. Année de scandales également, 2015 restera dans les annales pour les emblématiques affaires Volkswagen Altice,ou l’artdes montagesfinanciers Valérie Landrieu De John Malone, le patron de Liberty Global qu’il présente volontiers comme son modèle, Patrick Drahi n’a pas hérité que du goût pour l’endettement, qu’il a massivement utilisé pour financer les récentes acquisitions d’Altice. A la fin novembre, le magnat des télécoms s’est livré à un tour de passe-passe financier rarement utilisé, sauf par… l’homme d’affaires américain. En janvier 2014, comme le raconte Bloomberg, lors de l’introduction en Bourse du consortium luxembourgeois, Patrick Drahi a fait l’acquisition par le biais de son holding, Next, d’un certain nombre d’actions. Pour financer cette opération, il a donné des titres Altice en garantie à ses prêteurs. Problème : le cours du groupe a perdu plus de 20 % sur un an, faisant diminuer d’autant la valeur de ces actifs en gage. Pour ne pas devoir répondre à un éventuel « appel de marge » des prêteurs et compenser en cash cette perte auprès d’eux en vendant des titres, et donc en faisant encore baisser le cours de l’action, l’homme d’affaires a décidé d’anticiper le remboursement de ses financiers en se servant d’un ingénieux système d’options sur actions appelé « fun- Après la révélation du trucage de 11 millions de moteurs Diesel, une question est revenue : comment la situation a-t-elle pu échapper à Martin Winterkorn ? Lui, le patron pointilleux, pétri de culture de l’ingénieur, qui affirmait connaître chaque vis des voitures du groupe ? Les premières conclusions de l’enquête interne rendues publiques le 10 décembre dernier évoquent « des erreurs et manquements individuels de certains salariés », « des faiblesses dans certains processus » et « une attitude de la part de certains qui consistait à tolérer les infractions à la loi ». Les résultats détaillés seront livrés devant les actionnaires en avril 2016, mais management et culture du groupe demeurent au centre du scandale. « Une culture du résultat poussée à l’extrême a grippé la mécanique managériale, comme elle l’avait déjà fait en 1973 », diagnostique Sébastien Mena, professeur de management à la Cass Business School de la City University de Londres. La tromperie était identique : un dispositif désactivant le système de contrôle des émissions. Aucune leçon n’aurait donc été tirée de l’épisode ? « La réalisation d’un véhicule conforme aux normes et PATRICK DRAHI, le patron d’Altice. ded collar ». Il permet de sanctuariser la valeur des actions à la hausse comme à la baisse et de se prémunir contre toute velléité des prêteurs. Pour ce faire, Drahi a confié, via Next, 81,2 millions d’actions à Goldman Sachs en échange d’un prêt. La banque s’est à son tour couverte en vendant 61 millions d’actions à des investisseurs institutionnels au prix unitaire de 13 euros, figeant de fait leur valeur. Pas de quoi rassurer les marchés : au lendemain de l’annonce de cette opération, le titre perdait encore près de 10 %. Mais chapeau pour l’ingénierie financière. n Latécoère redécolle Marie-Sophie Ramspacher Lydie Lecarpentier/RÉA En 2015, les redressements réussis se comptent sur les doigts d’une main. Celui de Latécoère, passé près du défaut de paiement, est victorieux car l’équipementier a réussi sa recapitalisation grâce à deux nouveaux actionnaires de référence – les fonds Apollo et Monarch –, arrêté un LA CHRONIQUE de Laurent Guez L’année qui s’achève restera dominée par les événements tragiques de janvier et de novembre. Ces drames sont encore dans toutes les têtes et, s’ils sont sans rapport avec la marche de l’économie, ils ne laissent pas indifférents les entrepreneurs et tous ceux qui font avancer le business, la création de richesses et d’emplois. Les attentats l’ont tellement colorée de noir qu’il faut se faire violence (si l’on peut dire) pour tirer un bilan positif de 2015. D’autant que la reprise attendue se fait toujours attendre. Aux « Echos Business », nous avons quand même voulu jeter un œil sur le rétroviseur pour tirer les leçons de l’année du management. Elle fut marquée, en France, par quelques personnalités exceptionnelles, à commencer par Patrick Drahi. C’est le seul à figurer ici à la fois parmi les « tops » et parmi les « flops » de 2015. Le patron d’Altice, la maison mère de Numericable-SFR, de « L’Express », de BFMTV, mais aussi de l’américain Cablevision, mérite un coup de chapeau pour son culot et ses coups d’éclat financiers. Il mérite aussi les gros yeux pour ce qu’il fait manifestement subir à ses fournisseurs, que de notoriété publique il paie le plus tard possible. Deux de ses sociétés, Numericable et SFR, figurent dans le Top 5 des plus mauvais payeurs de France, selon Bercy ! Etre cité simultanément parmi les champions et les derniers de la classe, c’est être remarqué deux fois : de ce point de vuelà, Patrick Drahi est l’homme de l’année ! n et Air France qui, pour des raisons bien différentes, ont choqué l’opinion. Impasses managériales, faillite du dialogue social, errances stratégiques et commerciales, déficiences sur le terrain de la gouvernance des données, etc., de Yahoo ! à Abercrombie & Fitch, les revers stratégiques sont saisissants. Sans compter Numericable et SFR inscrits au nombre des mauvais payeurs d’un palmarès 2015 établi par Bercy. Autant d’exemples illustratifs de l’année 2015. n Volkswagen,l’impasse managériale Vincent Bouquet Photo Nicolas Tavernier/RÉA L’hommede l’année nouveau cap stratégique et un plan de vol. « Le projet d’entreprise consiste à capter la conception d’ensembles à plus grande valeur ajoutée, en somme quitter l’habit d’assembleur. Pour y parvenir, je dois vaincre la variabilité et l’instabilité du système », décrit Frédéric Michelland, aux manettes depuis deux ans. Par cette belle formule, l’ex-directeur financier désigne l’impérative amélioration de la performance opérationnelle. Ses actionnaires ont, certes, dégagé une enveloppe de 100 millions d’euros qui lui a permis d’investir dans l’outil industriel, mais il doit désormais réussir la transformation de son organisation à moyens constants. Pour améliorer la qualité, le respect des délais et donc la productivité, les talons d’Achille identifiés du fournisseur d’Airbus et de Boeing, il dit s’inspirer des systèmes modulaires réussis de l’automobile. « L’objectif est de produire juste du premier jet et au bon prix car la nonqualité et le refaçonnage coûtent trop cher. » Sur le terrain, il a mis en musique la division des tâches en boucles courtes, la chasse aux gestes inutiles, la réduction a minima des stocks et la montée en expertise des cols bleus : « Ceux qui savent faire sont désormais en première ligne », souligne Frédéric Michelland. Le gel salarial, toutefois, commence à peser sur le moral des personnels. Vendredi, certains faisaient grève à Toulouse. n viable sur le marché place les ingénieurs devant un compromis difficile », pointe pour sa part un chercheur de l’université de Denver dans la presse professionnelle américaine. Tricher pour répondre aux objectifs d’une direction, dont les pratiques managériales sont réputées autoritaires… Sébastien Mena évoque des injonctions invitant, par exemple, à faire en sorte que les ventes de véhicules se développent sur le marché américain « à n’importe quel prix ». Une pression du résultat qui donne lieu à ce qu’il appelle une opportunité d’« irresponsabilité sociale ». n Finance Pernod Ricard s’est converti à l’affacturage // P. 04 | Juridique Une loi pour mieux protéger les lanceurs d’alerte // P. 05 | Ressources humaines Travail du dimanche : un référendum non innocent // P. 06 | Numérique Chiffrer pour protéger ses données// P. 08 | Volkswagen STRATÉGIES D’ENTREPRISE // Passage BUSINESS.LESECHOS.FR SUIVEZ-NOUS SUR 02 // LES ECHOS BUSINESS le journal du board DELPHINE ERNOTTECUNCI Sa nomination à la présidence de France Télévisions par le CSA a été fortement critiquée. Malgré les réticences internes, l’ancienne DG d’Orange France a fait front. Nicolas Tavernier/RÉA GUILLAUME SARKOZY Evincé de Malakoff Médéric, le délégué général a fait les frais des tensions qui règnent avec La Mutuelle Générale. Les deux acteurs doivent fusionner en janvier. p HISAO TANAKA Le PDG de Toshiba a démissionné après avoir été accusé, avec ses deux prédécesseurs, d’avoir gonflé les profits du groupe. La culture d’entreprise, propice à la collusion, est mise en cause. Bloomberg p Marc Bertrand/ « Challenges » - RÉA TOP FLOP p SPÉCIAL Lundi 14 décembre 2015 Les Echos Abercrombie&Fitchserhabille etsecherche DassaultAviation : dessuccèsenRafales Valérie Landrieu Egypte, Qatar, et peut-être bientôt Emirats arabes, sans parler de la méga-commande indienne de 126 avions, en suspens depuis quatre ans. Tout n’est pas signé mais pour Dassault Aviation, 2015 aura été l’année des succès en… Rafales. Il aura pourtant fallu attendre quatorze longues années pour que l’avion français entré en opérations en 2001 soit commandé par une armée étrangère. « Une fierté collective et partagée par l’ensemble de l’entreprise après plusieurs années d’attente », commentait le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, peu après la commande de 24 appareils par Le Caire. Une victoire de la persévérance, voire de l’obstination, comme l’a un temps analysé la presse indienne – à un moment où le contrat semblait proche d’être finalisé. Mais aussi la victoire d’un fleuron de la technologie. « Le Rafale est l’avion le plus compétitif de son marché selon tous les rapports techniques », souligne Philippe Plouvier, directeur associé en charge de l’activité Aéronautisme & Défense du BCG, à Paris. « Sur ces appels d’offres, la concurrence est grande. Les appareils russes et américains sont positionnés face à trois avions européens. Cela fait beaucoup de monde », pointe l’expert. Dassault Aviation a su profiter de l’opportunité offerte alors que les Egyptiens, critiqués par les Américains dont ils étaient des clients historiques, avaient décidé de changer de fournisseur. « L’équipe France dont Dassault Aviation était le chef de file a été exceptionnelle », souligne Philippe Plouvier. De l’électronique de Thales aux missiles MBDA, « elle a joué collectif ». Eric Trappier n’a d’ailleurs pas manqué de remercier les autorités françaises, qui ont apporté au Rafale « le soutien politique sans lequel il ne peut y avoir d’exportation militaire ». Nommé il y a deux et demi, le dirigeant, pur produit Dassault, n’en a pas moins une réputation de commercial hors pair, depuis la vente, en 1998, de 60 Mirage 2000-9 aux Emirats arabes unis. Pendant toutes ces années, il a sillonné le globe pour vendre l’avion-chasseur. L’objectif est aujourd’hui atteint. De nouveaux contrats sont évoqués pour 2016. En septembre dernier, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a remis aux autorités de Malaisie une « offre complète » pour l’acquisition de 18 avions. En attendant, la France table pour 2015 sur un bond de 80 % de ses exportations d’armement – en grande partie dû au Rafale. Quant à Dassault Aviation, ses succès commerciaux permettent d’attendre une forte croissance et une amélioration des marges. n par La France grimpe dans le classement consacré à la croissance des entreprises souvent non conscients des avantages que revêt une présence sur le territoire. Bien qu’environ deux tiers (63 %) d’entre eux considèrent la France comme un marché stratégique, ils sont 66 % à indiquer avoir choisi d’y exporter leurs activités « simplement » car ce marché représenterait une opportunité intéressante. Notre monde est global et non plus uniquement local : les entreprises recherchent de nouvelles opportunités au sein de marchés dynamiques. Elles tiennent compte de facteurs économiques, sociaux et politiques dans leur processus de décision et doivent trouver un juste équilibre entre perception et tangibilité. La France offre de nombreux avantages, et si les investisseurs le reconnaissent, ils ont parfois du mal à argumenter clairement leur choix, ou leur non choix d’ailleurs. © DR Grâce à des investissements technologiques majeurs et un environnement financier plus solide, la France grimpe dans ce classement consacré à la croissance des entreprises (examinant 60 économies) et occupe cette année la 23ème position. La forte amélioration des réseaux haut débit et d’importants investissements de R&D Le monde des affaires est en évolupositionnent le pays au 13ème rang de Daniel Kurkdjian Président de Grant Thornton tion et l’approche du terrain surprend la catégorie dédiée à l’environnement France bien souvent les dirigeants lorsqu’ils technologique et la 10ème position de l’étudient plus en détail. Afin d’optimiser leur l’environnement financier, grâce à un système potentiel de croissance, ces derniers doivent sans plutôt bien réglementé et un accès aux capitaux à cesse actualiser leur perception des marchés moyen terme facilité. Pourtant les opportunités de étrangers afin qu’elle corresponde à la réalité. croissance en France ne semblent pas pleinement considérées par les dirigeants internationaux, Ce contenu a été réalisé par Grant Thornton Robert Wright/ « NYT » - Redux - RÉA de nombreuses années passées à tirer sur la corde du rapport qualité-prix ». La leçon à retenir de ce fiasco ? Ne jamais perdre de vue le consommateur et savoir suivre ses évolutions. « Cela aurait évité à l’entreprise de s’engager ainsi dans une communication de crise et d’opérer une mutation brutale. » n Facebook :MarkZuckerberg donnepourl’avenir MARK ZUCKERBERG s’est engagé, à la naissance de sa fille, à donner 99 % de ses titres à un organisme caritatif. Photo AFP RENDEZ-VOUS PARTENAIRES Les nouveaux leviers de transformation sont là et les dirigeants n’ont jamais manqué de courage, ni d’audace. L’annonce de l’augmentation du PIB et l’amorce de la baisse du chômage est tout sauf spectaculaire, mais les ambitions de Bercy pourraient être globalement atteintes sans les évènements tragiques du 13 Novembre. Prudence. Pourtant cela nous a poussé à analyser la situation du pays à travers le prisme de notre Global dynamism index. Après la chute impressionnante de ses ventes en 2013 et le limogeage de son PDG, Mike Jeffries, fin 2014, Abercrombie & Fitch tente de redorer son blason en gommant sa réputation sulfureuse. Suite à une plainte déposée en février dernier aux Etats-Unis, la marque de mode a annoncé qu’elle ne recruterait plus sur des critères discriminants liés à la beauté. Exit les vendeurs qui accueillaient torse nu les consommateurs, exit aussi le volume sonore exagéré des magasins. La marque est également revenue sur sa décision de ne plus commercialiser de vêtements au-dessus de la taille 38. En se « moralisant », la marque n’est-elle pas en train de perdre des éléments fondateurs de sa différenciation ? « La marque s’appuyait sur deux piliers : la valeur d’esthétique physique, symbole de réussite à l’américaine, et une expérience en magasin hors norme, inspirée des boîtes de nuit et qui rendait les autres enseignes banales », analyse Patricia Romatet, professeur et directeur études et conseil à l’Institut français de la mode. Pour l’experte, Abercrombie & Fitch doit continuer à s’appuyer sur la puissance de son concept de magasins tout en retravaillant son identité. Patricia Romatet juge en effet que l’entité a « trop misé sur son logo, comme cela s’est beaucoup fait dans l’univers du sport. L’entreprise est en train de payer fort le prix de son manque d’investissement dans la création et Florian Dèbes L’actuelle neuvième fortune mondiale mourra beaucoup moins riche. Fondateur de Facebook et toujours propriétaire de 15 % du capital, Mark Zuckerberg s’est engagé, à la naissance de sa fille Maxima, à donner 99 % de ses titres, et de ceux détenus par sa femme, à un organisme caritatif créé pour l’occasion. Le couple se donne jusqu’à la fin de leur vie pour tenir cette promesse. Dans une lettre publiée sur Facebook, Mark Zuckerberg et Priscilla Chan précisent que cette somme, qui au cours actuel de Facebook vaut 45 milliards de dollars, sera dirigée vers des projets d’éducation innovante et de recherche médicale. L’objectif est aussi de « permettre aux hommes de se connecter entre eux », fidèle au soubassement du réseau social. Facebook s’était déjà illustré en investissant dans de tels projets, à l’image d’Internet.org. A 31 ans, encore jeune, Mark Zuckerberg n’entend pas perdre la main sur ses affaires. Détenteur de 53 % des droits de vote, il a par ailleurs promis de ne pas se séparer de plus d’un milliard de dollars d’actions d’ici trois ans. Donner, oui. Mais sans effrayer les marchés. 4 À NOTER Les statuts de la fondation Chan Zuckerberg Initiative autorisent la réalisation de bénéfice. AshleyMadison :sansconfiance, pasd’économieduWeb Dans le business de la rencontre en ligne, il se vantait d’être « le roi de l’infidélité ». Devant la presse, il rassurait sa femme en jurant qu’il n’avait jamais fauté. Finalement, Noel Biderman, l’ex-CEO d’Avid Life Media, la maison mère de la plate-forme de rencontre adultère Ashley Madison, a trompé tout le monde. Et ruiné sa société. Courant août, un groupe de hackers a publié une liste d’adresses électroniques permettant d’identifier de nombreux utilisateurs du site de séduction illégitime. L’« Impact Team », désormais recherchée par la police, avait subtilisé cette liste en aspirant des bases de données stockées en ligne. Dix jours plus tard, le chef d’entreprise canadien démissionnait. Le scandale était trop grand. Outre le fait de ne pas avoir su protéger les informations personnelles très sensibles des 32 millions d’utilisateurs du site, Noel Biderman était aussi pris en flagrant délit de mensonge. Les hackers en ont profité pour non seulement prouver qu’il trompait sa femme mais aussi pour révéler que des profils féminins avec lesquels discutaient certains hommes inscrits Michel Gaillard/RÉA Dassault Aviation - S. Randé Ariane Gaudefroy n’étaient en réalité que des… robots. Une duperie auprès des clients qui ne passe pas dans une économie de la mise en relation, fondée sur la confiance. Les utilisateurs canadiens victimes du vol de données ont lancé une action en nom collectif. Evidemment, l’entrée à la Bourse de Londres d’Avid Life Media, prévue en 2015, a aussi été annulée. L’entreprise comptait lever 200 millions de dollars. — Fl. D. le journal du board LES ECHOS BUSINESS // 03 perpétrées le 5 octobre en marge d’un comité d’entreprise. Bruno Trévidic [email protected] Pas vraiment un flop, pas non plus un top… Peut-être les deux à la fois. En tout cas, deux mois après les faits, Air France n’a toujours pas tourné la page de « l’affaire de la chemise déchirée ». Si la compagnie a déjà pris des sanctions, allant jusqu’à des licenciements, contre les auteurs supposés des violences du 5 octobre, la justice ne s’est toujours pas prononcée sur la culpabilité des salariés mis en cause. Les cinq salariés poursuivis pour violences ne seront pas jugés avant le 27 mai 2016. Dans cette incertitude, les syndicats d’Air France, qui avaient affiché leur unanimité face au projet de restructuration de la direction, apparaissent désormais divisés sur le niveau de soutien à apporter aux salariés sanctionnés. La CGT, dont sont adhérents la plupart des salariés mis en cause, continue de réclamer la levée des sanctions, comme préalable à toute négociation. Mais plusieurs organisations, contre le principal syndicat de pilote SNPL, ont d’ores et déjà repris les discussions avec la direction, autour du futur plan stratégique Perform 2020. Photo Jacques Brinon/AP/Sipa La direction d’Air France n’a pas fixé de date limite à ces discussions, mais elle s’est néanmoins fixé pour objectif de parvenir à un accord avec les pilotes sur l’amélioration de la productivité d’ici à début février. Ceci afin de ne pas avoir à mettre en œuvre le plus gros des mesures d’économies annoncées pour 2017, qui prévoit notamment quelque 2.000 suppressions de postes, avec pour la première fois de possibles licenciements. Si le dialogue social a donc repris chez Air France, l’ambiance n’en est pas moins tendue, les syndicats restant unanimement opposés au plan d’attrition et aux départs contraints qui en résulteraient. Selon un rapport du cabinet Secafi, mandaté par les syndicats pour expertiser la stratégie de la direction, dans le cadre d’une procédure de droit d’alerte lancée fin juin, ce plan d’attrition n’engendrerait que 130 millions d’économies, soit un montant inférieur au coût des mesures de restructuration. L’étape suivante de cette longue procédure sera la réponse officielle de la direction, en attendant la présentation d’un second rapport Secafi attendu pour début janvier. n IntroductionenBourse réussie pourAmundi Vincent Bouquet A la Bourse de Paris, l’ambiance n’était pas à la fête. Et pourtant, Amundi a réussi son pari. Dans un contexte tendu sur les marchés européens, la société de gestion d’actifs a su habilement négocier la plus grosse introduction en Bourse de l’année – 1,5 milliard d’euros –, là où Oberthur Technologies et Deezer avaient dû renoncer, et Showroomprivé avait trébuché. Au terme de son premier jour de cotation, le 12 novembre dernier, Amundi a vu son cours progresser de 3,56 %, quand le site de ventes privées avait dû essuyer, deux semaines plus tôt, une baisse de 9,6 %. Pour assurer ce succès, le gestionnaire d’actifs a mis toutes les chances de son côté dans les semaines précédant l’opération. Après avoir annoncé une fourchette d’introduction comprise entre 42 et 52,50 euros, soit, au plus haut, une capitalisation boursière de 8,8 milliards d’euros, ses deux actionnaires – le Crédit Agricole et la Société Générale qui vendait sa participation de 20 % – ont réduit la voilure en fixant un prix initial plus attractif entre 43 et 45 euros. Finalement, c’est le haut de cette fourchette qui a été retenu, valorisant la société de gestion à 7,5 milliards d’euros. Un compromis qui a permis de satisfaire la Société Générale, qui n’a pas eu YVES PERRIER, le patron d’Amundi. Photo Kenzo Tribouillard l’impression de brader ses parts, sans pour autant faire peur aux investisseurs qui sont, depuis quelques mois, bien moins enclins à prendre des risques. Depuis cette entrée réussie sur le marché parisien, le cours d’Amundi n’est d’ailleurs jamais passé dans le rouge. De quoi rassurer, et inspirer, les entreprises qui envisageraient de se lancer en Bourse dans les prochains mois. n MOHED ALTRAD Issu d’une famille de Bédouins syriens, ce self-made-man a été élu entrepreneur de l’année 2015. En quelques années, il a fait d’Altrad un groupe international de plus de 17.000 salariés. Numéricable etSFR, mauvaispayeurs Pour la première fois, Bercy a mis sa menace du « name and shame » à exécution. Elle vise à épingler publiquement les entreprises qui ne respectent pas de façon « significative et répétée » les délais de paiement de leurs factures fournisseurs. Dans cette fournée de cinq mauvais payeurs, figurent Numéricable et SFR qui sont condamnés à 375.000 euros d’amende chacun. Une sanction qui n’est pas une surprise tant les plaintes de fournisseurs mécontents se sont multipliées depuis le rachat du second par le premier en novembre 2014. En cause, se murmure-t-il, un chantage au rabais de 20 à 40 % orchestré par le nouveau géant des télécoms. Déjà, en avril dernier, en parallèle de plusieurs actions en justice intentées par des sous-traitants, le Syntec Numérique avait saisi le médiateur interentreprises, Pierre Pelouzet, pour chercher une solution amiable à cette situation. Un accord avait alors été trouvé et Numericable-SFR s’était engagé à payer toutes ses factures en souffrance et à mettre en place un process afin que les fournisseurs puissent faire remonter d’éventuels problèmes. Dès l’annonce de cette sanction administrative, contrairement à Airbus Helicopters, Numericable-SFR n’a d’ailleurs pas contesté cette mise en cause de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). « Mais tout cela fait partie du passé, a toutefois indiqué un porteparole interrogé par « Les Echos ». Depuis le troisième trimestre, le groupe a normalisé ses relations avec ses partenaires et fournisseurs avec lesquels il s’inscrit dans la durée, pour leur faire conquérir des marchés à l’étranger. » L’année 2016 dira s’il ne s’agit pas là d’une simple déclaration d’intention. — V. B. SÉBASTIEN BAZIN, PDG d’AccorHotels. Photo Romuald Meigneux/Sipa Révolution Bazinchez AccorHotels Christophe Palierse [email protected] Cedric Poulmaire/RÉA Gilles ROLLE/REA L’AFFAIRE. La compagnie aérienne n’a toujours pas tourné la page des violences p DR p Tensions maisreprise de dialoguechezAirFrance MARY BARRA Pour refermer une affaire de défaut de sécurité ayant entraîné la mort de 124 personnes, la DG de General Motors a accepté de verser 900 millions de dollars aux victimes. Mais certaines ont maintenu leur plainte. p BENOÎT POTIER Le PDG d’Air Liquide a bouclé cet automne le rachat de son concurrent Airgas, propulsant le groupe au rang de numéro un mondial des gaz industriels devant l’allemand Linde. 2014 by Prensa Internacional/ZU Les Echos Lundi 14 décembre 2015 Yahoo ! Lepoint de basculement Départ de top managers, chute de plus de 30 % du cours de l’action, relance axée sur le mobile et la vidéo infructueuse, et last but not least, abandon de la scission de la participation dans Alibaba… Yahoo ! est en train de basculer. Et la stratégie de Marissa Mayer de se faire proprement désavouer. Alors que la directrice générale avait prévu de transférer les 15 % détenus dans le géant chinois du commerce en ligne au sein d’une nouvelle entité, le board a décidé de regrouper les activités principales du groupe dans une autre société, à créer. La scission du cœur de métier (portail, régie, vidéo, messagerie e-mail…) apportera « plus de transparence dans la valeur des activités de Yahoo ! », a commenté la CEO. La formule finalement choisie sera surtout plus avantageuse pour les actionnaires, et moins risquée d’un point de vue fiscal alors que l’administration américaine ne s’était pas encore prononcée définitivement sur le régime applicable à la plus-value issue de la cession de la participation dans Alibaba. Les activités de Yahoo ! intéressent, elles, d’ores et déjà des acheteurs, à l’instar de l’opérateur télécoms Verizon, ou des groupes de Barry Diller ou Rupert Murdoch. Missionné pour étudier le dossier, le cabinet McKinsey devait remettre ses préconisations ces jours-ci ; mais le fonds spéculatif Starboard Value, actionnaire activiste, a fait pression pour sa solution. « Marissa Mayer paie les dix ans d’erreurs stratégiques, avant son arrivée », décode un connaisseur du secteur. Pour l’heure, cette ancienne de Google a toute la confiance du conseil d’administration de Yahoo !, a assuré son président Maynard Webb. On dit toutefois son image écornée en interne. Et à l’externe, un débat sur ses éventuelles indemnités de départ s’amorce par voie de presse. Au-delà des contre-performances de l’entreprise, il est difficile de ne pas relever l’agenda de Starboard Value pour exiger une solution radicale : la dirigeante a accouché jeudi de jumelles… Comme Mary Barra, la patronne de General Motors, en fut l’objet au début de l’année, et comme quelques autres femmes CEO outreAtlantique, Marissa Mayer ne ferait-elle pas les frais des biais sexistes de l’actionnaire activiste ? — V. La. Annoncé en juin dernier, le changement de nom du désormais ex-Accor, rebaptisé depuis AccorHotels, témoigne bien, au fond, de l’intense transformation que le champion français de l’hôtellerie connaît sous l’impulsion de son PDG Sébastien Bazin. Non sans continuité certes, le groupe a tourné une page depuis la nomination à sa tête, fin août 2013, de l’ex-directeur général Europe de la société d’investissement Colony Capital. Et Sébastien Bazin, qui n’avait jusqu’alors aucune expérience du management d’une société internationale, n’a clairement pas relâché la pression cette année encore. Ainsi, le nouveau nom de l’opérateur, tiré de sa plate-forme de distribution Internet – accorhotels.com – symbolise la mise en œuvre de sa « révolution digitale ». Et une révolution pouvant en cacher une autre, cette plate-forme de distribution a vocation, depuis juin, à être une « place de marché ouverte à une sélection d’hôteliers indépendants ». En clair, AccorHotels veut commercialiser des tiers pour mieux rivaliser avec les grands acteurs de la réservation numérique, les Booking.com, Expedia et consorts, mais aussi les Airbnb et autres acteurs alternatifs de l’hébergement. Le groupe, qui cible en priorité ses principaux marchés, en premier lieu la France, a déjà plus de 300 hôtels inscrits sur ses tablettes, plusieurs dizaines étant distribuées. Mais à l’heure où la consolidation bat son plein dans l’hôtellerie, Sébastien Bazin est aussi à la manœuvre pour muscler AccorHotels par croissance externe. La société, créée en 1967, est même en passe de réaliser la plus grosse acquisition de son histoire. Elle vient en effet de conclure un accord de reprise du canadien FRHI, plus connu sous ses enseignes Fairmont, Raffles et Swissôtel, moyennant 2,6 milliards d’euros. De fait, l’opération lui permet de compléter son statut de ténor de l’hôtellerie économique par une légitimité nouvelle dans l’hôtellerie haut de gamme et de luxe. Au passage, le Qatar doit devenir son premier actionnaire avec 10,5 % du capital, le groupe du prince saoudien Al Waleed rejoignant également le tour de table d’AccorHotels avec 5,8 %. 4 À NOTER MARISSA MAYER, directrice générale de Yahoo ! Photo Kimberly White/Getty Images for Fortune/AFP Le groupe met les moyens pour promouvoir sa marque. Conclu début octobre, le contrat de « naming » du Palais Omnisports Paris Bercy en « AccorHotels Arena » est non seulement une première mais aussi sans précédent par son montant. Il se chiffre entre 32,5 millions d’euros (pour dix ans) et 65 millions (vingt ans), selon l’échéance effective. 04 // LES ECHOS BUSINESS le journal du board financière 40 % DES DAF interrogés par PwC classent la transformation de la fonction financière parmi leurs trois priorités pour 2016. En savoir plus : echo.st/m205325. Shutterstock direction Lundi 14 décembre 2015 Les Echos ÊTES-VOUS UN DAF BIENVEILLANT OU VISIONNAIRE ? L’époque est aux bilans de personnalité. Y compris chez les directeurs financiers. Une enquête récente d’Epicor Software Corporation révèle ainsi six profils de DAF : le politique (27 %), le révolutionnaire (19 %), le bienveillant (19 %), le chef d’orchestre (16 %), le conservateur (9 %) et le visionnaire (9 %). En savoir plus : echo.st/m205358 d DES CHIFFRES ET DES LETTRES MARC BERTONÈCHE DR Professeur des universités et enseigne à Harvard, Oxford, HEC et au Collège des ingénieurs. CommentPernodRicard s’estconvertiàl’affacturage FINANCEMENT // Cet outil est devenu un instrument financier pérenne pour le fabricant de spiritueux. Décryptage avec son directeur de la trésorerie et des financements, Olivier Guélaud. Vincent Bouquet [email protected] L OLIVIER GUÉLAUD, directeur de la trésorerie et des financements de Pernod Ricard. 350 millions d’euros de créances clients sont concernés par l’affacturage. Photo Desanges P-R ongtemps réservé aux PME et aux ETI, l’affacturage suscite, ces derniers mois, l’intérêt d’un nombre croissant de grands groupes, à l’instar de Total. Mais, dans ce domaine, c’est bien Pernod Ricard qui fait figure de précurseur de tendance. Depuis 2008, le fabricant de vins et de spiritueux a effectivement recours à ce système pour couvrir une partie de ses créances clients. « Il nous a permis de diversifier nos outils de financement et d’optimiser notre besoin en fonds de roulement à un moment où c’était particulièrement nécessaire », précise Olivier Guélaud, directeur de la trésorerie et des financements de Pernod Ricard. A l’époque, le groupe est pris dans les turbulences de la crise finan- OPERATIONS | RESTRUCTURING | FINANCE | CASH QUAND VOUS NE SAVEZ PLUS QUELLE DIRECTION PRENDRE, LES EXPERTS JUNE PARTNERS VOUS DONNENT LE BON CAP. June Partners vous fera changer d’avis sur la performance et sur ce que peut vous apporter un cabinet de conseil. JUNE-PARTNERS.COM cière. Alors qu’il vient de finaliser l’acquisition de Vin & Sprit pour 5,8 milliards d’euros et de contracter un crédit syndiqué de 12 milliards d’euros pour en assurer le financement et refinancer au passage sa dette bancaire existante de 6,2 milliards, la faillite de Lehman Brothers vient bouleverser toutes ses prévisions financières. « A ce moment-là, nous avons décidé de mettre en place un vaste plan pour accélérer le remboursement d’une partie de cette dette, souligne Olivier Guélaud. Nous ne pouvions pas rester aussi dépendants des financements bancaires qui représentaient, à l’époque, trois quarts de notre endettement. » Optimiser le bilan Cession d’actifs, augmentation de capital, lancement d’émissions obligataires et programme d’affacturage font partie de l’arsenal déployé par Pernod Ricard. « Les banques étaient très intéressées par cette dernière solution car elles avaient à cette période des problèmes pour maintenir de très larges financements corporate, explique le directeur de la trésorerie du distributeur de spiritueux. D’autant que le montant financé grâce à l’affacturage est assis sur des actifs, ce qui est bénéfique pour elles en matière de fonds propres. » En tout, ce sont 350 millions d’euros de créances clients, réparties sur la majeure partie des pays d’Europe de l’Ouest dans lesquels l’entreprise opère, qui sont concernées par ce programme. « Rapidement, ce système a tenu toutes ses promesses et nous a permis de retrouver des marges de manœuvre financière et d’anticiper le remboursement de notre dette d’acquisition », se félicite Olivier Guélaud. A tel point que Pernod Ricard décide de pérenniser et d’amplifier de 50 millions d’euros ce qui ne devait être au départ qu’un outil pour traverser la crise. « Outre les sources complémentaires de financement qu’il nous apporte, l’affacturage nous permet de déconsolider immédiatement les créances clients cédées en normes IFRS, et donc d’optimiser d’autant notre bilan », ajoute le directeur des financements du groupe français. Préserver les relations client Problème : ce programme a un coût certain pour Pernod Ricard – sur lequel le groupe ne souhaite pas apporter davantage de précisions. Mais, à en croire Olivier Guélaud, il reste très compétitif par rapport aux alternatives de financement bancaire et obligataire car constamment ajusté à la baisse par BNP Paribas Factor lors des phases de renégociation. « Nous pilotons ce système en parallèle de l’évolution de nos coûts de financement. Nous ne pourrions évidemment pas nous permettre d’y recourir si son coût n’était plus compétitif », affirme-t-il. D’autant que, contrairement à un programme de factoring classique, l’affacturage « sur mesure » mis en place par Pernod Ricard lui permet de conserver la gestion de la créance client de bout en bout. « Nous ne voulions pas transférer totalement cette gestion à un tiers car la relation avec nos clients fait partie intégrante de notre métier. Ce programme est un simple outil de financement qui ne vient en rien interférer dans les relations étroites que nous entretenons avec nos clients réguliers », assure Olivier Guélaud. De quoi assurer la survie de ce mode de financement, au moins à moyen terme. 4 À NOTER En 2014, plus de 40.000 entreprises françaises utilisaient l’affacturage pour un total de 226,6 milliards d’euros de créances cédées. S ’ilestunsujetdepolitiquefinancièrequi revientconstammentsurledevantdela scèneetfaitrégulièrementl’objetdepolémiques, c’estàcoupsûrlerachatparl’entreprisede sespropresactions. L’annonce,parmid’autres,parAirbusd’unrachat d’actionspourunmontantd’unmilliardd’euros relanceledébat.ToutcommecelledeSiemens,qui seproposederacheter,surtroisans,3milliards d’eurosd’actions,justeaprèsavoir achevéunrachat portantsur 4milliardsd’euros aucoursdesdeux dernièresannées.Faut-ils’émouvoirdecetypede rachatmassif ? Laréponseestnégative.Enpremierlieu,ilconvient denoterquelesrachatsd’actions,enparticulieraux Etats-Unis,ontremplacélesdividendesquireprésentaientplusde90%desdistributionstotalesaux actionnairesaudébutdesannées1980etmoinsde 50%aujourd’hui(l’autremoitiéétantassuréepar lesrachatsd’actions).C’estdonclemixquiachangé, pourdesraisons deflexibilité,plusquelemontant. D’autrepart,noséconomiesontévoluéversdes activitésàfortedensitéd’innovation,depropriété intellectuelleetautresactifsimmatérielsetà niveauxélevésderentabilitédescapitauxinvestis. Oronsaitquecessociétésontrelativementbesoin demoinsdecapitauxpourassurerleurcroissance quedessociétésauxrentabilitésplusfaibles.Sil’on seréfèreaux récentschiffresdeMcKinsey,pourles Etats-Unis,lesentreprisesàforterentabilitédes capitauxengagésreposantsurlapropriétéintellectuelle,l’innovationtechnologiqueetlaconnaissance,représententaujourd’huiprèsd’untiersdes bénéficestotauxmaisseulement11%desdépenses globalesd’investissement. Cellesappartenantàdes secteursplustraditionnelsetoffrantdesrentabilitéssurcapitauxinvestislargementplusmodestes ontvuenrevancheleurpartdanslesprofitstotaux passerde52%en1989à26%aujourd’hui,tandis queleurpartdanslesdépensesd’investissement s’élèveà62%.Enfin,lerachatd’actionspermetune réallocationdetrésoreriespléthoriquesdesociétés ayantatteintuncertainstadedematuritéversdes entreprisesjeunesouendémarrage,vedettesde demain,dontlefortpotentieldecroissancefait naîtredesbesoinsdefinancementencapitaux propresabondants.Enfacilitantcerecyclage vertueuxdescapitaux, lerachatd’actionsjoueun rôleessentielpourassurerunecroissanceéconomiquecréatricedevaleuretd’emplois. n ILSONT BOUGÉ David Auregan rejoint Theraclion comme directeur financier // Au sein de l’UFF, Anne Bouillier est désormais directeur du contrôle de gestion, et Hervé Pommery directeur des services comptables. En partenariat avec Nomination.fr = LA PERSONNALITÉ DE LA SEMAINE NicolasMarco (Directeur fusionsetacquisitions,Elior) N icolas Marco change d’univers mais garde la même spécialité. Associé en fusions et acquisitions au sein de Credit Suisse depuis 2008, ce diplômé d’un master de management de l’Edhec Business School devient directeur M & A d’Elior. Dans ses fonctions, il est directement rattaché au directeur financier de l’entreprise de restauration, Olivier Dubois. n Patrick Gaillardin Jameson Encore ettoujours cesmauditsrachats d’actions ! le journal du board LES ECHOS BUSINESS // 05 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 = direction RDV LA PERSONNALITÉ DE LA SEMAINE STÉPHANE MORIN, DIRECTEUR DE LA COMPLIANCE, NATIXIS juridique is tix Na LE 7 JANVIER pour un colloque de l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE), en marge de sa 46e assemblée générale, autour du « Juriste 4.0 ». Face à la vigilance accrue des régulateurs, notamment américains, envers le secteur bancaire, le métier de directeur de la conformité est devenu une fonction clef, y compris pour Natixis. Sept mois seulement après l’arrivée d’Isabelle Maury à ce poste stratégique, la banque d’investissement du groupe BPCE a décidé de changer son fusil d’épaule et de nommer Stéphane Morin, jusqu’ici directeur adjoint de la compliance, pour reprendre les commandes du pôle conformité. n Transformer le juristeen avocatinterne En gérant son équipe de juristes comme un cabinet d’avocats, la directrice juridique de la foncière Gecina, Pascale Neyret, cherche à les rapprocher des opérationnels. Associé Skadden Arps, Slate, Meagher & Flom, membre du Club des Juristes OPA : pour desarbitrages transparents Vincent Bouquet [email protected] D L ans cette société foncière française qu'est Gecina, sa directrice juridique, Pascale Neyret, a voulu instiller une dose de management à l'anglo-saxonne. « Cela se traduit par une approche libérale et autonome du métier de juriste, explique cette ancienne avocate. Il doit s’extraire du dogme de la jurisprudence pour s’orienter vers une pratique très opérationnelle de sa fonction. » Dans cette logique, les juristes deviennent des avocats internes et les opérationnels des clients qu’ils se doivent de satisfaire. « Dans le cas contraire, ils n’hésiteront pas à changer de conseil et à se tourner vers un avocat externe », prévient Pascale Neyret. Séduire les opérationnels PASCALE NEYRET. La directrice juridique de Gecina s’est entourée d’une équipe composée d’anciens avocats et de juristes, qui s’enrichissent mutuellement. Photo DR Pour remplir cette mission, les juristes de Gecina sont fortement incités à aller sur le terrain et à visiter les biens immobiliers – bureaux, résidences, établissements de santé – sur lesquels ils travaillent. « S’ils restent dans leurs livres, les juristes se déconnectent de la réalité du business et sont cantonnés à une mission de gestionnaire de risques », assure celle qui est aussi membre de la commission management et de la commission DJ au féminin du Cercle Montesquieu (association des directeurs juridiques). Cela leur permet également de créer du lien avec les opérationnels pour s’assurer qu’ils seront bien associés aux dossiers en amont. « Pour y parvenir, le juriste ne doit plus être vu comme celui qui dit constamment de faire attention, affirme Pascale Neyret. Progressivement, les opérationnels ne doivent plus avoir peur des juristes mais naturellement faire appel à eux car ils sont, au contraire, capables de les rassurer. Mais, pour cela, ils doivent apporter une vraie valeur ajoutée liée aux problématiques business et pas uniquement une pure expertise juridique. » Un mix avocats et juristes Grâce à ce lien très étroit, Gecina a réussi à internaliser de plus en plus de dossiers et donc à optimiser ses coûts relatifs aux conseils extérieurs. « Evidemment, nous avons toujours recours à des cabinets d’avocats, notamment pour des opérations majeures ou pour une expertise ciblée, nuance la directrice juridique. Mais si les juristes peuvent se servir une première fois d’une expertise externe pour s’enrichir, monter en compétences et se débrouiller tout seuls dans les dossiers suivants, c’est l’idéal. » Pour assurer le succès de cette recette, Pascale Neyret s’est par ailleurs entourée d’une équipe composée d’anciens avocats et de juristes de métier. « Les uns apprennent au contact des autres : les anciens avocats, qui ont une culture plus indépendante, doivent composer avec le mode projet ; quant aux juristes, ils doivent acquérir plus d’autonomie. Avec ce système, tout le monde y gagne ! », conclut-elle. n Uneloi pour mieux protéger leslanceurs d’alerte LÉGISLATION // Selon une étude Technologia, plus d’un tiers des salariés seraient confrontés à des pratiques frauduleuses au sein de leur entreprise. Pour Transparency International, ils sont 82 % à être prêts à lancer l’alerte mais sous couvert d’anonymat. Un texte est en préparation pour mieux les protéger. AU NOM DE LA LOI OLIVIER DIAZ Jérôme Meyer-Bisch pour « Les Echos Business » MANAGEMENT // d Valérie de Senneville [email protected] Une proposition de loi, deux études… : impossible désormais d’éviter de s’interroger sur le statut des lanceurs d’alerte. Le député Yann Galut a présenté, jeudi 3 décembre, une proposition de loi « globale » sur ceux que les Anglo-Saxons appellent les « wisthleblowers ». Le but est de mieux les protéger car les salariés ou fonctionnaires concernés « mettent en péril leur sécurité personnelle, leur situation professionnelle, leur vie familiale », souligne le député qui recommande la création d’une agence nationale de l’alerte. Une définition très large La proposition définit le lanceur d’alerte comme « toute personne qui fait des signalements ou révèle des informations concernant des menaces ou un préjudice pour l’intérêt général dans le contexte de sa relation de travail, qu’elle soit dans le secteur public ou dans le secteur privé ». Une défini- tion particulièrement large mais inspirée de celle du Conseil de l’Europe. De fait, d’Irène Frachon, qui a dénoncé le scandale du Mediator, à Hervé Falciani qui a révélé les noms des fraudeurs fiscaux contenus dans les fichiers HSBC, en passant par Stéphanie Gibaud qui a mis au jour les pratiques d’UBS, il y a peu de points communs entre les lanceurs d’alerte. Hors ces cas médiatiques, qui sont vraiment les lanceurs d’alerte ? Vers un système de protection physique et financière Selon une étude Technologia, plus d’un tiers des salariés (36 %) seraient confrontés à des pratiques frauduleuses. Ce chiffre inquiétant est à rapprocher de l’étude de Transparency International, publiée à l’occasion de la présentation de la proposition de loi de Yann Galut. Si 83 % des personnes interrogées par l’association de lutte contre la corruption indiquent qu’ils parleraient à quelqu’un s’ils étaient témoins d’un acte de corruption, ils sont tout autant, 82 %, à dire le faire sous couvert de confidentialité ou d’anonymat. Dans les deux sondages, la voie de l’alerte interne est préférée. Le sentiment d’une faible portée de cet acte et la peur des conséquences apparaissent comme les principaux freins empêchant de libérer la parole des salariés face à un fait de corruption. Lancer une alerte peut en effet « se payer extrêmement cher », reconnaît Nicole Marie Mayer, au nom de Transparency International. D’où la volonté du législateur de mettre en place un système de protection physique et financière ainsi qu’un accompagnement juridique du lanceur d’alerte. 4 À NOTER Cosigné jusqu’alors par une quarantaine de socialistes, le texte pourrait être intégré au projet de loi sur la transparence de la vie économique concocté par Bercy. ’offre publique d’achat ou d’échange est un moment clef dans la vie d’une société cotée : pour l’entreprise qui va sans doute voir son projet industriel modifié, pour les actionnaires qui ont l’occasion d’obtenir une liquidité organisée et complète pour leurs titres, à des conditions suffisamment intéressantes pour que l’opération permette à l’offreur de détenir la majorité du capital et des droits de vote. On sait que la liquidité ne se fait pas que par rapport à l’offre. Dès que celle-ci est annoncée, on assiste à une rotation rapide du capital, les actionnaires présents au capital cédant leurs titres à des investisseurs professionnels de type hedge fund : l’arbitrage joue sur la valeur temps liée aux délais propres à ce type d’opérations, qui tendent à s’éterniser tant les processus d’autorisation règlementaire sont devenus longs. Cette rotation du capital, qui a un véritable intérêt économique pour les parties prenantes – l’actionnaire cédant va pouvoir redéployer son capital dans d’autres entreprises, le « hedge fund » va exercer pour le bénéfice de ses investisseurs sa capacité à arbitrer les situations –, laisse néanmoins l’entreprise face à des actionnaires qui, pour l’essentiel, n’en sont pas vraiment. Ils achètent avec une sortie assurée à court terme : leur seul but est d’extraire le maximum de valeur de l’initiateur et de la société cible dans ce bref laps de temps. Ces arbitrages supposent d’être réalisés dans une transparence accrue, faute de quoi ils sont un marché de dupes pour les actionnaires qui ont vendu : ils pensaient avoir vendu légèrement moins cher pour pouvoir vendre plus vite, ils peuvent s’apercevoir qu’ils ont vendu à des acheteurs espérant bénéficier d’une modification des termes à leur seul bénéfice. Il en va ainsi des hedge funds qui vont se positionner pour menacer de bloquer un retrait obligatoire, souvent avec une mise de fonds réduite par l’utilisation de produits dérivés de type CFD (« contracts for difference »). La loyauté dans les transactions, qui est un principe directeur des offres publiques, doit permettre de les obliger à dévoiler leurs intentions sur ce point. De même, les acteurs qui se positionnent pour faire échouer une offre, souvent par les mêmes produits dérivés, doivent être forcés à la transparence dans leurs intentions. Faute de quoi, avec une mise réduite, ils sont en mesure de maintenir le cours d’une société en Bourse à un niveau artificiellement élevé, pour laisser planer la menace d’un échec afin d’obtenir une surenchère qui ne profitera pas aux actionnaires qui leur auront vendu, dans l’ignorance de leurs intentions. L’idée n’est pas de permettre aux offres mal dimensionnées de prospérer mais, au contraire, d’assurer la bonne information des actionnaires et la confrontation des offres et des surenchères pour que les actionnaires qui ont accompagné l’entreprise puissent en tirer les meilleurs fruits à l’occasion de l’offre publique. n ILSONT BOUGÉ Nicolas Morelli devient associé chez Bird & Bird // Lionel Spizzichino rejoint Willkie Farr & Gallagher en tant qu’associé // Marie-Alexandra Vankemmelbeke est désormais associée chez DeprezPerrot. En partenariat avec Nomination.fr 06 // LES ECHOS BUSINESS le journal du board Lundi 14 décembre 2015 Les Echos des ressources humaines Shutterstock direction RECRUTEMENT : TWITTER RESTE UN OUTIL MARGINAL En décembre, Accenture a orchestré sa première campagne de recrutement sur Twitter, ciblée sur les métiers du digital. Tous les jeudis à 18 heures, le cabinet propose 30 minutes de questions-réponses avec ses recruteurs. Ce réseau social reste pourtant un outil de sourcing marginal car si certains profils sont surreprésentés (IT, com, media et numérique), les autres sont étrangement absents... 63% DES SALARIÉS répondent aux appels professionnels en dehors des horaires de travail, selon Qapa. Travaildudimanche : unréférendumnoninnocent CONTRAT // Le référendum ne permet pas de figer la future organisation du travail. L’entreprise peut néanmoins avoir un intérêt tactique à l’utiliser. Marie-Sophie Ramspacher [email protected] LES SALARIÉS du BHV Marais ont rejeté, par une courte majorité, le travail dominical. Photo Pascal Sittler/RÉA U n référendum organisé fin novembre à Paris par le BHV Marais a fait grand bruit. Par une courte majorité de 640 voix contre 627, les salariés de cette filiale des Galeries Lafayette ont rejeté un projet d’accord d’entreprise sur le travail dominical. Pour autant, ce vote, purement consultatif, est sans conséquence sur l’organisation future du travail. « Le résultat du référendum ne préjuge en rien de la volonté du salarié de travailler le dimanche. Ce dernier peut parfaitement pencher en faveur d’une ouverture dominicale, sans se déclarer volontaire, y compris après la signature de l’accord et la négociation des contreparties. Le référendum n’est qu’un thermomètre », décrypte Virginie Devos, associée chez August & Debouzy. A ce sujet, la loi Macron est on ne peut plus claire : seuls les salariés volontaires « ayant donné leur accord par écrit à leur employeur » travailleront un certain nombre de dimanches, le refus du travail du 7e jour ne constituant ni une faute ni un motif de licenciement. Cet accord de principe n’a d’ailleurs rien de définitif puisqu’à tout moment, le collaborateur peut exercer son « droit de refus ». « A J + 1 de la manifestation du volontariat, il pourra revenir sur sa décision, libre de toute considération. A fortiori, si sa situation personnelle évolue (future maternité, maladie, parent dépen- dant...)», souligne l’avocate qui précise toutefois que l’accord collectif devra « déterminer les modalités de prise en compte d’un changement d’avis du salarié privé de repos dominical ». Un levier de négociation En donnant le dernier mot à l’accord, la loi Macron redonne du lustre au dialogue social et du poids aux organisations syndicales, mais ne dénie pas pour autant l’intérêt du référendum établissement par établissement. « En recueillant l’avis des salariés, la voie référendaire fournit potentiellement à la direction un levier de négociation vis-àvis des organisations syndicales dont la position de principe ne représente pas toujours le sentiment général », souligne Virginie Devos. Le Sephora des Champs-Elysées a organisé un référendum relatif au projet d’ouverture du magasin après 21 heures et a recueilli 96 % de « pour ». La direction a en effet consulté les collaborateurs sur les contours d’un accord déjà signé avec trois organisations syndicales prévoyant notamment une majoration de 100 % des heures travaillées entre 21 heures et minuit, le légitimant ainsi auprès des opposants... « Le libellé de la question posée est fondamental. Le vote ne procure pas un blanc-seing à ses commanditaires et ne sert pas à s’assurer de l’ampleur du volontariat mais il mesure le degré potentiel d’adhésion à un projet et le cas échéant légitime la démarche de la direction », conclut Virginie Devos. Sur un autre sujet, les 39 heures, Smart est en train d’utiliser cette tactique. A l’issue du référendum qui a recueilli en septembre 56 % de votes en faveur de l’augmentation du temps de travail, et bien que les syndicats majoritaires, la CFDT et la CGT, aient refusé le projet d’accord, la direction va proposer individuellement à chaque salarié la signature d’un avenant afin de revenir progressivement aux 39 heures hebdomadaires. La manœuvre, risquée – le collaborateur est parfaitement en droit de refuser –, n’aurait sans doute pas été tentée en l’absence de référendum positif... n le journal du board LES ECHOS BUSINESS // 07 Les Echos Lundi 14 décembre 2015 marketing &commerciale 85 % DES CONSOMMATEURS EUROPÉENS envisagent d’acheter leurs cadeaux de Noël sur Internet. Source : Webloyalty Shutterstock direction « BABY & ME », PUBLICITÉ PRÉFÉRÉE DES FRANÇAIS Lors de la remise des Grand Prix des Agences de l’Année 2015, le 7 décembre, Havas Paris a été couronnée meilleure agence de publicité de l’année. A cette occasion, l’institut OpinionWay a réalisé un sondage sur les publicités préférées des Français. Le spot « Baby & me » réalisé par l’agence BETC pour Evian a remporté les suffrages. Il mettait en scène des passants et leur reflet sous la forme d’un bébé dans un miroir. QuandValThorenssepose enprodumarketing d TRENDS SPOTTING CRM // Pour améliorer l’expérience client, la station de ski s’inspire du marketing. DANIELLE RAPOPORT Une stratégie expliquée par Grégory Guzzo, directeur de l’office du tourisme. DR Ariane Gaudefroy [email protected] C Faire vivre une marque partagée Basée sur la création de lien humain et d’expériences émotionnelles, cette marque fédère hébergeurs, hôteliers, loueurs de matériels, écoles de ski, restaurateurs, sociétés de remontées mécaniques, etc. Un guide et une plate-forme de marque, accessibles à tous les professionnels, orchestrent sa déclinaison. « Ces outils détaillent les valeurs de la marque, la démarche globale et aident chacun à construire son propre marketing », détaille Grégory Guzzo. Logos, identité visuelle, recommandations en termes de visuels ou de mots à employer, exemples de déclinaisons sur brochures, bannières ou GRÉGORY GUZZO, directeur de l’office de tourisme. OT-Val Thorens/C.Cattin Pour unmarketing intégré ! Q LA MARQUE « Val Thorens Live United » fédère hébergeurs, écoles de skis, restaurants, loueurs de matériel, etc. Photo Cyril Cattin merchandising, etc. Tous ces éléments ont également été fournis aux agences de voyages qui commercialisent des séjours à Val Thorens, dans un souci de cohérence globale. La marque « Live United » irrigue toute la stratégie du marketing. « Nous misons sur des contenus qui mettent sur le devant de la scène les personnes qui œuvrent en coulisses et font notre station », assure Géraldine Charvin, la directrice du marketing de l’office du tourisme. Elle laisse donc au site Internet de l’office de tourisme le soin de détailler les offres de produits et services et oriente toute sa communication sur le storytelling, afin d’incarner la marque et de renforcer son lien avec les clients. Comment travaillent les équipes qui dament les pistes de ski, celles qui déclenchent les avalanches ou celles qui construisent les remontées mécaniques ? L’équipe de jeunes passionnés de l’office du tourisme réalise chaque année plus de 80 reportages vidéo qui génèrent jusqu’à 600.000 pages vues par an. « Ce dispositif nous permet d’avoir une belle visibilité, que nous n’aurions pas pu nous offrir en télévision », s’enthousiasme Cyril Cattin, le responsable numérique. En plus des vidéos, l’office du tourisme publie des articles et reportages photos sur Noël :lesmarques phosphorenttoujoursplus INNOVATION COMMERCIALE // Jeux, publicités ou innovations... Au-delà des campagnes d’e-mailing et de promotion, les marques rivalisent d’imagination pour se placer sous le sapin des consommateurs. Comme tous les ans, Noël se joue entre mi-novembre et mi-décembre pour les marques. Leur défi : se rappeler au bon souvenir des consommateurs et les faire rêver. Exemples. Partager sa joie grâce à Orange Orange s’est associé à Publicis Conseil pour créer une boîte cadeau connectée. Cet écrin équipé d’une caméra miniature filme les réactions de la personne qui ouvre son cadeau. Elle reçoit, ainsi que le donataire, un lien par e-mail l’invitant à consulter la vidéo. Si l’heureux destinataire le souhaite, il peut partager sa vidéo sur un site spécifique à l’opération ou sur les réseaux sociaux. 5.000 boîtes ont été attribuées par jeu-concours. Une campagne de communication d’envergure annonçait l’initiative, avec la participation de joueurs du PSG. L’occasion pour la marque de mettre en avant les objets de sa boutique en ligne et de rappeler qu’elle investit dans l’innovation. son blog et les réseaux sociaux. Afin de favoriser l’engagement des clients, l’office du tourisme a mis en place une stratégie de communication à 360 degrés. Des e-mails au contenu pratique aident les touristes à préparer leur arrivée en station, grâce à des indications géographiques et météo ou la liste des heures de plus faible affluence pour réduire les attentes. Pendant le séjour, les réseaux sociaux et les SMS créent un lien plus étroit avec le client, en le tenant au courant des événements en cours. Après le séjour, le storytelling prend le relais, dans le but d’entretenir la relation affective à la marque et de donner l’envie de revenir. D’après Grégory Guzzo, l’ensemble de ces actions ont généré 9,4 millions d’euros de contribution nette supérieure sur cinq ans. L’expérience client repensée La station a également repensé la totalité de son parcours client depuis son arrivée jusqu’à son départ, lors d’un forum de coconception en avril dernier. « Plus de soixante intervenants de la station se sont mis dans les chaussures de leurs clients pour repérer les enjeux émotionnels et points irritants », explique Laurence Body, spécialiste de marketing stratégique et d’innovation par les approches sensibles, qui Un jour ailleurs enchante l’Avent La marque de mode féminine propose un calendrier de l’Avent avec 24 offres exclusives valables le jour même et accessibles en ligne sur inscription. Un moyen de créer de l’appétence pour la marque mais aussi d’enrichir sa base de données. Les clientes peuvent également parrainer leurs amies pour leur faire bénéficier des réductions en les partageant sur Facebook ou par mail. La marque cherche à attirer des quinquagénaires, le cœur de sa clientèle se situant entre 60 et 70 ans. Burberry revisite « Billy Elliot » Burberry rend hommage au film de Stephen Daldry, sorti il y a quinze ans. La marque de mode a recréé la scène d’ouverture, où le jeune apprenti danseur saute sur son lit au son du rock. C’est Romeo Beckham, le fils du footballeur, qui joue le personnage initialement incarné animait la journée. Parmi les éléments pointés, l’ambiance des parkings, le fléchage dans la station ou encore le manque de fluidité et de coordination entre les différents points de contact. Un travail collectif de brainstorming a permis d’apporter des solutions originales à ces problèmes. Par exemple, l’éclairage nocturne de quartiers par couleurs, afin de permettre aux touristes de se retrouver plus facilement. Cette session s’est accompagnée d’une journée de formation des parties prenantes de la station au design de services, afin de favoriser la créativité et l’innovation au bénéfice du consommateur. « Notre plus gros levier marketing et vecteur de fidélisation tient dans l’expérience client, insiste Grégory Guzzo. Ce travail nous a permis de simplifier les process, de faire prendre conscience de l’importance de son rôle à chacun et d’accélérer l’autonomisation des salariés au bénéfice de la satisfaction client. C’est donc devenu un formidable outil de management et de conduite du changement. » 4 À NOTER Val Thorens fédère une dizaine d’entreprises à travers un CRM commun. Plus de 550.000 adresses de clients ont été récoltées en trois ans. par Jamie Bell. Il est ensuite imité par une farandole de stars dont Elton John et Naomi Campbell. Mais la vraie star du film reste l’écharpe écossaise, personnalisée aux initiales de chaque acteur de la publicité. Ce produit phare de Burberry est vendu depuis septembre dans des bars à écharpes. Les clients peuvent y faire broder les initiales de la personne à laquelle ils souhaitent l’offrir. Durance rembourse des clients La marque de bougies parfumées offre à chaque client la possibilité de jouer pour gagner son remboursement intégral. Une fois l’achat effectué en ligne, un jeu de grattage s’affiche. Les clients ont une chance sur 15 de gagner. Une opportunité plus frappante pour le consommateur qu’une simple promotion, selon Cyril Marchal, le fondateur de Lucky Cart à l’origine du concept de « promogaming ». — A. Gau. u’est-ce qu’une marque vivante sinon la résultante de ce qui se produit de positif ou de négatif auprès des consommateurs et dans l’entreprise ? Il est impossible de séparer ce qui en émane, en termes d’image, de discours, de produits et services, et le fonctionnement des équipes qui la managent. Ce n’est qu’en travaillant sur ces deux univers de valorisation que le directeur du marketing pourra garantir la force et la vitalité de la marque. Le travail de la marque consiste avant tout, – comme pour une personne avec laquelle on construit une relation durable – à connaître et valoriser ce qui est bon pour elle. Tout facteur superflu comme innover pour innover, toute incohérence ou délitement de ses liens avec les consommateurs devront être repérés et évités. Il importe de se poser les questions justes : de quoi la marque est-elle constituée ? De quelle histoire, pour quels futurs possibles et soutenables ? Qu’est-ce qui lui donne de la valeur ? Bonifier les fondements de la marque, croire en son futur, mais aussi intégrer ses aspérités, tels sont les commandements de la charte de bonne conduite des « nourriciers » de la marque. Les acteurs de l’entreprise doivent s’approprier cette mission pour devenir des ambassadeurs vigilants et bienveillants. Manager les équipes en les focalisant vers un objectif de vitalisation de la marque permettra de gagner en efficacité et en motivation. Il s’agit d’aiguiser les projets d’aujourd’hui pour demain en reléguant, le cas échéant, le besoin égotiste que certains peuvent entretenir de poser leur trace dans l’entreprise ! Et d’intégrer bien sûr la créativité, l’audace des idées, les questionnements, dans une relation d’écoute et de critique constructive. C’est à ce prix que la marque vaudra son pesant de sens, et qu’elle s’alliera à celui fortement réclamé par les consommateurs. n ILSONT BOUGÉ Yves Cebron de Lisle est nommé directeur commercial et de l’offre du groupe Transgourmet France // Didier Gapany devient responsable France et Benelux des ventes moto et Samuel Roux, responsable marketing consumer France et Benelux chez Bridgestone. En partenariat avec Nomination.fr = LA PERSONNALITÉ DE LA SEMAINE StéphaneBillerey (Responsable des ventes et des licences, Unicef France) E n charge des ventes et des licences, Stéphane Billerey a étoffé pour Noël le catalogue de produits Unicef, notamment avec une ligne de peluches cobrandées avec Doudou et Compagnie. Il a noué des partenariats pour qu’Unicef vende ses produits au sein de La Poste, Ikea et les centres commerciaux Klépierre. Unicef France réer du lien entre les consommateurs et la marque ou « réenchanter » l’expérience client... Des graals d’autant plus difficiles à orchestrer pour un territoire entier. C’est le défi qu’a relevé l’ensemble des parties prenantes de la station Val Thorens, sous la baguette de son office du tourisme. « Le gros paradoxe du marketing touristique, c’est que le client perçoit et juge la destination dans sa globalité, explique Grégory Guzzo, directeur de l’office du tourisme de Val Thorens. Notre station compte 300 acteurs qui ont tous des objectifs différents. Si l’un des maillons est défaillant, c’est la réputation de toute la chaîne qui en pâtit. » Fort d’un diagnostic mené sur six mois auprès de 5.000 clients, l’office du tourisme a lancé la marque partagée « Val Thorens Live United ». Psychosociologue @danielleDRC 08 // LES ECHOS BUSINESS le journal du board PME INNOVANTES sont encore en lice pour recevoir, ce soir à Paris, le prix PME du Forum international de la cybersécurité. « Chiffrer »sesdonnées pourlesprotéger « Jusqu’à une période récente, le chiffrement était considéré comme un luxe par les entreprises, mais avec la migration des messageries dans le cloud, notamment via Microsoft, les besoins dans ce domaine ont augmenté », constate Alain Bouillé, le président du Cesin, une association de responsable de la sécurité des systèmes d’information. La majorité des grandes entreprises françaises proposent des solutions de chiffrement à leurs collaborateurs. Mais peu d’entre eux les utilisent vraiment, car ces systèmes sont peu pratiques au quotidien. La seule solution de protection ENIGMA. L’acteur Benedict Cumberbatch campe, dans le film « Imitation Game », le mathématicien Alan Turing, considéré comme un des fondateurs de la cryptologie dans les années 1940. Photo Jack English - SquareOne Entertainment CYBERSÉCURITÉ // Critiqué par certaines forces antiterroristes, le chiffrement des messages en entreprise, ou la cryptographie, reste une solution contre l’espionnage industriel. Florian Dèbes @FL_Debes C et été, une directrice au sein d’un grand groupe industriel s’est fait voler son ordinateur portable professionnel. Heureusement, un système de chiffrement protégeait l’accès aux informations confidentielles qui s’y trouvaient. Bilan : cet épisode n’a pas eu d’autres consé- Développer sanscoder SAAS // Grâce à certains services en ligne, un salarié est maintenant censé pouvoir développer lui-même une application mobile pour travailler avec ses collègues. S’il ne bride pas son imagination... Les développeurs ne sont pas toujours les professionnels de la situation. Après IBM dans les années 2000 et Salesforce depuis 2013, Microsoft lance un service en ligne dont l’une des promesses est de permettre à n’importe quel salarié de développer une application mobile professionnelle non seulement sans savoir coder mais aussi quences que l’achat d’un nouvel outil de travail pour la collaboratrice, pour 300 euros, loin du coût d’une fuite de documents sensibles que ce fleuron français a frôlé. Le chiffrement, aussi appelé « cryptage » (un anglicisme), consiste à encoder un document ou le contenu d’un smartphone ou d’un ordinateur pour le rendre inintelligible. La lecture de ce document n’est possible que pour celui qui connaît la clef du code (souvent un mot de passe, plus rarement une empreinte digitale). Les experts considèrent que seul un ordinateur quantique pourrait tester aléatoirement toutes les combinaisons possibles d’une clef solide et reconstituer un message… Un outil défensif Dans un contexte de cyberinsécurité grandissante, où l’espionnage industriel n’est plus à prouver suite aux révélations d’Edward Snowden, les services secrets français (la DGSI) et l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) encouragent les entreprises à chiffrer leurs données les plus sensibles. « C’est un outil défensif, essentiel à la protection des données numériques d’une immense majorité d’utilisateurs honnêtes ; il ne me semble pas raison- sans écrire une ligne de programmation ruby ou html. Encore en beta-test, PowerApps a été présenté lundi 30 novembre lors de Convergence EMEA 2015, la conférence annuelle de Microsoft réunissant ses clients européens, à Barcelone. Le lendemain, un directeur marketing de Caterpillar faisait la démonstration, sur scène, d’une application capable de scanner un code-barres apposé sur la carrosserie d’un engin de chantier, d’afficher l’historique d’entretien du tractopelle et de guider pas à pas un technicien au moment d’un contrôle technique. Un dernier module créé en direct permet d’estimer la probabilité que le véhicule ait à passer prochainement par la case révision. Le tout en quelques clics et des formules proches d’Excel. « Les entreprises rechignent souvent à mobiliser leurs développeurs, qu’elles paient cher, sur les nombreux projets d’applications internes, souvent moins complexes », constate Nicole Herskowitz, senior director chez Microsoft en charge de PowerApps. Ce nouveau nable de l’interdire au motif que quelques individus pourraient s’en servir pour préparer des crimes ou des attentats, aussi odieux soient-ils », défend Guillaume Poupard, le directeur général de l’agence placée sous l’autorité du Premier ministre. Cette structure est chargée de coordonner et d’aider les entreprises françaises et l’Etat à se protéger des cyberattaques. Mais son propos est quelque peu brouillé les discours sécuritaires. Un ancien directeur de la CIA, le procureur de la République de Paris (François Molins), le ministre de l’Intérieur (Bernard Cazeneuve) et même le chef du gouvernement britannique (David Cameron) se sont tour à tour exprimés pour demander un affaiblissement des algorithmes de chiffrement des messageries. Ce qui permettrait aux enquêteurs de police habilités de lire la correspondance protégée de certains suspects, notamment pour lutter contre le terrorisme. En octobre, le Premier ministre Manuel Valls se déclarait favorable, pour les entreprises, à « toutes les ressources qu’offre la cryptologie légale », une formule polémique puisque jusqu’à présent aucun mode de chiffrement, même les plus forts, n’est illégal pour elles. service rendrait autonomes les collaborateurs qui attendent ces systèmes destinés à fluidifier l’organisation du travail, notamment en mobilité. Simplicité d’utilisation Stéphane Cavallo, le responsable des systèmes d’information de la division Habitat du groupe Bénéteau, a testé un prototype et confirme : « PowerApps est simple d’utilisation et ne requiert pas de grandes compétences techniques ou de talents de développeurs. » Néanmoins, d’autres aptitudes sont indispensables pour ne pas se perdre dans cette interface, aussi simplifiée soit-elle. « Il faut un minimum de connaissance des fonctions du pack Office Microsoft et être capable d’imaginer les possibilités d’interactions avec un écran tactile », poursuit Stéphane Cavallo. Microsoft s’adresse surtout au « power user », c’est-à-dire les utilisateurs qui, sans savoir coder, sont familiers avec la construction de logiciels, aussi bien en termes graphiques que de connectivité entre les bases de données. En clair, le salarié Les experts sont unanimes : « Le chiffrement est la seule solution pour se protéger du vol de données suite à une attaque informatique. » Quand un smartphone est perdu, le chiffrement empêche aussi que la personne qui le retrouve en profite pour s’approprier des informations sensibles. Tout reste illisible. « Le chiffrement protège aussi de l’employé qui se trompe de destinataire pour un e-mail », note Stéphane Calé, le président de la commission « Cyber » du Club des directeurs de sécurité des entreprises. En interne, les responsables de la protection de l’information des sociétés tentent de sensibiliser sur ces questions. « 15 à 20 % des collaborateurs sont concernés, ils travaillent dans le management, dans les bureaux d’études et les services financiers », compte Bernard Ourghanlian, le directeur technique et sécurité de Microsoft France. « Le chiffrement doit surtout protéger les données stratégiques comme les projets de rachat ou de développement à l’international », précise Christophe Kiciak, le directeur audit et sécurité de Provadys, une entreprise de cybersécurité. Un système de classification de données selon leur sensibilité, à la manière de la grille « secret défense » des militaires, est recommandé pour les entreprises. De tels barèmes permettent d’adapter les exigences envers chaque collaborateur, par rapport à son exposition au risque. Des formations spécifiques existent pour les assistants de direction. Le problème reste au niveau des dirigeants, souvent peu indulgents quand la sécurité vient perturber l’usage de leur smartphone dernier cri. 4 À NOTER A l’occasion du Forum internatio- nal de la cybersécurité, du 26 au 28 janvier 2016, l’Annsi et le CDSE publieront un guide de sensibilisation au chiffrement. lambda n’utilisera pas PowerApps. En revanche, les plus alertes sur ces sujets – les testeurs, formateurs, évangélistes de la transformation numérique – sont invités à s’y essayer. Leur travail prendra la forme de web-app pour Windows 10, Android ou iOS, uniquement accessibles en ligne, et qu’ils pourront partager avec leurs collègues via de simples mails. Les directions informatiques garderont la main via la plate-forme d’hébergement Microsoft Azure. Elles pourront couper les accès des salariés qui quittent la société. De même, elles pourront empêcher la manipulation de données sensibles. Reste à savoir à qui reviendra la charge de travail liée à la maintenance due à toutes ces nouvelles applications. Chez Bénéteau, « ce sera à celui qui développera d’assurer la maintenance », assure Stéphane Cavallo. Avant de préciser, qu’au vu du faible coût de conception, il est aussi possible de concevoir des applications « jetables », au bout d’un ou deux ans d’usage. A Barcelone, — Fl. D. d DIGITAL NEW WORLD PIERRE CANNET PDG de Blue Search Conseil, cabinet de conseil RH. @thebluetouch Recruterungeek : mode d’emploi L e digital évolue vite et les métiers, au diapason, se ramifient et se complexifient. Il est loin le temps du webmaster, homme à tout faire de l’Internet des années 2000 et chef d’un orchestre sans musiciens. Désormais, on recense environ 30 métiers spécifiques au digital, dont certains aux contenus changeants ont des noms barbares : growthacker, data scientist, scrum master… Cette explosion de fonctions pose question aux recruteurs : quand « nouveaux métiers » signifie le plus souvent « pénurie de compétences » – autrement dit que le « stock » de titulaires de la fonction est vide –, comment trouver les bonnes ressources ? Comment évaluer des compétences aussi inédites et souvent peu ou mal définies par le manager opérationnel ? Comment les faire évoluer ? Enfin, qu’adviendra-t-il si le métier disparaît des organigrammes ? Trois recommandations. Tout d’abord, je conseille aux responsables du recrutement de « challenger » les managers sur la définition des fonctions. C’est justement parce que le poste est nouveau dans l’organisation qu’il faut le définir et, pour éviter les effets de mode, bien recenser ses indicateurs de performance. Puisque le poste va faire bouger les lignes, savoir avec qui et pour qui travaillera ce cadre est impératif. Ensuite, l’évaluation du candidat devra faire l’objet d’une analyse serrée. Il sera question de compétences mais aussi d’aptitudes à communiquer. Les titulaires d’un métier neuf doivent souvent « évangéliser ». Enfin, et même si le plan de carrière est aussi illusoire qu’obsolète, prévoir le « coup d’après » s’impose. Le cadre du digital, qui est là pour bousculer les idées reçues, a également un fort besoin de reconnaissance. La voie royale étant, pour lui, de sortir du digital par le haut pour évoluer vers des fonctions de direction. Il est donc essentiel d’évaluer, dès le recrutement, cette envie de grandir et le potentiel d’évolution. n ILSONT BOUGÉ David Juzdzewski est nommé data scientist au sein de l’Institut CSA. // Laurent Myara devient chief technology officer d’EOS Venture. // Bruno Rousselet est promu chef du service des systèmes d’information de la DGFIP. En partenariat avec Nomination.fr = LA PERSONNALITÉ DE LA SEMAINE Jamel Labed (Président del’Afdel) M ercredi 16 décembre, l’Association Française des Editeurs de Logiciels , organise, au ministère de l’Economie (Paris), une matinée de conférence dédiée au développement international des créateurs de logiciels. Le PDG d’Easyvista ouvrira les débats, dans un contexte réglementaire compliqué pour la création de valeur du secteur à l’étranger (de l’invalidation du Safe Harbor au projet de loi « République Numérique »). n DR DES INFORMATICIENS pensent que le relationnel prendra une part plus importante dans leur fonction d’ici cinq ans, selon une étude Bomgar. LA BONNE IDÉE : UN AUDIT VERT DE L’IT La COP21 s’achève mais les réflexes écologiques sont bons à garder. Y compris en informatique. Les DSI sont garants de la performance énergétique des postes de travail, des imprimantes et des centres de données. Tout commence par un audit. Plus d’informations sur echo.st/ m205198 DR numérique 93 % 12 Shutterstock direction Lundi 14 décembre 2015 Les Echos le journal du board LES ECHOS BUSINESS // 09 LU POUR VOUS votre Les 3idées à retenir de... « La Concurrence » carrière de Olivier Fréget (Odile Jacob) Version longue sur echo.st/drh Nos préjugés font de la concurrence un synonyme de la loi de la jungle, au lieu de considérer la « pluralité possible ». 1. Une construction sociale européenne Le marché est une conquête. Objectif des communautés économiques : garantir une concurrence par le mérite. 2. Contrôle des concentrations La prohibition des ententes anticoncurrentielles et des abus de position dominante constitue le fondement du corpus juridique du droit de la concurrence européen. En économie, aucune motivation ne pourrait subsister sans elle. Le monopole est la forme exacerbée de la dominance. 3. Horizon : la concurrence libre et non faussée Les citoyens se sont éloignés du principe de concurrence libre, alors que l’Europe doit retrouver la source vive de ses succès : le sens du mérite pour répondre à des défis. Lesquels ? Ceux de l’industrialisation, de la gestion des ressources rares, de la santé d’une population vieillissante et de l’espoir d’une jeunesse qui deviendra la plus rare de nos ressources. —Régine Turmeau que sera notre avenir dans cinq ans et prendre des décisions en conséquence. Ces choix, pour qu’ils soient acceptés, il est très important de les expliquer. C’est par la communication que nous remportons l’adhésion. Chaque associé est aussi conscient qu’il est l’usufruitier d’un portefeuille de clients qui lui a été transmis, ou qu’il a créé, et qu’il est fier de développer. Apporter sa propre pierre à l’édifice est aussi pour lui une source de motivation intrinsèque. Mazars a un fonctionnement décentralisé. Quelle est la réalité de votre pouvoir ? La délégation de responsabilités à l’associé est à la base du système. Mais il ne faut pas oublier qu’à chaque fin d’année, c’est l’exécutif qui se charge de veiller à l‘application de la charte associative pour l’appréciation des contributions ou le partage des résultats. Il a également un rôle à jouer dans la nomination des leaders locaux. En cas de problème, grâce à une procédure très encadrée, nous sommes en mesure de réagir très rapidement. LA MASTERCLASS DE PHILIPPE CASTAGNAC // « Le modèle électif garantit notre force » La promotion par cooptation est-elle encore un modèle d’actualité ? Benoit Rajau pour Mazars Plus que jamais ! Quand on regarde la nouvelle économie, on peut voir que le modèle associatif est d’une extraordinaire modernité. Cette organisation garantit une responsabilisation de chacun car, contrairement au fonctionnement corporate, chaque associé partage les actifs et les passifs. Avec ce système, nous rémunérons le travail et pas le capital. C’est un modèle qui a démontré son endurance et son efficacité dans le passé et qui est promis à un bel avenir. Certains seraient avisés de s’en inspirer. Un parcours aussi fulgurant que le vôtre est-il encore possible aujourd’hui ? Pour s’assurer de l’adhésion d’associés à qui il doit rendre des comptes, le PDG de Mazars mise sur la communication interne, l’attachement au cabinet et la responsabilisation individuelle. — Propos recueillis par Vincent Bouquet Le 18 décembre, Mazars va passer de 740 à 830 associés. Comment faites-vous, Philippe Castagnac, pour fédérer autant de parties prenantes ? Contrairement à ses principaux concurrents, Mazars n’est pas une association de firmes mais une association d’hommes et de femmes. Ce modèle électif garantit notre force et notre stabilité. L’associé doit évidemment avoir son mot à dire. Il peut même y avoir des dissonances. Mais il y a une sagesse et une justesse qui président et expliquent le consensus très large qui existe à chaque assemblée générale. Cette cohésion est liée à notre ADN. Il s’est construit autour de quatre piliers édictés par Robert Mazars lui-même : la compétence, l’indépendance d’esprit, le partage et la tolérance. En tant que PDG, je me sens garant de cette Constitution. Aucun collaborateur ne peut devenir associé sans adhérer pleinement à ces principes qui forgent notre identité. N’est-il pas compliqué de gérer des hommes à qui vous devez rendre des comptes ? Après le départ de Patrick de Cambourg, c’est toute une équipe qui lui a succédé. Elle doit réfléchir à ce Nous avons à cœur de donner très tôt leur chance aux collaborateurs. Il n’est pas rare de voir des associés qui n’ont qu’une petite trentaine d’années, comme ce fut le cas pour moi. Quand je suis entré chez Mazars en 1978, Robert Mazars m’avait dit : « Ce CV est nul, mais on va voir ce qu’on peut faire pour vous. » Au tout début, une communauté d’associés m’a aidé à tenir le crayon et, progressivement, j’ai gagné en autonomie. J’ai eu la chance de diriger le bureau de Strasbourg pendant plusieurs années. Cela m’a permis de travailler avec une foultitude de sociétés, y compris des sociétés cotées, puis d’accéder à la direction de Mazars France et à celle du Groupe. Du fait de la concentration des sièges des entreprises cotées à Paris, un tel parcours serait plus difficile aujourd’hui ; mais il est remplacé par le développement de notre réseau international dans 73 pays qui offre de nouvelles opportunités. En tout état de cause, la culture du parrainage interne perdure. Pourtant, beaucoup de jeunes ne font qu’un passage éclair chez Mazars... Pour nous, ce n’est pas un problème. Il est clair que les cabinets d’audit et de conseil attirent beaucoup à la sortie des grandes écoles et il n’est pas rare qu’après quatre à sept ans de formation, les jeunes rejoignent de grandes entreprises. Mais ils n’oublient pas Mazars pour autant et constituent une communauté d’anciens sur laquelle nous pouvons nous appuyer. n « Jetravailleavec deperpétuelsstressés » Les conseils d’Eléna Fourès, expert en leadership et multiculturalité, du cabinet Idem Per Idem [email protected] C Alain Elorza / Management eux qui apparaissent comme de perpétuels stressés se sont enfermés, comme dans les poupées gigognes, dans plusieurs « contenants » de stress. On en décompte cinq niveaux : le stress causé par la crise économique, le stress opérationnel et/ou relationnel dans l’entreprise, le stress familial et/ou du couple, le stress personnel et, depuis peu, une nouvelle couche s’est, malheureusement, ajoutée à la suite des attentats terroristes. Structuré en une véritable « matriochka », le stress devient perpétuel et emprisonne des équipes dans une crise permanente devenue modus vivendi. Le stress étant un mécanisme naturel d’adaptation pour se mobiliser avant l’exploit, il a une courbe qui retombe naturellement une fois l’épreuve terminée. Si la courbe fait plateau, l’épuisement, la perte de motivation, le burn-out guettent et l’efficacité collective court à sa perte. Pour travailler avec de perpétuels stressés, deux options : monter en pression face à eux pour s’aligner en énergie ou bien, au contraire, lâcher la pression pour amener de la respiration dans le système. Les deux options exigent une gouvernance de soi et une gestion émotionnelle digne des plus grands sportifs de haut niveau capables de mettre de côté leur stress personnel pour gagner un match. n À FAIRE À NE PAS FAIRE 1 // Agir au lieu de s’agiter 1 // Anticiper l’échec L’activité fébrile crée l’illusion de réactivité et d’activité dense. Agissez, ne vous agitez pas et observez l’effet. 2 // Discerner stress structurel du fonctionnel Ne confondez pas le vrai stress structurel avec le style fonctionnel stressé, fébrile, à la mode dans certains métiers, où tout est urgent et catastrophique. 3 // Eviter le mode vases communicants Considérez cet exercice comme un entraînement d’autogestion émotionnelle : apprendre à ne pas permettre aux autres de vous polluer est le premier pas vers l’autonomie émotionnelle, une véritable libération de soi. Une histoire japonaise raconte comment un sage envoie un jeune travailler sa concentration au milieu d’une bruyante cohue. « Comment se concentrer en l’absence de silence ? » demande le jeune au sage qui lui répond : « Le silence est à l’intérieur ». 2 // Produire des émotions négatives Peur, irritation, impatience, colère sont des émotions destructives qui constituent une réponse inadaptée, qui vous empoisonne davantage. 3 // Invoquer sans cesse le stress pour vous justifier Evitez d’évoquer le stress au sujet de vos performances. Le stress est un phénomène météorologique général ou local : il faut savoir se couvrir pour rester en forme, quel que soit le temps. BUSINESS LIFE de Muriel Jasor @Mljr75112 Fêtesàl’anglo-saxonne E n France, les fins d’année au bureau se déroulent rarement sous la forme de fêtes débridées. « Cette année plus particulièrement, le contexte général ne s’y prête guère mais surtout, juge le DRH d’un groupe financier, la Christmas ou Holiday Party, c’est très anglosaxon. » Et d’indiquer qu’il organise trois grand-messes par an : une sage soirée de vœux en janvier, une rencontre au grand air à mi-année et, en septembre pour ce qu’il appelle le « kick off », un séminaire de reprise de travail. Au contraire, en ce moment, en Grande-Bretagne comme aux Etats-Unis, les fêtes de fin d’année au bureau battent leur plein. Les budgets ont beau diminuer, ces moments clefs sont minutieusement organisés. A tel point que le numérique, par le truchement de nombreuses applis, se propose de se mêler aux réjouissances. D’abord, pour le volet musical avec quantité de compilations, des « Christmas Carol Playlists ». D’autres applis proposent d’aider les salariés à briller par leur conversation et à se faire mousser en société. Certaines, comme Drunker Locker ou Social Lock, surveillent les taux d’alcoolémie, même si, outre-Manche, les dérapages d’ordre éthylique, ces soirs de festivités, semblent relativement tolérés. Enfin, GoCatch ou bien Uber mettent tout en œuvre pour que chacun regagne son domicile sain et sauf. Autre nouveauté : pléthore de conseils en ligne quant à l’attitude à observer. « Rendezvous à la fête de fin d’année même si vous n’en avez aucunement envie, c’est stratégique ! », peut-on lire. Au préalable, le salarié se sera renseigné sur les participants et le code vestimentaire. Point capital : en dépit de la musique et de l’ambiance qui se veut décontractée, une vigilance de tous les instants est requise : montrer que l’on sait faire la fête, oui, en aucun cas perdre de vue que l’on reste en environnement professionnel ! Enfin, dernières préconisations : chacun doit se faire fort de surveiller ce qu’il dit. Prouver que l’on est capable de parler d’autre chose que de travail est un excellent point… A condition d’éviter les sujets qui fâchent, la politique et la religion, ainsi que les ragots. De l’art de la maîtrise dans le relâchement… La fête de bureau à l’anglosaxonne se révèle, in fine, moins débridée qu’elle n’en donne l’air. n Les rubriques « Ils ont bougé » présentes dans ce numéro, qui rendent compte des principaux mouvements à l’intérieur de chaque grande fonction de l’entreprise, nous ont été fournies par notre partenaire Nomination.fr, le service de veille et d’information sur les décideurs. SUR ag BUSINESS.LESECHOS.FR Note de frais : les salariés renoncent au remboursement. Selon une étude menée par Unit4, la qualité des processus de demande de remboursement est en cause. echo.st/m205347 l Les chief digital officers cherchent leurs budgets. Peu de CDO pilotent en direct les dépenses de transformation. echo.st/m205348 l Angel de Munter Les Echos Lundi 14 décembre 2015 Ce cloud donne un nouveau sens à la victoire. Le Cloud Microsoft donne accès en temps réel à toutes les données-clés, sportives ou médicales, de chaque participant aux Special Olympics. Microsoft Azure et Office 365 fluidifient ainsi l’organisation de 94 000 événements par an à travers 170 pays. Changer la vie de ces grands champions, c’est ça, la véritable victoire. C’est le Cloud Microsoft. En savoir plus sur microsoftcloud.fr Microsoft France, R.C.S. Nanterre 327 733 184, 37-45 Quai du Président Roosevelt, Issy-les-Moulineaux. Cloud = Informatique en nuage.