Rapport de la gestapo sur le mouvement communiste en France

Rapport de la gestapo sur le mouvement communiste en
France pendant la période du 21 au 31 janvier 1941
« L'activité communiste continue. Malgré les interventions
énergiques des autorités de police française contre les
communistes, on ne note pas de relâchement de la
propagande communiste. Cependant, grâce à la rigueur de
la surveillance et à l'action de la police, la propagande par
tracts n'atteint les masses populaires que dans une
proportion réduite. Par contre, il nous faut remarquer que,
petit à petit, et c'est là un fait qui ressort déjà des précédents
rapports, la propagande communiste s'organise et devient
plus systématique. Dans tous les tracts édités par le P.C.F.,
on trouve le même mot d'ordre affirmant que le parti
communiste serait le seul parti de France digne de la
confiance de la population. Comme à l'ordinaire, les tracts
comportent des développements sur « la trahison de la
bourgeoisie française », des attaques contre le
gouvernement actuel qui est présenté comme un
gouvernement de dictature capitaliste ; ils proclament la
nécessité de la lutte pour la liberté et l'indépendance de la
France. D'autre part, on fait de la propagande pour la
conclusion d'un pacte d'amitié avec l'Union soviétique et la
lutte pour la liberté et l'indépendance des colonies. La
création de comités populaires doit permettre de tenter de
gagner à la cause communiste tout particulièrement la
population laborieuse ainsi que les chômeurs.
... Dans l'ensemble de la propagande on observe un
courant nationaliste marqué. On invite tous les Français à
adhérer au seul parti de France qui puisse apporter au pays
la liberté et l'indépendance. Le parti communiste affirme son
intention de tendre la main à chaque Français ayant
conservé le sens de l'honneur et à qui l'intérêt national tient à
cœur.
... Par cet exemple remarquable de ses capacités tactiques
d'adaptation, le P. C. F. espère des adhésions
particulièrement en provenance des milieux nationalistes.
On a constaté ces derniers temps, outre la collaboration sur
le plan de la propagande, une collaboration s'étendant en
partie au domaine de l'organisation entre le P. C. F. et le
mouvement national de résistance française2.
... A côté de cela, on observe des tentatives de
démoralisation de la Wehrmacht et de formation de cellules
communistes au sein de celle-ci. On peut affirmer en toute
certitude que, parmi les soldats en garnison à Paris et dans
la région parisienne. se trouve un grand nombre d'anciens
communistes qui, d'eux-mêmes, favorisent le travail de
démoralisation. L'ensemble de la direction du travail de
démoralisation de la Wehrmacht serait confié à un étatmajor de dirigeants communistes français sous la direction de
Gabriel Péri, membre du Comité central du P. C. F.
... Les dernières actions de la police française, outre toute
une série d'arrestations (pour Paris seulement, pendant la
période du 1er au 12 janvier 1941, 63 arrestations pour
activité de propagande par tracts et 10 internements) ont
permis de découvrir des ateliers de fabrication de tracts et
des centres de propagande ; elles ont permis également de
démanteler des groupes de jeunesses communistes. »
1.Ces rapports de la Gestapo furent retrouvés en
Allemagne après la guerre.
2.C'est ainsi que les services allemands nomment les
organisations d'inspiration plus ou moins gaulliste.