[mars - 3] blp/marseille/30.pages<mars_002

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Marseille
Vendredi 9 Mai 2014
www.laprovence.com
3
révolutionne le centre-ville
Un gros porteur et trois avions de chasse
destinés à l’envol du commerce local
LES 3 QUESTIONS -
Des trois projets sur le front
de mer, celui des Terrasses du
Port est le plus avancé, (presque) prêt à ouvrir ses portes.
Mais les concurrents avancent
à grands pas. Le point sur
l’avancée de ces grands chantiers.
S’agit-il d’une révolution commerciale pour Marseille ?
Révolution, c’est peut-être un peu
fort, même si sur une période d’un
an il va y avoir beaucoup
d’événements. Beaucoup de Marseillais ne se rendent pas encore
compte de la puissance de ce qui
va arriver avec les Terrasses, les
Voûtes et le Centre Bourse à un degré moindre. Il y aura ensuite les
Docks, Bleu Capelette et le Vélodrome à une échéance plus éloignée. L’attractivité du centre-ville
risque de se trouver déplacée.
◗ LES TERRASSES DU PORT
C’est le gros porteur commercial du centre-ville, à plus
de 450 M¤, qui ouvrira ses portes 7 jours sur 7 à partir du samedi 24 mai. "L’incarnation
d’une nouvelle expérience shopping", disent ses concepteurs
pour mettre l’eau à la bouche
de leurs futurs clients. Après
trois ans de travaux et avec
trois semaines de retard suite à
l’incendie qui s’est déclaré
dans le chantier le 12 mars dernier. Le décalage est très raisonnable si l’on tient compte
du gigantisme de l’affaire menée selon les dernières méthodes de constructions durables
par Vinci France pour le groupe d’investissement Hammerson. Au final, idéalement placés à deux-pas du Vieux-Port,
entre les terminaux de croisière et le MuCEM, surgissent
61 000 m² de commerces, 190
boutiques et restaurants, 2 600
places de parking sous-terrain,
une promenade de 260 m de
long face à la rade et un toit-terrasse événementiel de
1200 m². "La signalétique se
met en place avant les écrans digitaux, le marketing olfactif et
sonore, l’univers des boutiques
la semaine prochaine", rassure
la directrice Sandra Chalinet
pendant que des enseignes affichent l’ouverture prochaine
de leurs magasins : Bose,
G-Star, Pépé, le Printemps, Décathlon, Sandro, Michael Kors,
une grande halle de 1500 m²,
Darty, l’Occitane, Mango, Kaporal 5, Deltaccord, Levi’s,
Vans...
met puis, en suivant, les travaux d’intérieur destinés à offrir à la clientèle un confort
comparable à ce qui se fait de
mieux en la matière à l’heure
actuelle.
été réceptionnées la semaine
dernière) et une vaste halle alimentaire avec des commerces
de bouche haut de gamme
vont ouvrir leurs portes au
mois de juin.
◗ LE CENTRE BOURSE
◗ LES VOÛTES DE LA MAJOR
◗ LES DOCKS MARSEILLE
Le projet emblématique
sous un monument historique, porté par la Caisse
d’Épargne Provence-Alpes-Corse à hauteur de 25 M¤,
est en cours de finition. Les
7 300 m² d’espaces dédiés au
commerce ouvriront en juin
au terme d’un lifting total,
d’un parvis élargi et de la création d’une place de 3200 m² en
bord de mer, juste en face du
MuCEM, de la Villa Méditerranée, du musée Regards de Provence et des 750 places de parking adjacentes. Une quarantaine de boutiques (elles ont
Bâtiment historique et emblématique de la cité phocéenne, les Docks ont entamé leur
révolution en juillet 2013,
pour renaître sous
l’appellation "Les Docks Marseille". Les travaux, pilotés par
Vinci Construction France,
avancent à grand pas pour une
ouverture publique programmée début 2015. Tendance et
innovant, à l’image d’un "life
style village", il comprendra 80
boutiques, des animations
culturelles et festives, des services et des activités "afterworks". Travail de la pierre,
ouverture des façades, assainissement des voûtes et des
sous-sols et creusement des
cours constituent la phase actuelle du chantier dans un site
de 17 000 m² au sol occupé par
3500 personnes dans 220 entreprises. Ce projet, qui représente un investissement de 50 M¤
soutenu par JP Morgan Asset
Management, est piloté par
Constructa Urban Systems et
imaginé par l’Agence
d’architecture 5 + 1AA Alfonso
Femia Gianluca. Aujourd’hui,
40% des surfaces ont été sécurisées avec des enseignes
concept de « shopping » recherché par l’investisseur : Bel Air,
Kulte, Frojo, Optique Archimbaud, le Four des Navettes,
Zinc Zinc, Panasia, Nordik, Bio
& Co et une vaste halle.
F.M.
On parle d’une enveloppe
d’environ 80 M¤ pour ce grand
lifting du point d’ancrage du
shopping marseillais détenu
par Klépierre et Axa, ouvert en
1977, et qui accueille 7 millions de visiteurs par an. Les façades sont en cours de finition.
Ces nouvelles vagues rajeunissantes seront terminées en
juillet, en même temps que la
dizaine de nouvelles boutiques (dont 3 moyennes unités)
qui portent la surface commerciale à 29 000 m². Suivront
l’ouverture du Lafayette Gour-
Les Terrasses du Port vont ouvrir le bal des ouvertures de
commerces sur le front de mer. Rendez-vous le 24 mai. / PH F. SPEICH
Renaud Tarrazi
"La vraie concurrence
c’est Internet"
Renaud Tarrazi est
architecte associé chez
MAP Architecture. / PHOTO DR
Le pire est-il à craindre pour les
commerçants historiques ?
Aujourd’hui, la vraie concurrence des commerçants historiques,
c’est Internet, l’achat pratique. Les boutiques existent encore car
c’est le moyen, et on ne trouvera pas mieux, d’avoir un contact avec
l’objet du désir. Pour exister, les commerçants doivent exister en
ville et sur la Toile. Les commerces de la rue Saint-Ferréol, par
exemple, continueront d’exister en s’adaptant. Les promoteurs
font pour leur part des lieux de convivialité, d’échanges. On vient
pour voir des gens, se croiser, se montrer. Avoir un acte urbain,
de civilité, de citoyenneté, je ne sais pas comment appeler cela
exactement mais l’idée de base est bien celle-ci. Toujours est-il
que l’achat n’est pas une obligation dans ces centres.
Mais n’y a-t-il pas tout de même un risque de trop-plein de surfaces commerciales dans le périmètre du centre-ville ?
Il y a toujours un risque. Personne ne sait de quoi sera fait demain.
La vérité, c’est le marché qui dictera. Aujourd’hui, les opérateurs
qui maîtrisent l’immobilier commercial ont des règles. Par exemple,
la famille Mulliez du groupe Auchan a des thématiques comme la
maîtrise de la réversibilité et la sécabilité. Ça veut dire que d’entrée,
ces grands groupes qui sont des vrais professionnels de l’immobilier
commercial imaginent que la durée de vie d’un magasin est très
éphémère. Il faut donc être capable de diviser un magasin en cas de
difficultés ou inversement pouvoir l’agrandir s’il fonctionne. Tout ça
doit vivre avec le temps, il n’y a pas de vérité fondée à long terme.
Regardez Grand Littoral qui devait être modernisé ou Avant-Cap à
Plan-de-Campagne. 6 mois après, ce changement de look a changé
la clientèle qui vient davantage en nombre, avec un temps de passage plus important et un panier moyen supérieur. Le retour est très
net.
Recueilli par F.M.