Lire l`article - Musée gruérien
Transcription
Lire l`article - Musée gruérien
week-end EXPO Daguerréotypes de Girault de Prangey, à Bulle Le trésor des «Miroirs d’argent» Le Musée gruérien expose un fonds exceptionnel de daguerréotypes retrouvés en 2002. Réalisés autour de 1850 par Girault de Prangey, ils comptent parmi les premières photographies connues de Vevey, Bâle ou Berne. U n palmier, en légère contre-plongée. Original? C’est peu dire! A la fois image universelle et spécimen unique, ce palmier-là, dans son halo bleuté, fait partie des trésors de la Bibliothèque nationale de France (BNF), en prêt au Musée gruérien le temps d’une exposition événement – «Miroirs d’argent». Ce daguerréotype pris en 1842 – soit trois ans seulement après l’annonce de l’invention de la photographie par Daguerre – est signé Joseph-Philibert Girault de Prangey, aristocrate français né à Langres, en Haute-Marne, en 1804. Formé dans les ateliers de peintres orientalistes parisiens, passionné par l’architecture arabo-musulmane, l’homme s’embarque en 1841 pour le «Grand Tour» qui l’entraîne sur le pourtour de la Méditerranée: au Caire, à Athènes, Smyrne, Jérusalem, Baalbek, Istanbul, il fait se révéler sur la plaque de cuivre l’exotisme de l’Orient. Girault de Prangey se sert de cette nouvelle technique (cadrages et lumière parfaitement maîtrisés d’ailleurs) comme d’un carnet de croquis mis au service du dessin aquarellé, qui servira ensuite de base à la lithographie. Son objectif est donc l’édition de livres. Le dessin et non la photographie. L’objet reproductible et non la pièce unique. Il n’en reste pas moins que ses images, frontales et documentaires, témoignent d’une rare modernité pour l’époque. Façade orientale du château de l’Aile, Vevey, 1846-1850. Daguerréotype, 8 x 9,4 cm. Collection du Musée gruérien. © Christie’s Images Ltd. / Musée gruérien / LDD Du palmier au chalet suisse Peu reconnu par ses pairs en raison de son côté autodidacte, sans héritier à sa mort en 1862, Girault de Prangey tombe dans l’oubli, sa villa «orientale» laissée à l’abandon. Sous les ruines, son lot de photographies – près de mille plaques contenues dans de petites boîtes en bois – dormira jusqu’au rachat, en 1920, de la propriété en ruine. Un véritable roman dont un chapitre s’ouvre en Gruyère, en 2002: par un concours de circonstances étonnantes, le Musée gruérien se découvre être dépositaire d’une de ces boîtes. A savoir 61 vues de Suisse réalisées entre 1846 et 1850, soit les premières photographies connues de Vevey, Bâle, de l’Oberland bernois ou encore du Jura et de France voisine. La surprise est de taille et se dévoile à Bulle, admirablement conditionnée, dans sa pleine beauté: du palmier au chalet suisse, le même regard averti d’un pionnier qui n’a pas fini de nous révéler sa vie, son œuvre. VA L É R I E M A I R E » Bulle, Grâce au daguerréotype, Girault de Prangey va au plus près du détail. Il se sert de la technique photographique pour réaliser des aquarelles qui servent de base aux lithographies, comme c’est le cas du Rhamséion, 1844, à Thèbes. 24 Musée gruérien. Jusqu’au 29 mars, ma-sa, 10 h-12 h, 14 h-17 h, di 14 h-17 h. Demain, 12 décembre, 19 h 15, visite commentée. 026 916 10 10.